mardi 11 juin 2013

"Les populations nomades ne se sentent plus concernées par le Mali"/ Ambeiry Ag Ghissa, membre du Conseil transitoire de l'Etat de l'Azawad (CTEA) et référent politique du mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA)


"Les populations nomades ne se sentent plus concernées par le Mali"

Le Monde.fr | 11.06.2013 à 17h16 • Mis à jour le 11.06.2013 à 17h52

Propos recueillis par Jacques Follorou



Kidal, envoyé spécial. Le Monde a rencontré, à Kidal, Ambeiry Ag Ghissa, membre du Conseil transitoire de l'Etat de l'Azawad (CTEA) et référent politique du mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA). Il est membre de la délégation touareg, dont la principale composante est le MNLA, qui négocie depuis le 1er juin, au Burkina Faso, à Ouagadougou, avec l'émissaire de Bamako, Tiébilé Dramé, sous les auspices du médiateur burkinabé, les conditions d'organisation de l'élection présidentielle malienne du 28 juillet et le statut de la ville de Kidal, contrôlée aujourd'hui par les seuls touareg et dont Bamako exige le retour sous le drapeau malien.

Qu'attendez-vous de cette négociation au Burkina Faso, qui signe les premiers contacts officiels entre votre mouvement et le Mali depuis votre conquête militaire du nord du Mali en 2012 ?

L'idée est de poser les bases d'un dialogue qui pourrait, nous l'espérons,permettre d'évoquer le principe d'un cessez-le-feu avec Bamako. Mais, la priorité sera de voir dans quelle mesure l'élection présidentielle peut être organisée le 28 juillet, comme cela est voulu par la France et le Mali. Pour qu'une élection se tienne, il faut des votants, des candidats et de la sécurité, or, dans tout le nord du pays, il n'y a aucun de ces trois éléments. Les populations nomades ne se sentent plus concernées par le Mali. Nous n'avons plus de marque de respect à montrerau Mali au regard de ce qui a été fait contre nous depuis cinquante ans.

En imposant ce calendrier électoral, avez-vous le sentiment que la France veut tordre le bras des acteurs de la crise malienne pour se sortir d'un piège d'enlisement, et conserver le bénéfice politique d'une intervention perçue comme réussie ?
Cinq mois après son intervention militaire, la France s'est enlisée sur le terrain diplomatique. Elle est arrivée au maximum de ce qu'elle pouvait faire et elle veut vite passer la main à la communauté internationale. Mais son erreur politique, c'est d'avoir servi de cheval de Troie à l'armée malienne en lui permettant de remettreles pieds à Tombouctou, Gao et Ménaka. En agissant ainsi, Paris a remis Bamako en scène. Nous ne sommes pas dupes, Paris ne veut pas voir dans toutes ses ex-colonies de la région surgir des revendications territoriales comme la nôtre. Il n'y a qu'à penser à la Casamance. La France se dit : "si on lâche sur l'Azawad, la région va exploser", c'est l'héritage d'un découpage colonial arbitraire.

Mais le Mali et la France justifient cette reconquête par l'intégrité territoriale d'un Etat, un droit reconnu et défendu par les textes internationaux. Vous vous mettez hors la loi ?

Pourquoi la France tient-elle tant à l'intégrité territoriale ? Nous ne l'avons pas touchée, nous avons renoncé, en 2012, à l'indépendance. Le droit international n'agit que pour les Etats et jamais pour les peuples. Nous, Touaregs, sommes nés avant le droit international. Quand les Etats-Unis ont conquis leur indépendance en arrachant leur terre aux Britanniques, il était où le droitinternational ? Et maintenant, Washington est le gendarme du monde. A moins que la France et la communauté internationale ne se liguent contre le MNLA, on ne doit plus lui tordre la main. Nous avons déjà fait beaucoup.

Vous allez négocier avec Bamako, et pendant ce temps, l'armée malienne reprend peu à peu le contrôle de territoire que vous aviez conquis, par la force, comme Ménaka et Anéfis, récemment. Elle semble désireuse deremonter vers Kidal que vous administrez. Accepterez-vous de lâcher Kidal ?
Nous avons dit à l'ONU, qui est venue nous voir, que nous souhaitions que la Mali ne dépasse pas les limites actuelles. S'ils remontent à Kidal, l'ensemble de lapopulation fera front. Nous sommes prêts à discuter, mais pas à tout lâcher. Si nous acceptons, que nous restera-t-il après pour négocier ? Nous sommes de bonne foi.

Vous avez aidé la France dans sa guerre contre les islamistes depuis l'offensive du 11 janvier. Pensez-vous que cela suffise pour faire de vous un acteur politique à part entière face au processus validé par la communauté internationale de restauration de l'autorité de l'Etat malien ?


La vérité officielle, c'est l'Etat du Mali ! Nous fondons, pour notre part, beaucoup d'espoir sur le fait d'avoir abandonné notre revendication d'indépendance. C'est une concession majeure, qui ne peut rester lettre morte. Et il est inutile decantonner la réponse politique à des questions de développement et d'argent si les milliards promis doivent, de nouveau, ne bénéficier qu'au sud du pays et nouslaisser dans une situation injuste, qui est la source de nos révoltes. Il faut que la réponse soit politique. Nous n'accepterons rien en deçà d'un fédéralisme bien pesé. Si le Mali revient avec son idée de décentralisation, qui ne nous donne aucun statut particulier, cela ne sert à rien.

Finalement, après avoir combattu les islamistes, la France doit gérer un conflit insoluble depuis cinquante ans entre les Touareg et le pouvoir de Bamako pour pouvoir se désengager. Cela ressemble à un piège...

