lundi 27 septembre 2010

Sahel : un terrain miné par l’intégrisme

Figaro (France) via Atlasinfo.fr

Sahel : un terrain miné par l’intégrisme (Alexandre Adler)
dimanche 26 septembre 2010

Comme en médecine, il existe une pathologie géopolitique dont le processus déclenchant est le même : un agent actif et un terrain immunitaire affaibli depuis longtemps. Ici, l’agent pathogène est bien connu, il s’agit de ce même mouvement multiforme né de l’exacerbation paroxystique d’un grand mouvement de masse islamiste bien plus vaste, en l’occurrence la radicalisation en Algérie de l’aile activiste du Front islamique du salut (FIS), le Groupe islamique armé (GIA).

Mais la composante la plus importante du phénomène, c’est le terrain immunitaire faible. Zone de population limite de la planète, mais jalonnée d’oasis, le Sahara appartient culturellement au Maghreb. Il est arabe sur sa frange ouest - la Mauritanie - et jusqu’à Tombouctou ; il est fortement berbère partout ailleurs, avec une culture traditionnelle fondée sur une grande indépendance des groupes et une réticence évidente à l’islam normatif, qui se traduit notamment par le statut élevé réservé à des femmes qui partagent tout de la rude vie des hommes nomades.

La France, qui hérita de ce vaste domaine sans pouvoir encore vraiment l’administrer vers 1900, commit l’erreur de le détacher en petits morceaux mieux contrôlables, les uns gérés par l’armée métropolitaine d’Algérie - les unités chamelières -, les autres par les troupes de marine, basées à Saint-Louis du Sénégal et où naquirent les célèbres méharistes. Il y eut donc à la place d’une unité humaine, jusque-là incontestée, quatre territoires principaux. D’abord, une Mauritanie de culture marocaine rattachée purement et simplement au Sénégal. Ensuite, des Territoires du Sud administrés depuis Alger, mais hors statut départemental, et ce jusqu’à Tamanrasset. Enfin, et ce sont les troisième et quatrième morceaux, deux territoires désertiques touaregs rattachés sans aucune autonomie à deux territoires de l’AOF, le Soudan - devenu Mali à l’indépendance - et le lointain Niger, qui n’intéressait alors personne.



De Gaulle, penseur stratégique inégalé, eut tout à la fois l’intuition de ce qu’il fallait entreprendre, puis ensuite la prudence stratégique de s’en abstenir. Le projet de grand État saharien protégé de la France devait fournir un équivalent maghrébin à ce qu’était alors, pour les États-Unis, l’Arabie saoudite. Mais, le Général comprit vite que l’humiliation définitive imposée d’emblée à une Algérie indépendante, mais tronquée et coupée de ses ressources d’hydrocarbures, n’aurait eu comme conséquence immédiate que le basculement du Front de libération nationale (FLN) dans l’alignement sur Moscou. On retira donc ce projet visionnaire mais dangereux des cartons, et on laissa les frontières à peu près en place, abandonnant un petit million de Wolofs sénégalais à une Mauritanie d’un arabisme de plus en plus marqué.

La balkanisation de la région

Le Niger, en revanche, recélait une ressource stratégique non négociable, l’uranium des mines d’Arlit. Longtemps, ce non-pays, qui n’est qu’une mince bande de territoire et de populations le long de la frontière nigériane, fut géré par les attentions conjointes d’Houphouët-Boigny et de Jacques Foccart, depuis la lointaine Abidjan. Depuis la fin de la « seconde colonisation » française en 1989, et déjà par l’exacerbation du conflit algéro-marocain autour du Sahara ex-espagnol et de la Mauritanie depuis 1974, la balkanisation non planifiée de la région commence, hélas, à laisser place à de nombreuses lésions sur le terrain. Un temps passionné par l’élargissement de sa frontière sud, Kadhafi cherchera même à regrouper tous les Berbères du Sahara dans un « Front pour l’indépendance de l’Azawad », aujourd’hui bien oublié de son inventeur, mais dont le programme tacite est passé dans d’autres mains, soit locales, soit intégristes.



Une solution politique se dessine pourtant, à laquelle la France est malheureusement réticente : l’extension d’une souveraineté informelle de l’Algérie vers ces régions à l’abandon, compensée par un assainissement définitif du flan ouest au profit du Maroc. Le courage des soldats africains du Mali et du Niger, manifeste chez leurs tirailleurs sénégalais dans la France combattante est là pour le montrer : il ne s’agit en aucune manière de détermination, mais de réalité ethnique et historique longue : à Kidal, au Mali, à Arlit, au Niger, seuls les Touaregs décidés à éradiquer al-Qaida peuvent ramener une sécurité durable, avec certes l’aide ponctuelle et technologique de la France et des États-Unis, mais d’abord une participation volontaire et sans réticences d’une Algérie, somme toute alliée, dont il faut rappeler que l’actuel président Bouteflika fut pendant la guerre un envoyé sur place du FLN au pseudonyme d’el-Mali. La vraie flexibilité stratégique se trouve là : à Alger et nécessairement aussi à Rabat, nos deux véritables alliés naturels.

Dimanche 26 Septembre 2010 Le Figaro
Voir en ligne : http://www.atlasinfo.fr/Sahel-un-te...

dimanche 26 septembre 2010

Action Collective de plus de 20 milliard d'Euros Intenté Contre Areva aux Etats-Unis...

Action Collective de plus de 20 milliard d'Euros Intenté Contre Areva aux Etats-Unis...



Écrit par Copyright © 2010 WorldPres
source :tam tam info Niger 
Dimanche, 26 Septembre 2010 05:11
photo mine d'Areva /Arlit Niger

Un groupe de Nigériens vivant aux Etats-Unis aurait deposé une plainte en Action Collective (Class action) contre le Groupe Français Areva pour préjudice subi par l'Etat du Niger ainsi que les habitants de la région du Niger ou Areva exploite des mines d'uranium.

Selon Me Arthur Levinson, principal avocat des plaignants, Areva pourrait avoir à payer jusqu'à 20 milliards d'euros de dommages et intérêts (13.120 Milliards de Francs CFA) si le groupe est jugé coupable dans le procès qui se tiendra à New York contre lui, son PDG Mme Anne Lauvergnon ainsi que son Directeur général délégué Monsieur Gérald Arbola. Toujours selon l'avocat des plaignants, le Groupe fait l'objet de 57 chefs d'accusation dont escroquerie, négligence criminelle, non-respect des termes du contrat le liant à l'Etat du Niger entre autres mais il n'est pas certain que tous seront retenus.

En outre, les jurés du procès de New York ne devraient pas formuler une condamnation globale mais évaluer les chefs d'accusation retenus contre Areva et soutenue par l'accusation au cours de la période allant du 24 Avril 1961 au 14 Mai 2007.

Cette évaluation va servir de base à la détermination d'un montant de dommages et intérêt pour chaque année d'activité pendant la période sous revue. Le montant de 20 milliards d'euros seraient équivalent aux perte subies par les actionnaires de l'Uranium du Niger pendant la période retenue et correspondraient à la difference entre les prix moyens sur le Marché international et les prix pratiqués par Areva pour compenser ses actionnaires y compris l'Etat du Niger.
Ce recours, s'il est accepté, pourrait donner lieu au premier procès du genre intenté contre une Multinationale ayant des activites d'exploitation minière en Afrique. S'il est refusé, les plaignants feront appel "dans tous les cas dès que possible" du jugement, puisqu'ils considèrent que les "faits qui sont reprochés à la Multinationale sont fondés, a conclu M. Levinson.

Daniel et Françoise Larribe, l’Afrique au cœur

Daniel et Françoise Larribe, l’Afrique au cœur



En juin dernier, à Arlit, leur ami touareg les avait alertés d’un danger croissant. Ils sont aujourd’hui aux mains des islamistes d’Aqmi. Histoire d’un couple hors du commun.
Paru dans leJDD


L’homme du désert a immortalisé la scène et a affiché la photo au-dessus de son bureau. Staffa Ibrahim, touareg du Niger, originaire d’Agadez, préside depuis cinq ans Ikewane, une petite ONG qui vient en aide aux paysans d’Arlit et aux populations nomades, notamment dans l’approvisionnement en eau et pour l’éducation. Depuis dix jours, Staffa est rongé par l’inquiétude: son ami Daniel Larribe a été enlevé à Arlit. Il se raccroche aux souvenirs, à ce portrait du Français arborant fièrement un costume traditionnel de touareg. Le cliché a été pris en 2008 lors de la cérémonie d’adieux organisée par les autorités locales en l’honneur de Daniel Larribe. L’ingénieur, après cinq ans en poste dans le Sahel, quittait le Niger pour la Namibie, avant d’y revenir cette année. Les Touaregs étaient de la fête.

Originaire du sud-ouest de la France, le couple Larribe a beaucoup donné à Ikewane. "Daniel a fait énormément pour les paysans locaux, les maraîchers. Il a convaincu la Somaïr et Areva de nous aider à financer nos projets", témoigne Staffa Ibrahim. A l’entrée de la ville minière d’Arlit, une pancarte détaille les équipements réalisés par l’ONG locale avec l’aide des Larribe: assainissement des puits pastoraux et de celui d’une école, construction d’un bac de lavage de légumes avec des conduites d’eau potable, distribution d’eau dans les campements nomades… "Depuis ces réalisations, le service de santé d’Arlit nous a fait part de la diminution des cas de typhoïde", assure Staffa, qui ne cache pas sa reconnaissance envers le cadre de la Somaïr, société minière filiale d’Areva, et son épouse Françoise. Lors des adieux, en 2008, Daniel Larribe a reçu trois cadeaux de la part des touaregs: un sabre, un couteau et le titre de président d’honneur d’Ikewane. "Ce sont les seuls Français proches de nous, ce sont de vrais amoureux de l’Afrique. Françoise aide dans les écoles et les bibliothèques. Elle est la marraine de l’association Sahel qui parraine des enfants durant leur parcours scolaire", raconte Ibrahim Samsou, secrétaire d’Ikewane. Le père Christian Chenu, curé d’Arlit, disait cette semaine son inquiétude "pour la santé de Françoise qui vient de se faire soigner d’un cancer".

