jeudi 3 mai 2012


Boutali Tchiwerin
Accueil du site > Actualité > La Une > L’Azawad, bête noire de Traoré
Entretien imaginaire d’Insi
lundi 30 avril 2012
par Masin
Insi s’est rendu dimanche 15 avril, à Bamako, où il a rencontré le président intérimaire Dioncounda Traoré qui a juré de réhabiliter l’autorité de l’Etat dans le nord du Mali, l’actuelle République d’Azawad. Traoré, content d’être président, ne sait plus où donner de la tête. Il l’a reçu dans sa tenue de nouveau marié, car le dimanche à Bamako c’est le jour du mariage. Voilà ce qu’il a confié à notre ami Insi.

Insi : Bonjour, l’intérimaire.

Traoré : Enchanté Lintérimaire ! Moi, c’est Traoré.

Insi : Alors t’es le président spécial Touaregs ?

Traoré : Non, président des Bombaras contre les islamistes du nord du pays.

Insi : Tu parles d’Azawad ?

Traoré : Non, Juppé m’a conseillé de dire le nord du Mali.

Insi : Qu’est-ce qu’il t’a conseillé de dire d’autre ?

Traoré : Que je ne dois jamais parler de ces hommes bleus...

Insi : Les Touaregs ?

Traoré : Juppé m’a conseillé de dire désormais que ce sont des islamistes sur-armés qui infestent le nord du Mali.

Insi : Quoi d’autre ?

Traoré : Ne parler que d’Aqmi.

Insi : Pas du MNLA ?

Traoré : Non, il dit qu’il faut que j’abolisse ce nom de mon langage.

Insi : Est-ce vrai que tu feras une guerre totale aux Touaregs de l’Azawad ?

Traoré : Si. Mais je dois dire à l’opinion internationale que je ferai la guerre aux islamistes sur-armés qui infestent le nord du Mali. C’est ce que m’a conseillé Juppé.

Insi : Et Boutef, qu’est-ce qu’il t’a conseillé ?

Traoré : Lui, il m’a conseillé de prendre dans mon équipe Ahmed Ouyehya, Said Saidi et Aït Ahmed. Il m’a dit qu’il vont tout de suite réhabiliter la paix dans la wilaya du nord du Mali.

Insi : Comment ?

Traoré : Boutef m’a dit que ces trois personnages savent semer la zizanie dans les rangs des Berbères. Il a dit que ces trois personnages sont plus efficaces que toutes les armées du monde.

Insi : Alors, vas-tu les prendre ?

Traoré : Je les ai appelés, mais ils demandent beaucoup d’argent.

Insi : Tu crois vraiment à cette solution ?

Traoré : Boutef m’a dit que ces trois personnages sont très efficaces dans la lutte contre les Berbères. Tiens... la preuve, à la proclamation de.... (Il hésite)

Insi : De l’ Indépendance de l’Azawad par le MNLA ?

Traoré : : Oui, c’est cela. Boutef ne voulait pas dire lui-même qu’il ne les reconnait pas. Il a peur qu’on l’accuse de racisme anti-berbère. Il m’a dit qu’il a préféré laisser cette tâche à Ouyehya, Berbère lui-même, pour le dire. C’est du grand art politique.

Insi : Es-tu sûr de pouvoir assumer une guerre contre les Touaregs ?

Traoré : Non, contre les islamistes du Nord. Il faut présenter la chose comme une affaire interne ; c’est ce que m’a conseillé monsieur mon ami Alain.

Insi : As-tu de l’argent pour faire la guerre ?

Traoré : Non. Mais l’Algérie m’a promis de me la financer.

Insi : Et tu fais confiance aux Algériens ?

Traoré : Je connais Boutef et sa bande, ils sont des gens honnêtes.

Insi : Quoi ?

Traoré : Oui, d’honnêtes voleurs, d’honnêtes menteurs, d’honnêtes escrocs, d’honnêtes proxénètes, d’honnêtes tout ce que tu veux...

Insi : Ne te fatigue pas, ils sont fiers d’être tout cela à la fois.

Traoré : Tu vois, je n’ai pas le choix. Ils m’obligent à faire la guerre.

Insi : Pourquoi ?

Traoré : Ils menacent d’introduire Aqmi dans le Sud, jusque dans les rues de Bamako, jusqu’à même dans mes appartements.

Insi : Es-tu d’accord d’aller tuer des Africains comme toi ?

Traoré : Tu sais, quand j’entends les Berbères dire que le Mali est un pays colonisateur, cela me fait bondir de plaisir.

Insi : Pourquoi ?

