lundi 15 août 2011

Agadez/Relance de l’activité touristique : des infrastructures à réhabiliter... en attendant les touristes



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Agadez_Niger__Véritable industrie dans l’ensemble de la région, le tourisme est la principale activité qui draine un nombre très important de personnes, en l’occurrence des jeunes chômeurs. Ce sont environ plus de 4000 personnes qui évoluent dans ce secteur. En effet, nous a confié le directeur régional du Tourisme, M. Marsadou Soumaïla, les arrivées touristiques montrent à l’évidence qu’avant le déclenchement de la rébellion par le MNJ en février 2007, les touristes traités par les agences de voyages sont passés de 4300 en 2001 à plus de 5468 en 2006, pour retomber à 2054 en 2007 avec le conflit armé. En 2008, ce chiffre est tombé à zéro.

Deux compagnies charters, Go Voyages et Point Air Afrique, desservaient chaque année la région de novembre à avril, mais elles ont suspendu, avec regret, leurs vols en 2007 pour des raisons de sécurité. Mais en 2009, les différents fronts armés ont déposé les armes ; ce qui a permis la création d’un cadre régional de concertation pour relancer les activités touristiques.

Ce cadre était composé  du gouvernorat, de la direction régionale du Tourisme et de l’artisanat, ainsi que des Forces de Défense et de Sécurité et des professionnels du tourisme. Ce qui a permis également de célébrer, dans l’enthousiasme, la Journée mondiale du tourisme, d’organiser le festival de l’Aïr en février 2010 à Agharous, d’accueillir le voyagiste français Point Afrique avec 4 vols charters sur Agadez, d’organiser un voyage de presse à l’intention des journalistes européens, la cure salée en septembre 2010 et plusieurs autres circuits touristiques. En effet, la région d’Agadez dispose de plus de 70 agences de voyages, 16 hôtels et auberges avec une capacité de plus de 250 chambres et plus de 450 lits, quelques restaurants et maquis, un aéroport international, un important réseau routier défectueux par endroits et des maisons de téléphonie cellulaire et Internet. Disons tout ce dont le visiteur a besoin en matière de communication.

D’importants sites touristiques qui ne sont plus visités 

La région d’Agadez, première destination touristique de notre pays, dispose d’énormes potentialités touristiques ouvrant ainsi la possibilité à plusieurs formes de tourisme. On peut les classer en attractions principales et secondaires. Ainsi, les premières concernent le massif de l’Aïr, le désert du Ténéré, la source thermale de Tafadek. Le site de dinosaures de Gadafawa, le bois silicifié de Marandet, les gravures rupestres de Mamanett, Ewelen et Anagam ; le Bianou et le Gani ; la vieille ville de l’imposante capitale de l’Aïr avec sa célèbre mosquée ; l’azalaï ; la cure salée ; la fantasia-tendé ; les forteresses du Djado ; les oasis de Fachi ; les gravures rupestres de Blaka au Djado ; les oasis du Kawar ; le festival de l’Aïr ; la réserve naturelle de l’Aïr et du Ténéré ; les Ruines d’Assodé, première capitale de l’Aïr.

A ces sites, viendront s’ajouter d’autres, à savoir l’Arbre du Ténéré ou plutôt son emplacement de jadis, les oasis de Bilma, Takedat, Séguidine ; les monuments d’El Micki, de Timia, de Taouradji, d’Iférouane, de Bilma, la maison du boulanger, de l’explorateur allemand Henrich Barth ; le village artisanal d’Agadez. Après avoir ‘’ bu des yeux’’ l’architecture des palais du sultanat et de l’anastafidet, le visiteur sera émerveillé par la splendeur des chants et danses traditionnelles...

Au regard de cette panoplie de possibilités, différentes formes du tourisme s’offrent : saharien, culturel, scientifique, sportif et religieux.

Pourquoi la relève de l’activité touristique n’est pas pour demain 

Dans tous les cas, c’est un truisme d’avancer que les raisons du marasme de ce secteur dans les pays du Sahel en général, et au Niger en particulier, sont d’ordre sécuritaire. En fait, il n’est un secret pour personne que le 19 avril 2010, à In-Abangharit, dans la région d’Agadez, le Français Michel Germaneau a été enlevé puis exécuté le 25 juillet 2010. Ensuite, dans la nuit du 15 au 16 septembre 2010, est intervenu à Arlit l’enlèvement de 7 personnes travaillant pour le compte des groupes français Areva et SATOM ; le 7 janvier 2011, il y eut, en plein coeur de Niamey, l’enlèvement de deux Français, retrouvés morts dans la nuit du 7 au 8 juillet 2011.

Dès lors, en 2010, l’inclusion de la destination phare, Agadez, dans la zone orange ‘’formellement déconseillée’’ par le Quai d’Orsay a été le coup de grâce, et du coup les tour-opérateurs ont fermé les circuits. Devant cette situation, pour les déplacements de quelques touristes dans la région du fait de la menace, l’autorité régionale demande qu’ils soient accompagnés des éléments des Forces de Défense et de Sécurité. Or, peu de touristes aimeraient se faire accompagner dans un circuit, encadrés par des armes de guerre. Cela rompt avec la déontologie de la pratique de l’activité du tourisme qui consiste à découvrir et à contempler les richesses naturelles et fauniques en toute décontraction. En outre, les mises en garde impératives de certaines ambassades et de certains sites diplomatiques, en l’occurrence celui du Quai d’Orsay, font que les pays du Sahel sont boudés par les touristes. En effet, au moment de l’enlèvement de deux Canadiens à 40 km à l’ouest de Niamey, on pouvait lire sur le site du quai d’Orsay, à la rubrique conseil aux voyageurs : ‘’les autorités françaises rappellent qu’elles déconseillent formellement tout déplacement dans les zones signalées en rouge. Ces zones sont situées au nord de la ligne passant par Ayorou-Inguel-Agadez-N’Guigmi (toutes ces villes étant localisées en zone rouge’’.

Il a donc été instamment demandé aux ressortissants français qui se trouveraient en ce moment dans ces zones, qu’ils soient résidents ou de passage, de prendre contact avec l’ambassade afin de les quitter au plus vite. Sur le même site, juste après l’enlèvement des deux Français dans un débit de boissons, on pouvait lire : ‘’il n’y a désormais qu’une zone rouge et une zone orange au Niger (Niamey et sa proche région sont en zone orange). Les déplacements en zone rouge sont prohibés. La vie en ‘’zone orange’’ impose une restriction des déplacements hors agglomération aux seules missions professionnelles impératives et sous escorte armée. L’Ambassade de France doit être informée de tout déplacement. Le Niger ne peut donc être considéré comme une destination ‘’touristique ‘’ dans les circonstances actuelles’’

Existe-t-il réellement des perspectives de reprise ?

