Libye : pro-Khadafi et "saboteurs" s'affrontent à Benghazi
Quatorze personnes ont été blessées dans la deuxième ville du pays, lors d'une manifestation pour réclamer la libération d'un avocat.
Des manifestants pro-Khadafi à Tripoli, en Libye (AFP)
Quatorze personnes ont été blessées, mardi, dans des affrontements à Benghazi en Libye entre des manifestants "saboteurs" et les forces de l'ordre, a rapporté mercredi 16 février un journal libyen. Citant le directeur de l'hôpital, le journal Quryna a affirmé que parmi les blessés figuraient "trois saboteurs et 10 membres des forces de l'ordre" sans donner de précision sur le quatorzième blessé. "Aucun d'eux n'a été grièvement touché", a-t-il ajouté.
Les forces de l'ordre étaient intervenues, selon le journal, pour mettre fin à des affrontements entre des partisans du leader libyen Mouammar Kadhafi et des "saboteurs" parmi des manifestants qui s'étaient rassemblés pour réclamer la libération d'un avocat représentant des familles de prisonniers tués en 1996 dans une fusillade dans la prison d'Abou Salim à Tripoli.
Des sources concordantes avaient auparavant indiqué que la police libyenne avait dispersé par la force dans la nuit de mardi à mercredi un sit-in contre le pouvoir à Benghazi, deuxième ville du pays, à 1.000 km à l'est de Tripoli.
Une "journée de colère" prévue jeudi
Peu après des centaines de partisans du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi ont défilé dans plusieurs villes du pays, a-t-on indiqué de mêmes sources. Ces manifestations interviennent avant une "journée de colère" libyenne prévue jeudi, selon des appels lancés sur Facebook.
Sous le slogan "Révolte du 17 février 2011: pour en faire une journée de colère en Libye", un groupe Facebook, qui appelle à un soulèvement contre le régime de Mouammar Kadhafi, est passé de 4.400 membres lundi, à 9.600 mercredi matin.
Mardi, des membres des familles de prisonniers dans la prison d'Abou Salim se sont rassemblés devant un poste de police pour réclamer la libération de leur coordinateur, l'avocat Fethi Tarbel, selon le journal en ligne Al-Manara.
Me Tarbel, dont les motifs de l'arrestation sont inconnus, a été libéré sous la pression des familles, selon le site du journal Quryna, proche de Seif Al-Islam, fils du colonel Kadhafi.
"Le peuple veut faire tomber la corruption"
Mais la foule n'a pas quitté les lieux et d'autres personnes se sont jointes à la manifestation, ce qui a poussé les forces de l'ordre à les disperser par la force, selon le site Libya al-Youm.
Les manifestants ont scandé des slogans contre le régime: "Benghazi réveille toi c'est le jour que tu attendais", le sang des martyrs n'est pas versé en vain", ou encore "le peuple veut faire tomber la corruption", selon ces médias.
Peu après, des centaines de manifestants pro-régime ont défilé à Benghazi mais aussi à Syrte (est), Sebha (sud) et Tripoli, selon des images de le télévision d'Etat.
A partir de 4h locales (3h heure française), la chaîne al-Jamahiriya a diffusé des images en direct de manifestants défilant à pieds et en voiture, brandissant des drapeaux et des photos du colonel Kadhafi et scandant des slogans à la gloire du Guide de la révolution libyenne et contre la chaîne satellitaire Al-JaziraLib, accusée par le régime d'inciter à la révolte dans des pays arabes particuliers.
"Al-Jazira méprisable, nous ne voulons pas autre que notre leader", scandaient notamment les manifestants.
(Nouvelobs.com avec AFP)
TESHUMAR.BE est dedié à la CULTURE du peuple touareg? de ses voisins, et du monde. Ce blog, donne un aperçu de l actualité Sahelo-Saharienne. Photo : Avec Jeremie Reichenbach lors du Tournage du film documentaire : « Les guitares de la résistance Touaregue », à la mythique montée de SALUT-HAW-HAW, dans le Tassili n’Ajjer-Djanet- Algérie. 2004. Photo de Céline Pagny-Ghemari. – à Welcome To Tassili N'ajjer.
mercredi 16 février 2011
mardi 15 février 2011
Libye : sur Facebook, la révolte gronde contre Kaddafi
Libye : sur Facebook, la révolte gronde contre Kaddafi
15/02/2011 à 09h:00 Par Jeune Afrique
© AFP Plusieurs appels à manifester pour la journée de jeudi 17 février contre le "Guide" libyen Mouammar Kaddafi ont été lancés sur Facebook. Inquiet, cerné par deux révolutions - l'une en Tunisie et l'autre en Égypte -, le régime tente de discréditer la mobilisation en maniant la carotte et le bâton.
Depuis plusieurs semaines, se basant sur les modèles voisins des révolutions tunisienne et égyptienne, des appels à manifester pour ce jeudi 17 février en Libye circulent sur internet. Un groupe Facebook, à l'origine de la mobilisation, regroupe quelque 4 400 membres sous le slogan « Révolte du 17 février 2011 : pour en faire une journée de colère en Libye ».
Par ailleurs, un autre groupe de plus de 2 600 membres invite à faire de cette même date « une journée de colère contre la corruption et le népotisme » pour commémorer la mort d'au moins quatorze manifestants à Benghazi (nord-est), le 17 février 2006, quand les forces de l'ordre libyennes avaient violemment réprimé des manifestants ayant attaqué le consulat d'Italie pour protester contre la publication de caricatures de Mohammed.
Loin de faire le dos rond en attendant patiemment que l'orage passe, le pouvoir libyen est extrêmement fébrile. Selon Amnesty International, l'écrivain et opposant Jamal al-Hajji, ancien prisonnier politique, vient de faire les frais de l'inquiétude des autorités libyennes. Il a été arrêté début février à Tripoli par les autorités qui l'accusent d'avoir percuté un homme avec sa voiture. Il « semble avoir été pris pour cible après avoir appelé à des manifestations pacifiques », estime l'ONG, basée à Londres.
"Mouammar, nous nous rapprochons de ta fin"
Quelque 200 personnalités et représentants d'associations de Libyens vivant à l'étranger ont par ailleurs signé une pétition réclamant « le droit du peuple libyen d'exprimer son opinion dans des manifestations pacifiques, sans aucune forme de harcèlement, provocations ou menaces par le système ou ses éléments ». Les pétitionnaires appellent le colonel Kaddafi et sa famille à quitter le pouvoir et à abandonner toutes les autorités et pouvoirs « révolutionnaire, politique, militaire et sécuritaire ».
Comme le rappeur Hamada Ben Amor, dit « Le Général », qui avait été arrêté sous Ben Ali pour son titre Président, ton peuple est mort, un autre rappeur, libyen, « Ben Thabet », a publié sur internet des chansons incendiaires contre le régime, appelant les Libyens à la révolte et à s'inspirer de la révolution tunisienne. Une première en Libye. « Mouammar, je jure que nous nous rapprochons de ta fin » ou encore « la richesse que vous avez pillée/les innocents que vous avez tués/les élèves que vous avez abandonnés/vont vous affronter maintenant, vous ne pouvez fuir nulle part », chante-t-il. Une référence à la situation géographique du pays, coincé par deux révolutions populaires en Tunisie et en Égypte, ses voisins directs ? Sans doute.
La position est en tout cas si inconfortable que le régime libyen a tenté de prendre des mesures préventives pour calmer la population – tout en essayant de discréditer les appels à la révolte. Des subventions sur des biens de première nécessité ont été établies et l'accès à des crédits sans intérêts facilité.
"Nous incendierons le monde"
Dimanche soir, en marge d'un prêche de Kaddafi à l'occasion de la fête du mouled (ou maouloud) célébrant la naissance du prophète Mohamed (570 après J.C.), dans lequel il a encouragé les Palestiniens à « s'inspirer des révoltes du Maghreb », la parole a été donnée à un « représentant des familles des martyrs de Benghazi » pour « renouveler leur allégeance et fidélité » au Guide de la révolution libyenne. « Nous ne permettrons pas aux traîtres et aux vendus de se servir du sang de nos fils », a déclaré l'homme.
Mais le régime libyen sait aussi se faire menaçant. Au premier rang, parmi les milliers de partisans ayant assisté au prêche de Kaddafi, certains avaient brandi une banderole sur laquelle était écrit : « Les peuples s'immolent par le feu pour chasser le régime, tandis que nous incendierons le monde pour que notre leader Mouammar Kaddafi reste ». « Rien à voir avec Moubarak ou Zine [El-Abidine Ben Ali, NDLR], nous sommes en symbiose avec notre leader », avaient crié d'autres militants. (Avec AFP)
15/02/2011 à 09h:00 Par Jeune Afrique
© AFP Plusieurs appels à manifester pour la journée de jeudi 17 février contre le "Guide" libyen Mouammar Kaddafi ont été lancés sur Facebook. Inquiet, cerné par deux révolutions - l'une en Tunisie et l'autre en Égypte -, le régime tente de discréditer la mobilisation en maniant la carotte et le bâton.
Depuis plusieurs semaines, se basant sur les modèles voisins des révolutions tunisienne et égyptienne, des appels à manifester pour ce jeudi 17 février en Libye circulent sur internet. Un groupe Facebook, à l'origine de la mobilisation, regroupe quelque 4 400 membres sous le slogan « Révolte du 17 février 2011 : pour en faire une journée de colère en Libye ».
Par ailleurs, un autre groupe de plus de 2 600 membres invite à faire de cette même date « une journée de colère contre la corruption et le népotisme » pour commémorer la mort d'au moins quatorze manifestants à Benghazi (nord-est), le 17 février 2006, quand les forces de l'ordre libyennes avaient violemment réprimé des manifestants ayant attaqué le consulat d'Italie pour protester contre la publication de caricatures de Mohammed.
Loin de faire le dos rond en attendant patiemment que l'orage passe, le pouvoir libyen est extrêmement fébrile. Selon Amnesty International, l'écrivain et opposant Jamal al-Hajji, ancien prisonnier politique, vient de faire les frais de l'inquiétude des autorités libyennes. Il a été arrêté début février à Tripoli par les autorités qui l'accusent d'avoir percuté un homme avec sa voiture. Il « semble avoir été pris pour cible après avoir appelé à des manifestations pacifiques », estime l'ONG, basée à Londres.
"Mouammar, nous nous rapprochons de ta fin"
Quelque 200 personnalités et représentants d'associations de Libyens vivant à l'étranger ont par ailleurs signé une pétition réclamant « le droit du peuple libyen d'exprimer son opinion dans des manifestations pacifiques, sans aucune forme de harcèlement, provocations ou menaces par le système ou ses éléments ». Les pétitionnaires appellent le colonel Kaddafi et sa famille à quitter le pouvoir et à abandonner toutes les autorités et pouvoirs « révolutionnaire, politique, militaire et sécuritaire ».
Comme le rappeur Hamada Ben Amor, dit « Le Général », qui avait été arrêté sous Ben Ali pour son titre Président, ton peuple est mort, un autre rappeur, libyen, « Ben Thabet », a publié sur internet des chansons incendiaires contre le régime, appelant les Libyens à la révolte et à s'inspirer de la révolution tunisienne. Une première en Libye. « Mouammar, je jure que nous nous rapprochons de ta fin » ou encore « la richesse que vous avez pillée/les innocents que vous avez tués/les élèves que vous avez abandonnés/vont vous affronter maintenant, vous ne pouvez fuir nulle part », chante-t-il. Une référence à la situation géographique du pays, coincé par deux révolutions populaires en Tunisie et en Égypte, ses voisins directs ? Sans doute.
La position est en tout cas si inconfortable que le régime libyen a tenté de prendre des mesures préventives pour calmer la population – tout en essayant de discréditer les appels à la révolte. Des subventions sur des biens de première nécessité ont été établies et l'accès à des crédits sans intérêts facilité.
"Nous incendierons le monde"
Dimanche soir, en marge d'un prêche de Kaddafi à l'occasion de la fête du mouled (ou maouloud) célébrant la naissance du prophète Mohamed (570 après J.C.), dans lequel il a encouragé les Palestiniens à « s'inspirer des révoltes du Maghreb », la parole a été donnée à un « représentant des familles des martyrs de Benghazi » pour « renouveler leur allégeance et fidélité » au Guide de la révolution libyenne. « Nous ne permettrons pas aux traîtres et aux vendus de se servir du sang de nos fils », a déclaré l'homme.
Mais le régime libyen sait aussi se faire menaçant. Au premier rang, parmi les milliers de partisans ayant assisté au prêche de Kaddafi, certains avaient brandi une banderole sur laquelle était écrit : « Les peuples s'immolent par le feu pour chasser le régime, tandis que nous incendierons le monde pour que notre leader Mouammar Kaddafi reste ». « Rien à voir avec Moubarak ou Zine [El-Abidine Ben Ali, NDLR], nous sommes en symbiose avec notre leader », avaient crié d'autres militants. (Avec AFP)
Niger : le bout du tunnel de la stabilité politique a-t-il encore reculé ?
Abdoulahi ATTAYOUB
Niger : le bout du tunnel de la stabilité politique a-t-il encore reculé ?
lundi 14 février 2011
photo:Mamane comedien nigerien/de RFI
Au regard des revirements et autres « combinazione », enregistrés ces dernières semaines, les choses se compliquent au Niger et la stabilité politique n’est manifestement pas pour demain !
Après des élections locales et législatives organisées dans des conditions calamiteuses, force est de constater que le climat politique n’est pas près de s’apaiser. En effet, la précipitation des organes de la transition et la ténacité des vieilles habitudes ont favorisé des situations ubuesques qui faussent considérablement l’expression populaire.
L’invalidation d’un nombre inégalé de listes électorales a empêché une réelle compétition des partis politiques dans de nombreuses régions. Situation imputable, certes, aux organes de la transition pressés de se dégager du pouvoir, mais aussi aux partis politiques eux-mêmes, qui n’ont pas su s’adapter à temps aux nouvelles dispositions constitutionnelles et réglementaires.
Le fait que des partis politiques n’ont pas pu se présenter au suffrage populaire dans leurs propres fiefs électoraux a gravement faussé les résultats des élections législatives et constitué un germe de complications pour les mois et les années à venir. Cela est d’autant plus fâcheux que le paysage électoral est fortement segmenté selon des considérations reconnues par tous et que celles-ci structurent véritablement les rapports de forces politiques. Ceux qui ont été les victimes de cette situation pourraient ne plus l’accepter très longtemps.
Toutes ces approximations ont abouti à un véritable casse-tête pour la junte militaire, qui a vu pointer le spectre d’un retour au pouvoir du MNSD par le jeu démocratique, contrariant ainsi la volonté de certains auteurs et instigateurs du coup d’Etat du 18 février 2010. Le sentiment d’avoir eu à assumer « un coup d’Etat pour rien » aurait alors certainement prévalu.
Et la parade a vite été trouvée par des petites mains travailleuses qui ont imaginé le seul scénario à même de déjouer la tournure que prenaient les choses après les résultats du premier tour de l’élection présidentielle. Ce scénario, qui consistait à aider au rapprochement du Moden/FA Lumana Africa et du PNDS-Tarayya, a été mis en scène à l’extérieur du pays comme pour apporter une caution sous-régionale censée convaincre les Nigériens de son caractère démocratique et rassurant pour l’avenir. Malgré son caractère troublant, on peut néanmoins penser que chacun des protagonistes a sa propre idée de ce scénario et que cela pourrait avoir son importance pour la suite !!!!
Qu’il soit l’expression d’un calcul bien précis de Hama AMADOU ou de la volonté toute militaire de la junte d’obtenir un résultat qui lui convienne, ce revirement a tout de même un goût suspect de détournement d’un certain ordre naturel des choses. Le peuple a certes la possibilité de voter comme il l’entend au second tour, mais l’effet pédagogique est certainement raté pour la construction d’une image un peu moins nébuleuse de la politique au Niger. Même si tout a été vu en matière de nomadisme politique, il s‘agissait dans ce cas précis de ne pas donner au peuple l’impression que tout est toujours arrangements politiciens et partage du gâteau !
Quelle que soit l’issue du second tour, le pays risque de ne pas connaître de stabilité tant que d’autres élections n’auront pas été organisées dans des conditions plus propices à une véritable compétition entre les différentes forces qui composent le paysage politique. Mahamadou Issoufou, Hama Amadou et… Seyni Omar, en hommes d’expérience et soucieux de faire évoluer le pays vers une vie politique apaisée, doivent certainement penser à reprendre à leur compte les missions que les militaires avaient énoncées pour justifier leur coup d’Etat. En effet, après les difficultés enregistrées sur le dossier de l’assainissement de la vie publique, les ratés sur le terrain de la réconciliation des Nigériens, la junte voit ainsi ses espoirs de restaurer la démocratie gravement compromis par la complexité du jeu politique et son incapacité à inventer autre chose !
Abdoulahi ATTAYOUB
aabdoulahi@hotmail.com
Lyon (France)
Niger : le bout du tunnel de la stabilité politique a-t-il encore reculé ?
lundi 14 février 2011
photo:Mamane comedien nigerien/de RFI
Au regard des revirements et autres « combinazione », enregistrés ces dernières semaines, les choses se compliquent au Niger et la stabilité politique n’est manifestement pas pour demain !
Après des élections locales et législatives organisées dans des conditions calamiteuses, force est de constater que le climat politique n’est pas près de s’apaiser. En effet, la précipitation des organes de la transition et la ténacité des vieilles habitudes ont favorisé des situations ubuesques qui faussent considérablement l’expression populaire.
L’invalidation d’un nombre inégalé de listes électorales a empêché une réelle compétition des partis politiques dans de nombreuses régions. Situation imputable, certes, aux organes de la transition pressés de se dégager du pouvoir, mais aussi aux partis politiques eux-mêmes, qui n’ont pas su s’adapter à temps aux nouvelles dispositions constitutionnelles et réglementaires.
Le fait que des partis politiques n’ont pas pu se présenter au suffrage populaire dans leurs propres fiefs électoraux a gravement faussé les résultats des élections législatives et constitué un germe de complications pour les mois et les années à venir. Cela est d’autant plus fâcheux que le paysage électoral est fortement segmenté selon des considérations reconnues par tous et que celles-ci structurent véritablement les rapports de forces politiques. Ceux qui ont été les victimes de cette situation pourraient ne plus l’accepter très longtemps.
