jeudi 2 juin 2011

Au moins 200 migrants partis de Libye disparus au large de la Tunisie


LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 02.06.11 | 13h18  •  Mis à jour le 02.06.11 | 13h32
Deux cents à deux cent soixante-dix personnes sont portées disparues après le naufrage d'un bateau de clandestins en Méditerranée, rapporte jeudi l'agence Tunis Afrique Presse (TAP), citant les autorités.
Deux autres personnes sont mortes alors que leur embarcation, qui transportait environ huit cents personnes, tentait de gagner l'Italie. Les gardes-côtes tunisiens ont pu porter secours à cinq cent soixante-dix des passagers, précise l'agence TAP, qui ajoute que les disparus, qui fuyaient la Libye en guerre, sont vraisemblablement morts noyés.
La garde maritime et l'armée tunisiennes étaient engagées depuis mercredi dans des opérations de secours pour ramener à terre ces réfugiés partis de Libye et qui tentaient de rejoindre l'île italienne de Lampedusa.
Leur embarcation surchargée, qui s'était enlisée dans un banc de sable mardi, à 36 km au large des îles tunisiennes Kerkennah (sud), a chaviré après des bousculades pour tenter de monter à bord des petits bateaux de sauvetage dépêchés par les autorités, selon l'agence, qui évoque également de mauvaises conditions météorogiques.
Parmi les personnes secourues, près de 200 ont déjà été transférées vers le camp de réfugiés de Choucha (sud), à 8 kilomètres de la frontière tuniso-libyenne. Ils doivent être rejoints par les autres migrants ayant réchappé au naufrage.

Libye. Le régime de Kadhafi accusé de crimes contre l’humanité

Libye


Conflitsjeudi 02 juin 2011

La capitale libyenne Tripoli a de nouveau été la cible des raids aériens nocturnes de l’Otan, au moment où l’Onu a dénoncé des crimes contre l’humanité commis par le régime de Mouammar Kadhafi dans la répression de la révolte lancée il y a près de quatre mois.
Entre-temps, les tentatives de trouver une solution politique au conflit qui a fait entre« 10 000 et 15 000 morts »depuis le 15 février selon un bilan compilé par l’Onu, sont au point mort, Kadhafi refusant de partir malgré les défections au sein du régime et les sanctions et pressions internationales.
Raids intensifs sur Tripoli dans la nuit
L’Otan a mené dans la nuit de mercredi à jeudi des raids intensifs sur Tripoli où au moins une douzaine de puissantes explosions ont été entendues mais les sites visés n’étaient pas connus. La capitale libyenne est la cible de raids intensifs de l’Alliance atlantique depuis près d’une dizaine de jours.
La veille, elle a affirmé avoir visé dans la région de Tripoli un entrepôt de véhicules, un lanceur de missiles sol-air dans les environs de Mizda (180 km au sud de Tripoli) et un entrepôt de munitions et un radar de conduite de tir à Houn (500 km au sud-est de Tripoli).
Selon le gouvernement libyen, 718 civils ont été tués et 4 067 blessés dans les raids de l’Otan entre le 19 mars, date du début de l’opération militaire en Libye, et le 26 mai. Mais ce bilan ne peut être confirmé de source indépendante.
Prolongation de 3 mois de la mission de l’Otan en Libye
Face à l’attitude de défi de M. Kadhafi, le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, a annoncé une prolongation pour trois mois de la mission de l’Alliance en Libye, prévue initialement de finir fin juin. Il a émis l’espoir d’avoir une solution au conflit avant fin septembre.
« Mais nous resterons engagés aussi longtemps que nécessaire », a-t-il ajouté tout en répétant que le départ du colonel libyen n’était qu’une question de temps.
L’Otan a pris le 31 mars les rênes de l’opération militaire lancée par une coalition internationale après plus d’un mois de révolte réprimée dans le sang par le régime Kadhafi au pouvoir depuis près de 42 ans.
Crimes contre l’humanité et crimes de guerre
Une commission d’enquête créée par le Conseil des droits de l’homme de l’Onu a dénoncé « des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre commis par les forces du gouvernement ». Elle a évoqué « un recours excessif à la force contre les manifestants […] ayant entraîné un nombre important de morts et de blessés », et a mentionné aussi des disparitions forcées, des obstacles à l’accès aux soins médicaux et des « attaques graves » contre les médias.
Du côté de la rébellion, la commission a dit avoir « trouvé quelques actes qui constituent des crimes de guerre », en particulier des cas de « torture ainsi que d’autres formes de traitements inhumains et dégradants ».
Citant des estimations du régime, de la rébellion et d’ONG, elle a ajouté que les violences avaient fait entre « 10 000 et 15 000 morts » depuis le 15 février.
Des centaines de milliers de réfugiés
Plus de 890 000 personnes, essentiellement des travailleurs migrants, ont été contraintes à la fuite, alors que 1 200 sont mortes ou portées disparues après avoir quitté la Libye pour rejoindre l’Europe en bateau, selon l’Onu.
À Benghazi, siège de la rébellion dans l’Est, les rebelles du Conseil national de transition (CNT) ont accusé le régime de l’attentat à l’explosif mercredi soir dans le parking d’un grand hôtel hébergeant diplomates, journalistes et responsables de l’opposition, qui n’a pas fait de victime.
Sur le plan diplomatique, Malte a rejoint la France, l’Italie, le Royaume-Uni, le Qatar, la Gambie et la Jordanie en annonçant considérer le CNT comme « le seul représentant légitime du peuple libyen ». Le CNT a, de son côté, salué la défection du ministre du Pétrole Choukri Ghanem, l’un des caciques du régime, appelant « les autres à être courageux et à suivre son exemple ».
La défection de M. Ghanem porte un nouveau revers au régime Kadhafi et vient s’ajouter à celle de dizaines d’autres personnalités ou officiers qui ont choisi de rejoindre la rébellion ou de déserter