Douloureuse question à  laquelle seul l’avenir répondra. En effet, premier pourvoyeur de devises, le tourisme est un secteur très fragile et très sensible à en croire les propos du directeur régional qui indique cependant qu’au Niger, comme dans tous les pays du Sahel en général, le secteur est en crise, une crise dont le mal est connu. C’est la sécurité. Les chances de reprise passent forcément par l’amélioration de la sécurité pour redorer le blason de la destination nigérienne. Pour ce faire, plusieurs actions urgentes s’avèrent nécessaires : d’abord, la mise en place, aux niveaux central et régional, d’un véritable cadre de réflexion qui doit regrouper l’administration du Tourisme, les ministères de la Défense, de l’Intérieur, des Affaires Etrangères, les collectivités et autres communautés locales qui seront appuyées au plus haut niveau par le politique qui doit concrètement s’impliquer par tous les moyens pour que la reprise de l’activité touristique dans la région d’Agadez ne soit pas un vain mot. Donc, il y a la sécurisation des axes, itinéraires et sites touristiques ; la finalisation de l’opération déminage ; l’organisation d’une forte campagne de communication, d’information et de concertation en direction de certaines représentations diplomatiques au Niger, afin de retirer de certains sites, certaines informations. A tout cela viendront s’ajouter, entre autres, l’organisation d’un voyage de presse, l’intégration du tourisme dans les programmes du développement des communes ; la mise en place urgente, sur le terrain, d’un dispositif sécuritaire dissuasif, etc.

Par Dubois Touraoua, ONEP- AGADEZ-TAHOUA

Libye: discussions secrètes en Tunisie



AFP Mis à jour  | publié  Réagir

Des pourparlers secrets ont réuni des rebelles libyens et des représentants du gouvernement de Mouammar kadhafi à Djerba, l'île du sud tunisien, alors que des appareils sud-africain et qataris se trouvaient lundi sur l'aéroport de cette île proche de la Libye, a-t-on appris de sources concordantes.

"Les pourparlers se sont déroulés la nuit dernière dans un hôtel de Djerba sous haute garde", a indiqué à l'AFP, une source proche des milieux de la sécurité tunisienne. "Des cortèges de voitures escortés ont passé la frontière dimanche au point de passage de Ras Jedir, près de Djerba", a ajouté cette source sous couvert d'anonymat, faisant état de la présence parmi les négociateurs de ministres et responsables sécuritaires pro-kadhafi, sans pouvoir les identifier.

Par ailleurs, un jet triple réacteurs sud-africain était stationné lundi à l'aéroport de Djerba, près de deux hélicoptères militaires qataris, a indiqué à l'AFP une source aéroportuaire.

Des affrontements ont opposé la nuit dernière à Ben Guerdane, près de Ras Jedir, des pro-Kadhafi Libyens et Tunisiens ayant franchi le point de contrôle dans de grosses voitures 4X4 et des partisans de la rébellion célébrant "la fin de Kadhafi", ont rapporté à l'AFP des habitants. Les pro-rebelles avaient commencé par manifester leur joie dans les rues pour "fêter la fin de Kadhafi", a ajouté Mohamed, témoin de la scène.

Ainsi, vous mourrez, Monsieur Bouteflika….



