lundi 27 février 2012


Histoire du Monde : histoire d'un disque

MATIN PREMIERE | lundi 27 février 2012 à 4h35
    • Depuis plusieurs semaines, de violents combats secouent le nord du Mali. Les rebelles touaregs veulent obtenir un état indépendant. Des milliers de personnes ont dû quitter la région et la Croix-Rouge Internationale craint une crise humanitaire majeure. C'est dans ce contexte plutôt difficile que des musiciens touaregs ont reçu, au début du mois, l'une des récompenses les plus prestigieuses: le Grammy Award du "meilleur album de musique du monde". Nicolas Lejman nous dresse le portrait des Tinariwen, c'est l'histoire du monde de ce matin.
      Ils s'appellent « Tinariwen », ils sont originaires du nord du Mali et ils viennent de remporter le prix du meilleur disque de « Musique du monde » aux Grammy Awards pour leur dernier album "Tassili", un album entièrement enregistré dans le désert du Sahel.
      Leur musique raconte l'histoire du peuple touareg. La souffrance et la nostalgie y occupent une place très importante avec aussi des textes très engagés sur le plan politique: ils évoquent souvent les différentes rébellions contre l'armée malienne en 1963 et au début des années 90. Les membres du groupes ont eux-mêmes dû subir l'errance qui en a découlé et la xénophobie ambiante contre les Touaregs.
      Les membres du groupe sont donc très sensibles aux derniers évènements qui secouent la région. Depuis la mi-janvier, les combats ont repris dans le Nord du Mali entre l'armée et le mouvement national pour la libération de l'Azawad. Des affrontements qui ont poussé à l'exil des dizaines de milliers de personnes.
      Et les Tinariwen ne sont pas épargnés. Une semaine avant la cérémonie à Los Angeles, ils écrivaient ceci sur leur page Facebook : « beaucoup d'entre nous ont fui. Nous sommes réfugiés dans la nature, nous souhaitons de tout cœur que les choses s'arrangent ».
      Le groupe devait d'ailleurs se produire la semaine suivante au Festival de l'Ahaggar en Algérie. Mais le concert a été annulé. Officiellement, pour des questions de visas mais le manager le reconnait à demi-mot : Ibrahim le leader des Tinariwen voudrait lui aussi prendre les armes.
      Les autres membres essayent de le convaincre de reprendre le chemin de la raison : « Tinariwen, c'est avant tout la recherche de la sagesse » disent-il. Et puis surtout, de nombreux concerts ont été programmés dans le monde entier suite au prix prestigieux qu'ils ont reçu.
      Même si leurs chansons ne ramèneront pas la paix dans la région du Sahel, ce Grammy Awards a au moins le mérite d'attirer autrement l'attention sur cette région du monde mais surtout de participer à une forme de reconnaissance culturelle au niveau international du peuple touareg.

    Alger tente d’imposer un cessez le feu à Kidal

    Bien que Nouakchott et Paris tentent de prendre le train des négociations en marche, c’est bel et bien Alger qui mène la médiation entre les belligérants au Mali. Aussi bien acceptée par Bamako, que par l’aile modérée des rebelles maliens, Alger se place à égale distance, dans un périlleux exercice de style, entre l’État malien et le Mouvement national pour la libération de l’Azawad. Officiellement, la France mène, aussi, les négociations pour aboutir à un cessez- le-feu, mais Bamako se plaint depuis des semaines du jeu trouble du président français, Nicolas Sarkozy, dans le Nord-Mali. La petite phrase lancée par Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères de la France, dans une déclaration devant l’Assemblée nationale française, a fait grincer les dents des gouvernants maliens : «Les rebelles maliens ont enregistré des succès militaires au Mali, mais nous demandons un cessez-le-feu».
    Pour Bamako, tout a été dit dans cette phrase. Mais pis encore, un groupe de rebelles a été reçu récemment en France, affirme Bamako, ce qui signifie qu’il y a réellement «anguille sous roche». Selon des sources militaires maliennes, des notables touareg maliens du Mouvement national de libération de l’Azawad, ont été reçus, secrètement, au quai d’Orsay à Paris. La presse de Bamako a été très directe depuis samedi contre la position française. «Une transition démocratique. C’est bien ce que veut la France au Mali en vue d’y placer et manipuler ses hommes de main».
    L’alerte a été donnée par un haut gradé de l’armée malienne qui, très en verve, a laissé entendre que «ATT a besoin d’un soutien, parce que la crise au Nord-Mali peut bien être un coup fatal pour notre pays». «Les ficelles de toutes ces situations sont tirées par la France, qui n’a pas pardonné le fait que des militaires maliens aient combattu aux côtés des hommes de Kadhafi et que le peuple malien, en toute indépendance et en toute liberté, ait exprimé son soutien à l’ex-Guide libyen». Pour Bamako, les propos aussi concis que précis corroborent bien qu’il y a une main invisible de la France derrière la rébellion touarègue. Certes, la France ne cherche pas la partition du Mali, mais mieux : des hommes de main soumis à Paris qui remplaceront le président en fin de mandat, Amadou Toumani Touré, à Koulouba dans quelques mois.
    Fayçal Oukaci
    Le Courrier d’Algérie, 26/2/2012

