Le Chef Service Central Information, Relations Publiques et Sport de la Direction Générale de la Police Nationale (DGPN), l’Officier de Police Adili Toro, a tenu hier un point de presse sur le bilan des manifestations des 16 et 17 janvier liées aux caricatures du Prophète Mohammad (PSL) du journal Charlie Hebdo, et celle des partis de l’opposition politique, ARDR, du 18 janvier.
Le bilan que l’Officier de Police Adili Toro a donné concerne les manifestations qui se sont déroulées les 16, 17, 18 janvier dans plusieurs localités du pays. A propos des événements du 16 janvier 2015, il a précisé que ‘’dès le 15 janvier, un appel à manifestation a été lancé par des activistes pour le vendredi 16 janvier après la prière, avec comme point de regroupement le ‘‘Rond-point Tacha’’ à Zinder’’. Dans la région, ces manifestations du 16 janvier ont concerné les villes de Zinder et Magaria.
Selon l’Officier de Police Nationale, ‘’juste après la prière du Vendredi, des attroupements spontanés et armés ont été constatés à la sortie des mosquées. Les manifestants se sont dirigés vers leurs cibles qui sont les églises, les domiciles des chrétiens, le Centre Culturel Français, le siège du PNDS Tarayya, les
INSTALLATIONS des Forces de Défense et de Sécurité, (DRPN, CNS N° III) et les familles des Policiers, les biens publics et privés, particulièrement les boutiques tenues par des ressortissants nigérians (Ibo) et autres chrétiens’’.
Le bilan est ici de 5 morts, dont 4 manifestants et un Gendarme. Deux des manifestants ont trouvé la mort par balles au moment où ils attaquaient la caserne de la CNS, un autre a été trouvé calciné dans un bureau de l’école mission catholique de Zinder, un est décédé à l’hôpital après inhalation de gaz lacrymogène. Le Gendarme a trouvé la mort accidentellement suite à une manœuvre de leur véhicule d’intervention. Les blessés enregistrés sont au nombre de 45 dont 22 éléments des FDS et 23 manifestants.
D’importants dégâts matériels dont 7 églises, 5 domiciles appartenant à des chrétiens, 10 maisons closes, 3 débits de boissons, 8 boutiques appartenant à des particuliers, 7 véhicules appartenant à des particuliers, le siège de la Fédération PNDS Tarayya, le magasin des vivres de la CNS et le CCFN, incendiés ; 6 véhicules de la Police Nationale endommagés, une arme de poing emportée, un nombre non évalué de biens emportés des domiciles des FDS. Suite à cette situation, 8 individus ont été interpellés, a précisé l’officier Adili Toro.
A Magaria également, des attroupements spontanés et armés ont été constatés après la prière du Vendredi, a-t-il ajouté. Et le bilan matériel est d’une église saccagée, 2 greniers de mil, 3 classes en paillotte, le bureau du directeur de l’école Quartier, 31 tables-bancs, 2 chaises incendiés, et une borne fontaine emportée. Là, aucun blessé n’a été enregistré, mais 21 individus ont été interpellés. Pour la région d’Agadès, le bilan des manifestations qui se sont déroulées également le 16 janvier après la prière du Vendredi, concerne le hangar et 24 chaises du siège du PNDS Tarayya ; 6 tables-bancs d’une église incendiée et le pare-brise du véhicule de la Police qui a été brisé. Il n’a pas été enregistré de blessé. Toutefois, 37 individus ont été interpellés.
Pour ce qui est des manifestations du 17 janvier, l’Officier de Police a résumé ainsi la situation : ‘’En dépit de l’interdiction du prêche prévu à la grande Mosquée de Niamey, les fidèles ont commencé à se regrouper par petits groupes à partir de 08 heures dans les environs de ladite mosquée. Suite à l’intervention des Forces de l’ordre pour empêcher le prêche, les manifestants ont changé de stratégie en formant des groupes pour s’en prendre à des véhicules sans distinction, aux débits de boissons, aux maisons de prostituées, mais surtout aux églises, aux écoles chrétiennes, aux kiosques de vente de produits Orange, aux bureaux du parti politique PNDS Tarayya etc. Les manifestants ont même menacé certains postes de police et brulé quelques véhicules des FDS. Cette manifestation, débutée dans les parages de la Grande Mosquée, s’est étendue à toutes les communes de la ville de Niamey. Outre les dégâts matériels, les saccages et les pillages, des pertes en vie humaine ont été enregistrées’’.
Le bilan donné par la Police nationale est de 5 morts dont une personne qui a succombé par balle, une caissière du bar Logone décédée par asphyxie dans le bar incendié, 2 adolescents de 14 à 18 ans dans l'incendie de l'église Dar-Es-Salam, et un dernier mort des suites d’un accident de la circulation provoqué par un camion dérouté par des manifestants au Rond-point Escadrille. Le nombre des blessés est de 128 dont 94 du côté des FDS, dont deux cas graves, et 34 manifestants dont 4 graves.
