Agadez, le 22 septembre 2010
Nous, responsables de l’ex-Resistance armée, réunis ce jour à Agadez, à l’effet d’examiner la situation sociopolitique qui prévaut dans le nord de notre Pays, faisons les constats suivants :
• Les pourparlers de Tripoli ayant conduit à un accord de Paix tacite, à un dépôt des armes par les différents fronts armés, au retour effectif des ex combattants dans leurs familles en contrepartie d’un programme de réinsertion socio-économique, n’ont pas été suivi d’actes concrets par le gouvernement de transition qui a relégué la Paix au second plan de sa mandature
• Les différentes rencontres avec les plus hautes autorités de la Transition (Président du Csrd, Ministre de l’intérieur, Premier ministre) en date du 09 mars 2010 et les promesses qui les ont sanctionné sont restés lettre morte, malgré notre engagement à œuvrer pour la Consolidation de la Paix,
• L’indifférence totale de la France et sa non-implication dans le règlement du conflit nous ayant opposé aux autorités de la 5ème et de la 6émé République,
• Le manque de réaction des autorités nationales face aux actes de terrorisme dont ont été victimes les Fds (Forces de Défense et de Sécurité) à Tillia (Tahoua) et Tiloa (Tillabery); et suite à l’enlèvement de Michel Germaneau à Inabangaret,
• La recrudescence des actes de banditisme dans la région d’Agadez, et des incidents liés au trafic de drogue dont les populations sont de plus en plus victimes
• Des accusations injustifiées contre les populations autochtones Touarègues, qui sont accusées de complicité pour accentuer leur exclusion.
Au regard de ces constats, faisons la déclaration ci-après :
Le gouvernement Nigérien, en plus de n’avoir jamais tenu ses promesses vis-à-vis de l’ex-résistance, n’a jamais associé celle-ci dans la construction de la Paix, ni dans la Sécurité du Sahara, ni dans aucun processus de décision, encore moins dans le déminage des zones de conflit.
L’ex-résistance a fait au gouvernement nigérien, toutes les propositions afin d’éradiquer le banditisme résiduel, de prévenir les actes de terrorisme et d’assoir une Paix durable, mais sans aucune prise en compte de la part de l’état Nigérien.
La situation actuelle est la conséquence de l’indifférence des autorités nationales, sous-régionales et des pays amis (France, Algérie…) quant au sort des 4.000 ex-combattants abandonnés à eux-mêmes.
D’autre part, nous déplorons l’utilisation des images d’archives de l’ex-résistance par certains médias Français, notamment Frane24 pour illustrer les enlèvements d’Aqmi, créant ainsi l’amalgame et la confusion dans l’esprit des téléspectateurs pour associer le terrorisme à une communauté.
Nous déplorons surtout le fait d’indexer uniquement la communauté Touarègue pour complicité avec l’Aqmi, alors que les complicités si elles existent peuvent venir de toutes composantes sociales dans le pays le plus pauvre de la sous-région (voir les enlèvements de Français au Nigeria).
Nous prenons à témoin la communauté nationale et internationale quant à notre disponibilité pour soutenir tout processus de sécurisation de la bande Sahelo-Saharienne.
L’ex-résistance
CERA ACP
Capitaine Mohamed AGIDER Seydou-kaocen MAIGA
Issouf ag MAHA Elkontchi AWTCHIKI
Boutali TCHIWERIN
TESHUMAR.BE est dedié à la CULTURE du peuple touareg? de ses voisins, et du monde. Ce blog, donne un aperçu de l actualité Sahelo-Saharienne. Photo : Avec Jeremie Reichenbach lors du Tournage du film documentaire : « Les guitares de la résistance Touaregue », à la mythique montée de SALUT-HAW-HAW, dans le Tassili n’Ajjer-Djanet- Algérie. 2004. Photo de Céline Pagny-Ghemari. – à Welcome To Tassili N'ajjer.
mercredi 22 septembre 2010
Niger : « On risque une “somalisation” de la région »
Entretien
A peine débarqué ce mercredi matin de l'avion de Niamey, Maurice Freund, patron de l'agence aérienne Point Afrique et actionnaire de Rue89, nous a appelés pour raconter sa vision de la crise actuelle au Sahel. Et annoncer l'arrêt de cinq des six destinations desservies par l'agence. Une catastrophe économique pour cette coopérative, mais aussi pour toutes les zones desservies par ses avions. Entretien.
Quel bilan dressez-vous, après une semaine passée au Niger ?
Maurice Freund : C'est simple : en 2007, nous avons transporté 70 000 voyageurs sur l'axe Algérie, Mauritanie, Mali, Niger… où Point Afrique est le seul affréteur avec des vols hebdomadaires sur six destinations qui sont toutes menacées. Concrètement, je ne vais pas pouvoir continuer. Nous arrêtons tout. La seule liaison conservée est celle de Mopti (Mali), mais rien n'est sûr…
Je vais être obligé de licencier les trois-quarts du personnel de la société, on est une quarantaine actuellement. Nous ne desservons que cette zone, selon le principe d'être une coopérative de voyageurs où les bénéfices sont systématiquement réinvestis dans les économies des pays que l'on dessert.
Pourquoi étiez-vous au Niger ?
Je suis arrivé jeudi dernier pour aller à une intronisation d'un chef de tribu vers Agadez, au nord-est, vers la frontière algérienne, avec la plupart des chefs de tribus du sud algérien, pour les rencontrer. Je n'avais pas de crainte particulière. Sur le chemin du retour, en arrivant à Niamey, j'ai appris la prise d'otage à Arlit. Je suis retourné à Agadez.
A cette occasion, vous avez senti un changement dans l'opinion locale…
Il y a un changement d'ambiance générale, avec des fractions de jeunes touaregs, de 20-25 ans, qui rejoignent l'Aqmi (Al-Qaeda au Magreb islamique). Ils vont faire marcher les routes de la drogue. Le système touareg, du respect de la tribu et du père, disparaît peu à peu. Il y avait déjà des attaques de jeunes contre leurs pères, sur des convois d'oignons par exemple. Mais là, on a franchi un cap.
Eux-mêmes sont totalement surpris de l'évolution de ce phénomène. Cette gangrène s'installe petit à petit. C'est une réalité de terrain.
Aujourd'hui, j'estime que les groupes de l'Aqmi comptent entre 500 et 1 000 personnes.
A Point Afrique, nous avions la prétention de pouvoir être un des derniers remparts en créant de l'activité. Je vous donne un exemple : en 1996, selon les chiffres du Pnud [programme des Nations unies pour le développement, ndlr], le taux de prévalence de la pauvreté était de 58% dans le nord de la Mauritanie. En 2002, ce taux était tombé à 21%, grâce au tourisme.
Autour d'Atar, on a créé quelque chose en amenant 600 personnes par semaine. Un trekker fait vivre une famille entière sur la saison.
Vous aviez pris des mesures en matière de sécurité ?
La Mauritanie a commencé à chuter en 2007 avec la mort des quatre Français. Mais on a maintenu le cap. L'année dernière, nous avons pris des mesures pour assurer la sécurité avec des formations pour nos guides. Des anciens de la DST (Direction de la surveillance du territoire) nous ont aidés pour améliorer la sécurité. Cela a permis de nettoyer tous les faux guides.
On a aussi équipé nos guides de balises Argos, avec des procédures. Le principe d'une prise d'otages, c'est le déclenchement de la balise. Dès qu'elle sonne, l'armée et la gendarmerie peuvent intervenir très vite pour encercler les ravisseurs. Si vous attendez deux ou trois heures, c'est foutu.
Que pensez-vous de l'attitude d'Areva ?
Il y a un côté un peu arrogant chez eux. Mais ils avaient embauché le colonel Denamur, ancien attaché militaire à Niamey, comme chef de la sécurité. C'est lui qui a mis des Touaregs dans le dispositif de sécurité d'Areva. Et il a été remercié par Areva, sous la pression du gouvernement de Tanja, estimant qu'il favorisait trop les Touaregs. Le gouvernement l'a accusé de connivence. Or, cet homme connaissait parfaitement le terrain… Pourquoi n'ont-ils pas installé notre simple principe des balises Argos ?
Quid du gouvernement nigérien ?
Au Niger, ce n'est pas exactement la même problématique. Il y a une tension entre les gouvernants du sud qui ne font pas confiance aux populations du nord. Mais si les populations ne jouent pas le jeu en matière de sécurité, alors cela devient très difficile.
L'idée de faire des guides touaregs des agents auxiliaires pour la paix ne s'est pas réalisée. Aujourd'hui, c'est impossible, car il n'y a aucune confiance entre ces guides et l'armée nigérienne.
Quelle est la principale motivation des jeunes qui rejoignent l'Aqmi : économique ou idéologique ?
Pour la plupart, les jeunes sont attirés par l'argent plus que par la religion.
Dans tout l'est du nord Mali apparaissent des prêcheurs pakistanais. Ce ne sont pas des terroristes, mais ils enseignent le salafisme ou le wahhabisme, tout en faisant de l'action sociale. On apporte du savon, on construit une mosquée, un puits… Ils sont présents sur place, je les ai vus. C'est le long de la frontière malo-nigérienne.
Qui financent ces Pakistanais ?
On dit qu'ils sont financés par les Saoudiens. Ils ont des moyens en tout cas. Mais revenons au Niger : le problème de la gouvernance des gens du sud est essentiel. Sans compter que la rébellion touareg n'est pas vraiment éteinte. Cela peut se rallumer très vite.
Les chefs du Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ) ont reçu des primes de Kadhafi, des sommes importantes qui n'ont pas été redistribuées. On les voit au volant de gros 4x4 tout neufs.
Chez les jeunes, cela créé des frustrations et des envies énormes. Les prises d'otages deviennent un vrai business, sans qu'il n'y ait plus d'alternative économique.
Dans ce contexte, Point Afrique entre dans une phase où nous risquons de devenir un pourvoyeur de prise d'otages. C'est pour ça que j'ai décidé d'arrêter cinq destinations sur six.
Au moment de l'affaire Germaneau, qu'avez-vous pensé de la déclaration du Président Sarkozy promettant des représailles ?
C'est une entrée en guerre qui se dessine. Les gens du Commandement des opérations spéciales (COS) sont à l'hôtel Gawey à Niamey. On est dans une phase d'escalade, il faut faire les bons choix. C'est très compliqué, car il y a aussi un problème de leadership dans la région, comme le souligne Jeremy Keenan, l'anthropologue britannique.
La politique du feu par le feu est condamnée : on risque une « somalisation » de la région. Plus les interventions extérieures augmentent, même si elles ont une légitimité, plus on prend des risques. C'est vécu comme une agression et une humiliation.
J'ai l'impression que cela n'est pas perçu par nos services de renseignement et par les politiques. Si on ne prend pas en compte cette dimension humaine, c'est condamné. Il faut penser à l'amélioration de la vie des populations. Sinon, c'est foutu sur le long terme…
Photo : Maurice Freund, le 22 septembre 2010 à Paris (Camille Garcia/Rue89)
A lire aussi sur Rue89 et sur Eco89
► Les otages français et africains dans la sale guerre du Sahel
► Germaneau : la main de l'Algérie dans le fiasco militaire français
Ailleurs sur le Web
► Le site de Point Afrique
► Otages : un ancien d'Areva dénonce des carences côté nigérien
Par David Servenay
Rue89
22/09/2010
13H21
A peine débarqué ce mercredi matin de l'avion de Niamey, Maurice Freund, patron de l'agence aérienne Point Afrique et actionnaire de Rue89, nous a appelés pour raconter sa vision de la crise actuelle au Sahel. Et annoncer l'arrêt de cinq des six destinations desservies par l'agence. Une catastrophe économique pour cette coopérative, mais aussi pour toutes les zones desservies par ses avions. Entretien.
Quel bilan dressez-vous, après une semaine passée au Niger ?
Maurice Freund : C'est simple : en 2007, nous avons transporté 70 000 voyageurs sur l'axe Algérie, Mauritanie, Mali, Niger… où Point Afrique est le seul affréteur avec des vols hebdomadaires sur six destinations qui sont toutes menacées. Concrètement, je ne vais pas pouvoir continuer. Nous arrêtons tout. La seule liaison conservée est celle de Mopti (Mali), mais rien n'est sûr…
Je vais être obligé de licencier les trois-quarts du personnel de la société, on est une quarantaine actuellement. Nous ne desservons que cette zone, selon le principe d'être une coopérative de voyageurs où les bénéfices sont systématiquement réinvestis dans les économies des pays que l'on dessert.
Pourquoi étiez-vous au Niger ?
Je suis arrivé jeudi dernier pour aller à une intronisation d'un chef de tribu vers Agadez, au nord-est, vers la frontière algérienne, avec la plupart des chefs de tribus du sud algérien, pour les rencontrer. Je n'avais pas de crainte particulière. Sur le chemin du retour, en arrivant à Niamey, j'ai appris la prise d'otage à Arlit. Je suis retourné à Agadez.
A cette occasion, vous avez senti un changement dans l'opinion locale…
Il y a un changement d'ambiance générale, avec des fractions de jeunes touaregs, de 20-25 ans, qui rejoignent l'Aqmi (Al-Qaeda au Magreb islamique). Ils vont faire marcher les routes de la drogue. Le système touareg, du respect de la tribu et du père, disparaît peu à peu. Il y avait déjà des attaques de jeunes contre leurs pères, sur des convois d'oignons par exemple. Mais là, on a franchi un cap.
Eux-mêmes sont totalement surpris de l'évolution de ce phénomène. Cette gangrène s'installe petit à petit. C'est une réalité de terrain.
Aujourd'hui, j'estime que les groupes de l'Aqmi comptent entre 500 et 1 000 personnes.
A Point Afrique, nous avions la prétention de pouvoir être un des derniers remparts en créant de l'activité. Je vous donne un exemple : en 1996, selon les chiffres du Pnud [programme des Nations unies pour le développement, ndlr], le taux de prévalence de la pauvreté était de 58% dans le nord de la Mauritanie. En 2002, ce taux était tombé à 21%, grâce au tourisme.
Autour d'Atar, on a créé quelque chose en amenant 600 personnes par semaine. Un trekker fait vivre une famille entière sur la saison.
Vous aviez pris des mesures en matière de sécurité ?
La Mauritanie a commencé à chuter en 2007 avec la mort des quatre Français. Mais on a maintenu le cap. L'année dernière, nous avons pris des mesures pour assurer la sécurité avec des formations pour nos guides. Des anciens de la DST (Direction de la surveillance du territoire) nous ont aidés pour améliorer la sécurité. Cela a permis de nettoyer tous les faux guides.
On a aussi équipé nos guides de balises Argos, avec des procédures. Le principe d'une prise d'otages, c'est le déclenchement de la balise. Dès qu'elle sonne, l'armée et la gendarmerie peuvent intervenir très vite pour encercler les ravisseurs. Si vous attendez deux ou trois heures, c'est foutu.
Que pensez-vous de l'attitude d'Areva ?
Il y a un côté un peu arrogant chez eux. Mais ils avaient embauché le colonel Denamur, ancien attaché militaire à Niamey, comme chef de la sécurité. C'est lui qui a mis des Touaregs dans le dispositif de sécurité d'Areva. Et il a été remercié par Areva, sous la pression du gouvernement de Tanja, estimant qu'il favorisait trop les Touaregs. Le gouvernement l'a accusé de connivence. Or, cet homme connaissait parfaitement le terrain… Pourquoi n'ont-ils pas installé notre simple principe des balises Argos ?
Quid du gouvernement nigérien ?
Au Niger, ce n'est pas exactement la même problématique. Il y a une tension entre les gouvernants du sud qui ne font pas confiance aux populations du nord. Mais si les populations ne jouent pas le jeu en matière de sécurité, alors cela devient très difficile.
L'idée de faire des guides touaregs des agents auxiliaires pour la paix ne s'est pas réalisée. Aujourd'hui, c'est impossible, car il n'y a aucune confiance entre ces guides et l'armée nigérienne.
Quelle est la principale motivation des jeunes qui rejoignent l'Aqmi : économique ou idéologique ?
Pour la plupart, les jeunes sont attirés par l'argent plus que par la religion.
Dans tout l'est du nord Mali apparaissent des prêcheurs pakistanais. Ce ne sont pas des terroristes, mais ils enseignent le salafisme ou le wahhabisme, tout en faisant de l'action sociale. On apporte du savon, on construit une mosquée, un puits… Ils sont présents sur place, je les ai vus. C'est le long de la frontière malo-nigérienne.
Qui financent ces Pakistanais ?
On dit qu'ils sont financés par les Saoudiens. Ils ont des moyens en tout cas. Mais revenons au Niger : le problème de la gouvernance des gens du sud est essentiel. Sans compter que la rébellion touareg n'est pas vraiment éteinte. Cela peut se rallumer très vite.
Les chefs du Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ) ont reçu des primes de Kadhafi, des sommes importantes qui n'ont pas été redistribuées. On les voit au volant de gros 4x4 tout neufs.
