Les signes pourpres : Récit africain
de Armelle Barguillet Hauteloire
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
critiqué par Débézed, le 31 mai 2010
(Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 62 ans)
La note:
« Le rétablissement de l’harmonie des origines »
« Son désert me rendit la foi,
Son silence, l’écoute intérieure,
Sa population, la ferveur,
Son monde animal, la joie. »
Sur le bord de la Touques, en Normandie, Aubin, missionnaire en Afrique, raconte sa vie, comment après la guerre, pour cicatriser les plaies et oublier les frustrations laissées par ce conflit sanguinaire, il partit pour l’Algérie exercer la médecine. Et, comment, au contact du désert et des Touaregs, il découvrit la spiritualité, la grâce, la foi et enfin la vocation qu’il transforma rapidement en apostolat par des études religieuses. Il fut alors envoyé en mission au Soudan où il dut faire face au conflit qui opposait déjà les peuples arabes du Nord aux peuplades noires du Sud, avant d’être envoyé au Kenya où il rencontra les Massaï et les Kikuyu que Karen Blixen avait déjà côtoyés quelques décennies auparavant.
A travers son récit, car Armelle présente son livre comme un « Récit africain », et non comme un roman, parce qu’elle sait bien que la tradition orale est fondatrice de toute la culture africaine et qu’il faut écouter celui qui raconte et Aubin, à son tour, raconte l’Afrique telle qu’il l’a vue mais à travers un double regard. Celui du cardinal de Lavigerie qui exerça à Alger et qui rêvait d’une Afrique multiethnique, pluriculturelle mais chrétienne et un autre regard, plus distancié, plus acéré, plus personnel, qui scrute ce continent jusqu’au fond des âges pour y retrouver les peuples premiers qui sillonnent encore aujourd’hui le désert où les hauts plateaux rifains. Ce regard qui perce les âmes pour capter toute la spiritualité, tout le sacré qui résident encore dans ces peuples condamner par la civilisation actuelle.
A travers l’histoire de ces peuples, Armelle évoque avec une certaine nostalgie l’Algérie chrétienne, non seulement française, mais l’Algérie étendue à l’ensemble du Maghreb au temps au Saint Augustin professait sur le continent et où la chrétienté rayonnait avant l’islamisation. Cette Algérie où les divers peuples berbères sont encore là pour témoigner de la culture pré islamique et de l’existence d’une spiritualité qui a conservé sa pureté originelle. Mais à ce regard, je préfère le regard qu’Aubin porte sur le monde en marche, celui des Touaregs et des Massaï, qui perpétue l’Afrique des origines, l’Afrique authentique, vraie, sincère, l’Afrique révélatrice de toutes les vertus et de tous les vices de l’humanité, l’Afrique où «tous les désespoirs et toutes les espérances y sont possibles, … »
Difficile de résumer ce livre petit mais extrêmement dense. On voit immédiatement qu’Armelle a déjà exercé ses talents d’essayiste car le récit est très argumenté et très didactique, il veut montrer, exposer, pour expliquer et ensuite convaincre. Le livre est indéniablement un plaidoyer pour l’Afrique qui aurait pu être mais qui n’est pas et qui ne sera certainement jamais, une Afrique comme celle que le Cardinal de Lavigerie imaginait, un Afrique africaine mais chrétienne, humaniste mais pas forcément œcuménique. Mais derrière cette lecture un peu politique, il y a une lecture beaucoup plus spirituelle qui s’encombre moins de considérations religieuses et qui s’intéresse plus au sacré et à la spiritualité. Une Afrique où l’essentiel est de croire, peu importe en qui ou en quoi, car de toute façon Dieu est en tout. Ainsi l’animiste nomade peut rejoindre le chrétien ou le musulman sans aucun problème et vivre avec lui dans une bonne intelligence. Oui, mais voilà quand Abel rencontre Caïn, quand Ouranos approche Chthonos, quand l’éleveur piétine les cultures du laboureur, la fille du Touareg ne peut pas vivre avec le fellah, la fille du Kikuyu repousse le Massaï et même le troupeau d’onyx répudie le jeune faon qui a été élevé par une lionne. L’intégration ne semble pas possible et chacun est condamné à vivre dans son clan.
C’est une vision un peu désabusée de cette Afrique pourtant si pure et si noble que nous livre Armelle, une Afrique qui sombre dans un certain chaos au rythme de la disparition de ses peuples premiers détenteurs des valeurs originelles du continent mais tant qu’il y aura des peuples en marche, il restera un espoir et la parabole de la lionne qui veut adopter une petite gazelle restera un rêve plausible et qu’« un jour le lion dormira avec l’agneau et (que) l’homme deviendra le frère de son ennemi. »
Et si Armelle a été essayiste, elle a aussi été poète, et son écriture et son style ne l’ont pas oublié, tout est toujours juste et le texte reste toujours fluide et limpide même si le sujet est, par moment, un peu ardu. Je crois que je rangerais ce livre à proximité de ceux de Taos Amrouche qui a tellement bien parlé de la Kabylie de sa famille, de son statut de chrétienne algérienne, de sa vie de femme à cheval sur deux cultures ; mais aussi à côté de ceux de Malika Mokeddem qui a admiré ces hommes qui marchent sans cesse dans le désert, de ceux de Ngugi wa Tiango qui a si bien parlé de ces peuples de l’Ouest africain et de tant d’autres…
TESHUMAR.BE est dedié à la CULTURE du peuple touareg? de ses voisins, et du monde. Ce blog, donne un aperçu de l actualité Sahelo-Saharienne. Photo : Avec Jeremie Reichenbach lors du Tournage du film documentaire : « Les guitares de la résistance Touaregue », à la mythique montée de SALUT-HAW-HAW, dans le Tassili n’Ajjer-Djanet- Algérie. 2004. Photo de Céline Pagny-Ghemari. – à Welcome To Tassili N'ajjer.
mercredi 2 juin 2010
Kidal/DDRK III:Elan constant
11-06-10,Adama Diarra (AMAP Kidal)-L’Essor
DDRK III:Elan constant
mercredi 2 juin 2010
Le Projet de développement durable de la région de Kidal (DDRK III) a tenu la deuxième session de son comité de pilotage samedi au gouvernorat de Kidal.
La cérémonie d’ouverture, présidée par le gouverneur Yaya Dolo, s’est déroulée en présence d’une forte délégation venue de Bamako, Dakar et du Luxembourg. La tenue de cette session s’inscrit dans le cadre de l’application du protocole d’accord qui lie la coopération luxembourgeoise au gouvernement malien, depuis l’atelier de lancement des activités du programme le 4 avril 2009. « Le présent projet dont le protocole d’accord a été signé le 23 juillet 2008 à Luxembourg, est doté d’une enveloppe de 7 379 898 euros soit environ 4,8 milliards Fcfa », a rappelé Amadou Moro, représentant du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. Celui-ci a remercié le Grand Duché de Luxembourg qui, malgré la situation difficile à Kidal, a réaffirmé son engagement, au cours de la 5ème session de partenariat tenue à Bamako le 3 décembre 2009, à poursuivre son intervention.
Cette constance traduit du point de vue de Amadou Moro « la vitalité et le dynamisme de la coopération entre le Mali et le Grand Duché de Luxembourg d’une part et d’autre part, l’identité de vues entre autorités maliennes et luxembourgeoises face au défi de la lutte contre la pauvreté ». Le représentant du ministère des Affaires étrangères a remercié le Grand duché et demandé aux populations bénéficiaires à une plus grande implication et une plus grande appropriation des réalisations effectuées.
Le chef adjoint du bureau de la coopération de l’ambassade du Grand-duché de Luxembourg à Dakar, Mamadou Konaté, a précisé que ce projet découle du PIC II, qui est une contribution du Grand Duché de Luxembourg à la mise en œuvre des conclusions du Forum de Kidal. Le gouverneur Dolo a jugé pour sa part que les deux premières phases du programme ont donné « des résultats appréciables dans les domaines divers dont l’hydraulique villageoise et pastorale ainsi que dans ceux des infrastructures sociales de base ».
Il a rappelé que dans le cadre de l’amélioration et de la mise en œuvre des cadres de référence des collectivités territoriales dont les PDESC, des actions pertinentes ont été déjà menées. Parmi celles-ci, figurent la mise en place d’un Comité inter-acteurs dans le domaine de la bonne gouvernance, regroupant tous les services techniques et les partenaires techniques et financiers ; l’élaboration des schémas d’aménagement pastoraux des communes couvertes ; des mesures encourageant le maintien du personnel contractuel des collectivités territoriales accompagnées par un équipement en mobiliers et matériels informatiques.
Il y a également l’installation de médecins de campagne dans les communes d’Essouk, Aguelhoc et Tessalit et leur dotation en véhicules tout terrain. L’un des temps forts de la journée a été la signature d’une convention entre Luxembourgeois et autorités régionales.
Al Qaida transforme le Sahara en poudrière (Le Figaro)
01-06-2010, 15h53
Al Qaida transforme le Sahara en poudrière (Le Figaro)
Le Figaro – quotidien – mardi 1er juin 2010
Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) s'incruste dans le désert du nord du Mali.
Ce territoire saharien, grand comme la France, est devenu un sanctuaire pour le commerce des otages et le trafic de drogue.
PAR THIERRY OBERLE - ENVOYE SPECIAL A BAMAKO
Cela ressemble à une vidéo amateur de trekking dans le désert. La caméra filme de puissantes Toyota Land cruiser transformées en pick-up. Les véhicules sont embourbés dans une nappe d'eau grossie par une forte averse. Des jeunes gens se roulent en riant dans la mare autour des 4 x 4 pour célébrer la pluie, ce don du ciel.
D'une durée d'une cinquantaine de minutes, ce document inédit, que Le Figaro a pu visionner à Bamako, est, à la différence des vidéos de propagande de l'Aqmi, un témoignage sans mise en scène de la vie quotidienne des katiba, les colonnes djihadistes. Tourné par un membre du groupe à des fins internes, il permet de mesurer le sentiment d'impunité dont bénéficient ces katiba qui ne se cachent ni dans des montagnes ni dans des grottes, mais circulent en toute liberté comme les nomades sur un territoire vaste comme la France.
Sur une autre séquence, les « randonneurs » participent à un concours de saut en hauteur avec en guise de barre à franchir un drap enroulé. Un concurrent en tenue afghane s'élance un fusil-mitrailleur dans les mains, passe en culbute au-dessus de l'obstacle et finit sa course sur les genoux l'arme au poing. Mokhtar Benmokhtar, l'un des chefs historiques de l'insurrection islamiste algérienne, apprécie le spectacle. Voilà enfin au premier plan le visage de cet homme connu seulement par un cliché diffusé par Interpol il y a plus de quinze ans. Son œil gauche est fixe, son front porte une tache sombre, la marque des dévots. Sa peau s'est durcie à force de cogner le sol pendant les prières.
Benmokhtar, le bourlingueur borgne du djihad, s'est taillé une réputation de voyou des sables et de redoutable homme d'affaires. Ses premières participations à des prises d’otages remontent à 2003. Il détient actuellement deux prisonniers espagnols, membres d'une ONG, qu'il entend revendre à bon prix. Bien implanté dans la région de Tombouctou, il a épousé une Malienne pour s'allier à des notables de sang arabe et posséderait, dit-on, des troupeaux de dromadaires. Ses lieutenants ont suivi son exemple dans la vie paramilitaire comme dans la vie civile.
Les enchères montent pour l'otage français
L'émir a une poche cousue au niveau de la poitrine sur son kami, sa robe islamique. C'est la marque de son statut de chef. Elle a été brodée par le couturier de la katiba qui parcourt le Sahara en jouant à saute-mouton sur les frontières de l’Algérie, du Mali, de la Mauritanie et du Niger. Le tailleur est assis devant sa machine à coudre installé dans le sable. On aperçoit aussi dans un travelling l'artificier du groupe, un aveugle à lunettes noires qui a perdu la vue et un bras dans un « accident du travail », Moussa, un enfant-soldat d'une quinzaine d'années et un Arabe à la peau noire qui lit le coran. Vu d'un satellite, le groupe ressemble à n'importe quelle caravane motorisée de bédouins.
Soudain, apparait furtivement à l'écran Abdelhamid Abou Zayed, le responsable du rapt du Français Pierre Camatte, un amoureux du Mali libéré en février après trois mois de captivité et d'intenses tractations entre Paris, Bamako et Alger. Arrêt sur image. Ce petit bonhomme à la barbichette blanche est un dur parmi les durs. Abou Zayed a fait exécuter avec cruauté voici un an le Britannique Edwin Dyer. Londres refusait de céder à ses deux exigences : la libération du Jordanien Abou Qatada, un des grands chefs d'Al-Qaida détenu en Grande- Bretagne et le versement d'une rançon. Depuis le 19 avril, Abou Zayed tient dans ses griffes une nouvelle proie : un touriste français de 78 ans, Michel Germaneau, enlevé au Niger.
Les kidnappeurs ont transmis en mai un enregistrement de l'otage qui adresse une supplique à Nicolas Sarkozy. Michel Germaneau affirme manquer de médicaments pour soigner ses problèmes cardiaques et souffrir de la chaleur. Dans son message, Aqmi réclame un échange de prisonniers et ajoute que plus de détails seront fournis par un négociateur.
Abou Zayed espère rééditer son opération réussie de l'hiver dernier lorsqu'il avait obtenu la remise en liberté par le président malien, Amadou Toumani Toure, dit ATT, de quatre salafistes, deux Algériens, un Mauritanien et un Burkinabé emprisonnés à Bamako. Mais ses prétentions seraient, cette fois, jugées inacceptables par l'Elysée. Aqmi exige par des voies indirectes la livraison de terroristes considérés comme non négociables. S'agit-il des assassins des touristes français tués en Mauritanie à la veille de Noel 2007 et condamnés à mort par un tribunal de Nouakchott voici quelques jours ? Ou de terroristes détenus en France?
L'impunité des « katiba »
Un peu à l'écart du groupe, voilà à son tour dans l'objectif du caméraman l'émir Yahia Djouadi, dit Abou Ammar, un téléphone satellitaire Thuraya collé à l'oreille. Le troisième émir a grimpé au sommet d'une dune pour mieux capter la communication. Réunis de manière exceptionnelle pour une raison inconnue, les dirigeants de la branche sahélienne d'Al-Qaida au Maghreb islamique sont presque au complet.