Toutes ces approximations ont abouti à un véritable casse-tête pour la junte militaire, qui a vu pointer le spectre d’un retour au pouvoir du MNSD par le jeu démocratique, contrariant ainsi la volonté de certains auteurs et instigateurs du coup d’Etat du 18 février 2010. Le sentiment d’avoir eu à assumer « un coup d’Etat pour rien » aurait alors certainement prévalu.
Et la parade a vite été trouvée par des petites mains travailleuses qui ont imaginé le seul scénario à même de déjouer la tournure que prenaient les choses après les résultats du premier tour de l’élection présidentielle. Ce scénario, qui consistait à aider au rapprochement du Moden/FA Lumana Africa et du PNDS-Tarayya, a été mis en scène à l’extérieur du pays comme pour apporter une caution sous-régionale censée convaincre les Nigériens de son caractère démocratique et rassurant pour l’avenir. Malgré son caractère troublant, on peut néanmoins penser que chacun des protagonistes a sa propre idée de ce scénario et que cela pourrait avoir son importance pour la suite !!!!
Qu’il soit l’expression d’un calcul bien précis de Hama AMADOU ou de la volonté toute militaire de la junte d’obtenir un résultat qui lui convienne, ce revirement a tout de même un goût suspect de détournement d’un certain ordre naturel des choses. Le peuple a certes la possibilité de voter comme il l’entend au second tour, mais l’effet pédagogique est certainement raté pour la construction d’une image un peu moins nébuleuse de la politique au Niger. Même si tout a été vu en matière de nomadisme politique, il s‘agissait dans ce cas précis de ne pas donner au peuple l’impression que tout est toujours arrangements politiciens et partage du gâteau !
Quelle que soit l’issue du second tour, le pays risque de ne pas connaître de stabilité tant que d’autres élections n’auront pas été organisées dans des conditions plus propices à une véritable compétition entre les différentes forces qui composent le paysage politique. Mahamadou Issoufou, Hama Amadou et… Seyni Omar, en hommes d’expérience et soucieux de faire évoluer le pays vers une vie politique apaisée, doivent certainement penser à reprendre à leur compte les missions que les militaires avaient énoncées pour justifier leur coup d’Etat. En effet, après les difficultés enregistrées sur le dossier de l’assainissement de la vie publique, les ratés sur le terrain de la réconciliation des Nigériens, la junte voit ainsi ses espoirs de restaurer la démocratie gravement compromis par la complexité du jeu politique et son incapacité à inventer autre chose !
Abdoulahi ATTAYOUB
aabdoulahi@hotmail.com
Lyon (France)
dimanche 13 février 2011
Sahel Story "Au fil des voix" Le groupe touareg Toumast et le bluesman malien Sorry Bamba se sont produits à Paris, le 3 février, en ouverture du festival Au fil des voix.
Sahel Story "Au fil des voix"
Partager 02/02/2011 à 15h:31 Par Patrick Labesse
Aminatou Goumar et Moussa Ag Keyna du groupe Toumast.
© D.R. Le groupe touareg Toumast et le bluesman malien Sorry Bamba se sont produits à Paris, le 3 février, en ouverture du festival Au fil des voix.
Échappée belle à la rencontre des musiques et chants du monde, le festival Au fil des voix, à Paris, a ouvert sa troisième édition, le 3 février dernier, avec le groupe touareg Toumast – formé, dans les années 1990, autour du guitariste et chanteur Moussa Ag Keyna – et Sorry Bamba, le chanteur malien qui a révélé à l’Occident la musique du peuple dogon. L’un et l’autre ont récemment sorti un album*, traversé chacun d’un souffle puissant et original.
Les musiques dites « du monde » sont souvent portées par des artistes à l’histoire singulière. Celle de Moussa Ag Keyna, racontée à travers ses chansons, mais aussi dans un livre (Toumast, parcours d’un combattant, coécrit avec Maguy Vautier, aux éditions Sahira) et dans un film (Toumast – Entre guitare et kalashnikov, réalisé par Dominique Margot), est à ce titre exemplaire.
Né en 1972 dans un campement situé au nord de la vallée de l’Azawagh, au Niger, Moussa quitte sa terre natale en 1987 pour des camps d’entraînement en Libye, où se prépare la rébellion touarègue. À l’instar de Tinariwen (le groupe qui, au début des années 2000, a révélé en Europe le nouveau son touareg, avec ses guitares électriques revisitant le répertoire traditionnel), Toumast mûrit dans ce milieu d’exilés, luttant pour leur culture et la défense de leur identité. Blessé au combat, Moussa Ag Keyna est évacué en France en 1994, où le rejoint Aminatou Goumar, avec qui, en compagnie de musiciens rencontrés dans l’Hexagone, il relance le groupe.
L’histoire de Sorry Bamba a, elle, commencé quelques années plus tôt. C’est un « papa », un ancien respecté au Mali. C’est lui qui fut, dit-on, le premier à faire jouer sur une scène Ali Farka Touré, alors chauffeur de camion et habile à manier le violon traditionnel. Capable de jouer de différents instruments, Bamba participe à l’effervescence musicale du Mali des indépendances, dirige l’Orchestre régional de Mopti (son lieu de naissance, en 1938), rebaptisé plus tard Kanaga, puis l’Ensemble instrumental traditionnel. Adopté par les Dogons, à qui il rendait visite, enfant, avec son maître marabout, il a été autorisé par ces derniers à reprendre et à adapter leur répertoire très longtemps gardé secret, puis à organiser des sorties de masques sacrés en Europe et au Japon. Au-delà de leur aventure personnelle, Moussa Ag Keyna et Sorry Bamba apparaissent comme deux précieux porteurs de mémoire, des passeurs de vérités.
Partager 02/02/2011 à 15h:31 Par Patrick Labesse
Aminatou Goumar et Moussa Ag Keyna du groupe Toumast.
© D.R. Le groupe touareg Toumast et le bluesman malien Sorry Bamba se sont produits à Paris, le 3 février, en ouverture du festival Au fil des voix.
Échappée belle à la rencontre des musiques et chants du monde, le festival Au fil des voix, à Paris, a ouvert sa troisième édition, le 3 février dernier, avec le groupe touareg Toumast – formé, dans les années 1990, autour du guitariste et chanteur Moussa Ag Keyna – et Sorry Bamba, le chanteur malien qui a révélé à l’Occident la musique du peuple dogon. L’un et l’autre ont récemment sorti un album*, traversé chacun d’un souffle puissant et original.
Les musiques dites « du monde » sont souvent portées par des artistes à l’histoire singulière. Celle de Moussa Ag Keyna, racontée à travers ses chansons, mais aussi dans un livre (Toumast, parcours d’un combattant, coécrit avec Maguy Vautier, aux éditions Sahira) et dans un film (Toumast – Entre guitare et kalashnikov, réalisé par Dominique Margot), est à ce titre exemplaire.
Né en 1972 dans un campement situé au nord de la vallée de l’Azawagh, au Niger, Moussa quitte sa terre natale en 1987 pour des camps d’entraînement en Libye, où se prépare la rébellion touarègue. À l’instar de Tinariwen (le groupe qui, au début des années 2000, a révélé en Europe le nouveau son touareg, avec ses guitares électriques revisitant le répertoire traditionnel), Toumast mûrit dans ce milieu d’exilés, luttant pour leur culture et la défense de leur identité. Blessé au combat, Moussa Ag Keyna est évacué en France en 1994, où le rejoint Aminatou Goumar, avec qui, en compagnie de musiciens rencontrés dans l’Hexagone, il relance le groupe.
L’histoire de Sorry Bamba a, elle, commencé quelques années plus tôt. C’est un « papa », un ancien respecté au Mali. C’est lui qui fut, dit-on, le premier à faire jouer sur une scène Ali Farka Touré, alors chauffeur de camion et habile à manier le violon traditionnel. Capable de jouer de différents instruments, Bamba participe à l’effervescence musicale du Mali des indépendances, dirige l’Orchestre régional de Mopti (son lieu de naissance, en 1938), rebaptisé plus tard Kanaga, puis l’Ensemble instrumental traditionnel. Adopté par les Dogons, à qui il rendait visite, enfant, avec son maître marabout, il a été autorisé par ces derniers à reprendre et à adapter leur répertoire très longtemps gardé secret, puis à organiser des sorties de masques sacrés en Europe et au Japon. Au-delà de leur aventure personnelle, Moussa Ag Keyna et Sorry Bamba apparaissent comme deux précieux porteurs de mémoire, des passeurs de vérités.
La région saharo-sahélienne est contrôlée par les populations locales
Point de vue
La région saharo-sahélienne est contrôlée par les populations locales
LEMONDE.FR
19.01.11
photo/Issikta/Nord Niger 2009
La région saharo-sahélienne focalise les inquiétudes par le condensé de tensions la parcourant où se mêlent conflits de territoires, violences politiques, actions terroristes et trafics. Mais surtout elle alimente les fantasmes par une supposée opacité voilant les multiples filières (trafiquantes, militaires ou criminelles) qui la parcourent et les actions qu'elles y mènent.
Lieu de dangers brumeux et insaisissables dont l'absence de traçabilité et de prévisibilité s'expliquerait par l'opacité promue comme caractéristique principale, et d'abord physique, de cet "espace gris échappant à tout contrôle". Une opacité que les analystes "stratèges" s'empressent de certifier, à distance, comme une évidence et comme le facteur principal de dangerosité. Ce serait ainsi le principal atout au déploiement d'Al-Qaïda dans la région.
Il est pour le moins paradoxal, et révélateur, qu'ait pu s'opérer une mystification sur une prétendue opacité de cet espace alors qu'il est l'un des mieux contrôlés. Pas, il est vrai, par les Etats nationaux pour lesquels il reste un espace gris et d'irrédentisme mais plutôt par les populations locales qui le pratiquent intensément par leur mobilité, même si celle-ci a changé de forme. C'est l'occultation de ces populations qui voile le regard sur cet espace et le plonge dans une apparente obscurité. C'est pourtant l'espace dont la structuration spatiale, assise sur un substrat social ancestral, est bien balisée.
Ainsi, les itinéraires possibles, peu nombreux, ont peu varié depuis le Moyen Age qui en a écrémé l'essentiel. Leur contrôle pour les échanges commerciaux ou le pastoralisme a toujours été vital pour les tribus même quand le profit en était devenu dérisoire. Les trafics illicites et de plus en plus criminels, très juteux, attisent aujourd'hui la compétition pour ce contrôle. Bien que le nomadisme ait perdu de sa vigueur et que parfois il soit réduit à une relique et même si les Sahariens sont majoritairement urbanisés, pour la plupart dans des grandes villes, ils ont reconstruit une "sédentarité nomade" qui leur fait toujours parcourir, entre les grands centres où ils se répartissent, les mêmes itinéraires de nomadisation. Ils peuvent ainsi contrôler ou s'associer à des échanges contraints de se mener en dehors voire contre des Etats-nations qui se tournent le dos, offrant ainsi un interstice aux trafics. Ces derniers ne sont ni un phénomène marginal ni le fait d'acteurs marginaux et ne sont, de ce fait, nullement opaques. Ils impliquent communautés locales et Etats.
Si les premières lui servent de vecteurs par leurs solides et vieux réseaux relationnels, l'implication des Etats dans ces trafics va au-delà des bénéfices qu'en tirent ses agents et ses officiers supérieurs qui en font une grasse "prime de terrain". Elle est un élément essentiel et planifié de leurs stratégies sécuritaires, les trafics, tolérés ou souvent alimentés par leurs services de sécurité, servant de moyen de pénétration. Ils s'assurent ainsi parmi les populations des allégeances utiles pour surveiller les confins de leurs territoires, infiltrer et récupérer les mouvements dissidents des pays limitrophes pour se prémunir de leur contagion ou les utiliser comme atout diplomatique. Ils ne peuvent faire mine de découvrir ce qu'ils couvrent eux-mêmes.
Il est une vérité élémentaire que connaissent et pratiquent aussi bien trafiquants, militants clandestins que services : la clandestinisation des actions n'est pas une abstraction. Elle est tributaire du degré d'ancrage infrastructurel et social dont peuvent bénéficier les acteurs. Et cette vérité est encore plus évidente au Sahara, aride et ponctuellement peuplé, scène qui dénude plus qu'ailleurs ceux qui s'y déploient. Trafiquants et AQMI n'agissent pas comme des facteurs externes obéissant à des dynamiques propres mais sous la prégnance de cadres géographiques et sociaux bien plus contraignants qu'ailleurs.
L'IMPLANTATION D'AQMI DANS CES COMMUNAUTÉS EST PEU DURABLE
Comme les trafics, le déploiement actuel des islamistes au Sahara n'est pas le fruit d'une génération spontanée. Leur présence est avérée depuis le milieu des années 1990 où ils en avaient fait une base de repli, de repos et d'approvisionnement. Visibles à l'œil nu du citoyen, ils l'étaient encore plus à celui des services des pays du pourtour saharien qui les ont laissés tisser leur toile dans les grandes places marchandes sahariennes renaissantes et ont négocié avec eux soit pour s'en prémunir soit pour les instrumenter, leur laissant le temps de nouer des alliances avec les tribus commerçantes et les trafiquants. Il n'est pas fortuit que tous ceux qui aujourd'hui font valoir des capacités de négociation avec les islamistes au Sahara sont, au moins par leur parenté, justement issus de ce milieu. Ainsi longtemps avant que le Sahara ne bascule dans la violence islamiste coexistaient des couloirs de trafics qui veillaient à ne pas s'empiéter : celui des trafiquants, celui des militaires et celui des islamistes.
Autant d'ancrages qui ont déblayé le terrain aux groupes armés qui y transporteront leurs actions, pour une part en raison de leur échec au nord de l'Algérie, et achèveront cet ancrage par une implantation tribale scellée par des alliances matrimoniales et la redistribution de l'argent des trafics. C'est cet ancrage qui donne aujourd'hui à l'AQMI une capacité opérationnelle sur laquelle il ne faut cependant pas se méprendre. Son implantation ne concerne en effet que des fractions voire des individus et ses liens sont moins forts avec les Touaregs ou les Maures qu'avec certaines tribus commerçantes dites "arabes" auparavant bien impliquées dans les trafics.
Le discours islamiste rencontre plus d'écho chez les populations sud-sahéliennes qui, par le jeu clientéliste des pouvoirs centraux sahéliens, trustent toutes les positions de pouvoir dans le pays Touareg, occupant ainsi l'essentiel des postes dans les sociétés d'exploitation de l'uranium. Ce fut d'ailleurs une des raisons des multiples révoltes des Touaregs qui se voient exclus dans leur propre pays. Et comme hier dans le commerce transsaharien, les Touaregs ne profitent qu'à la marge des trafics, surtout comme convoyeurs et parfois comme pilleurs pour imposer leur suprématie sur cet espace. Le Sahara n'offre pas non plus un type de conflit comme en Irak où l'AQMI a pu se greffer sur un conflit confessionnel.
Mais surtout son ancrage au Sahara est bâti sur des équilibres instables. En effet, rien n'est plus éphémère et mouvant que les allégeances tribales dans le monde nomade où le "nomadisme des alliances" est une vertu assurant la survie de la communauté et des individus. Et rien n'est aussi instable que les équilibres à l'intérieur même de ces communautés régies par un "ordre anarchique". Les trafiquants ou même les Etats-nations qui ont cru acquis des allégeances en sont bien revenus et à leurs frais. L'implantation d'AQMI dans ces communautés est aussi peu durable qu'elle a pu sembler "facile", encouragée en fait seulement par le dénuement de populations que leur marginalisation par les pouvoirs centraux rend encore plus insupportable. Il suffit que soit données à ces communautés des perspectives sociales et surtout un respect de leur autonomie et de leur identité pour qu'elles renversent complètement leurs alliances et recrachent l'AQMI nue sur les sables.
Au-delà de la question tragique du terrorisme, cette situation rappelle avec force que le Sahara que Braudel désignait comme "l'autre Méditerranée" est un élément essentiel de son système et qu'il le demeure malgré l'épisode colonial qui a voulu en faire un monde-frontière et les Etats-nations un appendice territorial à seul usage stratégique. Elle rappelle que la mondialisation ne saurait être unilatérale ou univoque, les marges étant là pour la subvertir et la ramener aux réalités du monde.
Ali Bensaâd a publié Les enjeux de l'eau au Sahara (Karthala, 2011) et Le Maghreb à l'épreuve des migrations subsahariennes (Karthala, 2010).
Ali Bensaâd est enseignant-chercheur à l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman et au Centre Jacques Berques
La région saharo-sahélienne est contrôlée par les populations locales
LEMONDE.FR
19.01.11
photo/Issikta/Nord Niger 2009
La région saharo-sahélienne focalise les inquiétudes par le condensé de tensions la parcourant où se mêlent conflits de territoires, violences politiques, actions terroristes et trafics. Mais surtout elle alimente les fantasmes par une supposée opacité voilant les multiples filières (trafiquantes, militaires ou criminelles) qui la parcourent et les actions qu'elles y mènent.
Lieu de dangers brumeux et insaisissables dont l'absence de traçabilité et de prévisibilité s'expliquerait par l'opacité promue comme caractéristique principale, et d'abord physique, de cet "espace gris échappant à tout contrôle". Une opacité que les analystes "stratèges" s'empressent de certifier, à distance, comme une évidence et comme le facteur principal de dangerosité. Ce serait ainsi le principal atout au déploiement d'Al-Qaïda dans la région.
Il est pour le moins paradoxal, et révélateur, qu'ait pu s'opérer une mystification sur une prétendue opacité de cet espace alors qu'il est l'un des mieux contrôlés. Pas, il est vrai, par les Etats nationaux pour lesquels il reste un espace gris et d'irrédentisme mais plutôt par les populations locales qui le pratiquent intensément par leur mobilité, même si celle-ci a changé de forme. C'est l'occultation de ces populations qui voile le regard sur cet espace et le plonge dans une apparente obscurité. C'est pourtant l'espace dont la structuration spatiale, assise sur un substrat social ancestral, est bien balisée.