Chez les jeunes, cela créé des frustrations et des envies énormes. Les prises d'otages deviennent un vrai business, sans qu'il n'y ait plus d'alternative économique.
Dans ce contexte, Point Afrique entre dans une phase où nous risquons de devenir un pourvoyeur de prise d'otages. C'est pour ça que j'ai décidé d'arrêter cinq destinations sur six.
Au moment de l'affaire Germaneau, qu'avez-vous pensé de la déclaration du Président Sarkozy promettant des représailles ?
C'est une entrée en guerre qui se dessine. Les gens du Commandement des opérations spéciales (COS) sont à l'hôtel Gawey à Niamey. On est dans une phase d'escalade, il faut faire les bons choix. C'est très compliqué, car il y a aussi un problème de leadership dans la région, comme le souligne Jeremy Keenan, l'anthropologue britannique.
La politique du feu par le feu est condamnée : on risque une « somalisation » de la région. Plus les interventions extérieures augmentent, même si elles ont une légitimité, plus on prend des risques. C'est vécu comme une agression et une humiliation.
J'ai l'impression que cela n'est pas perçu par nos services de renseignement et par les politiques. Si on ne prend pas en compte cette dimension humaine, c'est condamné. Il faut penser à l'amélioration de la vie des populations. Sinon, c'est foutu sur le long terme…
Photo : Maurice Freund, le 22 septembre 2010 à Paris (Camille Garcia/Rue89)
A lire aussi sur Rue89 et sur Eco89
► Les otages français et africains dans la sale guerre du Sahel
► Germaneau : la main de l'Algérie dans le fiasco militaire français
Ailleurs sur le Web
► Le site de Point Afrique
► Otages : un ancien d'Areva dénonce des carences côté nigérien
Prêche dans le désert
Chronique "Ecologie"
Prêche dans le désert
21.09.10
13h16 • Mis à jour le 21.09.10
Hervé Kempf (Chronique "Ecologie")
Photo/Fort de Ghat
Cinq Français, un Malgache et un Togolais ont donc été enlevés au nord du Niger, à Arlit, par des inconnus. On ne peut que redouter le danger qu'ils courent, et s'associer à l'angoisse de leurs proches. Tout en pensant aussi aux 70 000 habitants de cette cité minière perdue dans la poussière. A la majorité d'entre eux, qui vivent misérablement dans les "boukakis", les bidonvilles qui entourent la ville bâtie. Aux Touaregs, voyageurs du sable et du soleil, devenus importuns sur le territoire de leurs ancêtres. A la radioactivité issue de quarante ans d'exploitation de l'uranium, et qui se dégage des stocks à l'air libre des résidus miniers. A la malédiction du Niger, pauvre de sa richesse en uranium, qui ne lui a pas apporté le développement, mais le mirage d'une prospérité toujours repoussée sous la tutelle peu discrète de l'ex-colonisateur.
Sept otages, et un mythe qui s'effondre : celui de l'indépendance énergétique. Selon les statistiques officielles, le taux d'indépendance énergétique de la France est de 46 %. Ce chiffre recouvre la production d'électricité nucléaire. Celle-ci requiert de l'uranium. La dernière mine française d'uranium a fermé en 2001. Ainsi, le nucléaire "français" dépend de l'uranium du Niger (pour 40 % de son approvisionnement), du Canada et du Kazakhstan, autant de pays qui n'ont pas jusqu'à présent demandé leur rattachement à la République française, et peuvent être sujets à diverses turbulences.
L'examen des statistiques met à mal un autre mythe, selon lequel le nucléaire aurait libéré la France de la dépendance pétrolière. Non seulement nous importons toujours du pétrole (86 millions de tonnes par an), mais nous en consommons autant par habitant que ces Allemands qui s'obstinent à vouloir sortir du nucléaire : 1,4 tonne par an. En fait, toute l'Europe est dépendante : de l'uranium nigérien, du gaz russe, du pétrole du Proche-Orient, voire demain du soleil saharien. Le mieux, pour limiter les tracas inévitables de cette situation, serait de maîtriser la consommation d'énergie.
C'est ce qu'indique un rapport, "Energy savings 2020" (Economies d'énergie 2020), publié par l'European Climate Foundation, une fondation basée aux Pays-Bas. Ce qu'il dit ? Que l'Europe n'atteindra pas ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre sans une importante politique d'économie d'énergie. Que cette politique économiserait près de 400 millions de tonnes d'importation de pétrole par an. Qu'elle créerait plus d'emplois que le secteur des énergies nouvelles. On prêche dans le désert. On a des chances d'être entendu, ces temps-ci.
Courriel : kempf@lemonde.fr.
Hervé Kempf (Chronique "Ecologie")
Prêche dans le désert
21.09.10
13h16 • Mis à jour le 21.09.10
Hervé Kempf (Chronique "Ecologie")
Photo/Fort de Ghat
Cinq Français, un Malgache et un Togolais ont donc été enlevés au nord du Niger, à Arlit, par des inconnus. On ne peut que redouter le danger qu'ils courent, et s'associer à l'angoisse de leurs proches. Tout en pensant aussi aux 70 000 habitants de cette cité minière perdue dans la poussière. A la majorité d'entre eux, qui vivent misérablement dans les "boukakis", les bidonvilles qui entourent la ville bâtie. Aux Touaregs, voyageurs du sable et du soleil, devenus importuns sur le territoire de leurs ancêtres. A la radioactivité issue de quarante ans d'exploitation de l'uranium, et qui se dégage des stocks à l'air libre des résidus miniers. A la malédiction du Niger, pauvre de sa richesse en uranium, qui ne lui a pas apporté le développement, mais le mirage d'une prospérité toujours repoussée sous la tutelle peu discrète de l'ex-colonisateur.
Sept otages, et un mythe qui s'effondre : celui de l'indépendance énergétique. Selon les statistiques officielles, le taux d'indépendance énergétique de la France est de 46 %. Ce chiffre recouvre la production d'électricité nucléaire. Celle-ci requiert de l'uranium. La dernière mine française d'uranium a fermé en 2001. Ainsi, le nucléaire "français" dépend de l'uranium du Niger (pour 40 % de son approvisionnement), du Canada et du Kazakhstan, autant de pays qui n'ont pas jusqu'à présent demandé leur rattachement à la République française, et peuvent être sujets à diverses turbulences.
L'examen des statistiques met à mal un autre mythe, selon lequel le nucléaire aurait libéré la France de la dépendance pétrolière. Non seulement nous importons toujours du pétrole (86 millions de tonnes par an), mais nous en consommons autant par habitant que ces Allemands qui s'obstinent à vouloir sortir du nucléaire : 1,4 tonne par an. En fait, toute l'Europe est dépendante : de l'uranium nigérien, du gaz russe, du pétrole du Proche-Orient, voire demain du soleil saharien. Le mieux, pour limiter les tracas inévitables de cette situation, serait de maîtriser la consommation d'énergie.
C'est ce qu'indique un rapport, "Energy savings 2020" (Economies d'énergie 2020), publié par l'European Climate Foundation, une fondation basée aux Pays-Bas. Ce qu'il dit ? Que l'Europe n'atteindra pas ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre sans une importante politique d'économie d'énergie. Que cette politique économiserait près de 400 millions de tonnes d'importation de pétrole par an. Qu'elle créerait plus d'emplois que le secteur des énergies nouvelles. On prêche dans le désert. On a des chances d'être entendu, ces temps-ci.
Courriel : kempf@lemonde.fr.
Hervé Kempf (Chronique "Ecologie")
La Coalition pour le changement au nord du Mali accuse le Mali de complicité avec l’AQMI :
EL Khabar (Algérie) 22 septembre 2010
La Coalition pour le changement au nord du Mali accuse le Mali de complicité avec l’AQMI :
mercredi 22 septembre 2010
« Abou Zaid est installé situé non loin d’une caserne de l’armée malienne »
Les sept étrangers enlevés jeudi dernier au Niger, dont cinq français travaillant pour le compte de la compagnie française, Areva, sont détenus par le terroriste Abdelhamid Abou Zaid, a révélé le porte-parole de la Coalition pour le changement au nord du Mali, M. Hama Agh Sid Ahmed, ajoutant que le fief d’Abou Zaid est situé à 70km d’une base militaire de l’armée malienne au nord du Mali.
Selon le même interlocuteur, le gouvernement d’Amadou Toumané Touré, soutient l’AQMI dans son pays. Contacté par nos soins d’El Khabar, le porte-parole du mouvement indépendantiste du nord du Mali a déclaré que les groupuscules de l’ASMI bénéficient de l’appui du gouvernement malien qui leur fournit l’aide nécessaire pour s’installer sur le territoire malien, pour commanditer des opérations terroristes contre les pays voisins, comme le Niger, l’Algérie et la Mauritanie. Pour appuyer ses arguments, il a cité quelques opérations menées par Al Qaida, entre autres l’assassinat de 11 gardes-frontières en juin dernier, l’assassinat de 7 militaires nigériens en mars dernier et l’explosion à la voiture piégée, ayant eu lieu la semaine dernière, visant une caserne de l’armée malienne près de Tinzaouatine. Et d’ajouter : « le 17 septembre dernier, un groupe de gardes-frontières mauritanien a été ciblé par une attaque perpétrée par le groupe de Mokhtar Belmokhtar, alias Laouar, l’un des notoires chefs terroristes de l’AQMI, un attentat, soutient-il, planifié à partir du territoire malien. « Les sites des opérations terroristes sont les mêmes utilisés pour la détention des otages occidentaux », a-t-il soutenu. A relever que, la réaction de la Coalition pour le changement au nord du Mali intervient suite aux attaques du gouvernement malien contre les touaregs.
En ce qui concerne le kidnapping des employés d’Areva, le 16 septembre dernier, le même interlocuteur a affirmé que l’opération a été planifiée par Abdelhamid Abou Zaid, à partir du territoire malien. « Les éléments de Abou Zaid sont revenus le lendemain à leur base, soit le 17 septembre, et ils sont passés devant une patrouille de l’armée malienne, conduite par un lieutenant-colonel », a-t-il conclu.
La Coalition pour le changement au nord du Mali accuse le Mali de complicité avec l’AQMI :
mercredi 22 septembre 2010
« Abou Zaid est installé situé non loin d’une caserne de l’armée malienne »
Les sept étrangers enlevés jeudi dernier au Niger, dont cinq français travaillant pour le compte de la compagnie française, Areva, sont détenus par le terroriste Abdelhamid Abou Zaid, a révélé le porte-parole de la Coalition pour le changement au nord du Mali, M. Hama Agh Sid Ahmed, ajoutant que le fief d’Abou Zaid est situé à 70km d’une base militaire de l’armée malienne au nord du Mali.
Selon le même interlocuteur, le gouvernement d’Amadou Toumané Touré, soutient l’AQMI dans son pays. Contacté par nos soins d’El Khabar, le porte-parole du mouvement indépendantiste du nord du Mali a déclaré que les groupuscules de l’ASMI bénéficient de l’appui du gouvernement malien qui leur fournit l’aide nécessaire pour s’installer sur le territoire malien, pour commanditer des opérations terroristes contre les pays voisins, comme le Niger, l’Algérie et la Mauritanie. Pour appuyer ses arguments, il a cité quelques opérations menées par Al Qaida, entre autres l’assassinat de 11 gardes-frontières en juin dernier, l’assassinat de 7 militaires nigériens en mars dernier et l’explosion à la voiture piégée, ayant eu lieu la semaine dernière, visant une caserne de l’armée malienne près de Tinzaouatine. Et d’ajouter : « le 17 septembre dernier, un groupe de gardes-frontières mauritanien a été ciblé par une attaque perpétrée par le groupe de Mokhtar Belmokhtar, alias Laouar, l’un des notoires chefs terroristes de l’AQMI, un attentat, soutient-il, planifié à partir du territoire malien. « Les sites des opérations terroristes sont les mêmes utilisés pour la détention des otages occidentaux », a-t-il soutenu. A relever que, la réaction de la Coalition pour le changement au nord du Mali intervient suite aux attaques du gouvernement malien contre les touaregs.
En ce qui concerne le kidnapping des employés d’Areva, le 16 septembre dernier, le même interlocuteur a affirmé que l’opération a été planifiée par Abdelhamid Abou Zaid, à partir du territoire malien. « Les éléments de Abou Zaid sont revenus le lendemain à leur base, soit le 17 septembre, et ils sont passés devant une patrouille de l’armée malienne, conduite par un lieutenant-colonel », a-t-il conclu.
mardi 21 septembre 2010
Bande Sahélo-Saharienne : Kadhafi à propos des prises d’otages…
L'Aube/Mali
22/09/2010
En recevant le 25 août dernier, à Tripoli, une délégation des leaders communautaires de la région de Gao, le Guide de la révolution libyenne a évoqué la situation d’insécurité qui prévaut dans la bande sahélo- saharienne. Occasion pour le leader libyen de fustiger les prises d’otages. Avec l’enlèvement au Niger, la semaine dernière, de sept étrangers, dont cinq, français l’intervention du Guide est d’une actualité brûlante.
« Le Sahara est aujourd’hui l’objet d’activités illicites à savoir trafics et prises d’otages. On y rencontre des gens aux dessins inavoués. Parmi eux, il y a des trafiquants, des animistes et des salafistes » avait affirmé le Guide de la révolution libyenne, pour qui « il est difficile de faire une différence entre les multiples bandes en activité dans le Sahara ».
Evoquant ensuite les prises d’otages par la branche Al-Qaïda pour le Maghreb islamique (AQMI), Mouammar Kadhafi estime que cette organisation, dont il ne cautionne guère les méthodes, cherche des « prétextes » pour justifier ces rapts. Mais Kadhafi précise que ces prises d’otages constituent également des « prétextes » pour les occidentaux en vue « d’investir le Sahara ».
Pour mettre fin à cette situation dans le Sahara, Mouammar Kadhafi est formel : « notre combat doit être la valorisation des immenses ressources dont nous disposons, entre autres, les nappes d’eau, les ressources minières et pétrolières ».
Mais le colonel Kadhafi estime cependant que ces ressources font aujourd’hui l’objet de pillage de la part des occidentaux et qu’au même moment « nos enfants souffrent. Ils manquent de soins, ils manquent d’éducation, ils souffrent du chômage et prennent le chemin de l’immigration ».
Pour endiguer les menaces dans la zone saharienne, le leader de la Grande Jamahiriya affirme qu’il n’y a qu’une seule solution : la paix, gage de tout développement.
CH. Sylla
22/09/2010
En recevant le 25 août dernier, à Tripoli, une délégation des leaders communautaires de la région de Gao, le Guide de la révolution libyenne a évoqué la situation d’insécurité qui prévaut dans la bande sahélo- saharienne. Occasion pour le leader libyen de fustiger les prises d’otages. Avec l’enlèvement au Niger, la semaine dernière, de sept étrangers, dont cinq, français l’intervention du Guide est d’une actualité brûlante.
« Le Sahara est aujourd’hui l’objet d’activités illicites à savoir trafics et prises d’otages. On y rencontre des gens aux dessins inavoués. Parmi eux, il y a des trafiquants, des animistes et des salafistes » avait affirmé le Guide de la révolution libyenne, pour qui « il est difficile de faire une différence entre les multiples bandes en activité dans le Sahara ».
Evoquant ensuite les prises d’otages par la branche Al-Qaïda pour le Maghreb islamique (AQMI), Mouammar Kadhafi estime que cette organisation, dont il ne cautionne guère les méthodes, cherche des « prétextes » pour justifier ces rapts. Mais Kadhafi précise que ces prises d’otages constituent également des « prétextes » pour les occidentaux en vue « d’investir le Sahara ».
Pour mettre fin à cette situation dans le Sahara, Mouammar Kadhafi est formel : « notre combat doit être la valorisation des immenses ressources dont nous disposons, entre autres, les nappes d’eau, les ressources minières et pétrolières ».
Mais le colonel Kadhafi estime cependant que ces ressources font aujourd’hui l’objet de pillage de la part des occidentaux et qu’au même moment « nos enfants souffrent. Ils manquent de soins, ils manquent d’éducation, ils souffrent du chômage et prennent le chemin de l’immigration ».
Pour endiguer les menaces dans la zone saharienne, le leader de la Grande Jamahiriya affirme qu’il n’y a qu’une seule solution : la paix, gage de tout développement.
CH. Sylla
Dérapages sanglants au Nord-Mali : Le droit de poursuite se transforme en droit de massacre des civils innocents
21-09-2010, 23h31
Le droit de poursuite se transforme en droit de massacre des civils innocents
Dérapages sanglants au Nord-Mali : Le droit de poursuite se transforme en droit de massacre des civils innocents
L'Indépendant, 21/09/2010
NDLR:nous n'avons pas tenu à publier les images.