Les groupes se déplacent à un train d'enfer sur des territoires immenses où il est possible de parcourir des centaines de kilomètres sans croiser un uniforme. Ils se ravitaillent en carburant grâce à des réserves enterrées au bord des pistes. Des « »stations d'essence » souterraines que les chauffeurs détectent par GPS.
La région de Kidal, au nord du Mali, est leur fief (voir carte ci-contre). L'enclave est depuis deux ans un grenier à otages. « Cette zone grise est depuis un an hors de contrôle. L'armée malienne n'a pas assez de moyens et certainement pas ceux qui lui permettraient de mener une guerre asymétrique », explique Soumeylou Maïga, ancien ministre malien de la Défense.
Les cibles occidentales d'Aqmi tombent dans les filets tendus par les islamistes souvent loin des bases de repli djihadistes : sur une route perdue mauritanienne ou, comme dans le cas du diplomate canadien Robert Fowley, pendant un pique-nique sur les rives du fleuve Niger non loin de Niamey. Le Sahara devient ainsi dans sa partie la plus « chaude » un terrain de chasse avec, dans le rôle du gibier, des touristes et des humanitaires de petites ONG. Bien que très structurées, les communautés locales ont de plus en plus de mal à résister aux sirènes financières des islamistes. « La livraison d'un Français peut rapporter 100.000 dollars. L'importance des sommes d'argent en jeu a fait exploser les systèmes de protection dont pensaient bénéficier les Européens qui s'aventuraient dans ces zones. Il suffit d'une brebis galeuse pour faire basculer un destin », explique un expert français.
Sur la route des caravanes de sel
Les enlèvements en série sont l'indicateur le plus spectaculaire de la montée en puissance de la branche saharienne d'Aqmi dont le nombre d'opérations est passe de quatre en 2007 à dix neuf en 2009. Implantée principalement dans l'Algérie côtière, la mouvance salafiste a commencé à basculer vers le sud après l'échec de sa stratégie de violence urbaine et d'attentats suicides à Alger. Soumis à la pression des forces de sécurité dans les montagnes de Kabylie, Aqmi essaime dans le désert pour trouver un nouveau souffle. Ses jeunes recrues sont désormais mauritaniennes, libyennes voire nigérianes. Les katiba compteraient aujourd'hui entre 250 et 300 combattants aguerris. Cette internationalisation amplifie les risques d'attaques contre les intérêts occidentaux en Afrique subsaharienne et au-delà.
Les capacités de nuisance d'Aqmi se sont accrues grâce à l'argent des rançons, car chaque libération d'otage s'accompagne d'un volet financier (Sopumeylou Maïga, ancien ministre malien de la défense)
« Les capacités de nuisance d'Aqmi se sont accrues grâce à l'argent des rançons car chaque libération d'otage s'accompagne - qu'il soit rendu public au non - d'un volet financier », affirme Soumeylou Maïga, qui a également longtemps dirigé les services de sécurité maliens. Les salafistes disposeraient, selon lui, d'un butin estimé à plusieurs dizaines de millions de dollars. De quoi alimenter l'organisation en matériel de guerre. De quoi aussi gagner la « bataille des cœurs » auprès de populations abandonnées par le pouvoir central et exercer un pouvoir d'attraction sur une jeunesse saharienne bercée depuis l'enfance par le culte des armes, de la révolte et du commerce illégal.
Les taxes prélevées sur un trafic de drogue en pleine expansion complètent les revenus des katiba. « Il y a une convergence d’intérêts entre les narcotrafiquants et les terroristes. Aqmi sécurise les convois de cocaïne qui traversent clandestinement le Sahara. », constate Soumeylou Maïga. Un avion affrété par un cartel sud-américain a brûlé en novembre avec sa cargaison après un atterrissage raté près de Gao en pleine zone djihadiste », rappelle-t-il.
Le degré d'implication des islamistes dans le trafic reste toutefois sujet à controverses. C'est que les filières s'entremêlent sur les anciennes routes des caravanes de sel sillonnées aujourd'hui par des camions de cigarettes de contrebande, d'armes, d'immigrés clandestins, de haschisch ou de « »poudre blanche ». « Il devient de plus en plus difficile de faire la distinction entre les passeurs de drogue et les islamistes car un jeu complexe d'intérêts s'est mis en place entre les chefs de tribu qui couvrent ces business et Aqmi », confirme Youba, un notable originaire de Tombouctou.
Accusé de laxisme par ses voisins algériens et mauritaniens, le pouvoir malien tente de réagir en lançant des opérations de ratissage. L'an dernier, une trentaine de soldats ont été tués au cours d'accrochages et un colonel qui assurait le contact avec des éléments d'Aqmi a été assassiné chez lui à Tombouctou. Ce lourd tribut n'a guère poussé au zèle Bamako, qui réclame une plus grande coopération entre les Etats de la région. Les dernières «manoeuvres militaires» supervisées par les Etats-Unis ne se sont pas révélées plus efficaces. Débarquées à Bamako, les forces spéciales américaines ont, entre deux exercices de tableau noir, donné en vain des leçons de pilotage pour franchir une embuscade sous le feu ennemi. Les instructeurs avaient simplement négligé un détail : leurs élèves n'avaient pas le permis de conduire.
Al Qaida transforme le Sahara en poudrière (Le Figaro)
Le Figaro – quotidien – mardi 1er juin 2010
Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) s'incruste dans le désert du nord du Mali.
Ce territoire saharien, grand comme la France, est devenu un sanctuaire pour le commerce des otages et le trafic de drogue.
PAR THIERRY OBERLE - ENVOYE SPECIAL A BAMAKO
Cela ressemble à une vidéo amateur de trekking dans le désert. La caméra filme de puissantes Toyota Land cruiser transformées en pick-up. Les véhicules sont embourbés dans une nappe d'eau grossie par une forte averse. Des jeunes gens se roulent en riant dans la mare autour des 4 x 4 pour célébrer la pluie, ce don du ciel.
D'une durée d'une cinquantaine de minutes, ce document inédit, que Le Figaro a pu visionner à Bamako, est, à la différence des vidéos de propagande de l'Aqmi, un témoignage sans mise en scène de la vie quotidienne des katiba, les colonnes djihadistes. Tourné par un membre du groupe à des fins internes, il permet de mesurer le sentiment d'impunité dont bénéficient ces katiba qui ne se cachent ni dans des montagnes ni dans des grottes, mais circulent en toute liberté comme les nomades sur un territoire vaste comme la France.
Sur une autre séquence, les « randonneurs » participent à un concours de saut en hauteur avec en guise de barre à franchir un drap enroulé. Un concurrent en tenue afghane s'élance un fusil-mitrailleur dans les mains, passe en culbute au-dessus de l'obstacle et finit sa course sur les genoux l'arme au poing. Mokhtar Benmokhtar, l'un des chefs historiques de l'insurrection islamiste algérienne, apprécie le spectacle. Voilà enfin au premier plan le visage de cet homme connu seulement par un cliché diffusé par Interpol il y a plus de quinze ans. Son œil gauche est fixe, son front porte une tache sombre, la marque des dévots. Sa peau s'est durcie à force de cogner le sol pendant les prières.
Benmokhtar, le bourlingueur borgne du djihad, s'est taillé une réputation de voyou des sables et de redoutable homme d'affaires. Ses premières participations à des prises d’otages remontent à 2003. Il détient actuellement deux prisonniers espagnols, membres d'une ONG, qu'il entend revendre à bon prix. Bien implanté dans la région de Tombouctou, il a épousé une Malienne pour s'allier à des notables de sang arabe et posséderait, dit-on, des troupeaux de dromadaires. Ses lieutenants ont suivi son exemple dans la vie paramilitaire comme dans la vie civile.
Les enchères montent pour l'otage français
L'émir a une poche cousue au niveau de la poitrine sur son kami, sa robe islamique. C'est la marque de son statut de chef. Elle a été brodée par le couturier de la katiba qui parcourt le Sahara en jouant à saute-mouton sur les frontières de l’Algérie, du Mali, de la Mauritanie et du Niger. Le tailleur est assis devant sa machine à coudre installé dans le sable. On aperçoit aussi dans un travelling l'artificier du groupe, un aveugle à lunettes noires qui a perdu la vue et un bras dans un « accident du travail », Moussa, un enfant-soldat d'une quinzaine d'années et un Arabe à la peau noire qui lit le coran. Vu d'un satellite, le groupe ressemble à n'importe quelle caravane motorisée de bédouins.
Soudain, apparait furtivement à l'écran Abdelhamid Abou Zayed, le responsable du rapt du Français Pierre Camatte, un amoureux du Mali libéré en février après trois mois de captivité et d'intenses tractations entre Paris, Bamako et Alger. Arrêt sur image. Ce petit bonhomme à la barbichette blanche est un dur parmi les durs. Abou Zayed a fait exécuter avec cruauté voici un an le Britannique Edwin Dyer. Londres refusait de céder à ses deux exigences : la libération du Jordanien Abou Qatada, un des grands chefs d'Al-Qaida détenu en Grande- Bretagne et le versement d'une rançon. Depuis le 19 avril, Abou Zayed tient dans ses griffes une nouvelle proie : un touriste français de 78 ans, Michel Germaneau, enlevé au Niger.
Les kidnappeurs ont transmis en mai un enregistrement de l'otage qui adresse une supplique à Nicolas Sarkozy. Michel Germaneau affirme manquer de médicaments pour soigner ses problèmes cardiaques et souffrir de la chaleur. Dans son message, Aqmi réclame un échange de prisonniers et ajoute que plus de détails seront fournis par un négociateur.
Abou Zayed espère rééditer son opération réussie de l'hiver dernier lorsqu'il avait obtenu la remise en liberté par le président malien, Amadou Toumani Toure, dit ATT, de quatre salafistes, deux Algériens, un Mauritanien et un Burkinabé emprisonnés à Bamako. Mais ses prétentions seraient, cette fois, jugées inacceptables par l'Elysée. Aqmi exige par des voies indirectes la livraison de terroristes considérés comme non négociables. S'agit-il des assassins des touristes français tués en Mauritanie à la veille de Noel 2007 et condamnés à mort par un tribunal de Nouakchott voici quelques jours ? Ou de terroristes détenus en France?
L'impunité des « katiba »
Un peu à l'écart du groupe, voilà à son tour dans l'objectif du caméraman l'émir Yahia Djouadi, dit Abou Ammar, un téléphone satellitaire Thuraya collé à l'oreille. Le troisième émir a grimpé au sommet d'une dune pour mieux capter la communication. Réunis de manière exceptionnelle pour une raison inconnue, les dirigeants de la branche sahélienne d'Al-Qaida au Maghreb islamique sont presque au complet.
Les groupes se déplacent à un train d'enfer sur des territoires immenses où il est possible de parcourir des centaines de kilomètres sans croiser un uniforme. Ils se ravitaillent en carburant grâce à des réserves enterrées au bord des pistes. Des « »stations d'essence » souterraines que les chauffeurs détectent par GPS.
La région de Kidal, au nord du Mali, est leur fief (voir carte ci-contre). L'enclave est depuis deux ans un grenier à otages. « Cette zone grise est depuis un an hors de contrôle. L'armée malienne n'a pas assez de moyens et certainement pas ceux qui lui permettraient de mener une guerre asymétrique », explique Soumeylou Maïga, ancien ministre malien de la Défense.
Les cibles occidentales d'Aqmi tombent dans les filets tendus par les islamistes souvent loin des bases de repli djihadistes : sur une route perdue mauritanienne ou, comme dans le cas du diplomate canadien Robert Fowley, pendant un pique-nique sur les rives du fleuve Niger non loin de Niamey. Le Sahara devient ainsi dans sa partie la plus « chaude » un terrain de chasse avec, dans le rôle du gibier, des touristes et des humanitaires de petites ONG. Bien que très structurées, les communautés locales ont de plus en plus de mal à résister aux sirènes financières des islamistes. « La livraison d'un Français peut rapporter 100.000 dollars. L'importance des sommes d'argent en jeu a fait exploser les systèmes de protection dont pensaient bénéficier les Européens qui s'aventuraient dans ces zones. Il suffit d'une brebis galeuse pour faire basculer un destin », explique un expert français.
Sur la route des caravanes de sel
Les enlèvements en série sont l'indicateur le plus spectaculaire de la montée en puissance de la branche saharienne d'Aqmi dont le nombre d'opérations est passe de quatre en 2007 à dix neuf en 2009. Implantée principalement dans l'Algérie côtière, la mouvance salafiste a commencé à basculer vers le sud après l'échec de sa stratégie de violence urbaine et d'attentats suicides à Alger. Soumis à la pression des forces de sécurité dans les montagnes de Kabylie, Aqmi essaime dans le désert pour trouver un nouveau souffle. Ses jeunes recrues sont désormais mauritaniennes, libyennes voire nigérianes. Les katiba compteraient aujourd'hui entre 250 et 300 combattants aguerris. Cette internationalisation amplifie les risques d'attaques contre les intérêts occidentaux en Afrique subsaharienne et au-delà.
Les capacités de nuisance d'Aqmi se sont accrues grâce à l'argent des rançons, car chaque libération d'otage s'accompagne d'un volet financier (Sopumeylou Maïga, ancien ministre malien de la défense)
« Les capacités de nuisance d'Aqmi se sont accrues grâce à l'argent des rançons car chaque libération d'otage s'accompagne - qu'il soit rendu public au non - d'un volet financier », affirme Soumeylou Maïga, qui a également longtemps dirigé les services de sécurité maliens. Les salafistes disposeraient, selon lui, d'un butin estimé à plusieurs dizaines de millions de dollars. De quoi alimenter l'organisation en matériel de guerre. De quoi aussi gagner la « bataille des cœurs » auprès de populations abandonnées par le pouvoir central et exercer un pouvoir d'attraction sur une jeunesse saharienne bercée depuis l'enfance par le culte des armes, de la révolte et du commerce illégal.
Les taxes prélevées sur un trafic de drogue en pleine expansion complètent les revenus des katiba. « Il y a une convergence d’intérêts entre les narcotrafiquants et les terroristes. Aqmi sécurise les convois de cocaïne qui traversent clandestinement le Sahara. », constate Soumeylou Maïga. Un avion affrété par un cartel sud-américain a brûlé en novembre avec sa cargaison après un atterrissage raté près de Gao en pleine zone djihadiste », rappelle-t-il.
