mardi 25 octobre 2011


Libye: Mouammar Kadhafi enterré ce mardi dans un endroit secret du désert

20 Minutes.fr
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Créé le 25/10/2011 à 09h22 -- Mis à jour le 25/10/2011 à 09h29

ENTERREMENT - L'ancien «Guide» a été tué jeudi dernier...

Mouammar Kadhafi, qui reposait à Misrata depuis sa mort, a été inhumé ce mardi à l'aube dans un endroit tenu secret du désert libyen, rapporte la télévision Al-Jjazira citant des sources au sein du Conseil national de transition libyen (CNT). L'annonce de cette inhumation avait été annoncé lundi soir un responsable du Conseil national de transition (CNT).
L'ex-dirigeant libyen, tué jeudi alors qu'il tentait de fuir la ville de Syrte, doit être enterré avec son fils, Mouatassim, tué le même jour dans des circonstances également troubles.

Depuis sa mort, la dépouille de Mouammar Kadhafi, transférée à Misrata, avait été exposée au public et des milliers de Libyens ont défilé dans l'entrepôt frigorifique d'une banlieue de cette ville martyre de la révolution libyenne où reposait son corps.

«Il sera enterré demain (mardi) lors d'une simple inhumation, en présence de cheikhs. Cela aura lieu dans un lieu inconnu, en plein désert», a dit ce responsable, joint par téléphone par Reuters. Les nouvelles autorités libyennes avaient décidé un peu plus tôt dans la journée de ne plus exposer au public la dépouille mortelle de Mouammar Kadhafi et de son fils Mouatassim.

Décomposition des corps

Une équipe de Reuters TV a constaté lundi soir que la chambre froide où reposait jusque là le corps du guide déchu avait été vidée. Auparavant, et pour la quatrième journée consécutive, des Libyens avaient défilé devant la dépouille de Mouammar Kadhafi pour s'assurer de la mort de l'homme qui a gouverné d'une main de fer leur pays pendant 42 ans.

Son corps gisait, enveloppé dans une couverture, sur un matelas maculé de sang dans un entrepôt frigorifique de Misrata. A ses côtés reposaient Mouatassim et son ministre de la Défense. Compte tenu des allées et venues incessantes, la réfrigération n'était plus suffisante pour empêcher un début de décomposition des corps. «Les corps ne pouvaient tenir plus longtemps», a expliqué au téléphone le responsable du CNT.

Kadhafi souhaitait être enterré à Syrte

Très peu de Libyens s'émeuvent du fait que le guide et son fils ne soient toujours pas inhumés quatre jours après leur décès, comme le veut le rite musulman qui prescrit un enterrement le jour même de la mort, de préférence avant le coucher du soleil. «S'il avait été un homme bon, nous l'aurions porté en terre. Mais Kadhafi a choisi lui-même sa destinée», explique Salem Chaka, qui s'est rendu lundi devant les corps.

Un autre «visiteur», qui affirme avoir fait 400 km au volant pour voir les corps, a ajouté: «Je suis venu pour m'assurer de sa mort de mes propres yeux (...) Chaque Libyen doit venir le voir». Dans son testament, Mouammar Kadhafi avait demandé à reposer à Syrte, sa ville natale où il a trouvé la mort dans des conditions qui demeurent obscures après avoir été capturé par les combattants du CNT.

Les chefs du CNT voulaient eux qu'il soit inhumé dans un endroit tenu secret pour éviter que sa sépulture ne devienne un lieu de pèlerinage pour ses partisans. La tribu des Kadhafa, à Syrte et dans sa région, demandait elle que le corps lui soit remis pour l'enterrer dans sa ville natale. «Aucun accord n'a été trouvé avec sa tribu pour une remise du corps», a souligné le responsable du CNT joint lundi soir.
 Avec Reuters

Cacophonies françafric?

RFI

Cameroun: la France lâche-t-elle Paul Biya ?

