lundi 25 février 2013

Mali: l'armée face à un ennemi redoutablement armé


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Ces armes, récupérées par les forces spéciales maliennes, l'armée française ou encore par des groupes de "jeunes patriotes", proviennent de "stocks de l'armée malienne -il y a eu des défections massives avec des capacités militaires-, mais aussi de la gendarmerie sénégalaise ou d'autres pays limitrophes", a indiqué le colonel Mariko.
Ces armes, récupérées par les forces spéciales maliennes, l'armée française ou encore par des groupes de "jeunes patriotes", proviennent de "stocks de l'armée malienne -il y a eu des défections massives avec des capacités militaires-, mais aussi de la gendarmerie sénégalaise ou d'autres pays limitrophes", a indiqué le colonel Mariko.
Obus de chars, lance-roquettes multiples, fusils de précision, M16 : dans la région de Gao (nord), l'armée malienne doit faire face à un ennemi autant, voire mieux équipé qu'elle, la principale menace restant, selon les militaires français, les engins explosifs artisanaux.
Alignés sur la base 1 de l'aéroport de Gao, aux côtés de fusils d'assauts américains M16, de fusils de précision de fabrication tchèque, et autres roquettes russes ou chinoises, des explosifs et des détonateurs mais aussi des uniformes de différents corps de l'armée malienne.
Pour le colonel-major Didier Dacko, commandant opérationnel de la zone, "l'impression qu'on a, c'est qu'eux et nous (armée malienne) avons quasiment les mêmes armes, sauf la troisième dimension, l'aviation, qu'ils n'ont pas".
"Ils ont aussi des engins blindés, mais on s'est rendu compte qu'ils ne savaient pas les utiliser ou les réparer", relève-t-il.
"Ca nous donne une idée d'une armée, en fait des organisations qui ont les capacités d'une armée, la capacité de destruction d'une armée", a déclaré pour sa part le colonel Laurent Mariko, commandant de la zone de Gao, lors d'une présentation dimanche à la presse d'armements saisis depuis le 26 janvier, date de la reprise de la principale ville du nord du Mali aux islamistes armés qui l'occupaient depuis dix mois.
Ces armes, récupérées par les forces spéciales maliennes, l'armée française ou encore par des groupes de "jeunes patriotes", proviennent de "stocks de l'armée malienne -il y a eu des défections massives avec des capacités militaires-, mais aussi de la gendarmerie sénégalaise ou d'autres pays limitrophes", a indiqué le colonel Mariko.
Au milieu du stock d'armes, un panier de roquettes de fabrication russe, à monter sur hélicoptère, mais aussi des autocollants du drapeau des Emirats arabes unis, présentés par erreur à la presse comme "libyens".
"La perfidie pour mode opératoire"
"Ils peuvent avoir subtilisé ces armements au niveau des structures militaires de leurs pays", estime le colonel-major Dacko. "On sait qu'il y a des Mauritaniens, des Nigériens, des Algériens parmi eux. Il peut aussi y avoir des Sénégalais même si on n'en a pas la preuve", ajoute-t-il
"Les pègres n'ont pas besoin de nationalité", assène le colonel Mariko, qui insiste sur "le caractère transnational de ces groupes" dont, dit-il, "le mode opératoire privilégié est la perfidie".
Selon un haut responsable militaire malien, les éléments islamistes qui ont réussi à s'infiltrer jeudi dans la mairie et le palais de justice de Gao portaient, qui une veste d'uniforme malien, qui un pantalon d'uniforme.
Pour le colonel Mariko, la découverte de "déguisements" (uniformes de l'armée malienne, de la protection civile, casques de pompiers) prouve que "ces gens n'ont pas de signe distinctif et peuvent opérer partout".
"On trouvera d'autres caches d'armes, on intervient sur indication ou après enquête", explique-t-il, soulignant que "la tâche n'est pas finie. On va élargir le périmètre sécuritaire".
Les forces françaises s'inquiètent en particulier de la découverte d'IED (Improvised Explosive Device), qui étaient déjà leur cauchemar en Afghanistan. "Ce qui nous inquiète le plus ce sont les moyens artisanaux mis en oeuvre, avec les roquettes, notamment de 122", déclare le colonel Denis Mistral.
Selon lui, "les groupes armés jihadistes arrivent à mettre en place des systèmes télécommandés avec des téléphones et ils le font pour faire peser une menace permanente sur la ville de Gao".
"On cherche ces systèmes-là en permanence de manière à les détruire. On en a encore trouvé la nuit dernière. C'est une des choses difficiles à gérer", ajoute-t-il, soulignant qu'"il faut innover en permanence, de jour et de nuit, pour surprendre l'ennemi".
Selon des sources militaires maliennes et françaises, plusieurs des éléments islamistes infiltrés jeudi au centre de Gao étaient porteurs de ceintures d'explosifs. Un IED avait été installé précisément à l'entrée des jardins de la mairie, mais les démineurs français ont découvert que son artificier n'avait pas eu le temps de l'activer.