Les plaies entre le nord et le sud sont très profondes, surtout à Kidal. Depuis l'indépendance, on a l'impression que l'armée malienne veut surtout faire souffrircette région. Pour que les casques bleus et l'ONU viennent ici le 1er juillet, il faut la sécurité. Or tant que nos droits ne seront pas protégés dans des conditions acceptables, rien ne pourra se faire, et donc la France sera obligée de continuer à s'impliquer si elle ne veut pas perdre le bénéfice de son engagement.

On entend, à Paris, qu'à Kidal, un simple drapeau malien, quelques gendarmes maliens et des bureaux de vote suffiraient pour apaiser les esprits. Est-ce imaginable ?
Non, ce serait du bricolage.

Si le MNLA est contraint, par la France et le Mali, de céder sur Kidal et sur ses revendications, faut-il craindre que vous alliez rejoindre les rangs des islamistes en guerre contre Paris et Bamako ?

Si aucune des demandes du MNLA ne devait être satisfaite, vous verriez le contraire se produire. Les pick-ups de ceux que nous affrontons aujourd'hui, Ansar Dine (devenu MIA), le Mujao et AQMI, se couvriraient de drapeaux de l'Azawad, les couleurs touareg et du MNLA.

«Nous, les Touaregs, attendons désormais notre autonomie»

APRÈS L'OPÉRATION SERVAL

http://www.jolpress.com/mali-mnla-touaregs-attendons-desormais-autonomie-article-819825.html

Durant ces cinq derniers mois, les Touaregs du nord du Mali ont prêté main forte aux forces françaises et tchadiennes au cours de leur déploiement dans le cadre de l'Opération Serval. Aujourd'hui, la reconstruction politique du nord du Mali est lancée, et celle-ci ne se fera pas sans les Touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) qui réclament désormais leur dû : l'autonomie administrative de leur territoire.
Photo : Magharebia/Flickr / cc
Cinq mois après le lancement de l'Opération Serval pour la libération de leur territoire des islamistes, les Touaregs sont revenus à leur demande initiale : l'autonomie de l'Azawad. Entendue tant par le gouvernement de Bamako que par la communauté internationale, la demande des membres du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) semble avoir fait son chemin et des négociations sont en cours.
L'écrivain Moussa Ag Assarid, un des responsables du MNLA, fait le point sur la situation.
Pouvez-vous me parler de la situation actuelle au nord du Mali. Le territoire est-il libéré des groupes terroristes ?
 
Moussa Ag-Assarid : Nous qui sommes sur place, nous ne considérons pas que les islamistes soient partis.
 Il y a quelques jours encore, des hommes du Mouvement de libération national de l’Azawad (MNLA) ont été attaqués par le Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO). Et ils continuent de séquestrer les populations de certaines localités.
Nous savons que l’Opération Serval de l’armée française, notamment par ses attaques aériennes, l’armée tchadienne et l'armée du MNLA ont été efficaces sur le terrain mais nous considérons que leurs actions ont également été une grande frappe dans la fourmilière.
Les groupes narco-terroristes sont dispersés, mais leurs récentes attaques notamment à Kidal, Agadez (Niger) montrent qu’ils ont eu le temps et la possibilité de se réorganiser.
Quelle sera la stratégie de ces groupes désormais ?
 
Moussa Ag-Assarid : Les narco-terroristes ont tendance aujourd’hui à effectuer un retrait vers certains pays voisins avec des complicités locales dont des capitales. Aves cette stratégie ils infiltrent les Etats et maintiennent de fortes relations avec des hommes d’affaires qui les ont aidés à aller au coeur des systèmes d’Etat des pays voisins voire plus éloignés.
Les groupes comme le MUJAO et AQMI sont financés par des personnes qui sont soutenues au sein même de certaines capitales.
Une autre stratégie consiste à mener des actions terroristes, des attentats suicides réguliers qui visent particulièrement les Français, les Tchadiens et le MNLA - ces derniers ayant le plus souffert de ces actes de terrorisme.
Finalement, ils vont également essayer de se recycler, de se fondre dans dans la population et dans des organisations qui ne portent ni le nom de « djihad » ni celui d’« islam ».
Le MNLA a régulièrement proposé son aide à la France afin de lutter contre les groupes terroristes. Estimez-vous avoir été assez associés à l’Opération Serval ?
 
Moussa Ag-Assarid : Nous avons les mêmes objectifs que les Français en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme et il ressort des déclarations du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, que les hommes du MNLA ont « des relations fonctionnelles » sur le terrain.
Mais notre implication dans la lutte contre le terrorisme n'est pas assez reconnu officiellement par la France.
La reconstruction du Mali est désormais engagée et de nouvelles élections seront bientôt organisées. Le MNLA, après avoir déclaré l’indépendance du territoire historique des Touaregs au nord du Mali, l’Azawad, a réclamé une forme d’autonomie de son territoire. Avez-vous l’impression d’avoir été écoutés et de participer à ce processus de reconstruction ?
 
Moussa Ag-Assarid : Le MNLA est en état de belligérance avec le gouvernement du Mali. Il se bat pour le droit du peuple de l'Azawad dans toute sa diversité afin de s'autogérer.
Nous avons mené une guerre dans le respect des droits humains et l’histoire le retiendra. Maintenant, un émissaire chargé par le président par intérim du Mali de ces négociations est désigné et nous sommes actuellement en pourparlers pour trouver une solution et parvenir à un accord-cadre.
Quand cette autonomie sera-t-elle officielle ?
 
