Uranium du Niger : Areva et la corruption en procès au Tribunal de Paris le 20 décembre… alors que se renégocie le prix de l’uranium !
Mediapart le 5 décembre 2013 | Par Patrig K
Observatoire du nucléaire – http://www.observatoire-du-nucleaire.org
Communiqué du 2 décembre 2013
Rassemblement à partir de 12h30 devant le TGI de Paris
- Areva use-t-elle de « méthodes relevant de la corruption » pour s’accaparer l’uranium du Niger ?
- Areva a-t-elle participé à l’achat d’un avion pour son ex-cadre devenu Président du Niger ?
- Areva pille-t-elle l’uranium du Niger depuis 50 ans pour alimenter le nucléaire français ?
Issoufou (ex-Areva) et Hollande (Areva)
« Vous prendrez l’avion mon cher ? C’est Areva qui paye ! »
Vendredi 20 décembre 2013, à 13h30 au Tribunal de Grande instance de Paris, se tient le procès opposant Areva à l’Observatoire du nucléaire et son directeur Stéphane Lhomme, poursuivi également à titre personnel, accusés de « diffamation » par la multinationale de l’atome. Areva réclame des pénalités financières d’environ 25 000 euros (cf ci-dessous) dans le but d’obtenir la disparition d’une association dont l’activité agace, de toute évidence, le lobby de l’atome.
L’affaire a commencé il y a exactement un an, le 3 décembre 2012 (cf chronologie détaillée ci-dessous) : l’opposition parlementaire nigérienne accuse le ministre des finances d’avoir modifié de façon illégale le projet de budget 2013 …pour y faire figurer un curieux « don d’Areva » de 26 millions d’euros (le montant réel sera finalement de 35 millions).
Qui plus est, il est vite apparu que ce versement était directement affecté à l’achat d’un nouvel avion pour le président du Niger, M. Issoufou, dont il n’est pas anodin de rappeler qu’il a été auparavant… directeur d’une filiale d’Areva d’extraction de l’uranium du Niger !
Sur la base de ces éléments, mais aussi d’autres pièces édifiantes, l’Observatoire du nucléaire a alors dénoncé « une manoeuvre de corruption, probablement sur le plan légal et assurément sur le plan moral, par Areva qui entend ainsi perpétuer sa mainmise sur les réserves d’uranium du Niger« .
Areva a dans un premier temps nié la réalité de ce versement (cf dépêche AFP du 12 décembre 2012 : http://bit.ly/RqDteK ) et simultanément attaqué l’Observatoire du nucléaire et son directeur en justice. Depuis, Areva a multiplié les versions différentes de cette affaire, reconnaissant finalement – face aux pièces accablantes diffusées par l’Observatoire du nucléaire – la réalité du fameux « don ».
Mais, au delà du « don » en question et de l’ « affaire » de l’avion présidentiel, c’est en réalité le pillage et la contamination du Niger que l’Observatoire du nucléaire met en accusation. Depuis 50 ans, par l’intermédiaire d’Areva (auparavant la Cogéma), la France atomique contamine le Niger, assèche les nappes phréatiques, déplace les populations, et s’accapare l’uranium à un tarif si bas que le Niger reste à ce jour l’un des deux ou trois pays les plus pauvres du monde.
Il se trouve justement que les tarifs d’enlèvement de l’uranium sont actuellement en renégociations entre Areva et le Niger car arrivant à échéance… ce 31 décembre ! Le procès Areva/Obervatoire du nucléaire tombe donc à pic pour mettre en lumière la façon dont, aujourd’hui comme hier, la France continue de tirer les ficelles au Niger dont l’indépendance, datant de 1960, reste en fait très virtuelle.
Il est ainsi démontré, une nouvelle fois, que le nucléaire ne nuit pas seulement à l’environnement et aux êtres vivants mais aussi, tant au Sud que dans les pays riches, à la démocratie.
Ce que demande Areva en justice (cf assignation):
- une amende de 5000 euros contre Stéphane Lhomme (*) = 5 000 euros
- 3 publications presse de 5000 euros HT chacune = 18 000 euros TTC
- frais de procédure et de déplacement : au minimum 2 000 euros
- 3 publications presse de 5000 euros HT chacune = 18 000 euros TTC
- frais de procédure et de déplacement : au minimum 2 000 euros
Total : au minimum 25 000 euros !