Ainsi, les itinéraires possibles, peu nombreux, ont peu varié depuis le Moyen Age qui en a écrémé l'essentiel. Leur contrôle pour les échanges commerciaux ou le pastoralisme a toujours été vital pour les tribus même quand le profit en était devenu dérisoire. Les trafics illicites et de plus en plus criminels, très juteux, attisent aujourd'hui la compétition pour ce contrôle. Bien que le nomadisme ait perdu de sa vigueur et que parfois il soit réduit à une relique et même si les Sahariens sont majoritairement urbanisés, pour la plupart dans des grandes villes, ils ont reconstruit une "sédentarité nomade" qui leur fait toujours parcourir, entre les grands centres où ils se répartissent, les mêmes itinéraires de nomadisation. Ils peuvent ainsi contrôler ou s'associer à des échanges contraints de se mener en dehors voire contre des Etats-nations qui se tournent le dos, offrant ainsi un interstice aux trafics. Ces derniers ne sont ni un phénomène marginal ni le fait d'acteurs marginaux et ne sont, de ce fait, nullement opaques. Ils impliquent communautés locales et Etats.
Si les premières lui servent de vecteurs par leurs solides et vieux réseaux relationnels, l'implication des Etats dans ces trafics va au-delà des bénéfices qu'en tirent ses agents et ses officiers supérieurs qui en font une grasse "prime de terrain". Elle est un élément essentiel et planifié de leurs stratégies sécuritaires, les trafics, tolérés ou souvent alimentés par leurs services de sécurité, servant de moyen de pénétration. Ils s'assurent ainsi parmi les populations des allégeances utiles pour surveiller les confins de leurs territoires, infiltrer et récupérer les mouvements dissidents des pays limitrophes pour se prémunir de leur contagion ou les utiliser comme atout diplomatique. Ils ne peuvent faire mine de découvrir ce qu'ils couvrent eux-mêmes.
Il est une vérité élémentaire que connaissent et pratiquent aussi bien trafiquants, militants clandestins que services : la clandestinisation des actions n'est pas une abstraction. Elle est tributaire du degré d'ancrage infrastructurel et social dont peuvent bénéficier les acteurs. Et cette vérité est encore plus évidente au Sahara, aride et ponctuellement peuplé, scène qui dénude plus qu'ailleurs ceux qui s'y déploient. Trafiquants et AQMI n'agissent pas comme des facteurs externes obéissant à des dynamiques propres mais sous la prégnance de cadres géographiques et sociaux bien plus contraignants qu'ailleurs.
L'IMPLANTATION D'AQMI DANS CES COMMUNAUTÉS EST PEU DURABLE
Comme les trafics, le déploiement actuel des islamistes au Sahara n'est pas le fruit d'une génération spontanée. Leur présence est avérée depuis le milieu des années 1990 où ils en avaient fait une base de repli, de repos et d'approvisionnement. Visibles à l'œil nu du citoyen, ils l'étaient encore plus à celui des services des pays du pourtour saharien qui les ont laissés tisser leur toile dans les grandes places marchandes sahariennes renaissantes et ont négocié avec eux soit pour s'en prémunir soit pour les instrumenter, leur laissant le temps de nouer des alliances avec les tribus commerçantes et les trafiquants. Il n'est pas fortuit que tous ceux qui aujourd'hui font valoir des capacités de négociation avec les islamistes au Sahara sont, au moins par leur parenté, justement issus de ce milieu. Ainsi longtemps avant que le Sahara ne bascule dans la violence islamiste coexistaient des couloirs de trafics qui veillaient à ne pas s'empiéter : celui des trafiquants, celui des militaires et celui des islamistes.
Autant d'ancrages qui ont déblayé le terrain aux groupes armés qui y transporteront leurs actions, pour une part en raison de leur échec au nord de l'Algérie, et achèveront cet ancrage par une implantation tribale scellée par des alliances matrimoniales et la redistribution de l'argent des trafics. C'est cet ancrage qui donne aujourd'hui à l'AQMI une capacité opérationnelle sur laquelle il ne faut cependant pas se méprendre. Son implantation ne concerne en effet que des fractions voire des individus et ses liens sont moins forts avec les Touaregs ou les Maures qu'avec certaines tribus commerçantes dites "arabes" auparavant bien impliquées dans les trafics.
Le discours islamiste rencontre plus d'écho chez les populations sud-sahéliennes qui, par le jeu clientéliste des pouvoirs centraux sahéliens, trustent toutes les positions de pouvoir dans le pays Touareg, occupant ainsi l'essentiel des postes dans les sociétés d'exploitation de l'uranium. Ce fut d'ailleurs une des raisons des multiples révoltes des Touaregs qui se voient exclus dans leur propre pays. Et comme hier dans le commerce transsaharien, les Touaregs ne profitent qu'à la marge des trafics, surtout comme convoyeurs et parfois comme pilleurs pour imposer leur suprématie sur cet espace. Le Sahara n'offre pas non plus un type de conflit comme en Irak où l'AQMI a pu se greffer sur un conflit confessionnel.
Mais surtout son ancrage au Sahara est bâti sur des équilibres instables. En effet, rien n'est plus éphémère et mouvant que les allégeances tribales dans le monde nomade où le "nomadisme des alliances" est une vertu assurant la survie de la communauté et des individus. Et rien n'est aussi instable que les équilibres à l'intérieur même de ces communautés régies par un "ordre anarchique". Les trafiquants ou même les Etats-nations qui ont cru acquis des allégeances en sont bien revenus et à leurs frais. L'implantation d'AQMI dans ces communautés est aussi peu durable qu'elle a pu sembler "facile", encouragée en fait seulement par le dénuement de populations que leur marginalisation par les pouvoirs centraux rend encore plus insupportable. Il suffit que soit données à ces communautés des perspectives sociales et surtout un respect de leur autonomie et de leur identité pour qu'elles renversent complètement leurs alliances et recrachent l'AQMI nue sur les sables.
Au-delà de la question tragique du terrorisme, cette situation rappelle avec force que le Sahara que Braudel désignait comme "l'autre Méditerranée" est un élément essentiel de son système et qu'il le demeure malgré l'épisode colonial qui a voulu en faire un monde-frontière et les Etats-nations un appendice territorial à seul usage stratégique. Elle rappelle que la mondialisation ne saurait être unilatérale ou univoque, les marges étant là pour la subvertir et la ramener aux réalités du monde.
Ali Bensaâd a publié Les enjeux de l'eau au Sahara (Karthala, 2011) et Le Maghreb à l'épreuve des migrations subsahariennes (Karthala, 2010).
Ali Bensaâd est enseignant-chercheur à l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman et au Centre Jacques Berques
Gare à la contagion tunisienne !
Gare à la contagion tunisienne !Partager
26/01/2011 à 16h:17 Par Cherif Ouazani, Abdelaziz Barrouhi, Leïla Slimani
Jeune Afrique
© AFP Libertés confisquées, régimes autocratiques, chômage des jeunes... Au nord et au sud du Sahara, les ingrédients d’un soulèvement populaire sont souvent réunis, même s’il faut se garder des analogies hâtives.
Alger dans l'expectative
« Chez nous, les manifestants s’en prennent aux vitrines des commerces et aux biens. En Tunisie, les protestataires défilent pacifiquement », soupire, envieux, Mounir, cadre dans une banque publique. Avant même d’aboutir à la « révolution du jasmin », les événements qui ont emporté le régime de Ben Ali passionnaient les Algériens. La télévision nationale les passant sous silence, ils se sont rabattus sur les chaînes satellitaires : Al-Jazira, France 24 et CNN. D’autres ont privilégié la Toile et les réseaux sociaux.
Comme ailleurs, Alger a été surpris par l’effondrement éclair d’un régime que l’on croyait indéboulonnable. Ben Ali n’a informé Abdelaziz Bouteflika de son départ qu’après sa brève escale en Sardaigne, quand il a fallu refaire le plan de vol de son Falcon, l’Élysée ayant refusé de lui accorder une autorisation d’atterrissage. Une source d’El-Mouradia rapporte que le président algérien a eu du mal à cacher sa désapprobation. Il aurait même lâché un « on ne quitte pas le navire en pleine tempête ».
Alger a pris toute une série de mesures pour assurer la sécurité à la frontière. L’armée a renforcé ses positions. Les cinq walis (préfets) des régions frontalières ont reçu pour instruction de faciliter l’entrée et la prise en charge d’éventuels réfugiés. Une trentaine de familles tunisiennes auraient été accueillies. Par ailleurs, selon la presse, d’anciens notables et quelques membres du clan Ben Ali seraient arrivés en Algérie le 13 janvier, soit la veille de la chute du régime. Des collectes de vêtements, de couvertures et de produits alimentaires sont organisées par la population et acheminées de l’autre côté de la frontière. Le Croissant-Rouge algérien s’occupe de la redistribution des vivres.
La diplomatie algérienne, elle, est restée silencieuse. La chute de la maison Ben Ali n’a fait l’objet d’aucun communiqué des services de Mourad Medelci. Premier membre du gouvernement à s’exprimer sur la question, Saïd Barkat, ministre de la Solidarité, a affirmé, le 16 janvier, quarante-huit heures après le départ précipité de Ben Ali, qu’« aucun président algérien n’a fui son pays ». Le 18 janvier, en survolant l’espace aérien de la Tunisie, sur le chemin de Charm el-Cheikh, où il devait assister à un sommet arabe, Bouteflika envoie un message au président par intérim, Fouad Mebazaa, signant le premier acte diplomatique avec les nouvelles autorités du pays du Jasmin, dont la révolution a détrôné, aux yeux des Algériens, leur guerre de libération comme référent révolutionnaire.
À quoi joue Kaddafi ?
Après tout, qui se ressemble s’assemble. Ils sont tous deux des dictateurs et sont donc solidaires. Telle est la première réaction de l’homme de la rue à la dernière « sortie » de Mouammar Kaddafi. « Il n’y aura jamais quelqu’un de mieux que Zine pour la Tunisie, a-t-il dit. Je souhaite qu’il reste [au pouvoir], non pas jusqu’à la fin de son mandat en 2014, mais à vie. »
Dans une allocution retransmise par la télévision libyenne le 15 janvier, Kaddafi disait s’adresser au peuple tunisien. Mais c’est aux siens qu’elle était d’abord destinée. Dans une Libye où le mécontentement face au règne sans partage du clan Kaddafi gagne du terrain, le « Guide » craint la contagion de la révolution tunisienne comme la peste.
Plus inquiétant, il se dit « particulièrement concerné » par ce qu’il estime être une situation de « chaos » en Tunisie. « Il est possible que la Libye soit affectée par l’arrivée sur son territoire de groupes encagoulés ou de 4 millions de réfugiés tunisiens. Cela me préoccupe. » Menace à peine voilée ? C’est l’opinion qui prévaut à Tunis. Surtout que Kaddafi a tenu ce discours juste après avoir reçu un appel téléphonique du « président Zine el-Abidine Ben Ali », comme l’écrit l’agence officielle Jana. Ce dernier envisage-t-il d’utiliser la Libye comme « base arrière » pour reprendre le pouvoir ? Déjà, la plupart des membres de son clan ont fui vers la Libye, et son homme fort, le général Ali Seriati, chef de la garde présidentielle, impliquée dans la répression, a été arrêté non loin de la frontière.
Un mouvement d’opposition libyen en exil, le Front national pour le salut de la Libye, a accusé Kaddafi de faire entrer clandestinement des armes en Tunisie afin d’y susciter le chaos. Une information qu’il faut cependant prendre avec prudence, la capacité de nuisance de Kaddafi étant limitée : il ne dispose plus de sympathisants chez son voisin, et les autorités tunisiennes ont déjà pris des dispositions pour empêcher toute infiltration.
Le Maroc à l’heure tunisienne
De Rabat à Marrakech, les jeunes Marocains ont suivi avec passion la chute de Ben Ali. Sur Facebook, le drapeau de la Tunisie orne leur profil en signe de « solidarité » et d’admiration pour ce peuple frère qui a pris en main son destin. Mais certains ne cachent pas leur surprise. « Autant les Algériens ont la réputation d’être rebelles, autant les Tunisiens sont connus pour être un peuple calme, pacifique, un peu fataliste même », s’étonne Youssef, journaliste à Rabat. « Ce renouveau est une très bonne nouvelle, se réjouit un homme d’affaires. On va enfin pouvoir investir dans un marché tunisien jusque-là accaparé par la famille au pouvoir. »
Les médias indépendants ont abondamment couvert l’événement, qui a fait la une de plusieurs quotidiens et l’objet d’une série d’éditoriaux. Seuls les journaux officiels, proches du Palais, sont restés muets. Car si la rue marocaine est ravie, les autorités, elles, ont réagi avec plus de sobriété. Par peur de débordements, un rassemblement de soutien a été interdit le 10 janvier. Il a fallu attendre le 17 pour que le ministère des Affaires étrangères publie un communiqué dans lequel il exprime sa « solidarité profonde » avec le peuple tunisien, son attachement à la « stabilité de la région », sans citer une seule fois Ben Ali. « Le ministère de l’Intérieur est sur le qui-vive. On ne risque pas de voir augmenter les prix ou de mettre en prison un journaliste en vue », ironise un syndicaliste.
S’ils se sentent concernés, les Marocains ne redoutent pas pour autant une contagion. Certes, les inégalités, le chômage des jeunes (62 % des sans-emploi ont moins de 30 ans) ou la corruption sont des préoccupations récurrentes. « Mais les Marocains jouissent d’une certaine liberté d’expression et de réunion. Ils ont l’habitude de la revendication sociale. Le mouvement des diplômés-chômeurs, qui existe depuis vingt ans, est d’ailleurs plutôt impopulaire », ajoute Youssef.
Mais, surtout, la légitimité du roi est incontestée, y compris au sein des classes moyennes ou populaires, où son aura religieuse de Commandeur des croyants en fait un rempart à la fois contre l’intégrisme et contre la corruption des élus locaux et des fonctionnaires. « Nous ne sommes pas dans la révolution, mais dans une évolution lente et mesurée vers le progrès social et la démocratie », estime Achraf, un entrepreneur casablancais. Dans le royaume, on s’inquiète d’ailleurs de la brutalité du changement en Tunisie. « Pauvres Tunisiens ! Le plus dur est devant eux », lit-on sur Facebook.
Au sud du Sahara : si loin, si proche...
Comparaison n’est pas raison, certes. Mais les commentateurs et éditorialistes d’Afrique subsaharienne francophone n’ont pas résisté à la tentation des analogies. Le quotidien Le Jour, édité à Yaoundé, évoquant les « ingrédients de la sauce tunisienne » qui se trouvent « rassemblés au Cameroun depuis bien longtemps », pointe « un leader âgé et usé par le pouvoir, une jeunesse sans perspectives d’avenir, des ouvriers payés au prix de famine ».
Le site congopage.com, qui a les yeux braqués sur Brazzaville, prend acte de ce que « le cas tunisien a démontré qu’aucun régime, fut-il foncièrement militarisé et profondément policier, n’est immuable ». Mais il ajoute : « Les Congolais, échaudés par plusieurs guerres civiles et un pouvoir politique féroce, ont désormais peur du moindre bruit de bottes. »
Le leader écologiste gabonais Marc Ona Essangui ne pense pas que le « vent de Tunis » puisse menacer Ali Bongo Ondimba. « Pour l’instant, je ne vois pas de leader charismatique, au sein de l’opposition, ou de syndicats, qui prendrait la responsabilité d’un tel mouvement. Ici, tout le monde veut dialoguer… pour partager le gâteau », grince-t-il.
En Côte d’Ivoire, où l’opinion publique semble divisée en deux blocs irréconciliables, chaque camp trouve des raisons de se réjouir de la « révolution du jasmin ». Les pro-Ouattara y voient une nouvelle qui fait trembler « le dictateur Gbagbo ». Tandis que leurs adversaires se réjouissent de la chute d’un « ami de la France ». Et fustigent ce qu’ils considèrent comme le « deux poids deux mesures » qui a caractérisé le discours officiel français sur Gbagbo, traité sans ménagement, et sur Ben Ali, caressé dans le sens du poil jusqu’au moment de sa chute.
Nul doute que tous les gouvernements paniquent aussi à l’idée de nouvelles émeutes de la faim. Celles de 2008 sont encore dans toutes les mémoires. Pour éviter la contagion à son pays le président sénégalais Abdoulaye Wade a par exemple donné des instructions pour une baisse des prix des denrées de première nécessité et le règlement dans les meilleurs délais du problème de l’électricité. Mais dans un grand nombre de métropoles surpeuplées au sud du Sahara, le nombre de diplômés de l’enseignement supérieur déclassés, obligés de s’improviser pilotes de motos-taxis ou vendeurs à la sauvette de recharges téléphoniques ou de fripes, ne cesse de grossir. Partout, leurs frustrations, exprimées plus ou moins clairement, constituent une véritable bombe à retardement.
26/01/2011 à 16h:17 Par Cherif Ouazani, Abdelaziz Barrouhi, Leïla Slimani
Jeune Afrique
© AFP Libertés confisquées, régimes autocratiques, chômage des jeunes... Au nord et au sud du Sahara, les ingrédients d’un soulèvement populaire sont souvent réunis, même s’il faut se garder des analogies hâtives.
Alger dans l'expectative
« Chez nous, les manifestants s’en prennent aux vitrines des commerces et aux biens. En Tunisie, les protestataires défilent pacifiquement », soupire, envieux, Mounir, cadre dans une banque publique. Avant même d’aboutir à la « révolution du jasmin », les événements qui ont emporté le régime de Ben Ali passionnaient les Algériens. La télévision nationale les passant sous silence, ils se sont rabattus sur les chaînes satellitaires : Al-Jazira, France 24 et CNN. D’autres ont privilégié la Toile et les réseaux sociaux.
Comme ailleurs, Alger a été surpris par l’effondrement éclair d’un régime que l’on croyait indéboulonnable. Ben Ali n’a informé Abdelaziz Bouteflika de son départ qu’après sa brève escale en Sardaigne, quand il a fallu refaire le plan de vol de son Falcon, l’Élysée ayant refusé de lui accorder une autorisation d’atterrissage. Une source d’El-Mouradia rapporte que le président algérien a eu du mal à cacher sa désapprobation. Il aurait même lâché un « on ne quitte pas le navire en pleine tempête ».