"Je leur avais dit de faire attention, de limiter leurs déplacements"

Expats au grand cœur, les Larribe, protestants, sont curieux des cultures locales au point d’avoir appris le tamachek, la langue des nomades. Ils aiment se promener à pied dans la ville, n’hésitant pas à aller à la rencontre des artisans et des forgerons, appréciés autant par les paysans que par le personnel nigérien de la Somaïr. "J’ai connu Daniel Larribe en 2006, confie Abdourazakou Moumouni, ingénieur à Niamey. J’ai travaillé sous sa direction durant presque deux ans, jusqu’à son départ pour la Namibie en avril 2008. Il était directeur de production quand j’ai été recruté. Il gérait la production avec tact et intelligence. A Arlit, tout le monde l’apprécie, c’est unanime." Daniel Larribe passe près de deux ans en Namibie avant d’être rappelé en juin dernier par Areva à la Somaïr, en tant que chef de production cette fois. "Daniel a été appelé en renfort pour remettre un peu d’ordre à la mine, depuis son départ il y avait pas mal de problèmes à la Somaïr, de désorganisation. Daniel sait apaiser les tensions, les gens lui font confiance", souligne Staffa Ibrahim. Le président de l’ONG avait alerté Daniel Larribe d’un danger croissant dans le Sahel. C’était le 27 juin dernier. Daniel et Françoise l’avaient invité à dîner dans leur maison d’Arlit. "Je leur avais dit de faire attention, de limiter leurs déplacements. Des Touaregs m’avaient parlé de menaces, eux-mêmes se faisaient de plus en plus détroussés par des voyous qui parlent arabe et doivent venir de Mauritanie ou du sud de l’Algérie. Le secteur est de plus en plus dangereux depuis quelques mois."

C’est la dernière fois que Staffa a vu les Larribe. Quelques jours plus tard, le couple rentrait en France pour des vacances d’été passées entre le Lot et le Gard. Saint-Céré, le fief familial de Daniel, et Mialet, le village d’origine de Françoise. A Mialet, en plein cœur des Cévennes, le couple séjournait en toute discrétion dans une maison de pierre du hameau de Paussan, achetée il y a une quinzaine d’années; à peine y croisait-on Françoise chez Mialet, une épicerie-buvette alternative et associative. A Saint-Céré, le couple rend visite au frère de Daniel et à sa mère. C’est là que Daniel et Françoise se sont rencontrés il y a trente ans. Françoise y était alors directrice de la maison des jeunes et de la culture. Daniel Larribe, enfant du pays, n’avait pas encore terminé ses études. Ce premier de classe, passionné de géologie et de spéléologie – il a réalisé en 1979 une étude géologique sur le gouffre de Padirac –, fait alors une école d’ingénieur, à Strasbourg, avant d’intégrer un cycle de formation du Cesmat (Centre d’études supérieures des matières premières) au sein de l’école des Mines de Nancy, dont il sort diplômé en 1985.

L’ingénieur en génie minier ressent vite l’appel de l’Afrique. Du milieu des années 1990 à 2001, ce sera la Guinée, où il dirige une mine d’or de la SMD (Société minière de Dinguiraye), alors propriété du groupe norvégien Kenor. En 2001, le couple rentre en France. Le Gard pour Françoise, Angers pour Daniel, chargé pendant deux ans de la sécurité des Ardoisières de Trélazé. François Martin, agrégé de génie civil, spécialiste des travaux souterrains, a fait partie d’une association de sauvegarde des mines d’Angers, la Mine bleue, avec Daniel Larribe. "Daniel est l’un des derniers ingénieurs des Mines qui ont une telle expertise du terrain. Mais il n’était pas à l’aise en France, les méthodes de travail ne lui convenaient pas, il avait la tête en Afrique." A son ami nigérien Staffa Ibrahim, Daniel Larribe confiait encore avant l’été que ses racines étaient sur le continent africain. "Cette phrase m’a touchée, s’émeut le Touareg. Quand j’ai appris le grand malheur, l’enlèvement, j’ai été plus choqué que lorsque j’ai appris le décès de mon propre père. Daniel est mon frère, mon frère blanc."



Adeline Fleury, avec J.-S. Nours à Saint-Céré (Lot) et Mialet (Gard) - Le Journal du Dimanche
Samedi 25 Septembre 2010

samedi 25 septembre 2010

Plaintes pour utilisation illégale et irresponsable des images et videos Touaregs ,par des médias français

NDLR: après l'envoi d'un mail à France 24 ,nous les avons appellés aujourd'hui à 15 h pour qu'il mette fin à l'amalgame des images de l'ex rebellion Touaregue et Aqmi .Ils nous ont promis de rectifier ces erreurs,dans le cas contraire ,nous nous verrons avec l'ensemble des associations Touaregues du Niger du Mali et de l'Algerie ainsi que la diaspora de porter plainte contre ce média.


Depuis la prise d'otages français à Arlit au Niger par Aqmi, nous constatons un amalgame dangereux fait par certains médias français. Des vidéos et images de l’ex résistance Touarègue sont diffusées pour illustrer leur reportage sur Aqmi… Cela est illégale et dénote d’un manque de professionnalisme et de déontologie de la part des responsables de ces médias et de leurs journalistes.Depuis quelques semaines nous assistons à des attaques visant les communautés  sahariennes qui n’ont rien à voir avec le sujet.


Les images illustrant certains reportages depuis la prise des otages font l’amalgame entre Aqmi, les rebelles Touaregs ,l’armée mauritanienne  et  malienne ! Est-ce dût à la méconnaissance des réalités sahariennes ou au faite qu’ils portent tous des turbans ???

Nous en appelons à l’ensemble des médias français, surtout France 24, de faire preuve de professionnalisme à l’avenir et d’éviter ces amalgames stériles et dangereux.

Nous rappelons aussi que les mouvements terroristes sont composés de plusieurs nationalités de part le monde, et qu’il est tout à fait surprenant de voire que seuls les Touaregs  sont stigmatisés en tant qu'ethnie ,sans tenir compte de leurs nationalités.

Nous espérons par la présente mettre les medias devant leurs responsabilités et éviter à l’avenir ce genre d’accusations à peine voilés qui vise  sans discernement une ethnie dans son ensemble .

Bien entendu nous suivons de près l’évolution de cette douloureuse prise d’otage que nous avons condamnés fermement toutes et tous de part le monde jusqu’au Sahara.



Merci de votre compréhension
collectif  Europe-Sahara pour la paix.
Bruxelles/Belgique

Nous on habite Djanet, on est touaregs, on n'a rien à voir avec toutes ces histoires ; les journalistes et les gens qui parlent des évènements devraient faire attention à leurs paroles ; ils font du mal à tout un peuple, alors que ce n'es PAS NOTRE PEUPLE qui fait du mal. Les touaregs NE SONT PAS avec les gens violents. Ce qui se passe c'est un malheur pour les otages et leurs familles. Et aussi pour tout le Sahara.

Nabil Othmani /artiste Touareg/FB

No Comment : sidirguinat!!"Ils nous font chier la b... les Touaregs"



La tante de Charlotte des Georges est expatriée au Niger et ce n'est pas évident......

Niger - Ekané un touareg de l’Aïr parle de Al-Quaïda et de la France

Niger - Ekané un touareg de l’Aïr parle de Al-Quaïda et de la France

samedi 25 septembre 2010 (15h47)
Bella Ciao
photo/rebels Touaregs


Ekané (un pseudo en Tamasheq), prend sa plume sur le site occitan-touareg pour nous donner son analyse de la situation au Niger et au Mali suite à l’assassinat de Michel Germaneau et du rapt par Aqmi des sept otages qui travaillaient chez Areva à Arlit. La démocratie et la liberté de parole n’étant pas encore à la mode à Agadez, nos amis Touareg peinent à communiquer exception faite pour ceux qui sont du côté de la soupière, anciens "rebelles" compris.
Al-Qaïda, la France et le Sahara : je t’aime, moi non plus ! La situation sécuritaire dans le grand Sahara et au sahel devient de plus en plus préoccupante non pas pour les pays qui partagent ces grands espaces, mais aussi pour l’occident et le monde en général.
La France, puissance colonisatrice, est ces derniers temps, le pays qui en paie le prix, notamment avec des enlèvements dramatiques comme celui ayant causé la mort de Michel Germaneau. L’enlèvement de ces derniers jours à Arlit dans le nord Niger de 7 cadres d’Areva est spectaculaire et montre toute la gravité de la situation.

La France se trouve confrontée à un dilemme, voire à un triple dilemme :



La souveraineté des États Sahelo-Sahariens terreau d’Al-Qaïda

Le paiement d’une rançon qui ne fera que renforcer le cycle fermé de la prise d’otages

La corruption qui fait des ces États des partenaires et d’Al-Qaïda et de la France.

Mener des opérations militaires dans ces pays supposent aux yeux de beaucoup et surtout des opinions publiques nationales que la souveraineté claironnée çà et là surtout en cette année symbolique du cinquantenaire de l’indépendance de ces ex-colonies n’est qu’un leurre.
Comment comprendraient-elles ces opinions que des États dits indépendants ne puissent pas lutter contre des groupuscules armés, alors même que certains d’entre eux avaient dit avoir à deux reprises maté des rebellions armées, notamment au Mali et au Niger. Considérer que Al-Qaïda soit plus armée et plus structurée que ces rebellions est discutable, mais il faut savoir que ces mêmes états avaient investis des fonds énormes dans l’armée pourquoi alors ne pas faire les mêmes efforts pour sauvegarder la souveraineté nationale, parce qu’après tout c’est l’économie même de ces États qui risque d’être menacée.
Et elle l’est d’ailleurs, car le Sahara dans ces États est la seule destination touristique. La France ne devait donc qu’apporter une aide en logistique et en renseignement militaire.
Que les armées de ces États prouvent pour une fois qu’elles ne sont pas capables seulement que de mater des touaregs, qu’elles maîtrisent leur terrain et qu’elles sont vraiment capables de sauvegarder leur souveraineté territoriale et qu’elles sont véritablement aguerries.
Ces pays sont capables de réussir s’ils sont capables d’accepter que dans leurs peuples respectifs, il y une communauté saharienne, un peuple qui habite ce grand Sahara et seul capable de le parcourir et de retrouver le moindre puits enseveli et ce peuple ce sont les Touaregs.
Qu’on le veuille ou non aucune opération militaire ne peut réussir sans les associer dans cet espace, aucune armée ne peut le protéger sans les associer dans les frontières entre ces pays notamment le Mali, le Niger, l’Algérie.

Une armée qui intégrerait les touaregs et qui leur donnerait comme mission de surveiller ce territoire aurait des résultats assurément meilleurs. Mais le problème est qu’au sortir de la première rébellion dans ces deux pays le Niger et le Mali, il y avait eu des intégrations qui n’avaient pas empêchée une deuxième rébellion de ces mêmes touaregs, ce qui pourrait pousser ces deux États à ne pas avoir de confiance à ceux-ci. C’est juste mais entre deux mots, il est préférable de choisir le moindre.

Le règlement de la deuxième rébellion dans ces deux pays n’a pas été bien fait, encore qu’il y a une nette différence entre la solution malienne et celle nigérienne.

