Par Grégoire Morizet 0 commentaire(s)
Marmande
Une Maison des femmes comme ultime recours
Solidarité femmes internationale aide les Nigériennes.
Deux à trois fois par ans, Farida se rend au Niger, à la Maison des femmes d'Agadez. (Photo DR)
Même si Farida Hammani a tout de la combattante pour les droits de la femme, elle récuse cette appellation : « Je suis juste une citoyenne du monde qui estime que la moitié du ciel est féminin et qui voudrait que cela se voit dans la pratique sociale et la politique des États. » À défaut de se battre donc, elle se démène pour aider les femmes.
Farida Hammani habite Montpouillan. Depuis toujours, elle s'est vouée aux femmes, corps et âme : dans certains quartiers difficiles de Marseille où elle exerçait sa profession de sage-femme, dans l'association Femmes Sages-femmes d'Aquitaine qu'elle a créée ou encore dans la Maison des femmes d'Agadez, au Niger. Pourquoi les femmes ? « Car si vous les touchez, vous touchez toute la famille. »« Eux, ils n'ont rien »
Pour elle, la Journée internationale de la femme est donc l'occasion de présenter les actions qu'elle mène avec l'association qu'elle préside : Solidarité femmes internationales (lire encadré).
Cette dernière a pour but de « favoriser la promotion de l'éducation et de la santé des fillettes et des femmes dans le monde ». Et comme il faut bien commencer quelque part, c'est au Niger qu'elle intervient : « J'y avais tenu une maternité dans la brousse, il y a une vingtaine d'années. »
Toutes les femmes sont concernées : « Les petites filles qui ne peuvent aller à l'école, les jeunes filles et les femmes dans leur ensemble, quel que soit leur niveau d'instruction. » Grâce à son expérience de sage-femme et sa connaissance du Niger, Farida porte un regard sans concession : « En France, pendant une grossesse, on fait des examens en cherchant ce qui pourrait ne pas aller chez le bébé. Là-bas, c'est juste pour savoir s'il vit. Ici, nous avons tout, eux, ils n'ont rien : encore 10 à 15 % des femmes meurent lors de l'accouchement. »La Maison des femmes
Mais il ne suffit pas de dresser un constat. Un terrain a donc été acheté dans la banlieue d'Agadez, et une bâtisse y a été construite : la Maison des femmes. C'est l'épicentre de l'association : « C'est un centre de formation, une bibliothèque, une médiathèque, un atelier de couture, une classe d'art traditionnel, un pôle médical… » Et tous les ans, de nombreuses femmes en sortent avec une qualification : « 15 dans le tricot, 15 dans le crochet, 15 dans la maroquinerie, 15 dans la broderie traditionnelle et 6 dans les machines à coudre. »
Mais ce n'est pas facile de faire tourner un tel endroit car les investissements sont lourds. C'est pourquoi une partie de la production des Nigériennes est vendue en France par Farida.
D'autant qu'au Niger, la situation empire : « Avec la menace d'Aqmi (2), il n'y a plus aucun touriste », regrette-t-elle. Pourtant, consciente de cette menace, il y retournera cette année.
(1) Site Internet de l'association : www.solidaritefemmesinternationale.org (2) Aqmi : Al Qaida au Maghreb islamique, la branche saharienne d'Al Qaida.
Lire aussi en pages 14 et 15