Alger a pris toute une série de mesures pour assurer la sécurité à la frontière. L’armée a renforcé ses positions. Les cinq walis (préfets) des régions frontalières ont reçu pour instruction de faciliter l’entrée et la prise en charge d’éventuels réfugiés. Une trentaine de familles tunisiennes auraient été accueillies. Par ailleurs, selon la presse, d’anciens notables et quelques membres du clan Ben Ali seraient arrivés en Algérie le 13 janvier, soit la veille de la chute du régime. Des collectes de vêtements, de couvertures et de produits alimentaires sont organisées par la population et acheminées de l’autre côté de la frontière. Le Croissant-Rouge algérien s’occupe de la redistribution des vivres.
La diplomatie algérienne, elle, est restée silencieuse. La chute de la maison Ben Ali n’a fait l’objet d’aucun communiqué des services de Mourad Medelci. Premier membre du gouvernement à s’exprimer sur la question, Saïd Barkat, ministre de la Solidarité, a affirmé, le 16 janvier, quarante-huit heures après le départ précipité de Ben Ali, qu’« aucun président algérien n’a fui son pays ». Le 18 janvier, en survolant l’espace aérien de la Tunisie, sur le chemin de Charm el-Cheikh, où il devait assister à un sommet arabe, Bouteflika envoie un message au président par intérim, Fouad Mebazaa, signant le premier acte diplomatique avec les nouvelles autorités du pays du Jasmin, dont la révolution a détrôné, aux yeux des Algériens, leur guerre de libération comme référent révolutionnaire.
À quoi joue Kaddafi ?
Après tout, qui se ressemble s’assemble. Ils sont tous deux des dictateurs et sont donc solidaires. Telle est la première réaction de l’homme de la rue à la dernière « sortie » de Mouammar Kaddafi. « Il n’y aura jamais quelqu’un de mieux que Zine pour la Tunisie, a-t-il dit. Je souhaite qu’il reste [au pouvoir], non pas jusqu’à la fin de son mandat en 2014, mais à vie. »
Dans une allocution retransmise par la télévision libyenne le 15 janvier, Kaddafi disait s’adresser au peuple tunisien. Mais c’est aux siens qu’elle était d’abord destinée. Dans une Libye où le mécontentement face au règne sans partage du clan Kaddafi gagne du terrain, le « Guide » craint la contagion de la révolution tunisienne comme la peste.
Plus inquiétant, il se dit « particulièrement concerné » par ce qu’il estime être une situation de « chaos » en Tunisie. « Il est possible que la Libye soit affectée par l’arrivée sur son territoire de groupes encagoulés ou de 4 millions de réfugiés tunisiens. Cela me préoccupe. » Menace à peine voilée ? C’est l’opinion qui prévaut à Tunis. Surtout que Kaddafi a tenu ce discours juste après avoir reçu un appel téléphonique du « président Zine el-Abidine Ben Ali », comme l’écrit l’agence officielle Jana. Ce dernier envisage-t-il d’utiliser la Libye comme « base arrière » pour reprendre le pouvoir ? Déjà, la plupart des membres de son clan ont fui vers la Libye, et son homme fort, le général Ali Seriati, chef de la garde présidentielle, impliquée dans la répression, a été arrêté non loin de la frontière.
Un mouvement d’opposition libyen en exil, le Front national pour le salut de la Libye, a accusé Kaddafi de faire entrer clandestinement des armes en Tunisie afin d’y susciter le chaos. Une information qu’il faut cependant prendre avec prudence, la capacité de nuisance de Kaddafi étant limitée : il ne dispose plus de sympathisants chez son voisin, et les autorités tunisiennes ont déjà pris des dispositions pour empêcher toute infiltration.
Le Maroc à l’heure tunisienne
De Rabat à Marrakech, les jeunes Marocains ont suivi avec passion la chute de Ben Ali. Sur Facebook, le drapeau de la Tunisie orne leur profil en signe de « solidarité » et d’admiration pour ce peuple frère qui a pris en main son destin. Mais certains ne cachent pas leur surprise. « Autant les Algériens ont la réputation d’être rebelles, autant les Tunisiens sont connus pour être un peuple calme, pacifique, un peu fataliste même », s’étonne Youssef, journaliste à Rabat. « Ce renouveau est une très bonne nouvelle, se réjouit un homme d’affaires. On va enfin pouvoir investir dans un marché tunisien jusque-là accaparé par la famille au pouvoir. »
Les médias indépendants ont abondamment couvert l’événement, qui a fait la une de plusieurs quotidiens et l’objet d’une série d’éditoriaux. Seuls les journaux officiels, proches du Palais, sont restés muets. Car si la rue marocaine est ravie, les autorités, elles, ont réagi avec plus de sobriété. Par peur de débordements, un rassemblement de soutien a été interdit le 10 janvier. Il a fallu attendre le 17 pour que le ministère des Affaires étrangères publie un communiqué dans lequel il exprime sa « solidarité profonde » avec le peuple tunisien, son attachement à la « stabilité de la région », sans citer une seule fois Ben Ali. « Le ministère de l’Intérieur est sur le qui-vive. On ne risque pas de voir augmenter les prix ou de mettre en prison un journaliste en vue », ironise un syndicaliste.
S’ils se sentent concernés, les Marocains ne redoutent pas pour autant une contagion. Certes, les inégalités, le chômage des jeunes (62 % des sans-emploi ont moins de 30 ans) ou la corruption sont des préoccupations récurrentes. « Mais les Marocains jouissent d’une certaine liberté d’expression et de réunion. Ils ont l’habitude de la revendication sociale. Le mouvement des diplômés-chômeurs, qui existe depuis vingt ans, est d’ailleurs plutôt impopulaire », ajoute Youssef.
Mais, surtout, la légitimité du roi est incontestée, y compris au sein des classes moyennes ou populaires, où son aura religieuse de Commandeur des croyants en fait un rempart à la fois contre l’intégrisme et contre la corruption des élus locaux et des fonctionnaires. « Nous ne sommes pas dans la révolution, mais dans une évolution lente et mesurée vers le progrès social et la démocratie », estime Achraf, un entrepreneur casablancais. Dans le royaume, on s’inquiète d’ailleurs de la brutalité du changement en Tunisie. « Pauvres Tunisiens ! Le plus dur est devant eux », lit-on sur Facebook.
Au sud du Sahara : si loin, si proche...
Comparaison n’est pas raison, certes. Mais les commentateurs et éditorialistes d’Afrique subsaharienne francophone n’ont pas résisté à la tentation des analogies. Le quotidien Le Jour, édité à Yaoundé, évoquant les « ingrédients de la sauce tunisienne » qui se trouvent « rassemblés au Cameroun depuis bien longtemps », pointe « un leader âgé et usé par le pouvoir, une jeunesse sans perspectives d’avenir, des ouvriers payés au prix de famine ».
Le site congopage.com, qui a les yeux braqués sur Brazzaville, prend acte de ce que « le cas tunisien a démontré qu’aucun régime, fut-il foncièrement militarisé et profondément policier, n’est immuable ». Mais il ajoute : « Les Congolais, échaudés par plusieurs guerres civiles et un pouvoir politique féroce, ont désormais peur du moindre bruit de bottes. »
Le leader écologiste gabonais Marc Ona Essangui ne pense pas que le « vent de Tunis » puisse menacer Ali Bongo Ondimba. « Pour l’instant, je ne vois pas de leader charismatique, au sein de l’opposition, ou de syndicats, qui prendrait la responsabilité d’un tel mouvement. Ici, tout le monde veut dialoguer… pour partager le gâteau », grince-t-il.
En Côte d’Ivoire, où l’opinion publique semble divisée en deux blocs irréconciliables, chaque camp trouve des raisons de se réjouir de la « révolution du jasmin ». Les pro-Ouattara y voient une nouvelle qui fait trembler « le dictateur Gbagbo ». Tandis que leurs adversaires se réjouissent de la chute d’un « ami de la France ». Et fustigent ce qu’ils considèrent comme le « deux poids deux mesures » qui a caractérisé le discours officiel français sur Gbagbo, traité sans ménagement, et sur Ben Ali, caressé dans le sens du poil jusqu’au moment de sa chute.
Nul doute que tous les gouvernements paniquent aussi à l’idée de nouvelles émeutes de la faim. Celles de 2008 sont encore dans toutes les mémoires. Pour éviter la contagion à son pays le président sénégalais Abdoulaye Wade a par exemple donné des instructions pour une baisse des prix des denrées de première nécessité et le règlement dans les meilleurs délais du problème de l’électricité. Mais dans un grand nombre de métropoles surpeuplées au sud du Sahara, le nombre de diplômés de l’enseignement supérieur déclassés, obligés de s’improviser pilotes de motos-taxis ou vendeurs à la sauvette de recharges téléphoniques ou de fripes, ne cesse de grossir. Partout, leurs frustrations, exprimées plus ou moins clairement, constituent une véritable bombe à retardement.
Deux Marocains passent des greniers berbères aux geôles de Kaddafi
Deux Marocains passent des greniers berbères aux geôles de Kaddafi
26/01/2011 à 11h:37 Par Leïla Slimani
http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2610p044-045.xml0/maroc-libye-arrestation-culturedeux-marocains-passent-des-greniers-berberes-aux-geoles-de-kaddafi.html
Photo:Tamazagha
© D.R. Deux chercheurs marocains arrêtés par Tripoli pour s’être intéressés de trop près à... la culture amazighe.
Hassan Ramou et El Mahfoud Asmahri, deux éminents chercheurs de l’Institut royal de la culture amazighe (Ircam), n’imaginaient pas que leur travail de recherche sur les greniers collectifs berbères les conduirait dans une prison libyenne. Au début de décembre 2010, ils se rendent dans le sud de la Tunisie, dans le village berbère de Tataouine, à l’invitation d’une association amazighe. Le 14 décembre, ils parcourent quelques kilomètres et traversent la frontière libyenne, pour atteindre le village de Nalut, dans le massif de Nefoussa, célèbre pour son imposant grenier.
Le 19 décembre, alors qu’ils s’apprêtent à regagner la Tunisie, ils sont arrêtés par les autorités libyennes. Interrogés sur l’objet de leurs recherches, ils sont placés en garde à vue. Ils ne seront libérés qu’au bout de deux semaines, le 6 janvier, grâce à l’intervention de Rabat. « Ils n’ont pas été maltraités et ont repris leurs activités depuis une semaine », affirme l’Ircam, qui se veut rassurant.
Pour Belkacem Lounes, président du Congrès mondial amazigh (CMA), cette arrestation doit être dénoncée. « Ces chercheurs travaillent pour un institut public créé par le Palais et dépendant directement de lui. En les enlevant en dehors de tout cadre légal, Tripoli a porté atteinte à la souveraineté du Maroc. » Au ministère des Affaires étrangères, on préfère calmer le jeu. « Les deux hommes sont partis sans solliciter d’autorisation ou d’aide du ministère, alors même qu’ils travaillaient sur un sujet très sensible. S’ils nous avaient contactés, nous leur aurions conseillé la plus grande prudence », précise un responsable.
Le régime libyen est connu pour son hostilité à l’égard de la culture amazighe. Les associations, les festivals ou les réunions publiques tournant autour de ce sujet sont interdits, les travaux de recherche sur les Berbères impossibles à mener. « Deux frères libyens, Mazigh et Madghis Bouzakhar, mais également le chanteur amazigh Abdallah Ashini, ont été arrêtés pour, dans le premier cas, s’être intéressé à la question berbère et, dans le second, s’être rendu à un festival berbère. Pour Mouammar Kaddafi, les Amazighs et l’amazighité ne recouvrent aucune réalité. Les autorités libyennes répriment toute forme d’expression venant des Amazighs », explique Belkacem Lounes. En novembre 2009, le Marocain Khaled Zerari, vice-président du CMA, avait déjà été refoulé sans ménagement du territoire libyen, alors qu’il se rendait à des funérailles.
26/01/2011 à 11h:37 Par Leïla Slimani
http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2610p044-045.xml0/maroc-libye-arrestation-culturedeux-marocains-passent-des-greniers-berberes-aux-geoles-de-kaddafi.html
Photo:Tamazagha
© D.R. Deux chercheurs marocains arrêtés par Tripoli pour s’être intéressés de trop près à... la culture amazighe.
Hassan Ramou et El Mahfoud Asmahri, deux éminents chercheurs de l’Institut royal de la culture amazighe (Ircam), n’imaginaient pas que leur travail de recherche sur les greniers collectifs berbères les conduirait dans une prison libyenne. Au début de décembre 2010, ils se rendent dans le sud de la Tunisie, dans le village berbère de Tataouine, à l’invitation d’une association amazighe. Le 14 décembre, ils parcourent quelques kilomètres et traversent la frontière libyenne, pour atteindre le village de Nalut, dans le massif de Nefoussa, célèbre pour son imposant grenier.
Le 19 décembre, alors qu’ils s’apprêtent à regagner la Tunisie, ils sont arrêtés par les autorités libyennes. Interrogés sur l’objet de leurs recherches, ils sont placés en garde à vue. Ils ne seront libérés qu’au bout de deux semaines, le 6 janvier, grâce à l’intervention de Rabat. « Ils n’ont pas été maltraités et ont repris leurs activités depuis une semaine », affirme l’Ircam, qui se veut rassurant.
Pour Belkacem Lounes, président du Congrès mondial amazigh (CMA), cette arrestation doit être dénoncée. « Ces chercheurs travaillent pour un institut public créé par le Palais et dépendant directement de lui. En les enlevant en dehors de tout cadre légal, Tripoli a porté atteinte à la souveraineté du Maroc. » Au ministère des Affaires étrangères, on préfère calmer le jeu. « Les deux hommes sont partis sans solliciter d’autorisation ou d’aide du ministère, alors même qu’ils travaillaient sur un sujet très sensible. S’ils nous avaient contactés, nous leur aurions conseillé la plus grande prudence », précise un responsable.
Le régime libyen est connu pour son hostilité à l’égard de la culture amazighe. Les associations, les festivals ou les réunions publiques tournant autour de ce sujet sont interdits, les travaux de recherche sur les Berbères impossibles à mener. « Deux frères libyens, Mazigh et Madghis Bouzakhar, mais également le chanteur amazigh Abdallah Ashini, ont été arrêtés pour, dans le premier cas, s’être intéressé à la question berbère et, dans le second, s’être rendu à un festival berbère. Pour Mouammar Kaddafi, les Amazighs et l’amazighité ne recouvrent aucune réalité. Les autorités libyennes répriment toute forme d’expression venant des Amazighs », explique Belkacem Lounes. En novembre 2009, le Marocain Khaled Zerari, vice-président du CMA, avait déjà été refoulé sans ménagement du territoire libyen, alors qu’il se rendait à des funérailles.
samedi 12 février 2011
«La muraille de la peur s’est effondrée», constate Fayçal Métaoui, journaliste au quotidien El Watan.
Egypte
Monde arabo-musulman : «La muraille de la peur s’est effondrée»
Par Patrick Vallélian - Mis en ligne le 09.02.2011 à 11:57
Après la Tunisie et l’Egypte, l’Algérie sera-t-elle le prochain pays à vivre sa révolution? «La rue en a assez de la dictature», répond le journaliste Fayçal Métaoui.
A qui le tour? Après la Tunisie, qui a chassé Ben Ali, et l’Egypte, voilà que le volcan algérien menace d’exploser. Samedi 12 février, une marche organisée par la Coordination nationale pour le changement et la démocratie entre la place du 1er Mai et celle des Martyrs va réclamer la démocratie au pays du président Bouteflika.
«La muraille de la peur s’est effondrée», constate Fayçal Métaoui, journaliste au quotidien El Watan.
Est-ce que les Algériens vont suivre l’exemple des Tunisiens et des Egyptiens?
A l’heure où je vous parle (mardi 8 février, ndlr), la marche de samedi pour la démocratie est interdite par les autorités. Et il est évident que les forces de l’ordre seront très présentes dans les rues d’Alger.
Mais les organisateurs ne vont pas reculer. Les Algériens en ont assez du régime Bouteflika. Surtout que le pays a déjà été secoué du 6 au 9 janvier 2011 par des émeutes contre la cherté de la vie.
Des émeutes qui ont fait cinq morts et plus de 800 blessés. Samedi sera un jour crucial. La muraille de la peur s’est effondrée dans le monde arabo-musulman.
Que réclament les Algériens?
Une Algérie démocratique, de l’emploi ou encore la levée de l’état d’urgence qui nous est promise depuis des années. Mais Bouteflika n’a jamais tenu parole, lui qui a cassé toute contestation au nom de la lutte contre le terrorisme islamiste, lui qui a écrasé l’opposition, laminé la classe moyenne et, surtout, dépolitisé toute une société.
Aujourd’hui, ce président qui vantait il y a peu les mérites du modèle démocratique tunisien a peur. Il a créé un vide entretenu par la violence et, comme chacun le sait, la nature a horreur du vide. Bouteflika est tombé dans son propre piège. Il sait que ce 12 février, il joue gros.
Et que ce n’est que le début. Désormais, le pouvoir doit répondre au besoin d’ouverture du peuple. Bouteflika doit annoncer son départ à la fin de son mandat en 2014.
Bref, il faut tourner la page de ces régimes arabes dictatoriaux.
Et s’il ne se passe rien samedi?
J’en doute. Le contexte international est idéal pour que le peuple se révolte. Depuis la chute de Ben Ali, le train est en marche et nul ne pourra l’arrêter. Si la manifestation du 12 février est réprimée, il y en aura d’autres.
L’Algérie a besoin d’un nouveau souffle. Le pays en a assez du mépris de ses dirigeants, de la vie chère. Les jeunes d’ici, qui pèsent plus de 70% de la population, veulent en finir avec cette gérontocratie, avec ces vieux dirigeants qui passent leur temps à voler leur peuple.
Vu d’Europe, on a l’impression que les dirigeants du Maghreb au Machrek paniquent devant la pression de la rue...
C’est le cas. Beaucoup ne savent pas comment s’adapter à la nouvelle situation. Faut-il plus de fermeté? Faut-il se réformer?
Au Yémen, le président a demandé presque pardon pour sa gestion catastrophique du pays. Il a annoncé des mesures économiques.
Au Koweït, l’émir offre de la nourriture gratuitement aux plus démunis pour une somme de quatre milliards de dollars. En Syrie, le président subventionne les denrées alimentaires. Comme en Mauritanie, en Libye et en Algérie.
Mais la première victoire est que les régimes qui se voulaient héréditaires, comme en Egypte, ont été balayés. Le temps des républiques arabes qui se transforment en monarchies héréditaires est révolu.
Et quel rôle pour l’Occident?