Traoré : Pour une fois on parle de l’africain comme colonisateur. Je me vois un peu comme le président d’un grand pays européen comme la France ou l’Angleterre.

Insi : C’est dingue !

Traoré : Je me vois même transformé en homme blanc, je m’imagine comme De Gaule ou Churchill.

Insi : T’es complètement fou.

Traoré : Le fait de jouer le colonisateur., ça m’excite. Pour une fois qu’on m’attribue le beau rôle...

Insi : Tout compte fait, ton rêve c’est de dominer...

Traoré : Oui. Je rêve de dominer, à mon tour, comme l’ont fait les grands hommes de ce monde. Mais aussi, je voudrais me venger des Touaregs qui, autrefois, ont fait de nous des esclaves.

Insi : C’est donc la vengeance qui t’anime ...

Traoré : N’est-ce pas une chance que de dominer le peuple de...

Insi : ...de l’Azawad ?

Traoré : Alain m’a dit qu’il ne faut jamais prononcer, même en privé, le mot "Azawad"... (Il pose sa main sur sa bouche)

Insi : Tu l’as dit...

Traoré : Merde, il va encore me punir.

Insi : Qui ?

Traoré : Alain.

Insi : Encore ? Il t’a déjà puni ?

Traoré : Oui, il y a de cela une semaine. Dès ma nomination, je l’ai rencontré, en compagnie Boutef.

Insi : Où ?

Traoré : Dans un hôtel. On a dîné ensemble en essayant de trouver une solution au problème du nord du Mali.

Insi : Alors ?

Traoré : Boutef et moi avons dit des bêtises. Il nous a d’abord donné la fessée, puis il nous a privé de dessert, de nos jouets et de télé pendant toute la soirée.

Insi : Vous avez pleuré...

Traoré : Beaucoup. Il a même menacé de débrancher Boutef s’il continue de pleurer.

Insi : Le débrancher ?

Traoré : Oui, tu sais, Boutef marche avec une pile française. C’est la France qui le maintient en vie. Le jour il fonctionne, le soir on la recharge.

Insi : Avec un chargeur ?

Traoré : Oui, comme un téléphone portable.

Insi : Et toi ?

Traoré : A moi, il a refusé qu’on me change mes couches. J’ai passé toute la nuit dans ma merde brune.

Insi : Ça sentait fort ?

Traoré : Insupportable. Tous les touristes de l’hôtel se sont sauvés. Ils ont appelé leurs ambassades qui les ont immédiatement évacués.

Insi : Et Alain ?

Traoré : Alain, pour résister, il était obligé de s’asperger le corps de gaz d’Algérie.

Insi : Pauvre Afrique !

Traoré : Attends, ce n’est pas tout.

Insi : Quoi encore ?

Traoré : Le lendemain matin, au petit déjeuner, il nous a fait avaler une couleuvre du Sahara. Très longue et pleine d’écailles.

Insi : Et vous l’avez mangée ?

Traoré : Elle est passée avec un peu de champagne.

Insi : Elle était bonne ?

Traoré : Je ne sais pas. Alain a dit qu’elle a le goût du coq.

Insi : Peut-être.

Traoré : Alain a dit que ça rend sportif.

Insi : Bonsoir, monsieur Traoré.

Traoré : Ne veux-tu pas rester dîner avec nous ?

Insi : Je n’aime pas les reptiles, encore moins leur cervelle.

Sur ce, Insi quitte Bamako et s’en va à Alger, pour assister à l’enterrement de Ben Bella

mardi 1 mai 2012

Sahel: L'Algérie déploie son Aviation!

L'Armée de l'Air Algérienne a répondu d'une manière spectaculaire aux différentes menaces au Sahel et semble vouloir donner une autre dimension à son engagement dans la région. 
En effet, depuis le début des troubles au mali l'AAF a constituée une Task Force non négligeable qu'elle a basée dans la base flambant neuve de Tamanrasset. 
Beech 1900, Mi171Sh, Mi24MkIII, Su30 MKR, Su30 MKA
Quelques photos prises récemment montrent le déploiement d'une force aérienne à faire pâlir la plupart des pays voisins. Au moins deux chasseurs multirôles lourds Su30 MKA, au moins un chasseur multirôle lourd Su30 MKR dédié à la reconnaissance électronique et visuelle, un minimum de quatre bombardiers tactiques Su24MK2, des avions ravitailleurs, des hélicoptères d'attaques lourds et ultra perfectionnés Mi24 MkIII, un certain nombre d'hélicoptères de transport et d'appuie Mi171Sh, des avions cargos et de liaison de différentes capacités (C130, Il76, Beech 1900) et surtout le nec plus ultra, trois Beech 1900 MMS, soit la moitié de la flotte d'avions américains de détection électronique et d'imagerie de l'AAF. Il est tout à fait plausible de penser que ce déploiement a été accompagné par celui de Drones Seeker II de l'AAF et de commandos au sol.