Le Mali a bien accepté d’intégrer des éléments rebelles, alors que le Niger a opté pour une solution moins intéressante sous l’égide du guide libyen et à coup de dollars. Cette solution nigérienne est à notre avis catastrophique car régler un problème de cette façon n’a pas de long terme.
La preuve est que cet argent a été détourné par les dirigeants rebelles et leurs complices, laissant la majorité des jeunes combattants au chômage et capables de mener des actes de banditisme et voire susceptibles de devenir de potentiels alliés de cette même nébuleuse Al-Qaïda.
Et la France a une grande responsabilité dans l’échec du règlement de ces rebellions au Niger et au Mali car elle avait laissé le problème à la Libye qui n’a jamais trouvé de solution à une rébellion en Afrique, que par l’argent.
Le second dilemme pour la France, c’est le paiement de rançon. Payer une rançon pour la France c’est financer Al-Qaïda et le terrorisme, car ce même argent servira à alimenter les caisses d’Al-Qaïda et enlever d’autres otages. Il faudrait aussi comprendre que cet argent ne va pas seulement à Al-Qaïda mais aussi aux nombreux intermédiaires qui interviennent dans le processus de médiation pour la libération des otages : c’est un business comme tout autre où des commission sont versées au différents intervenants, notamment les notables et personnes ressources. C’est dire que ceux qui vivent de cette activité sont nombreux et tant qu’il y aura rançon, il y aura Al-Qaïda et ses prestataires dans ces États.

Donc la France est appelée à une grande prudence à ce niveau.

Le troisième et dernier dilemme enfin est la corruption généralisée dans ces États et à tous les niveaux. Ces pays sont le terrain de prédilection de malfrats de tout genre allant de trafiquants d’être humains, notamment les clandestins, aux trafiquants de drogue, d’armes et en ce moment d’occidentaux. Et ces derniers partagent justement le fauteuil en général avec des responsables politiques haut placés qui sécurisent leurs affaires.

Et dans ces conditions comment arrêter ce désordre dans des espaces aussi poreux que ceux du Sahara et du Sahel ?

Mettre donc fin à cette situation pour la France et les occidentaux passe plus par une mise au point à ces États que par des opérations militaires ou des financements de logistique. Et nous croyons savoir que seule l’Algérie a compris que ce sont ces trafics dans les États voisins qui alimentent et font durer la menace terroriste, c’est aussi l’une des raisons qui font que les organes mis en placent par ces différents États ont toujours échoué.
De récentes déclarations de l’ex-rébellion nigérienne profitant de ce rapt d’Arlit sur les ondes d’une radio étrangère et faisant un reproche tardif aux autorités françaises et nigériennes de ne pas prendre en compte leurs préoccupations ressemblent plus à du chantage qu’à une menace, car comment comprendre que c’est seulement maintenant que celle-ci parle d’un quelconque accord avec le Niger.

Les gens ne sont pourtant pas dupe, Albadé, Tandja et leurs acolytes n’ont jamais signé d’accord avec qui que ce soit, que la paix retrouvée est une paix monnayée par les dollars, les sales dollars libyens.
Ceux qui pensent que ces ex-rebelles peuvent devenir alliés d’Aqmi se trompent à notre avis car c’est méconnaître le professionnalisme et la prudence de ces derniers vis-à-vis des touaregs capables de les tromper à la moindre vue de dollars, en atteste le démantèlement du MNJ et la fin tragique de leur lutte.



Ekané, un Touareg de l’Aïr.

De : lofornier
samedi 25 septembre 2010

Paris considère Alger incontournable dans la sécurité du Sahel

Paris considère Alger incontournable dans la sécurité du Sahel


Manifestement, la France compte sérieusement sur le rôle de l’Algérie et son expérience dans la lutte antiterroriste pour la libération des otages. Le fait d’exclure dans l’immédiat toute intervention militaire dans la région révèle la disposition de la France à laisser l’Algérie faire. Cette attitude s’explique par les déclarations de responsables et experts français sur les relations entre Alger et Paris dans le domaine sécuritaire.
La France et l’Algérie sont liées par leur intérêt commun à lutter contre le terrorisme au Sahel et ont toujours maintenu les échanges, quelles que soient leurs divergences. Pour le ministre français de la Défense, Hervé Morin, «nous avons une coopération en matière de renseignement avec nos amis algériens» qui sont «extrêmement mobilisés dans la lutte contre le terrorisme». Deux commentateurs de l’AFP rapportent qu’une semaine après l’enlèvement revendiqué par l’Aqmi de sept personnes, dont cinq Français, au Niger, la France tient à montrer à quel point elle considère l’Algérie comme un acteur incontournable.
Après des mois de tensions, les relations entre les deux pays se sont décrispées. «On en est à une relation stabilisée [...] Cela ne se détériore plus, mais il reste des obstacles», explique à l’AFP le président de la Commission des affaires étrangères à l’Assemblée nationale Axel Poniatowski. L’Algérie n’a toujours pas digéré d’être inscrite par la France sur la liste des pays à risque pour les transports aériens ou l’appui de Paris à un plan d’autonomie marocain au Sahara occidental. La France accuse toujours Alger de protectionnisme suite à des mesures pénalisant ses entreprises. En revanche, plusieurs dossiers se sont dénoués, dont celui d’un diplomate algérien récemment blanchi par la justice française à la grande satisfaction d’Alger, estiment les analystes de l’AFP.
Citant des responsables et des experts, l’agence de presse française estime que même au plus fort de la crise, la coopération dans la lutte antiterroriste ne s’est jamais interrompue. «Ce qui est très réel, c’est qu’il existe un véritable intérêt commun à coopérer activement dans la lutte anti-Aqmi», dit M. Poniatowski. «L’Algérie est un acteur fondamental. Son atout c’est d’avoir Aqmi chez elle.» «Dans la région, c’est le pays le plus puissant, le plus riche, le plus grand», dit Jean-François Daguzan de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). «Le régime algérien a longtemps infiltré ces groupes, il a les moyens d’agir, l’envergure diplomatique et l’expérience militaire», confirme Kader Abderrahim de l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS).

En outre, «les Algériens n’ont pas attendu les enlèvements dans le Sahel pour agir sur leur flanc sud», souligne le chercheur, rappelant qu’Alger avait «été un intermédiaire important sur la question des Touareg», nomades qui sillonnent la vaste bande sahélo-saharienne où opère l’Aqmi. Pour sa part, «la France a des dispositifs déployés dans les pays du Sahel, notamment en Mauritanie : elle a des moyens qu’elle peut échanger avec l’Algérie», explique M. Poniatowski. Cette coopération est aussi pour le président Abdelaziz Bouteflika le moyen de voir reconnu son «rôle de leader régional», résume Khadija Mohsen-Finan de l’Institut français des relations internationales (IFRI). Alger a créé, en avril, un poste de commandement à Tamanrasset (sud) pour coordonner les activités de son armée avec celles de la Mauritanie, du Mali et du Niger. Et en dépit de rivalités entre ces pays, une réunion ministérielle y a eu lieu cet été. Par ailleurs, la France se dit prête à «engager le contact à tout moment» avec la branche maghrébine d’Al Qaïda, a déclaré hier le chef d’état-major des armées qui exclut, pour l’instant, une intervention militaire.
«Bien sûr, les autorités françaises sont prêtes à engager le contact à tout moment, la seule difficulté que nous ayons, c’est que comme d’habitude dans ce genre d’affaire, ce sont les preneurs d’otages qui sont les maîtres du temps», a expliqué l’amiral Edouard Guillaud sur la radio privée Europe 1. «L’intervention militaire n’est pas, à l’instant où je vous parle, à l’ordre du jour. Pour l’instant, nous établissons la situation dans l’urgence, comme à chaque prise d’otage, et les forces militaires sont là en soutien de notre diplomatie», a-t-il ajouté. «L’option militaire reste envisageable pour autant, à l’instant où je vous parle, la vie des otages n’est pas directement menacée. Nous attendons donc d’avoir un canal de communication», a-t-il souligné. «Nous ne sommes absolument pas prêts à leur céder en toutes circonstances, la France comme d’autres pays l’a d’ailleurs montré des fois précédentes», a assuré l’amiral Guillaud, qui a aussi cité le président Nicolas Sarkozy selon qui le paiement de rançons n’est pas une stratégie durable, tout en nuançant : «Tout est fonction des circonstances.»


Par Abdelkrim Ghezali
La Tribune Online, 25/9/2010
Source: http://diasporasaharaui.blogspot.com/2010/09/paris-considere-alger-incontournable.html

Niger : après les rapts, l’avenir bouché d’Agadez, la belle cité du nord

Niger : après les rapts, l’avenir bouché d’Agadez, la belle cité du nord

De Thomas MORFIN (AFP)
samedi 25 septembre 2010

AGADEZ — "Ce n’est pas vivre, c’est vivoter", lâche Moussa au fond de son hôtel quasi-désert : après l’enlèvement de sept étrangers dans le nord du Niger, l’accablement et la colère gagnent la belle Agadez, capitale régionale à l’avenir désormais bouché.
Sous le rude soleil, il n’y a guère que les chèvres pour mener leur train habituel, dans les ruelles ocres comme le banco (argile et herbes sèches) dont sont faits murs et façades. Le rapt le 16 septembre dans la cité minière d’Arlit (240 km au nord) de cinq Français et de deux Africains —un Togolais et un Malgache— par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) est dans tous les esprits.
A Agadez (1.000 km au nord-est de Niamey), "on parle de ça dans toutes les +fada+ (conversations, ndlr)", raconte à l’AFP Abdelaziz Afilo, qui travaille à la "librairie de l’Aïr", du nom du proche massif montagneux d’où seraient venus les ravisseurs.

"La menace restait lointaine jusque-là, les habitants n’y croyaient pas trop. Maintenant, les gens d’Aqmi sont là", explique Raliou Hamed Assaleh, responsable de la radio locale Radio Sahara.
Le gouvernorat d’Agadez est le coeur de cette cité de quelque 100.000 âmes aux portes du désert. On y règle les détails des convois - de voyageurs ou de matériel - vers les localités voisines ou très éloignées. Chaque convoi comprend des véhicules de l’armée ou de la gendarmerie, équipés d’armes lourdes.

Officiellement, ces dispositions sont héritées de l’époque de la dernière rébellion touareg (2007-2009) et maintenues pour parer aux attaques de "bandits armés", souvent d’ex-rebelles en rupture de ban. Mais ces derniers oeuvrent parfois pour le compte d’Aqmi.

Aussitôt après les enlèvements, le gouvernement a annoncé des mesures de sécurité "renforcées", en particulier dans la zone d’Agadez.

Jour et nuit, des patrouilles circulent dans la ville et les rares Occidentaux doivent se faire enregistrer à leur arrivée.

"C’est normal d’avoir peur, ça nous concerne tous", souligne Hadiza, après avoir servi du mouton à des clients dans la chaleur de son petit restaurant. La jeune femme ne sort d’Agadez qu’à l’heure des convois.

Au-delà de l’insécurité, l’avenir économique de la capitale régionale est au centre des inquiétudes.


Le groupe nucléaire français Areva et ses sous-traitants employaient à Arlit de nombreux habitants d’Agadez. Avec l’activité qui "tourne au ralenti" depuis la semaine dernière, ils se trouvent menacés de chômage, s’alarme un responsable du gouvernorat.