C’est un modèle pour nous. Mais il se tait en se cachant derrière son droit de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un autre pays. Ce qui est complètement hypocrite puisque l’Europe et les USA interviennent dans nos affaires.
Et c’est désolant que les dirigeants occidentaux préfèrent passer leurs vacances dans des dictatures que de faire pression sur les dictateurs. Le monde dit libre fait preuve d’une immense incohérence.
Que faire?
Geler les avoirs des dictateurs dans vos banques par exemple, notamment helvétiques. Ces fortunes ont été volées à leur peuple comme on peut le constater avec celle des Moubarak (estimée entre 40 et 70 milliards de dollars, ndlr). Ce seraient des pressions efficaces pour que ces dictateurs entendent les revendications de leur peuple.
Et justement, quelles sont les relations économiques entre la Suisse et le régime Bouteflika?
Importantes. Notre président a passé beaucoup de temps dans votre pays et nous savons qu’il y a investi plusieurs dizaines de millions de francs dans l’immobilier notamment. Il a caché son argent dans vos banques également. A Alger, on l’appelle l’ami des banquiers genevois.
La Suisse ne doit pas attendre son départ pour bouger. La lutte contre la corruption doit être un combat universel. Et je pense aussi que les Européens, si enclins à redouter une invasion de migrants venant de l’Afrique, tiennent là une occasion en or pour lutter contre cette immigration illégale. Les jeunes candidats à la traversée de la Méditerranée ne tenteraient pas leur chance s’ils avaient un avenir en Algérie.
Et la crainte de l’islamisme?
Franchement, vous ne pensez pas que nous pourrions accepter une dictature islamiste après celle du fric. C’est mal nous connaître. Arrêtez, en Occident, de véhiculer ces clichés sur la menace terroriste islamiste qui a fait le lit de nos dictatures après les attentats du 11 septembre 2001 à New York. Nous voulons la démocratie.
FAYÇAL MÉTAOUI
Ce diplômé en marketing est entré à El Watan, en 1990. Il en a été le rédacteur en chef de 2004 à 2007. Il a été animateur et coanimateur de plusieurs talkshows politiques à la Radio algérienne.
Monde arabo-musulman : «La muraille de la peur s’est effondrée»
Par Patrick Vallélian - Mis en ligne le 09.02.2011 à 11:57
Après la Tunisie et l’Egypte, l’Algérie sera-t-elle le prochain pays à vivre sa révolution? «La rue en a assez de la dictature», répond le journaliste Fayçal Métaoui.
A qui le tour? Après la Tunisie, qui a chassé Ben Ali, et l’Egypte, voilà que le volcan algérien menace d’exploser. Samedi 12 février, une marche organisée par la Coordination nationale pour le changement et la démocratie entre la place du 1er Mai et celle des Martyrs va réclamer la démocratie au pays du président Bouteflika.
«La muraille de la peur s’est effondrée», constate Fayçal Métaoui, journaliste au quotidien El Watan.
Est-ce que les Algériens vont suivre l’exemple des Tunisiens et des Egyptiens?
A l’heure où je vous parle (mardi 8 février, ndlr), la marche de samedi pour la démocratie est interdite par les autorités. Et il est évident que les forces de l’ordre seront très présentes dans les rues d’Alger.
Mais les organisateurs ne vont pas reculer. Les Algériens en ont assez du régime Bouteflika. Surtout que le pays a déjà été secoué du 6 au 9 janvier 2011 par des émeutes contre la cherté de la vie.
Des émeutes qui ont fait cinq morts et plus de 800 blessés. Samedi sera un jour crucial. La muraille de la peur s’est effondrée dans le monde arabo-musulman.
Que réclament les Algériens?
Une Algérie démocratique, de l’emploi ou encore la levée de l’état d’urgence qui nous est promise depuis des années. Mais Bouteflika n’a jamais tenu parole, lui qui a cassé toute contestation au nom de la lutte contre le terrorisme islamiste, lui qui a écrasé l’opposition, laminé la classe moyenne et, surtout, dépolitisé toute une société.
Aujourd’hui, ce président qui vantait il y a peu les mérites du modèle démocratique tunisien a peur. Il a créé un vide entretenu par la violence et, comme chacun le sait, la nature a horreur du vide. Bouteflika est tombé dans son propre piège. Il sait que ce 12 février, il joue gros.
Et que ce n’est que le début. Désormais, le pouvoir doit répondre au besoin d’ouverture du peuple. Bouteflika doit annoncer son départ à la fin de son mandat en 2014.
Bref, il faut tourner la page de ces régimes arabes dictatoriaux.
Et s’il ne se passe rien samedi?
J’en doute. Le contexte international est idéal pour que le peuple se révolte. Depuis la chute de Ben Ali, le train est en marche et nul ne pourra l’arrêter. Si la manifestation du 12 février est réprimée, il y en aura d’autres.
L’Algérie a besoin d’un nouveau souffle. Le pays en a assez du mépris de ses dirigeants, de la vie chère. Les jeunes d’ici, qui pèsent plus de 70% de la population, veulent en finir avec cette gérontocratie, avec ces vieux dirigeants qui passent leur temps à voler leur peuple.
Vu d’Europe, on a l’impression que les dirigeants du Maghreb au Machrek paniquent devant la pression de la rue...
C’est le cas. Beaucoup ne savent pas comment s’adapter à la nouvelle situation. Faut-il plus de fermeté? Faut-il se réformer?
Au Yémen, le président a demandé presque pardon pour sa gestion catastrophique du pays. Il a annoncé des mesures économiques.
Au Koweït, l’émir offre de la nourriture gratuitement aux plus démunis pour une somme de quatre milliards de dollars. En Syrie, le président subventionne les denrées alimentaires. Comme en Mauritanie, en Libye et en Algérie.
Mais la première victoire est que les régimes qui se voulaient héréditaires, comme en Egypte, ont été balayés. Le temps des républiques arabes qui se transforment en monarchies héréditaires est révolu.
Et quel rôle pour l’Occident?
C’est un modèle pour nous. Mais il se tait en se cachant derrière son droit de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un autre pays. Ce qui est complètement hypocrite puisque l’Europe et les USA interviennent dans nos affaires.
Et c’est désolant que les dirigeants occidentaux préfèrent passer leurs vacances dans des dictatures que de faire pression sur les dictateurs. Le monde dit libre fait preuve d’une immense incohérence.
Que faire?
Geler les avoirs des dictateurs dans vos banques par exemple, notamment helvétiques. Ces fortunes ont été volées à leur peuple comme on peut le constater avec celle des Moubarak (estimée entre 40 et 70 milliards de dollars, ndlr). Ce seraient des pressions efficaces pour que ces dictateurs entendent les revendications de leur peuple.
Et justement, quelles sont les relations économiques entre la Suisse et le régime Bouteflika?
Importantes. Notre président a passé beaucoup de temps dans votre pays et nous savons qu’il y a investi plusieurs dizaines de millions de francs dans l’immobilier notamment. Il a caché son argent dans vos banques également. A Alger, on l’appelle l’ami des banquiers genevois.
La Suisse ne doit pas attendre son départ pour bouger. La lutte contre la corruption doit être un combat universel. Et je pense aussi que les Européens, si enclins à redouter une invasion de migrants venant de l’Afrique, tiennent là une occasion en or pour lutter contre cette immigration illégale. Les jeunes candidats à la traversée de la Méditerranée ne tenteraient pas leur chance s’ils avaient un avenir en Algérie.
Et la crainte de l’islamisme?
Franchement, vous ne pensez pas que nous pourrions accepter une dictature islamiste après celle du fric. C’est mal nous connaître. Arrêtez, en Occident, de véhiculer ces clichés sur la menace terroriste islamiste qui a fait le lit de nos dictatures après les attentats du 11 septembre 2001 à New York. Nous voulons la démocratie.
FAYÇAL MÉTAOUI
Ce diplômé en marketing est entré à El Watan, en 1990. Il en a été le rédacteur en chef de 2004 à 2007. Il a été animateur et coanimateur de plusieurs talkshows politiques à la Radio algérienne.
jeudi 10 février 2011
Al-Qaeda veut faire de la région du Sahara et du Sahel le prochain Afghanistan (SG d'Interpol)
Ronald Noble
Le groupe terroriste d'Al-Qaeda dans le Maghreb Islamique (AQMI) veut faire de la région du Sahara et du Sahel le prochain Afghanistan, a mis en garde le Secrétaire général de l'Organisation internationale de police criminelle - Interpol, Ronald Noble.
"Le Sahara, la région du Sahel et la Somalie pourraient devenir le prochain Afghanistan pour Al-Qaeda" qui est à la recherche de zones de repli, a souligné Ronald Noble, dont les propos sont cités jeudi par "Voice of America".
La radio américaine relève que cette déclaration s'inscrit en droite ligne du constat fait par d'autres experts du terrorisme pour qui la pression qui pèse sur Al-Qaeda en Afghanistan a poussé la nébuleuse terroriste à chercher d'autres zones éloignées, vitales à la prolifération de ses activités.
"AQMI, qui a juré de s'attaquer aux intérêts américains, s'est repliée dans les vastes étendues désertiques du Sahara fuyant la pression des forces armées US au Pakistan, en Irak et au Yémen", avait récemment relevé Richard Miniter, un journaliste d'investigation US et auteur de deux bestsellers sur la liste du New York Times, intitulés "Losing Ben Laden" (Perdre Ben Laden) et "Shadow War", (Guerre d'ombre).
Le Coordinateur du Département d'Etat US pour la lutte anti-terroriste, Daniel Benjamin, avait, dans ce contexte, souligné l'"urgence" de tarir les sources de financement d'AQMI, qui a "démontré sa capacité à lever des fonds substantiels par le biais de ses opérations de prise d'otages". Il a, d'autre part, rappelé qu'Al-Qaeda et ses franchises veulent s'en prendre à l'Europe et aux Etats Unis, d'où, a-t-il dit, "la nécessité de mettre en place une coopération étroite, qui demeure essentielle pour contrer la menace commune à laquelle nous faisons face".
Jeudi 10 Février 2011
Atlasinfo avec MAP
mercredi 9 février 2011
Niger: Amadou soutient Issoufou pour le 2e tour de la présidentielle
Niger
(AFP) – NIAMEY — L'ex-Premier ministre Hama Amadou, arrivé troisième au premier tour de l'élection présidentielle du 31 janvier au Niger, a décidé de soutenir l'opposant historique Mahamadou Issoufou au second tour le 12 mars, a annoncé mercredi son parti.
"Après une large consultation des militants de base, le Mouvement démocratique nigérien (Moden) choisit de soutenir M. Mahamadou Issoufou au deuxième tour de l'élection présidentielle du 12 mars", indique un communiqué du Moden.
photo:festival d'Agharous/Niger
Avec 19,8% des suffrages au premier tour, Hama Amadou fait figure d'arbitre du second tour.
Mahamadou Issoufou, candidat du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS) et opposant historique au président Mamadou Tandja renversé par un putsch en février 2010, est arrivé en tête avec 36,06% des voix.
Il affrontera au second tour Seïni Oumarou, ex-Premier ministre de M. Tandja comme Hama Amadou. Candidat du Mouvement national pour la société de développement (MNSD) du président déchu, M. Oumarou avait recueilli au premier tour 23,2% des suffrages.
La présidentielle est destinée à rétablir un régime civil après un an de junte militaire dans ce pays parmi les plus pauvres du monde et placé sous la menace grandissante d'Al-Qaïda, qui y multiplie les rapts d'Occidentaux.
"Le PNDS fait partie de nos partenaires dans le combat pour la restauration de la démocratie", a expliqué devant la presse Hama Amadou, ex-dauphin de M. Tandja ensuite tombé en disgrâce.
Les partis de Mahamadou Issoufou et Hama Amadou avaient avec d'autres fait front commun en 2009 quand le président Tandja avait causé une grave crise en cherchant à se maintenir au pouvoir au terme de ses deux quinquennats légaux.
"Nous voulons pour ce pays un responsable capable de respecter la Constitution et les règles de la démocratie", a ajouté M. Amadou.
Il a dit "ne plus faire partie" de l'Alliance pour la réconciliation nationale (ARN), conclue avec cinq autre candidats, dont Seïni Oumarou, quelques jours avant le premier tour pour barrer la route à Mahamadou Issoufou.
Il y a eu "trahison" de "certains partis" au sein de l'alliance, a-t-il accusé, sans plus de précision.
MM. Amadou et Issoufou ont effectué ces derniers jours une tournée dans des capitales africaines et ont notamment été reçus ensemble par le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, selon la télévision libyenne.
L'ex-colonel à la retraite Moussa Moumouni Djermakoye (3,95% au premier tour) avait assisté à l'entretien.
Copyright © 2011 AFP. Tous droits réservés. Plus
(AFP) – NIAMEY — L'ex-Premier ministre Hama Amadou, arrivé troisième au premier tour de l'élection présidentielle du 31 janvier au Niger, a décidé de soutenir l'opposant historique Mahamadou Issoufou au second tour le 12 mars, a annoncé mercredi son parti.
"Après une large consultation des militants de base, le Mouvement démocratique nigérien (Moden) choisit de soutenir M. Mahamadou Issoufou au deuxième tour de l'élection présidentielle du 12 mars", indique un communiqué du Moden.
photo:festival d'Agharous/Niger
Avec 19,8% des suffrages au premier tour, Hama Amadou fait figure d'arbitre du second tour.
Mahamadou Issoufou, candidat du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS) et opposant historique au président Mamadou Tandja renversé par un putsch en février 2010, est arrivé en tête avec 36,06% des voix.
Il affrontera au second tour Seïni Oumarou, ex-Premier ministre de M. Tandja comme Hama Amadou. Candidat du Mouvement national pour la société de développement (MNSD) du président déchu, M. Oumarou avait recueilli au premier tour 23,2% des suffrages.
La présidentielle est destinée à rétablir un régime civil après un an de junte militaire dans ce pays parmi les plus pauvres du monde et placé sous la menace grandissante d'Al-Qaïda, qui y multiplie les rapts d'Occidentaux.
"Le PNDS fait partie de nos partenaires dans le combat pour la restauration de la démocratie", a expliqué devant la presse Hama Amadou, ex-dauphin de M. Tandja ensuite tombé en disgrâce.
Les partis de Mahamadou Issoufou et Hama Amadou avaient avec d'autres fait front commun en 2009 quand le président Tandja avait causé une grave crise en cherchant à se maintenir au pouvoir au terme de ses deux quinquennats légaux.
"Nous voulons pour ce pays un responsable capable de respecter la Constitution et les règles de la démocratie", a ajouté M. Amadou.
Il a dit "ne plus faire partie" de l'Alliance pour la réconciliation nationale (ARN), conclue avec cinq autre candidats, dont Seïni Oumarou, quelques jours avant le premier tour pour barrer la route à Mahamadou Issoufou.
Il y a eu "trahison" de "certains partis" au sein de l'alliance, a-t-il accusé, sans plus de précision.
MM. Amadou et Issoufou ont effectué ces derniers jours une tournée dans des capitales africaines et ont notamment été reçus ensemble par le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, selon la télévision libyenne.
L'ex-colonel à la retraite Moussa Moumouni Djermakoye (3,95% au premier tour) avait assisté à l'entretien.
Copyright © 2011 AFP. Tous droits réservés. Plus
mardi 8 février 2011
Le Sahara et sa société vivent une période de mutations intense depuis quelques années. Les images traditionnelles inventées par la société coloniale du début du xxe siècle – l’homme bleu et les dunes – ne s’appliquent plus qu’à quelques zones reculées.
Arnaud Contreras
Filmmaker, Photographer, Producer
http://www.arnaudcontreras.com/
photo:Kel assouf/Agadez-Bruxelles
Le Sahara et sa société vivent une période de mutations intense depuis quelques années. Les images traditionnelles inventées par la société coloniale du début du xxe siècle – l’homme bleu et les dunes – ne s’appliquent plus qu’à quelques zones reculées.
Aujourd’hui on découvre que le Sahara n’est pas vide, qu’outre ses cultures ance...strales, il est riche de sols et de sous-sols, promesses d’El Dorado pour certains, espaces où toutes les entreprises sont possibles.
Le grand désert est toujours superbe, aux côtés des Touaregs, Peuls,
Songhaï, Maures, on peut y trouver le calme et la douceur de vivre autour d’un feu ou sous l’ombre d’un palmier. Mais il est également relié aux maux du monde occidental. Ses grandes villes, comme Tamanrasset, sont autant de microcosmes, révélateurs des problèmes de cette région touristique : peur du terrorisme, traffics, migrations clandestines, pressions sur les patrimoines naturels et culturels.
Pour échapper à cette réalité, la jeunesse saharienne se réfugie autour d’écrans plasma qui diffusent une vie matérielle idéale, via les paraboles. Elle se retrouve dans les cybercafés et dans les festivals qui célèbrent leurs héros, les « Ishumars », des groupes de rock du désert, tels Tinariwen ou Terakaft.
Depuis douze ans, je vais au Sahara pour vivre avec des amis, partager avec eux, toujours avec un projet, fil nécessaire pour lier les rencontres entre elles. À vif. Prendre le son de la guitare touarègue dans les yeux, les images de la tragédie saharienne dans les oreilles. Entre dix doigts, s’offrir des routes, villes et dérives, composer sa carte, lire les leurs. Je déclenche, sens, appareil, caméra, enregistreur, au gré de l’histoire dans laquelle je me trouve. Ce n’est qu’au retour que mes notes, images et sons me racontent ce Sahara en pleine explosion, terrain biblique source de phantasmes. Obsolètes.
En Europe, je poursuis le voyage dans ce Sahara actuel, au côté de la diaspora touarègue qui tente d’offrir une image positive de leur sable natal.
Ils organisent des évènements, accueillent des groupes de Kidal, Djanet,
Agadès ou Tombouctou. Ici aussi, ils tentent par la musique de s’échapper, et de maintenir vivant le lien amoureux entre le Sahara et l’Occident.
Porter un regard apaisé sur un univers en mouvement, montrer le Sahara tel qu’il est aujourd’hui, tels sont les buts de ce livre que nous sommes en train de finaliser et dont voici quelques extraits.
