jeudi 2 juin 2011

En Libye, un mot et toute une famille est assassinée »

Il a 33 ans dont 18 passés dans les geôles libyennes ou dans la clandestinité. Son crime : avoir réclamé la liberté et le multipartisme. Son témoignage est anonyme pour préserver sa sécurité mais aussi parce que Mouammar Kadhafi a ancré la peur chez tous ses concitoyens. 
www.tv5
01.06.2011Par Silvina CarboneA quand remonte votre première arrestation ?

J'ai été arrêté pour la première fois en mai 1992, alors que je suivais ma dernière année de lycée. J'étais attiré par le journalisme. Je voulais en faire mon métier. Je commençais à m'exprimer assez librement sur certains sujets dans un pays où il n'y a ni liberté d'expression, ni liberté de presse, ni démocratie. En Libye, tout vos actes sont considérés comme relevant de la sécurité d'État. Dès que vous faites quelque chose qui va à l'encontre de cette sécurité, vous devenez un traître et toute votre famille est considérée comme telle. Mon père a été arrêté, un des mes frères  a disparu, un autre a été assassiné. Les enfants ne sont pas épargnés. En prison, j'ai vu des adolescents, certains parfois âgés de 12 ans. J'ai entendu leurs pleurs le soir, quand les lumières s'éteignaient. 

Les services de sécurité de l'Etat contrôlent tout… 

Le régime a pris l'habitude d'arrêter au mois d'août de chaque année les opposants et toute personne qui risquerait de perturber les célébrations du 1er septembre, date anniversaire de la révolution de 1969 (Mouammar Kadhafi a pris le pouvoir à cette date, NDLR). Vivre en Libye, c'est vivre contrôlé, c'est vivre avec la psychose de la peur. C'est comme une maladie. La crainte est encore en nous. Un mot et toute une famille est assassinée. Personne n'est épargné, même pas les responsables de l'État. La loi n'est pas appliquée. Les arrestations se déroulent la nuit, à n'importe quelle heure. Humiliations, insultes, pas de convocation. Les interrogatoires sont sans fin. En 18 ans de détention, je n'ai vu un juge qu'une seule fois. Aujourd'hui à Tripoli, la répression continue (en mars 2011, Human Rights Watch fait état en d'une vague d'arrestations dans la capitale libyenne, NDLR). A Benghazi, les Comités Révolutionnaires de Kadhafi s'infiltrent. 

Vous êtes passé par la sinistre prison d'Abou Slim… 

Durant mes années d'incarcération, j'ai été le témoin de nombreux crimes dans les prisons où j'étais enfermé. Je suis passé par Nzara et Abou Slim, les centres réservés aux prisonniers politiques. Mon dernier séjour en prison remonte à 2006, à Abou Slim. C'est dans ce centre pénitencier qu'en 1996, le régime a exécuté 1270 prisonniers. C'est le chiffre officiel, il est certainement plus élevé en réalité. Parmi les hommes, il y avait un de mes frères. 

Dans quel état d'esprit êtes-vous aujourd'hui ? 

Optimiste. Le rideau de peur est tombé. On respire après 42 ans sans air. Aujourd'hui il y a beaucoup de pauvreté en Libye. Certains vivent sans électricité, d'autres ne peuvent même pas acheter de pain, le produit de base le moins cher.  Qu'a fait Mouammar Kadhafi de positif  pour la Libye ? Pouvez-vous citer quelque chose ? Non, car il n'a rien fait. 
Désormais sa marge de manoeuvre est réduite mais il va aller jusqu'au bout, il est capable de tout. J'ai un dossier complet sur les crimes du régime. Les preuves ne manquent pas car les services de sécurité filmaient tout. 

Quel est votre souhait ? 

M'asseoir devant chez moi et respirer la liberté. 


N.B.: De ses années d'emprisonnement et de torture, il a gardé des séquelles physiques : il a perdu l'usage de ses jambes, son bras droit est en attelle, sa main gauche gantée. En novembre 2010, il trouve refuge en France, où il est aidé par sa communauté, forte d'environ un millier de personnes : les dons payent ses soins médicaux et ses frais d'hôtel.