Une femme vote dans un bureau de Yaoundé, le 9 octobre 2011.
Une femme vote dans un bureau de Yaoundé, le 9 octobre 2011.
REUTERS/Akintunde Akinleye

Par Ursula Soares
Après avoir déclaré que l’élection présidentielle au Cameroun s’était déroulée « dans des conditions acceptables », la France a modifié sa position en parlant de « nombreuses défaillances et irrégularités ».L’opposition a apprécié que la France ait revu sa position. Du côté du gouvernement camerounais, on accepte mal que « certains se croient obligés de donner des leçons ».

Pour la première fois après des années de soutien sans faille au président du Cameroun Paul Biya, la France, ancienne puissance coloniale du Cameroun, a parlé de « nombreuses défaillances et irrégularités » lors du scrutin présidentiel du 9 octobre 2011 et demandé que des mesures soient prises.
Une « réévaluation conjointe entre l’Elysée et le Quai d’Orsay »
La France a ainsi revu sa position, qui n’était pas tout à fait la même deux jours après le vote. En effet, le 11 octobre 2011, Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères, avait déclaré que les élections au Cameroun s’étaient déroulées dans des « conditions acceptables ». Mais ce week-end, c’est une autre position de Paris qui est venue, en quelque sorte, contredire celle prise par le chef de la diplomatie française. Ce samedi 22 octobre 2011, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero, a indiqué que « lors du scrutin, de nombreuses défaillances et irrégularités ont été constatées ».
Y-a-t-il eu un recadrage de la présidence française ? Une source diplomatique a préféré parler d’une « réévaluation conjointe entre l’Elysée et le Quai d’Orsay » en fonction des informations qui remontaient, petit à petit, du Cameroun.
Paris « prend acte »
Le porte-parole du Quai D’Orsay, Paul Valero, a ainsi déclaré que Paris a « pris acte » du résultat et a averti que la France souhaitait « que des mesures soient prises pour que ces irrégularités ne se reproduisent pas lors des scrutins législatifs et municipaux de 2012 ».
Interrogé par RFI, John Fru Ndi, président du Social Democratic Front (SDF), principal parti d’opposition camerounais, apprécie que la France ait revu sa position et espère qu’elle fera quelque chose pour s’assurer que les prochaines élections au Cameroun soient crédibles et acceptables.

John Fru Ndi, président du Social Democratic Front (SDF).
J’apprécie vraiment que la France ait revu sa position. Je suis sûr qu’elle a fait une enquête au point d’accepter son erreur de jugement.
 

24/10/2011 par RFI

De son côté, Grégoire Owona, secrétaire général adjoint du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti du président Paul Biya, réagissant sur RFI au communiqué du porte-parole du Quai d’Orsay, rappelle que le Cameroun n’accepte pas que «certains se croient obligés de donner des leçons, oubliant que le Cameroun est un pays souverain et qu’il a à sa tête un président élu par les Camerounais ». Il affirme également qu’il n’y a pas eu de « graves irrégularités » au Cameroun.

Grégoire Owona, secrétaire général adjoint du Rassemblement démocratique du peuple camerounais.
Si des noms de personnes décédées figuraient sur des listes électorales, c’est parce que les gens n’ont pas pris l’habitude de déclarer les décès.
 

24/10/2011 par Carine Frenk

Grégoire Owona répondait aussi aux propos de l’ambassadeur des Etats-Unis à Yaoundé, Robert Jackson qui, après avoir estimé que l’élection présidentielle du 9 octobre au Cameroun était entachée « d’ irrégularités à tous les niveaux », a fait 19 recommandations, parmi lesquelles l’adoption du bulletin de vote unique afin d’empêcher « l’achat des voix », et demandé au parti au pouvoir de s’abstenir de « susciter la peur en faisant valoir que voter pour l’opposition entraînerait l’instabilité et la guerre civile ».
Rappelons que Paul Biya, 78 ans, est au pouvoir depuis 1982. Le 9 octobre 2011, il a été élu pour un sixième mandat consécutif. La Cour suprême l’a crédité de 77,98% des voix contre 10,71% pour son opposant historique John Fru Ndi. En 1992, lors de la victoire de Paul Biya contre le même John Fru Ndi à la première présidentielle pluraliste, la France avait clairement soutenu le président sortant, malgré une victoire très sérieusement contestée. 
TAGS: CAMEROUN - FRANCE

lundi 24 octobre 2011

Rencontre Musique Inde-Afrique de l'Ouest 1/3

Tanzania - Tribal Treats - Chakacha Village Booty Dance - Swahili Mapouk...