Filmmaker, Photographer, Producer
http://www.arnaudcontreras.com/
photo:Kel assouf/Agadez-Bruxelles
Le Sahara et sa société vivent une période de mutations intense depuis quelques années. Les images traditionnelles inventées par la société coloniale du début du xxe siècle – l’homme bleu et les dunes – ne s’appliquent plus qu’à quelques zones reculées.
Aujourd’hui on découvre que le Sahara n’est pas vide, qu’outre ses cultures ance...strales, il est riche de sols et de sous-sols, promesses d’El Dorado pour certains, espaces où toutes les entreprises sont possibles.
Le grand désert est toujours superbe, aux côtés des Touaregs, Peuls,
Songhaï, Maures, on peut y trouver le calme et la douceur de vivre autour d’un feu ou sous l’ombre d’un palmier. Mais il est également relié aux maux du monde occidental. Ses grandes villes, comme Tamanrasset, sont autant de microcosmes, révélateurs des problèmes de cette région touristique : peur du terrorisme, traffics, migrations clandestines, pressions sur les patrimoines naturels et culturels.
Pour échapper à cette réalité, la jeunesse saharienne se réfugie autour d’écrans plasma qui diffusent une vie matérielle idéale, via les paraboles. Elle se retrouve dans les cybercafés et dans les festivals qui célèbrent leurs héros, les « Ishumars », des groupes de rock du désert, tels Tinariwen ou Terakaft.
Depuis douze ans, je vais au Sahara pour vivre avec des amis, partager avec eux, toujours avec un projet, fil nécessaire pour lier les rencontres entre elles. À vif. Prendre le son de la guitare touarègue dans les yeux, les images de la tragédie saharienne dans les oreilles. Entre dix doigts, s’offrir des routes, villes et dérives, composer sa carte, lire les leurs. Je déclenche, sens, appareil, caméra, enregistreur, au gré de l’histoire dans laquelle je me trouve. Ce n’est qu’au retour que mes notes, images et sons me racontent ce Sahara en pleine explosion, terrain biblique source de phantasmes. Obsolètes.
En Europe, je poursuis le voyage dans ce Sahara actuel, au côté de la diaspora touarègue qui tente d’offrir une image positive de leur sable natal.
Ils organisent des évènements, accueillent des groupes de Kidal, Djanet,
Agadès ou Tombouctou. Ici aussi, ils tentent par la musique de s’échapper, et de maintenir vivant le lien amoureux entre le Sahara et l’Occident.
Porter un regard apaisé sur un univers en mouvement, montrer le Sahara tel qu’il est aujourd’hui, tels sont les buts de ce livre que nous sommes en train de finaliser et dont voici quelques extraits.
lundi 7 février 2011
Le Mouvement Touareg Nord du Mali menace de reprendre les hostilités militaires contre le pouvoir central de Bamako
Le Mouvement Touareg Nord du Mali menace de reprendre les hostilités militaires contre le pouvoir central de Bamako
par A Aaman Iman, lundi 7 février 2011, 16:46
photo/Cdt tango/Franmaçonerie/Tifinagh
Le président de la République du Mali vient célébrer à Kidal, les 7 et 8 février 2011, de nouvelles festivités du Cinquantenaire (de l’indépendance). Ce déplacement s’inscrit dans le cadre d’une manifestation organisée par le « Projet local de récupération des armes légères », en lien avec la Cellule nationale contre la prolifération des armes légères qui a son siège à la Présidence de la république (financée par l’ONU et certains partenaires européens). Depuis plusieurs mois, l’association locale récupère, en échange de compensations financières, dans les rues et même dans les casernes proches, des armes, afin de pouvoir les exposer devant les citoyens et les journalistes et d’allumer une « Flamme de la paix » le 8 février 2011 à Achantabaguite à 3 km à l’est de la ville de Kidal.
Nous informons la presse locale et internationale que le Mouvement Touareg porté par Ibrahim Ag Bahanga, de même que les cadres politiques du mouvement, ne sont pas concernés par ce « bricolage politique » qui aura lieu à Kidal les 7 et 8 février 2011.
Le Mouvement porté par Ibrahim Ag Bahanga regrette que les autorités de Bamako n’aient pas su profiter pour renouer le dialogue de la grande pause que le Mouvement lui a octroyée depuis plus de deux ans. La bougie de la paix et de développement, tant attendue par les populations de la région, ne sera hélas pas allumée à Kidal. Ibrahim Ag Bahanga, chef du Mouvement, rappelle qu’en novembre 2010, des rencontres informelles ont eu lieu en Libye avec des émissaires de Bamako et qu’un document politique leur a été remis. Le Mouvement y proposait des pistes de sortie de crise concernant entre autres les aspects de sécurité et de développement. Des promesses de reprise du dialogue avaient alors été échangées. Mais aucune réponse à ces propositions ni aux promesses de dialogue n’a été donnée à ce jour par Bamako. Au contraire, le président organise une énième cérémonie folklorique sous forme de « Flamme de la paix » sans tenir compte du Mouvement. Une forme de provocation. La Communauté internationale et les pays de la Région peuvent traduire sans se tromper que le pouvoir de Bamako se désintéresse de la problématique touareg. Pourtant une partie importante des combattants Touareg avaient déposé les armes en mars 2007 et en février 2009 dans l’esprit de l’Accord de juillet 2006 dont aucun point essentiel n’est encore appliqué. Ces combattants sont toujours dans l’attente des engagements pris. Et le gouvernement malien a profité de ce désarmement d’une partie importante des Touareg, pour laisser toutes les chances à son partenaire-AQMI d’occuper l’espace Touareg et de s’y enraciner. Cette politique de l’Etat malien fait tout simplement la promotion de l’Aqmi dans la Région et lui a permis de s’étendre et de se servir du territoire malien pour mener des actions dans les pays limitrophes. Le Mouvement Touareg pourrait être amené dans un proche avenir dans le cadre de la réciprocité de créer et de mettre en œuvre dans certaines régions du sud du pays une politique identique à celle que le Mali a créée dans le Nord avec Aqmi.
C’est pourquoi Ibrahim Ag Bahanga met en garde les autorités centrales maliennes. Si elles ne reconsidèrent pas dans les prochaines semaines les engagements pris et les promesses de dialogue données en novembre, la situation pourrait rapidement se dégrader dans les régions de Gao, Tombouctou et Kidal. Ibrahim Ag Bahanga et les cadres du mouvement mènent depuis plusieurs mois dans certaines zones des régions du Nord malien une réorganisation de la structure militaire du mouvement pour faire face au silence pernicieux du pouvoir central de Bamako.
Hama Ag Sid’Ahmed Porte parole, Chargé des Relations Extérieures du Mouvement.
par A Aaman Iman, lundi 7 février 2011, 16:46
photo/Cdt tango/Franmaçonerie/Tifinagh
Le président de la République du Mali vient célébrer à Kidal, les 7 et 8 février 2011, de nouvelles festivités du Cinquantenaire (de l’indépendance). Ce déplacement s’inscrit dans le cadre d’une manifestation organisée par le « Projet local de récupération des armes légères », en lien avec la Cellule nationale contre la prolifération des armes légères qui a son siège à la Présidence de la république (financée par l’ONU et certains partenaires européens). Depuis plusieurs mois, l’association locale récupère, en échange de compensations financières, dans les rues et même dans les casernes proches, des armes, afin de pouvoir les exposer devant les citoyens et les journalistes et d’allumer une « Flamme de la paix » le 8 février 2011 à Achantabaguite à 3 km à l’est de la ville de Kidal.
Nous informons la presse locale et internationale que le Mouvement Touareg porté par Ibrahim Ag Bahanga, de même que les cadres politiques du mouvement, ne sont pas concernés par ce « bricolage politique » qui aura lieu à Kidal les 7 et 8 février 2011.
Le Mouvement porté par Ibrahim Ag Bahanga regrette que les autorités de Bamako n’aient pas su profiter pour renouer le dialogue de la grande pause que le Mouvement lui a octroyée depuis plus de deux ans. La bougie de la paix et de développement, tant attendue par les populations de la région, ne sera hélas pas allumée à Kidal. Ibrahim Ag Bahanga, chef du Mouvement, rappelle qu’en novembre 2010, des rencontres informelles ont eu lieu en Libye avec des émissaires de Bamako et qu’un document politique leur a été remis. Le Mouvement y proposait des pistes de sortie de crise concernant entre autres les aspects de sécurité et de développement. Des promesses de reprise du dialogue avaient alors été échangées. Mais aucune réponse à ces propositions ni aux promesses de dialogue n’a été donnée à ce jour par Bamako. Au contraire, le président organise une énième cérémonie folklorique sous forme de « Flamme de la paix » sans tenir compte du Mouvement. Une forme de provocation. La Communauté internationale et les pays de la Région peuvent traduire sans se tromper que le pouvoir de Bamako se désintéresse de la problématique touareg. Pourtant une partie importante des combattants Touareg avaient déposé les armes en mars 2007 et en février 2009 dans l’esprit de l’Accord de juillet 2006 dont aucun point essentiel n’est encore appliqué. Ces combattants sont toujours dans l’attente des engagements pris. Et le gouvernement malien a profité de ce désarmement d’une partie importante des Touareg, pour laisser toutes les chances à son partenaire-AQMI d’occuper l’espace Touareg et de s’y enraciner. Cette politique de l’Etat malien fait tout simplement la promotion de l’Aqmi dans la Région et lui a permis de s’étendre et de se servir du territoire malien pour mener des actions dans les pays limitrophes. Le Mouvement Touareg pourrait être amené dans un proche avenir dans le cadre de la réciprocité de créer et de mettre en œuvre dans certaines régions du sud du pays une politique identique à celle que le Mali a créée dans le Nord avec Aqmi.
C’est pourquoi Ibrahim Ag Bahanga met en garde les autorités centrales maliennes. Si elles ne reconsidèrent pas dans les prochaines semaines les engagements pris et les promesses de dialogue données en novembre, la situation pourrait rapidement se dégrader dans les régions de Gao, Tombouctou et Kidal. Ibrahim Ag Bahanga et les cadres du mouvement mènent depuis plusieurs mois dans certaines zones des régions du Nord malien une réorganisation de la structure militaire du mouvement pour faire face au silence pernicieux du pouvoir central de Bamako.
Hama Ag Sid’Ahmed Porte parole, Chargé des Relations Extérieures du Mouvement.
La Belgique dans une mauvaise passe
du du 6 au 12 fev. 2011
© AFP Le royaume belge n’a pas de gouvernement depuis près de huit mois. Pour tenter de débloquer la situation, des voix nombreuses se font entendre. Mais les « indépendantistes » flamands jouent la politique du pire. Jusqu’à quand ?
Si c’est une blague, elle n’est pas drôle : cela fait maintenant plus de sept mois que la Belgique n’a pas de gouvernement. Depuis les élections législatives du 13 juin 2010, les partis politiques n’ont pu se mettre d’accord pour former une coalition viable. Certains Belges n’ont d’autre recours que l’humour pour dénoncer une situation proprement surréaliste – le surréalisme étant d’ailleurs une spécialité du pays de Magritte et de Delvaux. Ainsi, l’acteur Benoît Poelvoorde vient-il de lancer un appel insolite : il demande à ses compatriotes de ne plus se raser tant qu’un gouvernement ne sera pas formé. Arborant lui-même une barbe de plusieurs jours, Poelvoorde a déclaré : « Tous ceux qui pensent qu’il est grand temps que nous ayons un gouvernement doivent se joindre à moi. Laissons pousser notre barbe et l’on saura que nous sommes tous solidaires d’une Belgique unie et qui s’en sort, une Belgique… au poil. »
Plus sérieusement, et prenant peut-être exemple sur la « révolution Facebook » des Tunisiens, des jeunes Belges ont réussi à mobiliser, via les réseaux sociaux, plus de trente-cinq mille personnes dans les rues de Bruxelles, le 23 janvier, pour exprimer leur « honte ». Des délégations venues du nord du pays ont montré que ce sentiment commence à être partagé par les Flamands, bien que ce soient surtout les exigences de la Nouvelle Alliance flamande (N-VA) qui bloquent la situation : le parti de Bart De Wever n’a rien concédé, alors que les partis francophones ont accepté la régionalisation partielle de l’impôt et le transfert de nouvelles compétences vers les régions.
Ces compromis constituent pour certains observateurs autant de glissements vers l’éclatement de la Belgique, ce qui est d’ailleurs l’objectif ultime de De Wever. Et pourtant, celui-ci refuse de bouger et de permettre la formation d’un gouvernement de coalition. Fort du chiffre historique de près de 30 % des suffrages obtenus en Flandre – jamais un parti « indépendantiste » n’avait remporté la victoire dans un scrutin fédéral –, fort de son titre d’homme politique le plus populaire en Flandre si l’on se base sur le nombre de « voix de préférence », De Wever joue la politique du pire. On se souvient qu’en mai 2010 il avait exigé la suppression de la Région bruxelloise, à 90 % francophone, et préconisé la mise sous tutelle de Bruxelles, qui est quand même la capitale du pays et de l’Europe…
Johan Vande Lanotte, le socialiste flamand nommé « conciliateur » par le roi Albert II n'est pas parvenu à trouver une sortie à cette crise qui s’éternise. Les Belges devront sans doute retourner aux urnes. Mais pour quoi faire ? Tous les sondages indiquent qu’une nouvelle consultation donnerait à peu près les mêmes résultats que la précédente. Ce serait alors un saut dans l’inconnu : aucun pays démocratique ne s’est trouvé dans une telle situation dans l’histoire récente de l’Europe.
Que pourrait-il alors se passer ? Il y a deux types de scénarios.
1. Le divorce à l’amiable
Wallons et Flamands négocient la scission comme le firent les Tchèques et les Slovaques en 1992, comme est en train de le faire aujourd’hui le sud du Soudan. Mais il suffit d’analyser la situation économique et sociale du pays, il suffit de se pencher sur une carte ou d’examiner le système fiscal pour voir que la tâche sera difficile, pour ne pas dire impossible. Comment répartir la dette (elle atteint 110 % du PIB de la Belgique) ? Que faire de l’armée ? Et du roi ?
Et surtout, il y a Bruxelles. Celle-ci est enclavée en Flandre, mais constitue une région à part entière et est à 80 % francophone. Certains réclament déjà un couloir pour assurer une continuité territoriale avec la Wallonie. Le mot « couloir » ayant de fâcheuses connotations (il évoque celui de Dantzig, qui ne fut pas pour rien dans le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale), les Flamands poussent déjà les hauts cris. Et que faire des communes néerlandophones aujourd’hui incluses dans le Grand Bruxelles ?
2. La Flandre déclare unilatéralement son indépendance
Mais de nouveau se pose la question cruciale : quid de Bruxelles ? La capitale fédérale est également capitale de la Flandre (curieusement, la capitale de la Wallonie est Namur). Peut-on imaginer les Flamands céder leur capitale aux Wallons ? D’autre part, rien ne dit que les Bruxellois, dont la plupart ont une forte identité qui transcende le tête-à-tête conflictuel des deux régions, accepteraient de se fondre dans la Wallonie. On s’orienterait alors vers une Belgique résiduelle formée de la Wallonie et de Bruxelles. Mais celle-ci est enclavée dans la Flandre… Et de nouveau se poseraient les problèmes de la dette, de l’armée, du roi, etc.
Quant au scénario « rattachiste », qui verrait les Wallons demander la fusion de leur territoire dans la République française, il n’est pris au sérieux par aucun commentateur, même s’il a quelques partisans dans le sud du pays : le Rassemblement Wallonie France n’y a recueilli que 2 % des voix aux dernières élections. Film dans le film : les soixante-dix mille germanophones (l’allemand est la troisième langue officielle de la Belgique) demanderaient leur rattachement à la République fédérale…
Au vu de ces problèmes redoutables, de ces scénarios improbables, du blocage de la situation, de la surenchère entre le N-VA et ses adversaires, on en viendrait presque à oublier un détail qui donne à réfléchir : la crise belge, qui, sous une forme ou une autre, dure depuis des décennies, n’a jamais fait couler une seule goutte de sang. Et ça, ce n’est pas une blague : c’est un miracle.
© AFP Le royaume belge n’a pas de gouvernement depuis près de huit mois. Pour tenter de débloquer la situation, des voix nombreuses se font entendre. Mais les « indépendantistes » flamands jouent la politique du pire. Jusqu’à quand ?
Si c’est une blague, elle n’est pas drôle : cela fait maintenant plus de sept mois que la Belgique n’a pas de gouvernement. Depuis les élections législatives du 13 juin 2010, les partis politiques n’ont pu se mettre d’accord pour former une coalition viable. Certains Belges n’ont d’autre recours que l’humour pour dénoncer une situation proprement surréaliste – le surréalisme étant d’ailleurs une spécialité du pays de Magritte et de Delvaux. Ainsi, l’acteur Benoît Poelvoorde vient-il de lancer un appel insolite : il demande à ses compatriotes de ne plus se raser tant qu’un gouvernement ne sera pas formé. Arborant lui-même une barbe de plusieurs jours, Poelvoorde a déclaré : « Tous ceux qui pensent qu’il est grand temps que nous ayons un gouvernement doivent se joindre à moi. Laissons pousser notre barbe et l’on saura que nous sommes tous solidaires d’une Belgique unie et qui s’en sort, une Belgique… au poil. »
Plus sérieusement, et prenant peut-être exemple sur la « révolution Facebook » des Tunisiens, des jeunes Belges ont réussi à mobiliser, via les réseaux sociaux, plus de trente-cinq mille personnes dans les rues de Bruxelles, le 23 janvier, pour exprimer leur « honte ». Des délégations venues du nord du pays ont montré que ce sentiment commence à être partagé par les Flamands, bien que ce soient surtout les exigences de la Nouvelle Alliance flamande (N-VA) qui bloquent la situation : le parti de Bart De Wever n’a rien concédé, alors que les partis francophones ont accepté la régionalisation partielle de l’impôt et le transfert de nouvelles compétences vers les régions.