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    Rebelles du MNLA : Maintenant, ils attaquent même le Sud du pays !

    LE COMBAT (MALI)
    lundi 27 février 2012
    Depuis le repli sur Gao du Colonel-Major Alhadji Gamou, les rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) se sont sentis en position de force pour attaquer jusque dans le Sud du pays. Le vendredi 24 février, les militaires basés dans la petite localité de Goma-Coura (située entre Nampala et Diabaly, région de Ségou) ont été attaqués par les rebelles du MNLA. Bilan : 1 mort et 3 blessés.
    Le campement de l’unité des militaires qui assurent la sécurité des travailleurs de la voie Goma-Coura-Tombouctou a été attaqué ce 24 février par les rebelles du MNLA aux environs de 5 h du matin. Les deux camps ont échangé des tirs nourris avant que les rebelles MNLA ne reculent. Mais le bilan est lourd : l’armée a enregistré un mort et 3 blessés. En revanche, aucune information n’a circulé sur le bilan du MNLA, en tout cas, jusqu’au moment où nous mettons sous presse.
    C’est la première fois que les rebelles du MNLA attaquent dans la région de Ségou, une semaine après l’attaque de la région de Mopti. En fait, les rebelles touaregs se sentent en position de force depuis qu’ils ont pu faire faire demi-tour à la puissante armada militaire des Colonels-Majors Alhadji Ag Gamou et Ould Meidou. Le lundi dernier, les deux hommes ont regagné le quartier général de l’armée à Gao. Selon les dernières nouvelles, ils ont encore repris le chemin de Tessalit le vendredi après- midi. Mais à Tessalit, les rebelles se sentent en confiance et à l’abri.
    « Ansar dine » renforce le MNLA à Tessalit
    Malgré les frappes aériennes sur leur position (près de Tessalit), les rebelles du MNLA et du groupe salafiste « Ansar dine » d’Iyad Ag Ghaly ont pu empêcher le Colonel-Major Alhadji Ag Gamou d’entrer dans le camp militaire de Tessalit. « Le groupe Ansar dine a empêché Alhadji Gamou d’entrer dans la ville de Tessalit, il était à 7 km du camp militaire et voyait bien les murs du camp, mais devant le feu du groupe Ansar dine, Ag Gamou et son régiment ont fait demi-tour », témoigne le député de Kidal, Alghabass Ag Intalla, contacté par téléphone quelque part au Nord de Kidal. Selon le député de Kidal, le groupe « Ansar dine » qui a combattu aux côtés du MNLA pour acculer le Colonel-Major Ag Gamou était fort de quelques 40 véhicules.
    Rappelons que le député de Kidal, Alghabass Ag Intalla, est l’intermédiaire entre le MNLA et le groupe « Ansar dine ». Le 19 janvier, il a quitté la ville de Kidal lorsqu’une milice du Colonel-Major Alhadji Ag Gamou est entrée dans les maisons pour fouiller femmes et enfants et leur soutirer leurs téléphones. il s’agit notamment d’hommes de Mohamed Ag Bachir, un chef des anciens kadhafistes qui sont entrés dans la ville de Kidal et procédé à des arrestations de touaregs soupçonnés de complicité avec le MNLA. Les voitures et les téléphones satellitaires de plusieurs personnes, dont certains élus, notamment le maire adjoint de Kidal, Abda Ag Kazina, ont été confisqués.
    Grâce à l’intervention de Koulouba, les personnes arrêtées et les matériels confisqués ont été libérés 24 heures après. Mais trop tard : le député de Kidal dit qu’il ne peut pas accepter qu’Ag Gamou procède de cette manière dans sa ville alors qu’il est présent. C’est ainsi que le député Alghabass Ag Intalla a regagné le maquis et joue désormais le rôle d’intermédiaire entre le MNLA et le groupe « Ansar dine ».
    Baba Ahmed
    Le Combat du 27 février 2012.