Véritable industrie dans l’ensemble de la région, le tourisme est la principale activité qui draine un nombre très important de personnes, en l’occurrence des jeunes chômeurs. Ce sont environ plus de 4000 personnes qui évoluent dans ce secteur. En effet, nous a confié le directeur régional du Tourisme, M. Marsadou Soumaïla, les arrivées touristiques montrent à l’évidence qu’avant le déclenchement de la rébellion par le MNJ en février 2007, les touristes traités par les agences de voyages sont passés de 4300 en 2001 à plus de 5468 en 2006, pour retomber à 2054 en 2007 avec le conflit armé. En 2008, ce chiffre est tombé à zéro.
Deux compagnies charters, Go Voyages et Point Air Afrique, desservaient chaque année la région de novembre à avril, mais elles ont suspendu, avec regret, leurs vols en 2007 pour des raisons de sécurité. Mais en 2009, les différents fronts armés ont déposé les armes ; ce qui a permis la création d’un cadre régional de concertation pour relancer les activités touristiques.
Ce cadre était composé du gouvernorat, de la direction régionale du Tourisme et de l’artisanat, ainsi que des Forces de Défense et de Sécurité et des professionnels du tourisme. Ce qui a permis également de célébrer, dans l’enthousiasme, la Journée mondiale du tourisme, d’organiser le festival de l’Aïr en février 2010 à Agharous, d’accueillir le voyagiste français Point Afrique avec 4 vols charters sur Agadez, d’organiser un voyage de presse à l’intention des journalistes européens, la cure salée en septembre 2010 et plusieurs autres circuits touristiques. En effet, la région d’Agadez dispose de plus de 70 agences de voyages, 16 hôtels et auberges avec une capacité de plus de 250 chambres et plus de 450 lits, quelques restaurants et maquis, un aéroport international, un important réseau routier défectueux par endroits et des maisons de téléphonie cellulaire et Internet. Disons tout ce dont le visiteur a besoin en matière de communication.
D’importants sites touristiques qui ne sont plus visités
La région d’Agadez, première destination touristique de notre pays, dispose d’énormes potentialités touristiques ouvrant ainsi la possibilité à plusieurs formes de tourisme. On peut les classer en attractions principales et secondaires. Ainsi, les premières concernent le massif de l’Aïr, le désert du Ténéré, la source thermale de Tafadek. Le site de dinosaures de Gadafawa, le bois silicifié de Marandet, les gravures rupestres de Mamanett, Ewelen et Anagam ; le Bianou et le Gani ; la vieille ville de l’imposante capitale de l’Aïr avec sa célèbre mosquée ; l’azalaï ; la cure salée ; la fantasia-tendé ; les forteresses du Djado ; les oasis de Fachi ; les gravures rupestres de Blaka au Djado ; les oasis du Kawar ; le festival de l’Aïr ; la réserve naturelle de l’Aïr et du Ténéré ; les Ruines d’Assodé, première capitale de l’Aïr.
A ces sites, viendront s’ajouter d’autres, à savoir l’Arbre du Ténéré ou plutôt son emplacement de jadis, les oasis de Bilma, Takedat, Séguidine ; les monuments d’El Micki, de Timia, de Taouradji, d’Iférouane, de Bilma, la maison du boulanger, de l’explorateur allemand Henrich Barth ; le village artisanal d’Agadez. Après avoir ‘’ bu des yeux’’ l’architecture des palais du sultanat et de l’anastafidet, le visiteur sera émerveillé par la splendeur des chants et danses traditionnelles...
Au regard de cette panoplie de possibilités, différentes formes du tourisme s’offrent : saharien, culturel, scientifique, sportif et religieux.