Ces compromis constituent pour certains observateurs autant de glissements vers l’éclatement de la Belgique, ce qui est d’ailleurs l’objectif ultime de De Wever. Et pourtant, celui-ci refuse de bouger et de permettre la formation d’un gouvernement de coalition. Fort du chiffre historique de près de 30 % des suffrages obtenus en Flandre – jamais un parti « indépendantiste » n’avait remporté la victoire dans un scrutin fédéral –, fort de son titre d’homme politique le plus populaire en Flandre si l’on se base sur le nombre de « voix de préférence », De Wever joue la politique du pire. On se souvient qu’en mai 2010 il avait exigé la suppression de la Région bruxelloise, à 90 % francophone, et préconisé la mise sous tutelle de Bruxelles, qui est quand même la capitale du pays et de l’Europe…
Johan Vande Lanotte, le socialiste flamand nommé « conciliateur » par le roi Albert II n'est pas parvenu à trouver une sortie à cette crise qui s’éternise. Les Belges devront sans doute retourner aux urnes. Mais pour quoi faire ? Tous les sondages indiquent qu’une nouvelle consultation donnerait à peu près les mêmes résultats que la précédente. Ce serait alors un saut dans l’inconnu : aucun pays démocratique ne s’est trouvé dans une telle situation dans l’histoire récente de l’Europe.
Que pourrait-il alors se passer ? Il y a deux types de scénarios.
1. Le divorce à l’amiable
Wallons et Flamands négocient la scission comme le firent les Tchèques et les Slovaques en 1992, comme est en train de le faire aujourd’hui le sud du Soudan. Mais il suffit d’analyser la situation économique et sociale du pays, il suffit de se pencher sur une carte ou d’examiner le système fiscal pour voir que la tâche sera difficile, pour ne pas dire impossible. Comment répartir la dette (elle atteint 110 % du PIB de la Belgique) ? Que faire de l’armée ? Et du roi ?
Et surtout, il y a Bruxelles. Celle-ci est enclavée en Flandre, mais constitue une région à part entière et est à 80 % francophone. Certains réclament déjà un couloir pour assurer une continuité territoriale avec la Wallonie. Le mot « couloir » ayant de fâcheuses connotations (il évoque celui de Dantzig, qui ne fut pas pour rien dans le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale), les Flamands poussent déjà les hauts cris. Et que faire des communes néerlandophones aujourd’hui incluses dans le Grand Bruxelles ?
2. La Flandre déclare unilatéralement son indépendance
Mais de nouveau se pose la question cruciale : quid de Bruxelles ? La capitale fédérale est également capitale de la Flandre (curieusement, la capitale de la Wallonie est Namur). Peut-on imaginer les Flamands céder leur capitale aux Wallons ? D’autre part, rien ne dit que les Bruxellois, dont la plupart ont une forte identité qui transcende le tête-à-tête conflictuel des deux régions, accepteraient de se fondre dans la Wallonie. On s’orienterait alors vers une Belgique résiduelle formée de la Wallonie et de Bruxelles. Mais celle-ci est enclavée dans la Flandre… Et de nouveau se poseraient les problèmes de la dette, de l’armée, du roi, etc.
Quant au scénario « rattachiste », qui verrait les Wallons demander la fusion de leur territoire dans la République française, il n’est pris au sérieux par aucun commentateur, même s’il a quelques partisans dans le sud du pays : le Rassemblement Wallonie France n’y a recueilli que 2 % des voix aux dernières élections. Film dans le film : les soixante-dix mille germanophones (l’allemand est la troisième langue officielle de la Belgique) demanderaient leur rattachement à la République fédérale…
Au vu de ces problèmes redoutables, de ces scénarios improbables, du blocage de la situation, de la surenchère entre le N-VA et ses adversaires, on en viendrait presque à oublier un détail qui donne à réfléchir : la crise belge, qui, sous une forme ou une autre, dure depuis des décennies, n’a jamais fait couler une seule goutte de sang. Et ça, ce n’est pas une blague : c’est un miracle.
dimanche 6 février 2011
Être Touareg en Libye
Être Touareg en Libye
Le Livre
Qui es-tu, toi, l’ange??
par Ibrahim Al-Kouni
Al-Mouassassa al-arabya lil dirassat wal nachr
http://www.booksmag.fr/breves/tre-touareg-en-libye-335/
photo:Touaregs Libye
Il est des prénoms qui n’ont pas droit de cité dans la Libye de Kadhafi. Comme celui qu’a choisi Massi, un Touareg Amazigh sédentarisé, pour son premier fils : « Un nom qui n’est pas des nôtres, dans une langue d’un autre temps pour un homme d’une autre civilisation », lui lance l’officier d’état civil. Ce refus de « Jurgerten » (« le grand héros » en berbère), parce que païen et non arabe, lance le héros du dernier roman de l’écrivain libyen Ibrahim Al-Kouni dans un combat acharné pour la reconnaissance de son identité.
« C’est probablement le premier livre d’Al-Kouni à faire le récit d’une expérience réelle sur une question actuelle », note l’écrivain égyptien Hamdi Abou Galil dans le supplément littéraire du quotidien libanais As-Safir. Jusqu’alors, l’auteur d’une soixantaine de romans et nouvelles s’inspirait essentiellement des contes populaires du désert pour écrire des fables symboliques. Avec « Qui es-tu, toi, l’ange ? », Al-Kouni se fait le porte-voix de son peuple, et dénonce le traitement dont il est victime. Comme le dit un personnage du roman, les Touaregs sont considérés comme des « infiltrés, représentant un danger plus grand pour l’unité et l’identité du pays que des armées ennemies ».
Son obstination à enregistrer le prénom de son fils fera perdre à Massi sa nationalité et l’échoppe qui le faisait vivre. L’enfant, devenu jeune homme, finira par haïr son prénom, au point de trahir son père et ses racines…
Al-Kouni parviendra-t-il à faire reculer l’intolérance par la fiction ? Rien n’est moins sûr. En voulant défendre son identité, « il en vient à nier celle des autres », estime Abou Galil. Ce dernier rapporte dans sa critique deux commentaires trouvés sur Internet à propos du roman, l’un d’un Amazigh libyen et l’autre d’un Arabe, qui reflètent parfaitement l’incompréhension totale qui règne entre les deux groupes.
Le Livre
Qui es-tu, toi, l’ange??
par Ibrahim Al-Kouni
Al-Mouassassa al-arabya lil dirassat wal nachr
http://www.booksmag.fr/breves/tre-touareg-en-libye-335/
photo:Touaregs Libye
Il est des prénoms qui n’ont pas droit de cité dans la Libye de Kadhafi. Comme celui qu’a choisi Massi, un Touareg Amazigh sédentarisé, pour son premier fils : « Un nom qui n’est pas des nôtres, dans une langue d’un autre temps pour un homme d’une autre civilisation », lui lance l’officier d’état civil. Ce refus de « Jurgerten » (« le grand héros » en berbère), parce que païen et non arabe, lance le héros du dernier roman de l’écrivain libyen Ibrahim Al-Kouni dans un combat acharné pour la reconnaissance de son identité.
« C’est probablement le premier livre d’Al-Kouni à faire le récit d’une expérience réelle sur une question actuelle », note l’écrivain égyptien Hamdi Abou Galil dans le supplément littéraire du quotidien libanais As-Safir. Jusqu’alors, l’auteur d’une soixantaine de romans et nouvelles s’inspirait essentiellement des contes populaires du désert pour écrire des fables symboliques. Avec « Qui es-tu, toi, l’ange ? », Al-Kouni se fait le porte-voix de son peuple, et dénonce le traitement dont il est victime. Comme le dit un personnage du roman, les Touaregs sont considérés comme des « infiltrés, représentant un danger plus grand pour l’unité et l’identité du pays que des armées ennemies ».
Son obstination à enregistrer le prénom de son fils fera perdre à Massi sa nationalité et l’échoppe qui le faisait vivre. L’enfant, devenu jeune homme, finira par haïr son prénom, au point de trahir son père et ses racines…
Al-Kouni parviendra-t-il à faire reculer l’intolérance par la fiction ? Rien n’est moins sûr. En voulant défendre son identité, « il en vient à nier celle des autres », estime Abou Galil. Ce dernier rapporte dans sa critique deux commentaires trouvés sur Internet à propos du roman, l’un d’un Amazigh libyen et l’autre d’un Arabe, qui reflètent parfaitement l’incompréhension totale qui règne entre les deux groupes.
Une province autonome touareg , sur le modèle du Sud-Soudan. (...)
LA LETTRE DU CONTINENT N°604 - 27/01/2011
DIPLOMATIE D'INFLUENCE
Robert Dulas œuvre pour la cause touareg
Baroudeur tout-terrain, employé de Secopex (intelligence stratégique) et ambassadeur itinérant auprès du président de la junte nigérienne, Salou Djibo, Robert Dulas travaillerait en relation avec les autorités de Niamey à l'émergence d'une province autonome touareg dans ce pays, sur le modèle du Sud-Soudan. (...).
http://www.africaintelligence.fr/C/modules/login/DetailArt/LoginDetailArt.asp?rub=login&lang=FRA&service=BRE&context=BOI&doc_i_id=87691332&NoAboPme=1
DIPLOMATIE D'INFLUENCE
Robert Dulas œuvre pour la cause touareg
Baroudeur tout-terrain, employé de Secopex (intelligence stratégique) et ambassadeur itinérant auprès du président de la junte nigérienne, Salou Djibo, Robert Dulas travaillerait en relation avec les autorités de Niamey à l'émergence d'une province autonome touareg dans ce pays, sur le modèle du Sud-Soudan. (...).
http://www.africaintelligence.fr/C/modules/login/DetailArt/LoginDetailArt.asp?rub=login&lang=FRA&service=BRE&context=BOI&doc_i_id=87691332&NoAboPme=1
samedi 5 février 2011
Déclaration de la Section PNDS TARAYYA de Belgique
Écrit par Le camarade Mokhtar Omar
de la Section Parti National pour la Democratie et le Socialisme/ TARAYYA de Bruxelles
Samedi, 05 Février 2011
- Considérant les résultats globaux proclamés par la CENI ce vendredi 04 février 2011 et qui classent notre candidat le camarade Mahamadou Issoufou en tête avec le plus grand nombre de nos candidats élus comme députés nationaux ;
- Considérant les résultats combien appréciables et réconfortants réalisés tant par notre candidat, son excellence Mahamadou Issoufou, lors du premier tour des élections présidentielles que par nos candidats aux élections législatives... - Considérant qu’à l’issue de ces élections 2011, le PNDS TARAYYA a donné la preuve, tant au niveau national qu’international, qu’il est incontestablement le plus grand parti de l’échiquier politique nigérien ;
- Considérant que le niveau de maturité de notre formation politique, et surtout du respect des engagements de ses dirigeants dont l’attachement aux valeurs démocratiques, n’est plus à démontrer ;
- Considérant que notre parti est et a toujours été à l’avant-garde de la lutte contre la confiscation des libertés fondamentales et surtout de l’enracinement du renforcement des valeurs démocratiques dans notre pays et même au-delà à travers le monde ;
- Considérant le rôle combien important joué par notre parti dans le combat historique contre le retour de la dictature à travers le fameux « TAZARTCHE » ;
- Considérant la maturité politique, la clairvoyance du peuple nigérien et surtout son attachement aux valeurs démocratiques et républicaines ;
- Considérant le souci du peuple nigérien de lutter contre l’injustice, la mal-gouvernance, la corruption, l’affairisme et autres maux qui ont gangréné notre société depuis plusieurs années et qu’il aspire à des dirigeants honnêtes et crédibles ;
- Considérant que le peuple nigérien est soucieux de vivre dans un pays sûr où règnent la paix, la stabilité et la cohésion sociale ;
- Considérant que le peuple nigérien a longtemps souffert du sous-développement et de la pauvreté depuis son indépendance à nos jours ;
- Considérant que les élections législatives et présidentielles premier tour se sont déroulées dans la transparence, l’équité et que le vote a été massif et responsable ;
les membres du bureau exécutif du PNDS TARAYYA de la Section Belge :
1. rendent grâce à Dieu le Tout-Puissant, le Clément et Miséricordieux pour avoir orienté et dirigé le peuple nigérien vers le choix de nos candidats à tous les niveaux ;
2. félicite très chaleureusement notre candidat le camarade Mahamadou Issoufou ainsi que nos différents candidats à la députation pour la performance sans équivoque lors de ce scrutin. Notre section s’associe à l’ensemble des sections du PNDS TARAYYA à travers le monde entier pour lui souhaiter bon courage et surtout bonne chance pour le deuxième tour prévu le 12 mars 2011 ;
3. félicite le CSRD, en particulier le Général de corps d’armée son excellence Salou Djibo, le gouvernement de transition, l’observatoire national de la communication pour le respect de leurs engagements et leur implication dans le bon déroulement de ce scrutin ;
4. félicite la CENI qui, malgré les insuffisances constatées lors des élections locales et surtout les critiques dont elle a fait objet, a su surmonter tous les obstacles afin d’organiser des élections propres et transparentes à la grande satisfaction de l’opinion nationale et internationale ;
5. félicite et remercie tous les pays amis et partenaires au développement du Niger pour leurs contributions combien appréciables et qui ont permis à la CENI de mieux organiser ces élections ;
6. félicite le peuple nigérien dans son intégralité pour non seulement sa participation massive au scrutin, mais aussi pour son sens de responsabilité et du fair-play ;
7. félicite et encourage les forces vives de la nation en particulier celles qui sont regroupées au sein de la CFDR et celles qui ont décidé de quitter leurs formations ou groupe politique pour défendre avec nous les valeurs démocratiques tout en œuvrant pour le retour d’un Etat de droit et au respect des institutions de la République ;
8. demande enfin et une fois encore au peuple Nigérien d’accorder son suffrage pour le triomphe de son excellence monsieur MAHAMADOU ISSOUFOU futur président socialiste de la République du NIGER , le 12 mars prochain.
Fait à Bruxelles, le 05 février 2011
de la Section Parti National pour la Democratie et le Socialisme/ TARAYYA de Bruxelles
Samedi, 05 Février 2011
- Considérant les résultats globaux proclamés par la CENI ce vendredi 04 février 2011 et qui classent notre candidat le camarade Mahamadou Issoufou en tête avec le plus grand nombre de nos candidats élus comme députés nationaux ;
- Considérant les résultats combien appréciables et réconfortants réalisés tant par notre candidat, son excellence Mahamadou Issoufou, lors du premier tour des élections présidentielles que par nos candidats aux élections législatives... - Considérant qu’à l’issue de ces élections 2011, le PNDS TARAYYA a donné la preuve, tant au niveau national qu’international, qu’il est incontestablement le plus grand parti de l’échiquier politique nigérien ;
- Considérant que le niveau de maturité de notre formation politique, et surtout du respect des engagements de ses dirigeants dont l’attachement aux valeurs démocratiques, n’est plus à démontrer ;
- Considérant que notre parti est et a toujours été à l’avant-garde de la lutte contre la confiscation des libertés fondamentales et surtout de l’enracinement du renforcement des valeurs démocratiques dans notre pays et même au-delà à travers le monde ;
- Considérant le rôle combien important joué par notre parti dans le combat historique contre le retour de la dictature à travers le fameux « TAZARTCHE » ;
- Considérant la maturité politique, la clairvoyance du peuple nigérien et surtout son attachement aux valeurs démocratiques et républicaines ;
- Considérant le souci du peuple nigérien de lutter contre l’injustice, la mal-gouvernance, la corruption, l’affairisme et autres maux qui ont gangréné notre société depuis plusieurs années et qu’il aspire à des dirigeants honnêtes et crédibles ;
- Considérant que le peuple nigérien est soucieux de vivre dans un pays sûr où règnent la paix, la stabilité et la cohésion sociale ;
- Considérant que le peuple nigérien a longtemps souffert du sous-développement et de la pauvreté depuis son indépendance à nos jours ;
- Considérant que les élections législatives et présidentielles premier tour se sont déroulées dans la transparence, l’équité et que le vote a été massif et responsable ;
les membres du bureau exécutif du PNDS TARAYYA de la Section Belge :
1. rendent grâce à Dieu le Tout-Puissant, le Clément et Miséricordieux pour avoir orienté et dirigé le peuple nigérien vers le choix de nos candidats à tous les niveaux ;
2. félicite très chaleureusement notre candidat le camarade Mahamadou Issoufou ainsi que nos différents candidats à la députation pour la performance sans équivoque lors de ce scrutin. Notre section s’associe à l’ensemble des sections du PNDS TARAYYA à travers le monde entier pour lui souhaiter bon courage et surtout bonne chance pour le deuxième tour prévu le 12 mars 2011 ;
3. félicite le CSRD, en particulier le Général de corps d’armée son excellence Salou Djibo, le gouvernement de transition, l’observatoire national de la communication pour le respect de leurs engagements et leur implication dans le bon déroulement de ce scrutin ;
4. félicite la CENI qui, malgré les insuffisances constatées lors des élections locales et surtout les critiques dont elle a fait objet, a su surmonter tous les obstacles afin d’organiser des élections propres et transparentes à la grande satisfaction de l’opinion nationale et internationale ;
5. félicite et remercie tous les pays amis et partenaires au développement du Niger pour leurs contributions combien appréciables et qui ont permis à la CENI de mieux organiser ces élections ;
6. félicite le peuple nigérien dans son intégralité pour non seulement sa participation massive au scrutin, mais aussi pour son sens de responsabilité et du fair-play ;
7. félicite et encourage les forces vives de la nation en particulier celles qui sont regroupées au sein de la CFDR et celles qui ont décidé de quitter leurs formations ou groupe politique pour défendre avec nous les valeurs démocratiques tout en œuvrant pour le retour d’un Etat de droit et au respect des institutions de la République ;
8. demande enfin et une fois encore au peuple Nigérien d’accorder son suffrage pour le triomphe de son excellence monsieur MAHAMADOU ISSOUFOU futur président socialiste de la République du NIGER , le 12 mars prochain.
Fait à Bruxelles, le 05 février 2011
Wikileaks :la DGSE accuse les Touaregs de développer des ententes avec l'AQMI !
Wikileaks :la DGSE accuse les Touaregs de développer des ententes avec l'AQMI !