Mali : le martyre de Gao | Jeuneafrique.com - le premier site d'information et d'actualité sur l'Afrique

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LETTRE D’HUGO CHAVEZ À L’AFRIQUE (21 FÉVRIER 2013) : « FORMONS UN SEUL PEUPLE, UN SEUL CONTINENT, NOUS NE POUVONS RIEN ATTENDRE SINON DE NOUS-MÊMES »


LETTRE D’HUGO CHAVEZ À L’AFRIQUE (21 FÉVRIER 2013) : « FORMONS UN SEUL PEUPLE, UN SEUL CONTINENT, NOUS NE POUVONS RIEN ATTENDRE SINON DE NOUS-MÊMES »

Au moment où une part croissante de la gauche européenne se convertit au « droit d’ingérence » qu’elle critiquait il y a quelques années et où, complices de l’impunité, les médias occidentaux minimisent les milliers de victimes civiles de bombardements « humanitaires » ou « laïcs » (Afghanistan, Libye, Mali, etc…), les latino-américains ne sont pas dupes des habits neufs du colonialisme. Ils savent qu’au-delà du contrôle des matières premières, c’est l’unité politique du Sud qui est visée. La volonté des gouvernements progressistes latino-américains de développer des relations Sud-Sud (suivant la ligne tracée du Congrès de Panama organisé par Bolivar en 1828 au sommet de Bandoeng en 1955…) n’a rien à voir, contrairement à ce que martèlent les médias occidentaux, avec un quelconque « appui aux dictateurs ».
Lorsque le président brésilien Lula da Silva signa avec la Turquie un Pacte appuyant le droit de l’Iran à développer l’énergie nucléaire civile et qu’il critiqua « l’ ingérence des occidentaux dans les élections et dans la vie politique de l’Iran », quand les présidents Evo Morales, Cristina Fernandez ou Rafael Correa notamment, signent d’importants traités et contrats avec les iraniens, ils ne font qu’appliquer ce qu’il y a plus de trente ans un certain Régis Debray conseillait au prince à propos des pays du « socialisme réel ». Plutôt que d’entrer dans le Disneyland de la Guerre Froide en les ostracisant, développer une stratégie plus subtile et plus ambitieuse, garder des relations politiques et diplomatiques avec eux, pour les influencer dans le bon sens et garder son mot à dire.
En Amérique Latine, la concrétisation par des gouvernements de gauche de la démocratie participative, des droits de la femme, de l’éco-socialisme, etc… ne peuvent qu’influencer dans le bon sens la construction d’un monde multipolaire des trois-quarts de l’humanité. On ne peut qu’être frappé en comparaison par le néant idéologique qui caractérise le discours de gouvernants européens devenus simples « commis de commerce » vis-à-vis des nations du Sud (voir le récent sommet UE-CELAC à Santiago du Chili).
Lorsque les occidentaux (y compris de gauche) raillèrent et rejetèrent la proposition de nombreux gouvernements latino-américains, soutenue par l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), d’entamer des pourparlers diplomatiques en Libye afin d’éviter une guerre meurtrière, la présidente argentine sut exprimer le sentiment d’un continent : « Quand je vois les gens dits civilisés régler leurs affaires à coups de bombes, je suis fière d’être latino-américaine ».

africa

Lettre du Président Hugo Chavez aux participants du IIIème Sommet Afrique-Amérique latine et Caraïbes (Guinée Équatoriale, février 2013)

