jeudi 14 novembre 2013

Guerre au Mali : le dessous des cartes

Guerre au Mali : le dessous des cartes

Le peuple malien fuit les affrontements. Photo: Ferdinand Reus (CC BY-NC-ND 2.0)
Le Mali. Photo: Ferdinand Reus (CC BY-NC-ND 2.0)
Il n’y a pas si longtemps, le Pays Dogon, région du Mali, était un paradis pour les marcheurs. On n’y croisait aucune voiture, on avait envie d’y passer toute sa vie. Mais, il y a deux ou trois ans, on a senti que quelque chose était en train de changer. Par exemple, on croisait de plus en plus de femmes voilées de la tête aux pieds, on sentait que ce paradis était condamné à disparaître  assez rapidement… Aujourd’hui, la situation est dramatique.
La région où se joue le conflit actuel se nomme l’Azawad. Elle regroupe les zones de Gao, Tombouctou et Kidal, dans le nord du Mali. Elle se situe intégralement dans le Sahara et échappe au contrôle de l’État malien, car désertique et peu densément peuplée.
Le théâtre et les acteurs
Les forces en présence sont multiples. Il y a, d’une part, le gouvernement malien, instable car très récemment formé, en août 2012. Son but est de préserver l’unité du Mali. Et d’autre part, nous trouvons: le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), touareg et laïc qui a pour but de faire de l’Azawad, un nouvel État indépendant; l’organisation terroriste AQMI, bras africain d’Al Quaida qui se bat pour faire appliquer la Charia dans le nord du Mali; Ansar Edine – «défenseurs de l’islam» en langue arabe – qui est un groupe islamiste touareg cherchant également à appliquer la Charia dans la région. Nous trouvons également d’autres groupes armés qui interviennent dans le nord Mali, parmi lesquels les islamistes du Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO ) et les autonomistes du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA).
Les racines du conflit
Les velléités indépendantistes des Touaregs X1 ne sont pas récentes. La première rébellion touareg advient en 1963, seulement 3 ans après l’indépendance du Mali, puis est dissoute dans le sang par l’armée. En 1990, de nouveaux soulèvements donnent lieu aux accords de Tamanrasset. En mars 2012, le président Amadou Toumani Toure (appelé familièrement ATT) est renversé par un coup d’État militaire à peine deux mois avant la prochaine élection présidentielle à laquelle il ne se représentait pas. Allié à plusieurs groupes islamistes, le MNLA profite alors de la situation politique confuse pour  prendre le contrôle des trois grandes villes du nord. Début avril, il déclare l’indépendance  de l’Azawad, qui est immédiatement rejetée par l’Union africaine comme par l’Union européenne. Fin mai, le MNLA et l’Ansar Edine, qui s’étaient alliés, se séparent, ne parvenant pas à trouver un accord au sujet de  l’administration de la région. Le MNLA se fait peu à peu écarter du territoire par les différents groupes islamistes.
Une zone clé
Mais pourquoi donc tout le monde s’intéresse au nord du Mali ? Les réserves pétrolières et gazières sont assez importantes. Elle sont pour l’instant inexploitées et convoitées. C’est également une région stratégique, frontalière de la Mauritanie et de l’Algérie, proche de la Libye et de la Tunisie. C’est donc une zone clé pour le contrôle de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel. Par exemple, les armes venues de Libye et passées par le Nord Mali pourraient demain déstabiliser l’Algérie et même, pourquoi pas, le Sénégal. En effet, après l’intervention  occidentale les Touaregs, qui se battaient aux côtés de feu Khadafi, ont quitté la Libye et sont revenus dans la région avec des stocks d’armes importants. A ce moment-là, ils proposèrent le deal suivant au président ATT : « On t’assure la paix si tu nous donnes de l’argent. ». Le  président  a refusé leur proposition et le conflit a débuté.
L’intervention militaire: une solution inadéquate
La poussée islamiste dans la région s’explique par le fait que, pendant dix ans, tout le monde a parlé du miracle de la démocratie malienne, mais ce n’était en réalité qu’une façade. Les hommes politiques achetaient leurs élections. Les pauvres, déçus, faisaient remarquer que la démocratie ne se mange pas, car ils ne voyaient pas d’amélioration dans leurs conditions de vie. Les populations du nord étaient particulièrement déshéritées et elles se sont détournées de la démocratie pour épouser l’islam radical. D’un idéal à un autre, en somme.
L’intervention armée en cours n’est pas la meilleure solution. Paul Collier X2 affirme ainsi que  « les données sur les causes de conflit indiquent que les facteurs économiques en sont les principaux moteurs. La combinaison d’importantes exportations de matières premières, d’un bas niveau d’enseignement, d’un pourcentage élevé d’hommes jeunes et d’un déclin économique augmentent énormément les risques. L’inefficacité militaire et politique est révélatrice d’une évolution plus vaste quant aux capacités et à l’organisation des insurrections cherchant à renverser les dirigeants d’États faillis (failed states). Ces insurrections exploitent des ressources – « diamants de guerre », négoces avec des réseaux clandestins, pillages, nouveaux circuits de trafic d’armes – qui contribuent à leur survie. C’est un fait maintenant bien connu, qui a été médiatisé par des campagnes comme celle menée contre les « diamants du sang ».
Ces exemples malheureux ne sont pas très encourageants pour l’avenir, et ceux qui placent leurs espoirs dans les mains des « sauveteurs » français ont bien des chances de perdre rapidement leurs illusions.
X1 : Les Touaregs  sont des tribus nomades  qui vivent entre cinq (5) pays : l’Algérie, la Libye, le Niger, le Mali et le Burkina Faso.
X2 :  P. Collier, « Doing well out of war : an economic perspective », in M. Berdal et D. Malone, Greed and Grievance. Economic Agendas in Civil Wars, Boulder, Co., Lynne Rienner, 2000, p. 110.
Yembering
Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils

Kidal : La France parjure prépare le terrain au massacre touareg

Kidal : La France parjure prépare le terrain au massacre touareg

14/11/2013 - 01:35

KIDAL (SIWEL) — C’est aujourd'hui que la France, sous couvert de la Minusma, veut remettre le Gouvernorat et la Radio de Kidal à l’arme malienne ; une armée experte en exaction sur les vieillards, en viol sur les femmes et en assassinat ethnique. La France parjure, la France qui ment et se joue des victimes d’une Histoire qu’elle leur a imposé par la force au lendemain des prétendues indépendances africaines. La France qui s’accommode des islamistes terroristes qu’elle réhabilite au détriment des indépendantistes touaregs s’apprête à livrer sa dernière bataille pour remettre la vie des azawadiens entre les mains de criminels. La France a trompé le peuple de l’Azawad et le MNLA.


Avant de les livrer au massacre, l’armée française fouille dans les maigres affaires des populations de l'Azawad réduites à vivre traquées par ces supers héros de la liberté (PH/DR)
Avant de les livrer au massacre, l’armée française fouille dans les maigres affaires des populations de l'Azawad réduites à vivre traquées par ces supers héros de la liberté (PH/DR)
Mais si le MNLA a été contraint par la France de remettre Kidal entre les mains des maliens, les femmes, les jeunes, les militants et les combattants de la libération de l’Azawad ne l’entendent pas de cette oreille car pour eux, et pour l’avoir vécu mille et une fois, s’il est bien une chose dont ils sont certains, c’est que « le prix de la liberté sera plus coûteux que celui de l’occupation malienne ». Parole de touaregs sous occupation malienne depuis 50 ans. 

La trahison de la France ne date certes pas d’aujourd’hui mais elle se fait désormais au grand jour et ne s’encombre plus de ses soi-disant principes de droits de l’homme. Aujourd’hui la France, mille fois parjure, déclare la guerre aux droits de l’homme et au droit du peuple touareg à vivre dans la paix et la sécurité. Quelle honte pour la France, elle ne sera jamais tombée si bas que sous le règne de ce gouvernement socialiste, digne successeur de celui qui avait voté les pouvoirs spéciaux, c'est-à-dire la légalisation de la torture, durant la guerre d’Algérie. 

femme touaregue contre soldta français de serval ou le courage et la dignité face à l'injustice et à l'arbitraire (PH/DR)
femme touaregue contre soldta français de serval ou le courage et la dignité face à l'injustice et à l'arbitraire (PH/DR)
Froidement, la France de François Hollande a abusé du MNLA et l’a mené, étape par étape, de concession en concession au point de non retour en usant de promesses qu’elle savait par avance qu’elle ne tiendrait jamais. Elle a froidement organisé la submersion du MNLA avec la mise en place de prétendus « groupes rebelles » qu’elle a inventés de toute pièce, comme le MAA, habile recyclage du Mujao et elle a réhabilité Ansar Dine en ce fameux HCUA qu’elle a sournoisement mis dans les pattes du MNLA pour lui dénier sa légitime représentativité et le compromettre dans une cohabitation qu’elle lui a par ailleurs imposée. 