DARGA Resisdance

Algerien - Haschich et Pois Chiche

aicha lebgaa goumari

Jari Maenpaa Solo

Iz - Somewhere over the Rainbow (Official Music Video) HQ


Libye. Les Berbères veulent se faire entendre

23 octobre 2011 - 12 réaction(s)
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Après la mort du colonel Kadhafi, le nouveau pouvoir libyen se trouve confronté à deux défis : la montée en puissance du courant islamiste et les revendications des Berbères. [Vidéo]
Outre la probable déception des laïques face à l'omniprésence des islamistes au sein du Conseil national de transition (CNT), le projet du gouvernement, certes provisoire, du nouveau régime libyen pourrait aussi se voir confronté à une revendication inattendue. Celle des droits culturels des Berbères.

Ce mouvement très actif au Maghreb, mais aussi en France où les opposants ont pris racine depuis des années, veut se faire entendre. Et voir ses droits garantis. Car les tribus berbérophones, longtemps muselées par Kadhafi, ont largement pris part au renversement du régime de l'ancien «Guide». Sur le terrain, au front depuis le début de la révolution, comme dans les rassemblements de joie à chacune des victoires durement arrachées face à Kadhafi, on y a vu des jeunes gens vêtus de t-shirts frappés du sigle Amazigh ou hissant fièrement le drapeau jaune, vert et bleu du monde berbère. 

Le mouvement sort de l'ombre 
À Tripoli, ce mouvement - impensable sous le régime du dictateur déchu - commence à sortir de l'ombre. Et à s'affirmer, déjà, dans la nouvelle télévision «Libye libre» qui émet depuis la prise de Tripoli. Là, contrairement à l'ancienne télé d'État, le Berbère a pris place dans le débat. C'est déjà le cas en Algérie, au Maroc, mais pas encore en Tunisie. Consciente de son poids en Libye, la communauté berbère s'organise. Et tente d'exister sur le terrain politique et dans les médias. A l'instar de leurs «frères» et voisins du Maghreb, les Berbères libyens veulent aussi voir leur langue (amazigh) reconnue officiellement. Sans remettre pour autant en cause la primauté de l'arabe dans la nouvelle Libye qui se dessine.

Pour afficher leur détermination, ils ont organisé librement, fin septembre, le premier Forum amazigh libyen. L'affiche clamait «Officialisation de la langue amazighe et soutien à l'unité nationale». Pour preuve d'unité, ce forum a débuté avec le nouvel hymne national chanté en arabe et en amazigh. Un geste sans précédent au pays de Kadhafi, qui n'a jamais hésité à réprimer toute opposition, surtout celle venant des tribus berbères qu'il craignait particulièrement, comme le faisait, jadis, le pouvoir algérien sous Boumediene.

Débattre des questions politiques, écrire ou imprimer en amazigh, c'est risquer la prison. En Algérie, plusieurs membres du mouvement culturel berbère ont passé des mois derrière les barreaux sous l'ancien régime du parti unique. 

Longtemps traqués par Kadhafi et fils 
Ces interdits ont été également appliqués par l'ancien dictateur libyen. Ses services de renseignements ayant toujours traqué toutes les élites berbérophones. Pour beaucoup, Kadhafi et fils ont été toujours soupçonneux à l'égard des personnalités réfractaires berbères. Ainsi, sa chute et celle de son régime, devenue effective après de longs mois de lutte, ont été célébrées dans les montagnes du Nefoussa, dans le nord-ouest du pays, comme à Zouwarah, à l'ouest de Tripoli, d'où sont partis les militants très actifs vers le front pour faire la guerre contre l'ancien régime. 