Tamikrest et Terakaft, Abdallah Oumbadougou, Festival Sin Fronteras


http://www.viafrance.com




Rendez-vous en France à Paris dans 52 jours

Le dimanche 24 juillet 2011 


Concert - Musique du monde World MusicBlues


Sortir a Paris - France


Sin Fronteras 2011

Un groupe bouleversant.

Nouvelle génération de musiciens touaregs aprèsTinariwenTamikrest chambarde l'ordre (et bouleverse tout court) en ajoutant influencesreggae et rock psyché au blues du désert. (les inrocks). Avec leur deuxième albumToumastin, les jeunes de Tamikrest créent leur propre univers utilisant des couleurs encore plus brillantes.

L’enchantement mystique des chants capture l’oreille immédiatement ; le groupe établit un rapprochement entre le Blues africain, le funkpsychédélique et un genre étrange de “désert garage”. Les guitares sont plus offensives, le groove plus profond et les chants Tamashek scandés se mélangent avec les riffs de guitare comme une caravane de voyageurs errant à travers le passé. Tamikrest est prêt à embrasser l’avenir tout en maintenant fièrement la riche tradition de son peuple.


Terakaft
Abdallah Oumbadougou

Porte de la Villette




Le dimanche 24 juillet 2011 :
- Dimanche de 19:30 à 21:30

Tarifs d'entrée : 
- Plein tarif : 22 

Au moins 200 migrants partis de Libye disparus au large de la Tunisie


LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 02.06.11 | 13h18  •  Mis à jour le 02.06.11 | 13h32
Deux cents à deux cent soixante-dix personnes sont portées disparues après le naufrage d'un bateau de clandestins en Méditerranée, rapporte jeudi l'agence Tunis Afrique Presse (TAP), citant les autorités.
Deux autres personnes sont mortes alors que leur embarcation, qui transportait environ huit cents personnes, tentait de gagner l'Italie. Les gardes-côtes tunisiens ont pu porter secours à cinq cent soixante-dix des passagers, précise l'agence TAP, qui ajoute que les disparus, qui fuyaient la Libye en guerre, sont vraisemblablement morts noyés.
La garde maritime et l'armée tunisiennes étaient engagées depuis mercredi dans des opérations de secours pour ramener à terre ces réfugiés partis de Libye et qui tentaient de rejoindre l'île italienne de Lampedusa.
Leur embarcation surchargée, qui s'était enlisée dans un banc de sable mardi, à 36 km au large des îles tunisiennes Kerkennah (sud), a chaviré après des bousculades pour tenter de monter à bord des petits bateaux de sauvetage dépêchés par les autorités, selon l'agence, qui évoque également de mauvaises conditions météorogiques.
Parmi les personnes secourues, près de 200 ont déjà été transférées vers le camp de réfugiés de Choucha (sud), à 8 kilomètres de la frontière tuniso-libyenne. Ils doivent être rejoints par les autres migrants ayant réchappé au naufrage.