Le degré d'implication des islamistes dans le trafic reste toutefois sujet à controverses. C'est que les filières s'entremêlent sur les anciennes routes des caravanes de sel sillonnées aujourd'hui par des camions de cigarettes de contrebande, d'armes, d'immigrés clandestins, de haschisch ou de « »poudre blanche ». « Il devient de plus en plus difficile de faire la distinction entre les passeurs de drogue et les islamistes car un jeu complexe d'intérêts s'est mis en place entre les chefs de tribu qui couvrent ces business et Aqmi », confirme Youba, un notable originaire de Tombouctou.
Accusé de laxisme par ses voisins algériens et mauritaniens, le pouvoir malien tente de réagir en lançant des opérations de ratissage. L'an dernier, une trentaine de soldats ont été tués au cours d'accrochages et un colonel qui assurait le contact avec des éléments d'Aqmi a été assassiné chez lui à Tombouctou. Ce lourd tribut n'a guère poussé au zèle Bamako, qui réclame une plus grande coopération entre les Etats de la région. Les dernières «manoeuvres militaires» supervisées par les Etats-Unis ne se sont pas révélées plus efficaces. Débarquées à Bamako, les forces spéciales américaines ont, entre deux exercices de tableau noir, donné en vain des leçons de pilotage pour franchir une embuscade sous le feu ennemi. Les instructeurs avaient simplement négligé un détail : leurs élèves n'avaient pas le permis de conduire.
mardi 1 juin 2010
Le général Salou Djibo répond aux questions de RFI
mardi 1er juin 2010
Par Christophe Boisvouvier RFI
Pour la première fois depuis le putsch du 18 février au Niger, le général Salou Djibo sort de son pays. Depuis le dimanche 30 mai, il est à Nice, en France pour assister au 25e sommet Afrique-France. Pour la première fois également, l’homme fort du Niger se prête à une interview pour RFI.
RFI : Monsieur le président, bonjour.
Salou Djibo : Bonjour.
RFI : Merci de recevoir RFI. On ne vous a pas beaucoup entendu depuis le 18 février. Tout d’abord, ce 18 février, à midi, qu’est-ce qui vous a décidé à faire cette opération militaire ?
S. D. : Ce n’est pas à midi, c’est à treize heures pour plus de précision. Donc, vous savez très bien que le Niger était dans un moment très difficile. La situation politique était critique. On a décidé de prendre toutes nos responsabilités pour mettre fin à la dérive des institutions qui pouvait nous amener à des désastres. Voilà la raison pour laquelle, on s’est sacrifié, nous les forces de défense et de sécurité.
RFI : Comme vous dites, vous vous êtes sacrifiés et ce qui a frappé beaucoup de gens, c’est qu’au départ, il n’y avait que très peu d’unités de l’armée qui étaient concernées par cette opération ? Vous étiez très peu nombreux ? Est-ce que vous étiez si sûrs que ça de réussir ?
S. D. : Un sacrifice, c’est un sacrifice. On a vendu notre vie pour notre pays. Et tout officier, avant de sortir officier digne d’être officier, prête serment au nom de son pays quoi qu’il puisse lui arriver, donc jusqu’au péril de sa vie. Nous, on a vu que vraiment, ça n’allait plus. On a décidé ce jour-là de sacrifier notre vie. Donc on n’avait pas besoin de contacter toutes les unités pour faire un coup d’Etat.
RFI : Quel est le geste du président Tandja qui vous a décidé ? Est-ce 48 heures avant son intention éventuelle de sortir de la CEDEAO (la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) par exemple ?
S. D. : Ça, je ne peux pas le dire, je ne suis pas politicien. Je suis un militaire pur et dur. Je suis dans ma caserne et donc je ne peux pas savoir ce que lui est en train de faire dans son palais.
RFI : Mais quel est le geste qu’il a fait qui vous a décidé ?
S. D. : Le geste, ça c’est visible, c’est la situation politique qui est venue des négociations avec la CEDEAO, l’Union africaine, l’Union européenne... tout le monde s’y est mis. Ça ne va pas. Si ça ne recule pas, qu’est-ce qu’on fait ? On casse ! Et c’est ça, on a cassé et heureusement, on a bien cassé.
RFI : C’est-à-dire qu’il n’y a pas eu trop de casse, c’est ça ?
S. D. : Il n’y a même pas eu de casse, et il n’y a même pas eu de blessés parmi les membres du gouvernement et le président lui-même.
RFI : Et vous vous êtes décidés la veille, quelques heures avant ?
S. D. : Pour attaquer, on a décidé quinze minutes avant. Moi j’étais en réunion. A midi moins le quart, ils sont rentrés dans mon unité et on a décidé de sortir. Ce jour-là on a décidé de sortir et on est sortis. C’était à 13 heures. C’était un combat de 25 à 30 minutes.
RFI : Donc, vous vous êtes vraiment décidés dans les dernières heures ?
S. D. : On était vraiment décidés. Il n’y avait plus de recul possible.
RFI : Parce qu’il y avait justement un Conseil de ministres donc une occasion peut-être, non ?
S. D. : Non, ce n’est même pas ça, c’était une coïncidence. Le Conseil des ministres ce n’était qu’une coïncidence. C’était une décision déjà prise, ce n’était pas une question de Conseil des ministres sinon le Conseil des ministres nous aurait pris beaucoup de temps. C’est un risque même d’aller en Conseil des ministres pour éviter les casses parce que nous, on n’aime pas faire des casses. On voulait juste restaurer une démocratie. Pour moi, ce n’est pas un coup d’Etat mais c’est une restauration de la démocratie.
RFI : Alors vous parlez de restauration de la démocratie, est-ce que ça veut dire que, comme vous l’avez déjà dit à plusieurs reprises, c’est sûr, c’est définitif : aucun membre du Conseil supérieur pour la restauration de la démocratie ne se présentera à l’élection présidentielle ?
S. D. : Je pense que vous n’avez pas besoin de me reposer la question. On a fait sortir deux ordonnances qui étaient très claires. Et nous, les militaires, nous jurons sur notre honneur. Nous sommes des hommes d’honneur, de parole. Nous sommes des soldats dignes de foi. Ce que nous disons, nous le respectons. Donc il n’y aura pas de candidats ni parmi les membres du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie, ni le Premier ministre, ni les ministres de transition. Ça, c’est clair et net.
RFI : Est-ce que c’est une décision que vous avez imposée à vos compagnons d’armes. Est-ce que certains d’entre vous n’étaient peut-être pas tout à fait d’accord avec ça ?
S. D. : On est tous au même niveau. Personne n’a l’ambition de rester au pouvoir. C’est une situation qui nous a été amenée et on a réglé la situation. C’est tout.
RFI : Alors le Conseil consultatif vous a proposé un calendrier électoral que vous avez accepté grosso modo, c’est ça ? Référendum : fin 2010. Présidentielles : début 2011 ? Est-ce que vous pouvez nous donner quelques précisions ?
S. D. : Moi, je ne suis pas le président de la Céni. La seule chose que je veux dire c’est que la transition, c’est douze mois. Et tout récemment, j’ai nommé le président de la Céni (la Commission électorale indépendante). C’est à eux de dresser leur calendrier pour qu’on puisse savoir à quelle date auront lieu les élections.
RFI : Et à priori, tout sera terminé à la date du 18 février 2011, premier anniversaire de l’opération ?
S. D. : En tout cas moi, j’espère bien que ça sera fini et que à compter du 1er mars comme prévu, nous leur remettons donc le témoin.
RFI : Le 1er mars 2011 ?
S. D. : Le 1er mars 2011 comme prévu.
RFI : Vous ne serez plus chef de l’Etat ?
S. D. : Ça c’est clair et net.
RFI : Qu’est-ce que vous deviendrez ?
S. D. : Je reste à la disposition de mon pays.
RFI : Est-ce que vous pourrez reprendre la vie d’avant. Ce n’est pas possible, vous aurez été chef de l’Etat pendant un an et votre vie a nécessairement changé monsieur le Président ?
S. D. : Non, ma vie n’a pas changé. Je suis toujours militaire. Ça ne me gêne pas, je suis à la disposition de mon pays.
RFI : Quelle est la personne peut-être à laquelle vous pensez quand vous faites cela ? Est-ce que vous avez par exemple en tête l’itinéraire d’Amadou Toumani Touré qui a pris le pouvoir en 1991 et puis qui est parti en 1992. Est-ce que c’est quelque chose à laquelle vous pensez ?
S. D. : Nous, on ne s’appuie pas sur tel ou tel pays. Nous, notre expérience, c’est l’expérience nigérienne. Donc on n’a pas à faire du copier-coller. Nous restons Nigériens, nous vivons Nigérien et nos expériences sont nigériennes.
RFI : Vous pourriez retourner dans votre caserne comme avant, c’est ça ?
S. D. : En tant que général, je ne vais pas être comme accompagné. Mais je l’ai dit et je reste à la disposition de mon pays. Un général ne peut pas être comme une compagne. Voilà (rires).
RFI : Est-ce que d’ici la fin de cette période de transition, un audit va être fait pour assainir la situation ? Et est-ce que des hommes politiques ou des hommes d’affaires vont faire l’objet d’enquêtes et éventuellement d’arrestations ?
S. D. : Pour les audits, je dirais que les audits ont déjà commencé, ça fait deux semaines de cela. Nous, notre objectif, ce n’est pas d’enfermer ou d’emprisonner les hommes politiques ou bien les opérateurs économiques ou bien les fonctionnaires qui ont détourné de l’argent, notre objectif est que ces personnalités-là puissent restituer le bien de l’Etat. Point barre.
RFI : Donc, pas de chasse aux sorcières ?
S. D. : Pas du tout.
RFI : Vous voulez que l’argent rentre en fait.
S. D. : Nous voulons que l’Etat rentre dans ses droits.
RFI : Est-ce que dans la classe politique, tout le monde pourra se présenter ou est-ce qu’il y aura des interdits ?
S. D. : Ce n’est pas à nous de dire, ça c’est la loi nigérienne qui doit déterminer ça. Celui qui remplit les conditions pour être candidat, il est libre de poser sa candidature.
RFI : Y compris, les partisans de l’ancien président Tandja ?
S. D. : On ne fait pas de différence. Nous, on ne reconnait pas ancien ou nouveau. Pour nous Nigérien, égal nigérien. On n’a pas fait cette restauration de la démocratie pour une partie. C’est pour tous les Nigériens.
RFI : Est-ce que vous avez une petite préférence pour cette élection présidentielle ?
S. D. : C’est-à-dire ?
RFI : Est-ce que parmi les partis politiques qui vont soutenir des candidats, il y a un parti dont vous vous sentez plus proche.
S. D. : Moi, je ne suis jamais politicien et je ne connais aucun des chefs de partis politiques. Vous pouvez le confirmer avec eux, je ne connais personne. Donc, nous on est neutre. On est arbitre et un arbitre impartial.
RFI : Que va devenir l’ancien président Tandja Mamadou ?
S. D. : Il est là avec nous. Le peuple nigérien décidera.
RFI : Actuellement, il est toujours emprisonné, voilà trois mois et demi maintenant. Quel est à votre avis le sort qui l’attend dans les mois qui viennent ?
S. D. : Ce sont les Nigériens qui décideront de son sort. Il n’est pas en prison. Il est gardé.
RFI : Donc, c’est la justice, c’est ça ?
S. D. : C’est la justice qui déterminera.
RFI : La justice, c’est-à-dire qu’il va être inculpé formellement ? Qu’est-ce qui va se passer ?
S. D. : J’ai dit, au moment opportun, c’est les Nigériens qui décideront de son sort.
RFI : Une fois la transition terminée ?
S. D. : J’ai dit, ce sont les Nigériens qui décideront de son sort. C’est tout.
RFI : Monsieur le Président, merci.
Par Christophe Boisvouvier RFI
Pour la première fois depuis le putsch du 18 février au Niger, le général Salou Djibo sort de son pays. Depuis le dimanche 30 mai, il est à Nice, en France pour assister au 25e sommet Afrique-France. Pour la première fois également, l’homme fort du Niger se prête à une interview pour RFI.
RFI : Monsieur le président, bonjour.
Salou Djibo : Bonjour.
RFI : Merci de recevoir RFI. On ne vous a pas beaucoup entendu depuis le 18 février. Tout d’abord, ce 18 février, à midi, qu’est-ce qui vous a décidé à faire cette opération militaire ?
S. D. : Ce n’est pas à midi, c’est à treize heures pour plus de précision. Donc, vous savez très bien que le Niger était dans un moment très difficile. La situation politique était critique. On a décidé de prendre toutes nos responsabilités pour mettre fin à la dérive des institutions qui pouvait nous amener à des désastres. Voilà la raison pour laquelle, on s’est sacrifié, nous les forces de défense et de sécurité.
RFI : Comme vous dites, vous vous êtes sacrifiés et ce qui a frappé beaucoup de gens, c’est qu’au départ, il n’y avait que très peu d’unités de l’armée qui étaient concernées par cette opération ? Vous étiez très peu nombreux ? Est-ce que vous étiez si sûrs que ça de réussir ?
S. D. : Un sacrifice, c’est un sacrifice. On a vendu notre vie pour notre pays. Et tout officier, avant de sortir officier digne d’être officier, prête serment au nom de son pays quoi qu’il puisse lui arriver, donc jusqu’au péril de sa vie. Nous, on a vu que vraiment, ça n’allait plus. On a décidé ce jour-là de sacrifier notre vie. Donc on n’avait pas besoin de contacter toutes les unités pour faire un coup d’Etat.
RFI : Quel est le geste du président Tandja qui vous a décidé ? Est-ce 48 heures avant son intention éventuelle de sortir de la CEDEAO (la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) par exemple ?
S. D. : Ça, je ne peux pas le dire, je ne suis pas politicien. Je suis un militaire pur et dur. Je suis dans ma caserne et donc je ne peux pas savoir ce que lui est en train de faire dans son palais.
RFI : Mais quel est le geste qu’il a fait qui vous a décidé ?