Jeudi, 09 Décembre 2010 03:50 Wikileaks
retweet0Share Al-Qaida au Maghreb islamique étend son influence au Sahel grâce à "des ententes développées" avec des chefs et des tribus Touaregs, dévoile un document obtenu par Wikileaks. Celui-ci rapporte que les américains et les européens sont convaincus du soutien dont bénéficie l'AQMI de la part des Touaregs. "Ni le Mali, ni le Niger ne pourraient compter sur les dirigeants touareg pour lutter contre AQMI", a déclaré le 10 septembre 2009 à Paris, Pascal Teixeira da Silva, responsable de la direction de la stratégie à la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) en France. Lors d'une réunion secrète tenue à Paris à cette date entre une délégation américaine conduite par Johnnie Carson, secrétaire d'Etat adjoint aux Affaires africaines, et une délégation européenne, composée essentiellement de responsable des divers services de sécurités français et britanniques, les rapports des Touaregs avec l'AQMI ont été passés au crible. Du côté français, on reconnait que "le terrorisme est virtuellement à notre porte", estime Romain Serman, alors conseiller chargé de l'Afrique à l'Elysée, tandis que son collègue Rémi Maréchaux affiche son pessimisme : "Nous avons le sentiment que nous sommes en train de perdre la bataille entre le développement de ces pays et les menaces sécuritaires grandissantes." Ces pays, comme le Niger, le Mali et la Mauritanie, constituent aujourd'hui une grande inquiétude pour les européens car "ils ne sont pas en mesure de surveiller leurs territoires". Et ces territoires sont à présent un "sanctuaire" pour l'AQMI "surtout depuis que les Touaregs développent des ententes avec des éléments d'AQMI", confient aux américains des responsables militaires français, selon un câble diplomatique datant du 30 septembre 2009. Les services français n'hésiteront pas également à émettre l'hypothèse que les Touaregs traitent avec l'AQMI pour organiser les "enlèvements". Et si les américains ne semblent pas avoir confirmé ces graves accusations, il n'en demeure pas moins qu'ils leur accordent une certaine valeur, même si celle-ci est relative. D'ailleurs, les responsables américains présents à cette réunion semblent d'abonder dans le même avis que Pascal Teixeira qui avait déclaré à ses interlocuteurs que " le Mali considère la menace d'une nouvelle rébellion Touareg comme plus dangereuse que celle d'AQMI". Mais y-a-t-il un lien prouvé entre les mouvements de cette rébellion et l'AQMI ? Aucune réponse claire à cette délicate question ne sera fournie par les responsables militaires européens et américains lesquels ont appelé tout de même de développer des actions pour sonder les "motivations" réelles des Touaregs et leurs rapports avec la mouvance de l'AQMI. D'autre part, l'Algérie figure dans le compte rendu de cette réunion. "Il ne peut y avoir aucune solution au Sahel sans l'Algérie", a affirmé à ce sujet Pascal Teixeira qui épingle, néanmoins, les services Algériens pour leur manque de coopération. Selon les responsables français, l'Algérie n'est pas ouverte à la coopération régionale et refuse de fournir des informations à des pays étrangers à la région. A ce propos, Johnnie Carson est revenu lui aussi sur la nécessité "d'impliquer l'Algérie dans un partenariat avec le Mali" pour saborder les réseaux de l'AQMi. C'est l'absence de cet partenariat stratégique qui permet, selon les responsables de la DGSE, aux "150 combattants de l'AQMI au Sahel de disposer d'importantes ressources financières pour se procurer des armes et du soutien logistique". Avec ces ressources et ce soutien logistique, l'AQMI réussit, selon les analyses américains, de recruter et de renforcer sa propagande notamment en Mauritanie où le radicalisme islamiste prend des dimensions alarmantes. "La multiplication des opérations réussies par AQMI a accru sa crédibilité auprès de la rue. Au moment où les multiples rançons payées augmentent sa capacité à conduire des opérations dans la région, nous constatons que de jeunes Mauritaniens sont attirés par Al-Qaida", révèle à ce sujet un télégramme de l'ambassade américaine de Nouakchott, rapporte Le Monde. Tout compte fait, la complexité de la région et les frustrations de ses populations ont nourri une instabilité qui profite aux réseaux de l'AQMI. Et cette situation inquiète au plus haut point l'Europe et les Etats-Unis. Des lors, "nous devrions rester hors de portée des radars", conseille l'amiral Edouard Guillaud, chef d'état-major particulier du président Sarkozy. Mais le général Ward, commandant-en-chef de l'AFRICOM, a insisté, quant à lui, sur la nécessité de "maintenir un profil bas pour ne pas créer l'impression d'une présence occidentale qui pourrait nourrir un appel au jihad dans la région".
Article source: http://www.elwatan.com/une/wikileaks-la-dgse-accuse-les-touaregs-de-developper-des-ententes-avec-l-aqmi-09-12-2010-102271_108.php
Jeudi, 09 Décembre 2010 03:50 Wikileaks
retweet0Share Al-Qaida au Maghreb islamique étend son influence au Sahel grâce à "des ententes développées" avec des chefs et des tribus Touaregs, dévoile un document obtenu par Wikileaks. Celui-ci rapporte que les américains et les européens sont convaincus du soutien dont bénéficie l'AQMI de la part des Touaregs. "Ni le Mali, ni le Niger ne pourraient compter sur les dirigeants touareg pour lutter contre AQMI", a déclaré le 10 septembre 2009 à Paris, Pascal Teixeira da Silva, responsable de la direction de la stratégie à la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) en France. Lors d'une réunion secrète tenue à Paris à cette date entre une délégation américaine conduite par Johnnie Carson, secrétaire d'Etat adjoint aux Affaires africaines, et une délégation européenne, composée essentiellement de responsable des divers services de sécurités français et britanniques, les rapports des Touaregs avec l'AQMI ont été passés au crible. Du côté français, on reconnait que "le terrorisme est virtuellement à notre porte", estime Romain Serman, alors conseiller chargé de l'Afrique à l'Elysée, tandis que son collègue Rémi Maréchaux affiche son pessimisme : "Nous avons le sentiment que nous sommes en train de perdre la bataille entre le développement de ces pays et les menaces sécuritaires grandissantes." Ces pays, comme le Niger, le Mali et la Mauritanie, constituent aujourd'hui une grande inquiétude pour les européens car "ils ne sont pas en mesure de surveiller leurs territoires". Et ces territoires sont à présent un "sanctuaire" pour l'AQMI "surtout depuis que les Touaregs développent des ententes avec des éléments d'AQMI", confient aux américains des responsables militaires français, selon un câble diplomatique datant du 30 septembre 2009. Les services français n'hésiteront pas également à émettre l'hypothèse que les Touaregs traitent avec l'AQMI pour organiser les "enlèvements". Et si les américains ne semblent pas avoir confirmé ces graves accusations, il n'en demeure pas moins qu'ils leur accordent une certaine valeur, même si celle-ci est relative. D'ailleurs, les responsables américains présents à cette réunion semblent d'abonder dans le même avis que Pascal Teixeira qui avait déclaré à ses interlocuteurs que " le Mali considère la menace d'une nouvelle rébellion Touareg comme plus dangereuse que celle d'AQMI". Mais y-a-t-il un lien prouvé entre les mouvements de cette rébellion et l'AQMI ? Aucune réponse claire à cette délicate question ne sera fournie par les responsables militaires européens et américains lesquels ont appelé tout de même de développer des actions pour sonder les "motivations" réelles des Touaregs et leurs rapports avec la mouvance de l'AQMI. D'autre part, l'Algérie figure dans le compte rendu de cette réunion. "Il ne peut y avoir aucune solution au Sahel sans l'Algérie", a affirmé à ce sujet Pascal Teixeira qui épingle, néanmoins, les services Algériens pour leur manque de coopération. Selon les responsables français, l'Algérie n'est pas ouverte à la coopération régionale et refuse de fournir des informations à des pays étrangers à la région. A ce propos, Johnnie Carson est revenu lui aussi sur la nécessité "d'impliquer l'Algérie dans un partenariat avec le Mali" pour saborder les réseaux de l'AQMi. C'est l'absence de cet partenariat stratégique qui permet, selon les responsables de la DGSE, aux "150 combattants de l'AQMI au Sahel de disposer d'importantes ressources financières pour se procurer des armes et du soutien logistique". Avec ces ressources et ce soutien logistique, l'AQMI réussit, selon les analyses américains, de recruter et de renforcer sa propagande notamment en Mauritanie où le radicalisme islamiste prend des dimensions alarmantes. "La multiplication des opérations réussies par AQMI a accru sa crédibilité auprès de la rue. Au moment où les multiples rançons payées augmentent sa capacité à conduire des opérations dans la région, nous constatons que de jeunes Mauritaniens sont attirés par Al-Qaida", révèle à ce sujet un télégramme de l'ambassade américaine de Nouakchott, rapporte Le Monde. Tout compte fait, la complexité de la région et les frustrations de ses populations ont nourri une instabilité qui profite aux réseaux de l'AQMI. Et cette situation inquiète au plus haut point l'Europe et les Etats-Unis. Des lors, "nous devrions rester hors de portée des radars", conseille l'amiral Edouard Guillaud, chef d'état-major particulier du président Sarkozy. Mais le général Ward, commandant-en-chef de l'AFRICOM, a insisté, quant à lui, sur la nécessité de "maintenir un profil bas pour ne pas créer l'impression d'une présence occidentale qui pourrait nourrir un appel au jihad dans la région".
Article source: http://www.elwatan.com/une/wikileaks-la-dgse-accuse-les-touaregs-de-developper-des-ententes-avec-l-aqmi-09-12-2010-102271_108.php
Ousmane : «Il n'y aura aucune base d'Aqmi au Niger»
Ousmane : «Il n'y aura aucune base d'Aqmi au Niger»
Ministre de l'Intérieur, Interview, NIGER, Cisse Ousmane
Par Thierry Oberlé
Le Figaro.fr
17/01/2011
photo:Aqmi
INTERVIEW - Le ministre de l'Intérieur nigérien dit avoir fait «le choix stratégique de préserver la vie des otages».
Le Niger est une barrière fragile contre al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). Lors de la course-poursuite engagée pour couper la route aux preneurs d'otages, les forces nigériennes disposaient, par exemple, de véhicules moins rapides que ceux du commando islamiste. Quant à l'armée, elle est moins présente dans le nord du pays depuis la fin de la rébellion touareg en 2007. Le Niger est toutefois plus attentif au danger représenté par al-Qaida que son voisin malien en raison des richesses de son sous-sol saharien (uranium, pétrole, or). Mais il est difficile de contrôler un pays deux fois plus grand que la France avec une aviation réduite à deux hélicoptères, quelques ULM et deux avions d'observation. En France, les obsèques desdeux otages tués, Antoine de Léocour et Vincent Delory, doivent se dérouler aujourd'hui, en présence de Nicolas Sarkozy. Dimanche, des centaines de personnes ont participé à une marche silencieuse en mémoire des deux jeunes dans leur commune d'origine, Linselles, près de Lille. Et, à Toulouse, où travaillait Vincent Delory, plus de 150 collègues et amis ont défilé pour lui rendre hommage.
LE FIGARO. - Qu'en est-il de la polémique avec le ministère français de la Défense sur les gendarmes nigériens tués dans la prise d'otages ?
Cissé OUSMANE. - La mobilisation des Forces de défense et de sécurité du Niger a été exceptionnelle pour porter secours à ces pauvres innocents enlevés et pris en otage. Trois membres des forces de sécurité ont été blessés et trois gendarmes ont malheureusement payé de leur vie le choix stratégique du Niger de préserver coûte que coûte la vie des otages dans les opérations qui ont été engagées. L'assaut final a bien été donné par les forces françaises, je le confirme. Il n'y a aucune polémique entre nous et les Français. Chacun assumera sa part de responsabilité dans ce qui est arrivé le 8 janvier aux confins de la frontière nigéro-malienne.
Craignez-vous une extension d'Aqmi au Niger ?
Ce que nous craignons, c'est l'inertie et les lenteurs dans la mise en œuvre de stratégies communes. Il faut absolument circonscrire et neutraliser les activistes qui, aujourd'hui, semblent se mouvoir et opérer dans une partie du Sahel en profitant d'une certaine porosité des frontières et de la culture nomade de ces peuples qui vivent de part et d'autre des frontières de nos États.
Aqmi bénéficie-t-elle de complicités locales qui lui permettent de monter des opérations terroristes ?
Aqmi, ce n'est ni plus ni moins que quelques illuminés qui font de la surenchère religieuse, qui embrigadent et entretiennent quelques locaux intéressés et se servent de leurs activités criminelles pour s'enrichir par la rapine. Des complicités locales ? Aucun acte ne peut se faire sans que malheureusement l'appât du gain ne contribue à pervertir la moralité de quelques personnes vivant au Niger. On ne peut raisonnablement le nier.
Y a-t-il une collaboration entre Aqmi et les réseaux de contrebande ?
Parce que vous faites une distinction entre les deux ? J'ai beau chercher, je ne vois aucune différence. Ce sont les mêmes réseaux qui utilisent l'immensité du désert des pays du Sahel.
Aqmi a parlé dans son dernier communiqué d'un groupe de combattants «touaregs du Niger». Des Touaregs ou des Arabes liés à la dernière rébellion des «hommes bleus» ont-ils rejoint Aqmi ?
C'est de la propagande. Les communautés touaregs et arabes n'ont rien, absolument rien à voir avec cette bande de criminels. Il faut cesser cette stigmatisation qui est entretenue à dessein. Les événements de 2007 au nord Niger sont définitivement clos.
Le Niger a-t-il pris conscience du danger représenté par le terrorisme et l'islamisme radical ?
Le Niger paye un lourd tribut pour son combat contre le terrorisme. Je vous fais l'économie d'un décompte macabre de nos soldats morts depuis quatre ans. Qu'il soit bien entendu qu'il n'y a pas et qu'il n'y aura aucune base d'Aqmi sur le territoire nigérien. Cela à cause de l'engagement et de la détermination des plus hautes autorités de ce pays et des forces de sécurité qui œuvrent pour qu'il n'y ait aucun sanctuaire du crime organisé dans notre pays. Mais aucune nation ne peut à elle seule venir à bout du phénomène. Il faut créer les conditions d'une synergie d'actions à même annihiler les prétentions hégémoniques des terroristes et régler l'équation Aqmi.
Ministre de l'Intérieur, Interview, NIGER, Cisse Ousmane
Par Thierry Oberlé
Le Figaro.fr
17/01/2011
photo:Aqmi
INTERVIEW - Le ministre de l'Intérieur nigérien dit avoir fait «le choix stratégique de préserver la vie des otages».
Le Niger est une barrière fragile contre al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). Lors de la course-poursuite engagée pour couper la route aux preneurs d'otages, les forces nigériennes disposaient, par exemple, de véhicules moins rapides que ceux du commando islamiste. Quant à l'armée, elle est moins présente dans le nord du pays depuis la fin de la rébellion touareg en 2007. Le Niger est toutefois plus attentif au danger représenté par al-Qaida que son voisin malien en raison des richesses de son sous-sol saharien (uranium, pétrole, or). Mais il est difficile de contrôler un pays deux fois plus grand que la France avec une aviation réduite à deux hélicoptères, quelques ULM et deux avions d'observation. En France, les obsèques desdeux otages tués, Antoine de Léocour et Vincent Delory, doivent se dérouler aujourd'hui, en présence de Nicolas Sarkozy. Dimanche, des centaines de personnes ont participé à une marche silencieuse en mémoire des deux jeunes dans leur commune d'origine, Linselles, près de Lille. Et, à Toulouse, où travaillait Vincent Delory, plus de 150 collègues et amis ont défilé pour lui rendre hommage.
LE FIGARO. - Qu'en est-il de la polémique avec le ministère français de la Défense sur les gendarmes nigériens tués dans la prise d'otages ?
Cissé OUSMANE. - La mobilisation des Forces de défense et de sécurité du Niger a été exceptionnelle pour porter secours à ces pauvres innocents enlevés et pris en otage. Trois membres des forces de sécurité ont été blessés et trois gendarmes ont malheureusement payé de leur vie le choix stratégique du Niger de préserver coûte que coûte la vie des otages dans les opérations qui ont été engagées. L'assaut final a bien été donné par les forces françaises, je le confirme. Il n'y a aucune polémique entre nous et les Français. Chacun assumera sa part de responsabilité dans ce qui est arrivé le 8 janvier aux confins de la frontière nigéro-malienne.
Craignez-vous une extension d'Aqmi au Niger ?
Ce que nous craignons, c'est l'inertie et les lenteurs dans la mise en œuvre de stratégies communes. Il faut absolument circonscrire et neutraliser les activistes qui, aujourd'hui, semblent se mouvoir et opérer dans une partie du Sahel en profitant d'une certaine porosité des frontières et de la culture nomade de ces peuples qui vivent de part et d'autre des frontières de nos États.
Aqmi bénéficie-t-elle de complicités locales qui lui permettent de monter des opérations terroristes ?
Aqmi, ce n'est ni plus ni moins que quelques illuminés qui font de la surenchère religieuse, qui embrigadent et entretiennent quelques locaux intéressés et se servent de leurs activités criminelles pour s'enrichir par la rapine. Des complicités locales ? Aucun acte ne peut se faire sans que malheureusement l'appât du gain ne contribue à pervertir la moralité de quelques personnes vivant au Niger. On ne peut raisonnablement le nier.
Y a-t-il une collaboration entre Aqmi et les réseaux de contrebande ?
Parce que vous faites une distinction entre les deux ? J'ai beau chercher, je ne vois aucune différence. Ce sont les mêmes réseaux qui utilisent l'immensité du désert des pays du Sahel.
Aqmi a parlé dans son dernier communiqué d'un groupe de combattants «touaregs du Niger». Des Touaregs ou des Arabes liés à la dernière rébellion des «hommes bleus» ont-ils rejoint Aqmi ?
C'est de la propagande. Les communautés touaregs et arabes n'ont rien, absolument rien à voir avec cette bande de criminels. Il faut cesser cette stigmatisation qui est entretenue à dessein. Les événements de 2007 au nord Niger sont définitivement clos.
Le Niger a-t-il pris conscience du danger représenté par le terrorisme et l'islamisme radical ?
Le Niger paye un lourd tribut pour son combat contre le terrorisme. Je vous fais l'économie d'un décompte macabre de nos soldats morts depuis quatre ans. Qu'il soit bien entendu qu'il n'y a pas et qu'il n'y aura aucune base d'Aqmi sur le territoire nigérien. Cela à cause de l'engagement et de la détermination des plus hautes autorités de ce pays et des forces de sécurité qui œuvrent pour qu'il n'y ait aucun sanctuaire du crime organisé dans notre pays. Mais aucune nation ne peut à elle seule venir à bout du phénomène. Il faut créer les conditions d'une synergie d'actions à même annihiler les prétentions hégémoniques des terroristes et régler l'équation Aqmi.
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