Quant aux visiteurs, ils ont plus de raisons que jamais d’éviter la destination.

A l’accueil de l’hôtel de la Paix, Moussa ressasse sa déception : une organisation internationale qui comptait y loger pendant plusieurs jours des collaborateurs, a finalement renoncé à leur venue "par mesure de sécurité", dit-il.
Pour les acteurs du tourisme ou de l’artisanat, c’est un crève-coeur. Symbole de ce coup du sort, la compagnie française Point Afrique a décidé de ne plus desservir une région devenue trop dangereuse.
Après le désarmement des rebelles en octobre 2009, il y avait "un début de reprise", mais à présent c’est le "découragement total", confie un Touareg. Turban gris et boubou rose, il prend le thé devant son agence de voyages qui, comme les autres de la ville, garde portes closes.

"On est musulmans depuis longtemps ici", insiste-t-il, le bras tendu vers la très ancienne mosquée, un des trésors de banco de la ville.

"Mais on ne comprend rien à ces musulmans-là ! Les gens d’Aqmi bloquent toute la région", accuse cet homme. Il ne se laissera identifier que par ses initiales "E.K." : "on a peur d’eux", justifie-t-il.

jeudi 23 septembre 2010

SAHARA BLUES sur France Culture/Sur les Docks Un documentaire d’Arnaud Contreras

SAHARA BLUES documentaire sur France Culture/Sur les Docks

Published by acontreras at 12:39 under Actualité
Diffusion le lundi 4 octobre 2010, à 17h00, sur France Culture/Sur les Docks de
SAHARA BLUES
Un documentaire d’Arnaud Contreras
Réalisation Vincent Abouchar

Videos de Bambino ,ambassadeur du blues saharien:Agadez-Niger





à écouter sur les ondes ou sur le site de France Culture: http://www.franceculture.com
Les événements au Sahara au travers des témoignages de passionnés du Sahara et amis des touaregs. Un regard calme sur une situation d’urgence.
Les « sahariens » ont le blues. Toute une communauté de français liée aux peuples du grand désert par l’amitié, l’amour, l’histoire familiale ou l’industrie touristique subit de plein fouet la dégradation des conditions sécuritaires au Sahara, du terrorisme d’Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI), ne peut pas y séjourner.
Chacun confie son lien personnel avec le Sahara, tente d’expliquer la situation actuelle au travers de sa propre expérience, de l’histoire des relations fortes entre la France et les peuples Sahariens.

Ils se retrouvent lors de festival tel Afrikabidon, en Ardèche, de concerts des rockers du désert pour échanger des nouvelles, parler de géopolitique, défendre leurs amis touaregs contre les jugements rapides.
Le blues. La déprime de ne pas maîtriser ce qui se dit sur la zone, la méfiance vis-à-vis des acteurs politiques et énergétiques qu’ils soupçonnent de laisser la zone à l’abandon pour faire des affaires discrètement.
Le blues de pas avoir d’écoute de la part des autorités françaises, de ne pas pouvoir leur donner des clefs pour maintenir un lien avec cette zone tampon où l’islamisme radical n’avait jamais réussi à pénétrer.
Le blues de ne plus pouvoir vivre leur passion, leur amour, qu’à distance.
Et quand même des projets… L’an prochain un festival à Agadez ?



Avec

Nicolas Loizillon, pdt de l’association La Compagnie des Déserts

Jean-Luc Gantheil, co-fondateur de Croq’Nature et Amitié Franco-Touareg

Jean-Marc Durou, Photographe et historien du Sahara

Maurice Freund, pdt de Point Afrique

Moussa Bilalan ag Ganta, musicien nigérien et Pdt de l’association Emiskini

Catherine Legras, manager du groupe Nabil Othmani



Pour aller plus loin

Sites Internet

Temoust.org
http://www.temoust.org/
Le portail du peuple Touareg berbère Kel Tamasheq

Good Morning Afrika
http://goodmorningafrika.blogspot.com/
Enjeux géopolitiques et stratégiques en Afrique



Issikta
http://issikta.blogspot.com/
Actualités du peuple touareg



Kidal Info
http://www.kidal.info/
Actualités du Nord Mali



Agadez-Niger
http://www.agadez-niger.com/
Infos de la région d’Agadez



Tamasheq.net
http://www.tamasheq.net/
Le site des musiques touarègues



Sahel sounds
http://sahelsounds.com/
Exploration de la société et de la musique contemporaine au Sahara et Sahel



En Vouature Simone
http://envouaturesimone.blogspot.com/

Actualités militante du Sahara

Le Blog Saharien
http://www.leblogsaharien.com/
Actualités culturelles du Sahara



La Rahla
http://www.larahla.org/
Amicale des sahariens

Livres

Migrations Transsahariennes
Vers un désert cosmopolite et morcelé
Par Julien Brachet
Eds du Croquant 2009



L’Exploration du Sahara
Par Jean-Marc Durou, préface de Théodore Monod
Actes Sud 2002



Chamelle
Par Marc Durin-Valois
Lattès 2002

Mythes et réalités d’un désert convoité, le Sahara
Par Jean Bison
L’Harmattan, 2003

Tags: documentaire, France Culture, radio, Sahara, saharien, touareg

Jean-François Bayart : "Français et Américains se trompent de stratégie"

Jean-François Bayart : "Français et Américains se trompent de stratégie"

23/09/2010 à 12h:20 Par Propos recueillis par Philippe Perdrix
Jean-François Bayart est directeur de recherche au CNRS.
JeuneAfrique
photo :AQMI:Site

© D.R. Craignant un scénario à la somalienne au Sahel, le chercheur français spécialiste du monde musulman et de l’Afrique pointe les limites de la lutte contre le terrorisme lancée par l’Occident.



JEUNE AFRIQUE : Vous estimez que la France et les États-Unis sont en train d’alimenter ce qu’ils cherchent à endiguer en optant pour une réponse militaire à la menace d’Al-Qaïda au Sahel. Pourquoi ?



JEAN-FRANÇOIS BAYART : En gonflant la menace d’Al-Qaïda au Sahel, on risque de lui conférer une légitimité encore plus redoutable qu’actuellement. Par ailleurs, on court le danger de cimenter l’alliance d’Aqmi avec les Touaregs, qui n’est pour l’instant que circonstancielle et de type commercial. Et puis on est en passe d’affaiblir les États de la région en les transformant en marionnettes, prises entre l’enclume de leur société et le marteau de l’Occident. En fait, on commet au Sahel la même erreur qu’en Somalie, où l’intervention américaine a contribué à légitimer les Shebab. Pour toutes ces raisons, la stratégie dans laquelle nous nous engageons est mauvaise. Et, militairement, nous allons droit à l’échec car ces mouvements ont une capacité de résistance qu’il ne faut pas sous-estimer. Les précédents de l’Afghanistan et de la Somalie devraient nous alerter.



En Somalie justement, fallait-il laisser les Tribunaux islamiques au pouvoir à Mogadiscio en 2006 ?



La politique, c’est l’art du possible. Il faut admettre qu’il y a parfois des situations pour lesquelles les moyens d’action sont très limités. Laisser les Shebab au pouvoir à Mogadiscio, c’était les amener à s’engluer eux-mêmes dans une situation qu’ils auraient eu beaucoup de peine à gérer.



Mais les risques sont énormes. Les talibans en Afghanistan ont permis à Al-Qaïda de prospérer…



Il y a d’autres méthodes que l’intervention militaire stricto sensu. Il aurait été possible par exemple de dissocier les talibans d’Al-Qaïda, mais les Américains se sont privés du levier iranien, alors que Téhéran était sur une ligne antitalibans. Des cartes politiques n’ont pas été jouées ou ont été mal jouées. Même chose avec la Somalie lorsque Washington a placé les Shebab sur la liste des soutiens à Al-Qaïda, ce qui était à l’époque complètement faux. Résultat, les Shebab font à présent figure de champions du nationalisme avant d’être les héros de l’islamisme. C’est le fond du problème.
On risque de provoquer la même réaction en Afrique de l’Ouest en fournissant une rente anti-impérialiste et nationaliste à une mouvance radicale embryonnaire, mal organisée, ne comprenant que 300 à 400 combattants, mais qui, à terme, est en mesure de prospérer sur des frustrations sociales.

À cette menace islamiste, les réponses doivent donc être politiques…


Oui. Les leviers existent mais ils supposent du doigté et une approche autrement plus fine que ces grands mots-valises comme la « guerre contre le terrorisme ». D’abord, on peut discuter avec Aqmi. La France l’a fait pour obtenir la libération de Pierre Camatte, et, récemment, l’Espagne a suivi la même stratégie pour ses deux otages. Et puis on peut assécher ces groupes terroristes et les isoler en commençant d’abord par réintégrer les Touaregs dans le jeu politique. Le Mali y était parvenu dans les années 1990. Il faut reprendre ce travail politique et donner des gages aux sociétés touarègues.
Malheureusement, plutôt que d’inciter nos partenaires subsahariens à inventer des réponses politiques, la France les pousse – et parfois à leurs corps défendant, comme au Mali – vers une option militaire. Alors que, dans le même temps, nos propres politiques publiques créent des rentes dont profitent les groupes terroristes.



Vous faites allusion aux filières mafieuses d’immigration clandestine alimentées par la fermeture des frontières européennes…

Pas seulement. Sur l’immigration, en effet, mais aussi sur la drogue, l’Europe mène deux politiques de prohibition qui donnent de la valeur aux trafics. Résultat : on favorise l’éclosion d’une économie criminelle et, au Sahara, on voit ainsi des réseaux s’articuler les uns les autres : chamelles, cigarettes, drogues et êtres humains…
Il y a une imbrication extraordinaire entre les politiques publiques du Nord, les stratégies de pouvoir des gouvernements africains et les systèmes d’accumulation de richesses des réseaux criminels. Un nœud de serpent est en train de se constituer. De ce point de vue, la situation au Sahel est encore plus dangereuse qu’en Somalie et les erreurs seront plus fatales. Je ne dis pas que la solution est simple, mais il est certain que la stratégie actuelle conduit à allumer la mèche au lieu de la couper en de multiples petits morceaux.



Sur le terrain religieux, Aqmi constitue-t-il une menace en Afrique de l’Ouest, où traditionnellement l’islam est tolérant ?



Je voudrais d’abord rappeler un précédent historique. À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, la France s’était déjà amusée à se faire peur dans la région. On craignait une prétendue guerre sainte que le sultan ottoman était censé déclencher. Des administrateurs coloniaux clairvoyants ont démontré que cette paranoïa était hors de propos et que les chefs mourides ou tidjanes avaient, par exemple, plus à faire avec la République laïque française qu’avec le calife ottoman. Ce pari a été gagné au-delà de toute espérance.