Aujourd’hui, après avoir abusé du MNLA et du peuple touareg, la France compte passer à l’action pour régler définitivement la question de l’Azawad à la façon malienne. Les forces de Serval et celle de la MINUSMA contrôlées par Paris ont déjà réprimé une manifestation de femmes à Kidal. Demain, la France va-t-elle faire usage de ses armes contre le peuple de l’Azawad ? « Chiche ! Qu’elle le fasse donc disent les femmes de Kidal ». « Nous préférons mille fois mourir sous les balles que d’êtres achevées à la machette comme des bêtes sauvages, après avoir été violées, torturées, massacrées ». Les femmes et les jeunes de Kidal manifestent depuis 3 jours à Kidal. Tous refusent la reddition, même si le MNLA a cédé au chantage des forces armées françaises. Même les combattants du MNLA, dans leur grande majorité refusent la décision politique du MNLA. 

Serval assiégé par les femmes de Kidal " Non au Mali dans l'Azawad" (PH/DR)
Serval assiégé par les femmes de Kidal " Non au Mali dans l'Azawad" (PH/DR)
Depuis 3 jours, les femmes et les jeunes de Kidal manifestent sans relâche pour exprimer leur refus de voir revenir le Mali. Partout le drapeau de l’Azwad est déployé. De quel droit la France disposerait ainsi de la vie des touaregs ? Aujourd’hui, à la veille du jour fatidique, le siège du Gouvernorat et de la Radio ont été assiégés par les manifestants. Les mêmes soldats français se retrouvent face aux mêmes femmes qui avaient envahi le tarmac de l’aéroport de Kidal pour empêcher l’avion de 3 ministres maliens. La honteuse répression que leur avait fait subir Serval ne les a pas empêchés de revenir leur crier en face leur refus de se laisser déposséder d’un territoire pour lequel ils luttent au prix de tant de vie depuis 50 ans. 

maa, 
SIWEL 140135 NOV 13 

Non au Mali (PH/DR)
Non au Mali (PH/DR)

Bureau du MNLA à Kidal (PH/DR)
Bureau du MNLA à Kidal (PH/DR)

Kidal : La France parjure prépare le terrain au massacre touareg

Pour mieux comprendre la guerre faite aux touaregs (PH/DR)
Pour mieux comprendre la guerre faite aux touaregs (PH/DR)

C'est maintenant qu'ils ont le plus besoin d'être soutenus(PH/DR)
C'est maintenant qu'ils ont le plus besoin d'être soutenus(PH/DR)

Kidal : La France parjure prépare le terrain au massacre touareg

les enfants manifestents contre le retour du Mali (PH/DR)
les enfants manifestents contre le retour du Mali (PH/DR)

Veillard battu à Gao(PH/DR)
Veillard battu à Gao(PH/DR)

La Minusma (PH/DR)
La Minusma (PH/DR)

Minusma (PH/DR)
Minusma (PH/DR)

Le camps de Serval assiégé par les femmes(PH/DR)
Le camps de Serval assiégé par les femmes(PH/DR)

manifestation à Kidal ce mercredi matin contre le retour du Mali dans les bagages des français(PH/DR)
manifestation à Kidal ce mercredi matin contre le retour du Mali dans les bagages des français(PH/DR)

Ni Mali Ni Aqmi, Azawada SOUVERAIN
Ni Mali Ni Aqmi, Azawada SOUVERAIN

Radio Azawad(PH/DR)
Radio Azawad(PH/DR)

Femmes touarègue(PH/DR)
Femmes touarègue(PH/DR)

Plus jamais ça !(PH/DR)
Plus jamais ça !(PH/DR)



Kidal : La France parjure prépare le terrain au massacre touareg

ALORS QUE LE GOUVERNEMENT MALIEN UTILISE UNE ALIDADE A PINNULE POUR MESURER L'AMPLEUR DE LA GRAVITE DU PROBLEME DE L 'AZAOUAD , LES MOUVEMENTS NORDISTES ONT DECIDE DE VOIR LES CHOSES A LA LOUPE ..................