Poste par  août 14th, 2011 categorie Tribune libre. Vous pouvez suivre les reponses via RSS 2.0. Vous pouvez commenter et trackbacker cet article Print This Post Print This Post
Quelques jours après les événements d’Octobre 1988 qui ont ébranlé le pouvoir algérien détenu exclusivement par le FLN et ce depuis l’indépendance du pays en 1962, Kateb Yacine affirmait que “tout algérien conscient ne peut être contre le FLN”.
Etant personnellement convaincu que nous sommes le présent du passé comme nous serons le futur du présent, je partage entièrement son assertion, et encore plus aujourd’hui. Le FLN, authentique, celui de 1954, est la propriété historique de tout algérien et particulièrement de tous les martyrs : d’hier, de Jugurtha à Kahina; d’avant hier, de l’Emir Abdelkader à Hassiba Ben Bouali; d’aujourd’hui, de Djaout à Katia de Baraki ; de demain, de l’algérien et l’algérienne venant à tomber sous les sabres des « afghans » ou les balles des « baltagias » d’un pouvoir répressif.
Ce FLN, sublime, était « l’Atomiseur de Lumière » qui guida le peuple à la Libération du colonialisme français. Né dans un contexte politico-économico-culturel aliénant, sa mission était bien appropriée et conjoncturelle : libérer le pays du joug colonial. Dieu merci, l’objectif était atteint. NON SANS SANG !
Malheureusement, ce qui a déjà commencé durant la guerre de libération entre 1954 et 1962 a pris de l’ampleur, peu après 1962. Epuré de son intelligentsia, séquestré par des demi-dieux enivrés par le pouvoir sans partage, métamorphosé en « Atomiseur de Brouillard » , le FLN a fini par concrétiser en moins de 30 ans ce que la France coloniale n’a pu complètement réaliser en 130 ans de domination sanglante à savoir : la division des algériens, la glorification de la médiocrité, l’étouffement des libertés, la falsification de l’Histoire, l’abâtardissement de l’Identité et de la Culture mais surtout l’accouchement d’un intégrisme religieux destructeur dont les premiers germes sont distillés par une école des plus sclérosée et archaïque au monde.
Le sigle FLN est usurpé et sa restitution au peuple au même titre que l’hymne et l’emblème nationaux est la première pierre angulaire pour une réelle réconciliation des algériens avec leur Histoire contemporaine. Boudiaf, l’un des pères de la Révolution et du FLN, n’a pas enfilé de gants blancs pour trancher sur la question en déclarant sèchement : “le FLN est mort en 62 ! “. Il faut être débilement débile pour ne pas comprendre que si des « apparatchiques d’un système autoritaire » ont détourné, soudoyé et corrompu ce symbole, c’est parcequ’il peut rapporter gros comme dans une loterie et, il a rapporté gros à tous ceux qui “ont trahi le FLN” pour reprendre une autre expression de Kateb Yacine. La trahison était tellement blasphématoire et insultante que, par désespoir ou opposition, la jeunesse en particulier, fragilisée, laissée pour compte, instrumentalisée tentât de vendre son âme à l’intégrisme religieux quand elle ne sombrât pas dans le labyrinthe de la drogue, de la déchéance, du désespoir, de l’émigration clandestine, du suicide et de l’immolation par le feu.
Aujourd’hui, alors que les révolutions dans les pays arabes balayent les anciens systèmes, des limaces tenaces se permettent l’indécence de s’agripper, rivées sur leurs fauteuils, insensibles aux changements qui s’opèrent à nos frontières, soit en douceur soit tragiquement. Les caciques carriéristes de l’ex-unique doivent quitter les jupons du FLN et créer leur propre parti, avec un autre sigle au lieu de se servir sans vergogne du sang des Chouhadas, s’il leur reste encore un peu de courage et d’honnêteté politiques. L’Organisation Nationale des Moudjahidines et les différentes Associations d’Enfants de Chouhadas entre autres doivent faire,- et elles ont tardé -, de la restitution du sigle FLN à l’Histoire une priorité absolue et œuvrer pour la dissolution du Parti FLN, de son clone le RND et de tous ces petits partis-métastases qui ne se réveillent de leur coma uniquement lors des échéances électorales pour jouer les lièvres et, évidemment récompensés sur les deniers publics. Il y va de même de ces associations de masse non crédibles qui inhibent toute énergie et toute initiative citoyennes et surtout le Syndicat UGTA devenu un assommoir pour les travailleurs plutôt qu’une force de progrès. La restitution également à l’Etat des biens squattés par ces parasites y va de soi. Il est temps que les syndicats et associations émanent réellement de la volonté populaire et financés éventuellement dans la transparence par des aides de l’Etat mais en majorité uniquement par les cotisations de leurs militants, adhérents et sympathisants. Autrement dit, les codes de création des partis politiques, des associations et syndicats sont à revoir totalement. Le multipartisme tel initié au début de l’ouverture démocratique dans les années 90 n’est que poudre aux yeux. Continuerons-nous à nous mentir à nous-mêmes ainsi indéfiniment ?
Si, Moufdi Zakaria – l’auteur de l’hymne national “Kassaman” – avait su que le FLN dont, parait-il, Monsieur le Président Bouteflika, est président d’honneur serait un jour « enturbanné à la soudanaise », il n’aurait sûrement jamais écrit “Djabhatou Tahriri aâtaynaka aâhda (Nous jurons fidélité au FLN) ! “. Doit-on alors « réformer » l’hymne national en l’amputant de ce vers pour permettre à un clan d’usurpateurs de la mémoire collective de s’accaparer à vie le FLN ? La réponse est catégoriquement “NON”; le contraire serait un sacrilège même. Le symbole FLN doit être restitué à l’Histoire de l’Algérie, de préférence sans soubresauts comme cela ne s’était pas produit en Tunisie avec la Parti de Ben Al et en Egypte avec le parti de Moubarak. L’Hymne National sera ainsi « décolonisé », lavé de toutes salissures. Ce n’est que rendre triplement justice aux martyrs, au peuple algérien tout entier et à son auteur.
Et, tant que ces assainissements institutionnel, constitutionnel et historique primordiaux ne sont pas opérés, l’espoir de réformes démocratiques profondes et crédibles reste une illusion. Les consultations-marathon organisées par le pouvoir , il y’a quelques semaines, en vue de la réforme de la Constitution pour la nième fois – je vous parie – n’accoucheront que d’un autre texte comme les précédents sans bouleversements profonds et que le peuple approuvera, disons à 75% pour lui donner un semblant de crédibilité, d’autant plus que la quasi-totalité des «consultés» sont ces dinosaures politiques qui ont traversé les décennies, recyclés du pseudo-socialisme étriqué au pseudo-libéralisme sauvage. Et personne ne s’attend à des miracles après les futures élections : on verra les mêmes têtes à la tête des différentes institutions. On ne peut faire du neuf avec du vieux que dans les usines de traitements de déchets recyclables et, même là, parfois, çà foire !
Le Président Boudiaf était décidé à opérer ce nettoyage historique, premier pas crédible vers la rupture radicale et la démocratisation réelle de la vie politique mais ses visions révolutionnaires lui ont couté la vie. Vous, Monsieur Bouteflika, vous pouvez le faire si toutefois, vous n’êtes pas un “trois-quart de Président” pour reprendre votre propre expression ! Ainsi, vous mourrez, Monsieur le Président… en toute tranquillité, d’une part.
Et, d’autre part, vous entrerez dans l’Histoire si vous vous attelez à désamorcer les bombes à retardement sur lesquelles l’Algérie est bien assise, dans le confort pour certains et, dans l’angoisse pour d’autres. Je fais allusion à ce stupide « conflit » en hibernation qui empoisonne les relations algéro-marocaines et à cette poudrière « targuie » aux frontières sud de l’Algérie.
Il est inconcevable qu’après 50 ans de souveraineté nationale tant pour le Maroc que l’Algérie, les frontières entre ces deux pays ne soient pas encore définitivement balisées et reconnues officiellement de part et d’autre. Ceci est une porte entr’ouverte à toute velléité de futurs conflits armés comme ceux déjà vécus en 1963 et 1975. Evidemment, la question épineuse du Sahara Occidentale vient encore compliquer la situation depuis 1975. Monsieur Bouteflika qui était, à cette période, Ministre des Affaires Etrangères connait les dessous de cette double question mieux que quiconque, même mieux que le Roi Mohamed VI alors prince adolescent. Il détient par conséquent les « clefs » de la pacification de la région si son pouvoir, sa sagesse et son intelligence de diplomate sont conjugués à cet effet. Viendra par conséquent la normalisation des relations algéro-marocaines dont l’ouverture des frontières terrestres ; l’état actuel, on le constate, ne profite réellement qu’aux truands et trafiquants de tout genre, avec la complicité de certains agents sans scrupules qui gangrènent les institutions frontalières des deux cotés. Les seuls lésés sont les citoyens honnêtes marocains et algériens voire magrébins qui ne demandent qu’à circuler librement pour tisser des liens encore plus fraternels mais surtout les bi-nationaux des deux cotés qui souffrent des séparations familiales. Avec les suppressions de visas, les procédures de circulation sont certes maintenant allégées mais les déplacements exclusivement par voie aérienne ne sont pas à la portée de tout un chacun.
Au moment où les blocs politico-économiques se forment dans diverses régions de tous les continents pour tirer leur épingle du jeu de la mondialisation impitoyable envers les Etats faibles, l’idée du Grand Maghreb rêvé par les fondateurs de l’Etoile Africaine depuis les années 1920, reste la seule alternative. Il est vital et urgent que le Grand Maghreb des Peuples voit enfin le jour. Et qu’on arrête la comédie : le « parlement » magrébin actuel dont les membres sont désignés et nommés par les pouvoirs des capitales magrébines est une vraie supercherie ; comme la Ligue Arabe, il ne sert absolument à rien sauf à tenter de mimer l’UE (Union Européenne) et ce qui se fait de l’autre coté de la méditerranée mais surtout à offrir des postes à des « amis » payés à coups de millions sur les deniers publics. Qui a entendu parler de ce fameux parlement lors des révolutions tunisienne et Egyptienne mais surtout du drame libyen ?? Le Grand Maghreb doit absolument être « pacifié » pour prétendre à un vrai parlement élu par les peuples maghrébins pour réellement les représenter et défendre leurs intérêts et leur bien être dans la région. Le Grand Maghreb n’existera que s’il est celui des Peuples. Le seul à contribuer à une paix durable dans la région.
L’autre menace qui guette l’Algérie à plus ou moins long terme, c’est ce que je nommerai, le « syndrome de Kurdisation » dans les régions du Grand Sud, frontalières du Niger, Mali, Libye,… La colonisation française a morcelé le Peuple Targui éparpillé sur 5 ou 6 pays, à l’instar du Peuple Kurde en Asie. Cette atomisation maintenue évidemment dans le respect des frontières héritées après les indépendances a déstructuré totalement ce « peuple bleu » dans ses fondements ancestraux. Les rebellions des Touaregs dans les pays limitrophes sont là pour en témoigner. Il n’est pas à exclure que tôt ou tard des mouvements séparatistes voient le jour en vue de la création d’un Etat Targui autonome et souverain. Le pouvoir algérien en est conscient puisque à chaque fois que les choses bougent dans ce sens, la médiation algérienne accoure pour diffuser sa lotion magique. Mais jusqu’à quand ? Je ne détiens point de solutions mais un traitement spécifique viable avec tous les régimes des pays concernés en collaboration avec les Touaregs est envisageable et le plus tôt possible. Déjà, que toute la région commence à se transformer en un « no man’s land » livré aux trafiquants et aux drogués et rebus de Ben Laden.
Monsieur le Président, pour les générations futures, la solution à ces questions épineuses sont à mon avis bien plus importantes que l’autoroute Est-Ouest, le métro d’Alger qui n’en finit pas d’engloutir voracement et inutilement l’argent public depuis les années 1980 ou la prestigieuse grande mosquée d’Alger – la plus grande d’Afrique, dit-on – et qui porterait votre nom. Je voudrais bien croire, Monsieur le Président, que vous n’êtes pas adepte de l’adage “après moi, c’est le déluge”. Alors, de grâce, Monsieur le Président, faites quelque chose, pour redonner de l’Espoir pour que nos enfants retrouvent surtout l’Amour de la Patrie car le véritable problème de l’algérien d’aujourd’hui est qu’on lui fait détester son pays, chaque jour, un peu plus. Et vous le savez très bien. Rappelez-vous, Monsieur, le Président la visite de Monsieur Chirac à Alger : les algérois ont accueilli le président français comme un dieu, le suppliant d’ouvrir les frontières….. algéro-françaises !!
Barek ABAS
PS : Une partie de cet article est puisée de l’article « Décoloniser l’hymne national », écrit à Laghouat et publié in le quotidien « Liberté », le 18/04/1993.