S. D. : Le geste, ça c’est visible, c’est la situation politique qui est venue des négociations avec la CEDEAO, l’Union africaine, l’Union européenne... tout le monde s’y est mis. Ça ne va pas. Si ça ne recule pas, qu’est-ce qu’on fait ? On casse ! Et c’est ça, on a cassé et heureusement, on a bien cassé.
RFI : C’est-à-dire qu’il n’y a pas eu trop de casse, c’est ça ?
S. D. : Il n’y a même pas eu de casse, et il n’y a même pas eu de blessés parmi les membres du gouvernement et le président lui-même.
RFI : Et vous vous êtes décidés la veille, quelques heures avant ?
S. D. : Pour attaquer, on a décidé quinze minutes avant. Moi j’étais en réunion. A midi moins le quart, ils sont rentrés dans mon unité et on a décidé de sortir. Ce jour-là on a décidé de sortir et on est sortis. C’était à 13 heures. C’était un combat de 25 à 30 minutes.
RFI : Donc, vous vous êtes vraiment décidés dans les dernières heures ?
S. D. : On était vraiment décidés. Il n’y avait plus de recul possible.
RFI : Parce qu’il y avait justement un Conseil de ministres donc une occasion peut-être, non ?
S. D. : Non, ce n’est même pas ça, c’était une coïncidence. Le Conseil des ministres ce n’était qu’une coïncidence. C’était une décision déjà prise, ce n’était pas une question de Conseil des ministres sinon le Conseil des ministres nous aurait pris beaucoup de temps. C’est un risque même d’aller en Conseil des ministres pour éviter les casses parce que nous, on n’aime pas faire des casses. On voulait juste restaurer une démocratie. Pour moi, ce n’est pas un coup d’Etat mais c’est une restauration de la démocratie.
RFI : Alors vous parlez de restauration de la démocratie, est-ce que ça veut dire que, comme vous l’avez déjà dit à plusieurs reprises, c’est sûr, c’est définitif : aucun membre du Conseil supérieur pour la restauration de la démocratie ne se présentera à l’élection présidentielle ?
S. D. : Je pense que vous n’avez pas besoin de me reposer la question. On a fait sortir deux ordonnances qui étaient très claires. Et nous, les militaires, nous jurons sur notre honneur. Nous sommes des hommes d’honneur, de parole. Nous sommes des soldats dignes de foi. Ce que nous disons, nous le respectons. Donc il n’y aura pas de candidats ni parmi les membres du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie, ni le Premier ministre, ni les ministres de transition. Ça, c’est clair et net.
RFI : Est-ce que c’est une décision que vous avez imposée à vos compagnons d’armes. Est-ce que certains d’entre vous n’étaient peut-être pas tout à fait d’accord avec ça ?
S. D. : On est tous au même niveau. Personne n’a l’ambition de rester au pouvoir. C’est une situation qui nous a été amenée et on a réglé la situation. C’est tout.
RFI : Alors le Conseil consultatif vous a proposé un calendrier électoral que vous avez accepté grosso modo, c’est ça ? Référendum : fin 2010. Présidentielles : début 2011 ? Est-ce que vous pouvez nous donner quelques précisions ?
S. D. : Moi, je ne suis pas le président de la Céni. La seule chose que je veux dire c’est que la transition, c’est douze mois. Et tout récemment, j’ai nommé le président de la Céni (la Commission électorale indépendante). C’est à eux de dresser leur calendrier pour qu’on puisse savoir à quelle date auront lieu les élections.
RFI : Et à priori, tout sera terminé à la date du 18 février 2011, premier anniversaire de l’opération ?
S. D. : En tout cas moi, j’espère bien que ça sera fini et que à compter du 1er mars comme prévu, nous leur remettons donc le témoin.
RFI : Le 1er mars 2011 ?
S. D. : Le 1er mars 2011 comme prévu.
RFI : Vous ne serez plus chef de l’Etat ?
S. D. : Ça c’est clair et net.
RFI : Qu’est-ce que vous deviendrez ?
S. D. : Je reste à la disposition de mon pays.
RFI : Est-ce que vous pourrez reprendre la vie d’avant. Ce n’est pas possible, vous aurez été chef de l’Etat pendant un an et votre vie a nécessairement changé monsieur le Président ?
S. D. : Non, ma vie n’a pas changé. Je suis toujours militaire. Ça ne me gêne pas, je suis à la disposition de mon pays.
RFI : Quelle est la personne peut-être à laquelle vous pensez quand vous faites cela ? Est-ce que vous avez par exemple en tête l’itinéraire d’Amadou Toumani Touré qui a pris le pouvoir en 1991 et puis qui est parti en 1992. Est-ce que c’est quelque chose à laquelle vous pensez ?
S. D. : Nous, on ne s’appuie pas sur tel ou tel pays. Nous, notre expérience, c’est l’expérience nigérienne. Donc on n’a pas à faire du copier-coller. Nous restons Nigériens, nous vivons Nigérien et nos expériences sont nigériennes.
RFI : Vous pourriez retourner dans votre caserne comme avant, c’est ça ?
S. D. : En tant que général, je ne vais pas être comme accompagné. Mais je l’ai dit et je reste à la disposition de mon pays. Un général ne peut pas être comme une compagne. Voilà (rires).
RFI : Est-ce que d’ici la fin de cette période de transition, un audit va être fait pour assainir la situation ? Et est-ce que des hommes politiques ou des hommes d’affaires vont faire l’objet d’enquêtes et éventuellement d’arrestations ?
S. D. : Pour les audits, je dirais que les audits ont déjà commencé, ça fait deux semaines de cela. Nous, notre objectif, ce n’est pas d’enfermer ou d’emprisonner les hommes politiques ou bien les opérateurs économiques ou bien les fonctionnaires qui ont détourné de l’argent, notre objectif est que ces personnalités-là puissent restituer le bien de l’Etat. Point barre.
RFI : Donc, pas de chasse aux sorcières ?
S. D. : Pas du tout.
RFI : Vous voulez que l’argent rentre en fait.
S. D. : Nous voulons que l’Etat rentre dans ses droits.
RFI : Est-ce que dans la classe politique, tout le monde pourra se présenter ou est-ce qu’il y aura des interdits ?
S. D. : Ce n’est pas à nous de dire, ça c’est la loi nigérienne qui doit déterminer ça. Celui qui remplit les conditions pour être candidat, il est libre de poser sa candidature.
RFI : Y compris, les partisans de l’ancien président Tandja ?
S. D. : On ne fait pas de différence. Nous, on ne reconnait pas ancien ou nouveau. Pour nous Nigérien, égal nigérien. On n’a pas fait cette restauration de la démocratie pour une partie. C’est pour tous les Nigériens.
RFI : Est-ce que vous avez une petite préférence pour cette élection présidentielle ?
S. D. : C’est-à-dire ?
RFI : Est-ce que parmi les partis politiques qui vont soutenir des candidats, il y a un parti dont vous vous sentez plus proche.
S. D. : Moi, je ne suis jamais politicien et je ne connais aucun des chefs de partis politiques. Vous pouvez le confirmer avec eux, je ne connais personne. Donc, nous on est neutre. On est arbitre et un arbitre impartial.
RFI : Que va devenir l’ancien président Tandja Mamadou ?
S. D. : Il est là avec nous. Le peuple nigérien décidera.
RFI : Actuellement, il est toujours emprisonné, voilà trois mois et demi maintenant. Quel est à votre avis le sort qui l’attend dans les mois qui viennent ?
S. D. : Ce sont les Nigériens qui décideront de son sort. Il n’est pas en prison. Il est gardé.
RFI : Donc, c’est la justice, c’est ça ?
S. D. : C’est la justice qui déterminera.
RFI : La justice, c’est-à-dire qu’il va être inculpé formellement ? Qu’est-ce qui va se passer ?
S. D. : J’ai dit, au moment opportun, c’est les Nigériens qui décideront de son sort.
RFI : Une fois la transition terminée ?
S. D. : J’ai dit, ce sont les Nigériens qui décideront de son sort. C’est tout.
RFI : Monsieur le Président, merci.
Au Tchad et au Niger, les mères ont la vie dure
Au Tchad et au Niger, les mères ont la vie dure
AFRIK.COM
Deux pays africains, le Tchad et le Niger, figurent en queue du classement des pays où les mères ont la meilleure qualité de vie, écrit lundi Psycho Enfant, qui cite une récente étude de l’ONG Save the children. Selon l’ONG qui a analysé les indicateurs de santé et de bien-être des mères et des enfants de 160 pays, dont 43 développés et 117 en voie de développement , moins de 15% des naissances sont assistés par un agent de santé qualifié au Tchad, un peu moins au Niger. D’où le fort taux de mortalité maternelle dans ces pays. L’ONG incite les dirigeants mondiaux à respecter leur promesse de réduire le nombre d’enfants qui meurent avant leurs 5 ans de causes évitables, écrit Psycho Enfant.
Mardi 1er Juin 2010 - 13:34
AFRIK.COM
Deux pays africains, le Tchad et le Niger, figurent en queue du classement des pays où les mères ont la meilleure qualité de vie, écrit lundi Psycho Enfant, qui cite une récente étude de l’ONG Save the children. Selon l’ONG qui a analysé les indicateurs de santé et de bien-être des mères et des enfants de 160 pays, dont 43 développés et 117 en voie de développement , moins de 15% des naissances sont assistés par un agent de santé qualifié au Tchad, un peu moins au Niger. D’où le fort taux de mortalité maternelle dans ces pays. L’ONG incite les dirigeants mondiaux à respecter leur promesse de réduire le nombre d’enfants qui meurent avant leurs 5 ans de causes évitables, écrit Psycho Enfant.
Mardi 1er Juin 2010 - 13:34
lundi 31 mai 2010
Mali/Tiraillements géopolitiques en pays touareg
Lettre hebdomadaire d’ Informations Stratégiques-19 mai 2010 - n°759
Tiraillements géopolitiques en pays touareg
lundi 31 mai 2010
Selon nos sources au pays Touareg, la situation reste particulièrement précaire dans l’ensemble de la région.
La dernière rencontre de janvier 2010 entre cadres politiques et militaires du Mouvement Touareg a fait ressortir les pistes pour faire revenir la stabilité dans la région : entre autres, le mouvement a sollicité une reprise de dialogue entre l’Etat et les Touaregs dans l’esprit de l’Accord de Paix signé entre les deux parties en 2006.
La partie touarègue a également proposé la mise en place d’un projet de lutte contre les groupes islamistes dans la région (les inviter à retourner dans leur pays d’origine, l’Algérie ou la Mauritanie).
Dans la vision des Touaregs, les autorités maliennes ont montré une fois de plus leur mauvaise volonté en boudant ce projet de réconciliation. L’esprit des autorités maliennes serait ailleurs : chasser les Touaregs de leur espace. Ces derniers utiliseraient aussi cette instabilité non seulement pour vendre armes et minutions aux groupes terroristes d’Al-Quaida au Maghreb islamique (AQMI), mais également pour protéger par des escortes certains convois de drogue, dont les principaux fournisseurs se trouvent dans l’entourage de la présidence de la République malienne et au niveau de l’état major de l’armée du Mali.Cette vision touarègue est-elle légitime et fondée ? Les Touaregs ne profitent-ils pas eux aussi de la situation ? Toujours est-il que la rupture avec le Mali est définitivement consommée.L’expérience et les données recueillies sur le terrain montrent que l’AQMI serait devenu le partenaire privilégié de certains officiers et officiels maliens, n’en déplaise au Quai d’Orsay.
D’après nos sources, les deux principaux chefs terroristes de l’AQMI (Abou Zeid Abdelhamid et Ben Moktar Laouar) ont réceptionné aux mois de novembre 2009, février, avril et le 9 mai 2010, des tonnes de munitions diverses en provenance de l’armée malienne (par l’intermédiaire de réseaux bien établis et bien connus). Ces deux terroristes posséderaient, depuis quelques mois, une quantité non négligeable de petits missiles portatifs. Ils auraient blanchi des sommes importantes (recettes de rançons, trafics de drogue...) en investissements dans les régions de Gao, Mopti et Bamako, par leurs antennes locales et nationales.
Le 21 avril, lors de l’enlèvement du ressortissant Français au nord du Niger, l’armée malienne était censée quadriller les entrées sur son territoire, pour identifier et intercepter les auteurs du rapt. En réalité, l’armée a ouvert une brèche au nord-est, et les patrouilles de l’armée malienne sont parties du 22 au 26 avril vers le sud de la ville de Kidal (à Intibzaz et Tassak, où elles ont inquiété et fouillé les campements d’éleveurs touaregs, asphyxiés par la sécheresse et qui ne reçoivent aucun secours de l’Etat).
Le 23 avril, l’otage français se trouvait déjà en territoire malien dans l’une des bases de l’AQMI située à 60 km à l’est du cercle de Tessalit, où se trouvent un bataillon de l’armée malienne, une brigade de la gendarmerie, une brigade de la douane, une garnison de la garde nationale ; l’armée malienne était parfaitement informée de l’entrée des ravisseurs (issus du groupe terroriste d’Abou zeid Abdelhamid, qui a une base fixe près de la base militaire malienne de Tessalit) au Mali, mais elle n’a fait aucun mouvement dans leur direction.
L’otage a ensuite été transféré en toute tranquillité, au regard de tous, vers un site plus discret, qui serait proche de celui où sont détenus deux humanitaires espagnols. Il semblerait que les autorités françaises se soient lassées depuis la dernière mascarade organisée par Bamako, pour libérer Pierre Camate, d’entrer une seconde fois dans un « coup tordu »...
Les Touaregs originaires de la région de Kidal (Adrar des Iforas) sont donc toujours au cœur du conflit. Il est regrettable que les médias français ne leur apportent pas plus de considération et de crédit.
Tiraillements géopolitiques en pays touareg
lundi 31 mai 2010
Selon nos sources au pays Touareg, la situation reste particulièrement précaire dans l’ensemble de la région.
La dernière rencontre de janvier 2010 entre cadres politiques et militaires du Mouvement Touareg a fait ressortir les pistes pour faire revenir la stabilité dans la région : entre autres, le mouvement a sollicité une reprise de dialogue entre l’Etat et les Touaregs dans l’esprit de l’Accord de Paix signé entre les deux parties en 2006.