mardi 31 mai 2011

Libye : 100 jours de rébellion sanglante


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INTERVENTION MILITAIRE EN LIBYE

Publié le 29 mai 2011 à 19h02



http://www.francesoir.fr/actualite/internationa


La rébellion libyenne, qui célèbre le 29 mai ses 100 jours, répète que le départ de Mouammar Kadhafi est la condition préalable à toute sortie de crise. Retour sur les grandes étapes de l'insurrection.
Un rebelle lybien tire avec un lance-roquettes le 28 mai dernier
Un rebelle lybien tire avec un lance-roquettes le 28 mai dernier SIPA
15 février : Des manifestations ont lieu en Libye dans le cadre du "printemps arabe" qui a touché la Tunisie, l'Égypte, mais aussi le Yémen ou la Syrie. A Benghazi, au sud de la Libye, les mouvements sont durement réprimés par la police qui utilise des armes à feu.

17 février : Le « jour de la colère », Almadi Ziou jette sa voiture bourée d'explosifs contre la caserne de Benghazi, symbole du pouvoir de Kadhafi à l'est du pays. Les manifestations s'intensifient.

18-19 février : Ces deux journées signent le début véritable de l'insurrection. Benghazi et El Beïda tombent aux mains des insurgés. Tandis que des membres des forces de l'ordre rejoignent les rangs des rebelles, de nombreux témoignages alertent de la présence de mercenaires, en particulier du Tchad, qui répriment très durement les manifestants. Alors qu'Internet est coupé par les autorités libyennes, le collectif de hackers Anonymous vient en aide aux insurgés pour contourner la censure et diffuser dans le monde entier les premières images de la révolution libyenne. Le bilan compte déjà 50 morts dans les deux camps.

20-26 février : Les manifestations s'étendent au reste du pays. Deux tribus touaregs rejoignent l'insurrection, tandis qu'un diplomate et un ambassadeur font défection au profit des rebelles. De nombreuses villes, dont Tobrouk et Misrata sont aux mains de ces derniers.

Le 21 févrierHuman Rights Watch fait état d'au moins 233 morts dans le pays. La veille, Saïf al-Islam, fl'un des fils de Kadhafi, a fait un discours à la télévision dans lequel il exige la fin des manifestations et menace de recourir à l'armée.

27 février : Création du Comité national de Transition, l'instance représentative de l'opposition au Guide, à Benghazi qui est devenue la «capitale » de l'insurrection.

7-12 mars : Kadhafi lance sa contre-offensive et reprend, l'une après l'autre, les villes qui étaient tombées aux mains de la rébellion. Les insurgés, désorganisés et inexpérimentés, sont forcés de prendre la fuite vers l'est devant l'armée loyaliste.

10 mars : La France, première nation à avoir reconnu le Conseil national de transition (l'opposition au colonel Kadhafi), reçoit trois chargés de mission de l'opposition libyenne à l'Élysée.

