samedi 17 septembre 2011


15/09/2011 à 20h:35 Par Lionel Barber
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Les Twin Towers le 11 septembre 2011.Les Twin Towers le 11 septembre 2011. © AFP
Dix ans après les attentats de New York et de Washington, le terrorisme islamiste est, pour l’essentiel, vaincu. Mais les responsables américains n’ont pas vu que la bataille décisive n’avait pas lieu dans les montagnes d’Afghanistan ou le désert irakien, mais… dans les salles de marchés.
Au matin du 11 septembre 2001, les perspectives d’avenir des États-Unis apparaissent dégagées. Autant que le ciel au-­dessus de Manhattan. Le baril de pétrole brut est à 28 dollars, le budget fédéral est en excédent, et l’économie se redresse, lentement mais sûrement, après le krach des sociétés en ligne. La nation la plus puissante du monde est en paix.
Dix ans après, le baril de pétrole brut avoisine les 115 dollars, le déficit budgétaire devrait atteindre 1 580 milliards de dollars à la fin de l’année (le plus élevé de l’histoire américaine), et l’économie n’a toujours pas surmonté les conséquences de la crise financière de 2008. De l’Afghanistan au Niger et du Pakistan au Yémen, les services secrets et les forces armées poursuivent une lutte sans fin contre le terrorisme islamiste. Le récent abaissement de la note américaine par l’agence de notation Standard & Poor’s semble confirmer le lent déclin de l’ex-superpuissance.
Al-Qaïda? Touchée, mais pas coulée. Juste avant sa mort, Ben Laden préparait un autre attentat.
Même s’il n’y a pas de rapport direct entre les attentats du 11 Septembre et la crise actuelle de l’économie américaine, le coût de la « guerre totale contre le terrorisme » s’élève à plus de 2 000 milliards de dollars. Deux fois plus que celui de la guerre au Vietnam. Le président George W. Bush a répliqué aux attaques en se lançant dans des aventures militaires en Afghanistan et en Irak, en pratiquant un unilatéralisme exalté, et en s’efforçant de promouvoir, de façon presque mystique, la démocratie libérale au Moyen-Orient. Les décisions politiques plus que discutables de son administration ont eu pour conséquences de mettre à mal l’alliance avec l’Europe et d’altérer durablement l’image des États-Unis dans le monde.
Al-Qaïda est touchée, mais pas entièrement coulée. Les dizaines de disques durs retrouvés dans la cache d’Oussama Ben Laden à Abbottabad, au Pakistan, laissent supposer que le défunt chef djihadiste préparait un nouvel attentat de grande envergure. Celui-ci était-il censé coïncider avec le dixième anniversaire du 11 Septembre ?
Idée fausse
Le Printemps arabe montre que l’idée selon laquelle le Moyen-Orient – à l’exception d’Israël – serait par nature incapable d’embrasser la démocratie est fausse. L’un après l’autre, les despotes de la région ont été renversés par des manifestants réclamant dignité, liberté et travail – même si la chute de Mouammar Kaddafi doit beaucoup à l’intervention de l’Otan. Le Syrien Bachar al-Assad pourrait être le prochain sur la liste.
Bush avait-il raison d’affirmer que le maintien au pouvoir des dictatures moyen-orientales favorisait le développement du terrorisme islamiste et mettait en danger la sécurité des États-Unis ? Si la réponse à cette question est oui, alors la faillite de son administration est moins imputable à une erreur d’analyse qu’à la manière dont il a procédé.