ALORS QUE LE GOUVERNEMENT MALIEN UTILISE UNE ALIDADE A PINNULE POUR MESURER L'AMPLEUR DE LA GRAVITE DU PROBLEME DE L 'AZAOUAD , LES MOUVEMENTS NORDISTES ONT DECIDE DE VOIR LES CHOSES A LA LOUPE ....................
Parlons honnêtement , et disons que Le MALI joue à cache-cache avec les revendications des populations du Nord . En effet , depuis son intronisation I.B.K. patauge dans une mare de faux problèmes , s'adonnant à une lutte acharnée contre le cours d'un ruisseau , et laissant la tornade dévaster le pays . Les retrouvailles du 8 novembre à OUAGA , parrainées à nouveau par "CON- PAS - AU REZ ," ne sont - elles pas de nature à éveiller un brin de curiosité et susciter un engouement à résoudre un problème avant d'être incurable ? Cette patience à vouloir laisser le temps faire , n'est - elle pas en elle-même une négligence ou une incapacité à gérer les choses ardues qui ne cessent de méduser le peuple malien et l'enclaver ? Les Francs - Sait , et leur bestiole pissant " SERVAL " , seront - ils toujours là pour tenter de réparer les choses à la mitraillette ? ou la MINUSMA composées de soulards sera t-elle un rempart contre toute prochaine rébellion inédite et concertée cette fois ????? A mon humble avis , il ne faut pas dépecer l'ours avant de le tuer . La grimace d'un lion endormi , n'est pas un sourire à prendre en déraison . Soyons plus pragmatiques et donnons aux choses leur vraie ampleur :
La centralisation des mouvements a un seul et unique sens : le marasme politique et le laissez-aller du gouvernement continue de faire des mécontents . Si certains pensent que Le MNLA est révolu , je leur dirai que , chassé par la porte , il est revenu par la fenêtre . Il existe bel et bien , colportant une autre étiquette , mais bien en vie et prêt à assumer plus que jamais ses revendications territoriales . Si ce même MNLA est accusé d'être à l'origine des maux que Le MALI a connus durant ces deux années , si ce même MNLA a permis de façon volontaire ou non , aux extrémistes de faire la pluie et le beau-temps dans les régions du nord , si ce même MNLA a été reconnu par certains comme un mouvement de maison , uniquement géré et conçu par les Touaregs , il n'en demeure pas moins que le fait que d'autres mouvements de droite , ont admis d'en faire un allié. Cette fois-ci , Le MALI se doit de justifier à tous les maliens du sud et du nord , comment un tel mariage a t-il été rendu possible , alors que le monde occidental croyait en la possibilité de circonscrire l'avancée et la montée en puissance des " Touaregs " de la sécession .
Le gouvernement du MALI , doit savoir que le calme actuel n'est qu'un prélude au tourbillon dévastateur , car certains pays limitrophes n'ont guère apprécié les voies et moyens par lesquels le pays a retrouvé un semblant de calme.
D'autre part , il ne faut jamais oublier que les français présents n'ont pas qu'une mission de garder la sécurité , mais peuvent être des marionnettes pour attiser les tensions en des moments dictés par Le Quai D' Orsay .
Aussi , l'homme avisé doit savoir que le gouvernement doit prendre le taureau par les cornes et se doter du courage nécéssaire pour trouver une solution urgente et efficace , notamment : engager un referendum dans les régions de litige , ou engager un autre au sud pour s'enquérir du vœu des sudistes quant à l'autonomie ou toute autre forme de gestion . Le temps presse et si le froid s'annonce pour les mois à venir , il peut déclencher des surprises fort malencontreuses , car c'est certain que l'anniversaire du 6 avril marquera des effets escomptés qu'il fera mieux de prévenir .

Ceci n'est qu'une vision qui peut n'être qu'illusion , mais c'est quand le berger est le plus rassuré , qu'il reçoit la visite du loup. " j'en suis témoin pour l'avoir vécu " . A BON ENTENDEUR ......DEBOUT ET VITE

ENTRETIEN " Le MNLA a les moyens de retrouver les assassins des deux journalistes français " Moussa ag-Acharatoumane, un chef rebelle touareg, dénonce les méthodes d'enquête de Paris

  • 14 novembre 2013

    ENTRETIEN
    " Le MNLA a les moyens de retrouver les assassins des deux journalistes français "

    Moussa ag-Acharatoumane, un chef rebelle touareg, dénonce les méthodes d'enquête de Paris

    Le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), est le principal acteur politico-militaire de la rébellion touareg, au nord du Mali. Après avoir oeuvré avec les groupes djihadistes en 2012 pour chasser l'armée malienne du nord du pays, le MNLA les a combattus avec la France. Moussa ag-Acharatoumane, membre du bureau politique, donne sa version de l'assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon.

    Comment avez-vous réagi après l'enlèvement des deux envoyés spéciaux de RFI à Kidal ?
    Juste après l'enlèvement, Ambeiry ag-Ghisa, une figure du MNLA, qui venait de les recevoir, a téléphoné à notre chef militaire, Hassan Fagaga, qui a prévenu la force française " Serval " que nous pouvions de suite poursuivre les ravisseurs.
    Les Français nous ont dit : " Ne bougez pas ". On aurait eu des chances de les rattraper. On connaît le terrain. Trois pick-up contre un seul, à grande vitesse, les preneurs d'otages auraient peut-être eu le temps de les blesser mais pas de les exécuter. Nous pouvions empêcher cette tragédie.
    Les Français ont eu peur des conséquences d'une poursuite. Ce n'est, en tout cas, pas en faisant partir de Kidal, plus d'une heure après, une colonne de blindés qui roulent à 30 kilomètres à l'heure qu'ils pouvaient rejoindre un pick-up qui vole comme le vent. Si on nous laisse faire aujourd'hui, nous avons les moyens de retrouver les assassins. Pas pour faire plaisir à la France, mais parce que nous condamnons ces pratiques.