LES TOUAREGS ET NOUS : UNE RELATION TRIANGULAIRE ? Paul Pandolfi


Ethnologies comparées

N°2
Printemps 2001

MIROIRS IDENTITAIRES




« Oh ! Mes Touaregs ! Quel mystère vous conduit sous vos voiles étranges? A l'image de votre âme, votre parler berbère est marqué de mots chrétiens, le nom latin immense de péché, celui gracieux des anges, et, à travers les règles musulmanes de votre art, vous faites triompher sur vos objets familiers la croix chrétienne » (C.Kilian 1934 : 155).

        Sous ce titre quelque peu énigmatique, nous nous proposons d’entamer ici le décryptage de la représentation que nous nous sommes faite de ce peuple connu sous le nom de Touaregs. Cette représentation n’a rien d’éternel, elle est le résultat d’un processus, d’une construction historique. En ce sens, parler de décryptage c’est d’abord — à grands traits — repérer/baliser ce processus mais aussi, dans le même mouvement, se poser la question du pourquoi. La représentation passée et présente des Touaregs n’est pas gratuite, elle ne correspond pas simplement à un surplus d’exotisme pour Occidentaux désenchantés, elle n’est pas le simple fruit d’un hasard ethnologique. Cette représentation a une efficacité pratique et elle ne peut réellement s’analyser qu’à condition de cerner ses enjeux et ses usages. Qu’à condition, en somme, de se poser cette question en apparence triviale : à quoi sert cette représentation ? Faute de pousser l'analyse jusqu'à ce point, on s'en tiendrait à une simple description de l'image des Touaregs et on passerait sûrement à côté de l'essentiel, on n'analyserait rien.

Le stéréotype touareg
        Les Touaregs bénéficient d’une représentation largement positive, d’un stéréotype fortement valorisé et par là sont distingués des populations « autres » qui leur sont voisines. Soit principalement les populations dites arabes situées au nord du pays touareg et, au sud, les populations « noires » d’Afrique sahélienne, auxquelles s’appliquent généralement des représentations beaucoup plus négatives. Cette valorisation de l’image des Touaregs peut facilement se repérer dans le présent (voir les reportages télévisés comme « Ushuaïa » ou le magazine Géo). Nous n’en prendrons ici qu’un exemple : le catalogue du magasin « Nature et Découvertes » (printemps 1999) qui présente aux consommateurs occidentaux des bijoux dits « ethniques ». L’orfèvrerie touarègue y est bien évidemment présente. Un texte, intitulé « Splendeurs nomades », accompagne la reproduction photographique des bijoux :
« Au bout de la patience, il y a le ciel, disent les Touaregs, nomades épris d’espace et de liberté, sages seigneurs du désert enveloppés d’épais voiles indigo qui les protègent du soleil et du vent. Les bijoux qu’ils cisèlent dans l’argent, métal du prophète, symbole de la pureté, ont l’élégance et la simplicité de ce peuple ».
        On est là en présence d’un stéréotype massif et hors du temps où figurent les principaux thèmes de l’imagerie touarègue : le mystère (voile), le nomadisme assimilé à l’errance et à la liberté, la noblesse, la sagesse et la simplicité attribuées à un peuple censé vivre en osmose avec un milieu naturel difficile. Nous ne nous attarderons pas davantage sur cette image qui à quelques variantes près est présente dans nombre de textes consacrés aux Touaregs. On notera par contre deux de ses conséquences majeures :
        - Du fait même de cette valorisation, les Touaregs ont en quelque sorte monopolisé l’image du nomade saharien. Pour la plupart des Occidentaux une série d’équivalences est ainsi instaurée : Sahara = nomades = Touaregs. Les autres populations sahariennes (nomades et/ou sédentaires) se trouvent ainsi quasiment exclus de notre imaginaire saharien. On notera d’ailleurs qu’au sein même du monde touareg ceux de l’Ahaggar (ou Hoggar) sont particulièrement privilégiés. Un texte de E. F. Gautier, géographe longtemps présenté comme un des meilleurs spécialistes du Sahara, est sur ce point éloquent :
« Le sédentaire, au Sahara, est quelque chose comme un corps étranger enkysté ; un coolie noir, fixé à la glèbe […] Le véritable Saharien, l’autochtone enraciné, c’est le nomade, dans l’espèce le Touareg […] ceux qui nous intéressent, les Sahariens du Hoggar, sont peut-être bien les représentants les plus glorieux et les plus caractéristiques du nom  » (1935 : 176).
        - Cette première équation en installe une seconde sur le mode de l’évidence. Si le type même du nomade saharien est un Touareg, il est implicitement entendu qu’un Touareg est un nomade, mieux il ne peut être qu’un nomade. Un Touareg sédentaire — comme il en existait déjà dans la société dite traditionnelle — sera toujours plus ou moins présenté comme un « faux » Touareg, comme un Touareg « inauthentique » et pensé dans une thématique de la déchéance, de la perte d’une « pureté originelle ».