La partie touarègue a également proposé la mise en place d’un projet de lutte contre les groupes islamistes dans la région (les inviter à retourner dans leur pays d’origine, l’Algérie ou la Mauritanie).
Dans la vision des Touaregs, les autorités maliennes ont montré une fois de plus leur mauvaise volonté en boudant ce projet de réconciliation. L’esprit des autorités maliennes serait ailleurs : chasser les Touaregs de leur espace. Ces derniers utiliseraient aussi cette instabilité non seulement pour vendre armes et minutions aux groupes terroristes d’Al-Quaida au Maghreb islamique (AQMI), mais également pour protéger par des escortes certains convois de drogue, dont les principaux fournisseurs se trouvent dans l’entourage de la présidence de la République malienne et au niveau de l’état major de l’armée du Mali.Cette vision touarègue est-elle légitime et fondée ? Les Touaregs ne profitent-ils pas eux aussi de la situation ? Toujours est-il que la rupture avec le Mali est définitivement consommée.L’expérience et les données recueillies sur le terrain montrent que l’AQMI serait devenu le partenaire privilégié de certains officiers et officiels maliens, n’en déplaise au Quai d’Orsay.
D’après nos sources, les deux principaux chefs terroristes de l’AQMI (Abou Zeid Abdelhamid et Ben Moktar Laouar) ont réceptionné aux mois de novembre 2009, février, avril et le 9 mai 2010, des tonnes de munitions diverses en provenance de l’armée malienne (par l’intermédiaire de réseaux bien établis et bien connus). Ces deux terroristes posséderaient, depuis quelques mois, une quantité non négligeable de petits missiles portatifs. Ils auraient blanchi des sommes importantes (recettes de rançons, trafics de drogue...) en investissements dans les régions de Gao, Mopti et Bamako, par leurs antennes locales et nationales.
Le 21 avril, lors de l’enlèvement du ressortissant Français au nord du Niger, l’armée malienne était censée quadriller les entrées sur son territoire, pour identifier et intercepter les auteurs du rapt. En réalité, l’armée a ouvert une brèche au nord-est, et les patrouilles de l’armée malienne sont parties du 22 au 26 avril vers le sud de la ville de Kidal (à Intibzaz et Tassak, où elles ont inquiété et fouillé les campements d’éleveurs touaregs, asphyxiés par la sécheresse et qui ne reçoivent aucun secours de l’Etat).
Le 23 avril, l’otage français se trouvait déjà en territoire malien dans l’une des bases de l’AQMI située à 60 km à l’est du cercle de Tessalit, où se trouvent un bataillon de l’armée malienne, une brigade de la gendarmerie, une brigade de la douane, une garnison de la garde nationale ; l’armée malienne était parfaitement informée de l’entrée des ravisseurs (issus du groupe terroriste d’Abou zeid Abdelhamid, qui a une base fixe près de la base militaire malienne de Tessalit) au Mali, mais elle n’a fait aucun mouvement dans leur direction.
L’otage a ensuite été transféré en toute tranquillité, au regard de tous, vers un site plus discret, qui serait proche de celui où sont détenus deux humanitaires espagnols. Il semblerait que les autorités françaises se soient lassées depuis la dernière mascarade organisée par Bamako, pour libérer Pierre Camate, d’entrer une seconde fois dans un « coup tordu »...
Les Touaregs originaires de la région de Kidal (Adrar des Iforas) sont donc toujours au cœur du conflit. Il est regrettable que les médias français ne leur apportent pas plus de considération et de crédit.
Rapport 2009 d’Amnesty international : L’Afrique encore épinglé pour sa "dictature" et son "insécurité"
Paul Mben-22 Septembre, 31/05/2010
Rapport 2009 d’Amnesty international : L’Afrique encore épinglé pour sa "dictature" et son "insécurité"
lundi 31 mai 2010
Le Rapport 2009, resté plusieurs jours sous embargo, a été révélé à la presse malienne, le vendredi 28 mai, au siège d’Amnesty International Mali. Un document de plus de 480 pages qui rassemble des informations sur la situation en matière de droits humains de 157 pays et territoires en 2008.
Selon les explications du Directeur Exécutif d’Amnesty International Mali, Saloum B. Traoré, ledit rapport "dénonce les discriminations et l’insécurité structurelles qui empêchent les progrès dans le domaine législatif de se concrétiser sur le terrain". Selon toujours lui, "le Rapport 2009 révèle un monde où, bien souvent, les États choisissent à leur gré les droits qu’ils sont disposés à défendre et ceux qu’ils préféreraient étouffer".
Et dans cette catégorie, le document que nous nous sommes procurés et que nous avons parcouru, n’épargne pas l’Afrique. "De nombreux autres Africains, ont subi de plein fouet la hausse des prix des denrées alimentaires et des produits de base. Des manifestations ont été organisées et les autorités ont tué…À travers tout le continent, les citoyens ont manifesté contre une situation socioéconomique insupportable et la flambée du coût de la vie. Certaines manifestations ont dégénéré et des biens privés et publics ont été détruits ; de leur côté, les autorités ont souvent fait usage d’une force excessive pour les réprimer. Un grand nombre de personnes qui affirmaient leur droit à un niveau de vie décent et, notamment, leur droit à l’alimentation ont été blessées ou tuées par les forces de sécurité. Des manifestants ont été arbitrairement arrêtés et placés en détention, et certains ont été maltraités ou condamnés à des peines d’emprisonnement à l’issue de procès inéquitables. Dans la plupart des cas, aucune enquête n’a été menée pour identifier les membres des forces de sécurité qui avaient porté atteinte aux droits humains pendant les opérations de maintien de l’ordre liées aux manifestations" relève le rapport.
Côté sécurité, le diagnostic de l’organisation internationale n’est, non plus, tendre : "Les habitants de nombreux pays d’Afrique subissaient les conséquences des conflits armés et de l’insécurité…Dans certains conflits armés particulièrement âpres, les forces gouvernementales et les groupes armés n’ont manifesté aucun respect ni pour la dignité ni pour l’intégrité physique des populations. Les civils étaient très régulièrement pris pour cibles, le viol et d’autres formes de violences sexuelles restaient monnaie courante, des enfants ont bien souvent été enrôlés pour participer aux hostilités et des employés d’organisations humanitaires ont été attaqués. Lorsque des crimes relevant du droit international ont été perpétrés au cours de ces conflits armés, les responsables n’ont quasiment jamais été inquiétés". Le rapport de conclure qu’il existe toujours "un énorme décalage entre les discours des dirigeants africains- qui affirment protéger et respecter les droits humains- et la réalité quotidienne sur le terrain, où les atteintes à ces droits restent la norme…La situation déjà très difficile des populations est aggravée par les carences des États, qui ne leur fournissent pas les services sociaux essentiels, ne garantissent pas le respect de l’état de droit, ne combattent pas la corruption et ne rendent pas de comptes aux citoyens. Alors que les perspectives de l’économie mondiale semblent de plus en plus sombres, l’espoir réside dans la vitalité dont les sociétés civiles du continent ne cessent de faire preuve et dans la détermination des défenseurs des droits humains qui, malgré les risques encourus, sont prêts à remettre en cause des intérêts bien établis".
Mali : Nord, manif, peine de mort…
Dans le chapitre qui concerne notre pays, à la page 286, on note plusieurs points soulevés par le document, dont trois. Il s’agit du conflit au Nord, de la manifestation contre la vie chère et de la loi abolissant la peine de mort. Ainsi, on peut noter que des manifestations pacifiques ont été organisées pour protester contre la hausse du prix des produits de base, ainsi que contre les projets de privatisation de la distribution de l’eau dans le nord-ouest du pays. Dans la région de Kidal, dans le nord-ouest du pays, le conflit a redoublé d’intensité, en particulier en mars et en avril.
Pour ceux qui ne l’ont pas encore découvert, l’ouvrage s’ouvre sur cinq résumés régionaux présentant les tendances et événements essentiels qui ont dominé l’actualité des droits humains dans chaque région en 2008.
La partie principale est une étude de la situation des droits humains, pays par pays, de l’Afghanistan au Zimbabwe. Chaque entrée commence par un résumé de l’état des droits humains dans le pays traité. Elle expose ensuite les préoccupations d’Amnesty International sur un certain nombre de questions, au besoin en citant des cas concrets.
"Le fait qu’un thème ne soit pas abordé pour un pays donné ne signifie pas qu’aucun acte relevant de ce sujet de préoccupation n’y a été commis, pas plus que l’absence d’un pays ou territoire n’implique qu’aucune atteinte aux droits humains n’y a été perpétrée", a précisé Saloum B Traoré, lors de la conférence de presse.
Amnesty International, il faut le rappeler, est un mouvement mondial réunissant des personnes qui œuvrent pour le respect et la protection des droits humains universellement reconnus. La vision d’Amnesty International est celle d’un monde où chacun peut se prévaloir de tous les droits énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans d’autres instruments internationaux relatifs aux droits humains.
Afin de poursuivre cet idéal, Amnesty International mène de front ses missions de recherche et d’action dans le but de prévenir et de faire cesser les graves atteintes aux droits humains, quels qu’ils soient (civils, politiques, sociaux, culturels ou économiques). De la liberté d’expression et d’association à l’intégrité physique et mentale, de la protection contre les discriminations au droit au logement, ces droits sont indivisibles.
Amnesty International est financée essentiellement par ses membres et par les dons de particuliers. Elle ne cherche à obtenir ni n’accepte aucune subvention d’aucun gouvernement pour mener à bien ses recherches et ses campagnes contre les atteintes aux droits humains. Amnesty International est indépendante de tout gouvernement, de toute idéologie politique, de tout intérêt économique et de toute religion.
Amnesty International est un mouvement démocratique. Les principales décisions politiques sont prises par un Conseil international (CI) qui se réunit tous les deux ans et qui est composé de représentants de toutes les sections nationales.
Le CI élit un Comité exécutif international (CEI), chargé de mettre en œuvre ses décisions et dont la composition est la suivante : Soledad García Muñoz (Argentine, vice-présidente), Deborah Smith (Canada anglophone), Imran Riffat (États-Unis, membre coopté), David Stamps (États-Unis, trésorier international), Pietro Antonioli (Italie), Vanushi Rajanayagam Walters (Nouvelle-Zélande), Lilian Gonçalves-Ho Kang You (Pays-Bas), Tjalling J. S. Tiemstra (Pays-Bas, membre coopté), Peter Pack (Royaume-Uni, président), Christine Pamp (Suède) et Levent Korkut (Turquie). Le poste de secrétaire général d’Amnesty International est actuellement occupé par Irene Khan (Bangladesh).
Paul Mben
Rapport 2009 d’Amnesty international : L’Afrique encore épinglé pour sa "dictature" et son "insécurité"
lundi 31 mai 2010
Le Rapport 2009, resté plusieurs jours sous embargo, a été révélé à la presse malienne, le vendredi 28 mai, au siège d’Amnesty International Mali. Un document de plus de 480 pages qui rassemble des informations sur la situation en matière de droits humains de 157 pays et territoires en 2008.
Selon les explications du Directeur Exécutif d’Amnesty International Mali, Saloum B. Traoré, ledit rapport "dénonce les discriminations et l’insécurité structurelles qui empêchent les progrès dans le domaine législatif de se concrétiser sur le terrain". Selon toujours lui, "le Rapport 2009 révèle un monde où, bien souvent, les États choisissent à leur gré les droits qu’ils sont disposés à défendre et ceux qu’ils préféreraient étouffer".
Et dans cette catégorie, le document que nous nous sommes procurés et que nous avons parcouru, n’épargne pas l’Afrique. "De nombreux autres Africains, ont subi de plein fouet la hausse des prix des denrées alimentaires et des produits de base. Des manifestations ont été organisées et les autorités ont tué…À travers tout le continent, les citoyens ont manifesté contre une situation socioéconomique insupportable et la flambée du coût de la vie. Certaines manifestations ont dégénéré et des biens privés et publics ont été détruits ; de leur côté, les autorités ont souvent fait usage d’une force excessive pour les réprimer. Un grand nombre de personnes qui affirmaient leur droit à un niveau de vie décent et, notamment, leur droit à l’alimentation ont été blessées ou tuées par les forces de sécurité. Des manifestants ont été arbitrairement arrêtés et placés en détention, et certains ont été maltraités ou condamnés à des peines d’emprisonnement à l’issue de procès inéquitables. Dans la plupart des cas, aucune enquête n’a été menée pour identifier les membres des forces de sécurité qui avaient porté atteinte aux droits humains pendant les opérations de maintien de l’ordre liées aux manifestations" relève le rapport.
Côté sécurité, le diagnostic de l’organisation internationale n’est, non plus, tendre : "Les habitants de nombreux pays d’Afrique subissaient les conséquences des conflits armés et de l’insécurité…Dans certains conflits armés particulièrement âpres, les forces gouvernementales et les groupes armés n’ont manifesté aucun respect ni pour la dignité ni pour l’intégrité physique des populations. Les civils étaient très régulièrement pris pour cibles, le viol et d’autres formes de violences sexuelles restaient monnaie courante, des enfants ont bien souvent été enrôlés pour participer aux hostilités et des employés d’organisations humanitaires ont été attaqués. Lorsque des crimes relevant du droit international ont été perpétrés au cours de ces conflits armés, les responsables n’ont quasiment jamais été inquiétés". Le rapport de conclure qu’il existe toujours "un énorme décalage entre les discours des dirigeants africains- qui affirment protéger et respecter les droits humains- et la réalité quotidienne sur le terrain, où les atteintes à ces droits restent la norme…La situation déjà très difficile des populations est aggravée par les carences des États, qui ne leur fournissent pas les services sociaux essentiels, ne garantissent pas le respect de l’état de droit, ne combattent pas la corruption et ne rendent pas de comptes aux citoyens. Alors que les perspectives de l’économie mondiale semblent de plus en plus sombres, l’espoir réside dans la vitalité dont les sociétés civiles du continent ne cessent de faire preuve et dans la détermination des défenseurs des droits humains qui, malgré les risques encourus, sont prêts à remettre en cause des intérêts bien établis".