Pourquoi la relève de l’activité touristique n’est pas pour demain
Dans tous les cas, c’est un truisme d’avancer que les raisons du marasme de ce secteur dans les pays du Sahel en général, et au Niger en particulier, sont d’ordre sécuritaire. En fait, il n’est un secret pour personne que le 19 avril 2010, à In-Abangharit, dans la région d’Agadez, le Français Michel Germaneau a été enlevé puis exécuté le 25 juillet 2010. Ensuite, dans la nuit du 15 au 16 septembre 2010, est intervenu à Arlit l’enlèvement de 7 personnes travaillant pour le compte des groupes français Areva et SATOM ; le 7 janvier 2011, il y eut, en plein coeur de Niamey, l’enlèvement de deux Français, retrouvés morts dans la nuit du 7 au 8 juillet 2011.
Dès lors, en 2010, l’inclusion de la destination phare, Agadez, dans la zone orange ‘’formellement déconseillée’’ par le Quai d’Orsay a été le coup de grâce, et du coup les tour-opérateurs ont fermé les circuits. Devant cette situation, pour les déplacements de quelques touristes dans la région du fait de la menace, l’autorité régionale demande qu’ils soient accompagnés des éléments des Forces de Défense et de Sécurité. Or, peu de touristes aimeraient se faire accompagner dans un circuit, encadrés par des armes de guerre. Cela rompt avec la déontologie de la pratique de l’activité du tourisme qui consiste à découvrir et à contempler les richesses naturelles et fauniques en toute décontraction. En outre, les mises en garde impératives de certaines ambassades et de certains sites diplomatiques, en l’occurrence celui du Quai d’Orsay, font que les pays du Sahel sont boudés par les touristes. En effet, au moment de l’enlèvement de deux Canadiens à 40 km à l’ouest de Niamey, on pouvait lire sur le site du quai d’Orsay, à la rubrique conseil aux voyageurs : ‘’les autorités françaises rappellent qu’elles déconseillent formellement tout déplacement dans les zones signalées en rouge. Ces zones sont situées au nord de la ligne passant par Ayorou-Inguel-Agadez-N’Guigmi (toutes ces villes étant localisées en zone rouge’’.
Il a donc été instamment demandé aux ressortissants français qui se trouveraient en ce moment dans ces zones, qu’ils soient résidents ou de passage, de prendre contact avec l’ambassade afin de les quitter au plus vite. Sur le même site, juste après l’enlèvement des deux Français dans un débit de boissons, on pouvait lire : ‘’il n’y a désormais qu’une zone rouge et une zone orange au Niger (Niamey et sa proche région sont en zone orange). Les déplacements en zone rouge sont prohibés. La vie en ‘’zone orange’’ impose une restriction des déplacements hors agglomération aux seules missions professionnelles impératives et sous escorte armée. L’Ambassade de France doit être informée de tout déplacement. Le Niger ne peut donc être considéré comme une destination ‘’touristique ‘’ dans les circonstances actuelles’’
Existe-t-il réellement des perspectives de reprise ?
Douloureuse question à laquelle seul l’avenir répondra. En effet, premier pourvoyeur de devises, le tourisme est un secteur très fragile et très sensible à en croire les propos du directeur régional qui indique cependant qu’au Niger, comme dans tous les pays du Sahel en général, le secteur est en crise, une crise dont le mal est connu. C’est la sécurité. Les chances de reprise passent forcément par l’amélioration de la sécurité pour redorer le blason de la destination nigérienne. Pour ce faire, plusieurs actions urgentes s’avèrent nécessaires : d’abord, la mise en place, aux niveaux central et régional, d’un véritable cadre de réflexion qui doit regrouper l’administration du Tourisme, les ministères de la Défense, de l’Intérieur, des Affaires Etrangères, les collectivités et autres communautés locales qui seront appuyées au plus haut niveau par le politique qui doit concrètement s’impliquer par tous les moyens pour que la reprise de l’activité touristique dans la région d’Agadez ne soit pas un vain mot. Donc, il y a la sécurisation des axes, itinéraires et sites touristiques ; la finalisation de l’opération déminage ; l’organisation d’une forte campagne de communication, d’information et de concertation en direction de certaines représentations diplomatiques au Niger, afin de retirer de certains sites, certaines informations. A tout cela viendront s’ajouter, entre autres, l’organisation d’un voyage de presse, l’intégration du tourisme dans les programmes du développement des communes ; la mise en place urgente, sur le terrain, d’un dispositif sécuritaire dissuasif, etc.