Moussa Ag-Assarid : Le statut juridique et politique spécifique de l'Azawad sera l'objet de l'accord définitif global prévu après l'élection du futur président par intérim du Mali avec les garanties de la Communauté Internationale.
Nous avons été sollicités par la médiation internationale à Ouagadougou (Burkina-Faso) du 8 au 11 juin 2013 pour négocier et aujourd’hui nous y croyons vraiment. Notre situation est prise en charge par les Nations Unies, par l’Union Européenne, l’Union Africaine, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest.
Beaucoup de personnes s’activent désormais et il n’y a plus de raisons qu’on ne trouve pas une solution.
Qu’en est-il de la réconciliation entre le nord et le sud du Mali. De nombreux experts estiment que la commission pour le dialogue et la réconciliation, mise en place à l’initiative de Bamako, est vouée à l’échec car elle n’est pas représentative de la population du nord du Mali. Il n’y a en effet que deux Touaregs au sein de cette commission. Qu’en pensez-vous ?
 
Moussa Ag-Assarid : Malgré tout ce que l'on reproche à cette commission, elle un rôle à jouer dans la cohésion entre les communautés.
Vous avez affirmé, il y a quelques mois, qu’une intervention armée au Mali pourrait se transformer en génocide tant l’armée malienne, du Sud, était revancharde contre les populations du nord. Qu’en est-il aujourd’hui ?
 
Moussa Ag-Assarid : C’est vrai ; et même s’il n’y a pas eu de génocide de grande ampleur, nous avons constaté de nombreuses exactions et le massacre de plusieurs milliers de personnes.
Cette terreur a été atténuée par la présence de la France et du Tchad.

AL-QAIDA PAPERS The following pages are part of a cache of documents that the Associated Press found on the floor in a building occupied by al-Qaida fighters for almost a year in Timbuktu, Mali. The AP has pieced together the order of the pages as far as possible.

http://hosted.ap.org/specials/interactives/_international/_pdfs/al-qaida-papers-dangerous-weapon.pdf

AL-QAIDA PAPERS
The following pages are part of a cache of
documents that the Associated Press found
on the floor in a building occupied by al-Qaida
fighters for almost a year in Timbuktu, Mali.
The AP has pieced together the order of the
pages as far as possible.COVER PAGE
In the name of God, the merciful, the compassionate.
Sam 7 Rocket (Land-Air)
Al-Qaida in the Islamic Maghreb.
PAGE 1 (313)
Heading: The major encyclopedia of weapons
Sam 7 Rocket (Land-Air) (SA-7)
The Russians invented this type of rocket in 1968. It is an anti-aircraft weapon. In
1972, some modifications were introduced to the initial shape which was later
named SA-7A. The modified version was called SA-7B.
Also, the original model was called SA-7A Model (0) and the modified model was
called SA-7B Model (1). *footnote: SA-7A is also called (9K32 Strela 2) and the SA-7B is also called
(9K32M Strela 2M).
PAGE 2 (314)
The names of SA-7:
The Russians call it Strela, which means ʻarrowʼ or ʻyouthʼ in Russian.
In the West they call it ʻGrailʼ.
The difference between SA-7A and SA-7B:
(table)
Specifications
The overall weight
Weight of the projectile rocket
Length
Maximum range
Effective range
Minimum range
Battery range after launch
Battery voltage
Time of rocketʼs self-explosion
Weight of the explosive in the projectile headPAGE 3 (315)
Parts of the rocket:
1-Eye piece
2-The automatic pilot
3-Guiding fins
4-Guiding system
5-Destruction device
6-Pushing system
7-Balancing fansPAGE 4 (316)
General information on the characteristics of the rocket:
1-It is a defensive weapon used against low-flying, slow-speed planes.
Usually, it is useful in protecting cities and military bases. It is also used
occasionally against fast planes when they are slowing down (taking off or
landing).
2-It is light in weight and easily carried and transported.
PAGE 5 (317)
3-It is used for two purposes: a) to destroy planes, b) to force planes to fly at a
high-altitude.4-After launch, the battery and the pipe are discarded and the launcher
(gripstock) can be used over 750 times.
5-The team operating the weapon is comprised of two: the launcher and the
assistant.
6-Shooting should only be at the targets that the rocket can recognize.
7-The target is followed at a certain angle.
8-Every rocket has two batteries.
9-Its operation is not complicated and can be easily understood.
10-Inexpensive and can be obtained quite cheaply.
11-It is small in size and cannot be traced by the enemyʼs various methods
(reconnaissance flights, radars...etc).
12-It tracks the plane in the correct way if it moves right or left after the rocket
is launched. It cannot track planes if they ascend sharply upward.
The disadvantages of the rocket:
1-It is easily affected by weather conditions (rain, wind, humidity, snow).
2-It tracks heat and high humidity and strong light. It also follows light
reflections on snow and trees early in the morning.
3-It releases a large amount of smoke from the read-side outlet on the pipe
which leads to the launch locationʼs discovery.
4-It drops 6 degrees after launch.
5-The batteryʼs validity period is short and it should be launched during that
period or the battery will have to be replaced if it has expired.
6-Battery cannot be recharged.
PAGE 6 (318)
7-Its effectiveness against military planes is very low because of those planes
are much faster than the rocket itself.
Note:
....

Publié in La guerre au Mali. Comprendre la crise au Sahel et au Sahara : enjeux et zones d'ombre (Galy M. et Badie B., éds), Editions La Découverte, Paris, 2013, 125-147. La « question touarègue » : quels enjeux ? Hélène Claudot-Hawad*