Une vieille histoire
        Or, cette représentation largement valorisée des Touaregs est en quelque sorte présente dès « l’origine », entendons par là le moment de la rencontre entre l’Occident (et notamment la France) et le monde touareg au XIXème siècle[1]. Avec la conquête de l’Algérie, les Touaregs deviennent peu à peu une réalité concrète pour les Européens. Très schématiquement, deux grandes périodes peuvent être distinguées : de 1850 à 1900, l’ère des explorations et des contacts indirects puis, à partir de 1900-1905, la phase de l’installation coloniale en pays touareg. Mais, point important, les contacts de plus en plus étroits tout comme l’accumulation des connaissances ne provoquent pas un effet de désenchantement. Ce qui domine malgré tout, y compris dans la littérature coloniale, est bien la face positive et valorisée. Certes, un autre discours existe aussi. Comme c'est souvent le cas dans les représentations des populations nomades, se conjuguent en effet (et souvent dans le même texte) attirance et rejet, valorisation et stigmatisation. Et l'on pourrait citer ici maints passages où les Touaregs sont présentés comme d'éternels pillards, comme des hommes sans loi qui ne reconnaissent que la force. Mais, hors quelques cas relativement isolés[2], chez la plupart des auteurs la représentation des Touaregs est largement valorisée surtout si on la compare à celles des peuples qui leur sont voisins.
        Ainsi, sept ans après le massacre de la mission Flatters, soit dans une période particulièrement défavorable à une présentation positive des Touaregs, ceux-ci demeurent malgré tout un peuple « exceptionnel » pour Bissuel, un peuple « fascinant » pour Maupassant[3]. Quelques décennies plus tard, M. Delafosse commence ainsi la préface qu'il écrit pour le livre du Docteur A. Richer consacré aux Touaregs Oulliminden : « Parmi les cent peuples divers qui, à l'heure actuelle, dans toutes les parties du monde, vivent à l'ombre de notre drapeau et suivent la voie de leurs destinées à la faveur de la paix française, celui des Touaregs a toujours éveillé parmi nous, une curiosité particulière, qui, peu à peu, s'est doublée d'une sympathie spéciale » (1924 : 3). Et de fait, dans bien des cas, les nomades voilés du Sahara ont incarné la figure même de l’étrangeté, le Touareg a été l’Autre par excellence et ce, sur un double registre puisque il était pensé comme à la fois un autre proche et un autre lointain.

Lointains … et atypiques
        Outre l’aura de mystère qui les a longtemps entourés, les Touaregs apparaissent lointains parce que fort différents des autres peuples d’Afrique du Nord. Depuis 1830, les populations d’Afrique du Nord et du Sahara ont toujours été pensées et appréhendées à travers de rigides oppositions binaires. De plus, ces dernières sont alors présentées comme surdéterminées par des différenciations « raciales » immuables. Si le couple Berbères/Arabes constitue ici l'exemple à la fois le plus représentatif et le plus connu, il existe bien d’autres manières de cliver le social. Ainsi, les oppositions nomades/sédentaires, Blancs/Noirs, conquérants/conquis ou encore dominants/dominés, seront également particulièrement opérantes. Or, dans la mise en place de ce jeu d’oppositions, les Touaregs occupent une place originale et privilégiée qui les distingue de tous les autres groupes. Nous sommes là, en effet, en présence d’une population cumulant tous les traits jugés positifs de ce dispositif puisque les Touaregs sont présentés comme des Berbères blancs, nomades et dominants.
        Mais surtout, l'appréhension des Touaregs ne s'effectue jamais dans une simple relation à deux termes, dans une relation de face à face entre Nous (= Européens) et les Autres (= Touaregs). Il y a toujours présent, de manière implicite ou explicite, un troisième terme, un second « autre » qui permet d'instaurer une relation non pas duelle mais triangulaire. Entre Nous et cet Autre par excellence que peuvent être les Touaregs vient en quelque sorte s’immiscer ce second « autre » que seront les populations arabes dans la plupart des cas ou, plus rarement, les populations noires du Sahel. D’Europe au cœur du Sahara, le chemin n’est jamais direct, jamais sans intermédiaire ; on n’arrive au pays des « hommes bleus » qu’après avoir traversé au préalable soit le Maghreb soit l’Afrique sahélienne.
        Ainsi, quand il s’agit de repérer des traits jugés distinctifs des Touaregs, deux notations sont récurrentes dans la littérature : le rôle privilégié des femmes et la tiédeur religieuse. Or, dans les deux cas, ces affirmations ne peuvent réellement se comprendre que par rapport à ce second « autre » précédemment évoqué. C’est bien, avant tout, par comparaison avec les populations arabes d’Afrique du Nord censées opprimer leurs femmes et sombrer dans le pire fanatisme que les Touaregs sont ainsi qualifiés : 
« Quand, en deçà de la région des dunes de l’Erg, on voit la femme arabe telle que l’islamisme l’a faite, et, au delà de cette simple barrière de sables, la femme touareg telle qu’elle a voulu rester, on reconnaît dans cette dernière la femme du christianisme » (Duveyrier 1863 : 124).
        Cette opposition pensée comme substantielle entre Touaregs et Arabes est particulièrement présente dans le  Journal de route de Duveyrier[4]. Que ce soit à propos du sens de l’orientation, de la politesse ou de la qualité des bijoux, ce schème apparaît comme une évidence dans le propos de l’auteur :
        - « Othman a le sens géographique très développé et il possède, ce que je n’ai remarqué chez aucun Arabe, la connaissance du rapport des différents accidents du sol et de leur entraînement » (1905 : 154).
        - « Tout ceci est bien poli et n’aurait jamais lieu en pays arabe » (ibid : 159).
        - «  […] le tout est de bon goût et serait bien vu en Europe. Ainsi ce ne sont plus les ornements grossiers de Arabes » (ibid : 167).
        Ce type de présentation où sans cesse le portrait des Touaregs se construit en opposition avec des traits présentés comme propres aux populations arabes est une constante dans la plupart des textes consacrés au Sahara. Là aussi, un texte de E. F. Gautier est on ne peut plus parlant. Après avoir établi toute une série de comparaisons entre Arabes et Touaregs, comparaisons toujours à l’avantage des seconds, cet auteur n’hésite pas à « naturaliser » cette différence ; selon lui en effet,« On pourrait pousser bien plus loin cette antithèse ; on la retrouverait jusque chez les animaux ; le chien arabe est une brute sauvage, hargneuse et craintive, un demi-chacal, les crocs toujours au vent. Le chien targui est câlin comme le nôtre  » (1906 : 12).