Caracas, 22 février 2013.
Frères et sœurs,
Recevez mon plus fervent salut bolivarien, unitaire et solidaire, avec toute ma joie et toute mon espérance pour le déroulement de ce III° Sommet tant attendu des Chefs d’État et de Gouvernement d’Amérique du Sud et d’Afrique.
Je regrette vraiment, du plus profond de mon être de ne pouvoir être présent physiquement parmi vous pour vous réitérer, par une sincère accolade, mon irrévocable engagement en faveur de l’unité de nos Peuples. Je suis présent, cependant, dans la personne du Chancelier de la République Bolivarienne du Venezuela, le camarade Elias Jaua Milano, à qui j’ai demandé de vous transmettre la plus vive expression de mon amour pour ces continents qui sont plus que frères, unis par de solides liens historiques et destinés à avancer ensemble vers leur rédemption pleine et absolue.
Je le dis du plus profond de ma conscience : l’Amérique du Sud et l’Afrique sont un même peuple. On réussit seulement à comprendre la profondeur de la réalité sociale et politique de notre continent dans les entrailles de l’immense territoire africain où, j’en suis sûr, l’humanité a pris naissance. De lui proviennent les codes et les éléments qui composent le syncrétisme culturel, musical et religieux de notre Amérique, créant une unité non seulement raciale entre nos peuples mais aussi spirituelle.
De la même manière, les empires du passé, coupables de l’enfermement et de l’assassinat de millions de filles et de fils de l’Afrique mère dans le but d’alimenter un système d’exploitation esclavagiste dans leurs colonies semèrent dans Notre Amérique le sang africain guerrier et combatif qui brûlait du feu que produit le désir de liberté. Cette semence a germé et notre terre a enfanté des hommes aussi grands que Toussaint Louverture, Alexandre Pétion, José Léonardo Chirino, Pedro Camejo parmi beaucoup d’autres, avec pour résultat, il y a plus de 200 ans, le début d’un processus indépendantiste, unioniste, anti-impérialiste et reconstructeur en Amérique Latine et caribéenne.
Ensuite, au XX° siècle, vinrent les luttes de l’Afrique pour la liberté, ses indépendances, contre ses nouvelles menaces néo-coloniales, Patrice Lumumba, Amilcar Cabral pour n’en citer que quelques-uns. Ceux qui, dans le passé nous ont conquis, aveuglés par leur soif de pouvoir, ne comprirent pas que le colonialisme barbare qu’ils nous imposaient deviendraient l’élément fondateur de nos premières indépendances. Ainsi, l’Amérique Latine et les Caraïbes partagent avec l’ Afrique un passé d’oppression et d’esclavage. Aujourd’hui plus que jamais, nous sommes fils de nos libérateurs et de leurs hauts faits , nous pouvons dire, nous devons dire avec force et conviction, que nous unit aussi un présent de lutte indispensables pour la liberté et l’indépendance définitive de nos nations.
Je ne me lasserai pas de le redire, nous sommes un même peuple, nous avons l’obligation de nous rencontrer au-delà des discours formels dans une même volonté d’unité et ainsi unis, donner vie à l’équation qui devra s’appliquer dans la construction des conditions qui nous permettront de faire sortir nos peuples du labyrinthe dans lequel le colonialisme les a jetés et, par la suite, le capitalisme néo-libéral du XX° siècle.
Pour cela, je veux évoquer la mémoire de deux grands combattants pour la coopération sud-sud comme l’ont été les deux ex présidents du Brésil et de la Tanzanie, Luis Ignacio « Lula » da Silva et Julius Nyerere dont les apports et les efforts ont permis, en leur temps, la mise en place de magnifique forum pour une coopération solidaire et complémentaire comme l’est l’ASA (1).
Cependant, les temps que nous vivons nous obligent à consacrer nos plus profondes et urgentes réflexions à l’effort nécessaire pour transformer l’ASA en un véritable instrument générateur de souveraineté et de développement social, économique, politique et environnemental.
C’est sur nos continents que l’on trouve les ressources naturelles, politiques et historiques suffisantes, nécessaires, pour sauver la planète du chaos où elle a été conduite. Faisons que le sacrifice indépendantiste de nos ancêtres qui nous offre le jour d’aujourd’hui serve à unifier nos capacités pour transformer nos nations en un authentique pôle de pouvoir qui, pour le dire avec le père Libérateur Simon Bolivar, soit plus grand par sa liberté et sa gloire que par son extension et ses richesses.
Les paroles de cet immense général uruguayen José Gervasio Artigas résonnent toujours dans mon âme et dans ma conscience : « Nous ne pouvons rien attendre si ce n’est de nous-même ». Cette pensée si profonde renferme une grande vérité que nous devons assumer, j’en suis absolument convaincu.
Notre coopération sud-sud doit être un lien de travail authentique et permanent qui doit tourner toutes ses stratégies et ses plans de développement soutenable vers le sud, vers nos peuples.
Quoiqu’en aucune manière nous ne nions nos relations souveraines avec les puissances occidentales, nous devons nous rappeler que ce ne sont pas elles qui sont la source de la solution totale et définitive pour l’ensemble des problèmes de nos pays. Loin de l’être, quelques-unes d’entre elles appliquent une politique néo-coloniale qui menace la stabilité que nous avons commencé à renforcer sur nos continents.
Frères et sœurs, je voudrais rappeler pour ce III° Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’ASA, l’esprit de fraternité, d’unionisme et de volonté qui a dirigé le déroulement de ce II° merveilleux Sommet dans l’île de Margarita, au Venezuela, qui nous permit d’adopter unanimement les engagements de la Déclaration de Nueva Esparta. Je souhaite avec beaucoup de foi et d’espérance que nous puissions récupérer à Malabo l’impulsion et l’effort de ce moment extraordinaire pour notre processus d’unité, le Sommet de 2009, qui a montré autant par sa fréquentation massive que par la quantité et le contenu des accords atteints.
Depuis le Venezuela, renouvelons aujourd’hui notre plus ferme engagement dans le renforcement du Secrétariat Permanent de la Table Présidentielle Stratégique de l’ASA avec ses principales tâches et fonctions pour accélérer le rythme dans la consolidation de nos institutions et obtenir ainsi une plus grande efficacité dans notre travail conjoint.
Je regrette avec beaucoup de douleur et de peine que tout notre travail commencé formellement depuis 2006 ait été interrompu par les forces impérialistes qui prétendent encore dominer le monde. Ce n’est pas un hasard, je le dis et je l’assume pleinement, que depuis le Sommet de Margarita, le continent africain ait été victime des multiples interventions et des multiples attaques de la part des puissances occidentales.
Les nombreux bombardements et invasions impériaux empêchant toute possibilité de solution politique et pacifique aux conflits internes qui ont commencé dans diverses nations d’Afrique, ont eu comme objectif principaux de freiner le processus de consolidation de l’unité des peuples africains et, en conséquence, de miner les progrès de l’union de ces états avec les peuples latino-américains et caribéens.
La stratégie néo-coloniale a été, depuis le début du XIX°, de diviser les nations les plus vulnérables du monde pour les soumettre à des rapports de dépendance esclavagiste. C’est pour cela que le Venezuela s’est opposé, radicalement et depuis le début, à l’intervention militaire étrangère en Libye et c’est pour le même motif que le Venezuela réitère aujourd’hui son rejet le plus absolu de toute activité d’ingérence de l’OTAN.
Face à la menace extra-régionale pour empêcher l’avance et l’approfondissement de notre coopération sud-sud, je le dis avec Bolivar dans sa Lettre de Jamaïque de 1815 : « Union, union, union, cela doit être notre plus importante consigne. » Notre Gouvernement renouvelle, en ce III° Sommet de l’ ASA dans cette république sœur de Guinée Equatoriale, son absolue disposition à avancer dans le travail nécessaire pour consolider notre coopération dans les secteurs que j’ai personnellement proposées à notre dernier sommet, dans la belle île de Margarita. Energie, Education, Agriculture, Finances et Communication continuent d’être nos priorités et pour celles-ci, nous réitérons notre engagement pour avancer dans des initiatives concrètes comme Petrosur, l’Université des Peuples du Sud ou la Banque du Sud, pour ne citer que quelques exemples. Dans le secteur de la communication, nous proposons, depuis le Venezuela, que cet effort que nous avons réussi à mettre en place ensemble dans différents pays de l’Amérique du Sud, TeleSur, s’articule avec l’Afrique afin qu’il puisse accomplir depuis ces latitudes sa principale fonction : relier les peuples du monde entre eux et leur apporter la vérité et la réalité de nos pays.
Enfin, je veux renouveler à tous mon désir que les résultats projetés lors de ce III° Sommet ASA nous permette de transformer ce forum en un outil utile pour conquérir notre définitive indépendance en nous plaçant à la hauteur de l’exigence de l’époque et comme le dirait le Libérateur, le plus de bonheur possible pour nos peuples. Je suis un convaincu, simple et obstiné, nous réussirons à mener à bien cette cause que nos libérateurs et martyres nous ont transmise depuis des siècles. Nos millions de femmes et d’hommes présentés en sacrifice pour leur pleine et absolue liberté. Avec le père infini, notre Libérateur Simon Bolivar, je dis une fois de plus : « Nous devons attendre beaucoup du temps, son ventre immense contient plus d’espérance que de faits passés et les prodiges futurs doivent être supérieurs aux anciens ».
Marchons donc vers notre union et notre indépendance définitive. En paraphrasant Bolivar, je dis maintenant : « Formons une patrie,un continent, un seul peuple, à tout prix et tout le reste sera supportable. »
Vive l’union sud-américaine et africaine !
Vive l ’ASA !
Jusqu’à la victoire toujours !
Nous vivrons et nous vaincrons !
Hugo Chavez Frias
Note :
(1) ASA : América del Sur/Africa.
cumbre-asa1
Le troisième sommet Afrique-Amérique du Sud, qui a réuni une soixantaine de chefs d’État à Malabo (Guinée Équatoriale) du 20 au 23 février 2013 a permis la signature de 27 accords de coopération sud-sud dans tous les secteurs d’activité. La réunion se poursuivra à Caracas le 26 avril 2013.
http://venezuelainfos.wordpress.com/2013/02/24/lettre-dhugo-chavez-a-lafrique-21-fevrier-2013-formons-un-seul-peuple-un-seul-continent-nous-ne-pouvons-rien-attendre-sinon-de-nous-memes/