17 mars : Le Conseil de sécurité de l’ONU adopte la résolution 1973 afin de protéger la population libyenne, contre les forces de Mouammar Kadhafi.

19 mars : L'opération « Odyssey Dawn » (Aube de l'odyssée) est lancée par une coalition formée de la France, du Royaume-Uni, des États-Unis, de l'Allemagne, de l'Italie, de l'Espagne, du Canada et de l'Allemagne.

24 mars : L'Otan prend le relais de la coalition internationale. A ce stade des affrontements, 350 avions ont été impliqués dans les opérations aériennes.
S'en suit une situation militaire confuse : jusqu'au 28 mars les insurgés reconquièrent le terrain perdu, appuyé par les bombardements des insurgés. Mais dès le 29 mars, l'insurrection rencontre une très forte résistance des troupes de Kadhafi. Après s'être repliés à Ras Lanouf, grand port pétrolier de l'est, la ville est reprise par les pro-Kadhafi et les insurgés doivent fuir encore plus loin.

30 mars : Le ministre des Affaires étrangères libyen démissionne et fuit le pays pour Londres.

12 avril : La ville d'Ajdabiya, dernier bastion avant Benghazi, le quartier général du CNT, est pilloné par l'armée libyenne. L'engagement de l'Otan est critiqué par les insurgés qui ont le sentiment d'être abandonnés. Ils réussissent pourtant à tenir leurs positions, facilitant les frappes de l'Otan.

15 avril : Mouammar Kadhafi est accusé d'utiliser des bombes à sous-munitions, interdites depuis 2008.

30 avril Le plus jeune fils du colonel Kadhafi Saïf al-Arab, ainsi que trois de ses petits-enfants, sont tués lors d'une frappe aérienne de l'Otan.

8 mai : L'Otan lance des missiles sur plusieurs objectifs clés à Tripoli, en particulier la résidence de Kadhafi.

11 mai : Les insurgés reprennent le contrôle de l'aéroport de Misrata. Les bombardements de l'Otan s'intensifient encore davantage.

16 mai : Un mandat d'arrêt international est requis par le procureur de la Cour pénal international (CPI) contre le colonel Kadhafi, pour crimes contre l'humanité. Sont aussi visés son fils Saïf al-Islam ainsi que le chef des renseignements libyens, Abdoullah al Senoussi.

27 mai : Dmitri Medvedev, en signant la déclaration finale du G8, reconnaît que le colonel libyen a « perdu toute légitimité. »

La guerre, une affaire pour les Affreux


Pour régler leurs conflits, les Etats font de plus en plus appel à des sociétés privées, qui sous-traitent les combats à des mercenaires. Une guerre privatisée, où les dérapages sont légion.

Un rebelle libyen garde des prisionniers suspectés d'être des mercenaires pro-Kadhafi, en mars à Benghazi. REUTERS/Suhaib Salem
L'AUTEUR
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Le XXIe siècle entre dans sa deuxième décennie et, loin de connaître la paix, la planète n’a semble-t-il jamais été autant en guerre. Mais cette dernière, nous disent les experts, est en pleine mutation. La professionnalisation et la robotisation sont à l’ordre du jour, comme le prouvent les conflits en Irak et en Afghanistan. Et, troisième composante de cette métamorphose, la sous-traitance prend une importance croissante. La guerre est désormais affaire de contrats passés avec des sociétés privées, qui se mettent à gérer des pans entiers d’activités autrefois dévolues aux forces armées, comme la protection des lignes de communication et des axes de ravitaillement, la sécurité des personnalités, et même de certains sites stratégiques.
Dans Histoire des mercenaires (de 1789 à nos jours)[Tallandier, 2011], Walter Bruyère-Ostells brosse un tableau très complet de cette transformation. Et il rappelle que c’est en Afrique qu’est née la première société militaire privée (SMP) d’importance: Executive Outcomes, fondée en 1989 par Eeben Barlow, ancien officier sud-africain d’une unité d’élite spécialisée dans la lutte contre la guérilla.
L’Afrique est extrêmement sensible à la question des mercenaires. Le carnage au Congo dans les années 60 est encore dans toutes les mémoires, ainsi que le rôle des unités spéciales rhodésiennes et sud-africaines du temps de l’Apartheid, ou encore l’intervention massive des Cubains (qui n’étaient pas à proprement parler des mercenaires) en Angola. A tel point que l’Organisation de l’unité africaine (OUA, aujourd’hui l’Union africaine) avait ratifié uneConvention sur l’élimination du mercenarisme en Afrique, laquelle semble être restée lettre morte.
En effet, dans les années 90, Executive Outcomes se retrouve sur tous les fronts, du Liberia et duSierra Leone à l’Angola, où ces mercenaires d’un nouveau genre affrontent leurs anciens alliés de l’Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (Unita), mais aussi ailleurs dans le monde, jusqu’en Papouasie occidentale, où ils participent, aux côtés des forces indonésiennes, à une sanglante opération destinée à libérer des otages. A cette époque, on voit apparaître de nombreux émules de la société sud-africaine, des entreprises britanniques comme Aegis, ou américaines comme MPRI et Blackwater.