Des Touaregs proches … des semblables ?
        La dernière proposition du texte ci-dessus l’indique. Le même mouvement qui sépare les Touaregs des populations qui leur sont voisines (population arabo-musulmane du Nord et populations « noires » du Sahel) les rapproche de nous, fait d’eux sinon d'autres nous-mêmes, du moins des autres prochesCitons à nouveau Gautier (1906 : 11) :
« …il semble bien, toute sentimentalité à part, qu’il y ait entre eux et nous bien des affinités et des points de contact, bien plus qu’avec les Arabes […]En somme, une certaine analogie de mœurs est incontestable, et elle est sentie de part et d'autre ».
        Dès la seconde moitié du XIXème siècle, la volonté taxinomique, le besoin de classer les populations afin de les différencier mais aussi, dans le même mouvement, d’établir l’origine de chacun des groupes obtenus furent une des obsessions majeures des recherches anthropologiques ayant pour objet l’Afrique du Nord et le Sahara. Les Touaregs n’ont pas échappé à ce type de démarche. Ainsi, un grand nombre d’études tentèrent de prouver qu’ils étaient les descendants de tel ou tel groupe (Gétules, Numides, Libyens … etc) ou de démontrer qu’ils se rattachaient à telle ou telle « race » (aryenne, caucasienne …). Notre propos n’est pas de reprendre ici cette abondante littérature[5]. Mais, relevons un fait central : au delà de leurs divergences, la quasi-totalité de ces travaux partagent un point commun, une même volonté : démontrer que les Touaregs font partie intégrante de la race blanche. E. F. Gautier (1935 : 180) clôt un long et élogieux portrait de la « race » touareg par cette phrase sans appel : « Cette belle race est blanche, en somme. » Si après une telle affirmation, il restait encore des sceptiques, l’auteur en appelle à deux traits « culturels » : les Touaregs ne se lavent jamais et le tissu avec lequel ils se voilent déteint abondamment sur leur visage :
« Sur une peau touareg il est donc malaisé de déchiffrer la part respective de la crasse, de l’indigo et du pigment. Mais je ne les crois pas beaucoup plus brunes que celles des populations méditerranéennes. Une foule de traits frappants sont nettement de chez nous […] On rencontre souvent dans les pâturages touaregs des visages familiers, qu’on imaginerait sans effort sur les épaules d’un Français méridional au-dessus d’un faux-col et d’une cravate ».[6]
        Mais ce rapprochement, cette ressemblance ne peuvent se fonder sur ce seul critère racial. D’autres traits d’ordre culturel doivent ici logiquement intervenir car, dans ce type de raisonnement, « les ressemblances morales et intellectuelles vont de pair avec les physiques » (ibid).

Les Touaregs : un « archaïsme ethnographique » ?
        En 1890, dans un article consacré aux Touaregs, E. Masqueray écrit que les sociétés touarègues sont « des cristallisations sociales, et comme des échantillons d’un monde que nous avons oublié ». Si les Touaregs sont bien des  barbares, ce sont des « barbares de notre race avec tous les instincts, toutes les passions, et toute l’intelligence de nos arrière-grands-pères. Leurs mœurs nomades sont celles des Gaulois qui ont pris Rome […] Aussi rien n’est plus intéressant que de les questionner tant sur nous que sur eux-mêmes ». 
        Cette vision des Touaregs comme un peuple-témoin de notre propre histoire se retrouve dans nombre d’études même si le référent passé peut varier. D’ailleurs, dans le même texte, Masqueray lui-même évoque également la « Germanie de Tacite » ou encore la « Grèce homérique »[7]. Mais, très vite, c’est bien l’Europe féodale qui sera la référence principale. Les sociétés touarègues, et notamment celle des Touaregs Kel-Ahaggar qui en fut longtemps l’exemple-type, se caractérisaient par une forte hiérarchisation. Sous l’autorité d’un chef unique (amenukal) trois strates sociales étaient réunies : les nobles (ihaggaren), les tributaires (Kel-ulli) et au bas de l’échelle, les esclaves (voir Pandolfi 1998 : chapitre 2). Une lecture rapide et superficielle amena très vite à parler de « féodalisme nomade »[8] et à établir un parallèle entre la société des « seigneurs du désert » et celles de l’Europe médiévale. A ce titre, l'hypothèse avancée par quelques auteurs (mais au moins signalée par bien d'autres) qui consiste à voir dans les nobles touaregs les descendants de croisés égarés dans le désert ne fait que pousser à son extrême le présupposé suivant : non seulement les Touaregs appartiennent à la « race blanche », mais de par leur substrat culturel (en l'occurrence ici un christianisme originel censé se manifester encore dans l'usage du motif de la croix) ils partageraient avec nous, par delà un « vernis d'islamisme superficiel et écaillé » (Gautier 1935 : 182), la même culture.
        Déjà présent chez Duveyrier[9], ce thème où s'entremêlent raisonnement analogique et comparatisme diachronique, se retrouve chez la plupart des auteurs :
        - « En pays touareg on a souvent le travers de vouloir, d’un trait de plume, rompre le cadre traditionnel de la société, qui avec ses suzerains, ses vassaux et ses serfs, ne peut être comparée qu’à notre ancienne féodalité » (Bonamy 1924 : 43).
        - « […] au Hoggar revit, ou à peu près, notre ancienne féodalité française, avec ses mœurs, ses institutions, son code de l’honneur » (Stefanini 1926 : 45).
        - « Les nobles du Ahaggar représentent les seigneurs de notre Moyen-Age » (Vermale 1926 : 34).
        - « L’organisation sociale des Hoggars est essentiellement aristocratique et féodale » (Demoulin 1928 : 145).
        Au delà de ce parallélisme fondé sur quelques analogies superficielles, on relèvera que les écrits des premiers Européens qui ont analysé les sociétés touarègues ont particulièrement insisté sur la catégorie des « nobles suzerains », au point que l’image stéréotypée du Touareg s’est construite à partir des traits de cette strate sociale particulière. Cette vision « aristocratique » n’est sans doute pas étrangère au fait que la plupart de ces travaux sont dus à des militaires souvent en communion idéologique (sur le mode de la nostalgie) avec l’aristocratie française[10]. D’où ce sentiment de familiarité, d’empathie que, de Duveyrier aux militaires de la première partie du XXème, l’on retrouve dans le discours de la plupart des auteurs « sahariens ».
        Si la création et l’organisation des célèbres compagnies sahariennes répond avant tout à des nécessités politico-militaires, on ne peut cependant gommer un des ses présupposés : pour être capable d’affronter le désert, l’Européen doit se mettre à l’école (à l’épreuve ?) de ces nomades qui mieux que quiconque en possèdent la connaissance et l’intelligence. En cela, il est nécessaire de passer par l’autre, d’être au moins son égal en ce domaine. J. Peyré sera un des chantres de cette mue :
        - « Le Français allait se faire homme du vent, prendre place parmi les campements, au point de se confondre avec eux »(1957 : 99).
        - « En prenant le fils d’Abidine pour guide, alors qu’il est chargé de le mener aux fers, Charlet n’agit certes pas comme un homme d’Europe. Il s’est véritablement fait nomade et il se comporte comme un nomade » (ibid : 124).