Exclusivité RFI: quand le numéro un d'Aqmi prenait la plume pour fixer un cap au Mali


MALI - 
Article publié le : lundi 25 février 2013 - Dernière modification le : lundi 25 février 2013

Exclusivité RFI: quand le numéro un d'Aqmi prenait la plume pour fixer un cap au Mali

Document écrit par M. Droukdel sur la stratégie d'Aqmi au Mali.
Document écrit par M. Droukdel sur la stratégie d'Aqmi au Mali.
RFI/Nicolas Champeaux

Par Nicolas Champeaux
RFI et Libération ont découvert à Tombouctou la feuille de route d’Aqmi pour le Mali. Ce document intégral - une première - fait 79 pages, datées du 20 juillet 2012, soit quatre mois après la conquête du Nord par des groupes jihadistes. Son auteur ? Le chef d’Aqmi, Abdel Malek Droukdel. Ce vade mecum en six chapitres était destiné aux dirigeants d’Aqmi et d’Ansar Dine.


Avant de fuir Tombouctou, les chefs d’al-Qaïda au Maghreb islamique avaient bien passé des documents à la broyeuse, des listes de noms et de numéros de téléphones pour la plupart.
Mais dans les locaux saccagés de la radio télévision nationale ORTM à Tombouctou, où Aqmi avait installé la commission de presse des jihadistes, il y avait encore, parmi un tapis de feuilles recouvertes de poussière, des interprétations de versets du Coran téléchargés sur internet, des cahiers de coloriage avec des princesses aux épaules dénudées, des feuilles d’émargement, et le programme d’un séminaire sur l’Islam destiné aux jeunes cadres. Ironiquement, ce dernier se clôturait par une introduction à la démocratie.
Au milieu de ce fatras, il y avait surtout une feuille de route d’Aqmi : 79 pages rédigées par Abou Moussab Abdelwadoud, alias Abdel Malek Droukdel, le numéro un de la filiale africaine du groupe terroriste al-Qaïda. Depuis la naissance d'Aqmi en 2007, c’est la première fois que l'intégralité d'un de ses documents internes est retrouvée et en mesure d’être diffusée.
Un plan en six chapitres
Ce document, l’agence américaine Associated Press en avait déjà retrouvé une partie à la mi-février. Sa mise en page, réalisée par le biais d’un logiciel de traitement de texte, est soignée. En haut de la page de garde : le nom de l’organisation, al-Qaïda au Maghreb islamique. Ensuite le titre, « Feuille de route afférente au Jihad islamique dans l’Azawad », puis la date : 20 juillet 2012. Et enfin la cote, 33/234.
Concernant le style, Abdel Malek Droukdel organise son propos suivant les méthodes enseignées dans les universités et les grandes écoles. Il amorce son introduction par une accroche contextuelle, et pose la problématique que l’on peut résumer ainsi : comment donner naissance au territoire islamique de l’Azawad en associant la population sans attirer l’attention de la communauté internationale sur Aqmi ? Pour clore l’introduction, le stratège esquisse des réponses et soumet l’ossature de son plan, qu’il décline en six chapitres, tel un consultant chargé d’un audit.