Publié in La guerre au Mali. Comprendre la crise au Sahel et au Sahara : enjeux et zones d'ombre
(Galy M. et Badie B., éds), Editions La Découverte, Paris, 2013, 125-147.
La « question touarègue » : quels enjeux ?
Hélène Claudot-Hawad*
La « question touarègue » a plus de cent trente ans. Elle traduit d’abord un
problème français né de la résistance que les combattants touaregs opposent, à la fin
du XIXe
siècle, à la pénétration coloniale du Sahara. Avant les militaires, les
explorateurs ont lancé, avec plus ou moins de succès, des expéditions de
reconnaissance. Ils ont topographié les lieux et rassemblé des informations sur les
populations et leurs « dispositions » envers les puissances extérieures et leurs
ambitions commerciales. Les convoitises européennes sont alors focalisées sur les
échanges transsahariens dans un contexte de forte concurrence entre la France et
l’Angleterre. La France élabore un ambitieux projet de chemin de fer à travers le
Sahara dans la perspective de relier les colonies françaises de l’Algérie et du Soudan,
mais la seconde mission du colonel Paul Flatters, envoyée en repérage, est massacrée
par les Touaregs en février 1881.
L’image des Touaregs s’assombrit : perçus comme un obstacle à l’expansion
coloniale et commerciale française, leur portrait s’élabore désormais en contrepoint de
celui des « civilisés ». Barbarie, anarchie, archaïsme, féodalisme, fanatisme,
irrédentisme… Tous les ingrédients classiques qui servent à déshumaniser l’adversaire
sont mobilisés, permettant de légitimer l’entreprise coloniale. Ce n’est qu’une fois le
danger écarté que la bravoure, l’habileté guerrière et l’endurance au combat des
Touaregs seront évoquées afin de rehausser le prestige de ceux qui les ont défaits. Ces
motifs popularisés par la presse, les livres scolaires, les romans d’aventure, le cinéma
*
Anthropologue, Directrice de recherche au CNRS, UMI 3189.
halshs-00829029, version 1 - 1 Jun 2013
Manuscrit auteur, publié dans "La guerre au Mali. Comprendre la crise au Sahel et au Sahara : enjeux et zones d'ombre, GALY
Michel (Ed.) (2013) 125-147"

Ibanakal Tourna il y a 8 minutes @touaregconnections#On suit la mascarade d'accords de paix à Ouaga que nous infligent la Françafric depuis 1916..comme tous les precedents ça s'apparente à une redition sous le coup du chantage élyseen.Fausse paix et faux espoirs en perspectives#

@touaregconnections#On suit la mascarade d'accords de paix à Ouaga que nous infligent la Françafric depuis 1916..comme tous les precedents ça s'apparente à une redition sous le coup du chantage élyseen.Fausse paix et faux espoirs en perspectives#

lundi 10 juin 2013

Bamako et Kidal font la paix à Ouagadougou / Crise malienne

Bamako et Kidal font la paix à Ouagadougou
Crise malienne
Publié dans Horizons le 10 - 06 - 2013

Cessation des hostilités pour créer les conditions de sécurité indispensables à la tenue d'élections libres et transparentes tout en favorisant le retour des réfugiés et des personnes déplacées ; redéploiement de l'administration générale et des forces armées au Nord, en particulier à Kidal, selon des modalités à négocier, création d'un mécanisme de suivi et d'évaluation, comme mesure d'accompagnement, composé de partenaires du Mali, et poursuite des pourparlers de paix après la présidentielle en vue de l'établissement d'une paix définitive et d'un développement durable et inclusif : tels sont les quatre points de « l'accord intérimaire pour le règlement de la crise » de notre voisin du Sud, soumis, hier, àOuagadougou, par Blaise Compaoré, le président burkinabé et médiateur désigné par l'Afrique de l'Ouest, à Tiébilé Dramé, l'émissaire de Dioncounda Traoré, le président malie, et à Mahamadou Djéri Maïga, le vice-président de la commission mixte du Mouvement national de libération de l'Azawad et du Haut conseil pour l'unité de l'Azawad. Cette mouture de base, légèrement corrigée par Djibrill Bassolé, cheville ouvrière de la médiation burkinabe et des représentants de la communauté internationale (ONU, UE, UA) après les observations et les propositions des deux parties, n'a pas été adoptée hier soir comme prévu. Elle le sera probablement, aujourd'hui. Parmi les raisons du retard du paraphe de cette « feuille de route » qui permettra la tenue de la présidentielle prévue le 28 juillet prochain sur tout le territoire malien : le démarrage des pourparlers avec 24 heures de retard, la persistance de la « méfiance » accentuée par la reconquête d'Anefis par l'armée malienne, qui se tient toujours prête à marcher sur Kidal et le refus de Bamako de l'utilisation dans le document à signer du concept « Azawad ». Chacune des parties affiche néanmoins sa volonté d'enterrer la hache de guerre et « marquer un pas vers la paix ». La délégation de Bamako, qui a transmis dès dimanche, ses observations à la médiation, affiche son « optimisme ». La commission MNLA-HCUA, qui a, dès l'ouverture des pourparlers samedi, réitéré son refus de la présence de l'armée et de l'administration maliennes à Kidal, a accepté de lâcher du lest. Bamako aussi. Les deux parties ont dit « oui » à une proposition des Burkinabés : cantonnement des groupes armés touareg avec encadrement assuré par l'armée française, déjà présente à l'aéroport de Kidal et la Minusama, et retour graduel des forces armées maliennes. Selon Ouagadougou, un comité technique sera mis en place pour définir les modalités de ce déploiement qui doit se dérouler avant le 28 juillet. Autre grande avancée dans la capitale ouest africaine : les deux parties se sont accordées sur le respect de « l'intégrité territoriale » et de la laïcité de l'Etat. A Bamako et ailleurs, l'optimisme reste mesuré. « Signer un accord, c'est bien, le respecter strictement sur le terrain, c'est encore mieux », dit-on. Si certains se demandent déjà comment Bamako va s'y prendre pour désarmer les groupes armés du Nord, d'autres rappellent deux vérités. La première. « La situation n'est pas difficile seulement à Kidal mais aussi à Menaka, Gao, Tombouctou où la défiance entre les communautés est très toujours très forte ». La seconde. Les deux parties ne sont pas à leur premier acte. Celui qu'elles ont signé en 1992 a suivi de trois années de violences.