    Des sources maliennes indiquent que le chef des preneurs d'otages, Baye ag-Bakabo, était lié au MNLA. Est-ce exact ?
    C'est faux. Le seul groupe auquel il ait appartenu, c'est AQMI - Al-Qaida au Maghreb islamique - . Comme de nombreux combattants de base, il a été interrogé à plusieurs reprises par les services secrets français, la DGSE, après avoir été délogé de l'adrar de Tigharghâr. Originaire de Kidal, il est resté dans la ville et ses environs après avoir été déclaré " non dangereux ". Selon nos informations, il a préparé l'enlèvement seul, avec ses hommes. L'idée ne leur est venue qu'après avoir aperçu les deux Français sans escorte dans Kidal, ce qui est rare. Ils ont eu assez de temps pour se préparer, mais pas assez pour tout planifier. Leur objectif était de livrer les otages à AQMI. Mais ils roulaient trop vite sur une mauvaise piste et ont cassé le pont avant. Ils pensaient que l'armée était derrière eux.

    De nombreuses personnes ont été arrêtées et interrogées par les enquêteurs et l'armée française. Ont-elles livré des informations utiles ?
    Ces arrestations, ces fouilles, ces rafles (opérées par les Français) n'ont servi à rien si ce n'est à faire naître un vif ressentiment dans les populations. On ne pénètre pas, comme cela a été fait, dans les tentes, les maisons, en bousculant les vieillards ou les femmes devant les yeux des enfants. Ces méthodes vexatoires et expéditives sont contre-productives. Les hélicoptères atterrissent au milieu des campements. L'image des Français a été ternie et conduit le peuple touareg à se retourner contre les Français.

    Vous voulez dire que les populations soutiennent les preneurs d'otages ?
    Non. Les quatre ravisseurs ont, au contraire, évité tout contact avec les populations et se sont cachés, pendant au moins vingt-quatre heures après l'enlèvement, dans la végétation avant de s'éloigner de la zone. Quand les blindés français sont arrivés là où les corps ont été retrouvés, ils ont vu deux personnes s'enfuir sans réagir.

    Vos accusations sont graves. Pourtant, on présente souvent le MNLA comme une force supplétive de la France...
    Nous ne sommes pas des supplétifs. C'est la France qui est chez nous, pas l'inverse. Nous avons commencé à nous battre contre l'islamisme et le Mali avant que la France ne vienne et nous continuerons après son départ. C'est une alliance de circonstance. Les militaires français savent ce qu'ils nous doivent. Nous avons accueilli et installé les forces spéciales à Kidal, Tessalit et bien d'autres endroits. Nous avions des gens à nous dans les avions et les hélicoptères. Les frappes aériennes, de Gao jusqu'à Tigharghâr - contre AQMI - ont été permises grâce aux coordonnées GPS que nous avons données. La DGSE a parachuté du matériel pour certains commandants du MNLA. Nous avons 1 000 combattants sur Kidal et des bases réparties sur tout le nord du Mali.

    Si vous êtes incontournables, comment peut-on enlever deux Français en plein Kidal ?
    Les accords de Ouagadougou du 18 juin avec le pouvoir malien ont fixé le cadre d'un dialogue avec Bamako. Depuis le 2 juillet, nous avons cédé la totalité du contrôle de Kidal à la Minusma, force de l'ONU, et aux autorités maliennes.

    Vous sentez-vous trahi par la France ?
    Pas trahi, mais la France fuit ses responsabilités et veut cacher la réalité de ses liens avec le MNLA. Le premier témoin de cette collaboration n'est autre que l'actuel ambassadeur de France à Bamako, Gilles Huberson, que nous connaissons bien. C'était l'émissaire secret du Quai d'Orsay auprès de nous.
    propos recueillis par Jacques Follorou
    © Le Monde

mercredi 13 novembre 2013

Les crimes contre l humanite continuent d etre perpetues par les soldats maliens couverts par le serval-franc-a-fric:Communiqué relatif aux exécutions sommaires de 3 personnes par l’armée malienne à Ghezraghen (Ménaka), le 08 Novembre 2013 et sur le démenti incroyablement fourni par Serval

Communiqué relatif aux exécutions sommaires de 3 personnes par l’armée malienne à Ghezraghen (Ménaka), le 08 Novembre 2013 et sur le démenti incroyablement fourni par Serval.