En pointe dès le début de la révolte 
En pointe dès le début de la révolte en février, les Berbères ont combattu comme les Arabes pour mettre fin à quarante-deux ans du régime de l'imprévisible colonel. Renversé, ce dernier, avant d'être tué, a sans doute eu l'écho du festival de musique berbère organisé récemment à Tripoli, faisant résonner des airs longtemps interdits et désormais libres. Et ils continuent chaque jour un peu plus, aidés par leurs frères algériens et marocains, à mieux faire entendre leurs revendications tout en multipliant les manifestations publiques.

Et la Libye était ainsi au centre des discussions lors du 6e Congrès mondial des Berbères qui s'est tenu, début octobre, sur l'île de Djerba, en Tunisie. Chose sûre, minoritaires ou pas en Libye (environ 10 % de la population), les Berbères ne veulent surtout pas rater l'occasion de faire valoir leurs droits et de peser dans l'écriture de la nouvelle Constitution.
  • Ralph Marouani

dimanche 23 octobre 2011


Otages au Niger: Areva dément un contentieux avec la société d'assurance
PARIS — Le groupe nucléaire francais Areva a démenti "avec vigueur" samedi soir l'existence d'un contentieux avec une société britannique d'assurance qui nuerait aux négociations avec les ravisseurs des salariés enlevés il y a un an au Niger.
Dans un communiqué transmis à l'AFP, Areva affirme qu'il a "pour priorité absolue la libération des otages". "Toutes les actions sont entreprises pour parvenir à ce résultat dans les meilleurs délais", selon le groupe, qui dit souhaiter "que la libération des quatre otages et le respect de leurs proches priment sur toute autre considération".
Le journal Le Monde, dans son édition datée de dimanche-lundi, a écrit que la société d'assurance Hiscox, qui assure Areva contre le risque d'enlèvement, entend dénoncer son contrat avec Areva au motif que le versement d'argent en contrepartie de la libération des otages reviendrait à financer le terrorisme.
Le Monde précise que Hiscox a renégocié début janvier à la hausse les termes du contrat passé avec Areva. Mais malgré cet accord, elle serait revenue vers Areva au printemps pour remettre en cause les termes du contrat.
Le journal, qui ne cite pas de source, indique que considérant que la négociation avec les ravisseurs d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) relèverait du financement d'Al-Qaïda, Hiscox exigerait des garanties du gouvernement français pour être protégée contre toute poursuite judiciaire, ce que ni Areva ni le gouvernement français ne semblent en mesure de lui offrir, estime le journal.
Le Monde précise que selon un diplomate français, ce blocage aurait un impact réel sur la conduite des négociations. Il indique également qu'à ce contentieux s'ajoute l'instabilité croissante dans la zone sahélienne, qui complique les négociations avec Aqmi.
Le 16 septembre 2010, sept personnes ont été enlevées par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) à Arlit, site d'extraction d'uranium: un cadre du groupe nucléaire français Areva et son épouse, tous deux Français, et cinq employés (trois Français, un Togolais et un Malgache) de son sous-traitant Satom.
Le 24 février, la Française, le Togolais et le Malgache ont été relâchés. Mais les quatre autres sont toujours retenus en otages.

Les images de la mort de Kadhafi, "c'est aussi le spectacle du pouvoir mis en pièces"

Le Point.fr - Publié le 22/10/2011 à 19:55 - Modifié le 23/10/2011 à 09:11

Les photographies du colonel libyen mort et ensanglanté choquent et fascinent. L'anthropologue Jean-Jacques Courtine nous explique pourquoi.