Mali : Nord, manif, peine de mort…
Dans le chapitre qui concerne notre pays, à la page 286, on note plusieurs points soulevés par le document, dont trois. Il s’agit du conflit au Nord, de la manifestation contre la vie chère et de la loi abolissant la peine de mort. Ainsi, on peut noter que des manifestations pacifiques ont été organisées pour protester contre la hausse du prix des produits de base, ainsi que contre les projets de privatisation de la distribution de l’eau dans le nord-ouest du pays. Dans la région de Kidal, dans le nord-ouest du pays, le conflit a redoublé d’intensité, en particulier en mars et en avril.
Pour ceux qui ne l’ont pas encore découvert, l’ouvrage s’ouvre sur cinq résumés régionaux présentant les tendances et événements essentiels qui ont dominé l’actualité des droits humains dans chaque région en 2008.
La partie principale est une étude de la situation des droits humains, pays par pays, de l’Afghanistan au Zimbabwe. Chaque entrée commence par un résumé de l’état des droits humains dans le pays traité. Elle expose ensuite les préoccupations d’Amnesty International sur un certain nombre de questions, au besoin en citant des cas concrets.
"Le fait qu’un thème ne soit pas abordé pour un pays donné ne signifie pas qu’aucun acte relevant de ce sujet de préoccupation n’y a été commis, pas plus que l’absence d’un pays ou territoire n’implique qu’aucune atteinte aux droits humains n’y a été perpétrée", a précisé Saloum B Traoré, lors de la conférence de presse.
Amnesty International, il faut le rappeler, est un mouvement mondial réunissant des personnes qui œuvrent pour le respect et la protection des droits humains universellement reconnus. La vision d’Amnesty International est celle d’un monde où chacun peut se prévaloir de tous les droits énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans d’autres instruments internationaux relatifs aux droits humains.
Afin de poursuivre cet idéal, Amnesty International mène de front ses missions de recherche et d’action dans le but de prévenir et de faire cesser les graves atteintes aux droits humains, quels qu’ils soient (civils, politiques, sociaux, culturels ou économiques). De la liberté d’expression et d’association à l’intégrité physique et mentale, de la protection contre les discriminations au droit au logement, ces droits sont indivisibles.
Amnesty International est financée essentiellement par ses membres et par les dons de particuliers. Elle ne cherche à obtenir ni n’accepte aucune subvention d’aucun gouvernement pour mener à bien ses recherches et ses campagnes contre les atteintes aux droits humains. Amnesty International est indépendante de tout gouvernement, de toute idéologie politique, de tout intérêt économique et de toute religion.
Amnesty International est un mouvement démocratique. Les principales décisions politiques sont prises par un Conseil international (CI) qui se réunit tous les deux ans et qui est composé de représentants de toutes les sections nationales.
Le CI élit un Comité exécutif international (CEI), chargé de mettre en œuvre ses décisions et dont la composition est la suivante : Soledad García Muñoz (Argentine, vice-présidente), Deborah Smith (Canada anglophone), Imran Riffat (États-Unis, membre coopté), David Stamps (États-Unis, trésorier international), Pietro Antonioli (Italie), Vanushi Rajanayagam Walters (Nouvelle-Zélande), Lilian Gonçalves-Ho Kang You (Pays-Bas), Tjalling J. S. Tiemstra (Pays-Bas, membre coopté), Peter Pack (Royaume-Uni, président), Christine Pamp (Suède) et Levent Korkut (Turquie). Le poste de secrétaire général d’Amnesty International est actuellement occupé par Irene Khan (Bangladesh).
Paul Mben
La diva Ouest africaine :Oumou SANGARE du Mali.
Clip de Oumou Sangaré - Sukunyali (Album Seya) 2008. Clip en hommage à l'ethnie Soninké.
dimanche 30 mai 2010
La parenté à plaisanterie au Niger
dimanche 30 mai 2010
La parenté à plaisanterie au Niger
Par Raliou Hamed-Assaleh
RFI
La parenté à plaisanterie est une vieille tradition en Afrique qui consiste à se moquer ou s'insulter entre membres d'une même famille ou entre membres de certaines ethnies. Ces affrontements verbaux sont en réalité des moyens de décrispation sociale. Au Niger, ce système de cousinage à plaisanterie se pratique entre différentes ethnies du pays.
La parenté à plaisanterie au Niger
Par Raliou Hamed-Assaleh
RFI
La parenté à plaisanterie est une vieille tradition en Afrique qui consiste à se moquer ou s'insulter entre membres d'une même famille ou entre membres de certaines ethnies. Ces affrontements verbaux sont en réalité des moyens de décrispation sociale. Au Niger, ce système de cousinage à plaisanterie se pratique entre différentes ethnies du pays.
Les journalistes nigériens se dotent d’un Code d’éthique et de déontologie
Illa Kane-President -TamTamInfo-30-05-10
Les journalistes nigériens se dotent d’un Code d’éthique et de déontologie
dimanche 30 mai 2010
A l’issue d’une Assemblée générale convoquée par l’Observatoire Nigérien Indépendant des Média pour l’Ethique et la Déontologie (ONIMED), le samedi 29 Mai dernier, les journalistes nigériens se sont dotés d’un nouveau Code d’éthique et de déontologie, qui remplace ainsi la Chartes des journalistes professionnels de 1997. Le nouveau Code adopté samedi dernier servira de base de travail à l’ONIMED dans sa mission de l’autorégulation de la presse au Niger. Il faut rappeler que l’ONIMED lui-même a été mis en place le 5 Mai dernier, conformément à une recommandation des Etats généraux de la presse qui sont tenus du 29 au 31 mars 2010 à Niamey. Au cours de cette rencontre, un texte sur la dépénalisation des délits commis par voie Code d’éthique et de déontologie des Journalistes nigériens
Préambule
Le respect de la vérité et le droit du public à l’information sont les principes fondamentaux du journalisme. Pour promouvoir et consolider les principes régissant l’exercice de la profession, tout journaliste est tenu de se soumettre à un certain nombre de devoirs.
Cependant, le respect desdits principes confère aussi au journaliste certains droits dont la jouissance est conditionnée par l’existence d’une presse libre, crédible et plurielle, pouvant assumer pleinement sa fonction de « gardienne » de la démocratie, mais aussi par des conditions de vie et de travail adéquates.
Résolument déterminés à respecter tous les devoirs que leur impose leur profession et à jouir des droits que leur mission leur confère, les journalistes nigériens adoptent ce code d’éthique et de déontologie en vue de promouvoir les principes et normes du journalisme professionnel au Niger.
A. Devoirs des Journalistes
Dans son travail permanent de collecte, de traitement et de diffusion de l’information, le journaliste doit :
Défendre la liberté de l’information, du commentaire et de la critique ;
Respecter la vérité, quelles que soient ses conséquences pour lui-même et ce, en raison du droit sacré du public à l’information ;
Publier ou diffuser seulement des informations justes, vérifiables et équilibrées, c’est-à-dire sourcées et au cas contraire, les accompagner des réserves nécessaires ;
Respecter obligatoirement le principe de la sacralité de la vie humaine et la vie privée des personnes ;
Rectifier toute information publiée ou diffusée qui se révèle inexacte ;
Respecter le secret professionnel et s’interdire de divulguer sa source d’information ;
S’interdire le plagiat, la calomnie, la diffamation et toute autre accusation sans fondement ; - Refuser toute forme de corruption pour la publication ou la suppression d’une information ;
Refuser toute pression ou directive rédactionnelle n’émanant pas des responsables de la rédaction des organes de média pour lesquels il travaille ;
Cultiver l’esprit de la confraternité dans la collecte et la diffusion de l’information, notamment en s’interdisant de participer directement ou indirectement à toute action visant à nuire à un confrère ou à une entreprise de presse. Tout journaliste professionnel se fait le devoir d’observer strictement les principes énoncés ci-dessus et de n’accepter, en matière d’honneur professionnel, que la juridiction de ses pairs, à l’exclusion de toute ingérence gouvernementale ou autre.
B. Des droits
Dans le cadre de l’exercice de sa profession, le journaliste a droit :
Au libre accès à toutes les sources d’information et à enquêter librement sur tous les faits relatifs à la vie publique. Le secret des affaires publiques ou privées ne peut en ce cas lui être opposé que par exception et en vertu de motifs exprimés et bien fondés ;
De refuser toute subordination qui serait contraire à la ligne générale de l’organe d’information pour lequel il travaille, telle qu’elle est déterminée par écrit dans son contrat d’engagement ;
Au respect de sa conviction et de sa conscience ;
D’invoquer la clause de conscience, lorsque qu’il ne se retrouve plus dans la ligne éditoriale de l’organe qui l’emploie.
A être informé sur toute décision importante de nature à affecter la vie de l’entreprise qui l’emploie. Il doit être au moins consulté avant toute décision définitive, sur toute mesure intéressant la composition de sa rédaction : embauche, licenciement, mutation et promotion de journaliste ;
Aux bénéfices des conventions collectives, mais aussi à un contrat personnel assurant la sécurité matérielle et morale de son travail ainsi qu’à une rémunération correspondant au rôle social, qui est le sien, et suffisante pour garantir son indépendance économique.
Les journalistes nigériens se dotent d’un Code d’éthique et de déontologie
dimanche 30 mai 2010
A l’issue d’une Assemblée générale convoquée par l’Observatoire Nigérien Indépendant des Média pour l’Ethique et la Déontologie (ONIMED), le samedi 29 Mai dernier, les journalistes nigériens se sont dotés d’un nouveau Code d’éthique et de déontologie, qui remplace ainsi la Chartes des journalistes professionnels de 1997. Le nouveau Code adopté samedi dernier servira de base de travail à l’ONIMED dans sa mission de l’autorégulation de la presse au Niger. Il faut rappeler que l’ONIMED lui-même a été mis en place le 5 Mai dernier, conformément à une recommandation des Etats généraux de la presse qui sont tenus du 29 au 31 mars 2010 à Niamey. Au cours de cette rencontre, un texte sur la dépénalisation des délits commis par voie Code d’éthique et de déontologie des Journalistes nigériens
Préambule
Le respect de la vérité et le droit du public à l’information sont les principes fondamentaux du journalisme. Pour promouvoir et consolider les principes régissant l’exercice de la profession, tout journaliste est tenu de se soumettre à un certain nombre de devoirs.
Cependant, le respect desdits principes confère aussi au journaliste certains droits dont la jouissance est conditionnée par l’existence d’une presse libre, crédible et plurielle, pouvant assumer pleinement sa fonction de « gardienne » de la démocratie, mais aussi par des conditions de vie et de travail adéquates.
Résolument déterminés à respecter tous les devoirs que leur impose leur profession et à jouir des droits que leur mission leur confère, les journalistes nigériens adoptent ce code d’éthique et de déontologie en vue de promouvoir les principes et normes du journalisme professionnel au Niger.
A. Devoirs des Journalistes
Dans son travail permanent de collecte, de traitement et de diffusion de l’information, le journaliste doit :
Défendre la liberté de l’information, du commentaire et de la critique ;
Respecter la vérité, quelles que soient ses conséquences pour lui-même et ce, en raison du droit sacré du public à l’information ;
Publier ou diffuser seulement des informations justes, vérifiables et équilibrées, c’est-à-dire sourcées et au cas contraire, les accompagner des réserves nécessaires ;
Respecter obligatoirement le principe de la sacralité de la vie humaine et la vie privée des personnes ;
Rectifier toute information publiée ou diffusée qui se révèle inexacte ;
Respecter le secret professionnel et s’interdire de divulguer sa source d’information ;
S’interdire le plagiat, la calomnie, la diffamation et toute autre accusation sans fondement ; - Refuser toute forme de corruption pour la publication ou la suppression d’une information ;
Refuser toute pression ou directive rédactionnelle n’émanant pas des responsables de la rédaction des organes de média pour lesquels il travaille ;
Cultiver l’esprit de la confraternité dans la collecte et la diffusion de l’information, notamment en s’interdisant de participer directement ou indirectement à toute action visant à nuire à un confrère ou à une entreprise de presse. Tout journaliste professionnel se fait le devoir d’observer strictement les principes énoncés ci-dessus et de n’accepter, en matière d’honneur professionnel, que la juridiction de ses pairs, à l’exclusion de toute ingérence gouvernementale ou autre.
B. Des droits
Dans le cadre de l’exercice de sa profession, le journaliste a droit :
Au libre accès à toutes les sources d’information et à enquêter librement sur tous les faits relatifs à la vie publique. Le secret des affaires publiques ou privées ne peut en ce cas lui être opposé que par exception et en vertu de motifs exprimés et bien fondés ;
De refuser toute subordination qui serait contraire à la ligne générale de l’organe d’information pour lequel il travaille, telle qu’elle est déterminée par écrit dans son contrat d’engagement ;
Au respect de sa conviction et de sa conscience ;
D’invoquer la clause de conscience, lorsque qu’il ne se retrouve plus dans la ligne éditoriale de l’organe qui l’emploie.
A être informé sur toute décision importante de nature à affecter la vie de l’entreprise qui l’emploie. Il doit être au moins consulté avant toute décision définitive, sur toute mesure intéressant la composition de sa rédaction : embauche, licenciement, mutation et promotion de journaliste ;
Aux bénéfices des conventions collectives, mais aussi à un contrat personnel assurant la sécurité matérielle et morale de son travail ainsi qu’à une rémunération correspondant au rôle social, qui est le sien, et suffisante pour garantir son indépendance économique.
Les Touareg veulent des Etats fédéraux au Mali et au Niger
http://www.lequotidienalgerie.org-30-05-10
Les Touareg veulent des Etats fédéraux au Mali et au Niger
dimanche 30 mai 2010
La presse algérienne révèle que « Les circuits du Tassili du Hoggar sont interdits aux agences de tourisme de Tamanrasset… les services de sécurité ont reconduit manu militari des touristes et leurs accompagnateurs… Des touristes en bivouac ont été carrément embarqués à bord d’hélicoptère, débarqués à Tamanrasset, et abandonnés sans aucune explication. » (1)
En réalité, un vent de panique s’est emparé des autorités après une interception de communication de téléphones satellitaires concernant une « commande de kidnapping ».
Ce qui devait arriver arriva. La persistance d’une insécurité chronique généralisée au Sahel a fini par remonter de nouveau au Sahara qui a déjà connu le retentissant épisode de février 2003 où 32 touristes avaient été enlevés entre Djanet et Illizi.