Le premier contingent de 750 soldats, en formation à Koulikoro, dans le cadre de la mission de formation de l’UE, devait sortir ce samedi 8 juin pour rejoindre leurs frères d’armes à Anefis, dans la perspective d’une lutte armée pour la conquête de Kidal, dès ce mardi, en cas d’échec des négociations de Ouagadougou. Seulement voilà : les soldats concernés pour ne pas monter au front ont formulé deux revendications inacceptables. Il s’agit de l’octroi de primes et de galons. La hiérarchie a été catégorique en rejetant leurs prétentions. Conséquence : la sortie n’a pas eu lieu. Les militaires ont donc été mis en congé, en attendant des sanctions, qui pourront aller jusqu’à la radiation.

Le premier contingent de 750 soldats, en formation à Koulikoro, dans le cadre de la mission de formation de l’UE, devait sortir ce samedi 8 juin pour rejoindre leurs frères d’armes à Anefis, dans la perspective d’une lutte armée pour la conquête de Kidal, dès ce mardi, en cas d’échec des négociations de Ouagadougou. Seulement voilà : les soldats concernés pour ne pas monter au front ont formulé deux revendications inacceptables. Il s’agit de l’octroi de primes et de galons. La hiérarchie a été catégorique en rejetant leurs prétentions. Conséquence : la sortie n’a pas eu lieu. Les militaires ont donc été mis en congé, en attendant des sanctions, qui pourront aller jusqu’à la radiation.http://www.maliweb.net/news/editorial/2013/06/10/article,151594.html

Terakaft : des Touaregs à Budapest


Après une tournée qui les a mené du Mali à l'Amérique et de l'Amérique à la France, le groupe de rock touareg Terakaft jouera ce samedi à l'A38 à Budapest, pour un concert exceptionnel. Le niveau du Danube devrait avoir suffisamment baissé d'ici le week-end prochain pour permettre la tenue de l'évènement.
Les musiciens de Terakaft jouent une musique des grands espaces. Ils font souffler le vent du désert jusque sur les plaines hongroises. Leur quatrième album, Kel Tamasheq, vient de sortir, produit par le britannique Justin Adams, qui avait travaillé avec le "grand frère" Tinariwen.
Terakaft nous offre ce que l'on a pris coutume d'appeler du "blues rock touareg". Pour cause, sur de bonnes vieilles guitares Fender, ils mêlent bourdon lancinantchant de chants en tamasheq et accords saturés, le tout sur un rythme complètement endiablé joué aux percussions berbères.
Ce style de musique est né dans les années 1990, sous les doigts de transfuge de la rébellion touareg ayant décidé d'échanger les fusils contre les guitares, et les balles contre les décibels. Ils sont devenus les meilleurs ambassadeurs de la cause touareg et, dans ces temps troublés pour le Mali, leur musique représente l'espoir d'une paix nouvelle dans cette région de l'Afrique.
  • Rendez-vous le 15 juin, à l'A38, pour un grand moment de musique.

NDLR: un exposé jacobin qui a peur des maux et a du mal à les definir par des mots tels :Federalisme,ou autonomie..bref la mascarade d'"accords de paix"à la française !!

Comment réconcilier les protagonistes du conflit malien?