Conclusion
        De nos jours, le stéréotype touareg est encore largement opérant. Qu'on se souvienne de quelle manière un véritable lobby des « amis de la cause touarègue » (cf. Casajus 1995) a soutenu sans aucune distance critique la rébellion touarègue au Mali et au Niger. En juin 1992, les murs de Paris furent ainsi recouverts d'une affiche où sur un visage d'homme voilé s'inscrivait cette interrogation pour le moins problématique « Touaregs. Un peuple doit-il disparaître pour exister ? » alors que, dans le même temps, sous le patronage de l'association France-Libertés, se déroulait dans le hall du musée de l'Homme une exposition de photographies figeant les Touaregs dans cette représentation stéréotypée qui répond si bien aux désirs et aux intérêts des Occidentaux.
        Cette image est également répétée à satiété dans les récits de voyages, livres de photos et autres brochures touristiques. Parfaitement connue par la plupart des individus auxquels elle s'applique, elle est très souvent reprise et réutilisée par ces derniers dans le cadre de stratégies diverses. L'exemple touristique est ici le plus parlant : combien de Sahariens ne doivent-ils pas littéralement se déguiser et jouer au Touareg afin de correspondre au plus près à l'image que veulent retrouver les Occidentaux à la recherche des « hommes bleus ». Dans le contexte fortement inégal du tourisme Nord/Sud s'exprime une violence évidente : pour exister, l'Autre doit encore et toujours se conformer à l'image que nous avons construite de lui.
        Or, d'un point de vue historique, ce qui nous paraît central ici est bien la relation triangulaire précédemment évoquée : en aucun cas il n'y a appréhension de l’Autre touareg sans l’intervention de ce second autre représenté pour l’essentiel par les populations arabes d’Afrique du Nord. Le modèle ainsi établi voit deux groupes se distinguer, s’opposer voire se combattre au sein d’un même espace. Dans ce cadre, comme l'a justement relevé M. Kilani (1997), c'est une relation spectrale avec l'autre qui se met en place. Le processus qui amène l’Occidental soit à rapporter l’Autre touareg à lui-même soit, dans le même mouvement, à se projeter dans cet Autre, a pour conséquence principale de séparer cet Autre privilégié, cet Autre « semblable et proche », de l’Autre stigmatisé et rejeté.
        Aussi, il paraît évident qu'une telle stratégie répond in fine, dans le contexte colonial, à un objectif principal : diviser pour mieux régner. En ce sens, nul ne l'a mieux défini que Gallieni dans sa fameuse circulaire du 22-05-1898 :
« S'il y a des mœurs et des coutumes à respecter, il y a aussi des haines et des rivalités qu'il faut savoir démêler et utiliser à notre profit en les opposant les unes aux autres, en nous appuyant sur les unes pour mieux vaincre les autres ».


Références bibliographiques
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BERNUS E., 1981, Touaregs nigériens. Unité culturelle et diversité régionale d'un peuple pasteur. Paris : Mémoire O.R.S.T.O.M. 94.
BISSUEL H., 1888,Les Touareg de l'Ouest. Alger : A. Jourdan.
BOETSCH G., FERRIE J. N., 1992, « Du Berbère aux yeux clairs à la race eurafricaine : la Méditerranée des anthropologues physiques », in K. Basfao et J.-R. Henry (eds), Le Maghreb, l'Europe et la France. Paris : C.N.R.S., pp. 191-207.
BONAMY A., 1924, Les deux rives du Sahara. Paris : Émile Larose.
BORNECQUE J.-H., 1986, Pierre Benoît, le magicien. Paris : Albin Michel.
BRIANT P., 1982, État et pasteurs au Moyen-Orient ancien. Cambridge - Paris : C.U.P. - M.S.H.
CASAJUS D., 1995, « Les amis français de la cause touarègue », Cahiers d'Études africaines, 137, XXXV-1, pp. 237-250.
DEMOULIN F., 1928, « La vie des Touareg du Hoggar », Annales de Géographie, XXXVII (206), pp. 137-162.
DUVEYRIER H., 1863, « Note sur les Touareg et leur pays », Bulletin de la Société de Géographie, V, pp. 102-125.
DUVEYRIER H., 1864, Les Touareg du Nord. Paris : Challamel aîné.
DUVEYRIER H., 1905, Journal de route (publié et annoté par Ch. Maunoir et H. Schirmer). Paris : Challamel.
EYDOUX H. P., 1943, L'Homme et le Sahara. Paris : Gallimard.
GAUTIER E. F., 1906, «  Du Touat au Niger », La Géographie, XIII, pp. 5-18.
GAUTIER E. F., 1935, La conquête du Sahara. Paris : Armand Colin.
HARTOG F., 1980, Le miroir d'Hérodote. Paris : Gallimard.
HARTOG F., 1982, « Entre les anciens et les modernes, les sauvages ou de Claude Lévi-Strauss à Claude Lévi-Strauss »,Gradhiva, 11, pp. 23-30.
KILIAN C., 1934, « L'Art des Touaregs », La Renaissance, XVII (7-8-9), pp. 147-170.
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KILANI M., 1997, « La théorie des ‘deux races’ : quand la science répète le mythe », in J. Hainard et R. Kaehr (eds), Dire les autres. Réflexions et pratiques ethnologiques. Lausanne : Payot, pp. 31-45.
MASQUERAY E., 1896, Observations grammaticales sur la grammaire touareg et Textes de la tamahaq des Taïtoq. Paris : E. Leroux.
MAUPASSANT G. de, 1997, Lettres d'Afrique. Paris : La Boîte à Documents.
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MOUSSA S., 1996,« Le Bédouin, le voyageur et le philosophe », Dix-Huitième Siècle, 28, pp. 141-158.
PANDOLFI P., 1998, Les Touaregs de l'Ahaggar. Paris : Karthala.
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PEYRE J., 1957, De sable et d'or. Paris : Flammarion.
RICHER A., 1924, Les Touareg du Niger (Région de Tombouctou-Gao), Les Oulliminden. Paris : Emile Larose.
STEFANINI J., 1926, Au pays d'Antinea. Paris : Plon.
VERMALE P., 1926, Au Sahara pendant la guerre européenne. Alger.
VERNE J., 1978 [1905], L'invasion de la mer. Paris : UGE 10/18.