Commerçants et corsaires

Mais Walter Bruyère-Ostells opère une distinction entre les SMP qui interviennent dans toutes les zones de conflit, en Afrique, en Asie centrale, mais aussi dans les Balkans de 1991 à 1999. Si certaines vendent leurs services aux plus offrants, comme Executive Outcomes, d’autres fonctionnent plutôt comme des «corsaires». Autrement dit, elles fournissent des prestations aux Etats dont elles sont originaires. C’est plus particulièrement le cas des entreprises américaines.
Ainsi, en 1993-1995, MPRI, dirigée par d’anciens membres de l’US Army et de la CIA, se charge de la formation et de la préparation au combat de l’armée croate, pour le compte de Washington, qui ne pouvait alors avoir l’air d’agir directement en soutien d’un des belligérants en ex-Yougoslavie. Ces conseillers américains auraient été pour beaucoup dans la mise au point de l’opération Tempête, qui a abouti à l’expulsion des Serbes des Krajinas, l’exemple le plus massif de nettoyage ethnique de toute la guerre.
En Irak, Blackwater, qui entretient des liens sulfureux avec le Pentagone et le secteur pétrolier américain, obtient les marchés de la sécurité privée, servant littéralement de force d’appoint aux GI’s déployés sur le terrain.
Entre-temps, impliquée dans des affaires louches, Executive Outcomes met la clé sous la porte. D’après Eeben Barlow, cité par Walter Bruyère-Ostells, «des milliers d’anciens soldats et d’anciens policiers d’Afrique du Sud affluent vers les zones déstabilisées par des conflits […]. Ce vide [celui laissé par la première SMP de cette importance, la sienne] fut rapidement comblé par des sociétés internationales et sud-africaines faisant exactement la même chose que nous».
Au point qu’aujourd’hui, les SMP sont devenues un élément incontournable des interventions occidentales sur des théâtres extérieurs, au même titre que les drones de combat. En Irak, ces sociétés aligneraient en tout près de 50.000 hommes. On peut véritablement parler d’armées privées, gérées non plus par des condottieri sans foi ni loi, mais par de «respectables» conseils d’administration.

Incontrôlables Affreux

Quelle est la valeur réelle de ces troupes? Apparemment inégale. Si les «contractants» sud-africains furent manifestement appréciés tant par la population que par les fonctionnaires internationaux en Sierra Leone, il n’en va pas de même des hommes de Blackwater en Irak, accusés de se comporter en soudards nerveux de la gâchette, et coupables de nombreux incidents armés. De plus, ces sociétés ont de plus en plus tendance elles-mêmes à «sous-traiter». Une fois installées, elles créent des filiales qui recrutent des effectifs sur place. Ce fonctionnement en cascade ne peut être que dommageable en termes de fiabilité, les personnels engagés n’ayant bien souvent qu’une formation rudimentaire, et défendant parfois des intérêts locaux.
Plus généralement, il est reproché aux SMP d’intervenir dans des conflits où les retours sur investissements sont toujours juteux, liés à des ressources qui font l’objet de toutes les convoitises: pétrole, gaz naturel, or et diamants, par exemple. Et bien souvent, ces entreprises ne sont là que parce que de grandes sociétés transnationales ont besoin d’elles.
Mais est-ce pour autant la fin du mercenariat «à l’ancienne»? Dans son livre, Walter Bruyère-Ostells souligne que la ligne idéologique et psychologique est parfois ténue entre les hommes qui travaillent pour les SMP, ceux qui servent dans les sociétés «corsaires», les authentiques Affreux, et les volontaires, héritiers des brigades internationales, idéalistes ou aventuriers attirés tant par la perspective d’une cause à défendre que par le désir de vivre plus intensément.