Alexis Dieth - blogs.mediapart.fr/
Comment résoudre le conflit malien par la démocratie? Poser cette question permet de rechercher la solution du problème malien dans une démocratie différente de la démocratie de consensus et d’unanimité qui eut cours au Mali après la chute de la dictature. Cette démocratie de consensus, qui devait permettre de construire une société réconciliée dans sa diversité culturelle et confessionnelle afin d’engager pleinement les Maliens dans la modernité politique, fut souvent décriée par les Maliens eux-mêmes malgré le triomphalisme de la communauté internationale.
La désintégration du corps politique malien dans le séparatisme et l’intégrisme confessionnel a signifié que la démocratie de l’unanimité n’avait pas permis de réaliser l’intégration politique et économique de la pluralité, intégration qui constitue le télos du régime démocratique. Cette démocratie avait reconduit la logique de l’unification et de l’adhésion forcées, qui a fini par tuer l’affrontement idéologique et la lutte démocratique en interdisant l’expression de la différence et la manifestation de la dissidence.
Plus profondément, la démocratie du consensus n’avait pas permis de reconstruire le corps politique malien sur de nouveaux principes et de nouvelles valeurs démocratiques en réalisant la synthèse de l’universalisme et du particularisme. Cette synthèse indispensable est en réalité la gageure que doivent pouvoir relever les discussions entre les protagonistes du conflit malien à Ouagadougou en formulant les axes généraux d’un projet de société qui la rende possible. Il faut parvenir à réaliser l’accord des parties sur un concept d’unité républicaine qui fonde sa substance sur la coexistence de la pluralité et sur la reconnaissance de la particularité, sur la libre expression de la différence et sur l’autorisation de la dissidence par rapport à l’avis de la majorité.
Car, le fond du problème malien, comme celui de la plupart des crises politiques dans les Etats africains francophones, réside dans l’affrontement entre une vision républicaine jacobine centralisatrice et anti-particulariste du corps politique et une vision communautariste enracinée dans une logique d’homogénéité ethnoculturelle. Au Mali, une culture du contrôle jacobin du territoire et de la population par un Etat central unificateur affronte une culture de la différence identitaire d’un peuple qui revendique son particularisme et fonde sa pérennité sur la conservation de sa spécificité et de ses valeurs culturelles. Ces deux visions antinomiques du monde s’unissent toutefois dans le refus consensuel de la différence et s’affrontent pour instituer un modèle de société homogène dont la cohésion repose sur l’évacuation de l’expression de la différence et de la contradiction.
Cet accord de fond sur le refus de la différence est paradoxalement la source de l’irréductibilité de leurs antagonismes. Comment réconcilier alors ces deux visions antinomiques ou, plus exactement, comment surmonter l’antinomie pour pouvoir réconcilier les protagonistes?La solution de cette antinomie se trouve, d’une part, dans l’abrogation réciproque de la culture du refus de la différence par les deux parties et, d’autre part, dans le dépassement de la démocratie de consensus qui, en renforçant la logique de la négation des particularismes, a stimulé la tendance centrifuge de l’irrédentisme touareg .
L’échec de la démocratie du consensus d’Amadou Toumani Touré, l’ex-président malien, montre que la réconciliation des parties est à rechercher dans un modèle de démocratie qui en soit l’antithèse. Il est question de construire un nouveau modèle d’Etat républicain démocratique qui fonde l’unité du corps politique sur l’expression des différences et des divergences et en lequel le contrôle et la surveillance de l’Etat par la population se substitue au contrôle et la surveillance de la population par l’Etat. Il est question de rassembler les protagonistes du conflit malien sur le projet d’un nouveau corps politique qui établit le contrat social sur l’affrontement des opinions et des intérêts et sur la résolution institutionnelle des conflits sociaux sous le principe du service de l’intérêt général.
Pour donner corps à cette « paix définitive » et à ce « développement inclusif dans le nord Mali » que le Président Blaise Compaoré appelle de ses vœux, il faut que le modèle de l’Etat républicain se réalise comme espace de vie de la pluralité et de la diversité en intégrant dans son concept d’unité rationnelle, les particularismes, la dissidence et l’affrontement des opinions et des intérêts. La société bien organisée et pacifique, de nos jours, n’est pas la société homogène qui expulse les différences et d’où les contradictions et les conflits sont évacués pour sauvegarder l’unanimité.
C’est, au contraire, une société diversifiée qui intègre les différences et favorise l’expression des contradictions et des conflits afin de les résoudre institutionnellement par le compromis. Un tel projet de société pourrait être extrait de la position conflictuelle et apparemment antinomique des protagonistes du conflit malien. Par delà l’apparente irréductibilité de leurs antagonismes, semble exister entre les belligérants une certaine convergence informulée qui permet de penser que cette démocratie de la contradiction, de la divergence, de l’affrontement politique entre majorité et minorité, affrontement fondé sur l’unité vivante de l’universalisme citoyen et du particularisme culturel, est le point nodal d’un rassemblement possible.
Faut-il en effet interpréter la décentralisation proposée par l’Etat malien comme une volonté de faire du peuple Touareg, un bantoustan sous la tutelle économique et politique de l’Etat central dans le territoire malien, ou comme une reconnaissance de la différence culturelle et confessionnelle du peuple touareg ? Le refus de l’autonomie touareg, à l’intérieur du territoire malien, a-t-il le sens de l’enfermement et de la ségrégation d’une minorité culturelle dans la nation malienne ou plutôt celui de l’intégration du peuple touareg dans l’Etat malien, sous le principe de l’égalité républicaine, dans une union citoyenne des peuples du Mali ?
A contrario, demander l’autonomie tout en acceptant de renoncer à la volonté d’indépendance, comme le font les Touaregs, est-ce refuser de reconnaître l’autorité de l’Etat central, ou est-ce vouloir pouvoir contrôler et surveiller cet Etat de telle sorte qu’il puisse servir les intérêts régionaux des Touaregs dans le cadre du service de l’intérêt général du peuple malien en sa diversité ? Est-ce refuser d’être malien ou est-ce plutôt demander d’être reconnu comme malien dans l’affirmation d’une différence culturelle? Réclamer la sécurisation du scrutin présidentiel par les forces de l’ONU, est-ce simplement dénoncer la partialité de l’Etat malien ou demander un Etat impartial qui serve l’intérêt général ? Dans les demandes divergentes et antinomiques des parties en conflit, l’on pourrait alors déceler l’aspiration commune à une nouvelle société démocratique en laquelle la reconnaissance de la citoyenneté républicaine s’allie à celle de l’identité culturelle dans un cadre d’affrontement et de résolution institutionnelle des différences et des divergences. Pour que cette convergence des différences s’effectue pleinement, il faut toutefois que les protagonistes du conflit malien se convertissent mentalement, d’une manière pragmatique, aux nouvelles valeurs de respect des droits des personnes et des collectivités, ainsi qu’à celles de l’égalité en tant que redistribution et relation de justice entre des citoyens ; valeurs qui sont les principes de la démocratie électorale-représentative. Ils doivent entreprendre intérieurement une révolution mentale qui leur permette d’abandonner réciproquement la conception homogénéisante et discriminatoire du corps social qui est contenue autant dans le centralisme jacobin négateur des particularismes que dans le communautarisme identitaire antimoderniste qui hiérarchise la société et refuse l’intégration des étrangers.
Ce dont il s’agit est de résilier le modèle holiste unanimiste et globalisant du corps politique pour pouvoir construire une société de la conflictualité, de la contradiction et de la divergence. Ce modèle de société holiste, qui structure encore la vision du monde des protagonistes maliens, est la source du conflit qui les oppose. Mais il est aussi la racine profonde des guerres civiles qui déchirent les Etats multiethniques africains en général. Par cette révolution psychologique, qui permettrait aux protagonistes du conflit malien de se retrouver dans le même espace mental de la modernité politique et de ses valeurs, leurs positions antinomiques pourraient alors se rejoindre dans le nœud d’un accord. La démocratie du consensus, qui homogénéise le corps politique en évacuant les dissidences et les contradictions conduisant ainsi au séparatisme, pourrait être alors abandonnée au profit d’un accord sur une démocratie du conflit qui unifie le corps politique par l’intégration des différences.
La démocratie de l’unanimité, qui contraint la minorité à se ranger aux opinions de la majorité en renonçant aux siennes, et qui finit par nier les intérêts des minorités au profit de ceux d’une oligarchie dominante, pourrait être jetée aux orties au profit d’un accord des parties sur une démocratie de la libre expression des divergences et de la représentation politique des intérêts de la pluralité sociale. Les divergences pourraient donc converger si les élections qui doivent établir un nouvel Etat malien pouvaient ne pas apparaître comme des élections artificielles soumises à des pressions externes où la déclaration de la volonté générale légitimerait un Etat centralisateur qui se déchargera de ses responsabilités envers les peuples et leurs besoins quotidien après les élections.
L’accord qui doit réconcilier les protagonistes ne doit donc pas être recherché dans leur consentement à vivre sous un régime politique dans lequel l’unité se paie au prix de l’uniformisation, de la négation des différences et des particularismes, de la renonciation aux dissidences et aux conflits d’opinions. Il doit être plutôt recherché dans l’autorisation des particularismes et des divergences, dans l’affirmation des identités et dans la formulation des opinions dissidentes. La formule réconciliatrice est la formule qui définit la conflictualité des opinions et des intérêts comme base du nouveau contrat social. La formule de la réconciliation est celle qui définit clairement les cadres institutionnels à travers lesquels les intérêts des acteurs sociaux seront politiquement représentés et leurs divergences et conflits résolus dans le compromis sous le principe de l’égalité républicaine.
Ce nouveau modèle républicain, où l’universalisme s’allie aux particularismes, cette démocratie du respect des particularités, où la citoyenneté se conjugue avec la mémoire et où l’unité sociale vit de l’affrontement des opinions et des intérêts, est le modèle démocratique du nouveau monde ouvert qui se dessine au XXIème siècle. Et c’est la médiation qui pourrait permettre au Mali, comme aux Etats africains en crise, de surmonter leur scission interne.
http://blogs.mediapart.fr/blog/alexis-dieth/100613/comment-reconcilier-les-protagonistes-du-conflit-malien