Un enfant bombardé - Les images horribles des deux victimes de ce qui sera
présenté comme une simple bavure (photo L'Indépendant)
Une femme bombardée - Les images horribles des deux victimes de ce qui sera
présenté comme une simple bavure (photo L'Indépendant)
Une femme et une fillette déchiquetées par les bombes mauritaniennes. Le matériel de l'ORTM emporté pour empêcher certainement que les horreurs soient filmées. C'est l'atterrement général à Tombouctou où on attend encore la réaction du gouvernement malien. ATT se trouve ainsi interpellé, pour mettre le holà à cette situation potentiellement dangereuse.
Jouissant d'un droit de poursuite des terroristes d'Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) accordé par le gouvernement malien, l'armée mauritanienne s'est enfoncée dans le territoire malien jusqu'à une soixantaine de kilomètres de Tombouctou, tirant sur tout ce qui bouge. Comme nous le signalions dans notre édition d'hier, l'armée mauritanienne affirmait avoir détruit trois véhicules sur les sept ciblés dans une colonne des terroristes d'AQMI.
Selon certaines sources, le corps déchiqueté d'une femme, brandi comme un trophée de guerre par les militaires mauritaniens, était présenté comme celui de l'épouse de l'un des chefs d'AQMI. Nous précisions aussi qu'un silence absolu entourait le sort réservé aux autres occupants des véhicules.
Nous en savons un peu plus lorsque la fumée des bombes s'est dissipée. La région de Tombouctou, est aujourd'hui atterrée par les horreurs semées par l'armée mauritanienne sur son passage : une femme et une fillette ont été déchiquetées par les tirs des militaires mauritaniens. En effet, c'est à environ une centaine de Km de Tombouctou que le véhicule de ces civils innocents a été pris pour cible par des avions de combats. Précisément dans la zone de Bogabra, à environ trente kilomètres de Boujbeha 2.
Lorsque les premiers tirs ont crépité, déchirant profondément le silence habituel de cette zone déserte, le chauffeur a tout simplement arrêté le véhicule.
Prises de panique, les femmes sont descendues de la voiture pour tenter de s'enfuir, afin de pouvoir trouver un abri. C'est en ce moment que, sans se poser la moindre question, les militaires mauritaniens ont tiré sur ces personnes innocentes.
Ces horreurs commises sur des personnes vulnérables (une femme enceinte et une fillette d'à peine 13 ans) témoignent de la barbarie de l'intervention mauritanienne en sol malien. Selon plusieurs témoignages recueillis sur place, la femme tuée dans cette opération militaire se rendait chez ses parents pour y résider jusqu'après son accouchement, comme c'est de coutume en zone nomade.
Pour le moment, les populations de Tombouctou n'ont pas réagi publiquement. Elles sont certes frappées par la consternation, mais, selon un de nos interlocuteurs, "c'est parce qu'elles attendent de voir comment Bamako, c'est-à-dire le gouvernement, va gérer cette question, avant de faire quoi que ce soit".
Notons que Tombouctou offre l'image d'une ville en état de siège, suite à l'état d'alerte de l'armée malienne qui a quadrillé la ville pour la sécuriser. Les redoutables BRDM sont postés au niveau de l'aéroport dont certaines indiscrétions disent qu'il serait menacé d'attaques islamistes, parce qu'il est le principal point de ravitaillement des militaires mauritaniens et français qui opèrent contre AQMI.
Mais ce dispositif de dissuasion ne suffit pas pour atténuer la colère des populations de la région de Tombouctou. Pour eux, il appartenait à l'armée malienne, d'être présente dans la zone, ne fusse que pour superviser et éviter ces dérapages sanglants, à défaut de prendre part aux combats.
Une personnalité de la société civile de Tombouctou est d'ailleurs très amère : "Il demeure impératif pour les autorités de prendre toutes les dispositions nécessaires pour que ce genre d'images dignes de l'Intifada ne fassent pas légion sur le Mali de la paix". Dans la nuit de dimanche à lundi, un véhicule d'une équipe de l'ORTM qui transportait une équipe venue réaliser un reportage sur ces horreurs, a été volé aux environs de 20H à Hamabangou, quartier populaire de Tombouctou, sous les yeux médusés du chauffeur et de certains badauds. C'est dans la matinée du lundi que ledit véhicule sera retrouvé, intact. Seul le matériel de reportage a été emporté. Qui ne voulait donc pas que ces images horribles soient portées à l'attention du public ?
Les deux victimes ont été inhumées dans la plus grande consternation, hier matin vers six heures du matin, en présence du maire de la commune de Salam où a eu lieu la bavure.
Rappelons qu’à la suite du raid franco-mauritanien du 22 juillet dernier, qui avait lieu sur le territoire malien - au nom du droit de poursuite accordé par le Mali -pour libérer l’otage français Michel Germaneau qui a été finalement exécuté par les terroristes d’AQMI, les militaires mauritaniens, en se repliant, avaient enlevé et séquestré deux civils innocents.
Ce qui avait choqué la communauté arabe de Tombouctou qui avait porté l’affaire devant les tribunaux pour réclamer leur libération immédiate. Même si l’Etat malien n’avait pas réagi officiellement, au nom d’une «diplomatie discrête», la pression populaire avait payé et ils ont été finalement relâchés sans autre forme de procès. N’est-il pas temps, pour ATT, de mettre le holà à cette situation potentiellement dangereuse?
Amadou Bamba NIANG
PS> Aux âmes sensibles, toutes nos excuses pour les photos ci-dessus !
Le droit de poursuite se transforme en droit de massacre des civils innocents
Dérapages sanglants au Nord-Mali : Le droit de poursuite se transforme en droit de massacre des civils innocents
L'Indépendant, 21/09/2010
NDLR:nous n'avons pas tenu à publier les images.
Un enfant bombardé - Les images horribles des deux victimes de ce qui sera
présenté comme une simple bavure (photo L'Indépendant)
Une femme bombardée - Les images horribles des deux victimes de ce qui sera
présenté comme une simple bavure (photo L'Indépendant)
Une femme et une fillette déchiquetées par les bombes mauritaniennes. Le matériel de l'ORTM emporté pour empêcher certainement que les horreurs soient filmées. C'est l'atterrement général à Tombouctou où on attend encore la réaction du gouvernement malien. ATT se trouve ainsi interpellé, pour mettre le holà à cette situation potentiellement dangereuse.
Jouissant d'un droit de poursuite des terroristes d'Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) accordé par le gouvernement malien, l'armée mauritanienne s'est enfoncée dans le territoire malien jusqu'à une soixantaine de kilomètres de Tombouctou, tirant sur tout ce qui bouge. Comme nous le signalions dans notre édition d'hier, l'armée mauritanienne affirmait avoir détruit trois véhicules sur les sept ciblés dans une colonne des terroristes d'AQMI.
Selon certaines sources, le corps déchiqueté d'une femme, brandi comme un trophée de guerre par les militaires mauritaniens, était présenté comme celui de l'épouse de l'un des chefs d'AQMI. Nous précisions aussi qu'un silence absolu entourait le sort réservé aux autres occupants des véhicules.
Nous en savons un peu plus lorsque la fumée des bombes s'est dissipée. La région de Tombouctou, est aujourd'hui atterrée par les horreurs semées par l'armée mauritanienne sur son passage : une femme et une fillette ont été déchiquetées par les tirs des militaires mauritaniens. En effet, c'est à environ une centaine de Km de Tombouctou que le véhicule de ces civils innocents a été pris pour cible par des avions de combats. Précisément dans la zone de Bogabra, à environ trente kilomètres de Boujbeha 2.
Lorsque les premiers tirs ont crépité, déchirant profondément le silence habituel de cette zone déserte, le chauffeur a tout simplement arrêté le véhicule.
Prises de panique, les femmes sont descendues de la voiture pour tenter de s'enfuir, afin de pouvoir trouver un abri. C'est en ce moment que, sans se poser la moindre question, les militaires mauritaniens ont tiré sur ces personnes innocentes.
Ces horreurs commises sur des personnes vulnérables (une femme enceinte et une fillette d'à peine 13 ans) témoignent de la barbarie de l'intervention mauritanienne en sol malien. Selon plusieurs témoignages recueillis sur place, la femme tuée dans cette opération militaire se rendait chez ses parents pour y résider jusqu'après son accouchement, comme c'est de coutume en zone nomade.
Pour le moment, les populations de Tombouctou n'ont pas réagi publiquement. Elles sont certes frappées par la consternation, mais, selon un de nos interlocuteurs, "c'est parce qu'elles attendent de voir comment Bamako, c'est-à-dire le gouvernement, va gérer cette question, avant de faire quoi que ce soit".
Notons que Tombouctou offre l'image d'une ville en état de siège, suite à l'état d'alerte de l'armée malienne qui a quadrillé la ville pour la sécuriser. Les redoutables BRDM sont postés au niveau de l'aéroport dont certaines indiscrétions disent qu'il serait menacé d'attaques islamistes, parce qu'il est le principal point de ravitaillement des militaires mauritaniens et français qui opèrent contre AQMI.
Mais ce dispositif de dissuasion ne suffit pas pour atténuer la colère des populations de la région de Tombouctou. Pour eux, il appartenait à l'armée malienne, d'être présente dans la zone, ne fusse que pour superviser et éviter ces dérapages sanglants, à défaut de prendre part aux combats.
Une personnalité de la société civile de Tombouctou est d'ailleurs très amère : "Il demeure impératif pour les autorités de prendre toutes les dispositions nécessaires pour que ce genre d'images dignes de l'Intifada ne fassent pas légion sur le Mali de la paix". Dans la nuit de dimanche à lundi, un véhicule d'une équipe de l'ORTM qui transportait une équipe venue réaliser un reportage sur ces horreurs, a été volé aux environs de 20H à Hamabangou, quartier populaire de Tombouctou, sous les yeux médusés du chauffeur et de certains badauds. C'est dans la matinée du lundi que ledit véhicule sera retrouvé, intact. Seul le matériel de reportage a été emporté. Qui ne voulait donc pas que ces images horribles soient portées à l'attention du public ?
Les deux victimes ont été inhumées dans la plus grande consternation, hier matin vers six heures du matin, en présence du maire de la commune de Salam où a eu lieu la bavure.
Rappelons qu’à la suite du raid franco-mauritanien du 22 juillet dernier, qui avait lieu sur le territoire malien - au nom du droit de poursuite accordé par le Mali -pour libérer l’otage français Michel Germaneau qui a été finalement exécuté par les terroristes d’AQMI, les militaires mauritaniens, en se repliant, avaient enlevé et séquestré deux civils innocents.
Ce qui avait choqué la communauté arabe de Tombouctou qui avait porté l’affaire devant les tribunaux pour réclamer leur libération immédiate. Même si l’Etat malien n’avait pas réagi officiellement, au nom d’une «diplomatie discrête», la pression populaire avait payé et ils ont été finalement relâchés sans autre forme de procès. N’est-il pas temps, pour ATT, de mettre le holà à cette situation potentiellement dangereuse?
Amadou Bamba NIANG
PS> Aux âmes sensibles, toutes nos excuses pour les photos ci-dessus !
Affrontements AQMI- Armée mauritanienne : Des soldats mauritaniens récupérés par l’armée malienne
Mali
21-09-2010, 22h57
L'Aube, 22/09/2010
En fin de semaine dernière, des affrontements ont opposé l’armée mauritanienne à des éléments d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI). Les combats qui se sont déroulés dans la région de Tombouctou, ont été très violents. Selon nos sources, le bilan serait très lourd du côté de l’armée mauritanienne qui aurait perdu une trentaine d’hommes et enregistré de nombreux blessés. Une dizaine de véhicules de l’armée mauritanienne auraient été détruits.
Quelques heures après les combats, une patrouille de l’armée malienne a récupéré cinq soldats mauritaniens qui s’étaient égarés dans la zone. Visiblement en déroute, ces soldats avaient enlevé leurs tenues. Ils ont été récupérés par la patrouille malienne et conduit à Tombouctou, indique t- on.
Lors de ces affrontements, la grande difficulté des Mauritaniens aurait été leur méconnaissance du terrain, indique une source sécuritaire. En effet, les militants d’AQMI maitrisant parfaitement la zone, ont entrainé les soldats mauritaniens dans un véritable guêpier.
CH. Sylla
21-09-2010, 22h57
L'Aube, 22/09/2010
En fin de semaine dernière, des affrontements ont opposé l’armée mauritanienne à des éléments d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI). Les combats qui se sont déroulés dans la région de Tombouctou, ont été très violents. Selon nos sources, le bilan serait très lourd du côté de l’armée mauritanienne qui aurait perdu une trentaine d’hommes et enregistré de nombreux blessés. Une dizaine de véhicules de l’armée mauritanienne auraient été détruits.
Quelques heures après les combats, une patrouille de l’armée malienne a récupéré cinq soldats mauritaniens qui s’étaient égarés dans la zone. Visiblement en déroute, ces soldats avaient enlevé leurs tenues. Ils ont été récupérés par la patrouille malienne et conduit à Tombouctou, indique t- on.
Lors de ces affrontements, la grande difficulté des Mauritaniens aurait été leur méconnaissance du terrain, indique une source sécuritaire. En effet, les militants d’AQMI maitrisant parfaitement la zone, ont entrainé les soldats mauritaniens dans un véritable guêpier.
CH. Sylla
Abdelmalek Droukdel : Le Ben Laden du Maghreb
Le Ben Laden du Maghreb
© The New York Times
Huit ans après le 11 Septembre, la lutte contre Al-Qaïda passe aussi par l’Afrique. Ennemi numéro 1 : l’Algérien Abdelmalek Droukdel, le chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, qui rêve de fédérer les djihadistes de la Mauritanie à la Somalie.
Trois semaines après la réunion, les 13 et 14 août, à Tamanrasset, de quatre chefs d’état-major, les généraux Gaïd Salah (Algérie), Mohamed Ould Ghazouani (Mauritanie), Gabriel Poudiougou (Mali) et Boureïma Moumouni (Niger), des experts militaires de ces mêmes pays ont, le 6 septembre à Alger, mis une dernière main à une offensive contre l’ennemi commun : Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
AQMI, nouvelle appellation du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) depuis son allégeance, en septembre 2006, à Oussama Ben Laden, est née en février 2007. Deux mois plus tard, l’Algérie est frappée par les premiers attentats-suicides de son histoire. Les maquis de l’ex-GSPC s’ouvrent aux candidats djihadistes des pays de la région qui veulent en découdre avec « les croisés américains en Irak et en Afghanistan ». D’une organisation nationale luttant contre le régime en place, le GSPC se transforme ainsi en un mouvement transnational reprenant à son compte l’objectif d’Oussama Ben Laden : instaurer un califat planétaire.
Ce changement de stratégie est l’œuvre d’un homme, Abdelmalek Droukdel, alias Abou Moussab Abdelwadoud. Son rêve : devenir un Ben Laden maghrébin et fédérer les djihadistes africains, de la Mauritanie à la Somalie. Voici l’histoire de celui qui vouait une admiration sans bornes à feu Abou Moussab al-Zarqaoui, le sanguinaire chef d’Al-Qaïda en Irak.
De la chimie au maquis
Droukdel voit le jour le 20 avril 1970 à Meftah, dans la banlieue sud d’Alger, à la lisière de la Mitidja. Son père, Rabah, est membre d’une modeste coopérative agricole comme il en existe des centaines dans cette région depuis la nationalisation des terres et la révolution agraire menée par le président Houari Boumédiène en 1971. Sa mère, Zghida Z’Hour, est femme au foyer. La famille vit à Zayan, une dechra (« hameau ») située à quelques encablures de Meftah, au piémont de l’Atlas blidéen. Enfance et adolescence sans histoire : scolarité à Meftah, études secondaires à El-Harrach. Il a 13 ans quand apparaissent les premiers maquis islamistes, comme le Mouvement islamique armé (MIA) de Mohamed Bouyali. Son champ d’action : la Mitidja. Outre Bouyali, le MIA possède trois « étoiles montantes » : Abdelkader Chebouti, Mansouri Miliani et Abdelkader Hattab. Trois personnalités qui auront une influence considérable sur le jeune Droukdel.
Meftah a une double vocation. Industrielle, avec sa cimenterie, et agricole, avec ses plantations d’agrumes sur des centaines d’hectares. Au fil des ans, le prolétariat local délaisse les idées de gauche. La mosquée devient un centre de rayonnement culturel et idéologique. Droukdel se met à la fréquenter assidûment et entend les fidèles évoquer les fatwas de Chebouti et les « exploits » d’Abdelkader Hattab. Le collégien pleure à chaudes larmes quand il apprend la mort de Bouyali, tombé dans une embuscade de la gendarmerie en 1986. Deux mois plus tard, Chebouti, Miliani et Hattab sont arrêtés, jugés et condamnés à mort par une cour spéciale en 1987, à Médéa, puis graciés par le président Chadli Bendjedid.