Comme on le craignait, le paiement de rançons a suscité toutes les convoitises et poussé à la tentation des chauffeurs guides des agences de voyages, qui avaient pour mission de livrer quelques touristes, contre de fortes sommes d’argent. Plusieurs arrestations ont suivi cette alerte.
L’engrenage qui risque de s’emballer est prévisible : l’insécurité va remonter encore plus au nord vers les zones pétrolières et poussera les autorités à militariser davantage tout le Sud algérien. Les Sahara mauritanien, marocain, tunisien et libyen ne seront pas non plus épargnés par ces nouveaux « rezzous », comme ce fut déjà le cas avec le kidnapping d’un couple d’autrichiens en Tunisie en février 2008, et d’espagnols en Mauritanie en novembre 2009.
Cette grave atteinte à l’activité économique prometteuse du tourisme saharien sonne comme un « sabotage caractérisé » du tout récent activisme algérien qui a provoqué en ce début d’année 2010 plusieurs réunions de coordination des états-majors diplomatiques, militaires et du renseignement, pour combattre le terrorisme et s’opposer à toute intervention étrangère.
C’est aussi une conséquence directe de la mauvaise perception et gestion politico-militaire du problème Touareg, qui dure depuis l’indépendance des Etats africains. L’invention récente du terrorisme d’Al Qaïda est utilisée comme un arbre qui cache la forêt de la rébellion touarègue qui n’a jamais cessé depuis le début du siècle contre le colonisateur et s’est poursuivie après les indépendances à cause d’un tracé frontalier arbitraire et contre nature. Encore un autre héritage colonial empoisonné.
Le message lancé continuellement par les Touaregs est pourtant simple. Comme le dit l’adage populaire : « nalâab ouala nahsad » (Soit je joue, soit je ne vous laisserai jamais jouer). Tant que le problème touareg ne sera pas résolu, aucun espace sahélo-saharien ne connaîtra la paix, la sécurité et la prospérité.
Pour éviter le pire, en tant que pays central et leader du Sahara, l’Algérie doit remettre les compteurs géopolitiques de la région à zéro, opérer un changement radical de la gestion du problème Touareg, et reconstruire ses relations avec tous les pays voisins du Maghreb et du Sahel sur de nouvelles fondations.
La géopolitique des populations du Sahel
Le Sahel est la bande semi désertique prolongeant le Sahara des cinq pays d’Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte) aux cinq Etats subsahariens : Mauritanie, Mali, Niger, Tchad, Soudan. Ces pays du Sahel, créés de toutes pièces par la décolonisation sont considérés, en droit international, comme des États, mais n’ont jamais été des Nations.
Cet ensemble de cinq pays ne compte que 80 millions d’habitants en 2008 sur un espace de 7,323 millions de km2, soit moins de 11 habitants/km2. Cette densité est trois fois inférieure à la moyenne de l’Afrique (32 hab/km2), et cinq fois inférieure à la moyenne du Monde (49 hab/km2). Ce peuplement est encore très inégal selon l’occupation territoriale, avec une dominante du nomadisme, allant jusqu’à moins d’un hab/km2. (2)
De telles configurations de peuplement et de surfaces désertiques expliquent les difficultés de souveraineté et de gouvernance sur ces vastes territoires. Aucun des cinq Etats n’a ni la volonté, ni les moyens budgétaires et logistiques d’y déployer un maillage territorial permettant d’exercer l’administration et la sécurité. Il est donc inévitable que des groupes locaux ethniques, « héritiers légitimes » de leurs territoires, en prennent le contrôle, et se rebellent contre le pouvoir central.
L’exemple le plus significatif est celui du Mali. On distingue 23 ethnies réparties en cinq principaux groupes : mandingue (Bambara, Soninké, Malinké, Bozo), pulsar (Peul, Toucouleur), voltaïque (Bobo, Sénoufo, Minianka), saharien (Maure, Touareg) et Songhaï. Les 9/10 de la population, noirs sédentaires, se concentrent dans le sud du pays, le Mali utile en termes de potentialités agricoles. Mais deux tiers du territoire malien sont revendiqués par les Touaregs qui n’ont jamais accepté le pouvoir noir de Bamako.
Le Niger est un territoire tripolaire composé à l’ouest des Djerma-Shongaï, 22% de la population, au centre et à l’est des Haoussas, 56%, et au nord des Touaregs, environ 10% qui revendiquent les trois quart du territoire. Comme au Mali, la rébellion permanente des Touaregs atteste de la fragilité chronique de l’État nigérien.
Du caractère transfrontalier de nombreuses ethnies, à l’exemple de l’ethnie zaghawae transfrontalière entre le Tchad et le Soudan, il en résulte que les territoires des pays voisins sont utilisés comme lieux de replis lors des conflits. Ainsi, le Soudan a-t-il servi de lieu de repli pour des groupes rebelles du Tchad, comme le Tchad l’est pour des groupes du Soudan. Le Sahara algérien et libyen est utilisé comme lieu de repli par les rebelles touaregs du Niger et du Mali, qui considèrent aussi ces régions comme leur espace vital.
Avant la colonisation, il existait des frontières naturelles entre les populations blanches d’Afrique du Nord et les royaumes noirs sub-sahariens. Elles s’étendaient des fleuves Sénégal et Niger jusqu’au Lac Tchad. Le dogme intangible des frontières coloniales a bouleversé profondément les équilibres géo-démographiques du Sahel.
La réunion de l’OUA d’Addis Abeba en Mai 1963 et la conférence des chefs d’Etat du Caire en juillet 1964 ont entériné le statu quo des frontières issues de l’époque coloniale. En fait, ces frontières se substituèrent aux limites administratives établies par la France, lors de la création de l’Organisation Commune des Régions Sahariennes (OCRS), le 10 janvier 1957. (3)
« L’esprit qui a présidé à l’élaboration de l’OCRS dévoile une conception ethnique du territoire dont un des objectifs était de créer une barrière politique définissant une « chasse gardée française » susceptible d’éviter des contacts entre une Algérie qui avait engagé une guerre pour acquérir son indépendance et une Afrique noire traversée par l’opinion des leaders indépendantistes… Cette barrière ethnico-politique pouvait se dresser en jouant sur une série d’oppositions classiques telles que nomades et sédentaires, Touaregs/Arabes, Touaregs/populations noires et bien sûr Blancs/Noirs. À l’évidence, cette conception ethnico-territoriale, voire cette « arme ethnique » utilisée par les services français, ne pouvait qu’exacerber les relations interethniques déjà tendues. » (4)
La mystification coloniale du problème touareg
La France coloniale présente en Afrique noire, notamment au Sénégal depuis le 17è siècle, et en Afrique du Nord depuis l’invasion de l’Algérie en 1830, voulait faire la jonction de son empire colonial entre le Nord et le Sud, mais s’était heurtée à ces populations mystérieuses de nomades du Sahara surgissant de nulle part.
Après plusieurs missions de géographes explorateurs comme Henry Duveyrier (1840-1892), une première incursion militaire menée par le colonel Paul Flatters en 1881 dans le Hoggar fut massacrée par les Touaregs.
Il a ensuite fallu attendre 1902 et la fameuse bataille de Tit pour entamer le début de la conquête du Sahara. Les livres d’histoire citent souvent cette « glorieuse victoire de l’armée française », en prenant bien soin d’occulter qu’il n’y avait en fait qu’un seul français dans cette expédition, le lieutenant Cottenest alors que la centaine de combattants étaient tous des algériens Chaâmbas de la région de Ouargla, rivaux héréditaires des touaregs dans les rezzous. Ce fut le début d’une abondante littérature de mystification coloniale qui a toujours fait croire à une supériorité militaire française, une pacification du Sahara et à la soumission des Touaregs devenus « amis des français ».
Pourtant, le Comte Henry-Marie de la Croix de Castries, explorateur et historien de l’Afrique du Nord où il fut affecté en 1873 aux Affaires indigènes, avouait son admiration de « la vie de ces grands chefs bédouins, si proche de celles des temps bibliques. Ce jeune lieutenant se sentait tout pénétré d’inspirations orientales « qui de cette vie arabe lui causa l’impression la plus profonde et la plus durable, de la foi sereine, active et méritoire de ces musulmans convaincus. »
Il relatait aussi la sévère leçon d’humilité que lui donnait l’exemple de ses cavaliers d’escorte, mettant pied à terre pour prier Dieu. « Je m’éloignai ; j’aurais voulu rentrer sous terre ! Je voyais les amples burnous s’incliner à la fois dans un geste superbe aux prostrations rituelles ; j’entendais l’invocation : Allahou Akbar ! Dieu est le plus grand ! Et cet attribut de la divinité prenait dans mon esprit un sens que toutes les démonstrations métaphysiques des théodicées n’avaient jamais réussi à lui donner. J’étais en proie à un malaise indicible, fait de honte et de colère. Je sentais que dans ce moment de prière, ces cavaliers arabes, si serviles tout à l’heure, avaient conscience qu’ils reprenaient sur moi leur supériorité. » (5)
Le Sahara, présenté par les colons comme une frontière déserte infranchissable a en fait toujours été une zone peuplée, reliée par des pistes, des points d’eau et des oasis. Le chameau y était présent depuis l’Antiquité et les traces des nomades transsahariens remontent aux peintures rupestres. Les populations des rives nord et sud du Sahara n’ont jamais été séparées.
« L’installation du père De Foucauld à Tamanrasset ne relève pas seulement d’un souci mystique de solitude, mais de raisons proprement patriotiques et militaires. Le massif montagneux du Hoggar est le centre géographique de la vaste zone désertique qui s’étend du versant sud de l’Atlas, au nord, jusqu’aux bassins du Niger et du Tchad au sud, et de l’océan Atlantique à l’ouest ; jusqu’à la Tripolitaine à l’est. Cette forteresse est au carrefour des pistes qui mènent aux ports méditerranéens l’or, l’ivoire, les esclaves importés d’Afrique noire. Les agiles Touaregs du Hoggar fondaient à l’improviste sur les lourds convois chargés de marchandises ou se faisaient grassement payer pour les protéger ». (6)
Les cités touarègues de la boucle du fleuve Niger (Tombouctou, Gao, Agadez, Tahoua) ont été reliées depuis plusieurs siècles aux cités du grand Maghreb (Marrakech, Fez, Tlemcen, Tihert, Cirta, Ouargla, Biskra, Kairouan,…). Chaque année, les pèlerins transitaient par ces villes pour leur voyage à La Mecque, en passant par la Tripolitaine, le Fezzan, le Tibesti et l’Egypte. Au XVe siècle, la ville mythique Tombouctou comptait environ 100.000 habitants (30.000 aujourd’hui), dont 25.000 étudiants qui fréquentaient la célèbre université.
Une délégation touareg qui rencontra à Biskra le général de la Roque en 1890, lui confirmera l’étendue de leur territoire : « Partout où nous allons nous nous heurtons à vous… du Sud tunisien aux portes de Ghadamès,…au Nezfaoua et dans le Sahara jusqu’à Figuig, nous vous trouvons partout ; avec vous ces contrées là nous sont fermées et nous sommes comme murés chez nous. » (6) En cette fin de siècle, les Kel Ahagar et Kel Ajjer se retrouvent encerclés, privés de leurs débouchés au Sud comme au Nord.
Occultant et bafouant l’histoire millénaire des populations sahariennes, la France a tenté d’imposer au Sahara le triptyque colonial des 3 C défini par David Livingstone : Civilisation, Christianisme, Commerce. Mais malgré tous leurs efforts, Charles de Foucauld et les missionnaires chrétiens n’ont jamais réussi à évangéliser, ni franciser un seul homme bleu.
Dans sa lettre du 29 Mai 1909 à Henry de Castries, Foucauld écrivait avec un étrange mélange de naïveté et de mépris : « Je vais reprendre mon travail quotidien : apprivoisement des Touaregs, des Indigènes de toute race, en tâchant de leur donner un commencement d’éducation intellectuelle et morale… Tout cela pour amener, Dieu sait quand, peut-être dans des siècles, au christianisme. Tous les esprits sont faits pour la vérité, mais pour les Musulmans, c’est affaire de très longue haleine. » (5)
Même le tamasheq restera la langue dominante, tenant tête au français. Et à ce jour les pistes commerciales ancestrales restent toujours contrôlées par les touaregs.
La stratégie coloniale de diviser pour régner a complètement perturbé la perception géopolitique du problème touareg. En réalité, ce terme, devenu générique, englobe l’ensemble des tribus du Sahara et du Sahel qui parlent le tamasheq, de la même façon qu’on désigne par le terme arabe tous ceux qui parlent la langue arabe. Au fil des siècles et du nomadisme, le métissage tribal et l’assimilation culturelle ne permettent plus de distinguer touaregs et arabes, comme on le fait encore à tort entre les populations amazighophones et les berbères arabisés au Maghreb. Les Kountas, Berraber, Berrabich, Zenaga, Iguellad, Ansar, Chorfa, etc… d’origine arabo-berbères, qui nomadisaient des confins désertiques maghrébins jusqu’à Zinder, se sont au fil des siècles complètement fondus dans la culture touareg du désert (langue, mœurs, traditions, habillement, coutumes sociales et juridiques,…). Ils forment en réalité un seul peuple vivant en symbiose. (7)
Depuis les indépendances, on constate une sédentarisation forcée des touaregs en Algérie et Libye, une marginalisation au Niger et une discrimination au Mali avec une seule alternative : l’exil ou les armes. Pourtant, rien au Sahara ni au Sahel ne peut se faire sans le consentement de ces chevaliers du désert.
Les frontières sahélo-sahariennes « géométriques » entre les 10 Etats, en plein désert, ont-elles un sens ? Elles ne sont qu’un fait accompli colonial, une contrainte exogène absurde, artificielle, handicapante. Le droit occidental colonial a imposé une « territorialité » en contradiction avec la nature de l’immensité de l’espace saharien et du mode vital et économique nomade et pastoral. Chez les populations nomades, la géographie politico-économique est mouvante selon la pluviométrie, les rapports de force tribaux et la liberté immuable de circuler. L’idée même d’une frontière fixe est un concept inexistant chez les peuples sahariens. En définitive, personne au Sahara n’a jamais considéré ces frontières théoriques et fictives. Ni les puissances coloniales, ni les Etats indépendants, ni les populations… ni les « nouveaux terroristes » (8)
Le problème touareg renvoie à la complexité géographique de l’espace saharien, aux enjeux humains et économiques du nomadisme. Il pousse à s’interroger sur une nouvelle perception du principe de souveraineté partagé sur des déserts. Comme il est hors de question de marginaliser ou d’exterminer les Touaregs, comme le furent tragiquement les Indiens d’Amérique, la question fondamentale est celle de définir leur intégration et leur rôle dans cet immense espace saharien partagé entre ces 10 Etats. Cette problématique dépasse largement le cadre défini par les Accords de Tamanrasset en 1991 et d’Alger en 2006, qui n’ont en fait jamais été appliqués.