Niger et Tchad : les nouvelles cibles d'Al-Qaïda



terrorisme(1235) - AQMI(1045) - mujao(257) - Mokhtar Belmokhtar(79)


10/06/2013 à 07h:44 Par Rémi Carayol


Débris du véhicule piégé utilisé pour l'attentat du 23 mai. © AFP

Victimes collatérales de la chute de Kaddafi, puis acteurs de l'intervention militaire au Mali, les présidents Issoufou et Déby Itno sont plus que jamais dans le collimateur des jihadistes.

Silence dans les rangs des officiels nigériens. On évite, désormais, d'accuser publiquement la Libye d'héberger les groupes terroristes de la région. Même en « off », la réserve est de mise. « Ce n'est pas le moment d'envenimer la situation. On veut calmer le jeu », explique un diplomate nigérien. Ces dernières semaines, ce proche du président Mahamadou Issoufou n'a cessé d'alerter sur la menace qui se constitue dans le sud de la Libye, une zone de non-droit décrite par de nombreux experts comme « le nouveau sanctuaire des jihadistes ». Mais depuis quelques jours, il fait profil bas. Le ton entre les deux voisins est monté trop haut, trop vite.

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La première anicroche a eu lieu le 26 mai à Addis-Abeba, trois jours après le double attentat d'Arlit et d'Agadez (35 morts, dont une majorité de soldats et une dizaine de jihadistes) qui a été revendiqué, à quelques heures d'intervalle, par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) puis par Les Signataires par le sang, le groupe de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar. Dans le huis clos des chefs d'État et de gouvernement du sommet de l'Union africaine, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Mohamed Bazoum, a dénoncé l'incapacité de Tripoli à contrôler ses frontières méridionales.

Le lendemain, nouvelle passe d'armes. À Agadez, où il est venu constater l'extrême violence de l'attaque qui a été menée par les kamikazes contre une garnison de l'armée, Issoufou pointe une nouvelle fois du doigt la Libye, d'où, dit-il, seraient venus les assaillants. Ces attaques, accuse-t-il, confirment que « la Libye continue d'être une source de déstabilisation pour les pays du Sahel ». Rien de neuf : il le répète depuis la chute de Mouammar Kaddafi. Quelques heures plus tard, le Premier ministre libyen, Ali Zeidan, en visite à Bruxelles, contre-attaque. Rien ne prouve que les auteurs de ce double attentat venaient de Libye, se défend-il, avant d'assurer que son pays « n'est pas un foyer de terrorisme ».

Arsenal

Vaine défense. Personne ne doute, aujourd'hui, de la présence dans le Sud libyen d'un grand nombre de groupes jihadistes armés. « Il est difficile de dire qui s'y trouve, et où. Mais il est certain que des groupes s'y sont reconstitués », estime Mathieu Pellerin, chercheur associé à l'Institut français des relations internationales. Outre une bonne partie de l'arsenal que Kaddafi s'était constitué avant sa chute, et de nombreux camps d'entraînement qui ont servi de base pendant des années aux rebelles touaregs nigériens et maliens armés par le « Guide », on y croise des Soudanais, des Égyptiens, des Tunisiens, des Libyens évidemment, et certainement aussi des Algériens, des Nigériens, des Maliens... Depuis que les autorités algériennes ont bouclé leur frontière avec le Mali, quelques jours après le début de l'opération Serval lancée par la France, la Libye - via le nord du Niger et notamment la passe de Salvador, un passage obligé (mais extrêmement difficile à surveiller) qui se situe à la jonction des frontières nigérienne, algérienne et libyenne - est leur seul refuge.