Il n’empêche, il y a bien une progression du fondamentalisme musulman qui peut parfois verser dans la violence. C’est notamment le cas dans le nord du Nigeria…



Un islam « réformé » aux inspirations dites wahhabites progresse en effet aux dépens des confréries traditionnelles dans le nord du pays. Et, dans le Sud chrétien, c’est le pentecôtisme qui a le vent en poupe. Si ce renouvellement de la question religieuse n’est pas mécaniquement voué à se radicaliser, il faut reconnaître que les grands appareils religieux sont déstabilisés et débordés de l’intérieur. Ce double réveil crée une tension dont on voit les effets lors de violences interreligieuses à intervalles réguliers.
Pour prévenir les risques de violence, il est plus judicieux de reconnaître politiquement cette nouvelle expression religieuse. Comme une éponge, elle absorbera alors les tentations de la lutte armée et cette légitimation entraînera l’émergence d’un establishment hostile à la violence.



Mais c’est déjà le cas dans les pays du Sahel, où l’islam est florissant, reconnu…



C’est bien la raison pour laquelle l’islam n’est pas politiquement dangereux, car il est intégré et coopté dans le fonctionnement des États. Mais si on enclenche des processus de stigmatisation, on va braquer les croyants. Pour dévaluer la rente idéologique d’Al-Qaïda, il faut reconnaître l’expression politique de l’islam. C’est ce que fait le Maroc avec beaucoup de tact. Le PJD désamorce la tentation islamiste radicale. C’est la solution.



Oui mais, même sous contrôle, ce retour au fondamentalisme est parfois synonyme d’obscurantisme, d’atteinte aux libertés individuelles et de recul sur la condition des femmes…



Au même titre que le fondamentalisme chrétien. Et cela ne se règle certainement pas avec un tapis de bombes.

Dernier livre paru : L'Islam républicain, Ankara, Téhéran, Dakar, Albin Michel, 432 pages, 24 euros.

Ahmed Akoli. Ancien secrétaire général du Mouvement touareg nigérien:«La situation est confuse et l’avenir compromis»

Ahmed Akoli. Ancien secrétaire général du Mouvement touareg nigérien


«La situation est confuse et l’avenir compromis»

le 23.09.10
zoom
© D. R. 

Installé en Europe, Ahmed Akoli occupait le poste de secrétaire général du Mouvement nigérien pour la justice (MNJ), principale faction rebelle touareg, qui a déposé les armes au début de l’année en cours, après trois longues années de lutte pour un meilleur partage des richesses dans le nord du Niger. Il continue à militer en tant que cadre du mouvement pour la réinsertion de milliers d’anciens combattants touareg.

-Quelle incidence peut avoir l’enlèvement des sept personnes travaillant pour Areva ?

Cet enlèvement attirera certainement l’attention médiatique sur l’ampleur du phénomène de délinquance dans la région. Aussi, il jettera un discrédit sur sa population qui, prise en étau, sera la grande perdante.

-Comment se présente la situation dans la région, notamment avec les actes terroristes d’Al Qaîda ?

Les activités de la vie quotidienne subissent les contrecoups de toutes les formes d’insécurité. La conséquence est visible à travers le ralentissement des échanges, l’arrêt du tourisme et des activités humanitaires, les départs des investisseurs internationaux et autres. Al Qaîda n’avait jusque-là pas opéré dans la région du nord Niger. Elle a fait parler d’elle avec les enlèvements d’expatriés et les accrochages avec l’armée nigérienne dans la région de Tahoua et Tillabéry où on déplore de nombreux morts. La situation est confuse et l’avenir compromis. Il sera incertain si rien n’est fait à temps.

-Quelle explication avez-vous à propos de l’implantation d’un mouvement salafiste violent dans une région où habite une communauté de Touareg connue pour son Islam très tolérant et ouvert ?

Les salafises d’Al Qaîda n’ont pas besoin de l’autorisation des Touareg, connus pour leur tolérance, pour s’installer sur des territoires dont la sécurité et la défense incombent en premier aux Etats. Des Etats qui, faut-il le préciser, leur ont dénié tous les droits, même les plus élémentaires. Cela ne veut pas dire pour autant que les Touareg ne sont pas concernés par la menace de déstabilisation de la région. Eux aussi ont leurs priorités qui sont parfois de l’ordre de leur survie.



-Certains affirment que les enlèvements d’étrangers sont devenus une activité très lucrative, qui a permis l’apparition de mercenaires, notamment parmi les Touaregs qui se lancent à la recherche des «Blancs» pour les vendre à Al Qaîda. Est-ce vraiment le cas ?

Les gens d’Al Qaîda n’ont pas besoin de services de Touareg pour enlever des Occidentaux. Il peut arriver qu’ils proposent un travail à des gens sans scrupules et sans idéal. Avec la pauvreté et le désœuvrement, certains peuvent céder, mais de là, à généraliser, il y a un pas à ne pas franchir. Les bandits existent dans toutes les sociétés pas uniquement chez les Touareg. De ce fait, la communauté n’est pas concernée par les agissements isolés de certains de ses enfants. De plus, il est important de rappeler qu’elle ne peut faire le travail de police à la place des Etats, dont le rôle est de défendre le territoire, les personnes et leurs biens. On peut aussi se demander pourquoi certains Etats, pourtant puissants, restent impuissants face à ce phénomène. Les Touareg ont leurs propres préoccupations.

-Le mouvement a mis fin à la rébellion au début de l’année en contrepartie de certaines conditions, notamment la réinsertion des anciens combattants. Est-ce que cet accord a été exécuté par Niamey ?

Malheureusement cela n’a pas été le cas. Il n’y a pas eu de réinsertion de près de 7000 combattants. Officiellement, le pouvoir de Niamey ne donne aucun début d’application à l’accord, ni du côté du Niger ni de celui de la Libye qui a été partie prenante dans la fin de la rébellion.

-Est-ce que les dirigeants actuels ont apporté du nouveau par rapport au président démis, Tandja ?

Non, rien n’a été fait. Même si on crédite les dirigeants actuels d’une bonne volonté, à œuvrer pour la paix et la stabilité dans le pays, celles-ci tardent à voir le jour…

-Comment voyez-vous l’implication de la Libye et de la France dans les événements qui secouent la région du Sahel ?

Chacun d’eux a sa part de responsabilité dans ce qui se passe actuellement. La Libye a toujours voulu un règlement des conflits sans passer par un diagnostic de la situation. Ses solutions restent superficielles. La France essaye de minimiser ses efforts et de maximiser ses gains, entraînant dans le sillage des bases de divisions profondes au sein des Etats qui sont ses anciennes colonies, et cela la rattrapera un jour.

-Que compte faire le mouvement pour éviter l’isolement total de la région et l’intervention militaire étrangère ?

Nous observons et attendons l’évolution de la situation. Notre mouvement a besoin d’un temps pour digérer ce qui lui arrive avant de faire son autocritique. Il y a des acteurs plus légitimes et de premier plan qui ont beaucoup à perdre dans la dégradation de la situation.

C’est à eux de montrer le chemin. Le conflit nécessite une solution globale. Le jour où il y aura convergence d’intérêt avec le mouvement ce dernier se manifestera.


Salima Tlemçani

mercredi 22 septembre 2010

Communiqué de l'ex resistance armée du nord -Niger

Agadez, le 22 septembre 2010

Nous, responsables de l’ex-Resistance armée, réunis ce jour à Agadez, à l’effet d’examiner la situation sociopolitique qui prévaut dans le nord de notre Pays, faisons les constats suivants :

• Les pourparlers de Tripoli ayant conduit à un accord de Paix tacite, à un dépôt des armes par les différents fronts armés, au retour effectif des ex combattants dans leurs familles en contrepartie d’un programme de réinsertion socio-économique, n’ont pas été suivi d’actes concrets par le gouvernement de transition qui a relégué la Paix au second plan de sa mandature

• Les différentes rencontres avec les plus hautes autorités de la Transition (Président du Csrd, Ministre de l’intérieur, Premier ministre) en date du 09 mars 2010 et les promesses qui les ont sanctionné sont restés lettre morte, malgré notre engagement à œuvrer pour la Consolidation de la Paix,

• L’indifférence totale de la France et sa non-implication dans le règlement du conflit nous ayant opposé aux autorités de la 5ème et de la 6émé République,

• Le manque de réaction des autorités nationales face aux actes de terrorisme dont ont été victimes les Fds (Forces de Défense et de Sécurité) à Tillia (Tahoua) et Tiloa (Tillabery); et suite à l’enlèvement de Michel Germaneau à Inabangaret,

• La recrudescence des actes de banditisme dans la région d’Agadez, et des incidents liés au trafic de drogue dont les populations sont de plus en plus victimes

• Des accusations injustifiées contre les populations autochtones Touarègues, qui sont accusées de complicité pour accentuer leur exclusion.



Au regard de ces constats, faisons la déclaration ci-après :

Le gouvernement Nigérien, en plus de n’avoir jamais tenu ses promesses vis-à-vis de l’ex-résistance, n’a jamais associé celle-ci dans la construction de la Paix, ni dans la Sécurité du Sahara, ni dans aucun processus de décision, encore moins dans le déminage des zones de conflit.
L’ex-résistance a fait au gouvernement nigérien, toutes les propositions afin d’éradiquer le banditisme résiduel, de prévenir les actes de terrorisme et d’assoir une Paix durable, mais sans aucune prise en compte de la part de l’état Nigérien.
La situation actuelle est la conséquence de l’indifférence des autorités nationales, sous-régionales et des pays amis (France, Algérie…) quant au sort des 4.000 ex-combattants abandonnés à eux-mêmes.
D’autre part, nous déplorons l’utilisation des images d’archives de l’ex-résistance par certains médias Français, notamment Frane24 pour illustrer les enlèvements d’Aqmi, créant ainsi l’amalgame et la confusion dans l’esprit des téléspectateurs pour associer le terrorisme à une communauté.
Nous déplorons surtout le fait d’indexer uniquement la communauté Touarègue pour complicité avec l’Aqmi, alors que les complicités si elles existent peuvent venir de toutes composantes sociales dans le pays le plus pauvre de la sous-région (voir les enlèvements de Français au Nigeria).

Nous prenons à témoin la communauté nationale et internationale quant à notre disponibilité pour soutenir tout processus de sécurisation de la bande Sahelo-Saharienne.




                                                                  L’ex-résistance
CERA                                                                                                                         ACP
Capitaine Mohamed AGIDER                                                                         Seydou-kaocen MAIGA
Issouf ag MAHA                                                                                               Elkontchi AWTCHIKI
Boutali TCHIWERIN

Niger : « On risque une “somalisation” de la région »

Entretien

Niger : « On risque une “somalisation” de la région »
Par David Servenay
Rue89
22/09/2010
13H21

A peine débarqué ce mercredi matin de l'avion de Niamey, Maurice Freund, patron de l'agence aérienne Point Afrique et actionnaire de Rue89, nous a appelés pour raconter sa vision de la crise actuelle au Sahel. Et annoncer l'arrêt de cinq des six destinations desservies par l'agence. Une catastrophe économique pour cette coopérative, mais aussi pour toutes les zones desservies par ses avions. Entretien.