D’importants dégâts matériels ont été aussi enregistrés, notamment 45 églises, 05 hôtels, une auberge, 36 débits de boissons, 2 domiciles de particuliers, un orphelinat, une école chrétienne et un magasin d’alimentation, pillés avant d’être incendiés. Plusieurs sièges du parti PNDS Tarayya ont été pillés et saccagés. Des kiosques PMU et Orange Money et du mobilier urbain saccagés, des
INSTALLATIONS de la BRANIGER vandalisées, le drapeau français brûlé. Trois véhicules de la Police ont été touchés, dont 2 calcinés et 1 endommagé, et 4 véhicules civils ont endommagés. Ce sont 189 personnes qui ont été interpellées dont 2 mineurs.
Toujours pour la journée du 17 janvier, d’autres manifestations violentes ont eu lieu à Maradi, Zinder et Agadez. Pour la région de Zinder, à Gouré précisément, le bilan des manifestations est de 4 blessés dont 3 manifestants et un Policier. D’importants dégâts matériels dont une église, un domicile, 2 boutiques appartenant à des chrétiens, incendiés. Des domiciles ont été vandalisés dont celui du président national du PNDS Tarayya et le commissariat caillassé.
A Mirriah, le bilan matériel est d’une église, le domicile du pasteur, un débit de boissons et le domicile du gérant, incendiés ; le siège du PNDS et le domicile du député national Chouda saccagés.
A Takiéta, 2 véhicules dont un du Génie Rural et un de l’Elevage, un hangar de la Gendarmerie Nationale ont été incendiés, et un débit de boissons saccagé. Le même jour, des actions sommaires ont été signalées à Maradi et à Agadez aussi où des manifestants sont sortis.
En ce qui concerne la manifestation du 18 janvier, l’Officier de Police a relevé que celle-ci a un caractère politique, car elle découle d’un appel de l’ARDR. Cette manifestation, a précisé Adili Toro ‘’est intervenue après le refus de l’ARDR d’accéder à la requête du gouverneur d’ajourner cette manifestation préalablement autorisée, en raison des événements cités plus haut’’.
Ainsi, la ville de Niamey et celle de Matamèye, dans la région de Zinder, ont été concernées par cette manifestation. A Niamey, a indiqué l’Officier de Police, ‘’dès 8 heures, des groupuscules d’individus se sont constitués aux alentours de la Place Toumo, à la devanture des sièges des partis politiques et aux domiciles de certains leaders de l’ARDR. Face à l’occupation de la place Toumo, lieu de regroupement, par les FDS, ces groupuscules ont essaimé dans les quartiers environnants où ils ont érigé des barricades de pneus enflammés. Ils ont été dispersés par les FDS qui ont procédé à un ratissage’’.
Le bilan, selon la Police Nationale est de 93 individus interpellés dont certains leaders politiques. Aussi, 2 véhicules transportant des pneus et un véhicule Hiace transportant des manifestants ont été immobilisés. Aucun blessé n’a été enregistré ni côté manifestants, ni côté FDS. A Matamèye, le bilan se résume à l’incendie d’une église, d’un débit de boissons, de 3 véhicules appartenant au gérant et de plusieurs maisons closes. La NIGELEC et le domicile du maire ont été saccagés. Le pare-brise du véhicule de la Police a été brisé. Suite à la situation, 19 individus ont été interpellés, dont 5 munis d’armes blanches (couteaux).
Au sujet des différents événements, l’Officier de Police a souligné que ‘’des similitudes troublantes ont été relevées entre les manifestations des 16 et 17 janvier 2015 dont les motivations sont sensées être religieuses, et la manifestation politique de l’ARDR du 18 janvier 2015’’. Il a précisé que ‘’ces similitudes résident essentiellement dans les modes opératoires : utilisation de mineurs; distribution de bidons d’essence et de pneus usagés ; galvanisation des foules par des équipes mobiles; regroupements soit disant spontanés des manifestants qui ont revêtu un caractère insurrectionnel avec une sorte de guérilla urbaine’’. Et l’officier de Police d’ajouter : ‘’En outre, il a été noté que l’ARDR a demandé aux religieux de se joindre à cette manifestation du 18 janvier 2015. Par ailleurs, un individu a été interpellé en possession d’une arme à feu de type Carabine, et mis à la disposition de la DPJ par des éléments de la GNN. Une autre arme de guerre (sans précisions) a été aperçue entre les mains d’un manifestant. Des étendards de Boko Haram ont été aperçus à Zinder et à Niamey. Une stigmatisation des ressortissants nigérians (Ibo) a été notée au cours des manifestations des 16 et 17 janvier 2015’’, a conclu l’Officier Adili Toro.
Le bilan global des trois de jours de manifestations dans les différentes localités du Niger est de 10 morts ; 177 blessés dont 117 éléments des Forces de Défense et de Sécurité et 60 manifestants. Et les personnes interpellées sont au nombre de 382 dont 2 mineurs. Un des individus interpellés était muni d’une arme à feu et cinq autres d’armes blanches, notamment des couteaux.
Souley Moutari