La fin des années 1980 est particulièrement noire pour l’Algérie : montée de l’islamisme, choc pétrolier, économie en panne, parti unique de plus en plus décrié. L’introduction du multipartisme, en 1989, permet l’émergence du Front islamique du salut (FIS), auquel Droukdel adhère aussitôt. Convaincus de l’inanité du combat politique et interdits de toute façon d’activités dans ce domaine, les trois héros du jeune homme préparent l’action armée et donnent des conférences dans des mosquées de la région.
Désormais bachelier, inscrit en technologie à l’université de Soumaa, à Blida, Droukdel devient un habitué des réunions préparatoires du djihad. Il rencontre enfin Chebouti et Hattab. Il a moins de chance avec Mansouri Miliani : le fondateur des Groupes islamiques armés (GIA) est très vite retourné à la clandestinité. C’est Hattab qui convainc Droukdel de rejoindre la lutte armée : « La République islamique ne peut être le produit de l’action politique. Seul le djihad… » L’argument lui sera également asséné par Chebouti. Lors d’une halqa (« réunion clandestine »), ce dernier lui demande ce qu’il fait dans la vie : « Étudiant en technologie, répond fièrement Droukdel. Mais je compte changer de filière pour étudier la religion à Constantine. » Chebouti le fusille du regard : « N’en fais rien, malheureux ! Le djihad a besoin de techniciens et de chimistes pour fabriquer les bombes qui exploseront sous les pieds des taghout [tyrans, terme désignant les membres des forces de l’ordre, NDLR]. » Droukdel suivra ce conseil en optant pour une licence de chimie. Il attend l’obtention de son diplôme pour rejoindre les maquis, en 1994.
Les militaires pour cible
Au sein des GIA, Droukdel opte pour le nom de guerre d’Abou Moussab Abdelwadoud. Et met en place les premiers ateliers de fabrication de bombes artisanales dans le centre du pays. Son ascension est fulgurante : chef de cellule, puis émir de phalange. Si Abdelkader Hattab a été éliminé, son jeune frère, Hassan, est une autre grande figure du djihad.
En 1998, lassé des dérives meurtrières des GIA et de son émir, Antar Zouabri (multiplication des massacres collectifs contre de paisibles villageois, fatwa rendant licites les attaques contre femmes et enfants…), Hassan Hattab décide de quitter les GIA pour créer une nouvelle organisation dont les cibles seront exclusivement militaires. C’est ainsi que naît, en janvier 1998, le GSPC. Bien qu’ayant fait de nombreuses victimes civiles (il était le chef d’une phalange particulièrement sanguinaire dans la région de Larbaa, au cœur de ce qu’on appelait alors « le triangle de la mort »), Droukdel saute le pas. Il est l’un des premiers à soutenir la démarche de Hattab. Membre fondateur du GSPC, il siège à ce titre au Majlis al-Choura (le conseil consultatif) de la nouvelle entité.
Ben Laden, produit d’appel
D’un point de vue politique, la situation évolue, en Algérie et ailleurs. Un nouveau président est élu en 1999. Abdelaziz Bouteflika propose la concorde nationale, une sorte de paix des braves assortie d’une grâce amnistiante. Près de 6 000 combattants déposent les armes, les maquis commencent à se dépeupler. Au sein de l’insurrection, le moral est en berne. Aux redditions s’ajoutent les pertes dues aux coups de boutoir de l’armée. Les attaques du 11 Septembre constituent une véritable aubaine pour le GSPC. Ben Laden devient un formidable « produit d’appel » pour relancer le recrutement. C’est alors que l’idée de faire allégeance à Al-Qaïda commence à trotter dans la tête de Droukdel, qui sonde ses compagnons, à commencer par son émir Hassan Hattab. « Pas question !, rétorque ce dernier. D’ailleurs, nous devrions réfléchir à la réconciliation nationale proposée par Bouteflika. »
Si ce n’était son patronyme et ses états de service, Hattab aurait été exécuté sur-le-champ pour hérésie. Il sera destitué et remplacé en novembre 2003 par Nabil Sahraoui, émir de la zone 5 (les Aurès), au grand dam de Droukdel qui rêve de prendre la tête de l’organisation pour lui donner une dimension internationale. Huit mois plus tard, les forces de sécurité localisent puis bombardent le QG du GSPC dans l’Akfadou, les monts qui surplombent la Petite Kabylie. Sahraoui et trois de ses fidèles lieutenants sont éliminés. Le Majlis al-Choura se réunit de nouveau et désigne enfin Abou Moussab Abdelwadoud émir du GSPC.
Nous sommes en juillet 2004. Un autre Abou Moussab fait parler de lui. Il est jordanien et donne du fil à retordre à l’armée américaine en Irak. Zarqaoui multiplie les actions spectaculaires et meurtrières contre les forces d’occupation et les civils irakiens, notamment les chiites. Il n’y avait aucune relation entre les deux Abou Moussab, jusqu’au rapt, en juillet 2005, de deux diplomates algériens en poste à Bagdad. Auteur du kidnapping, Zarqaoui demande conseil, par lettre, à Droukdel : quel sort réserver aux otages ? L’émir du GSPC s’engouffre dans la brèche : « Ce sont des taghout, il faut les exécuter. » Les deux diplomates sont égorgés séance tenante. Droukdel rend hommage à Zarqaoui et lui fait part de son intention de faire allégeance à Ben Laden et de placer le GSPC sous le label Al-Qaïda. Ayman al-Zawahiri, le bras droit de Ben Laden, lui propose de créer Al-Qaïda fi Bilad al-Barbar (« au pays des Berbères »), à l’instar d’Al-Qaïda fi Bilad al-Soudane (« au pays des Noirs »), phalange sahélienne du GSPC dirigée par Mokhtar Ben Mokhtar, interlocuteur historique de Ben Laden (c’est lui qui a organisé les déplacements de tous les émissaires de Ben Laden en Afrique de l’Ouest et au Maghreb). Droukdel refuse tout net : « Il y aura une organisation unique dans la région, et elle sera placée sous mon autorité. » Pour convaincre ses interlocuteurs de sa stature régionale, Droukdel ment avec aplomb : « C’est moi qui ai commandité et dirigé l’attaque [en juin 2005] de la caserne de Lemgheity, en Mauritanie. » Plus tard, on apprendra que c’est Mokhtar Ben Mokhtar, son rival, qui avait mené l’attaque, sans même l’en aviser.
À la une du New York Times
En quête de gloire et de notoriété, Droukdel ne se contente pas de rebaptiser le GSPC ; il adopte les modes opératoires d’Al-Qaïda : attentats kamikazes, attaques à l’explosif contre les convois de l’armée, opérations contre des ressortissants étrangers, diplomates ou opérateurs économiques. Investi d’une mission régionale, il étend le recrutement et installe des camps d’entraînement en Kabylie pour former des candidats djihadistes venus du Maroc, de Libye, de Tunisie, de Mauritanie et d’ailleurs. Suprême consécration : en juillet 2008, il fait la une du New York Times, à l’occasion d’une interview accordée (par écrit) au prestigieux quotidien américain. Le natif de Meftah est ainsi devenu une sorte de Ben Laden du Maghreb, dont le Grand Satan ne serait pas tant l’Amérique des néoconservateurs que la France de Chirac, puis celle de Sarkozy, coupable de soutenir activement les taghout algériens et de harceler les musulmanes voilées. Il est désormais traqué par les armées de plusieurs pays africains.
© The New York Times
14/09/2009 à 15h:12 Par Cherif Ouazani
source : jeune Afrique
Huit ans après le 11 Septembre, la lutte contre Al-Qaïda passe aussi par l’Afrique. Ennemi numéro 1 : l’Algérien Abdelmalek Droukdel, le chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, qui rêve de fédérer les djihadistes de la Mauritanie à la Somalie.
Trois semaines après la réunion, les 13 et 14 août, à Tamanrasset, de quatre chefs d’état-major, les généraux Gaïd Salah (Algérie), Mohamed Ould Ghazouani (Mauritanie), Gabriel Poudiougou (Mali) et Boureïma Moumouni (Niger), des experts militaires de ces mêmes pays ont, le 6 septembre à Alger, mis une dernière main à une offensive contre l’ennemi commun : Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
AQMI, nouvelle appellation du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) depuis son allégeance, en septembre 2006, à Oussama Ben Laden, est née en février 2007. Deux mois plus tard, l’Algérie est frappée par les premiers attentats-suicides de son histoire. Les maquis de l’ex-GSPC s’ouvrent aux candidats djihadistes des pays de la région qui veulent en découdre avec « les croisés américains en Irak et en Afghanistan ». D’une organisation nationale luttant contre le régime en place, le GSPC se transforme ainsi en un mouvement transnational reprenant à son compte l’objectif d’Oussama Ben Laden : instaurer un califat planétaire.
Ce changement de stratégie est l’œuvre d’un homme, Abdelmalek Droukdel, alias Abou Moussab Abdelwadoud. Son rêve : devenir un Ben Laden maghrébin et fédérer les djihadistes africains, de la Mauritanie à la Somalie. Voici l’histoire de celui qui vouait une admiration sans bornes à feu Abou Moussab al-Zarqaoui, le sanguinaire chef d’Al-Qaïda en Irak.
De la chimie au maquis
Droukdel voit le jour le 20 avril 1970 à Meftah, dans la banlieue sud d’Alger, à la lisière de la Mitidja. Son père, Rabah, est membre d’une modeste coopérative agricole comme il en existe des centaines dans cette région depuis la nationalisation des terres et la révolution agraire menée par le président Houari Boumédiène en 1971. Sa mère, Zghida Z’Hour, est femme au foyer. La famille vit à Zayan, une dechra (« hameau ») située à quelques encablures de Meftah, au piémont de l’Atlas blidéen. Enfance et adolescence sans histoire : scolarité à Meftah, études secondaires à El-Harrach. Il a 13 ans quand apparaissent les premiers maquis islamistes, comme le Mouvement islamique armé (MIA) de Mohamed Bouyali. Son champ d’action : la Mitidja. Outre Bouyali, le MIA possède trois « étoiles montantes » : Abdelkader Chebouti, Mansouri Miliani et Abdelkader Hattab. Trois personnalités qui auront une influence considérable sur le jeune Droukdel.
Meftah a une double vocation. Industrielle, avec sa cimenterie, et agricole, avec ses plantations d’agrumes sur des centaines d’hectares. Au fil des ans, le prolétariat local délaisse les idées de gauche. La mosquée devient un centre de rayonnement culturel et idéologique. Droukdel se met à la fréquenter assidûment et entend les fidèles évoquer les fatwas de Chebouti et les « exploits » d’Abdelkader Hattab. Le collégien pleure à chaudes larmes quand il apprend la mort de Bouyali, tombé dans une embuscade de la gendarmerie en 1986. Deux mois plus tard, Chebouti, Miliani et Hattab sont arrêtés, jugés et condamnés à mort par une cour spéciale en 1987, à Médéa, puis graciés par le président Chadli Bendjedid.
La fin des années 1980 est particulièrement noire pour l’Algérie : montée de l’islamisme, choc pétrolier, économie en panne, parti unique de plus en plus décrié. L’introduction du multipartisme, en 1989, permet l’émergence du Front islamique du salut (FIS), auquel Droukdel adhère aussitôt. Convaincus de l’inanité du combat politique et interdits de toute façon d’activités dans ce domaine, les trois héros du jeune homme préparent l’action armée et donnent des conférences dans des mosquées de la région.
Désormais bachelier, inscrit en technologie à l’université de Soumaa, à Blida, Droukdel devient un habitué des réunions préparatoires du djihad. Il rencontre enfin Chebouti et Hattab. Il a moins de chance avec Mansouri Miliani : le fondateur des Groupes islamiques armés (GIA) est très vite retourné à la clandestinité. C’est Hattab qui convainc Droukdel de rejoindre la lutte armée : « La République islamique ne peut être le produit de l’action politique. Seul le djihad… » L’argument lui sera également asséné par Chebouti. Lors d’une halqa (« réunion clandestine »), ce dernier lui demande ce qu’il fait dans la vie : « Étudiant en technologie, répond fièrement Droukdel. Mais je compte changer de filière pour étudier la religion à Constantine. » Chebouti le fusille du regard : « N’en fais rien, malheureux ! Le djihad a besoin de techniciens et de chimistes pour fabriquer les bombes qui exploseront sous les pieds des taghout [tyrans, terme désignant les membres des forces de l’ordre, NDLR]. » Droukdel suivra ce conseil en optant pour une licence de chimie. Il attend l’obtention de son diplôme pour rejoindre les maquis, en 1994.
Les militaires pour cible
Au sein des GIA, Droukdel opte pour le nom de guerre d’Abou Moussab Abdelwadoud. Et met en place les premiers ateliers de fabrication de bombes artisanales dans le centre du pays. Son ascension est fulgurante : chef de cellule, puis émir de phalange. Si Abdelkader Hattab a été éliminé, son jeune frère, Hassan, est une autre grande figure du djihad.
En 1998, lassé des dérives meurtrières des GIA et de son émir, Antar Zouabri (multiplication des massacres collectifs contre de paisibles villageois, fatwa rendant licites les attaques contre femmes et enfants…), Hassan Hattab décide de quitter les GIA pour créer une nouvelle organisation dont les cibles seront exclusivement militaires. C’est ainsi que naît, en janvier 1998, le GSPC. Bien qu’ayant fait de nombreuses victimes civiles (il était le chef d’une phalange particulièrement sanguinaire dans la région de Larbaa, au cœur de ce qu’on appelait alors « le triangle de la mort »), Droukdel saute le pas. Il est l’un des premiers à soutenir la démarche de Hattab. Membre fondateur du GSPC, il siège à ce titre au Majlis al-Choura (le conseil consultatif) de la nouvelle entité.
Ben Laden, produit d’appel
D’un point de vue politique, la situation évolue, en Algérie et ailleurs. Un nouveau président est élu en 1999. Abdelaziz Bouteflika propose la concorde nationale, une sorte de paix des braves assortie d’une grâce amnistiante. Près de 6 000 combattants déposent les armes, les maquis commencent à se dépeupler. Au sein de l’insurrection, le moral est en berne. Aux redditions s’ajoutent les pertes dues aux coups de boutoir de l’armée. Les attaques du 11 Septembre constituent une véritable aubaine pour le GSPC. Ben Laden devient un formidable « produit d’appel » pour relancer le recrutement. C’est alors que l’idée de faire allégeance à Al-Qaïda commence à trotter dans la tête de Droukdel, qui sonde ses compagnons, à commencer par son émir Hassan Hattab. « Pas question !, rétorque ce dernier. D’ailleurs, nous devrions réfléchir à la réconciliation nationale proposée par Bouteflika. »
Si ce n’était son patronyme et ses états de service, Hattab aurait été exécuté sur-le-champ pour hérésie. Il sera destitué et remplacé en novembre 2003 par Nabil Sahraoui, émir de la zone 5 (les Aurès), au grand dam de Droukdel qui rêve de prendre la tête de l’organisation pour lui donner une dimension internationale. Huit mois plus tard, les forces de sécurité localisent puis bombardent le QG du GSPC dans l’Akfadou, les monts qui surplombent la Petite Kabylie. Sahraoui et trois de ses fidèles lieutenants sont éliminés. Le Majlis al-Choura se réunit de nouveau et désigne enfin Abou Moussab Abdelwadoud émir du GSPC.
Nous sommes en juillet 2004. Un autre Abou Moussab fait parler de lui. Il est jordanien et donne du fil à retordre à l’armée américaine en Irak. Zarqaoui multiplie les actions spectaculaires et meurtrières contre les forces d’occupation et les civils irakiens, notamment les chiites. Il n’y avait aucune relation entre les deux Abou Moussab, jusqu’au rapt, en juillet 2005, de deux diplomates algériens en poste à Bagdad. Auteur du kidnapping, Zarqaoui demande conseil, par lettre, à Droukdel : quel sort réserver aux otages ? L’émir du GSPC s’engouffre dans la brèche : « Ce sont des taghout, il faut les exécuter. » Les deux diplomates sont égorgés séance tenante. Droukdel rend hommage à Zarqaoui et lui fait part de son intention de faire allégeance à Ben Laden et de placer le GSPC sous le label Al-Qaïda. Ayman al-Zawahiri, le bras droit de Ben Laden, lui propose de créer Al-Qaïda fi Bilad al-Barbar (« au pays des Berbères »), à l’instar d’Al-Qaïda fi Bilad al-Soudane (« au pays des Noirs »), phalange sahélienne du GSPC dirigée par Mokhtar Ben Mokhtar, interlocuteur historique de Ben Laden (c’est lui qui a organisé les déplacements de tous les émissaires de Ben Laden en Afrique de l’Ouest et au Maghreb). Droukdel refuse tout net : « Il y aura une organisation unique dans la région, et elle sera placée sous mon autorité. » Pour convaincre ses interlocuteurs de sa stature régionale, Droukdel ment avec aplomb : « C’est moi qui ai commandité et dirigé l’attaque [en juin 2005] de la caserne de Lemgheity, en Mauritanie. » Plus tard, on apprendra que c’est Mokhtar Ben Mokhtar, son rival, qui avait mené l’attaque, sans même l’en aviser.