En Libye, des mercenaires dans les deux camps

La guerre de Libye semble d’ailleurs regrouper un peu tous les cas de figure. Les forces de Kadhafi comptent ainsi de nombreux Tchadiens, mais aussi des Touaregs, présentés comme des «mercenaires» par les rebelles. Ces combattants, engagés volontaires, touchent certes une solde alléchante, mais beaucoup sont également là parce qu’ils estiment que leurs pays d’origine doivent quelque chose au colonel Kadhafi, qui a considérablement investi en Afrique subsaharienne dans les années 2000. En face, des SMP, discrètes, auraient été signalées du côté des rebelles. Leur rôle et leur identité restent flous, mais il est possible qu’elles représentent une forme d’intervention au sol qui permet aux armées occidentales de ne s’occuper que de la partie aérienne de la guerre, confiant peut-être l’encadrement des rebelles et la sécurisation des arrières à ces sociétés.
La privatisation de la guerre est rarement bon signe, car elle est symptomatique d’un désengagement des autorités centrales, qui cèdent la responsabilité de la conduite d’opérations militaires à des intervenants privés dont les motivations sont forcément sujettes à caution. De nos jours, elle est la conséquence d’un retour à la professionnalisation des forces armées. Un peu partout en Europe, le service militaire disparaît, l’armée, de citoyenne, devient une force composée de contractuels qui, passé trois, cinq ou dix ans, préfèrent exporter leur savoir-faire à un meilleur prix. Jusqu’au moment où, à l’issue d’une crise économique ou de l’éclatement d’une bulle financière quelconque, les commanditaires se retrouveront dans l’incapacité de payer. Que se passera-t-il alors? Les contractants, déjà difficiles à contrôler, redeviendront-ils des «Ecorcheurs», reformeront-ils de Grandes Compagnies qui terroriseront des régions entières, comme l’avaient fait les Affreux au Congo?
Quant à ces derniers, s’ils n’ont plus grand-chose à voir avec leurs ancêtres des années 60 et 70, anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale et des guerres de la décolonisation, ils n’en sont pas moins là. Des mercenaires étrangers, Biélorusses, Serbes, voire Ukrainiens, toucheraient des salaires confortables pour aider les troupes de Kadhafi à résister aux rebelles. Leur expertise, incontestable, expliquerait même pourquoi les frappes occidentales peinent à faire plier le colonel.
Finalement, en ce XXIe siècle désormais bien entamé, peut-être la guerre n’a-t-elle pas vraiment changé de visage, n’en déplaise aux experts. Disons plutôt que, selon le camp dans lequel on se trouve, elle présente un visage différent. Ce qui a toujours été le cas, depuis que l’homme a décidé un jour qu’exterminer ses semblables était encore le meilleur moyen d’assurer sa propre survie.
Roman Rijka

lundi 30 mai 2011

Algérie : le général, l'islamiste et la démocratie

Algérie : le général, l'islamiste et la démocratie
jeune Afrique
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30/05/2011 à 16h:02 Par Chérif Ouazani




Deux conseillers présidentiels participeront aux concertations avec la classe politique algérienne.

Pour assister Abdelkader Bensalah dans sa mission de concertation avec la classe politique, Abdelaziz Bouteflika a désigné Mohamed Touati, général major à la retraite, et Mohamed Ali Boughazi, ancien élu d’Ennahdha (islamiste). Les deux hommes font partie du staff d’El-Mouradia. Le premier est conseiller pour les affaires sécuritaires, le second est devenu la voix de Bouteflika, puisqu’il est le principal lecteur des discours présidentiels, la santé déclinante du chef de l’État l’ayant contraint à réduire ses interventions publiques. Le choix n’est pas fortuit. On y décèle un souci d’équilibre autant régional que politique. Bensalah étant originaire de Tlemcen, dans l’Ouest algérien, Bouteflika a tenu à faire représenter le centre et l’est du pays.

Natif de la région de Béjaïa, en Petite Kabylie, réputée proche de la mouvance des démocrates, le général Touati, 70 ans, est surnommé El-Mokh (« le cerveau ») pour avoir longtemps été l’éminence grise de l’institution militaire. Le plus politique des généraux a fait partie, tout comme Bensalah, de la Commission du dialogue national, créée en 1993 pour sortir l’Algérie d’une crise institutionnelle. La retraite lui a plutôt bien réussi, puisqu’il occupe, depuis 2004, les fonctions de secrétaire permanent du Haut Conseil de sécurité.