Cette task force, bien que réduite en nombre, représente le plus puissant déploiement aérien jamais observé dans cette région d'Afrique et vient de rééquilibrer de manière spectaculaire les forces en présence, la France et les Etats Unis en particulier.
Alignement de Su24 MK2
Une observation conforte cette idée,  la présence en bout d'ailes de missiles air air à courte et à moyenne portée sur les Su30, prouve bien que les Forces Aériennes Algériennes prennent très au sérieux et interdisent les incursions de drones et d'appareils Occidentaux dans la région du Sahel. C'est même la première fois que ces chasseurs apparaissent armés en missiles air-air depuis leur acquisition. Petite explication, les missiles à tête chercheuses (radar ou infrarouge) ont une durée de vie d'une petite centaine d'heures (selon les modèles) en vol, à cause des vibrations, après ce temps de vol, les missiles doivent passer au banc de calibration. Afin de préserver leur durée de vie, les armées de l'air n'installent ces missiles qu'en cas de nécessité (patrouilles armées, combat ou exercices à munition réelle).
Su30 MKA armé de R27 et R73
Les résultats de ce déploiement ne se sont pas fait attendre, les convois d'approvisionnement et les colonnes en déplacements des éléments d'Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) et du Mouvement pour l'Unicité du Jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO), sont systématiquement traqués ou détruits au Nord Mali et dans la zone frontalière commune à l'Algérie, au Mali, au Niger et à la Mauritanie. Cette situation a poussée les terroristes islamistes aux abois à lancer un appel aux dons dans un communiqué diffusé hier ou à entreprendre des actions risquées pour récupérer du carburant, comme celle qui a été déjouée hier et qui s'est soldée par la destruction d'une colonne de terroristes qui convoitaient des camions citernes de Naftal au Sud de Tinzaouatine. 
Cette opération s'est soldée par l'élimination du groupe entier composé de 20 terroristes, dont le commandant opérationnel de la région de Tessalit en Azawad. 
Su30MKR et 2 Su30MKA

Mi171Sh

Mi24MKIII



La Cellule Mauritanie de la C.A.T soutien le MNLA, seul représentant de la R.L.D. de l'Azawad

Toumast Presse

coordination-associations-touaregNotre rédaction vient de recevoir un communiqué de soutien de la part de la Cellule Mauritanienne de la Coordination des Associations Touareg. Ce communiqué, signé par des personnalités de premiers rangs représentant l'ensemble des communautés Touareg de l'Ouest de l'Azawad, précise que seul le Mouvement National pour la Libération de l'Azawad est le représentant légitime de la République Laïque et Démocratique de l'Azawad.

La Cellule Mauritanie, de la Coordination de l'exécutif des Associations Touaregs en action depuis le début des combats félicite l'ensemble du peuple de l'Azawad dans ses différentes couches et ethnies pour la libération totale du territoire national de l'Azawad
Tout en appréciant le respect des droits l'homme, une priorité du MNLA, dans son combat, nous déclarons notre soutien indéfectible et sans condition aux fidèles loyalistes combattants du (MNLA).
Nous considérons MNLA comme le seul et unique représentant légitime du peuple de la République Laïque et Démocratique de l'Azawad. RLDA
Nous prions pour l'unité du peuple de la Azawad sans distinction de race et de religion, et demandons à tous les Azawadiens de se sentir concernés jusque à la fin de cette noble mission.

Les signataires
  • Attaher Ag Illi
  • Cheikh Ag Mohamed Elmaouloud
  • Said Ag Mohamed Ahmedou
  • Attaher Ag Mohamed
  • Oyé Ag Ahmedou
  • Mohamed Elhady Ag El Mehdi
  • Oumar Ag Intiwilou
  • Abouya Ag Mohamed Elmehdi
  • Hammalou Ag Mohamed Ali