À la une du New York Times
En quête de gloire et de notoriété, Droukdel ne se contente pas de rebaptiser le GSPC ; il adopte les modes opératoires d’Al-Qaïda : attentats kamikazes, attaques à l’explosif contre les convois de l’armée, opérations contre des ressortissants étrangers, diplomates ou opérateurs économiques. Investi d’une mission régionale, il étend le recrutement et installe des camps d’entraînement en Kabylie pour former des candidats djihadistes venus du Maroc, de Libye, de Tunisie, de Mauritanie et d’ailleurs. Suprême consécration : en juillet 2008, il fait la une du New York Times, à l’occasion d’une interview accordée (par écrit) au prestigieux quotidien américain. Le natif de Meftah est ainsi devenu une sorte de Ben Laden du Maghreb, dont le Grand Satan ne serait pas tant l’Amérique des néoconservateurs que la France de Chirac, puis celle de Sarkozy, coupable de soutenir activement les taghout algériens et de harceler les musulmanes voilées. Il est désormais traqué par les armées de plusieurs pays africains.
Intervenir au Mali pour libérer les otages des sanctuaires d'Aqmi, serait périlleux
Intervenir au Mali pour libérer les otages des sanctuaires d'Aqmi, serait périlleux
De Michel MOUTOT (AFP) –
Photo /film 300
PARIS — Les otages français et africains enlevés à Arlit (Niger) sont détenus, selon des sources locales, dans des massifs rocheux du nord du Mali difficiles d'accès où une intervention pour les libérer serait difficile et périlleuse, expliquent à l'AFP des spécialistes de la région.
Une opération militaire pour libérer les otages est toujours possible, mais elle serait dangereuse pour les prisonniers, très difficile à monter et hors de portée des armées de la région, assurent des experts.
Si ce n'est pas l'Afghanistan, ce sont des régions isolées, montagneuses, escarpées, où les clans locaux, depuis toujours rétifs à toute autorité, assistent les hommes d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), soupçonnés de détenir les otages, par intérêt ou à cause de relations familiales.
Ces régions, et notamment le massif de Timétrine, à 450 km au nord-est de Tombouctou, l'explorateur français Régis Belleville, les a sillonnées depuis plus de dix ans.
"Ce sont des escarpements rocheux, des blocs de rochers délités, très découpés, traversés d'Est en Ouest par une grande bande sableuse qui sert de lieu de passage à tous les trafics", explique-t-il à l'AFP. "Il y a des puits ancestraux, des micro-climats locaux pour les troupeaux, comme de petits jardins préservés pour les tribus berabiches, avec lesquelles les gars d'Aqmi ont noué des liens familiaux. Là, ils sont tranquilles. Si quoi que ce soit bouge, ils sont prévenus".
Pour déjouer la surveillance satellitaire ou électronique, "il est possible qu'ils utilisent les dromadaires, pour être plus discrets que les véhicules. S'ils ont séparé les otages en petits petits groupes sur des dromadaires, ils sont indétectables", ajoute-t-il.
Le journaliste mauritanien Isselmou Ould Moustapha, spécialiste du jihadisme à Nouakchott, ajoute: "la principale force d'Aqmi, ce sont les relations matrimoniales tissées au fil des ans avec les tribus".
"Les jihadistes sont tous polygames: donc chaque fois qu'ils bougent vers un autre secteur ou un autre erg, ils ont des femmes et des enfants pas loin. Cela créé des solidarités familiales", précise-t-il, joint au téléphone depuis Paris.
"En cas d'opération militaire, s'il y a des victimes parmi les civils, cela renforce le sentiment de solidarité déjà existant. Comme les frappes maladroites en Afghanistan: si cela touche des civils, ils deviennent talibans dès le lendemain", ajoute-t-il.
Ces derniers mois, des sources concordantes au Mali on fait état d'abris, enterrés pour résister à des raids aériens, que les jihadistes auraient creusé dans des chaos rocheux du désert malien.
A Paris, le chercheur Pierre Boilley, qui dirige au CNRS le Centre d'étude des mondes africains (Cemaf), précise que les combattants salafistes, descendus d'Algérie, ont choisi "des régions isolées, où ils ont entamé il y a vingt ans une cohabitation bien comprise avec les tribus locales, à base de relations d'affaires, de menaces et de liens familiaux".
"Tous les trafics passent par ces régions: drogue, armes, clandestins, avec des complicités qui remontent parfois très haut, étant donné les sommes en jeu", ajoute-t-il. "Il y a des intérêts troubles, qui ne vont pas tous dans le sens d'une éradication d'Aqmi".
Pour mener une opération de libération des otages, confie le colonel à la retraite Gilles Denamur, ancien attaché militaire français au Niger, "tout dépendra des renseignements. Il faut qu'ils soient sûr à 100%, et c'est le plus difficile, d'autant qu'il est probable que les otages ont été ou vont être séparés".
"Il faut une action rapide, brutale. Pour cela, je ne vois que les forces spéciales françaises, avec un soutien et une préparation de nos amis africains. Mais il faudra être patients, attendre sans doute de longues semaines".
Copyright © 2010 AFP.
De Michel MOUTOT (AFP) –
Photo /film 300
PARIS — Les otages français et africains enlevés à Arlit (Niger) sont détenus, selon des sources locales, dans des massifs rocheux du nord du Mali difficiles d'accès où une intervention pour les libérer serait difficile et périlleuse, expliquent à l'AFP des spécialistes de la région.
Une opération militaire pour libérer les otages est toujours possible, mais elle serait dangereuse pour les prisonniers, très difficile à monter et hors de portée des armées de la région, assurent des experts.
Si ce n'est pas l'Afghanistan, ce sont des régions isolées, montagneuses, escarpées, où les clans locaux, depuis toujours rétifs à toute autorité, assistent les hommes d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), soupçonnés de détenir les otages, par intérêt ou à cause de relations familiales.
Ces régions, et notamment le massif de Timétrine, à 450 km au nord-est de Tombouctou, l'explorateur français Régis Belleville, les a sillonnées depuis plus de dix ans.
"Ce sont des escarpements rocheux, des blocs de rochers délités, très découpés, traversés d'Est en Ouest par une grande bande sableuse qui sert de lieu de passage à tous les trafics", explique-t-il à l'AFP. "Il y a des puits ancestraux, des micro-climats locaux pour les troupeaux, comme de petits jardins préservés pour les tribus berabiches, avec lesquelles les gars d'Aqmi ont noué des liens familiaux. Là, ils sont tranquilles. Si quoi que ce soit bouge, ils sont prévenus".
Pour déjouer la surveillance satellitaire ou électronique, "il est possible qu'ils utilisent les dromadaires, pour être plus discrets que les véhicules. S'ils ont séparé les otages en petits petits groupes sur des dromadaires, ils sont indétectables", ajoute-t-il.
Le journaliste mauritanien Isselmou Ould Moustapha, spécialiste du jihadisme à Nouakchott, ajoute: "la principale force d'Aqmi, ce sont les relations matrimoniales tissées au fil des ans avec les tribus".
"Les jihadistes sont tous polygames: donc chaque fois qu'ils bougent vers un autre secteur ou un autre erg, ils ont des femmes et des enfants pas loin. Cela créé des solidarités familiales", précise-t-il, joint au téléphone depuis Paris.
"En cas d'opération militaire, s'il y a des victimes parmi les civils, cela renforce le sentiment de solidarité déjà existant. Comme les frappes maladroites en Afghanistan: si cela touche des civils, ils deviennent talibans dès le lendemain", ajoute-t-il.
Ces derniers mois, des sources concordantes au Mali on fait état d'abris, enterrés pour résister à des raids aériens, que les jihadistes auraient creusé dans des chaos rocheux du désert malien.
A Paris, le chercheur Pierre Boilley, qui dirige au CNRS le Centre d'étude des mondes africains (Cemaf), précise que les combattants salafistes, descendus d'Algérie, ont choisi "des régions isolées, où ils ont entamé il y a vingt ans une cohabitation bien comprise avec les tribus locales, à base de relations d'affaires, de menaces et de liens familiaux".
"Tous les trafics passent par ces régions: drogue, armes, clandestins, avec des complicités qui remontent parfois très haut, étant donné les sommes en jeu", ajoute-t-il. "Il y a des intérêts troubles, qui ne vont pas tous dans le sens d'une éradication d'Aqmi".
Pour mener une opération de libération des otages, confie le colonel à la retraite Gilles Denamur, ancien attaché militaire français au Niger, "tout dépendra des renseignements. Il faut qu'ils soient sûr à 100%, et c'est le plus difficile, d'autant qu'il est probable que les otages ont été ou vont être séparés".
"Il faut une action rapide, brutale. Pour cela, je ne vois que les forces spéciales françaises, avec un soutien et une préparation de nos amis africains. Mais il faudra être patients, attendre sans doute de longues semaines".
Copyright © 2010 AFP.
First Listen: Group Inerane, 'Guitars From Agadez, Vol. 3'
September 19, 2010
By Otis Hart
One of my favorite records of the last decade was the first installment in Sublime Frequencies' Guitars From Agadez series, an album by the Tuareg guitar band Group Inerane, which operates out of northern Niger. The trance-like guitar cycles in unusual time signatures sounded like something out of the American avant-garde, which was cool enough on its own, but what really blew my mind was the music's purpose: It was recorded at a wedding party. What could pass for an outdoor concert at New York's Lincoln Center if performed in the U.S. was social lubricant in West Africa. I briefly obsessed over what that said about Western values, but then just decided to enjoy the music.
You may have heard of the Malian Tuareg collective Tinariwen, which is often credited with creating the polyrhythmic guitar music Westerners call "desert blues." To put it in context, if Tinariwen is the equivalent of The Rolling Stones, then Group Inerane is The Velvet Underground. Led by 30-year-old guitarist Bibi Ahmed, the quartet's riffs are raw, while its dual guitarists lose themselves in psychedelic drones.
Unfortunately, Group Inerane's new album, Guitars from Agadez, Vol. 3, serves as a reminder that this beautiful music was born out of political rebellion: Second guitarist Adi Mohammed was shot and killed during the latest round of skirmishes between the Tuareg of the Agadez region and the government of Niger, a conflict rooted in the struggle for a true democracy but deeply linked to the profitable uranium industry which dominates the northern half of this poor nation. In Mohammed's stead is the older Koudede Maman, who represents a link between Tinariwen, which began in the late 1970s, and younger Tuareg guitarists like Ahmed.
Guitars From Agadez, Vol. 3 was recorded earlier this year by Sublime Frequencies' Hisham Mayet in Niger's capital, Niamey. Travel was forbidden to Group Inerane's home in the north by Niger's military junta, which recently ousted dictatorial hopeful Mamadou Tandja and hopes to install an actual democracy by March 2011. If that actually happens, perhaps the music of Ahmed and his peers will finally receive the exposure that it so richly deserves.
Guitars From Agadez, Vol. 3 will stream here in its entirety until Sept. 28. Please leave your thoughts on the album in the comments section below.
First Listen: Group Inerane, 'Guitars From Agadez, Vol. 3'
http://www.npr.org/templates/story/story.php?storyId=129907079
By Otis Hart
One of my favorite records of the last decade was the first installment in Sublime Frequencies' Guitars From Agadez series, an album by the Tuareg guitar band Group Inerane, which operates out of northern Niger. The trance-like guitar cycles in unusual time signatures sounded like something out of the American avant-garde, which was cool enough on its own, but what really blew my mind was the music's purpose: It was recorded at a wedding party. What could pass for an outdoor concert at New York's Lincoln Center if performed in the U.S. was social lubricant in West Africa. I briefly obsessed over what that said about Western values, but then just decided to enjoy the music.
You may have heard of the Malian Tuareg collective Tinariwen, which is often credited with creating the polyrhythmic guitar music Westerners call "desert blues." To put it in context, if Tinariwen is the equivalent of The Rolling Stones, then Group Inerane is The Velvet Underground. Led by 30-year-old guitarist Bibi Ahmed, the quartet's riffs are raw, while its dual guitarists lose themselves in psychedelic drones.
Unfortunately, Group Inerane's new album, Guitars from Agadez, Vol. 3, serves as a reminder that this beautiful music was born out of political rebellion: Second guitarist Adi Mohammed was shot and killed during the latest round of skirmishes between the Tuareg of the Agadez region and the government of Niger, a conflict rooted in the struggle for a true democracy but deeply linked to the profitable uranium industry which dominates the northern half of this poor nation. In Mohammed's stead is the older Koudede Maman, who represents a link between Tinariwen, which began in the late 1970s, and younger Tuareg guitarists like Ahmed.
Guitars From Agadez, Vol. 3 was recorded earlier this year by Sublime Frequencies' Hisham Mayet in Niger's capital, Niamey. Travel was forbidden to Group Inerane's home in the north by Niger's military junta, which recently ousted dictatorial hopeful Mamadou Tandja and hopes to install an actual democracy by March 2011. If that actually happens, perhaps the music of Ahmed and his peers will finally receive the exposure that it so richly deserves.
Guitars From Agadez, Vol. 3 will stream here in its entirety until Sept. 28. Please leave your thoughts on the album in the comments section below.
First Listen: Group Inerane, 'Guitars From Agadez, Vol. 3'
http://www.npr.org/templates/story/story.php?storyId=129907079
Aqmi accuse la Mauritanie de "tuer des civils" et d'être "l'agent de la France"
Romandie News
Aqmi accuse la Mauritanie de "tuer des civils" et d'être "l'agent de la France"
NOUAKCHOTT - Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a accusé lundi le régime mauritanien de "tuer des civils" au Mali et d'être "l'agent de la France", selon un communiqué d'Aqmi publié par l'agence en ligne privée Nouakchott Informations.
Le texte dénonce "le lâche crime perpétré par un raid aérien de représailles après le cuisant échec (infligé) par les moujahidine à l'armée mauritanienne, agent de la France de (Nicolas) Sarkozy", le président français.
"Nos frères musulmans du nord du Mali ont été l'objet de cette agression lâche tuant deux femmes, Najiya et Salka, et blessant un homme, un proche de ces femmes", ajoute le texte.
"L'armée mauritanienne, agissant à la solde des mécréants et des croisés qui tuent en Afghanistan et en Irak des innocents, a eu recours au mensonge et à la désinformation en disant que la femme tuée était l'épouse d'un moujahid", affirme Aqmi.
"Nous disons à l'agent de la France Mohamed Ould Abdel Aziz (président mauritanien) que le bombardement des innocents désarmés et la guerre que tu mènes par procuration à la place de la France est une folie et le sang des deux femmes martyrs (...) ne restera pas impuni", conclut le texte.
Aqmi n'évoque ni ne revendique dans ce message l'enlèvement de sept otages - cinq Français et deux Africains - le 16 septembre au Niger.
La Mauritanie avait entamé vendredi une opération militaire contre Aqmi dans la région de Tombouctou, proche de la frontière mauritanienne.
De violents combats ont opposé les soldats mauritaniens à des unités de la branche maghrébine d'Al Qaïda vendredi et samedi, qui selon Nouakchott, ont fait huit morts dans les rangs de son armée et douze morts dans ceux d'Aqmi.
Des sources sécuritaires dans le Sahel, confirmées par des sources indépendantes, ont estimé que la Mauritanie a subi "de lourdes pertes".
Après les combats de vendredi et samedi, un avion mauritanien a bombardé dimanche une colonne de véhicules qui, selon l'armée, transportaient des "terroristes".
Mais des témoins au Mali ont affirmé que des civils avaient été tués (deux femmes) et blessés (quatre hommes) dans ce raid aérien, ce qu'a catégoriquement démenti Nouakchott. Une source militaire mauritanienne a évoqué la mort d'une femme présentée comme "l'épouse d'un terroriste".
(©AFP / 21 septembre 2010 02h05)
Aqmi accuse la Mauritanie de "tuer des civils" et d'être "l'agent de la France"
NOUAKCHOTT - Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a accusé lundi le régime mauritanien de "tuer des civils" au Mali et d'être "l'agent de la France", selon un communiqué d'Aqmi publié par l'agence en ligne privée Nouakchott Informations.
Le texte dénonce "le lâche crime perpétré par un raid aérien de représailles après le cuisant échec (infligé) par les moujahidine à l'armée mauritanienne, agent de la France de (Nicolas) Sarkozy", le président français.
"Nos frères musulmans du nord du Mali ont été l'objet de cette agression lâche tuant deux femmes, Najiya et Salka, et blessant un homme, un proche de ces femmes", ajoute le texte.
"L'armée mauritanienne, agissant à la solde des mécréants et des croisés qui tuent en Afghanistan et en Irak des innocents, a eu recours au mensonge et à la désinformation en disant que la femme tuée était l'épouse d'un moujahid", affirme Aqmi.