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Aqmi

Le plus dur est de franchir la passe. Pour ce faire, les jihadistes ont déjoué l'étroite surveillance aérienne menée dans la zone par les Algériens, les Nigériens, les Français et les Américains à l'aide d'avions de reconnaissance et de drones. « Ils forment de petits convois de un, deux ou trois pick-up pour ne pas être repérés. Certains se déplacent même à dos de chameau, confie le ministre nigérien de la Défense, Mahamadou Karidjo. Malgré tous nos efforts, nous ne pouvons pas faire grand-chose. Il est très difficile de surveiller un territoire aussi vaste et des frontières aussi poreuses. »

De fait, la présence en Libye des éléments d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ne fait plus guère de doute. Les liens de ce groupe avec les jihadistes libyens sont anciens. Deux des figures d'Aqmi, Abou Zeid (donné pour mort par le Tchad et la France) et Mokhtar Belmokhtar (dont la mort, annoncée par N'Djamena, reste à confirmer), avaient été aperçues dans la province du Fezzan en 2011. Belmokhtar s'y était même installé un temps, près d'Oubari, dans le Sud-Ouest, peut-être dans l'optique de s'y constituer une base de repli. Tous les observateurs remarquent que le double attentat d'Arlit et d'Agadez porte sa signature. « C'est le même procédé qu'à In Amenas », indique une source sécuritaire française. Revendiqué par Belmokhtar, l'assaut meurtrier du site gazier algérien, le 16 janvier, « aurait été totalement impossible sans une coordination étroite avec les cellules jihadistes libyennes », notait il y a quelques semaines un expert dans ces mêmes colonnes.

En revanche, la présence d'éléments du Mujao est moins certaine. Les services de renseignements occidentaux situent leurs points de chute au Niger, en Algérie, peut-être même au Tchad et au Soudan (sans compter ceux qui se terrent au Mali), mais pas en Libye. Les spécialistes rappellent en outre que les liens entre le Mujao et Aqmi sont ténus.

Sur place, si l'on en croit les informateurs des autorités nigériennes qui vivent dans cette zone - des Touaregs et des Toubous principalement -, c'est un paradis sur terre pour les troupes de l'internationale jihadiste. « Le Sud libyen est un territoire où règne l'anarchie, contrôlé par des milices touarègues, touboues et arabes », glisse une source sécuritaire nigérienne. Ces milices n'ont rien d'islamiste et ne voient pas d'un très bon oeil cette arrivée massive susceptible de faire capoter leurs trafics de cigarettes, de drogue et d'armes. Mais elles ne veulent pas d'une confrontation avec ces nouveaux venus redoutablement armés.

Les jihadistes, qui bénéficient de complicités jusqu'à Tripoli, y font donc ce qu'ils veulent. Ils s'y procurent des armes, pour la plupart issues de l'arsenal de l'armée kaddafiste, et réinvestissent les camps d'entraînement laissés à l'abandon depuis la chute du « Guide ».

Les services de renseignements nigériens situent le gros des troupes de cette nébuleuse dans les régions de Sebha et d'Oubari. Mais leur QG se trouverait bien plus au nord, au bord de la mer Méditerranée, dans la région de Benghazi. Rien de surprenant : les ramifications entre le Sud et la côte est, où l'on trouve de nombreux groupes jihadistes, sont connues.

Coopération

À Niamey, on est ainsi persuadé que le double attentat du 23 mai a été fomenté à Derna, l'ancienne capitale de la province de Cyrénaïque située à l'est de Benghazi, bien loin d'Arlit et d'Agadez. Une dizaine de jours avant l'offensive éclair, combattants de retour du Mali et jihadistes libyens s'y seraient réunis pour identifier les cibles à atteindre tant au Niger qu'au Tchad. Ordre aurait été donné d'attaquer les intérêts des deux pays les plus impliqués dans l'intervention armée au Mali, en partie responsables de leur débandade.

Au Niger, où l'enquête sur les attentats progresse dans le plus grand secret, voilà plusieurs mois que l'on tente de se rapprocher de Tripoli. Niamey souhaiterait notamment mettre en place des patrouilles mixtes avec la Libye, à l'instar de ce qui se fait depuis quelques mois au sud, avec le Nigeria. Mais il n'y a rien à faire. « On n'a pas de contacts. Il n'y a pas d'autorité en Libye », déplore un diplomate. Selon lui, le temps presse. « On savait qu'il y aurait un risque un jour. Mais on ne pensait pas qu'il se matérialiserait si vite. On n'imaginait pas que les jihadistes pourraient se reconstituer aussi rapidement. Et cela n'aurait jamais été possible s'ils n'avaient pu bénéficier d'un tel sanctuaire. »


Retour à l'envoyeur


S'agit-il d'une riposte des autorités libyennes aux accusations récurrentes de Niamey ? Fin mai, des centaines de ressortissants d'Afrique de l'Ouest (entre 800 et 1 500 selon les sources) qualifiés de clandestins par Tripoli, et parmi lesquels figurent une majorité de Nigériens, ont été refoulés de Libye. Entassés dans des camions, ils ont été envoyés au Niger. « Nous avons été tenaillés par la soif et la faim, il y a eu deux morts durant le voyage qui a duré une semaine à travers le désert, a témoigné un immigrant lors de son arrivée à Agadez. Nous avons tout laissé en Libye, on nous a tout confisqué. » Un autre camion transportant des immigrés tchadiens aurait pris la route du Tchad. Selon un représentant de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) cité par RFI, les refoulements de ce type sont fréquents depuis le début de cette année. R.C.



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Mali : un général rwandais à la tête de la Minusma


ALERTE

La force des Nations unies au Mali (Minusma)sera dirigée par le général rwandais Jean-Bosco Kazura. Jean-Bosco Kazura a déjà servi en tant que commandant adjoint de la force de l’Union africaine au Darfour (Soudan). Au Mali, il aura la charge des 12 600 militaires déployés par l’ONU. Jean-Bosco Kazura sera secondé par un général nigérien et un chef d’état-major français. Le Tchad avait exprimé le souhait de diriger la Minusma, mais la candidature du général tchadien présentée par Ndjamena n’a pas été retenue. Les premiers casques bleus seront déployés dans le nord du Mali à partir du 1er juillet.