Question subsidiaire : le choix d’une réponse militaire aux attentats du 11 Septembre n’a-t-il pas conduit le pays à dilapider ses ressources et à détourner son attention du véritable danger : la montée en puissance de nouveaux acteurs, au premier rang desquels la Chine, sur la scène planétaire ? L’événement géopolitique majeur de ces dix dernières années n’a pas eu lieu sur les champs de bataille, mais sur les places boursières.
Comme l’on sait, la crise financière a été déclenchée par la propension malsaine des banques à accorder des crédits à des Américains incapables de les rembourser. Et, tout autant, par le poids démesuré des banques dans le système financier. Ces distorsions sont, au moins en partie, la conséquence d’un déséquilibre planétaire : d’un côté, des Américains vivant à crédit grâce à la faiblesse des taux d’intérêt pratiqués ; de l’autre, des exportateurs et des épargnants chinois contribuant à un énorme excédent de devises.
En hausse, en baisse
Jusqu’à la grande dépression de 2008, les nuages se sont accumulés dans l’indifférence générale. Grâce à une main-d’œuvre bon marché, la Chine exportait sa déflation au reste de la planète. Elle finançait l’endettement américain en recyclant ses propres excédents en bons du Trésor. Après trois années de crise, l’ordre économique mondial est bouleversé : les États-Unis sont affaiblis ; l’Europe, sur la touche ; et l’Asie, en pleine croissance – au moins jusqu’à présent.
Le poids de l’Asie dans l’économie mondiale est passé de 8 % en 1980 à 24 % l’année dernière. Les marchés asiatiques représentent globalement 31 % du marché boursier mondial, contre 32 % pour les États-Unis et 25 % pour l’Europe. L’an dernier, la Chine a ravi à l’Allemagne le titre de premier exportateur. En termes de capitalisation boursière, les banques chinoises sont désormais parmi les plus puissantes au monde.
D'un côté, les Américains multipliant les crédits. De l'autre, des Chinois accumulant les excédents de devises.
Les chiffres des importations sont tout aussi éloquents : les pays émergents sont devenus le moteur de l’économie mondiale. La Chine domine le monde et vient même de conquérir aux dépens des États-Unis la première place sur le marché de l’automobile. Son insatiable appétit pour les matières premières dessine de nouvelles voies commerciales, notamment vers les pays émergents comme le Brésil. Autrefois réputée pour son instabilité, l’Amérique latine est quant à elle sortie quasi indemne de la crise : la pauvreté recule, la classe moyenne se développe et le marché des capitaux bouillonne.
Condoleezza Rice, qui fut secrétaire d’État et conseillère à la sécurité de George W. Bush, évoquait naguère la multipolarité comme une théorie de la rivalité. Ou comme un mal nécessaire. En termes économiques, la multipolarité se traduit par la mise en place d’un nouvel ordre dans lequel l’interdépendance est la norme. Tout en demeurant très puissants, les États-Unis n’y jouent plus un rôle hégémonique.
Pour en revenir à l’héritage du 11 Septembre, l’économiste Gerard Lyons estime que les trois mots les plus importants de la décennie écoulée n’ont pas été « war against terrorism », mais « made in China ». Il ajoute que les trois mots les plus importants de la décennie en cours ont toutes chances d’être « owned by China ». Autrement dit : propriété de la Chine.
© Financial Times et Jeune Afrique 2011