Les images de la mort de Kadhafi, "c'est aussi le spectacle du pouvoir mis en pièces"
Les dépouilles des dictateurs doivent-elles être médiatisées ? © Montage Le Point.fr
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Les images de la mort de l'ancien dictateur libyen, qui déferlent sur la Toile et dans les médias depuis jeudi, soulèvent une vive polémique. A-t-on le droit de représenter le corps déshumanisé sous prétexte qu'il s'agit de celui d'un tyran ? L'anthropologue Jean-Jacques Courtine (1) revient sur les paradoxes de notre rapport au corps supplicié.
Le Point.fr : Que faut-il penser des images de la mort de Muammar Kadhafi ?
Jean-Jacques Courtine : Indépendamment du fait qu'il s'agit du corps de Kadhafi, la représentation d'une réalité aussi violente n'a rien d'original. L'observation à distance du corps mort est en effet malheureusement une expérience presque classique, et typiquement moderne. C'est d'ailleurs surprenant de voir à quel point les enfants ne sont plus choqués lorsqu'ils regardent les informations et tombent sur des reportages de guerre ou des programmes violents. C'est comme si la mort, puisqu'elle reste à distance, était parfaitement tolérée et banalisée. Dans le cas des photographies et des films qui montrent la dépouille du colonel Kadhafi, on va plus loin. Je crois que même les spectateurs qui ont été choqués avaient besoin de voir pour croire. L'appétit pour l'image du corps souffrant est aujourd'hui strictement le même que l'appétit pour le corps nu. Nos sociétés sont à la fois horrifiées et fascinées par la pornographie. Si ces images sont banales, c'est qu'elles appartiennent à un genre qui leur préexiste : la culture du choc, le spectacle de l'horreur.
N'est-ce pas surtout un moyen de confirmer l'information au monde entier ?
Certainement. D'autant plus que l'effet d'authenticité est amplifié ici par l'amateurisme. L'Agence France-Presse a bien précisé que le cliché qu'elle communiquait en quasi instantané était une photo d'un écran d'appareil photo. Rappelez-vous, il y avait le même amateurisme dans les clichés de la prison d'Abou Ghraib. De la même façon, ces images représentent un grand pas en avant dans la banalisation de l'horreur.
Elles ont pourtant beaucoup choqué...
Et pour cause. On est là dans une contradiction qui est propre à nos sociétés. Quelque part, nous sommes d'autant plus fascinés par la représentation de l'atrocité qu'elle nous a été cachée pendant des siècles. Par tradition, en Occident, la mise à mort, la torture, la douleur, est soustraite à la démonstration publique. Il y a tout un processus éthique dans notre histoire qui tend à la disparition de ce type de spectacle. On pense à l'oeuvre de Foucault, bien sûr, mais c'est un héritage qui date de la fin de l'Ancien Régime. À la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle, des garanties commencent en effet à être données au justiciable et on introduit en France la notion de proportionnalité des peines et des fautes. C'est fondamental, car l'intégrité du corps et de la personne est ainsi respectée. Toute atteinte à ce principe deviendra taboue.
Même lorsqu'il s'agit d'un dictateur ?
Dans le cas des tyrans - et on l'a constaté ces derniers jours -, c'est un peu différent. Kadhafi n'est pas le premier dictateur dont la mort a été rendue publique. Je pense immédiatement à la violence des images de Ceausescu, de Mussolini ou, plus récemment, de Saddam Hussein. C'est comme si tout le sang qu'ils avaient fait verser appelait l'observation de leur cadavre martyrisé. Parmi ceux dont la mort a été donnée en spectacle, il y a des saints, mais aussi un panthéon des hommes exécrables.
La vue du corps traqué, puis déshumanisé ne transforme pas, de fait, le tyran en martyr ?
En martyr, non. En victime, peut-être, dans certains esprits. Lorsque l'homme est traqué, poursuivi, encerclé, lorsqu'on lit dans son regard sa peur et qu'il crie sa souffrance, quels que soient les crimes qu'il a lui-même commis, il nous renvoie irrémédiablement à nos propres peurs, à notre propre mort... On ne peut pas s'empêcher d'y voir une certaine barbarie, et l'expression de la loi du talion. C'est aussi le spectacle du pouvoir mis en pièces. Comme dans l'Ancien Régime, lorsqu'on reconnaissait deux corps au roi, l'un sacré et l'autre mortel. Kadhafi désirait plus que tout construire une sacralité autour de son pouvoir, de sa dynastie. C'est comme si, d'un seul coup, à travers la représentation de son supplice et de celui de ses fils, son "auto-pharaonisation" était tragiquement anéantie.
(1) Auteur de Déchiffrer le corps. Penser avec Foucault, éditions Million, à paraître en novembre.
Propos recueillis par