Samedi, le 21 Avril 2O12

Débats

Les régions de l’Azawad préparent l’avenir

Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA)
15:31 03/05/2012
Par Arnaud Kalika, de l’université Paris II, pour RIA Novosti
Malgré le lobbying appuyé de Bamako contre l’émergence d’une reconnaissance de la question identitaire touarègue, la situation sur le terrain pourrait finir par infléchir le cours de l’histoire en faveur de la rébellion. C’est à Gao que les notables (chefs des tribus) et religieux connus de la région ont entamé, le 25 avril, une longue assemblée de débats qui s’est achevée au début de la soirée du 26 avril sur l’initiative du MNLA, Mouvement national pour la libération de l’Azawad.
Selon les représentants du mouvement, cette rencontre revêt une importance particulière car elle a permis pour la première fois depuis le début de l’insurrection en janvier 2012, aux chefs des tribus et religieux de se retrouver, et d’échanger en toute franchise sur la crise et ses évolutions possibles. La rencontre a eu lieu au moment où les groupes terroristes islamistes essaiment aux frontières de l’Algérie, de la Libye et de la Mauritanie en faisant montre d’une réelle capacité de renverser le rapport de force en leur faveur contre les mouvements de la rébellion traditionnelle. Les islamistes tentent de trouver des passerelles dans ces régions et d’embrigader les plus jeunes, ceux qui sont étrillés par le chômage.
Dans ce contexte, il devenait donc urgent pour les notables et religieux de penser l’avenir et de réfléchir à un moyen de chasser les radicaux. Après quelques hésitations, ils ont finalement décidé de rallier le MNLA sans condition, en apportant leur soutien à la lutte dans le but d’annihiler les poches islamistes naissantes.
Dans un message diffusé sur l’Internet (Alkhabar Info) à la veille de la rencontre, Hamada Ould Khaïrou, dirigeant du mouvement MUJAO et salafiste mauritanien rappelle que son but est bien d’enrôler le maximum de jeunes de toutes origines dans son mouvement pour former une garde islamique, assécher les mouvements traditionnels et favoriser la création d’un Etat islamique sahélien. Gao et Tombouctou constituent des cibles pour le recrutement. Les chefs de tribus comme les combattants touarègues traditionnels souhaitent sarcler les ambitions du MUJAO. Et depuis cette rencontre et cet accord avec le MNLA, le MUJAO (Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest) est dans l’œil du cyclone. L’objectif du MNLA est de saper leur base populaire en gagnant la « bataille des cœurs ». Un bon nombre de jeune auraient déjà quitté ce groupe pour rejoindre leurs familles à Gao depuis la publicité de l’accord entre les chefs de tribus et le MNLA. Pour aller plus loin dans la lutte, le MNLA a cependant besoin de trouver des ressorts et des appuis à l’international. Face à l’atonie de l’Algérie empêtrée dans ses turpides intérieures, les Touarègues espèrent une action de la France, voire de la Russie. 
Pour le MNLA, cette rencontre est assurément une réussite. Les officiers militaires ont engagé des échanges en interne pour mieux s’organiser sur le terrain. Une commission est aujourd’hui mise en place parmi les sages pour approcher M. Yad Ag Aghali à Kidal et ses proches afin d’évoquer avec ces derniers la réunification de tous les combattants de l’Azawad et d’en finir avec la confusion dans la Région. Il s’agit de ne pas confondre les autonomistes avec les islamistes.
Par ailleurs, cette rencontre a donné l’opportunité aux femmes Touarègues pour faire passer leur message très anti islamiste. Ce message a été lu en présence des religieux et des notables présents dans l’après midi du 26 avril 2012 à Gao. Le message indique : « nous attirons l’attention du MNLA sur le rôle combien important que les Femmes Touareg ont apporté au soutien dans les différents combats menés pour la libération de l’Azawad et attendons être impliquées dans tous les processus de libération, d’organisation et du développement du territoire de l’Azawad. Nous, femmes touarègues, appelons à sauvegarder les droits des femmes qui ont mené le combat à leur façon aux côtés des combattants. Et nous condamnons tous les groupes terroristes et demandons qu’ils quittent le territoire de l’Azawad et nous demandons aux autres groupes qui n’ont pas les mêmes objectifs que le MNLA de quitter également le territoire… ».
 Une autre commission du MNLA mène actuellement discrètement une réflexion et une consultation sur la mise en place d’un organe transitoire dans les prochaines semaines qui pourrait prendre en compte certaines réalités sur le terrain et de l’environnement international. D’importantes responsabilités attendent les responsables politiques et militaires de l'Azawad pour donner plus de lisibilité à la Communauté internationale et surtout aux pays frontaliers…