"Nous disons à l'agent de la France Mohamed Ould Abdel Aziz (président mauritanien) que le bombardement des innocents désarmés et la guerre que tu mènes par procuration à la place de la France est une folie et le sang des deux femmes martyrs (...) ne restera pas impuni", conclut le texte.
Aqmi n'évoque ni ne revendique dans ce message l'enlèvement de sept otages - cinq Français et deux Africains - le 16 septembre au Niger.
La Mauritanie avait entamé vendredi une opération militaire contre Aqmi dans la région de Tombouctou, proche de la frontière mauritanienne.
De violents combats ont opposé les soldats mauritaniens à des unités de la branche maghrébine d'Al Qaïda vendredi et samedi, qui selon Nouakchott, ont fait huit morts dans les rangs de son armée et douze morts dans ceux d'Aqmi.
Des sources sécuritaires dans le Sahel, confirmées par des sources indépendantes, ont estimé que la Mauritanie a subi "de lourdes pertes".
Après les combats de vendredi et samedi, un avion mauritanien a bombardé dimanche une colonne de véhicules qui, selon l'armée, transportaient des "terroristes".
Mais des témoins au Mali ont affirmé que des civils avaient été tués (deux femmes) et blessés (quatre hommes) dans ce raid aérien, ce qu'a catégoriquement démenti Nouakchott. Une source militaire mauritanienne a évoqué la mort d'une femme présentée comme "l'épouse d'un terroriste".
(©AFP / 21 septembre 2010 02h05)
lundi 20 septembre 2010
Otages: un ancien d'Areva relève "une énorme carence" des forces nigériennes
Otages: un ancien d'Areva relève "une énorme carence" des forces nigériennes
(AFP) –
PARIS — L'ancien responsable de la sécurité des mines du groupe nucléaire Areva au Niger, Gilles Denamur, a imputé lundi à une "énorme carence des forces de sécurité" nigériennes la prise d'otages intervenue la semaine dernière à Arlit, dans le nord du pays.
"On a pour le moins une énorme carence des forces de sécurité. Ils ont mal fait leur boulot", a déclaré à l'AFP le colonel, aujourd'hui à la retraite. "D'après mes sources, des +barbus+ étaient dans Arlit depuis deux ou trois jours", avant l'enlèvement des cinq Français et deux Africains employés d'Areva et de son sous-traitant Satom (filiale du groupe Vinci).
"Je suis un peu étonné qu'ils n'aient été détectés par personne. A Arlit, dès que quelqu'un de nouveau arrive, tout le monde le sait. Personne ne passe inaperçu, chacun passe son temps à regarder l'autre", a-t-il expliqué.
Ancien attaché militaire à l'ambassade de France à Niamey (1996-1999), M. Denamur a été responsable de la sécurité des mines d'Areva au Niger pendant un mois et demi en 2007, avant d'être expulsé par le régime de l'ancien président Mamadou Tandja, qui le soupçonnait de complicité avec la rébellion touareg.
Interrogée par l'AFP depuis Niamey, une source touareg familière des questions de sécurité dans la région a évoqué "une défaillance dans les renseignements", mais sans préciser les responsabilités. "Les ravisseurs étaient dans la ville trois ou quatre jours avant les enlèvements", a confirmé cette source.
La protection des employés d'Areva était assurée par "300 à 400 militaires, une gendarmerie, un commissariat avec de nombreux policiers, la garde de la force nationale d'intervention et de sécurité", a par ailleurs énuméré Gilles Denamur.
"A côté de ça, chaque villa est gardée par un gardien" non armé, dont "une bonne moitié" étaient des "rebelles de la première rébellion" touareg des années 90, a confirmé l'ancien officier.
"On était dans le cadre d'une intégration des ex-rebelles touaregs. Ils sont quand même chez eux. L'Etat nigérien savait très bien qu'on prenait des Touareg", a-t-il conclu.
Il exclut une implication des Touareg dans l'enlèvement: "Jamais un Touareg n'aurait touché aux Larribe", assure-t-il.
Daniel et Françoise Larribe, un salarié d'Areva et son épouse qui figurent parmi les otages, "étaient depuis plus de 20 ans sur place, parlaient parfaitement tamachek", la langue touareg, affirme Gilles Denamur.
"Par contre, que des yeux se soient fermés du côté des forces de sécurité, ça me paraît dans le domaine du possible", estime l'officier, qui reconnaît cependant avoir "du mal" à désigner les responsables éventuels.
Au Niger, Areva met "sa sécurité aux mains des forces de sécurité du pays souverain", fait valoir M. Denamur, selon qui "il était hors de question d'aller payer une compagnie de mercenaires américains pour protéger les mines".
Copyright © 2010 AFP.
(AFP) –
PARIS — L'ancien responsable de la sécurité des mines du groupe nucléaire Areva au Niger, Gilles Denamur, a imputé lundi à une "énorme carence des forces de sécurité" nigériennes la prise d'otages intervenue la semaine dernière à Arlit, dans le nord du pays.
"On a pour le moins une énorme carence des forces de sécurité. Ils ont mal fait leur boulot", a déclaré à l'AFP le colonel, aujourd'hui à la retraite. "D'après mes sources, des +barbus+ étaient dans Arlit depuis deux ou trois jours", avant l'enlèvement des cinq Français et deux Africains employés d'Areva et de son sous-traitant Satom (filiale du groupe Vinci).
"Je suis un peu étonné qu'ils n'aient été détectés par personne. A Arlit, dès que quelqu'un de nouveau arrive, tout le monde le sait. Personne ne passe inaperçu, chacun passe son temps à regarder l'autre", a-t-il expliqué.
Ancien attaché militaire à l'ambassade de France à Niamey (1996-1999), M. Denamur a été responsable de la sécurité des mines d'Areva au Niger pendant un mois et demi en 2007, avant d'être expulsé par le régime de l'ancien président Mamadou Tandja, qui le soupçonnait de complicité avec la rébellion touareg.
Interrogée par l'AFP depuis Niamey, une source touareg familière des questions de sécurité dans la région a évoqué "une défaillance dans les renseignements", mais sans préciser les responsabilités. "Les ravisseurs étaient dans la ville trois ou quatre jours avant les enlèvements", a confirmé cette source.
La protection des employés d'Areva était assurée par "300 à 400 militaires, une gendarmerie, un commissariat avec de nombreux policiers, la garde de la force nationale d'intervention et de sécurité", a par ailleurs énuméré Gilles Denamur.
"A côté de ça, chaque villa est gardée par un gardien" non armé, dont "une bonne moitié" étaient des "rebelles de la première rébellion" touareg des années 90, a confirmé l'ancien officier.
"On était dans le cadre d'une intégration des ex-rebelles touaregs. Ils sont quand même chez eux. L'Etat nigérien savait très bien qu'on prenait des Touareg", a-t-il conclu.
Il exclut une implication des Touareg dans l'enlèvement: "Jamais un Touareg n'aurait touché aux Larribe", assure-t-il.
Daniel et Françoise Larribe, un salarié d'Areva et son épouse qui figurent parmi les otages, "étaient depuis plus de 20 ans sur place, parlaient parfaitement tamachek", la langue touareg, affirme Gilles Denamur.
"Par contre, que des yeux se soient fermés du côté des forces de sécurité, ça me paraît dans le domaine du possible", estime l'officier, qui reconnaît cependant avoir "du mal" à désigner les responsables éventuels.
Au Niger, Areva met "sa sécurité aux mains des forces de sécurité du pays souverain", fait valoir M. Denamur, selon qui "il était hors de question d'aller payer une compagnie de mercenaires américains pour protéger les mines".
Copyright © 2010 AFP.
DISPOSITIF: NIGER - La sécurité d'Areva entièrement assurée par d'anciens militaires français
DISPOSITIF: NIGER - La sécurité d'Areva entièrement assurée par d'anciens militaires français
Écrit par Jean Guisnel (Le Point.fr)
Lundi, 20 Septembre 2010 15:23
photo: françafric
La sécurité des Français travaillant au Niger pour Areva est une affaire quasi exclusivement militaire. On le sait pour le côté nigérien, dès lors qu'Areva a signé un accord-cadre avec Niamey. Celui-ci dispose que les forces armées nigériennes assurent la sécurité armée des installations industrielles françaises. Du côté français, la sécurité est aux mains d'un ancien militaire, l'amiral Thierry d'Arbonneau. L'ancien patron des forces océaniques stratégiques (2002-2004), c'est-à-dire des sous-marins nucléaires lanceurs d'engins français, est demeuré l'un des patrons de ce puissant lobby. Il devient ensuite conseiller du gouvernement pour la défense (2004-2005), avant de rejoindre en 2005 Areva, pour y devenir directeur de la protection du patrimoine et des personnes.
En avril 2007, un camp de géologues d'Areva est attaqué à Imouraren par le Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), soutenu par le colonel Kadhafi. La décision est alors prise par Areva de reprendre complètement les affaires de sécurité, et de confier sur ce plan les relations avec l'État nigérien à une société de conseil, Epée, dirigée par le colonel Jacques Hogard, un colonel parachutiste légionnaire, qui a fait une grande part de sa carrière au 2e régiment étranger de parachutistes. Sa première décision consistera à embaucher l'ancien attaché de défense français à Niamey, le colonel Gilles Denamur. Connaissant parfaitement le terrain, en contact avec tous les groupes touaregs, celui-ci part dès sa nomination pour le nord du pays, sans prendre l'attache du régime du président Mamadou Tandja. La réponse est immédiate : il est expulsé, tout comme le directeur local d'Areva, l'ancien membre de la cellule africaine de l'Élysée de l'ère Mitterrand, Dominique Pin.
À la suite de ces incidents, une organisation nouvelle a été mise en place en relation d'une part avec Thierry d'Arbonneau et d'autre part avec le pouvoir en place à Niamey. À savoir Mamadou Tandja jusqu'au 18 février 2010, date de son renversement lors d'un putsch militaire. Depuis sept mois, des relations qualifiées de "normales et sans histoires" par une source proche d'Areva ont été établies "dans la continuité", avec le régime du Premier ministre Mahamadou Danda, mis en place par le Conseil suprême pour la restauration de la démocratie.
Chiffon rouge
Le dispositif qu'Epée a mis en place pour Areva repose sur un "conseiller coordinateur de la protection", un officier supérieur français en retraite, issu des troupes de marine "car il connaît par définition la région, son environnement et ses réseaux", confie un cadre d'Epée. Il s'agit actuellement d'une figure des troupes de marine, Benoît de Rambures. Ancien du "3" et du "8", à savoir les 3e régiment parachutiste des troupes de marine et 8e régiment parachutiste des troupes de marine, il est aussi connu pour avoir aidé l'armée mauritanienne à constituer une troupe méhariste, le groupement nomade mauritanien. L'adjoint de cet officier français est systématiquement un officier supérieur en retraite, issu de l'armée nigérienne, au motif que "c'est utile pour la relation avec les forces armées nigériennes, tout en garantissant à ces dernières une transparence absolue sur le rôle d'Epée auprès d'Areva." Nommé sous la présidence de Mamadou Tandja, ce cadre nigérien a été confirmé depuis par la junte militaire au pouvoir à Niamey.
Enfin, Epée dispose sur place de cinq anciens officiers subalternes ou sous-officiers français, tous légionnaires, tous parachutistes, tous issus des rangs du 2e REP. Ces "coordinateurs locaux de protection" assurent les liaisons avec les unités militaires nigériennes sur le terrain, animent des réseaux de correspondants et font remonter l'information. Une pratique d'excellence de la Légion étrangère, mise au profit d'Areva.
Depuis octobre 2009, Epée "agite le chiffon rouge avec insistance", affirme une source proche de la société, qui s'indigne : "Ce drame était prévisible et même prévu. Pour Epée, l'essentiel était d'obtenir une présence militaire française dans la région, car à menace militaire il faut une réponse militaire. Les forces armées nigériennes sont de grande qualité, mais elles ne disposent pas de forces spéciales." Epée n'a pas su faire valoir ses arguments, ni auprès d'Areva ni auprès du gouvernement français, et le regrette aujourd'hui amèrement.
Écrit par Jean Guisnel (Le Point.fr)
Lundi, 20 Septembre 2010 15:23
photo: françafric
La sécurité des Français travaillant au Niger pour Areva est une affaire quasi exclusivement militaire. On le sait pour le côté nigérien, dès lors qu'Areva a signé un accord-cadre avec Niamey. Celui-ci dispose que les forces armées nigériennes assurent la sécurité armée des installations industrielles françaises. Du côté français, la sécurité est aux mains d'un ancien militaire, l'amiral Thierry d'Arbonneau. L'ancien patron des forces océaniques stratégiques (2002-2004), c'est-à-dire des sous-marins nucléaires lanceurs d'engins français, est demeuré l'un des patrons de ce puissant lobby. Il devient ensuite conseiller du gouvernement pour la défense (2004-2005), avant de rejoindre en 2005 Areva, pour y devenir directeur de la protection du patrimoine et des personnes.
En avril 2007, un camp de géologues d'Areva est attaqué à Imouraren par le Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), soutenu par le colonel Kadhafi. La décision est alors prise par Areva de reprendre complètement les affaires de sécurité, et de confier sur ce plan les relations avec l'État nigérien à une société de conseil, Epée, dirigée par le colonel Jacques Hogard, un colonel parachutiste légionnaire, qui a fait une grande part de sa carrière au 2e régiment étranger de parachutistes. Sa première décision consistera à embaucher l'ancien attaché de défense français à Niamey, le colonel Gilles Denamur. Connaissant parfaitement le terrain, en contact avec tous les groupes touaregs, celui-ci part dès sa nomination pour le nord du pays, sans prendre l'attache du régime du président Mamadou Tandja. La réponse est immédiate : il est expulsé, tout comme le directeur local d'Areva, l'ancien membre de la cellule africaine de l'Élysée de l'ère Mitterrand, Dominique Pin.
À la suite de ces incidents, une organisation nouvelle a été mise en place en relation d'une part avec Thierry d'Arbonneau et d'autre part avec le pouvoir en place à Niamey. À savoir Mamadou Tandja jusqu'au 18 février 2010, date de son renversement lors d'un putsch militaire. Depuis sept mois, des relations qualifiées de "normales et sans histoires" par une source proche d'Areva ont été établies "dans la continuité", avec le régime du Premier ministre Mahamadou Danda, mis en place par le Conseil suprême pour la restauration de la démocratie.
Chiffon rouge
Le dispositif qu'Epée a mis en place pour Areva repose sur un "conseiller coordinateur de la protection", un officier supérieur français en retraite, issu des troupes de marine "car il connaît par définition la région, son environnement et ses réseaux", confie un cadre d'Epée. Il s'agit actuellement d'une figure des troupes de marine, Benoît de Rambures. Ancien du "3" et du "8", à savoir les 3e régiment parachutiste des troupes de marine et 8e régiment parachutiste des troupes de marine, il est aussi connu pour avoir aidé l'armée mauritanienne à constituer une troupe méhariste, le groupement nomade mauritanien. L'adjoint de cet officier français est systématiquement un officier supérieur en retraite, issu de l'armée nigérienne, au motif que "c'est utile pour la relation avec les forces armées nigériennes, tout en garantissant à ces dernières une transparence absolue sur le rôle d'Epée auprès d'Areva." Nommé sous la présidence de Mamadou Tandja, ce cadre nigérien a été confirmé depuis par la junte militaire au pouvoir à Niamey.
Enfin, Epée dispose sur place de cinq anciens officiers subalternes ou sous-officiers français, tous légionnaires, tous parachutistes, tous issus des rangs du 2e REP. Ces "coordinateurs locaux de protection" assurent les liaisons avec les unités militaires nigériennes sur le terrain, animent des réseaux de correspondants et font remonter l'information. Une pratique d'excellence de la Légion étrangère, mise au profit d'Areva.
Depuis octobre 2009, Epée "agite le chiffon rouge avec insistance", affirme une source proche de la société, qui s'indigne : "Ce drame était prévisible et même prévu. Pour Epée, l'essentiel était d'obtenir une présence militaire française dans la région, car à menace militaire il faut une réponse militaire. Les forces armées nigériennes sont de grande qualité, mais elles ne disposent pas de forces spéciales." Epée n'a pas su faire valoir ses arguments, ni auprès d'Areva ni auprès du gouvernement français, et le regrette aujourd'hui amèrement.
dimanche 19 septembre 2010
Espace sahelo-saharien : La guerre totale
Espace sahelo-saharien : La guerre totale
Le Républicain, 20/09/2010
Mali
Deux mois après le raid franco-mauritanien qui a fait sept morts dans ses rangs, Aqmi n’a pas baissé pavillon. Au contraire, tout indique que le mouvement jihadiste semble avoir opté pour l’escalade. En guérilla contre la France et en guerre contre la Mauritanie depuis vendredi, la nébuleuse joue son va tout et n’entend pas tomber comme un fruit mûr.