Abdel Malek Droukdel, alias Abou Moussab Abdelwadoud, numéro un d'al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), le 24 mai 2012.
AFP PHOTO / AL-ANDALUS
« Nous ne pouvons combattre tout un peuple »
Dès le premier chapitre, intitulé « Vision globale du projet jihadiste islamique dans l’Azawad », Droukdel condamne la destruction des mausolées et les lapidations décidées par ses frères. « Vous avez commis une grave erreur, écrit-il. La population risque de se retourner contre nous, et nous ne pouvons combattre tout un peuple, vous risquez donc de provoquer la mort de notre expérience, de notre bébé, de notre bel arbre », prévient le chef terroriste, qui file souvent la métaphore quand il prend la plume.
Droukdel prône donc une approche progressive. « Il faut éviter de mettre en œuvre des solutions globales sans tenir compte de l’environnement local », suggère-t-il dans ce document rédigé après les premières destructions de mausolées, qui ont choqué la population de Tombouctou, la ville aux 333 saints. « La charia prévoit le recours au fouet pour punir l’adultère, mais il nous faut d’abord commencer par sensibiliser la communauté et l’éduquer à l’Islam, alors seulement nous pourrons envisager les punitions », propose-t-il.
Dans ce document, qui a fait l’objet de concertations, il se prononce en faveur de l’établissement d’un Haut conseil islamique indépendant pour assurer l’application de la charia à travers le territoire. Mais l’homme qui a commandité plusieurs attentats suicides semble prêt à ménager la population du nord du Mali pour mener à bien son expérience dans l’Azawad, son laboratoire.

Abdel Malek Droukdel sur l'écran d'un groupe de surveillance américain de terrorisme à Paris, le 19 novembre 2010.
AFP/THOMAS COEX
« Que pouvons-nous demander de plus au MNLA ? »
Le document est par ailleurs riche en enseignements sur la stratégie d’Aqmi vis-à-vis de ses alliés locaux. Il décrit comment Aqmi compte instrumentaliser le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), mais aussi dans une moindre mesure, le groupe Ansar Dine mené par Iyad Ag Ghali.
Tout au long de sa feuille de route, Droukdel n’a de cesse de regretter la rupture avec le MNLA. En juin, le mouvement de libération avait accepté, en signant un accord qui a fait long feu, le principe de l’islamisation de l’Azawad. « Que pouvons-nous bien lui demander de plus ? » s’interroge l’émir, qui rédige son document le mois suivant.
« On ne peut pas demander aux membres du MNLA de devenir salafistes et de rejoindre les rangs d’Ansar Dine du jour au lendemain », proteste Droukdel. Le patron d’Aqmi prévoit donc d’attribuer la majorité des portefeuilles ministériels au mouvement, qui doit néanmoins renoncer à des postes clés : les Affaires religieuses, la Justice et l’Education. Pour la Défense, il propose la création d’une organisation regroupant tous les mouvements, afin que la sécurité soit l’affaire de tous.

Abdel Malek Droukdel (d) avec Abu Mussab Abdel Wadoud, du groupe terroriste algérien GSPC
(Photo : AFP)
Nouer de larges alliances
Quant à Ansar Dine, Iyad Ag Ghali hérite du poste de chef du gouvernement de transition, dont l’objectif est de « gérer la transition et rédiger une Constitution pour l’Etat islamique de l’Azawad ». Un chef très encadré, car Droukdel propose qu’Aqmi mette à sa disposition des jihadistes pour gérer les villes libérées. Le chef terroriste ne prévoit pas non plus d’associer Ansar Dine à ses activités de jihad international, et il ne cache pas qu’il souhaite nouer des alliances les plus larges possibles afin de gonfler les rangs de combattants en cas d’intervention militaire.
« Les alliances sont essentielles, écrit Droukdel. Cela nous procure trois avantages. Si nous sommes agressés, nous ne serons pas seuls. Aussi, la communauté internationale ne concentrera pas ses pressions uniquement sur nous, mais aussi sur nos alliés. Enfin, nous ne serons pas seuls à assumer la responsabilité d’un éventuel échec. »
Droukdel semble anticiper une intervention militaire pour déloger les islamistes de l’Azawad. Le sixième chapitre est consacré à cette éventualité. Mais d’après une première traduction partielle du document, il n’est pas développé. Cela dit, par endroits, Droukdel paraît optimiste sur la longévité de son Etat islamique de l’Azawad. En tout cas, il pense déjà à la politique étrangère. «Tenons des propos rassembleurs pour gagner la sympathie de nos voisins », conseille le chef terroriste.

L’OMDH dénonce les exactions commises au Mali


Ajouté le : 23.02.2013 15:31

L’OMDH dénonce les exactions commises au Mali

le  Président  de l’Obsevatoire Mauritanien des Droits de l’Homme (OMDH), Amar Ould Mohamed Najem
le Président de l’Obsevatoire Mauritanien des Droits de l’Homme (OMDH), Amar Ould Mohamed Najem

Alakhbar(Nouakchott)- le Président de l’Obsevatoire Mauritanien des Droits de l’Homme (OMDH), Amar Ould Mohamed Najem, a dénoncé dans des propos à Alakhbar les exactions systematiques cmmises par l’armée malienne contre les Touaregs, les Peuhls, et les arabes au nord du Mali.