[1] Avant le XIXème et la conquête de l’Algérie, les Touaregs — hors quelques notations sur des cartes — restent un « peuple inconnu » pour les Européens (Henry 1996 : 250). Mais, l’image des Touaregs qui se construira au XIXème s’inscrira aussi dans une tradition ancienne et vivante, celle de l’appréhension des peuples nomades. Ceux-ci ont droit, depuis longtemps, à un traitement paradoxal : ils sont tout à la fois stigmatisés, dévalorisés mais aussi présentés parfois comme les dépositaires d’un mode de vie idéal (voir Briant 1982 et Hartog 1980). A cet égard la nouvelle image du Bédouin d’Arabie telle qu’elle apparaît à la fin du XVIIIème siècle (S. Moussa 1994 et 1996) n’a peut-être pas été sans influencer la manière dont furent caractérisés les Touaregs au XIXème.  
[2] Nous pensons notamment à des militaires comme Aymard ou Betrix mais aussi à F. Dubois. On notera, sans pouvoir ici développer ce point, que tous ces hommes ont abordé le Sahara touareg à partir du Sud et de l'Afrique noire.
[3] Tous deux ont rencontré un groupe de Touaregs qui après avoir été capturés dans le Nord du Sahara ont été amenés et retenus prisonniers à Alger. C'est à partir des renseignements fournis par ces Touaregs que Bissuel put écrire Les Touaregs de l'Ouest (1888) et Masqueray ses ouvrages linguistiques sur la langue tamahaq (1896). Maupassant quant à lui les évoque dans un article paru dans le journal Le Gaulois en décembre 1888.
[4] L'oeuvre de Duveyrier et notamment l'ouvrage Les Touaregs du Nord dans lequel il présenta, en 1864, les résultats de son long séjour dans la partie orientale (Ajjer) du pays touareg a joué un rôle déterminant dans l'appréhension par les Français du monde touareg.
[5] Voir les travaux de Boetsch et Ferrié. On relèvera cependant un point capital : toute cette thématique à prétention scientifique se retrouve très vite dans la littérature populaire (Jules Verne) et la littérature pour la jeunesse. Tel est le cas d'un feuilleton intitulé Chryséis au désert, paru en 1895 dans Le Petit Français illustré. On y apprend que les Touaregs « ont la peau blanche, parfois même les yeux bleus, ce qui est chez eux un signe de pureté de race et par conséquent de noblesse » ; quant aux femmes nobles elles sont « blanches comme des chrétiennes ». Le choix de ce récit n'est pas dû au hasard : un des ses plus fidèles lecteurs en fut en effet Pierre Benoît l'auteur de cet énorme succès de librairie que fut L'Atlantide  (voir Bornecque 1986).
[6] Pour une version littéraire de ce propos voir le dernier roman de J. Verne (« L'invasion de la mer ») et la lecture que nous en avons proposée (Pandolfi 2001).
[7] Ce comparatisme pseudo-historique a abondamment été utilisé quand l'Europe occidentale découvrit l'Amérique et les « sauvages » qui la peuplaient. Ce perpétuel va et vient entre les « anciens » (nos anciens) et les sauvages s'inscrit dans une stratégie bien décrite par F. Hartog : « … par touches successives s'opère la « domestication » des sauvages que l'on vient inscrire dans un réseau de références commodes et connues » (1992 : 24).
[8] C’est sous ce titre qu’un chapitre d’un livre de H. P. Eydoux (L’homme et le Sahara), publié en 1943 dans la célèbre collection de géographie humaine dirigée par Deffontaines, évoque la société traditionnelle des Kel-Ahaggar.
[9] « Avec leurs armes desquelles tombent des lanières de peau diversement ornementées ; leur vêtement fantastique et leur immobilité sur ces grands animaux au pas lent et régulier, ils ont quelque chose qui me rapporte en pensée aux temps de notre chevalerie. Et réellement les Touaregs ont dans le caractère quelque chose de chevaleresque qui me plait beaucoup » (Duveyrier 1905 : 152).
[10] Voir ce qu’écrit B. Anderson à ce propos : « […] dès le début de la IIIème République, la très bavarde grande muette avait été le refuge des aristocrates de plus en plus écartés du pouvoir dans toutes les autres institutions importantes de la vie civile. En 1898, un bon quart des généraux de brigade et de division étaient des aristocrates. De surcroît, ce corps d’officiers dominé par l’aristocratie joua un rôle crucial dans l’impérialisme au XIXème et au XXème siècle » (1996 : 156). Sur ce point, voir également Bernus 1981.

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N°2
Printemps 2001

MIROIRS IDENTITAIRES

dimanche 14 août 2011

Un hélicoptère de 9 places arrive à Agadez en pièces détachées


Brèves d'Agadez-Niger par Aïr info et Ibrahim Manzo

Eh, oui ! Tenez-vous bien ! Un hélicoptère
serait bel et bien arrivé à Agadez en
pièces détachées. D’une capacité de
neuf places, il aurait été piqué à l’armée
libyenne. Ce dernier aurait fait tranquillement
son voyage sur un camion 32 jusqu’à Agadez.
Comme si nous sommes au temps des razzias,
on vole tout à la Libye : camions; véhicules
4X4; matériaux de construction; machines de
toutes sortes et de tous poids.
Nous avons vu des chargeurs Caterpillar et
camions bennes volés à la Libye arriver à
Agadez pour y être écoulés. Si de tels engins
arrivent sans problème chez nous, qu’en est-il
des armes qu’on peut dissimuler n’importe
où? Alors méfiance ! Le président Issoufou l’a
dit et redit sur toutes les tribunes et à toutes les
occasions : cette guerre est très néfaste pour le
Niger. Si nous ne voulons pas avoir des
missiles GRAD sur notre territoire, ouvrons
bien les yeux.


Les premiers marchés de la commune
d’Agadez raflés par un ...député national


“Chassez le naturel et il revient au galop”,
dit-on ! Au moment où des commerçants
de certains partis politiques ont préféré ne
pas postuler aux dernières élections législatives
à cause de la fameuse loi qui leur interdit de
prétendre à des marchés publics, à Agadez,
c’est sans aucun souci qu’un député de la
majorité au pouvoir postule et rafle tous les
marchés publics. C’est lui qui balaie aujourd’-
hui les rues d’Agadez; c’est lui qui répare les
lampadaires d’Agadez; c’est lui qui fait des
retenues d’eau d’Agadez; c’est lui qui colmate
les nids de poules des routes d’Agadez. Ce
député ne laisse rien passer et commence à
choquer les autres commerçants qui risquent de
porter plainte auprès de qui de droit pour
rupture d’égalité et trafic d’influence. Et le
comble personne ne peut dire aujourd’hui où se
trouve le siège de l’entreprise de ce député. Il
évolue dans le flou total au grand dam de l’Etat.
Au secours M. Le Président Issoufou
Mahamadou, les commerçants d’Agadez vous
prient d’intervenir avant que ce parlementaire
ne les mette à la diète. Il rafle tout sur son
passage.