Ainsi donc c'était vrai ! La tentative de putsch au Niger a bel et bien eu lieu. Confirmation a été donnée par le président de la République, Mahamoudou Issoufou, dans un message à la Nation.
Morceaux choisis :
« Les événements programmés dans la nuit du 12 au 13 juillet 2011 relèvent de cette dernière catégorie : ceux qui avaient décidé de porter atteinte à la sécurité de l'Etat ce jour-là sont aux arrêts disciplinaires et l'un d'entre eux est en fuite. L'enquête se poursuit avec l'espoir de remonter aux commanditaires. La loi sera appliquée dans toute sa rigueur contre tous ceux qui, sans raison objective, ont mis en cause le choix opéré par le peuple nigérien souverain il y a moins de quatre mois ».Mahamoudou Issoufou a également annoncé l'arrestation de dix personnes et réitéré sa volonté de continuer la lutte contre la corruption :
« Ces événements interviennent au moment où le gouvernement a décidé de mener une action vigoureuse contre les détournements de deniers publics, opérés notamment à travers le paiement de fausses factures. Les temps où certains considéraient les caisses du Trésor comme un coffre-fort personnel sont désormais révolus. C'est pour les traquer, de jour comme de nuit, que j'ai décidé de mettre en place la Haute Autorité de lutte contre la corruption ».Ainsi donc on a vraiment tenté de renverser celui qui, ayant prêté serment le 6 avril 2011, vient à peine de fêter ses 100 jours à la tête du pays d'Hamani Diori. Et on est en droit de se demander ce que peuvent bien lui reprocher les auteurs de la tentative de putsch. « Que veulent finalement les militaires ? » titrions-nous justement notre Regard sur l'actualité du mercredi 27 juillet 2011 sur la tentative de coup d'Etat.
Il est vrai que quand on veut noyer son chien, on peut toujours l'accuser de rage, mais encore faut-il qu'il en présente les signes ! Dans le cas précis du président nigérien, il vient de gagner proprement les élections, et on aurait pu au moins attendre de le juger à l'exercice du pouvoir.
L'on se rappelle que quand il y a eu des turbulences avec Salou Djibo, qui est sorti de sa caserne pour mettre fin à la course folle de Mamadou Tandja (qui fonçait droit dans le mur), on a tous applaudi, même s'il s'est trouvé des gens qui l'ont condamné dans le principe. Chacun y voyait un « coup d'Etat républicain » qui remettait la démocratie nigérienne sur les rails : transition exemplaire, président élu démocratiquement.
Pour toutes ces raisons et puisque nous sommes en démocratie, il faut que ce dossier soit traité dans les règles de l'art judiciaire. Si effectivement, après instruction à charge et à décharge et procès équitable, ces suspects se révèlent coupables d'avoir voulu fomenter un putsch, il faut appliquer la loi dans toute sa rigueur.
Cela dit, les « événements de la nuit du 12 au 13 juillet 2011 » reposent avec acuité la question de la persistance du péril kaki au Niger. En effet, le pays donne quelque peu l'impression d'une boutique : à l'avant, la vitrine avec une opposition dynamique et des institutions qui fonctionnent bien, et, à l'arrière-boutique, des militaires qui, de façon itérative, sèment le désordre.
Et de ce point de vue, pour décourager à l'avenir ce genre d'actions, antidémocratiques, il faut que la peine soit exemplaire si les faits sont établis. On ne peut pas comprendre que des militaires, pour x ou y raison, parce que le garba (plat à base de manioc, ndlr) n'est pas assez gras ou bien parce qu'il y a trop de sel dans la sauce, utilisent les armes du peuple pour torpiller la démocratie. Y en a marre à la fin !
Hyacinthe Sanou
En partenariat avec L'Observateur paalga