Libye. Le régime de Kadhafi accusé de crimes contre l’humanité

Libye


Conflitsjeudi 02 juin 2011

La capitale libyenne Tripoli a de nouveau été la cible des raids aériens nocturnes de l’Otan, au moment où l’Onu a dénoncé des crimes contre l’humanité commis par le régime de Mouammar Kadhafi dans la répression de la révolte lancée il y a près de quatre mois.
Entre-temps, les tentatives de trouver une solution politique au conflit qui a fait entre« 10 000 et 15 000 morts »depuis le 15 février selon un bilan compilé par l’Onu, sont au point mort, Kadhafi refusant de partir malgré les défections au sein du régime et les sanctions et pressions internationales.
Raids intensifs sur Tripoli dans la nuit
L’Otan a mené dans la nuit de mercredi à jeudi des raids intensifs sur Tripoli où au moins une douzaine de puissantes explosions ont été entendues mais les sites visés n’étaient pas connus. La capitale libyenne est la cible de raids intensifs de l’Alliance atlantique depuis près d’une dizaine de jours.
La veille, elle a affirmé avoir visé dans la région de Tripoli un entrepôt de véhicules, un lanceur de missiles sol-air dans les environs de Mizda (180 km au sud de Tripoli) et un entrepôt de munitions et un radar de conduite de tir à Houn (500 km au sud-est de Tripoli).
Selon le gouvernement libyen, 718 civils ont été tués et 4 067 blessés dans les raids de l’Otan entre le 19 mars, date du début de l’opération militaire en Libye, et le 26 mai. Mais ce bilan ne peut être confirmé de source indépendante.
Prolongation de 3 mois de la mission de l’Otan en Libye
Face à l’attitude de défi de M. Kadhafi, le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, a annoncé une prolongation pour trois mois de la mission de l’Alliance en Libye, prévue initialement de finir fin juin. Il a émis l’espoir d’avoir une solution au conflit avant fin septembre.
« Mais nous resterons engagés aussi longtemps que nécessaire », a-t-il ajouté tout en répétant que le départ du colonel libyen n’était qu’une question de temps.
L’Otan a pris le 31 mars les rênes de l’opération militaire lancée par une coalition internationale après plus d’un mois de révolte réprimée dans le sang par le régime Kadhafi au pouvoir depuis près de 42 ans.
Crimes contre l’humanité et crimes de guerre
Une commission d’enquête créée par le Conseil des droits de l’homme de l’Onu a dénoncé « des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre commis par les forces du gouvernement ». Elle a évoqué « un recours excessif à la force contre les manifestants […] ayant entraîné un nombre important de morts et de blessés », et a mentionné aussi des disparitions forcées, des obstacles à l’accès aux soins médicaux et des « attaques graves » contre les médias.
Du côté de la rébellion, la commission a dit avoir « trouvé quelques actes qui constituent des crimes de guerre », en particulier des cas de « torture ainsi que d’autres formes de traitements inhumains et dégradants ».
Citant des estimations du régime, de la rébellion et d’ONG, elle a ajouté que les violences avaient fait entre « 10 000 et 15 000 morts » depuis le 15 février.
Des centaines de milliers de réfugiés
Plus de 890 000 personnes, essentiellement des travailleurs migrants, ont été contraintes à la fuite, alors que 1 200 sont mortes ou portées disparues après avoir quitté la Libye pour rejoindre l’Europe en bateau, selon l’Onu.
À Benghazi, siège de la rébellion dans l’Est, les rebelles du Conseil national de transition (CNT) ont accusé le régime de l’attentat à l’explosif mercredi soir dans le parking d’un grand hôtel hébergeant diplomates, journalistes et responsables de l’opposition, qui n’a pas fait de victime.
Sur le plan diplomatique, Malte a rejoint la France, l’Italie, le Royaume-Uni, le Qatar, la Gambie et la Jordanie en annonçant considérer le CNT comme « le seul représentant légitime du peuple libyen ». Le CNT a, de son côté, salué la défection du ministre du Pétrole Choukri Ghanem, l’un des caciques du régime, appelant « les autres à être courageux et à suivre son exemple ».
La défection de M. Ghanem porte un nouveau revers au régime Kadhafi et vient s’ajouter à celle de dizaines d’autres personnalités ou officiers qui ont choisi de rejoindre la rébellion ou de déserter

mardi 31 mai 2011

Libye : 100 jours de rébellion sanglante


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INTERVENTION MILITAIRE EN LIBYE

Publié le 29 mai 2011 à 19h02



http://www.francesoir.fr/actualite/internationa


La rébellion libyenne, qui célèbre le 29 mai ses 100 jours, répète que le départ de Mouammar Kadhafi est la condition préalable à toute sortie de crise. Retour sur les grandes étapes de l'insurrection.
Un rebelle lybien tire avec un lance-roquettes le 28 mai dernier
Un rebelle lybien tire avec un lance-roquettes le 28 mai dernier SIPA
15 février : Des manifestations ont lieu en Libye dans le cadre du "printemps arabe" qui a touché la Tunisie, l'Égypte, mais aussi le Yémen ou la Syrie. A Benghazi, au sud de la Libye, les mouvements sont durement réprimés par la police qui utilise des armes à feu.

17 février : Le « jour de la colère », Almadi Ziou jette sa voiture bourée d'explosifs contre la caserne de Benghazi, symbole du pouvoir de Kadhafi à l'est du pays. Les manifestations s'intensifient.