Bluff ou pas, deux jours après le raid du 22 juillet dans l’invivable jungle dunaire entre Tombouctou et Nema, Droudkel le patron d’Aqmi, annonçait l’exécution de Michel Germaneau, l’otage français enlevé au Niger par la Khatibat d’Abuzeid. En fin août, l’AFP annonce l’exécution - démentie par les services de douanes algériens- d’un douanier algérien par Abdelkrim Taleb, le salafiste touareg. L’exécution, dans la foulée, de l’auxilliaire des douanes malien, Merzoug, elle, n’est pas démentie.
Le front de l’Ouest
Elle sera même confirmée par Aqmi qui avait libéré les deux otages espagnols, le 24 août, avant de lancer un kamikaze dans un camion bourré d’explosif contre un camp mauritanien le 25 août. L’attentat est déjoué mais il fait des blessés et surtout montre la détermination d’Aqmi d’en découdre d’avec la Mauritanie d’Abdel Azziz. Vendredi soir, des combats qui se poursuivaient encore dans la journée du samedi opposaient Aqmi à l’armée mauritanienne, en territoire malien. A une centaine de kilomètres de Tombouctou, mais un peu au Nord de Tin Aicha, à une cinquantaine de kilomètres du territoire mauritanien, assurent d’autres sources. « On pouvait samedi, entendre des bruits de mortiers à partir de Tin Aicha », s’inquiétait un ressortissant de cette localité. Le bilan, nul doute, sera élevé de part et d’autre. Mais c’est la loi du genre, chaque côté minorera ses pertes et revendiquera la victoire.
Quant à la France, Droudkel l’avait juré : les morts du raid de l’Akla, le 22 juillet, seront vengés. La promesse apparemment est en passe d’être tenue depuis jeudi dernier avec le coup d’Arlit, au Nord du Niger, où cinq Français, un Togolais et un Malgache sont enlevés sur un mode opératoire qui porterait la signature d’Aqmi. D’où le branle-bas côté français. Dès vendredi, Sarkozy, qui n’avait pas besoin de cet ennui supplémentaire, organise un conseil de défense, exhorte ses compatriotes à ne pas prendre de risques inutiles dans un Sahel devenu dangereux et promet de tout mettre en œuvre pour retrouver les otages. Il déclare avoir mis des moyens de surveillance à la disposition de l’armée nigérienne qui poursuivait les assaillants jusqu’au vendredi soir où, selon l’AFP, des sources nigériennes et algériennes déclarent que les preneurs d’otages avaient pu « regagner le Mali ». Bamako ne confirme pas mais ne dément pas non plus. Samedi à 13 heures, RFI prêtait aux sources militaires maliennes l’information que les auteurs des enlèvements d’Arlit se trouvent sur le sol malien.
Le front de l’Est
Quelques heures auparavant, le président malien assurait cependant sur les mêmes antennes que l’armée malienne était mobilisée autour du « triangle », soit la frontière commune Niger- Mali-Algérie. Pendant ce temps, Paris accélère les choses, rapporte le Figaro : taskforce de la DGSE mise en place, centres d’écoutes téléphoniques réorientés sur le Sahel en plus du satellite « Helios » pour surveiller les mouvements dans cette vaste région, avions d’observation Breuguet Atlantic mobilisés de Ndjamena, les services français sont sur les dents. Rien, semble t-il n’est exclu pour faire rendre gorge aux hommes d’Abuzeid, y compris l’éventualité d’une intervention des forces spéciales françaises stationnées en Mauritanie, la collecte de renseignements à partir d’un possible réseau de sympathies touareg. La guerre totale donc, mais sans illusions, car rapporte le Figaro citant une source sécuritaire, les Français feront « face à des ravisseurs qui ont su utiliser les dernières rançons payées par les Espagnols pour se procurer des véhicules tout neufs, des GPS et du matériel de vision nocturne ».
Ensuite, les Salafistes disposeraient de « relais parmi la population du désert, où ils stockent leurs armes et l’essence nécessaire à leurs mouvements.» Mais pour les observateurs, nul doute que la guerre qui a pris une nouvelle tournure, le week-end, sera féroce. Ils estiment, en effet qu’Aqmi joue sa survie physique tout court. Sarkozy et Aziz quant à eux joueraient leur survie politique. Les dégâts collatéraux, bien entendu, seraient importants. D’abord sur le Mali, une fois de plus remise sous les feux de l’actualité et pas que pour son cinquantenaire qui est fêté ce mercredi. Et ensuite sur l’Algérie qui ne convaincrait guère la communauté internationale en continuant d’aligner plus les projets de résolution que les forces spéciales contre le monstre sorti de ses entrailles.
Adam Thiam
Le Républicain, 20/09/2010
Mali
Deux mois après le raid franco-mauritanien qui a fait sept morts dans ses rangs, Aqmi n’a pas baissé pavillon. Au contraire, tout indique que le mouvement jihadiste semble avoir opté pour l’escalade. En guérilla contre la France et en guerre contre la Mauritanie depuis vendredi, la nébuleuse joue son va tout et n’entend pas tomber comme un fruit mûr.
Bluff ou pas, deux jours après le raid du 22 juillet dans l’invivable jungle dunaire entre Tombouctou et Nema, Droudkel le patron d’Aqmi, annonçait l’exécution de Michel Germaneau, l’otage français enlevé au Niger par la Khatibat d’Abuzeid. En fin août, l’AFP annonce l’exécution - démentie par les services de douanes algériens- d’un douanier algérien par Abdelkrim Taleb, le salafiste touareg. L’exécution, dans la foulée, de l’auxilliaire des douanes malien, Merzoug, elle, n’est pas démentie.
Le front de l’Ouest
Elle sera même confirmée par Aqmi qui avait libéré les deux otages espagnols, le 24 août, avant de lancer un kamikaze dans un camion bourré d’explosif contre un camp mauritanien le 25 août. L’attentat est déjoué mais il fait des blessés et surtout montre la détermination d’Aqmi d’en découdre d’avec la Mauritanie d’Abdel Azziz. Vendredi soir, des combats qui se poursuivaient encore dans la journée du samedi opposaient Aqmi à l’armée mauritanienne, en territoire malien. A une centaine de kilomètres de Tombouctou, mais un peu au Nord de Tin Aicha, à une cinquantaine de kilomètres du territoire mauritanien, assurent d’autres sources. « On pouvait samedi, entendre des bruits de mortiers à partir de Tin Aicha », s’inquiétait un ressortissant de cette localité. Le bilan, nul doute, sera élevé de part et d’autre. Mais c’est la loi du genre, chaque côté minorera ses pertes et revendiquera la victoire.
Quant à la France, Droudkel l’avait juré : les morts du raid de l’Akla, le 22 juillet, seront vengés. La promesse apparemment est en passe d’être tenue depuis jeudi dernier avec le coup d’Arlit, au Nord du Niger, où cinq Français, un Togolais et un Malgache sont enlevés sur un mode opératoire qui porterait la signature d’Aqmi. D’où le branle-bas côté français. Dès vendredi, Sarkozy, qui n’avait pas besoin de cet ennui supplémentaire, organise un conseil de défense, exhorte ses compatriotes à ne pas prendre de risques inutiles dans un Sahel devenu dangereux et promet de tout mettre en œuvre pour retrouver les otages. Il déclare avoir mis des moyens de surveillance à la disposition de l’armée nigérienne qui poursuivait les assaillants jusqu’au vendredi soir où, selon l’AFP, des sources nigériennes et algériennes déclarent que les preneurs d’otages avaient pu « regagner le Mali ». Bamako ne confirme pas mais ne dément pas non plus. Samedi à 13 heures, RFI prêtait aux sources militaires maliennes l’information que les auteurs des enlèvements d’Arlit se trouvent sur le sol malien.
Le front de l’Est
Quelques heures auparavant, le président malien assurait cependant sur les mêmes antennes que l’armée malienne était mobilisée autour du « triangle », soit la frontière commune Niger- Mali-Algérie. Pendant ce temps, Paris accélère les choses, rapporte le Figaro : taskforce de la DGSE mise en place, centres d’écoutes téléphoniques réorientés sur le Sahel en plus du satellite « Helios » pour surveiller les mouvements dans cette vaste région, avions d’observation Breuguet Atlantic mobilisés de Ndjamena, les services français sont sur les dents. Rien, semble t-il n’est exclu pour faire rendre gorge aux hommes d’Abuzeid, y compris l’éventualité d’une intervention des forces spéciales françaises stationnées en Mauritanie, la collecte de renseignements à partir d’un possible réseau de sympathies touareg. La guerre totale donc, mais sans illusions, car rapporte le Figaro citant une source sécuritaire, les Français feront « face à des ravisseurs qui ont su utiliser les dernières rançons payées par les Espagnols pour se procurer des véhicules tout neufs, des GPS et du matériel de vision nocturne ».
Ensuite, les Salafistes disposeraient de « relais parmi la population du désert, où ils stockent leurs armes et l’essence nécessaire à leurs mouvements.» Mais pour les observateurs, nul doute que la guerre qui a pris une nouvelle tournure, le week-end, sera féroce. Ils estiment, en effet qu’Aqmi joue sa survie physique tout court. Sarkozy et Aziz quant à eux joueraient leur survie politique. Les dégâts collatéraux, bien entendu, seraient importants. D’abord sur le Mali, une fois de plus remise sous les feux de l’actualité et pas que pour son cinquantenaire qui est fêté ce mercredi. Et ensuite sur l’Algérie qui ne convaincrait guère la communauté internationale en continuant d’aligner plus les projets de résolution que les forces spéciales contre le monstre sorti de ses entrailles.
Adam Thiam
Plusieurs civils auraient disparu pendant les combats contre Aqmi
Plusieurs civils auraient disparu pendant les combats contre Aqmi
Partager 19/09/2010 à 13h:20
Par AFP
Photo :caravane Touareg au desert
© Reuters Des habitants du nord du Mali ont affirmé dimanche être "sans nouvelles" de plusieurs civils depuis les combats qui ont opposé l'armée mauritanienne et des unités d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), vendredi et samedi.
"Après les événements [affrontements, NDLR], nous n'avons pas de nouvelle de cinq civils, des parents à nous qui habitaient non loin des zones de combat. Nous ne savons pas s'ils ont disparu, s?ils ont été tués lors des combats", a déclaré à l'AFP un habitant de la zone, Hamine Ould Mohamed Aly.
Le même homme avait affirmé samedi à l'AFP avoir vu des "véhicules de l'armée mauritanienne calcinés", du côté de Raz-el-Ma (à 235 km à l'ouest de Tombouctou) où avaient lieu les combats, information confirmé de source sécuritaire malienne.
"Nos parents ont également de nombreux animaux (ovins, caprins) qui ont été décimés ou ont pris la fuite au moment des affrontements", a déclaré un riche commerçant de la région, Bouna Ould Mohamed. Il n'a pas fourni de chiffres précis, en expliquant qu'un "recensement" des animaux était en cours.
Aucun bilan définitif
Un responsable du gouvernorat de Tombouctou a confirmé que des habitants de la zone avaient "porté ces faits à la connaissance" des autorités.
"L'un des bergers nous a déclaré: 'Nous nous sommes que des civils. Si des gens (d'Aqmi et de l'armée mauritanienne) se battent, c'est leur problème. Nous, nous voulons vivre en paix. Il ne faut pas qu'on vienne nous tuer, tuer nos animaux' ", a rapporté ce responsable au gouvernorat.
La localité malienne d'Hassi Sidi, où les combats avaient débuté vendredi entre l'armée mauritanienne et Aqmi près de la frontière, porte le nom d'un puits où de très nombreux animaux s'abreuvaient peu avant le début des affrontements, précise par ailleurs le responsable du gouvernorat de Tombouctou.
Aucun bilan des violences n'a pu être établi de source indépendante.
Selon le ministère mauritanien de la Défense, les combats ont fait 12 morts et un nombre indéterminé de blessés dans le camp des "terroristes", six morts et huit blessés dans les rangs de l'armée. De son côté, une source sécuritaire algérienne dans la région a affirmé à l'AFP qu'"au moins 15" soldats mauritaniens avaient été tués.
Partager 19/09/2010 à 13h:20
Par AFP
Photo :caravane Touareg au desert
© Reuters Des habitants du nord du Mali ont affirmé dimanche être "sans nouvelles" de plusieurs civils depuis les combats qui ont opposé l'armée mauritanienne et des unités d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), vendredi et samedi.
"Après les événements [affrontements, NDLR], nous n'avons pas de nouvelle de cinq civils, des parents à nous qui habitaient non loin des zones de combat. Nous ne savons pas s'ils ont disparu, s?ils ont été tués lors des combats", a déclaré à l'AFP un habitant de la zone, Hamine Ould Mohamed Aly.
Le même homme avait affirmé samedi à l'AFP avoir vu des "véhicules de l'armée mauritanienne calcinés", du côté de Raz-el-Ma (à 235 km à l'ouest de Tombouctou) où avaient lieu les combats, information confirmé de source sécuritaire malienne.
"Nos parents ont également de nombreux animaux (ovins, caprins) qui ont été décimés ou ont pris la fuite au moment des affrontements", a déclaré un riche commerçant de la région, Bouna Ould Mohamed. Il n'a pas fourni de chiffres précis, en expliquant qu'un "recensement" des animaux était en cours.
Aucun bilan définitif
Un responsable du gouvernorat de Tombouctou a confirmé que des habitants de la zone avaient "porté ces faits à la connaissance" des autorités.
"L'un des bergers nous a déclaré: 'Nous nous sommes que des civils. Si des gens (d'Aqmi et de l'armée mauritanienne) se battent, c'est leur problème. Nous, nous voulons vivre en paix. Il ne faut pas qu'on vienne nous tuer, tuer nos animaux' ", a rapporté ce responsable au gouvernorat.
La localité malienne d'Hassi Sidi, où les combats avaient débuté vendredi entre l'armée mauritanienne et Aqmi près de la frontière, porte le nom d'un puits où de très nombreux animaux s'abreuvaient peu avant le début des affrontements, précise par ailleurs le responsable du gouvernorat de Tombouctou.
Aucun bilan des violences n'a pu être établi de source indépendante.
Selon le ministère mauritanien de la Défense, les combats ont fait 12 morts et un nombre indéterminé de blessés dans le camp des "terroristes", six morts et huit blessés dans les rangs de l'armée. De son côté, une source sécuritaire algérienne dans la région a affirmé à l'AFP qu'"au moins 15" soldats mauritaniens avaient été tués.
Lettre ouverte à Son Excellence Monsieur le Premier Ministre du Niger...
[Contribution] Lettre ouverte à Son Excellence Monsieur le Premier Ministre du Niger...
Écrit par Le Président de la coordination : Almoustapha Alhacen
Dimanche, 19 Septembre 2010 17:16
Objet : 15% des recettes minières pour la région.
Réf : N/L N° 050/CSC/ART/2010
Excellence Monsieur le Premier Ministre,
Depuis la mise en application de la nouvelle loi minière du Niger en 2006, les communes de la région d’Agadez ont bénéficié à deux reprises de la ristourne de 15% des recettes minières.
C’est ainsi que la région d’Agadez a reçu :
- en 2008 environ 1,05 milliard de FCFA au titre des recettes 2007
- en 2008 environ 1,5 milliard de FCFA au titre des recettes 2008
Pour l’année 2010, cette ristourne à la région est d’environ 1,8 milliard de FCFA au titre des recettes 2009. Généralement ces crédits budgétaires de l’année précédente sont mis à la disposition de la région au plus tard à la fin du 1er semestre de l’année en cours.
Pour le cas de la région d’Agadez, il s’agit pour l’instant de l’exploitation de l’uranium par AREVA et du charbon par la SONICHAR.
A la date d’aujourd’hui, la région d’Agadez n’a pas encore reçu les 15% sur les recettes 2009.
Comme vous le savez Excellence Monsieur le Premier Ministre, l’article 95 (nouveau) de la loi minière du Niger stipule que : « Les recettes minières constituées par la redevance minière, la redevance superficiaire , les droits fixes, les produits de la taxe d’exploitation artisanale et les produits de la vente des cartes d’artisans miniers, déduction faite des ristournes concédées aux agents du ministère chargé des mines, sont reparties comme suit :
- 85% pour le budget national
- 15% pour le budget des communes de la région concernée pour le financement du développement local.
Les modalités de répartition de la part des recettes attribuées aux communes de la région concernée sont fixées par décret pris en conseil des ministres.
Excellence Monsieur le Premier Ministre, les communes de la région sont en proie à d’énormes difficultés financières pour faire face aux moindres actions de développement local.
La situation conflictuelle d’insécurité qui a régné de 2007 à 2009 a encore aggravé la pénurie des ressources financières.
La paix en cours d’instauration a besoin d’être soutenue car la situation vécue de ce genre est toujours suivie par des actions néfastes telles que le banditisme résiduel, les trafics de tout genre, toutes choses incompatibles avec le développement minier d’un pays comme le Niger.