Quel bilan dressez-vous, après une semaine passée au Niger ?

Maurice Freund : C'est simple : en 2007, nous avons transporté 70 000 voyageurs sur l'axe Algérie, Mauritanie, Mali, Niger… où Point Afrique est le seul affréteur avec des vols hebdomadaires sur six destinations qui sont toutes menacées. Concrètement, je ne vais pas pouvoir continuer. Nous arrêtons tout. La seule liaison conservée est celle de Mopti (Mali), mais rien n'est sûr…
Je vais être obligé de licencier les trois-quarts du personnel de la société, on est une quarantaine actuellement. Nous ne desservons que cette zone, selon le principe d'être une coopérative de voyageurs où les bénéfices sont systématiquement réinvestis dans les économies des pays que l'on dessert.

Pourquoi étiez-vous au Niger ?

Je suis arrivé jeudi dernier pour aller à une intronisation d'un chef de tribu vers Agadez, au nord-est, vers la frontière algérienne, avec la plupart des chefs de tribus du sud algérien, pour les rencontrer. Je n'avais pas de crainte particulière. Sur le chemin du retour, en arrivant à Niamey, j'ai appris la prise d'otage à Arlit. Je suis retourné à Agadez.

A cette occasion, vous avez senti un changement dans l'opinion locale…

Il y a un changement d'ambiance générale, avec des fractions de jeunes touaregs, de 20-25 ans, qui rejoignent l'Aqmi (Al-Qaeda au Magreb islamique). Ils vont faire marcher les routes de la drogue. Le système touareg, du respect de la tribu et du père, disparaît peu à peu. Il y avait déjà des attaques de jeunes contre leurs pères, sur des convois d'oignons par exemple. Mais là, on a franchi un cap.
Eux-mêmes sont totalement surpris de l'évolution de ce phénomène. Cette gangrène s'installe petit à petit. C'est une réalité de terrain.
Aujourd'hui, j'estime que les groupes de l'Aqmi comptent entre 500 et 1 000 personnes.
A Point Afrique, nous avions la prétention de pouvoir être un des derniers remparts en créant de l'activité. Je vous donne un exemple : en 1996, selon les chiffres du Pnud [programme des Nations unies pour le développement, ndlr], le taux de prévalence de la pauvreté était de 58% dans le nord de la Mauritanie. En 2002, ce taux était tombé à 21%, grâce au tourisme.
Autour d'Atar, on a créé quelque chose en amenant 600 personnes par semaine. Un trekker fait vivre une famille entière sur la saison.

Vous aviez pris des mesures en matière de sécurité ?

La Mauritanie a commencé à chuter en 2007 avec la mort des quatre Français. Mais on a maintenu le cap. L'année dernière, nous avons pris des mesures pour assurer la sécurité avec des formations pour nos guides. Des anciens de la DST (Direction de la surveillance du territoire) nous ont aidés pour améliorer la sécurité. Cela a permis de nettoyer tous les faux guides.
On a aussi équipé nos guides de balises Argos, avec des procédures. Le principe d'une prise d'otages, c'est le déclenchement de la balise. Dès qu'elle sonne, l'armée et la gendarmerie peuvent intervenir très vite pour encercler les ravisseurs. Si vous attendez deux ou trois heures, c'est foutu.

Que pensez-vous de l'attitude d'Areva ?

Il y a un côté un peu arrogant chez eux. Mais ils avaient embauché le colonel Denamur, ancien attaché militaire à Niamey, comme chef de la sécurité. C'est lui qui a mis des Touaregs dans le dispositif de sécurité d'Areva. Et il a été remercié par Areva, sous la pression du gouvernement de Tanja, estimant qu'il favorisait trop les Touaregs. Le gouvernement l'a accusé de connivence. Or, cet homme connaissait parfaitement le terrain… Pourquoi n'ont-ils pas installé notre simple principe des balises Argos ?

Quid du gouvernement nigérien ?

Au Niger, ce n'est pas exactement la même problématique. Il y a une tension entre les gouvernants du sud qui ne font pas confiance aux populations du nord. Mais si les populations ne jouent pas le jeu en matière de sécurité, alors cela devient très difficile.
L'idée de faire des guides touaregs des agents auxiliaires pour la paix ne s'est pas réalisée. Aujourd'hui, c'est impossible, car il n'y a aucune confiance entre ces guides et l'armée nigérienne.

Quelle est la principale motivation des jeunes qui rejoignent l'Aqmi : économique ou idéologique ?

Pour la plupart, les jeunes sont attirés par l'argent plus que par la religion.
Dans tout l'est du nord Mali apparaissent des prêcheurs pakistanais. Ce ne sont pas des terroristes, mais ils enseignent le salafisme ou le wahhabisme, tout en faisant de l'action sociale. On apporte du savon, on construit une mosquée, un puits… Ils sont présents sur place, je les ai vus. C'est le long de la frontière malo-nigérienne.

Qui financent ces Pakistanais ?

On dit qu'ils sont financés par les Saoudiens. Ils ont des moyens en tout cas. Mais revenons au Niger : le problème de la gouvernance des gens du sud est essentiel. Sans compter que la rébellion touareg n'est pas vraiment éteinte. Cela peut se rallumer très vite.
Les chefs du Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ) ont reçu des primes de Kadhafi, des sommes importantes qui n'ont pas été redistribuées. On les voit au volant de gros 4x4 tout neufs.
Chez les jeunes, cela créé des frustrations et des envies énormes. Les prises d'otages deviennent un vrai business, sans qu'il n'y ait plus d'alternative économique.
Dans ce contexte, Point Afrique entre dans une phase où nous risquons de devenir un pourvoyeur de prise d'otages. C'est pour ça que j'ai décidé d'arrêter cinq destinations sur six.

Au moment de l'affaire Germaneau, qu'avez-vous pensé de la déclaration du Président Sarkozy promettant des représailles ?

C'est une entrée en guerre qui se dessine. Les gens du Commandement des opérations spéciales (COS) sont à l'hôtel Gawey à Niamey. On est dans une phase d'escalade, il faut faire les bons choix. C'est très compliqué, car il y a aussi un problème de leadership dans la région, comme le souligne Jeremy Keenan, l'anthropologue britannique.
La politique du feu par le feu est condamnée : on risque une « somalisation » de la région. Plus les interventions extérieures augmentent, même si elles ont une légitimité, plus on prend des risques. C'est vécu comme une agression et une humiliation.
J'ai l'impression que cela n'est pas perçu par nos services de renseignement et par les politiques. Si on ne prend pas en compte cette dimension humaine, c'est condamné. Il faut penser à l'amélioration de la vie des populations. Sinon, c'est foutu sur le long terme…

Photo : Maurice Freund, le 22 septembre 2010 à Paris (Camille Garcia/Rue89)
A lire aussi sur Rue89 et sur Eco89


► Les otages français et africains dans la sale guerre du Sahel


► Germaneau : la main de l'Algérie dans le fiasco militaire français


Ailleurs sur le Web


► Le site de Point Afrique


► Otages : un ancien d'Areva dénonce des carences côté nigérien

Prêche dans le désert

Chronique "Ecologie"

Prêche dans le désert
21.09.10
13h16 • Mis à jour le 21.09.10
 Hervé Kempf (Chronique "Ecologie")
Photo/Fort de Ghat


Cinq Français, un Malgache et un Togolais ont donc été enlevés au nord du Niger, à Arlit, par des inconnus. On ne peut que redouter le danger qu'ils courent, et s'associer à l'angoisse de leurs proches. Tout en pensant aussi aux 70 000 habitants de cette cité minière perdue dans la poussière. A la majorité d'entre eux, qui vivent misérablement dans les "boukakis", les bidonvilles qui entourent la ville bâtie. Aux Touaregs, voyageurs du sable et du soleil, devenus importuns sur le territoire de leurs ancêtres. A la radioactivité issue de quarante ans d'exploitation de l'uranium, et qui se dégage des stocks à l'air libre des résidus miniers. A la malédiction du Niger, pauvre de sa richesse en uranium, qui ne lui a pas apporté le développement, mais le mirage d'une prospérité toujours repoussée sous la tutelle peu discrète de l'ex-colonisateur.

Sept otages, et un mythe qui s'effondre : celui de l'indépendance énergétique. Selon les statistiques officielles, le taux d'indépendance énergétique de la France est de 46 %. Ce chiffre recouvre la production d'électricité nucléaire. Celle-ci requiert de l'uranium. La dernière mine française d'uranium a fermé en 2001. Ainsi, le nucléaire "français" dépend de l'uranium du Niger (pour 40 % de son approvisionnement), du Canada et du Kazakhstan, autant de pays qui n'ont pas jusqu'à présent demandé leur rattachement à la République française, et peuvent être sujets à diverses turbulences.
L'examen des statistiques met à mal un autre mythe, selon lequel le nucléaire aurait libéré la France de la dépendance pétrolière. Non seulement nous importons toujours du pétrole (86 millions de tonnes par an), mais nous en consommons autant par habitant que ces Allemands qui s'obstinent à vouloir sortir du nucléaire : 1,4 tonne par an. En fait, toute l'Europe est dépendante : de l'uranium nigérien, du gaz russe, du pétrole du Proche-Orient, voire demain du soleil saharien. Le mieux, pour limiter les tracas inévitables de cette situation, serait de maîtriser la consommation d'énergie.
C'est ce qu'indique un rapport, "Energy savings 2020" (Economies d'énergie 2020), publié par l'European Climate Foundation, une fondation basée aux Pays-Bas. Ce qu'il dit ? Que l'Europe n'atteindra pas ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre sans une importante politique d'économie d'énergie. Que cette politique économiserait près de 400 millions de tonnes d'importation de pétrole par an. Qu'elle créerait plus d'emplois que le secteur des énergies nouvelles. On prêche dans le désert. On a des chances d'être entendu, ces temps-ci.