Il a fustigé le silence de la communauté internationle sur ses « atrocités », tout en appelant l’armée malienne à un arrêt immédiat de ces crimes d’épuration ethnique.

Ould Mohamed Najem a également accusé les forces françaises d'être en connivence avec les soldats maliens dans ces actes de violation des droits de l’homme.

Mali : Il faut poursuivre les soldats responsables d’exactions HRW/le ven, 02/22/2013

Mali : Il faut poursuivre les soldats responsables d’exactionsHRW/le ven, 02/22/2013 - 01:53
Les partenaires internationaux devraient répondre aux besoins urgents en matière de protection dans le nord du pays

(Nairobi, le 21 février 2013) – Le gouvernement malien devrait mener des enquêtes et poursuivre, et ce, de manière urgente, les soldats qui se sont livrés à des actes de torture, des exécutions sommaires et des disparitions forcées de rebelles islamistes présumés ainsi que de prétendus collaborateurs depuis la reprise des combats dans le nord du Mali en janvier 2013, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Les partenaires internationaux du Mali devraient soutenir les efforts déployés en matière d’obligation de rendre compte et de protection civile dans le Nord afin de contribuer à empêcher la perpétration de nouvelles exactions.

Les enquêtes menées par Human Rights Watch depuis le début de l’offensive française en janvier qui a aidé le peuple malien à reprendre une grande partie du nord du pays ont établi que les soldats du gouvernement semblaient viser des membres appartenant aux groupes ethniques peuls, touaregs et arabes dans les régions de Tombouctou, Douentza, Gao, Sévaré, Boni et Konna. Les soldats ont accusé des membres de ces communautés de soutenir les groupes islamistes armés qui avaient précédemment occupé ces territoires.

« Le gouvernement malien doit agir maintenant afin de mettre un terme aux violations commises par ses soldats, et punir comme il se doit les personnes responsables de ces actes », a déclaré Corinne Dufka, chercheuse senior sur l’Afrique de l’Ouest à Human Rights Watch. « Rétablir la sécurité dans le Nord signifie assurer la protection de tout un chacun, indépendamment de son appartenance ethnique ».

Des témoins de récentes exactions interrogés au Mali et par téléphone ont déclaré à Human Rights Watch que des soldats du gouvernement avaient torturé deux hommes, en avaient sommairement exécuté deux autres et avaient soumis à des disparitions forcées au moins six autres. Human Rights Watch a précédemment documenté l’exécution sommaire d’au moins treize hommes et la disparition forcée de cinq autres perpétrées par des soldats du gouvernement originaires de Sévaré à Konna en janvier 2013.

Exécutions extrajudiciaires, disparitions forcées et actes de torture perpétrés par des soldats maliens
Plusieurs témoins originaires d’un petit village situé au sud de Boni (à 93 kilomètres de Douentza) ont déclaré à Human Rights Watch qu’en date du 9 février, aux environs de 11 heures le matin, des soldats maliens qui patrouillaient dans la région ont arrêté deux jeunes hommes issus de l’ethnie peule accusés d’être des combattants du MUJAO, un groupe islamiste armé. Les témoins ont ajouté que les soldats avaient eu l’air de rechercher ces deux hommes, âgés d’une vingtaine d’années environ, en particulier.

Les soldats ont fait monter ces hommes de force dans un véhicule militaire et les ont emmenés à la sortie du village, à un endroit où ils demeuraient visibles pour les villageois. Quelques minutes plus tard, les villageois ont entendu plusieurs coups de feu. Deux témoins sont allés vers la tranchée creusée devant l’emplacement où le véhicule militaire était garé. Ils ont dit qu’il y régnait une odeur de corps en décomposition. On est sans nouvelles de ces deux hommes depuis lors.

Dans le quartier d’Abaradjou situé en périphérie de Tombouctou, des soldats maliens ont procédé à l’arrestation de quatre hommes arabes et d’un autre, Songhaï. Aucun d’eux n’est réapparu depuis, faisant craindre à leurs proches et voisins interrogés par Human Rights Watch qu’ils n’aient été victimes de disparitions forcées. Des responsables militaires et de la gendarmerie ont affirmé à Human Rights Watch le 18 février qu’ils n’avaient pas procédé à l’arrestation de ces cinq hommes. Le droit international définit une disparition forcée comme l’arrestation ou la détention d’un individu par des fonctionnaires du gouvernement ou leurs agents, suivie du déni de la reconnaissance de la privation de liberté ou de la dissimulation du sort réservé à la personne disparue.

L’un des membres des familles de disparus a déclaré à Human Rights Watch : « Les soldats ont enfoncé la porte et tout cassé dans la maison à coups de pied, notamment. Ils ont provoqué beaucoup de dégâts. L’un d’entre eux a attrapé un membre de ma famille par le bras et l’a emmené avec lui... C’est un commerçant... Tout le monde sait qu’il n’a rien à voir avec les djihadistes. Si c’était le cas, vous ne croyez pas qu’il aurait fui il y a longtemps ? »

Une femme qui habite à proximité a déclaré que l’homme songhaï, voisin lui aussi, avait essayé de prendre la défense de l’un des Arabes arrêtés, et qu’il avait également été jeté à l’arrière du pick-up des militaires : « En voyant l’arrestation [de l’Arabe], il a dit : ‘Non, laissez-le, il n’a rien à voir avec tout ça.’ Mais au lieu de l’écouter, les soldats l’ont jeté à l’arrière du véhicule ».