18-19 février : Ces deux journées signent le début véritable de l'insurrection. Benghazi et El Beïda tombent aux mains des insurgés. Tandis que des membres des forces de l'ordre rejoignent les rangs des rebelles, de nombreux témoignages alertent de la présence de mercenaires, en particulier du Tchad, qui répriment très durement les manifestants. Alors qu'Internet est coupé par les autorités libyennes, le collectif de hackers Anonymous vient en aide aux insurgés pour contourner la censure et diffuser dans le monde entier les premières images de la révolution libyenne. Le bilan compte déjà 50 morts dans les deux camps.

20-26 février : Les manifestations s'étendent au reste du pays. Deux tribus touaregs rejoignent l'insurrection, tandis qu'un diplomate et un ambassadeur font défection au profit des rebelles. De nombreuses villes, dont Tobrouk et Misrata sont aux mains de ces derniers.

Le 21 févrierHuman Rights Watch fait état d'au moins 233 morts dans le pays. La veille, Saïf al-Islam, fl'un des fils de Kadhafi, a fait un discours à la télévision dans lequel il exige la fin des manifestations et menace de recourir à l'armée.

27 février : Création du Comité national de Transition, l'instance représentative de l'opposition au Guide, à Benghazi qui est devenue la «capitale » de l'insurrection.

7-12 mars : Kadhafi lance sa contre-offensive et reprend, l'une après l'autre, les villes qui étaient tombées aux mains de la rébellion. Les insurgés, désorganisés et inexpérimentés, sont forcés de prendre la fuite vers l'est devant l'armée loyaliste.

10 mars : La France, première nation à avoir reconnu le Conseil national de transition (l'opposition au colonel Kadhafi), reçoit trois chargés de mission de l'opposition libyenne à l'Élysée.

17 mars : Le Conseil de sécurité de l’ONU adopte la résolution 1973 afin de protéger la population libyenne, contre les forces de Mouammar Kadhafi.

19 mars : L'opération « Odyssey Dawn » (Aube de l'odyssée) est lancée par une coalition formée de la France, du Royaume-Uni, des États-Unis, de l'Allemagne, de l'Italie, de l'Espagne, du Canada et de l'Allemagne.

24 mars : L'Otan prend le relais de la coalition internationale. A ce stade des affrontements, 350 avions ont été impliqués dans les opérations aériennes.
S'en suit une situation militaire confuse : jusqu'au 28 mars les insurgés reconquièrent le terrain perdu, appuyé par les bombardements des insurgés. Mais dès le 29 mars, l'insurrection rencontre une très forte résistance des troupes de Kadhafi. Après s'être repliés à Ras Lanouf, grand port pétrolier de l'est, la ville est reprise par les pro-Kadhafi et les insurgés doivent fuir encore plus loin.

30 mars : Le ministre des Affaires étrangères libyen démissionne et fuit le pays pour Londres.

12 avril : La ville d'Ajdabiya, dernier bastion avant Benghazi, le quartier général du CNT, est pilloné par l'armée libyenne. L'engagement de l'Otan est critiqué par les insurgés qui ont le sentiment d'être abandonnés. Ils réussissent pourtant à tenir leurs positions, facilitant les frappes de l'Otan.

15 avril : Mouammar Kadhafi est accusé d'utiliser des bombes à sous-munitions, interdites depuis 2008.

30 avril Le plus jeune fils du colonel Kadhafi Saïf al-Arab, ainsi que trois de ses petits-enfants, sont tués lors d'une frappe aérienne de l'Otan.

8 mai : L'Otan lance des missiles sur plusieurs objectifs clés à Tripoli, en particulier la résidence de Kadhafi.

11 mai : Les insurgés reprennent le contrôle de l'aéroport de Misrata. Les bombardements de l'Otan s'intensifient encore davantage.

16 mai : Un mandat d'arrêt international est requis par le procureur de la Cour pénal international (CPI) contre le colonel Kadhafi, pour crimes contre l'humanité. Sont aussi visés son fils Saïf al-Islam ainsi que le chef des renseignements libyens, Abdoullah al Senoussi.

27 mai : Dmitri Medvedev, en signant la déclaration finale du G8, reconnaît que le colonel libyen a « perdu toute légitimité. »