Par Dubois Touraoua, ONEP- AGADEZ-TAHOUA
Deux compagnies charters, Go Voyages et Point Air Afrique, desservaient chaque année la région de novembre à avril, mais elles ont suspendu, avec regret, leurs vols en 2007 pour des raisons de sécurité. Mais en 2009, les différents fronts armés ont déposé les armes ; ce qui a permis la création d’un cadre régional de concertation pour relancer les activités touristiques.
Ce cadre était composé du gouvernorat, de la direction régionale du Tourisme et de l’artisanat, ainsi que des Forces de Défense et de Sécurité et des professionnels du tourisme. Ce qui a permis également de célébrer, dans l’enthousiasme, la Journée mondiale du tourisme, d’organiser le festival de l’Aïr en février 2010 à Agharous, d’accueillir le voyagiste français Point Afrique avec 4 vols charters sur Agadez, d’organiser un voyage de presse à l’intention des journalistes européens, la cure salée en septembre 2010 et plusieurs autres circuits touristiques. En effet, la région d’Agadez dispose de plus de 70 agences de voyages, 16 hôtels et auberges avec une capacité de plus de 250 chambres et plus de 450 lits, quelques restaurants et maquis, un aéroport international, un important réseau routier défectueux par endroits et des maisons de téléphonie cellulaire et Internet. Disons tout ce dont le visiteur a besoin en matière de communication.
D’importants sites touristiques qui ne sont plus visités
La région d’Agadez, première destination touristique de notre pays, dispose d’énormes potentialités touristiques ouvrant ainsi la possibilité à plusieurs formes de tourisme. On peut les classer en attractions principales et secondaires. Ainsi, les premières concernent le massif de l’Aïr, le désert du Ténéré, la source thermale de Tafadek. Le site de dinosaures de Gadafawa, le bois silicifié de Marandet, les gravures rupestres de Mamanett, Ewelen et Anagam ; le Bianou et le Gani ; la vieille ville de l’imposante capitale de l’Aïr avec sa célèbre mosquée ; l’azalaï ; la cure salée ; la fantasia-tendé ; les forteresses du Djado ; les oasis de Fachi ; les gravures rupestres de Blaka au Djado ; les oasis du Kawar ; le festival de l’Aïr ; la réserve naturelle de l’Aïr et du Ténéré ; les Ruines d’Assodé, première capitale de l’Aïr.
A ces sites, viendront s’ajouter d’autres, à savoir l’Arbre du Ténéré ou plutôt son emplacement de jadis, les oasis de Bilma, Takedat, Séguidine ; les monuments d’El Micki, de Timia, de Taouradji, d’Iférouane, de Bilma, la maison du boulanger, de l’explorateur allemand Henrich Barth ; le village artisanal d’Agadez. Après avoir ‘’ bu des yeux’’ l’architecture des palais du sultanat et de l’anastafidet, le visiteur sera émerveillé par la splendeur des chants et danses traditionnelles...
Au regard de cette panoplie de possibilités, différentes formes du tourisme s’offrent : saharien, culturel, scientifique, sportif et religieux.
Pourquoi la relève de l’activité touristique n’est pas pour demain
Dans tous les cas, c’est un truisme d’avancer que les raisons du marasme de ce secteur dans les pays du Sahel en général, et au Niger en particulier, sont d’ordre sécuritaire. En fait, il n’est un secret pour personne que le 19 avril 2010, à In-Abangharit, dans la région d’Agadez, le Français Michel Germaneau a été enlevé puis exécuté le 25 juillet 2010. Ensuite, dans la nuit du 15 au 16 septembre 2010, est intervenu à Arlit l’enlèvement de 7 personnes travaillant pour le compte des groupes français Areva et SATOM ; le 7 janvier 2011, il y eut, en plein coeur de Niamey, l’enlèvement de deux Français, retrouvés morts dans la nuit du 7 au 8 juillet 2011.