Nous regrettons d’entendre le Général Marc Foucault de l’opération française Serval, démentir l’exécution sommaire flagrante de 3 personnes détenues  par l’armée malienne à Ghezraghen. Les éléments français sur le terrain sont bien au courant des tous les détails et de la circonstance des faits.
Les combattants du MNLA qui étaient présent à Ghezraghen ou s’est produite cette barbarie de l’armée malienne et qui croyaient à une impartialité de Serval, se disent profondément surpris de cette annonce du chef des militaires français.
Le Général Marc Foucault qui sortait des cérémonies de l’anniversaire de l’Armistice du 11 Novembre 1918 avec ses homologues de l’armée malienne à Bamako, ne devait mêler ce rapport de solidarité historique à la situation actuelle ou sont pays intervient sous mandat onusien. 
Nous attendons de la France, modèle de démocratie et de défense des Droits de l’Homme, une transparence exemplaire et un grand sens de la responsabilité dans le conflit historique qui oppose l’Azawad au Mali.
De la France, ancienne métropole de toute la région, nous espérons plutôt une attention particulière permettant de corriger ses erreurs historiques de bricolage de 1958.
Le MNLA maintient sa version des faits qui démontrent une exécution sommaire et flagrante de 3 prisonniers civil et militaire par l’armée malienne à Ghezraghen et dément que ses hommes soient les premiers à ouvrir le feu. Plusieurs civils détenus par l’armée malienne avant l’arrivé de la mission du MNLA sont aussi mortellement blessées.
Nous appelons la Communauté internationale ainsi que toutes les institutions indépendantes à veuillez sur la situation réelle du terrain qui risque de conduire à l’effet contraire souhaité.
Le MNLA réitère pleinement sa disponibilité au respect strict de la résolution 2100 des nations unies.
Tous les détails sur les circonstances des exécutions sommaires de 3 personnes à Hazragha (Cercle de Ménaka) par l’armée malienne.
Dans la journée du 08 Novembre 2013, aux environs de 10 h du matin, trois (3) véhicules du MNLA se rendant au marché de Ghezraghen dans le cercle de Ménaka tombent nez-à-nez avec une patrouille mixte MINUSMA, Serval et armée malienne.
Les trois véhicules du MNLA tombent en premier sur les soldats de la force française Serval en poste avancé à quelque 2 km du village. Les hommes du MNLA se présentent et expliquent à Serval qu’ils se rendaient à la foire hebdomadaire pour des achats ordinaires. L’officier de Serval leur autorise l’accès mais en leur indiquant la piste à suivre. Tandis que le premier véhicule des hommes du MNLA poursuit sa route vers le village conformément aux indications de l’officier de Serval, les deux autres restent discuter quelques minutes avec les éléments français.
 A 800 m du village, ce premier véhicule du MNLA tombe cette fois-ci sur une unité malienne stationnée là. Les quatre éléments du MNLA à bord du véhicule, accompagnés de deux autres civils forains pris en auto-stop, sont immédiatement encerclés par les soldats maliens, désarmés et ligotés sans aucune tentative de résistance. Moins d’une dizaine de minutes plus tard, le second véhicule du MNLA arrive sur place et constate la situation.
 Ayant rapidement pris conscience des faits, ses éléments se mettent en position malgré l’étau formé autour d’eux par les soldats maliens. C’est à cet instant là que les militaires maliens accompagnés par des miliciens de la compagnie du Col. Elhadj Gamou ont ouvert le feu, générant la riposte des hommes du MNLA à bord du deuxième véhicule.
 Le dernier véhicule du MNLA arrive à ce moment-là et prend part aux échanges de tirs. Sans résister longtemps, l’armée malienne et ses miliciens commencent à se replier en direction de Ghezraghen où se trouvait la force internationale de la MIMUSMA.
C’est durant leur repli que les soldats maliens ont froidement ouvert le feu sur leur douzaine de prisonniers dont les 6 membres du premier véhicule du MNLA qui étaient tous ligotés. Notons aussi que l’armée malienne détenait ligotés d’autres forains avant l’arrivé de la mission du MNLA.
 Plusieurs prisonniers sont donc touchés, dont les 4 combattants du MNLA. En d’autres termes, ce n’est pas en situation de combat que ces combattants ont été visés, mais alors qu’ils étaient désarmés et ligotés.
Sur le coup, un civil forain et un des combattants du MNLA ligotés meurent alors qu’un deuxième combattant du MNLA succombera à ses graves blessures peu de temps après.
 De leur côté, l’armée malienne et ses miliciens laissent également derrière eux deux corps de soldats sans vie.
 Au moment de leur fuite, deux (2) voitures de l’opération Serval se rapprochèrent des éléments du MNLA restés sur le lieu des affrontements. Un officier de Serval sort alors son pistolet, tire en l’air pour attirer l’attention des éléments du MNLA et leur indique qu’ils ne sont pas autorisés à poursuivre les soldats maliens en fuite vers le village.
Les hommes du MNLA prendront juste le temps de faire des images des deux (2) personnes sommairement exécutées par l’armée malienne dans sa fuite et des 7 autres blessés identifiés, avant de tous les embarquer pour les remettre au CICR-Niger qui s’occupe de leur soin en vertu de la Convention de Genève.
 L’équipe de Serval a ensuite rejoint les soldats maliens et ceux de la MINUSMA regroupés à l’intérieur du village.
Nous informons qu’après le départ du MNLA, l’armée malienne a procédée à d’autres arrestations de forains ramassés dans tout le périmètre autour du village de Ghezraghen.
Bilan final de l’accrochage de Ghezraghen :
Coté MNLA :
-3 personnes sommairement exécutées dont un civil forain ;
-7 blessés dont 4 graves (2 éléments du MNLA et 5 civils) ;
- Un véhicule emporté (celui des personnes arrêtées au début par l’armée malienne et ses miliciens ainsi que les 4 armes de l’équipage militaire).
Coté armée malienne et miliciens :
-2 soldats tués et plusieurs blessés graves ;
 -Un véhicule détruit.
NB : Des images montrant les victimes ligotées et sommairement exécutées par l’armée malienne sont présentent et nous serons bientôt transmissent du terrain.