Un autre membre de la famille a déclaré : « Ce que nous demandons, c’est juste un signe pour savoir qu’il est en vie... Un coup de téléphone, que je puisse entendre sa voix ».

Les hommes présumés « disparus » sont Ali Ould Mohamed Kobad, 65 ans, Danna Ould Dahama, 38 ans, Mohamaed Ould Dahama, 40 ans, Maouloud Fassoukoye, 40 ans et Mohamed Oud Sidi Ali, 68 ans.

Des membres de la famille d’un Peul âgé de 50 ans arrêté le 22 janvier par des soldats à Douentza ont fait part de leurs futiles efforts pour tenter de le retrouver. « À chaque fois que nous nous rendons chez les militaires à Douentza, ils nous disent qu’il n’est pas là, que nous devrions le chercher à Sévaré. Lorsque nous allons à Sévaré, ils disent qu’ils n’ont jamais entendu parler de lui. Nous ignorons s’il est mort ou vif, tout ce que nous savons, c’est qu’il a été emmené par les soldats ».

Les habitants d’autres villes ont décrit deux cas de torture. Début février, peu de temps après que des rebelles islamistes ont attaqué un avant-poste militaire des environs, des soldats auraient arrêté un Touareg âgé de 43 ans à un poste de contrôle. Ils l’ont emmené dans un bâtiment à proximité du poste de contrôle où il a été passé à tabac, où il a été brûlé à la cigarette au ventre et sur les parties génitales et à moitié étranglé avant d’être forcé à inhaler une substance toxique qui lui a brûlé l’œsophage.

Un homme, d’appartenance peule, retenu par des militaires à Douentza pendant une semaine début février, aurait été brûlé à la bougie et à la cigarette et roué de coups. Voici ce que son épouse a déclaré à Human Rights Watch : « Pendant une semaine, nous ignorions où il était. Quand il est revenu, il m’a dit qu’il avait été retenu par les soldats à Douentza... lorsqu’il a enlevé sa chemise, j’ai vu que son dos était couvert d’horribles brûlures et de blessures ». L’un de ses amis a ajouté : « Il a raconté qu’il était prisonnier dans une pièce avec de nombreux autres, et qu’on venait les chercher un par un, à tour de rôle, pour être interrogé jusqu’à ce que les soldats obtiennent les renseignements qu’ils voulaient. Il était vraiment mal en point ». Depuis, la victime a fui au Burkina Faso.

Cinq autres hommes, dont la détention par des soldats à Sévaré, Konna et dans la région de Konna a précédemment été documentée par Human Rights Watch, demeurent introuvables.

« L’ensemble des responsables doit agir conformément aux législations relatives aux droits humains si l’on veut rétablir la sécurité, la loi et l’ordre dans les régions reprises récemment par le gouvernement », a déclaré Corinne Dufka. « Cela signifie le droit à une procédure régulière pour quiconque est maintenu en détention, et l’assurance d’être traité avec humanité. Les commandants qui échouent dans l’arrêt des exactions commises par leurs troupes pourront eux-mêmes être poursuivis ».

Exode des populations touarègues et arabes
La reprise des hostilités dans le Nord en janvier s’est accompagnée de l’exode d’environ 22 000 civils maliens, pour la grande majorité d’entre eux des ethnies touarègues et arabes, suspectés d’avoir fui la région par peur des représailles par l’armée, et, dans une moindre mesure, par les civils. Des civils habitant plusieurs localités ont déclaré que villes et villages étaient désormais « pratiquement vides » de Touaregs et d’Arabes.

Les civils touaregs et arabes qui sont restés au Mali ont affirmé à Human Rights Watch être terrifiés à l’idée d’être arrêtés et brutalisés au motif d’être soupçonnés d’avoir soutenu les groupes islamistes armés. Une femme touarègue de Tombouctou a dit à Human Rights Watch : « Je vais au travail, je rentre chez moi, mais sinon, je ne vais nulle part. J’ai trop peur de sortir. J’ai l’impression d’être prisonnière dans mon propre pays ». Une autre a déclaré : « J’ai peur pour ma famille. Lorsque je suis dans la rue, j’entends certaines personnes dire qu’elles veulent débarrasser Tombouctou de notre présence... nous ne sommes plus qu’une poignée... mais pour combien de temps encore ? Nul ne peut le dire ».

Plusieurs autres civils arabes ont fait part à Human Rights Watch de leur désir de partir, mais de leur crainte d’être arrêtés et détenus aux postes de contrôle en cours de route. Un homme arabe a affirmé avoir « trop peur de rester, mais trop peur de partir ». Un autre dont le père a visiblement été victime d’une disparition forcée par l’armée malienne a dit qu’il voulait procéder à l’évacuation de tous les membres restants de sa famille, mais « je ne sais pas comment m’y prendre... j’ai peur de les déplacer ».

Lacunes en matière de protection civile
L’offensive militaire pour reconquérir le Nord s’est déroulée sur fond de tensions ethniques exacerbées, a déclaré Human Rights Watch. Les institutions de l’État susceptibles d’atténuer, de répondre et, en, dernier ressort, d’empêcher les violences – autrement dit la police, les gendarmes et le pouvoir judiciaire – se sont retirés début 2012 lorsque le Nord est tombé dans l’escarcelle des groupes islamistes armés. Ce n’est que récemment que les fonctionnaires maliens ont commencé à revenir. Des plans élaborés par les agences des Nations Unies, l’Union européenne et l’Union africaine afin de doter les militaires d’une formation en matière de droits humains et de déployer des observateurs et, éventuellement, des forces de maintien de la paix des droits humains pourraient – à terme – améliorer la protection civile. Ils ne répondent cependant pas aux besoins pressants laissés par le vide sécuritaire et les impératifs en matière de protection.