Le soulèvement touareg au Mali menace le Niger voisin

Créé le 03-05-2012 à 13h45 - Mis à jour à 13h45 Réagir

 
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par Nathalie Prevost
TCHINTABARADEN, Niger (Reuters) - Depuis le soulèvement des Touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad qui a coupé le Mali en deux, les autorités nigériennes tentent désespérément de contenir hors de leurs frontières la rébellion nomade.
Au regard de l'Histoire, le Niger a toutes les raisons d'être inquiet.
Depuis le premier soulèvement, il y a près d'un siècle, des "hommes bleus" reconnaissables à leur traditionnel turban indigo, toute tension touarègue au Mali ou au Niger a des répercussions dans le pays voisin.
La situation actuelle ne peut donc rassurer les autorités nigériennes, qui estiment que leur sort est intrinsèquement lié à la gestion de la crise dans le nord du Mali, dont la quasi-totalité est tombée entre les mains des touaregs fin mars, début avril à la faveur d'un coup d'Etat dans la capitale.
"Les populations du nord du Mali et du nord du Niger sont virtuellement les mêmes. Il y a donc bien évidemment des risques", souligne Mohammed Anacko, ancien chef rebelle touareg nigérien et président en exercice du conseil régional d'Agadez.
"Ce qui nous préoccupe c'est comment la situation au Mali va être gérée. Les retombées au Niger seront déterminées par la façon dont la situation (au Mali) sera gérée."
Les combattants touaregs, qui se sont soulevés à cinq reprises dans le Sahara depuis 1916, se plaignent d'être mis à l'écart par le gouvernement central situé à plusieurs centaines de kilomètres.
S'il n'est donc pas historique, le récent soulèvement a toutefois marqué un tournant dans la guérilla menée par les nomades. Après des années de combats avec des moyens dérisoires, les unités touaregs ont profité de la guerre en Libye de l'année dernière pour moderniser leurs équipements.
TOURISTES EUROPÉENS
Contrairement au nord du Mali, dont les richesses pétrolières et minières restent encore sous-exploitées, le nord du Niger accueille des mines d'uranium et des projets du géant nucléaire français Areva et de la Corporation nucléaire nationale chinoise (CNNC).
Prisée des entreprises internationales, la région d'Agadez attire également des touristes européens séduits par les étendues désertiques. Mais les récents enlèvements de ressortissants occidentaux ont d'ores et déjà eu un impact sur le tourisme dans la région.
Désoeuvrés et sans emploi, les jeunes Nigériens constituent en outre des proies faciles pour les recruteurs de combattants touaregs et de trafiquants, notent les autorités nigériennes.
"Ce qui inquiète les jeunes c'est d'être sous-exploités" dit Saadick Idrissa, un travailleur humanitaire, à Tchintabaraden, où le gouvernement tenait une conférence sur la situation dans le nord du Niger. "Pour nous, il est essentiel de régler la question du développement économique".
Karim Alkassoum, un jeune chômeur de 22 ans, n'écarte pas l'idée de franchir la frontière pour rejoindre les rangs des rebelles touaregs. "Je prendrais n'importe quel travail. Mais si j'en avais l'occasion, j'irais au Mali", confie-t-il, sans expliquer toutefois ce qu'il ferait une fois sur place.
INTÉGRATION
Jusqu'à présent, le Niger a mieux réussi que le Mali à gérer le flot des combattants et des armes qui a suivi la chute du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi l'année dernière.
Les autorités nigériennes se targuent en outre d'avoir mieux intégré les groupes ethniques au long de l'histoire du pays que le Mali voisin où les touaregs ont été confinés dans le Nord.
"On voit que les problèmes ne sont pas les mêmes", souligne Alkache Akhada, un touareg et vice-président du gouvernement nigérien. "Il y a des touaregs dans chaque région du Niger et ce n'est pas le cas au Mali. Il y a une mixité ethnique au Niger."
Si Bamako, la capitale malienne se trouve éloignée des zones touaregs, Niamey n'est qu'à 450 km de Gao, une ville malienne tombée sous le contrôle des rebelles touaregs.
Les combats entre les rebelles touaregs et une force internationale au Mali pourraient fournir l'excuse idéale à la rébellion pour franchir la frontière du Niger ou celle d'autres pays voisins, estime Mohammed Anacko.
"Si les pouvoirs internationaux ou régionaux optent pour une solution militaire, il y aura inévitablement des répercussions au Niger et dans le Sahel", dit-il.
C'est aussi l'avis du Premier ministre, Brigi Rafini.
"Nous avons une culture de la protection. Nous avons une unité nationale à protéger. Dans ce sens, nous ne pouvons pas rester indifférents à ce qui est en train de se passer à nos portes", a-t-il déclaré.
Marine Pennetier pour le service français, édité par Gilles Trequesser