Attaye Ag Mohamed
Membre de la Commission Communication du CTEA (Conseil Transitoire de l’Etat de l’Azawad)
Ouagadougou, le 13 Novembre 2013
Contacts :
Mauritanie : 00222  48 36 37 11

Burkina Faso : 00226  66 23 14 29

mardi 12 novembre 2013

Mali : l’épineuse question touarègue

Mali : l’épineuse question touarègue

Camp d'entrainement militaire de Ganda Iso, septembre 2012 © AI
Camp d'entrainement militaire de Ganda Iso, septembre 2012 © AI
[28/10/2013]
À plusieurs milliers de kilomètres au nord de Bamako, les Touaregs, à l’origine de plusieurs rébellions depuis l’indépendance du Mali, se plaignent d’avoir été constamment délaissés par les gouvernements successifs. Communauté profondément fragmentée, fortement hiérarchisée, elle est l’une des clés du processus de réconciliation.
Extrait de La Chronique d'octobre 2013
Mohamed ag Ossade, la cinquantaine, fait partie de ceux que certains élus Noirs du Nord appellent les « bons Touaregs ». Les « Touaregs positifs » avec qui l’on peut parler, mais que l’on n’écoute guère. « On fait des soirées culturelles pour que les gens se parlent au lieu de se mettre des balles », explique cet homme jovial et direct, qui dirige un petit centre culturel touareg, Tumast, dans le Quartier du Fleuve à Bamako.
Il n’est pas parti, comme bien d’autres, lors des manifestations de février 2012, un mois avant le coup d’État. La population s’en était prise à tous ceux qui ressemblaient de près ou de loin à des Touaregs, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ayant rallumé la guerre au Nord.
Ces Touaregs réfugiés dans les pays voisins, en Mauritanie et au Burkina Faso, commencent à prendre le chemin du retour. Comme beaucoup d’entre eux, Mohammed ag Ossade ne se reconnaît pas dans le MNLA. « Une bande de voyous, dit-il. Quelle mouche les a piqués pour qu’ils réclament l’indépendance ? ».
Pour Intagrist el Ansari, un journaliste malien spécialiste du Nord, correspondant d’Infosud (Suisse) et de La Libre Belgique, il faut inlassablement insister sur le côté fragmenté de la communauté touarègue, si l’on veut régler le « problème » du Nord. « Le danger, explique-t-il, c’est que l’on ne parle qu’aux groupes armés, sans concertation avec les autres, les pacifistes, qui seront peut-être mis de côté parce qu’ils n’ont pas pris les armes. La Commission dialogue et réconciliation (CDR) doit vraiment creuser et aller à la rencontre des gens, et ne pas rester dans des gros fauteuils à Bamako et prendre n’importe quel passant comme représentant des communautés ».