Courriel : kempf@lemonde.fr.
Hervé Kempf (Chronique "Ecologie")

La Coalition pour le changement au nord du Mali accuse le Mali de complicité avec l’AQMI :

EL Khabar (Algérie) 22 septembre 2010

La Coalition pour le changement au nord du Mali accuse le Mali de complicité avec l’AQMI :
mercredi 22 septembre 2010


« Abou Zaid est installé situé non loin d’une caserne de l’armée malienne »

Les sept étrangers enlevés jeudi dernier au Niger, dont cinq français travaillant pour le compte de la compagnie française, Areva, sont détenus par le terroriste Abdelhamid Abou Zaid, a révélé le porte-parole de la Coalition pour le changement au nord du Mali, M. Hama Agh Sid Ahmed, ajoutant que le fief d’Abou Zaid est situé à 70km d’une base militaire de l’armée malienne au nord du Mali.
Selon le même interlocuteur, le gouvernement d’Amadou Toumané Touré, soutient l’AQMI dans son pays. Contacté par nos soins d’El Khabar, le porte-parole du mouvement indépendantiste du nord du Mali a déclaré que les groupuscules de l’ASMI bénéficient de l’appui du gouvernement malien qui leur fournit l’aide nécessaire pour s’installer sur le territoire malien, pour commanditer des opérations terroristes contre les pays voisins, comme le Niger, l’Algérie et la Mauritanie. Pour appuyer ses arguments, il a cité quelques opérations menées par Al Qaida, entre autres l’assassinat de 11 gardes-frontières en juin dernier, l’assassinat de 7 militaires nigériens en mars dernier et l’explosion à la voiture piégée, ayant eu lieu la semaine dernière, visant une caserne de l’armée malienne près de Tinzaouatine. Et d’ajouter : « le 17 septembre dernier, un groupe de gardes-frontières mauritanien a été ciblé par une attaque perpétrée par le groupe de Mokhtar Belmokhtar, alias Laouar, l’un des notoires chefs terroristes de l’AQMI, un attentat, soutient-il, planifié à partir du territoire malien. « Les sites des opérations terroristes sont les mêmes utilisés pour la détention des otages occidentaux », a-t-il soutenu. A relever que, la réaction de la Coalition pour le changement au nord du Mali intervient suite aux attaques du gouvernement malien contre les touaregs.
En ce qui concerne le kidnapping des employés d’Areva, le 16 septembre dernier, le même interlocuteur a affirmé que l’opération a été planifiée par Abdelhamid Abou Zaid, à partir du territoire malien. « Les éléments de Abou Zaid sont revenus le lendemain à leur base, soit le 17 septembre, et ils sont passés devant une patrouille de l’armée malienne, conduite par un lieutenant-colonel », a-t-il conclu.

mardi 21 septembre 2010

Bande Sahélo-Saharienne : Kadhafi à propos des prises d’otages…

L'Aube/Mali
22/09/2010

En recevant le 25 août dernier, à Tripoli, une délégation des leaders communautaires de la région de Gao, le Guide de la révolution libyenne a évoqué la situation d’insécurité qui prévaut dans la bande sahélo- saharienne. Occasion pour le leader libyen de fustiger les prises d’otages. Avec l’enlèvement au Niger, la semaine dernière, de sept étrangers, dont cinq, français l’intervention du Guide est d’une actualité brûlante.
« Le Sahara est aujourd’hui l’objet d’activités illicites à savoir trafics et prises d’otages. On y rencontre des gens aux dessins inavoués. Parmi eux, il y a des trafiquants, des animistes et des salafistes » avait affirmé le Guide de la révolution libyenne, pour qui « il est difficile de faire une différence entre les multiples bandes en activité dans le Sahara ».
Evoquant ensuite les prises d’otages par la branche Al-Qaïda pour le Maghreb islamique (AQMI), Mouammar Kadhafi estime que cette organisation, dont il ne cautionne guère les méthodes, cherche des « prétextes » pour justifier ces rapts. Mais Kadhafi précise que ces prises d’otages constituent également des « prétextes » pour les occidentaux en vue « d’investir le Sahara ».
Pour mettre fin à cette situation dans le Sahara, Mouammar Kadhafi est formel : « notre combat doit être la valorisation des immenses ressources dont nous disposons, entre autres, les nappes d’eau, les ressources minières et pétrolières ».

Mais le colonel Kadhafi estime cependant que ces ressources font aujourd’hui l’objet de pillage de la part des occidentaux et qu’au même moment « nos enfants souffrent. Ils manquent de soins, ils manquent d’éducation, ils souffrent du chômage et prennent le chemin de l’immigration ».
Pour endiguer les menaces dans la zone saharienne, le leader de la Grande Jamahiriya affirme qu’il n’y a qu’une seule solution : la paix, gage de tout développement.


CH. Sylla

Dérapages sanglants au Nord-Mali : Le droit de poursuite se transforme en droit de massacre des civils innocents

21-09-2010, 23h31




Le droit de poursuite se transforme en droit de massacre des civils innocents

Dérapages sanglants au Nord-Mali : Le droit de poursuite se transforme en droit de massacre des civils innocents
L'Indépendant, 21/09/2010
NDLR:nous n'avons pas tenu à publier les images.

Un enfant bombardé - Les images horribles des deux victimes de ce qui sera
présenté comme une simple bavure (photo L'Indépendant)
Une femme bombardée - Les images horribles des deux victimes de ce qui sera
présenté comme une simple bavure (photo L'Indépendant)

Une femme et une fillette déchiquetées par les bombes mauritaniennes. Le matériel de l'ORTM emporté pour empêcher certainement que les horreurs soient filmées. C'est l'atterrement général à Tombouctou où on attend encore la réaction du gouvernement malien. ATT se trouve ainsi interpellé, pour mettre le holà à cette situation potentiellement dangereuse.

Jouissant d'un droit de poursuite des terroristes d'Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) accordé par le gouvernement malien, l'armée mauritanienne s'est enfoncée dans le territoire malien jusqu'à une soixantaine de kilomètres de Tombouctou, tirant sur tout ce qui bouge. Comme nous le signalions dans notre édition d'hier, l'armée mauritanienne affirmait avoir détruit trois véhicules sur les sept ciblés dans une colonne des terroristes d'AQMI.

Selon certaines sources, le corps déchiqueté d'une femme, brandi comme un trophée de guerre par les militaires mauritaniens, était présenté comme celui de l'épouse de l'un des chefs d'AQMI. Nous précisions aussi qu'un silence absolu entourait le sort réservé aux autres occupants des véhicules.

Nous en savons un peu plus lorsque la fumée des bombes s'est dissipée. La région de Tombouctou, est aujourd'hui atterrée par les horreurs semées par l'armée mauritanienne sur son passage : une femme et une fillette ont été déchiquetées par les tirs des militaires mauritaniens. En effet, c'est à environ une centaine de Km de Tombouctou que le véhicule de ces civils innocents a été pris pour cible par des avions de combats. Précisément dans la zone de Bogabra, à environ trente kilomètres de Boujbeha 2.

Lorsque les premiers tirs ont crépité, déchirant profondément le silence habituel de cette zone déserte, le chauffeur a tout simplement arrêté le véhicule.

Prises de panique, les femmes sont descendues de la voiture pour tenter de s'enfuir, afin de pouvoir trouver un abri. C'est en ce moment que, sans se poser la moindre question, les militaires mauritaniens ont tiré sur ces personnes innocentes.

Ces horreurs commises sur des personnes vulnérables (une femme enceinte et une fillette d'à peine 13 ans) témoignent de la barbarie de l'intervention mauritanienne en sol malien. Selon plusieurs témoignages recueillis sur place, la femme tuée dans cette opération militaire se rendait chez ses parents pour y résider jusqu'après son accouchement, comme c'est de coutume en zone nomade.

Pour le moment, les populations de Tombouctou n'ont pas réagi publiquement. Elles sont certes frappées par la consternation, mais, selon un de nos interlocuteurs, "c'est parce qu'elles attendent de voir comment Bamako, c'est-à-dire le gouvernement, va gérer cette question, avant de faire quoi que ce soit".

Notons que Tombouctou offre l'image d'une ville en état de siège, suite à l'état d'alerte de l'armée malienne qui a quadrillé la ville pour la sécuriser. Les redoutables BRDM sont postés au niveau de l'aéroport dont certaines indiscrétions disent qu'il serait menacé d'attaques islamistes, parce qu'il est le principal point de ravitaillement des militaires mauritaniens et français qui opèrent contre AQMI.

Mais ce dispositif de dissuasion ne suffit pas pour atténuer la colère des populations de la région de Tombouctou. Pour eux, il appartenait à l'armée malienne, d'être présente dans la zone, ne fusse que pour superviser et éviter ces dérapages sanglants, à défaut de prendre part aux combats.

Une personnalité de la société civile de Tombouctou est d'ailleurs très amère : "Il demeure impératif pour les autorités de prendre toutes les dispositions nécessaires pour que ce genre d'images dignes de l'Intifada ne fassent pas légion sur le Mali de la paix". Dans la nuit de dimanche à lundi, un véhicule d'une équipe de l'ORTM qui transportait une équipe venue réaliser un reportage sur ces horreurs, a été volé aux environs de 20H à Hamabangou, quartier populaire de Tombouctou, sous les yeux médusés du chauffeur et de certains badauds. C'est dans la matinée du lundi que ledit véhicule sera retrouvé, intact. Seul le matériel de reportage a été emporté. Qui ne voulait donc pas que ces images horribles soient portées à l'attention du public ?

Les deux victimes ont été inhumées dans la plus grande consternation, hier matin vers six heures du matin, en présence du maire de la commune de Salam où a eu lieu la bavure.

Rappelons qu’à la suite du raid franco-mauritanien du 22 juillet dernier, qui avait lieu sur le territoire malien - au nom du droit de poursuite accordé par le Mali -pour libérer l’otage français Michel Germaneau qui a été finalement exécuté par les terroristes d’AQMI, les militaires mauritaniens, en se repliant, avaient enlevé et séquestré deux civils innocents.

Ce qui avait choqué la communauté arabe de Tombouctou qui avait porté l’affaire devant les tribunaux pour réclamer leur libération immédiate. Même si l’Etat malien n’avait pas réagi officiellement, au nom d’une «diplomatie discrête», la pression populaire avait payé et ils ont été finalement relâchés sans autre forme de procès. N’est-il pas temps, pour ATT, de mettre le holà à cette situation potentiellement dangereuse?

Amadou Bamba NIANG


PS> Aux âmes sensibles, toutes nos excuses pour les photos ci-dessus !



Affrontements AQMI- Armée mauritanienne : Des soldats mauritaniens récupérés par l’armée malienne

Mali
21-09-2010, 22h57
L'Aube, 22/09/2010

En fin de semaine dernière, des affrontements ont opposé l’armée mauritanienne à des éléments d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI). Les combats qui se sont déroulés dans la région de Tombouctou, ont été très violents. Selon nos sources, le bilan serait très lourd du côté de l’armée mauritanienne qui aurait perdu une trentaine d’hommes et enregistré de nombreux blessés. Une dizaine de véhicules de l’armée mauritanienne auraient été détruits.

Quelques heures après les combats, une patrouille de l’armée malienne a récupéré cinq soldats mauritaniens qui s’étaient égarés dans la zone. Visiblement en déroute, ces soldats avaient enlevé leurs tenues. Ils ont été récupérés par la patrouille malienne et conduit à Tombouctou, indique t- on.

Lors de ces affrontements, la grande difficulté des Mauritaniens aurait été leur méconnaissance du terrain, indique une source sécuritaire. En effet, les militants d’AQMI maitrisant parfaitement la zone, ont entrainé les soldats mauritaniens dans un véritable guêpier.