Pondération

Quant à Mohamed Ali Boughazi, docteur en mathématiques originaire de Skikda, pôle pétrochimique situé dans l’est du pays, il est considéré comme un islamiste modéré. Il a fait une brève carrière ministérielle dans le premier gouvernement d’Abdelaziz Bouteflika, entre 2000 et 2003, à la tête de l’Aménagement du territoire, puis en tant que secrétaire d’État à la Recherche scientifique. La pondération de cet islamiste bon teint séduit le chef de l’État, qui en fait un sherpa, rédacteur et lecteur de discours. Un nationaliste, un islamiste et un militaire. Voilà le trio choisi par Bouteflika pour conduire le train des réformes dont la pierre angulaire est la révision « profonde » de la Constitution

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Libye: défection d'officiers

AFP 

30/05/2011 | Mise à jour : 19:35 Réagir

Huit officiers libyens de l'armée de Mouammar Kadhafi, dont cinq généraux, ont fait défection et ont appelé d'autres officiers à suivre leur exemple lors d'une conférence de presse à Rome. "Ces officiers font partie des 120 qui ont quitté Kadhafi et la Libye ces derniers jours. Nous espérons que d'autres se joindront à nous et au peuple libyen en quittant le parti de ce despote et criminel" a déclaré lors de cette conférence de presse l'ancien ministre libyen des Affaires étrangères Abdel Rahman Chalgam.

Selon une liste fournie par M. Chalgam, au total cinq généraux, deux colonels et un major ont fait défection. Le porte-parole du ministère italien des Affaires étrangères, Maurizio Massari, dont les services co-organisaient la conférence de presse, a indiqué que les officiers avaient déserté grâce au "travail soigneux, compétent et déterminé de nos services de renseignements".

"Vous avez fait le bon choix en abandonnant un régime sans avenir", a-t-il affirmé à leur intention. Le général Salah Giuma Yahmed a de son côté déclaré que les défections en cours signifiaient que les forces de Kadhafi ne pouvaient plus soutenir le régime: "Les forces internationales paralysent les troupes de Kadhafi, qui tournent maintenant à 20% de leurs capacités militaires".

La situation des civils sur le terrain pris entre deux feux est "très douloureuse": "Les gens sont épuisés psychologiquement, il y a de nombreux cas de viols dans plusieurs villes, en particulier à Misrata et Adjabiya". Plus tôt dans la journée, Mahmoud Chammam, responsable de l'Information au Conseil national de transition (CNT), organe politique de la rébellion, qui contrôle l'est de la Libye, avait indiqué à l'AFP que "huit hauts gradés des brigades de Kadhafi, dont quatre généraux de brigade, se sont joints à la révolution".

samedi 28 mai 2011

Tunisie: nouvelles défections de militaires libyens


TUNISIA, Tunisia — Vingt-deux militaires libyens, dont plusieurs officiers supérieurs, ont fait défection au régime de Kadhafi et se trouvent actuellement en Tunisie, a-t-on appris samedi de bonne source. Ils sont arrivés vendredi en provenance de Misrata à bord de deux petites embarcations qui ont accosté dans le port de Ketf, près de Ben Guerdane, une ville proche de la frontière avec la Libye.
Bastion rebelle, Misrata (ouest) est le théâtre de combats acharnés depuis le début des affrontements avec les forces loyales à Moammar Kadhafi.
Selon l'agence officielle TAP, les deux barques transportaient au total 34 personnes, dont les militaires, pour "la plupart de hauts gradés". Parmi les civils, deux étaient blessés par balle -l'un à une jambe, l'autre à un bras- et ont été transférés dans un hôpital militaire. Les militaires étaient quant à eux munis de leurs armes qu'ils ont remis à l'armée tunisienne, a-t-on précisé de même source.
Ils se sont refusés à dévoiler leur identité de crainte que leur famille ne soit exposée à des représailles et que l'étau ne se resserre sur d'autres militaires qui voudraient faire défection. Le 15 mai, trois officiers étaient arrivés dans le port de Zarzis (sud) tunisien à bord d'une embarcation. Ils avaient été précédés de plusieurs autres ayant fui également par voie maritime. AP
xbb/mw