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Le Sahel: bombe à retardement de l’Afrique de l’Ouest?

6 SEPTEMBRE 2011 1 H 54 MIN 0 COMMENTAIRES
Attaques islamistes, trafic de drogue, risque de famine et explosion démographique. Le Sahel est-il en train de devenir un nouvel Afghanistan, une de ces «zones grises» du monde qui échappent à tout contrôle étatique?
Plusieurs mois de guerre en Libye, suivis de l’effondrement du régime Kadhafi après 42 ans de pouvoir, ont radicalement changé la donne pour les fragiles Etats de la bande sahélienne. Une importante conférence internationale se tient fort à propos  les 7 et 8 septembre à Alger pour faire le point en matière de terrorisme et de criminalité transnationale. Tour d’horizon des lignes de fractures d’une région stratégique qui concentre tous les défis actuel du continent.
Al-Qaïda au Sahel islamique
Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) pourrait bien devenir al-Qaïda au Sahel islamique, tant cette région apparaît comme son nouveau sanctuaire. Les combattants d’Abdelmalek Droukdel et d’Abdelhamid Abou Zeid, les principaux responsables d’Aqmi, y multiplient depuis déjà plusieurs années attaques et enlèvements d’Occidentaux.
Mais la crise libyenne semble avoir donné un nouvel élan aux djihadistes qui ont acquis de nouvelles armes auprès des belligérants libyens. Selon plusieurs sources, ils auraient notamment en leur possession de redoutables missiles sol-air, de type Sam-7. Mais auraient aussi reconstitué leurs stocks d’AK 47, d’explosifs et de lance-roquettes.
De plus, des centaines de combattants touareg ayant fait allégeance à Kadhafi reviennent actuellement au Mali et Niger, aggravant encore un peu plus la situation sécuritaire. Fin juin et début juillet 2011, les violents combats ayant opposé l’armée mauritanienne aux combattants islamistes dans la forêt de Wagadou (Mali), ont montré que les hommes d’Aqmi pouvaient résister farouchement à une armée conventionnelle qui utilise artillerie, avions et hélicoptères de combat. Ce n’est pas un bon signe.
Les islamistes se sont finalement retirés de la forêt de Wagadou, une de leurs bases, près de la frontière mauritanienne. Mais ils sont toujours aussi présents dans l’est de la Mauritanie et surtout dans le nord du Mali, où des camps d’entraînement sont installés depuis des années.  Les nouvelles recrues y passent avant de retourner dans leur pays d’origine. Historiquement liée à l’Algérie, Aqmi recrute en effet de plus en plus en Afrique subsaharienne. Et des liens existent désormais avec le mouvement islamiste nigérian Boko Haram.
Cette «africanisation» d’al-Qaïda va de pair avec la montée en puissance d’un islam politique et l’influence croissante des imams wahhabites (qui prônent un retour à l’islam des origines), même s’il ne faut pas confondre ces religieux avec des combattants islamistes.
Depuis plus de 20 ans, l’Arabie saoudite finance écoles coraniques et mosquées dans la bande sahélienne. De plus en plus de jeunes sortent de cette filière d’enseignement, sans avoir jamais fréquenté l’école laïque, sans avoir jamais appris le français (remplacé par l’arabe) et avec très peu de références culturelles occidentales.
Le Pakistan, le Soudan, le Koweït ou l’Iran chiite participent également à cette «ruée vers le Sahel», en finançant des établissements scolaires et religieux. Le nombre de moquées a ainsi explosé à Nouakchott (Mauritanie) ces dernières années.
Ces nouveaux courants de l’islam s’opposent à un islam confrérique, beaucoup plus tolérant, et qui coexiste sans problème majeur avec les apports laïc et occidental, comme au Sénégal.
Le «maillon faible» malien
Grand comme deux fois et demie la France, mais en grande partie désertique, le Mali est souvent considéré comme le «maillon faible» de la lutte anti-terrorisme. Curieux paradoxe pour ce pays démocratique, dirigé par le président Amadou Toumani Touré depuis 2002.
Fait exceptionnel en Afrique, le chef de l’Etat du Mali a annoncé qu’il ne se représenterait pas en 2012, quittant volontairement le fauteuil présidentiel, suivant ainsi la voie du Sénégalais Léopold Sédar Senghor en 1980. Mais durant ses deux mandats, la situation sécuritaire s’est considérablement dégradée dans le nord désertique du pays. Après une rébellion touareg, ce sont les combattants d’Aqmi qui occupent le terrain, au point qu’une grande partie du Nord semble maintenant échapper à l’autorité de Bamako.
L’armée malienne paraît incapable de faire face, seule, à Aqmi. Au point que l’armée mauritanienne multiplie les raids à l’intérieur du territoire malien pour combattre les islamistes armés. Le nord du pays est également livré aux trafiquants en tout genre: cigarettes, carburant, mais aussi de plus en plus cannabis, héroïne et cocaïne. Un Boeing bourré de coke venant du Venezuela s’y est même posé en novembre 2009, confirmant que la région était désormais devenue une «zone grise».
Mais de plus en plus de spécialistes s’interrogent: comment tous ces trafics, ces attaques islamistes, ces enlèvements peuvent prospérer et perdurer sans un minimum de complicité, au niveau local, régional, voire national et international? Cette question sera sans doute au centre de la conférence d’Alger.
Avant sa mort le 26 août 2011 dans un «accident» de voiture, un chef rebelle touareg dissident, Ibrahim Ag Bahanga, avait donné son point de vue, même s’il était probablement excessif, lors d’un entretien avec El Watan:
«C’est avec l’autorisation de Bamako que les otages sont enlevés et c’est toujours avec sa bénédiction qu’ils sont dirigés vers le nord du Mali, pour y être cachés et protégés.»
Selon lui, les Occidentaux paient des rançons pour leurs otages «tout en sachant que cet argent va financer Aqmi et ses prestataires de services».
Qui va contrôler le Sahel?
Si plusieurs capitales, notamment Bamako (Mali) et Niamey (Niger), ont perdu le contrôle d’une partie de leur territoire, qui va mettre de l’ordre dans cette région pour l’empêcher de devenir un nouvel «Afghanistan» avec ses talibans ou ressembler aux «zones tribales» du Pakistan, qui servent de refuge à al-Qaida?
Ancienne puissance coloniale, la France reste très présente dans la région. Mais que peut faire Paris? En janvier, des militaires français avaient tenté de libérer deux Français qui venaient d’être enlevés à Niamey. Des affrontements avaient eu lieu au Mali, près du Niger, avec les ravisseurs liés à Aqmi. Mais les deux Français avaient été tués. L’échec de ce raid a souligné la difficulté de ce genre d’opération.
De plus, une intervention militaire de grande envergure de la France dans le Sahel pourrait se heurter à une vive hostilité d’une partie de la population et de l’opinion publique et surtout de l’Algérie, qui veille à ce que Paris et Washington n’installent pas leurs soldats à ses frontières méridionales.
Paris a été en pointe pour renverser le régime de Kadhafi. Toutefois, une intervention d’envergure dans le Sahel serait beaucoup plus délicate à gérer  tant diplomatiquement que militairement.
En attendant, la France déconseille vivement à ses ressortissants de se rendre dans une grande part de la Mauritanie, du Mali et du Niger ainsi que dans le sud de l’Algérie.  Cependant,  quatre Français restent détenus depuis un an par Aqmi, après avoir été enlevés dans la cité d’Arlit, un important site d’extraction d’uranium dans le nord du Niger. Le contrôle du Sahel passe donc par une plus grande coopération régionale plutôt qu’une intervention occidentale.
Malnutrition et explosion démographique
En plus d’énormes défis sécuritaires, qui plombent tout développement économique et ruinent le secteur touristique, les pays de la bande sahélienne sont confrontés à de graves problèmes d’ordre structurel. Une démographie galopante, conjuguée à l’avancée du désert et donc à des récoltes toujours plus faibles, provoque en effet une situation de malnutrition chronique dans de nombreuses régions.
S’il y a un pays qui concentre tous ses problèmes, c’est bien le Niger. Grand comme deux fois et demie la France, mais couvert à plus de 80% par le Sahara, ce pays est un important carrefour entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne.
Il est en outre situé entre la Libye, où la situation est loin d’être stabilisée, et le Nigeria, où les islamistes de Boko Haram multiplient les attaques. Si le «domino nigérien» tombe dans une instabilité chronique, un nouvel arc de crise, allant de la Libye au Nigeria, se superposerait à celui allant déjà de la Mauritanie au Soudan. Le Niger a le taux de fécondité le plus élevé au monde avec plus de sept naissances par femme en moyenne, suivi de peu par la Somalie (6,4 enfants par femme).
A son indépendance en 1960, le Niger comptait moins de deux millions d’habitants, contre 15 millions aujourd’hui. En 2050, il pourrait en avoir près de 60 millions, soit une des plus fortes croissances démographiques au monde dans un des pays les plus pauvres de la planète.
A ce rythme-là, c’est une véritable «bombe démographique» qui risque d’exploser, provoquant famine à très grande échelle et déplacements massifs de population. Déjà en 2010, dix millions d’habitants ont été durement affectés par la sécheresse. En 2011, la vulnérabilité alimentaire s’est accrue en raison de la forte baisse des transferts des migrants travaillant en Côte d’Ivoire et surtout en Libye. Le planning familial a fait ses preuves dans d’autres pays africains, d’autres pays arabo-musulmans. Il continuera d’échouer au Niger sans une réelle amélioration de la condition de la femme, qui passe par le contrôle des naissances et  la lutte contre l’analphabétisme. L’avenir du Sahel se joue en grande partie au Niger.
Par Adrien Hart
Lu sur Slateafrique.com
(Photo : issikta.blogspot.com

Libye: Moscou salue la création de la MANUL

Dossier: Reconnaissance de l'autorité du CNT libyen

Libye: Moscou salue la création de la MANUL
13:23 17/09/2011
MOSCOU, 17 septembre - RIA Novosti
La création de la Mission d'appui des Nations unies en Libye (MANUL) constitue un facteur important dans la consolidation des efforts internationaux visant à reconstruire ce pays ébranlé par la guerre civile, a indiqué samedi le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué mis en ligne sur son site.

Vendredi 16 septembre, le Conseil de sécurité de l'Onu a adopté à l'unanimité une résolution instituant une mission d'appui aux nouvelles autorités libyennes et levant partiellement les sanctions décrétées contre Tripoli au début de la rébellion dirigée contre le guide de la Jamahiriya, Mouammar Kadhafi.

"L'adoption de la résolution du Conseil de sécurité de l'Onu deviendra un facteur important dans la consolidation des efforts internationaux axés sur la reconstruction de la Libye d'après-guerre. Vu la complexité des réalités libyennes, le travail dans ce domaine ne fait que débuter".