CH. Sylla

Abdelmalek Droukdel : Le Ben Laden du Maghreb

Le Ben Laden du Maghreb

© The New York Times
14/09/2009 à 15h:12 Par Cherif Ouazani
source : jeune Afrique

Huit ans après le 11 Septembre, la lutte contre Al-Qaïda passe aussi par l’Afrique. Ennemi numéro 1 : l’Algérien Abdelmalek Droukdel, le chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, qui rêve de fédérer les djihadistes de la Mauritanie à la Somalie.

Trois semaines après la réunion, les 13 et 14 août, à Tamanrasset, de quatre chefs d’état-major, les généraux Gaïd Salah (Algérie), Mohamed Ould Ghazouani (Mauritanie), Gabriel Poudiougou (Mali) et Boureïma Moumouni (Niger), des experts militaires de ces mêmes pays ont, le 6 septembre à Alger, mis une dernière main à une offensive contre l’ennemi commun : Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
AQMI, nouvelle appellation du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) depuis son allégeance, en septembre 2006, à Oussama Ben Laden, est née en février 2007. Deux mois plus tard, l’Algérie est frappée par les premiers attentats-suicides de son histoire. Les maquis de l’ex-GSPC s’ouvrent aux candidats djihadistes des pays de la région qui veulent en découdre avec « les croisés américains en Irak et en Afghanistan ». D’une organisation nationale luttant contre le régime en place, le GSPC se transforme ainsi en un mouvement transnational reprenant à son compte l’objectif d’Oussama Ben Laden : instaurer un califat planétaire.
Ce changement de stratégie est l’œuvre d’un homme, Abdelmalek Droukdel, alias Abou Moussab Abdelwadoud. Son rêve : devenir un Ben Laden maghrébin et fédérer les djihadistes africains, de la Mauritanie à la Somalie. Voici l’histoire de celui qui vouait une admiration sans bornes à feu Abou Moussab al-Zarqaoui, le sanguinaire chef d’Al-Qaïda en Irak.

De la chimie au maquis

Droukdel voit le jour le 20 avril 1970 à Meftah, dans la banlieue sud d’Alger, à la lisière de la Mitidja. Son père, Rabah, est membre d’une modeste coopérative agricole comme il en existe des centaines dans cette région depuis la nationalisation des terres et la révolution agraire menée par le président Houari Boumédiène en 1971. Sa mère, Zghida Z’Hour, est femme au foyer. La famille vit à Zayan, une dechra (« hameau ») située à quelques encablures de Meftah, au piémont de l’Atlas blidéen. Enfance et adolescence sans histoire : scolarité à Meftah, études secondaires à El-Harrach. Il a 13 ans quand apparaissent les premiers maquis islamistes, comme le Mouvement islamique armé (MIA) de Mohamed Bouyali. Son champ d’action : la Mitidja. Outre Bouyali, le MIA possède trois « étoiles montantes » : Abdelkader Chebouti, Mansouri Miliani et Abdelkader Hattab. Trois personnalités qui auront une influence considérable sur le jeune Droukdel.

Meftah a une double vocation. Industrielle, avec sa cimenterie, et agricole, avec ses plantations d’agrumes sur des centaines d’hectares. Au fil des ans, le prolétariat local délaisse les idées de gauche. La mosquée devient un centre de rayonnement culturel et idéologique. Droukdel se met à la fréquenter assidûment et entend les fidèles évoquer les fatwas de Chebouti et les « exploits » d’Abdelkader Hattab. Le collégien pleure à chaudes larmes quand il apprend la mort de Bouyali, tombé dans une embuscade de la gendarmerie en 1986. Deux mois plus tard, Chebouti, Miliani et Hattab sont arrêtés, jugés et condamnés à mort par une cour spéciale en 1987, à Médéa, puis graciés par le président Chadli Bendjedid.
La fin des années 1980 est particulièrement noire pour l’Algérie : montée de l’islamisme, choc pétrolier, économie en panne, parti unique de plus en plus décrié. L’introduction du multipartisme, en 1989, permet l’émergence du Front islamique du salut (FIS), auquel Droukdel adhère aussitôt. Convaincus de l’inanité du combat politique et interdits de toute façon d’activités dans ce domaine, les trois héros du jeune homme préparent l’action armée et donnent des conférences dans des mosquées de la région.
Désormais bachelier, inscrit en technologie à l’université de Soumaa, à Blida, Droukdel devient un habitué des réunions préparatoires du djihad. Il rencontre enfin Chebouti et Hattab. Il a moins de chance avec Mansouri Miliani : le fondateur des Groupes islamiques armés (GIA) est très vite retourné à la clandestinité. C’est Hattab qui convainc Droukdel de rejoindre la lutte armée : « La République islamique ne peut être le produit de l’action politique. Seul le djihad… » L’argument lui sera également asséné par Chebouti. Lors d’une halqa (« réunion clandestine »), ce dernier lui demande ce qu’il fait dans la vie : « Étudiant en technologie, répond fièrement Droukdel. Mais je compte changer de filière pour étudier la religion à Constantine. » Chebouti le fusille du regard : « N’en fais rien, malheureux ! Le djihad a besoin de techniciens et de chimistes pour fabriquer les bombes qui exploseront sous les pieds des taghout [tyrans, terme désignant les membres des forces de l’ordre, NDLR]. » Droukdel suivra ce conseil en optant pour une licence de chimie. Il attend l’obtention de son diplôme pour rejoindre les maquis, en 1994.

Les militaires pour cible

Au sein des GIA, Droukdel opte pour le nom de guerre d’Abou Moussab Abdelwadoud. Et met en place les premiers ateliers de fabrication de bombes artisanales dans le centre du pays. Son ascension est fulgurante : chef de cellule, puis émir de phalange. Si Abdelkader Hattab a été éliminé, son jeune frère, Hassan, est une autre grande figure du djihad.
En 1998, lassé des dérives meurtrières des GIA et de son émir, Antar Zouabri (multiplication des massacres collectifs contre de paisibles villageois, fatwa rendant licites les attaques contre femmes et enfants…), Hassan Hattab décide de quitter les GIA pour créer une nouvelle organisation dont les cibles seront exclusivement militaires. C’est ainsi que naît, en janvier 1998, le GSPC. Bien qu’ayant fait de nombreuses victimes civiles (il était le chef d’une phalange particulièrement sanguinaire dans la région de Larbaa, au cœur de ce qu’on appelait alors « le triangle de la mort »), Droukdel saute le pas. Il est l’un des premiers à soutenir la démarche de Hattab. Membre fondateur du GSPC, il siège à ce titre au Majlis al-Choura (le conseil consultatif) de la nouvelle entité.

Ben Laden, produit d’appel

D’un point de vue politique, la situation évolue, en Algérie et ailleurs. Un nouveau président est élu en 1999. Abdelaziz Bouteflika propose la concorde nationale, une sorte de paix des braves assortie d’une grâce amnistiante. Près de 6 000 combattants déposent les armes, les maquis commencent à se dépeupler. Au sein de l’insurrection, le moral est en berne. Aux redditions s’ajoutent les pertes dues aux coups de boutoir de l’armée. Les attaques du 11 Septembre constituent une véritable aubaine pour le GSPC. Ben Laden devient un formidable « produit d’appel » pour relancer le recrutement. C’est alors que l’idée de faire allégeance à Al-Qaïda commence à trotter dans la tête de Droukdel, qui sonde ses compagnons, à commencer par son émir Hassan Hattab. « Pas question !, rétorque ce dernier. D’ailleurs, nous devrions réfléchir à la réconciliation nationale proposée par Bouteflika. »
Si ce n’était son patronyme et ses états de service, Hattab aurait été exécuté sur-le-champ pour hérésie. Il sera destitué et remplacé en novembre 2003 par Nabil Sahraoui, émir de la zone 5 (les Aurès), au grand dam de Droukdel qui rêve de prendre la tête de l’organisation pour lui donner une dimension internationale. Huit mois plus tard, les forces de sécurité localisent puis bombardent le QG du GSPC dans l’Akfadou, les monts qui surplombent la Petite Kabylie. Sahraoui et trois de ses fidèles lieutenants sont éliminés. Le Majlis al-Choura se réunit de nouveau et désigne enfin Abou Moussab Abdelwadoud émir du GSPC.
Nous sommes en juillet 2004. Un autre Abou Moussab fait parler de lui. Il est jordanien et donne du fil à retordre à l’armée américaine en Irak. Zarqaoui multiplie les actions spectaculaires et meurtrières contre les forces d’occupation et les civils irakiens, notamment les chiites. Il n’y avait aucune relation entre les deux Abou Moussab, jusqu’au rapt, en juillet 2005, de deux diplomates algériens en poste à Bagdad. Auteur du kidnapping, Zarqaoui demande conseil, par lettre, à Droukdel : quel sort réserver aux otages ? L’émir du GSPC s’engouffre dans la brèche : « Ce sont des taghout, il faut les exécuter. » Les deux diplomates sont égorgés séance tenante. Droukdel rend hommage à Zarqaoui et lui fait part de son intention de faire allégeance à Ben Laden et de placer le GSPC sous le label Al-Qaïda. Ayman al-Zawahiri, le bras droit de Ben Laden, lui propose de créer Al-Qaïda fi Bilad al-Barbar (« au pays des Berbères »), à l’instar d’Al-Qaïda fi Bilad al-Soudane (« au pays des Noirs »), phalange sahélienne du GSPC dirigée par Mokhtar Ben Mokhtar, interlocuteur historique de Ben Laden (c’est lui qui a organisé les déplacements de tous les émissaires de Ben Laden en Afrique de l’Ouest et au Maghreb). Droukdel refuse tout net : « Il y aura une organisation unique dans la région, et elle sera placée sous mon autorité. » Pour convaincre ses interlocuteurs de sa stature régionale, Droukdel ment avec aplomb : « C’est moi qui ai commandité et dirigé l’attaque [en juin 2005] de la caserne de Lemgheity, en Mauritanie. » Plus tard, on apprendra que c’est Mokhtar Ben Mokhtar, son rival, qui avait mené l’attaque, sans même l’en aviser.

À la une du New York Times

En quête de gloire et de notoriété, Droukdel ne se contente pas de rebaptiser le GSPC ; il adopte les modes opératoires d’Al-Qaïda : attentats kamikazes, attaques à l’explosif contre les convois de l’armée, opérations contre des ressortissants étrangers, diplomates ou opérateurs économiques. Investi d’une mission régionale, il étend le recrutement et installe des camps d’entraînement en Kabylie pour former des candidats djihadistes venus du Maroc, de Libye, de Tunisie, de Mauritanie et d’ailleurs. Suprême consécration : en juillet 2008, il fait la une du New York Times, à l’occasion d’une interview accordée (par écrit) au prestigieux quotidien américain. Le natif de Meftah est ainsi devenu une sorte de Ben Laden du Maghreb, dont le Grand Satan ne serait pas tant l’Amérique des néoconservateurs que la France de Chirac, puis celle de Sarkozy, coupable de soutenir activement les taghout algériens et de harceler les musulmanes voilées. Il est désormais traqué par les armées de plusieurs pays africains.