Dès lors, en 2010, l’inclusion de la destination phare, Agadez, dans la zone orange ‘’formellement déconseillée’’ par le Quai d’Orsay a été le coup de grâce, et du coup les tour-opérateurs ont fermé les circuits. Devant cette situation, pour les déplacements de quelques touristes dans la région du fait de la menace, l’autorité régionale demande qu’ils soient accompagnés des éléments des Forces de Défense et de Sécurité. Or, peu de touristes aimeraient se faire accompagner dans un circuit, encadrés par des armes de guerre. Cela rompt avec la déontologie de la pratique de l’activité du tourisme qui consiste à découvrir et à contempler les richesses naturelles et fauniques en toute décontraction. En outre, les mises en garde impératives de certaines ambassades et de certains sites diplomatiques, en l’occurrence celui du Quai d’Orsay, font que les pays du Sahel sont boudés par les touristes. En effet, au moment de l’enlèvement de deux Canadiens à 40 km à l’ouest de Niamey, on pouvait lire sur le site du quai d’Orsay, à la rubrique conseil aux voyageurs : ‘’les autorités françaises rappellent qu’elles déconseillent formellement tout déplacement dans les zones signalées en rouge. Ces zones sont situées au nord de la ligne passant par Ayorou-Inguel-Agadez-N’Guigmi (toutes ces villes étant localisées en zone rouge’’.
Il a donc été instamment demandé aux ressortissants français qui se trouveraient en ce moment dans ces zones, qu’ils soient résidents ou de passage, de prendre contact avec l’ambassade afin de les quitter au plus vite. Sur le même site, juste après l’enlèvement des deux Français dans un débit de boissons, on pouvait lire : ‘’il n’y a désormais qu’une zone rouge et une zone orange au Niger (Niamey et sa proche région sont en zone orange). Les déplacements en zone rouge sont prohibés. La vie en ‘’zone orange’’ impose une restriction des déplacements hors agglomération aux seules missions professionnelles impératives et sous escorte armée. L’Ambassade de France doit être informée de tout déplacement. Le Niger ne peut donc être considéré comme une destination ‘’touristique ‘’ dans les circonstances actuelles’’
Existe-t-il réellement des perspectives de reprise ?
Douloureuse question à laquelle seul l’avenir répondra. En effet, premier pourvoyeur de devises, le tourisme est un secteur très fragile et très sensible à en croire les propos du directeur régional qui indique cependant qu’au Niger, comme dans tous les pays du Sahel en général, le secteur est en crise, une crise dont le mal est connu. C’est la sécurité. Les chances de reprise passent forcément par l’amélioration de la sécurité pour redorer le blason de la destination nigérienne. Pour ce faire, plusieurs actions urgentes s’avèrent nécessaires : d’abord, la mise en place, aux niveaux central et régional, d’un véritable cadre de réflexion qui doit regrouper l’administration du Tourisme, les ministères de la Défense, de l’Intérieur, des Affaires Etrangères, les collectivités et autres communautés locales qui seront appuyées au plus haut niveau par le politique qui doit concrètement s’impliquer par tous les moyens pour que la reprise de l’activité touristique dans la région d’Agadez ne soit pas un vain mot. Donc, il y a la sécurisation des axes, itinéraires et sites touristiques ; la finalisation de l’opération déminage ; l’organisation d’une forte campagne de communication, d’information et de concertation en direction de certaines représentations diplomatiques au Niger, afin de retirer de certains sites, certaines informations. A tout cela viendront s’ajouter, entre autres, l’organisation d’un voyage de presse, l’intégration du tourisme dans les programmes du développement des communes ; la mise en place urgente, sur le terrain, d’un dispositif sécuritaire dissuasif, etc.
Par Dubois Touraoua, ONEP- AGADEZ-TAHOUA