Un trop long silence

Trois grandes tendances se dessinent chez les Touaregs, qui forment avec le groupe des « Maures » (les populations arabes) 10 % de la population du Mali selon le recensement de 2009. La première regroupe ceux qui luttent avec les armes, les clans basés à Kidal. La deuxième rassemble ceux qui font le jeu de Bamako, les « Touaregs intégrés », parfois perçus comme des opportunistes. Une troisième tendance réunit les Touaregs silencieux. « Ceux qui sont réellement avec les peuples, explique Intagrist el Ansari.Souvent les plus éduqués, ils font un vrai travail d’éducation, notamment dans la région de Tombouctou ». Akory ag Ikhnane, président du Collectif des ressortissants de Kidal et membre du Haut conseil des collectivités territoriales (équivalent du Sénat), explique lui aussi que le « problème touareg » n’a rien à voir avec la mythologie véhiculée à Paris sur les « hommes bleus ».
Cette question tient au long silence sur les exactions perpétrées par l’armée malienne contre des civils touaregs pour réprimer des rébellions successives contre l’État central, en 1963, en 1990, en 1996 et en 2006. Elle s’explique aussi par le défaut de développement dans ce qu’on appelle « les sables », à Bamako, pour désigner le Nord. Sur le papier, les trois régions septentrionales, Kidal, Gao et Tombouctou, sur les huit que compte le pays, ont bénéficié de la décentralisation à partir de 1999. Dans les faits, aucune route n’a été construite, par exemple, pour désenclaver la région au-delà de la ville de Gao. Mais pour Akhory ag Ikhnane, le « problème touareg » relève aussi de la responsabilité des Touaregs eux-mêmes.
Explication : « Les Imghads, une caste de guerriers et d’éleveurs, sont majoritaires face aux Ifoghas, les aristocrates, qui savent que dans le jeu démocratique, ils sont minoritaires. Or, le patriarche Ingtalla ag Attayer, un Ifoghas qui contrôle Kidal, ne peut pas perdre des élections. Pour un Touareg, l’honneur c’est tellement important ! ». Les rivalités internes à la société touarègue, divisée sur le plan de la hiérarchie sociale comme sur le plan géographique, avec des clans différents dans chaque région, sont telles que pour Mohamed ag Ossade, revendiquer l’indépendance paraît absurde. Dans ces conditions, la sortie de crise ne peut pas se faire sans une critique de fond des rébellions successives par les tenants de la société civile touarègue, dont les voix mériteraient sans doute d’être mieux écoutées.

La lutte contre les groupes islamistes armés continue

Aucun attentat terroriste n’avait été déploré à Bamako à l’heure où nous bouclons. La peur, cependant, incite les hôtels à multiplier les mesures de sécurité à leurs portes, avec engins de déminage passés sous les voitures à l’entrée des parkings. La crise semble finie, mais beaucoup évitent de sortir dans la capitale. Une cellule dormante d’un groupe islamiste, le Mouvement pour l’unicité du djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), a été démantelée en mars par l’armée malienne. Les photos des sept suspects, tous des Diallo (un patronyme peul) issus de la même famille, ont été diffusées par la presse début mai…
Les ambassades occidentales, le Centre culturel français, les halls des grands hôtels et les cafés fréquentés par des expatriés sont devenus des cibles potentielles. De même que le grand marché de Bamako, que certains évitent le vendredi, jour de prière et moment favori pour les attentats-suicides de djihadistes qui ont continué à être commis à Tombouctou et Kidal, les villes du Nord, après leur libération en janvier. En neuf mois d’occupation du Nord-Mali, les membres d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et les groupes opérant dans la même nébuleuse, le Mujao et Ansar Dine (à forte composante touarègue), ont eu le temps de recruter. Ils ont promis le paradis, en distribuant de l’argent et des médicaments.
Contrairement à une idée reçue solidement enracinée au sud du Mali, ce ne sont pas les minorités arabes et touarègues qui forment, avec des éléments étrangers, Mauritaniens notamment, l’essentiel des recrues des islamistes. Sur les 200 présumés djihadistes faits prisonniers par les soldats français de Serval dans le nord du Mali entre janvier et mars, 80 % sont des Maliens, la plupart songhaï et peuls. Parmi les étrangers capturés, on compte deux Français, qui ont été extradés, mais aussi des Nigérians, Nigériens, Gambiens et Burkinabè, un Mauritanien, un Somalien, un Tunisien ainsi qu’un Marocain se revendiquant Sahraoui. Ces hommes, détenus à la prison centrale de Bamako, doivent comparaître devant la justice malienne.
 Sabine Cessou

Pour en savoir plus

Lire nos articles :