La ristourne des recettes minières à la région d’Agadez permettra sans nul doute aux autorités régionales, départementales et communales de faire face aux moyens que requiert l’instauration de la paix tant sur le plan sécuritaire que du développement local.
Nous sommes convaincus que le CSRD et le gouvernement de transition sont pleinement soucieux et préoccupés par les questions de sécurité et de développement.
C’est pourquoi Excellence Monsieur le Premier Ministre, la coordination des organisations de la société civile d’Arlit vous prie de bien vouloir faire diligence pour un déblocage rapide et conséquent des 15% des recettes minières de l’uranium et du charbon au profit de la région d’Agadez.
Dans l’espoir d’une prise en compte de notre requête, veuillez recevoir Excellence l’expression de notre haute considération.
Copies :
- Ministre des mines
- Gouverneur d’Agadez
- Préfets d’Arlit -Tchiro – Bilma
- ROTAB
- GREN
- Tous maires C. de la région
- Presses
Écrit par Le Président de la coordination : Almoustapha Alhacen
Dimanche, 19 Septembre 2010 17:16
Objet : 15% des recettes minières pour la région.
Réf : N/L N° 050/CSC/ART/2010
Excellence Monsieur le Premier Ministre,
Depuis la mise en application de la nouvelle loi minière du Niger en 2006, les communes de la région d’Agadez ont bénéficié à deux reprises de la ristourne de 15% des recettes minières.
C’est ainsi que la région d’Agadez a reçu :
- en 2008 environ 1,05 milliard de FCFA au titre des recettes 2007
- en 2008 environ 1,5 milliard de FCFA au titre des recettes 2008
Pour l’année 2010, cette ristourne à la région est d’environ 1,8 milliard de FCFA au titre des recettes 2009. Généralement ces crédits budgétaires de l’année précédente sont mis à la disposition de la région au plus tard à la fin du 1er semestre de l’année en cours.
Pour le cas de la région d’Agadez, il s’agit pour l’instant de l’exploitation de l’uranium par AREVA et du charbon par la SONICHAR.
A la date d’aujourd’hui, la région d’Agadez n’a pas encore reçu les 15% sur les recettes 2009.
Comme vous le savez Excellence Monsieur le Premier Ministre, l’article 95 (nouveau) de la loi minière du Niger stipule que : « Les recettes minières constituées par la redevance minière, la redevance superficiaire , les droits fixes, les produits de la taxe d’exploitation artisanale et les produits de la vente des cartes d’artisans miniers, déduction faite des ristournes concédées aux agents du ministère chargé des mines, sont reparties comme suit :
- 85% pour le budget national
- 15% pour le budget des communes de la région concernée pour le financement du développement local.
Les modalités de répartition de la part des recettes attribuées aux communes de la région concernée sont fixées par décret pris en conseil des ministres.
Excellence Monsieur le Premier Ministre, les communes de la région sont en proie à d’énormes difficultés financières pour faire face aux moindres actions de développement local.
La situation conflictuelle d’insécurité qui a régné de 2007 à 2009 a encore aggravé la pénurie des ressources financières.
La paix en cours d’instauration a besoin d’être soutenue car la situation vécue de ce genre est toujours suivie par des actions néfastes telles que le banditisme résiduel, les trafics de tout genre, toutes choses incompatibles avec le développement minier d’un pays comme le Niger.
La ristourne des recettes minières à la région d’Agadez permettra sans nul doute aux autorités régionales, départementales et communales de faire face aux moyens que requiert l’instauration de la paix tant sur le plan sécuritaire que du développement local.
Nous sommes convaincus que le CSRD et le gouvernement de transition sont pleinement soucieux et préoccupés par les questions de sécurité et de développement.
C’est pourquoi Excellence Monsieur le Premier Ministre, la coordination des organisations de la société civile d’Arlit vous prie de bien vouloir faire diligence pour un déblocage rapide et conséquent des 15% des recettes minières de l’uranium et du charbon au profit de la région d’Agadez.
Dans l’espoir d’une prise en compte de notre requête, veuillez recevoir Excellence l’expression de notre haute considération.
Copies :
- Ministre des mines
- Gouverneur d’Agadez
- Préfets d’Arlit -Tchiro – Bilma
- ROTAB
- GREN
- Tous maires C. de la région
- Presses
samedi 18 septembre 2010
Situation sécuritaire au Sahel : la question touarègue au cœur du débat
Abdoulahi ATTAYOUB
Situation sécuritaire au Sahel : la question touarègue au cœur du débat
http://www.temoust.org/situation-securitaire-au-sahel-la,15142
samedi 18 septembre 2010
Photo: feu Mano Dayak leader de la resistance Touaregs des années 1990 avec des chefs des tribus.
Les manœuvres politico-militaires qui prennent de l’ampleur dans l’espace sahélo-saharien annoncent-elles une réorganisation du paysage géopolitique de la sous-région ? Cette question… et des réponses commencent à transparaître dans certaines analyses de la situation qui prévaut dans cet espace.
Ainsi, il est de plus en plus question ces derniers mois du rôle que jouent ou que joueraient des communautés touarègues dans une nouvelle approche des problèmes de la région sahélo-saharienne. Mais les réponses sécuritaires qui occupent le devant de l’actualité peuvent-elles être traitées sérieusement sans que soient prises en compte les dimensions politiques de la vie des populations locales ? En effet, l’une des conséquences de la détérioration du climat sécuritaire risque d’être une nouvelle fois l’aggravation de la détresse de ces populations qui souffrent déjà de la famine et d’une marginalisation politique et économique endémique.
Pour que le rôle que joueraient des communautés touarègues puisse répondre aux exigences du contexte géopolitique, il faudrait qu’il corresponde aux aspirations maintes fois exprimées par des organisations touarègues et qu’il tienne compte des droits et intérêts des populations locales de manière plus globale. Les Touaregs auraient tort de se laisser « embarquer » dans une quelconque aventure qui ne contribuerait pas à assurer leur propre sécurité et à la résolution définitive du conflit qui les oppose aux Etats malien et nigérien. L’objectif étant l’amélioration des conditions de vie des populations et la survie de leur identité.
Même s’il existe aujourd’hui une conviction largement partagée que la sécurité de la sous-région passe par un règlement définitif de ce conflit, aucune initiative concrète n’a été avancée pour amorcer cette évolution.
Le Mali et le Niger n’ont ni les moyens militaires ni la capacité administrative de contrôler les territoires en question, ce qui incite aujourd’hui les puissances régionales et internationales à prendre directement en charge les questions de sécurité, et peut-être demain aussi la réorganisation administrative et politique… Les enjeux étant ce qu’ils sont, ni l’Algérie, ni la France, ni la Libye, ni les Etats-Unis ne peuvent en effet se permettre de laisser se développer une situation d’anarchie qui se révélerait très difficile à gérer par la suite. Même s’il est vrai que ce genre de situation favorise ô combien la stratégie de certains gouvernants dont les intentions réelles ne cadrent pas forcément avec leurs discours officiels, discours dictés le plus souvent uniquement par des considérations très conjoncturelles.
Compte tenu de la méfiance qui prévaut aujourd’hui entre ces Etats (Mali et Niger) et leurs communautés touarègues, il est illusoire pour chacun de ces pays de vouloir construire une stratégie sécuritaire sans accepter des avancées significatives sur le terrain politique. En effet, la mauvaise gestion des conflits et l’indifférence de la communauté internationale ont contribué très largement à créer le chaos qui se dessine aujourd’hui.
Les populations de ces régions souffrent des séquelles des massacres encore impunis des années 90. Plusieurs milliers de civils touaregs et maures ont ainsi été tués en toute impunité. Les Touaregs n’ignorent plus que ces crimes n’ont pas soulevé la moindre réprobation de la part de la communauté internationale.
Il est donc à craindre, hélas, que certaines populations de cette zone se sentent bien plus en sécurité en présence d’éléments d’Aqmi que de militaires maliens ou nigériens !!! Ce qui en dit fort long sur le décalage qui existe entre les discours ambiants et la réalité sur le terrain.
Les Touaregs ont vu par le passé que leur sécurité pouvait être menacée à l’intérieur de leurs propres Etats et constaté qu’ils ne devaient désormais compter que sur leur capacité à être des acteurs crédibles parce que totalement conscients du rôle stratégique qu’ils pouvaient jouer dans la recomposition des forces en présence à l’intérieur de la sous-région. C’est seulement à cette condition que les Touaregs éviteront de faire les frais de conflits dont les enjeux ne les concernent pas particulièrement.
La complexité de la situation actuelle devrait inciter le Mouvement touareg à ne pas perdre de vue ses objectifs et à redoubler de vigilance afin de ne pas s’éloigner de la voie qui peut l’amener vers une prise en compte de ses aspirations. Le Mali et le Niger doivent accepter enfin de créer les conditions politiques d’un règlement définitif du conflit qui les oppose à leurs communautés touarègues. Cela leur permettrait de consolider la cohésion de leurs Etats et leur donnerait les moyens de contribuer à assurer leur propre sécurité.
Abdoulahi ATTAYOUB
aabdoulahi@hotmail.com
Temoust Lyon (France)
18 09 2010
Situation sécuritaire au Sahel : la question touarègue au cœur du débat
http://www.temoust.org/situation-securitaire-au-sahel-la,15142
samedi 18 septembre 2010
Photo: feu Mano Dayak leader de la resistance Touaregs des années 1990 avec des chefs des tribus.
Les manœuvres politico-militaires qui prennent de l’ampleur dans l’espace sahélo-saharien annoncent-elles une réorganisation du paysage géopolitique de la sous-région ? Cette question… et des réponses commencent à transparaître dans certaines analyses de la situation qui prévaut dans cet espace.
Ainsi, il est de plus en plus question ces derniers mois du rôle que jouent ou que joueraient des communautés touarègues dans une nouvelle approche des problèmes de la région sahélo-saharienne. Mais les réponses sécuritaires qui occupent le devant de l’actualité peuvent-elles être traitées sérieusement sans que soient prises en compte les dimensions politiques de la vie des populations locales ? En effet, l’une des conséquences de la détérioration du climat sécuritaire risque d’être une nouvelle fois l’aggravation de la détresse de ces populations qui souffrent déjà de la famine et d’une marginalisation politique et économique endémique.
Pour que le rôle que joueraient des communautés touarègues puisse répondre aux exigences du contexte géopolitique, il faudrait qu’il corresponde aux aspirations maintes fois exprimées par des organisations touarègues et qu’il tienne compte des droits et intérêts des populations locales de manière plus globale. Les Touaregs auraient tort de se laisser « embarquer » dans une quelconque aventure qui ne contribuerait pas à assurer leur propre sécurité et à la résolution définitive du conflit qui les oppose aux Etats malien et nigérien. L’objectif étant l’amélioration des conditions de vie des populations et la survie de leur identité.
Même s’il existe aujourd’hui une conviction largement partagée que la sécurité de la sous-région passe par un règlement définitif de ce conflit, aucune initiative concrète n’a été avancée pour amorcer cette évolution.
Le Mali et le Niger n’ont ni les moyens militaires ni la capacité administrative de contrôler les territoires en question, ce qui incite aujourd’hui les puissances régionales et internationales à prendre directement en charge les questions de sécurité, et peut-être demain aussi la réorganisation administrative et politique… Les enjeux étant ce qu’ils sont, ni l’Algérie, ni la France, ni la Libye, ni les Etats-Unis ne peuvent en effet se permettre de laisser se développer une situation d’anarchie qui se révélerait très difficile à gérer par la suite. Même s’il est vrai que ce genre de situation favorise ô combien la stratégie de certains gouvernants dont les intentions réelles ne cadrent pas forcément avec leurs discours officiels, discours dictés le plus souvent uniquement par des considérations très conjoncturelles.
Compte tenu de la méfiance qui prévaut aujourd’hui entre ces Etats (Mali et Niger) et leurs communautés touarègues, il est illusoire pour chacun de ces pays de vouloir construire une stratégie sécuritaire sans accepter des avancées significatives sur le terrain politique. En effet, la mauvaise gestion des conflits et l’indifférence de la communauté internationale ont contribué très largement à créer le chaos qui se dessine aujourd’hui.
Les populations de ces régions souffrent des séquelles des massacres encore impunis des années 90. Plusieurs milliers de civils touaregs et maures ont ainsi été tués en toute impunité. Les Touaregs n’ignorent plus que ces crimes n’ont pas soulevé la moindre réprobation de la part de la communauté internationale.
Il est donc à craindre, hélas, que certaines populations de cette zone se sentent bien plus en sécurité en présence d’éléments d’Aqmi que de militaires maliens ou nigériens !!! Ce qui en dit fort long sur le décalage qui existe entre les discours ambiants et la réalité sur le terrain.
Les Touaregs ont vu par le passé que leur sécurité pouvait être menacée à l’intérieur de leurs propres Etats et constaté qu’ils ne devaient désormais compter que sur leur capacité à être des acteurs crédibles parce que totalement conscients du rôle stratégique qu’ils pouvaient jouer dans la recomposition des forces en présence à l’intérieur de la sous-région. C’est seulement à cette condition que les Touaregs éviteront de faire les frais de conflits dont les enjeux ne les concernent pas particulièrement.
La complexité de la situation actuelle devrait inciter le Mouvement touareg à ne pas perdre de vue ses objectifs et à redoubler de vigilance afin de ne pas s’éloigner de la voie qui peut l’amener vers une prise en compte de ses aspirations. Le Mali et le Niger doivent accepter enfin de créer les conditions politiques d’un règlement définitif du conflit qui les oppose à leurs communautés touarègues. Cela leur permettrait de consolider la cohésion de leurs Etats et leur donnerait les moyens de contribuer à assurer leur propre sécurité.
Abdoulahi ATTAYOUB
aabdoulahi@hotmail.com
Temoust Lyon (France)
18 09 2010
Mali: la Mauritanie engage des avions de combat contre Al-Qaïda
Mali
Mali: la Mauritanie engage des avions de combat contre Al-Qaïda
Ouest France
Conflits, terrorisme samedi 18 septembre 2010
L'armée mauritanienne a engagé des avions dans les combats qu'elle mène depuis vendredi dans le nord du Mali contre des unités d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), a-t-on appris samedi de source sécuritaire algérienne et auprès de témoins dans la région. Après une légère accalmie sur le terrain, les combats ont repris avec l'arrivée d'avions de combats aux côtés de l'armée mauritanienne, selon ces sources concordantes.
"Les Mauritaniens ont engagé des avions de combats dans la bataille. Il y en a au moins deux. L'objectif est de tenter de prendre le dessus, ce qui jusque là n'était pas le cas", a affirmé à l'AFP une source sécuritaire algérienne, sous couvert de l'anonymat.
Aucune information n'était disponible sur l'action immédiate de ces avions sur le terrain. "Nous avons vu passer deux avions militaires, tout à l'heure, non loin de Raz-El-Ma (à 235 km à l'ouest de Tombouctou, ndlr). Ca faisait beaucoup de bruit", a déclaré à l'AFP un civil, Hamine Ould Mohamed Aly, joint par téléphone satellitaire. Il a affirmé se trouver "non loin de Raz-el-Ma", le lieu où se déroule vendredi les affrontements entre Aqmi et l'armée mauritanienne.
«Je viens de Raz-el-Ma. J'ai vu six véhicules de l'armée mauritanienne calcinés à côté d'un puits», a encore affirmé ce civil.
Mali: la Mauritanie engage des avions de combat contre Al-Qaïda
Ouest France
Conflits, terrorisme samedi 18 septembre 2010
L'armée mauritanienne a engagé des avions dans les combats qu'elle mène depuis vendredi dans le nord du Mali contre des unités d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), a-t-on appris samedi de source sécuritaire algérienne et auprès de témoins dans la région. Après une légère accalmie sur le terrain, les combats ont repris avec l'arrivée d'avions de combats aux côtés de l'armée mauritanienne, selon ces sources concordantes.
"Les Mauritaniens ont engagé des avions de combats dans la bataille. Il y en a au moins deux. L'objectif est de tenter de prendre le dessus, ce qui jusque là n'était pas le cas", a affirmé à l'AFP une source sécuritaire algérienne, sous couvert de l'anonymat.
Aucune information n'était disponible sur l'action immédiate de ces avions sur le terrain. "Nous avons vu passer deux avions militaires, tout à l'heure, non loin de Raz-El-Ma (à 235 km à l'ouest de Tombouctou, ndlr). Ca faisait beaucoup de bruit", a déclaré à l'AFP un civil, Hamine Ould Mohamed Aly, joint par téléphone satellitaire. Il a affirmé se trouver "non loin de Raz-el-Ma", le lieu où se déroule vendredi les affrontements entre Aqmi et l'armée mauritanienne.
«Je viens de Raz-el-Ma. J'ai vu six véhicules de l'armée mauritanienne calcinés à côté d'un puits», a encore affirmé ce civil.
Inscription à :
Articles (Atom)