La campagne d’information du public lancée par le gouvernement, les chefs de file religieux et les groupes communautaires constitue une mesure d’importance pour répondre aux tensions ethniques, a estimé Human Rights Watch. Le gouvernement devrait étendre la portée de ce programme fondamental, notamment le « Recotrad du Nord », le Réseau des Communicateurs Traditionnels du Nord. Afin de remédier aux exactions commises par les militaires et de combler les besoins urgents en matière de protection de la population civile sur fond de vide sécuritaire actuel, Human Rights Watch recommande l’adoption des mesures suivantes :

Recommandations

À l’attention du gouvernement malien :

Garantir le traitement humain de quiconque est maintenu en détention dans le cadre d’opérations militaires, faire en sorte qu’il ou elle soit rapidement traduit devant une instance judiciaire afin d’assurer la légalité de la détention et lui permettre de contacter sa famille ;
Mener des enquêtes et poursuivre, dans le cadre du respect des normes internationales d’équité des procès, les membres des forces de sécurité impliqués dans des affaires récentes de graves violations des droits humains, et ce, indépendamment de leur fonction ou de leur rang, y compris les responsables ayant fait preuve de leur incapacité à empêcher les exactions perpétrées ou à en punir leurs auteurs, en vertu du principe de la responsabilité du commandement ;
Accélérer le redéploiement des fonctionnaires de police, de gendarmerie et du ministère de la Justice dans les villes et villages du nord du pays ;
Mettre en place une permanence téléphonique 24 heures sur 24 assurée par les autorités maliennes compétentes et du personnel de la mission de soutien international au Mali (AFISMA) à destination des victimes et des témoins d’exactions, y compris celles commises par les membres des forces de sécurité ;
Garantir la rapidité et la qualité des communications entre le personnel dédié à la permanence téléphonique, les autorités maliennes mandatées pour assurer la protection des civils et les collaborateurs de l’AFISMA ;
Enjoindre la Commission nationale malienne des droits humains de surveiller et de signaler tout discours haineux qui exhorte les violences ethniques. Par exemple, un article publié le 4 février 2013 dans L’Express de Bamako (« La liste des membres du MNLA : Des traitres à abattre pour la République ») incluait des propos que l’on pourrait qualifier d’incitation à la violence.


À l’attention des Nations Unies, de l’Union africaine et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) :

Exhorter le gouvernement malien à mener rapidement des enquêtes efficaces et crédibles sur les allégations d’homicides, les disparitions forcées et autres violations des droits humains perpétrées par les forces armées maliennes ;
Déployer de manière urgente et dans tout le pays des observateurs internationaux des droits humains issus des Nations Unies, de l’Union africaine et de la CEDEAO aux fins de documenter les exactions commises actuellement ou dans le passé et de visiter les lieux de détention.


À l’attention du gouvernement français, de la mission de soutien international au Mali (AFISMA) et de l’Union européenne :

Renforcer la présence des troupes françaises et de l’AFISMA aux côtés des patrouilles menées par l’armée malienne afin de dissuader la perpétration d’exactions commises à l’encontre des civils ;
Procéder au redéploiement des troupes françaises et de l’AFISMA de telles sortes que les civils ne soient pas exposés inutilement au risque d’exactions ;
Intégrer à la mission de formation de l’UE au Mali (EUTM Mali), dont le mandat est de former et de conseiller les militaires maliens, une composante significative en termes de mentorat qui placerait les instructeurs sur le terrain aux côtés des forces maliennes.

A Tombouctou, l'inquiétude de la communauté arabe Par RFI


MALI - 
Article publié le : vendredi 22 février 2013 - Dernière modification le : vendredi 22 février 2013

A Tombouctou, l'inquiétude de la communauté arabe

Par RFI
Dans la région de Tombouctou, l'inquiétude de la communauté arabe est grande. Cette communauté de commerçants et d'éleveurs se sent aujourd’hui stigmatisée et reproche à Bamako de laisser l'armée malienne s'en prendre aux « peaux claires » au nom de la lutte contre le terrorisme. Plusieurs de leurs représentants étaient à Paris ces derniers jours pour demander aux autorités françaises de ne pas les oublier.


Les peurs de la communauté arabe de Tombouctou
Les gens que l'armée malienne arrête aujourd'hui, ce sont des gens très pauvres...
 
22/02/2013 par Christine Muratet
TAGS: EN BREF - MALI

RFI publie des extraits exclusifs d'un document interne d'Aqmi retrouvé en intégralité à Tombouctou et signé de son n°1 Abdel Malek Droukdel


Dernière info publiée le lundi 25 février 2013
RFI publie des extraits exclusifs d'un document interne d'Aqmi retrouvé en intégralité à Tombouctou et signé de son n°1 Abdel Malek Droukdel
RFI et le journal Libération ont découvert à Tombouctou la feuille de route d’Aqmi pour le Mali. Ce document intégral - une première - fait 79 pages, datées du 20 juillet 2012, soit quatre mois après la conquête du Nord par des groupes jihadistes. Son auteur? Le chef d’Aqmi, Abdel Malek Droukdel. Ce vade mecum riche d'enseignements, rédigé en six chapitres, était destiné aux dirigeants d’Aqmi et d’Ansar Dine. Pour en savoir plus: www.rfi.fr