Le morcellement de l’espace touareg voulu par le colonisateur et perpétué par les Etats indépendants doit être abandonné au profit d’une intégration civilisationnelle, géographique, linguistique de cet espace selon un double système d’Etats fédéraux et de zones franches. Des personnalités africaines ont déjà prôné une « déconstruction » de cet héritage colonial des « cadres territoriaux existants, par la remise en question des frontières convenues et la création simultanée d’espaces mouvants ».
Les Touaregs veulent des Etats fédéraux
Dès les indépendances de 1960, après la création de l’OCRS, une alliance s’était nouée au Mali pour soutenir une partition territoriale du « Soudan français », afin d’éviter d’être gouvernés par des pouvoirs noirs.
Une des figures emblématiques de cette résistance au fait accompli colonial était Mohamed Ali ag At-Tahar (1904-1994), Aménokal des Kel Antessar. Il ressemblait en tous points à son père At-Tahar ag Al Mahdi, né vers 1868 et devenu Aménokal en 1914, que décrit de fort belle manière Paul Marty : « At Tahar est le type du grand, vigoureux et beau Targui. D’une magnifique prestance, d’une dignité souveraine, il fait le plus bel effet. Intelligent ouvert, sympathique, c’est un assez bon lettré arabe, encore qu’il soit beaucoup plus guerrier que taleb. » (7)
At-Tahar adopta une attitude pleine d’ambiguïté et de diplomatie avec les colonisateurs dans la région de Tombouctou. Ni soumis, ni rebelle, il avait pour souci de protéger sa tribu par une cohabitation et une collaboration tactique avec l’autorité coloniale. Il agissait comme Moussa Ag Amestane, Aménokal des Kel Ahaggar qui avait toujours fait planer cette confusion subtile entre soumission et alliance avec l’ordre colonial qui exaspérait le général Laperrine : « il s’agissait de remettre au point la soumission de Moussa faite à In Salah et de bien établir que c’était une soumission et non une alliance. Il fallait faire accepter par les tribus un léger impôt qui fut une marque tangible de cette soumission. » (Laperrine, 1913) (9)
Laperrine et ses adjoints avaient mis au point cette politique subtile d’affrontement avec les Touaregs : « Le Touareg obéira à la force ; il y obéira comme l’Arabe, d’une façon parfaite, mais seulement quand il aura constaté qu’il ne peut faire autrement. Il faut donc lui prouver, lui montrer notre force. » (9)
Mohamed Ali ag At-Tahar grandit dans la lignée des révolutionnaires indépendantistes africains. Rebelle à l’autorité coloniale, il finit par léguer le Tabbel d’Aménokal à son frère, Mohamed Al Mahdi, né en 1923 et toujours en exercice à Bamako.
Mohamed Ali s’exila dès 1952 en Arabie Saoudite chez le roi Fayçal avec toute sa famille et ses domestiques. Puis il s’installa en Egypte chez Nasser qui lui offrit une épouse égyptienne. C’est au Caire qu’il se fit connaître de tous les révolutionnaires africains et arabes, notamment des leaders du FLN. Ensuite, il partit en Libye chez le roi Idriss, avant de s’installer au Maroc en 1960 chez le roi Mohamed V qu’il avait déjà rencontré en 1955 à son retour d’exil.
Alors qu’il était royalement reconnu et respecté, la puissance coloniale craignait que Mohamed Ali fédère toutes les tribus dans un « royaume touareg », et remette en cause la stratégie « d’indépendance dans l’interdépendance » conçue et mise en œuvre par les gaullistes et leurs réseaux de supplétifs de l’Armée Coloniale d’Afrique.
La proposition d’un Etat fédéral touareg au Sahara ayant été rejetée par la France, les Touaregs commencèrent à s’armer et se révolter dès 1961, moins d’un an après l’indépendance du Mali et du Niger. Une première insurrection eut lieu fin 1962, contre le gouvernement de Bamako de Modibo Keita. Les Touaregs n’eurent comme réponse qu’une sévère répression qui décima les tribus des Adrar des Iforas, d’où avait été lancé le mouvement.
Le tournant historique s’est joué en 1963 lorsque Modibo Keita réussit un coup de maître en poussant les duo algérien, Ben Bella-Boumediene, et marocain Hassan II-Oufkir à trahir les touaregs. Le 29 octobre 1963, Modibo joue un rôle d’arbitre dans la sortie du conflit frontalier de la « guerre des sables » qui opposait le Maroc à l’Algérie. Il réunit à Bamako Hassan II et Ben Bella en présence du négus Haïlé Sélassié d’Éthiopie et obtient des belligérants un cessez-le-feu immédiat.
En échange de sa médiation, et « sous la menace d’une généralisation des conflits frontaliers en Afrique », il demande et obtient l’arrestation et l’extradition des leaders touaregs exilés en Algérie et au Maroc.
C’est ainsi que Mohamed Ali Ag At Tahar est arrêté en 1963 par le général Mohamed Oufkir sur ordre du roi et livré au Mali qui le maintiendra en détention durant 12 ans, jusqu’à sa libération en 1975 par Moussa Traoré. Brisé, il retourna en exil au Maroc, chez Hassan II qui le prit en charge et le plaça dans une prison dorée pour le « neutraliser » jusqu’à sa mort en 1994.
De son côté, l’Algérie extrada deux chefs touaregs, Zaid ag Tahar ag Illi et Ilias Ag Ayuba, et un jeune messager Mohamed El Ansari, neveu de Mohamed Ali, envoyé spécialement du Maroc pour avertir Zaid et arrivé par malchance le jour même de son arrestation.
Zaid, Amenokal des Iforas de Kidal, s’était d’abord exilé à Tamanrasset puis à Ouargla. Ses disciples avaient déclenché une révolte en récupérant un stock d’armes que l’armée coloniale avait enterré à Silet (120kms au sud-est de Tamanrasset). Comme Mohamed Ali, Zaid s’était aussi désisté de sa chefferie au profit de son frère Intallah plus docile, toujours en exercice à Kidal.
Libéré lui aussi en 1975, Zaid mourut en 1998. Ilias Ag Ayuba, chef des Doushakis à Gao, tribus touaregs d’origine lointaine juive, avait suivi la rébellion de Zaid et l’avait rejoint à Tamanrasset puis Ouargla. Il vit toujours à Gao, alors que son frère Younès est installé à Tamanrasset où il a facilité l’insertion de nombreux membres de sa tribu. La répression de Modibo Keita aidés des virulents Songhaïs, qui a suivi ces arrestations, a été féroce, proche du génocide (tueries, massacres collectifs, abattage de cheptel, empoisonnement des puits, arrestations,…). Les régions du nord ont été décrétées zones militaires, tous les postes de fonctionnaires militarisés, et les touaregs écartés de toute fonction officielle. Après avoir nié la réalité et l’ampleur de cette dissidence, le gouvernement de Bamako annonce son écrasement complet en 1964.
Plusieurs exodes importants ont afflué vers les pays voisins essentiellement l’Algérie, mais aussi Libye et Mauritanie, dès l’indépendance, puis à chaque rébellion et lors des grandes sécheresses des décennies 70 et 80 et l’actuelle de 2010. La naissance du groupe musical malien Tinariwen en 1982 à Tamanrasset est intimement liée à cette situation d’exil et d’errance du peuple touareg. Il est l’émanation même de cette diaspora qu’il chante aux quatre coins du monde, en remplaçant le fusil par la guitare.
La trahison algéro-marocaine qui a soutenu le pouvoir de Bamako a profondément déçu et découragé les touaregs qui se sont exilés ou résignés à une résistance passive jusqu’à la nouvelle rébellion de 1990-1991 déclenchée par Iyad ag Ghali au Mali et Raïssa ag Boula et Mano Dayak au Niger.
L’Algérie, entrée elle-même dans une grave crise politique et sécuritaire, ne voulait surtout pas d’une nouvelle complication frontalière et s’activa à la conclusion rapide d’un cessez-le-feu et la conclusion d’accords d’intégration des touaregs dans l’administration de leurs territoires. Un accord fut signé à Tamanrasset le 6 janvier 1991. (10)
Mais une « main invisible » a décidé de défaire « immédiatement » l’appel à la sagesse et la pacification, et de poursuivre la marginalisation des touaregs. Dès le 8 janvier, le signataire de l’Accord, le Colonel Ousmane Coulibaly, Chef d’état-major général des armées, remplace au ministère de la défense le président Moussa Traoré, qui se fait ensuite renverser le 23 mars par un coup d’Etat du Lieutenant-Colonel Amadou Toumani Toure, à la tête d’un Comité de Transition pour le Salut du Peuple (CTSP).
Curieusement, le président algérien Chadli Bendjedid subira le « même processus », abandonnant le poste de ministre de la défense au général Khaled Nezzar en juin 1991, avant d’être « démissionné » en janvier 1992.
Le colonel Iyad ag Ghali a finalement été récupéré par Bamako et est actuellement ambassadeur du Mali en Arabie Saoudite, et « négociateur attitré » avec les preneurs d’otages maliens. Raïssa ag Boula, qui signa les accords de paix au Niger en avril 1994, participa à plusieurs gouvernements sous la présidence de Mamadou Tandja, qui vient d’être renversé par un coup d’Etat en février 2010.
Quant à Mano Dayak, il sera victime d’un mystérieux accident d’avion en décembre 1995.
Une nouvelle rébellion déclenchée par Ibrahim ag Bahanga en mai 2006, rejoint par Iyad ag Ghali et Hassan Fagaga, provoqua une nouvelle intervention du « pompier algérien » qui lui « intima l’ordre de rebrousser chemin alors que ses troupes étaient à 300 kms de Bamako ». De nouveaux accords ont été laborieusement signés à Alger le 4 juillet 2006 avec la mise en place d’un Comité de suivi. (11)
Mais dès son retour à Bamako, le Général Kafougouna Koné, signataire des « accords de reddition d’Alger » selon la presse malienne, est convoqué par un groupe parlementaire et contraint de répondre aux interrogations des députés, en direct à la télévision. Il sera pris à partie sur la constitutionnalité du document et sur l’esprit de certaines de ses dispositions. Le cessez-le-feu ne fut pas respecté et plusieurs accrochages eurent lieu entre les rebelles et l’armée malienne. Bahanga fut aussi à l’origine de l’Alliance Touareg Niger-Mali fondée en juillet 2007. Finalement, aucune mesure n’a été mise en œuvre et tour à tour, les touaregs de l’Alliance Démocratique pour le Changement, puis l’Algérie se sont retirés de cet Accord, devenu caduc… depuis le rappel de l’ambassadeur algérien à Bamako, suite à l’affaire de la libération de l’agent de la DGSE Pierre Camatte, contre le paiement d’une rançon et la remise en liberté de terroristes algériens par ATT.
L’équation politique touareg ressurgit régulièrement aussi simple que dangereuse. Les touaregs du Mali et du Niger ne veulent pas porter atteinte à la souveraineté des Etats existants, mais revendiquent l’instauration d’Etats fédéraux avec une large autonomie, liés juridiquement à Bamako et Niamey, mais ouverts et intégrés humainement et économiquement au grand Maghreb, et à l’Algérie en particulier, comme ils l’ont toujours été avant, pendant et après la colonisation.
Les nouvelles générations de touaregs, sont prêts à lancer de nouvelles rébellions pour contrôler leurs territoires au nord du Mali et du Niger et contraindre Bamako et Niamey à négocier.
Les touaregs rappellent pertinemment qu’ils sont les seuls capables de sécuriser l’espace sahélo-saharien et garantir la stabilité de cette vaste zone tampon entre l’Afrique du nord et l’Afrique noire. A défaut, ils sont aussi capables de la maintenir dans l’état d’une zone interdite à hauts risques d’instabilité géopolitique et de sous-développement chronique.
Saâd Lounès
(1) El Watan du 26-05-2010
(2) La géopolitique des populations du Sahel
(3) Histoire des frontières algériennes
(4) André Bourgeot (CNRS) – Sahara : Espace géostratégique et enjeux politiques
(5) Charles de Foucauld – Lettres à Henry de Castries (1850-1927) – Grasset, Paris 1938 – Préface de Jacques de Dampierre
(6) Georges Gorrée – Les Amitiés Sahariennes du Père de Foucauld – Arthaud, Paris, 1946. —
Dès son installation à Beni Abbès, « Foucauld a compris le rôle magnifique qu’il peut remplir au Sahara : conseiller le plus exactement possible les chefs qui ne se trouvent pas sur place. Officier français, il le demeurera jusqu’à sa mort, plaçant très haut l’honneur du pays qu’il incarnait aux yeux des populations sahariennes… le père Foucauld n’a jamais cessé un seul instant d’être officier explorateur ; parce qu’il demeura près de quinze années consécutives au Sahara ; parce qu’il s’intéressa à tout ce qui touchait l’action de la France dans les territoires du Sud… Charles de Foucauld, moine missionnaire au Sahara, restera le modèle et le maître de tous les officiers des Affaires Indigènes des nations colonisatrices… En d’autres occasions, Foucauld ne se contente plus de renseigner, il donne lui-même des ordres, et ceux-ci sont exécutés sur le champ. » Pour le général Laperrine, « Charles de Foucauld demeure notre plus parfait instrument de pacification saharienne. »
Laperrine avait noté au bas du Rapport Officiel sur la mort de Foucauld : « l’assassinat du père de Foucauld doit se rattacher à la lettre trouvée à Agadès dans les papiers de Khaoussen et dans laquelle un européen (turc ou allemand) lui conseillait comme première mesure, avant de soulever les populations, de tuer ou prendre comme otage des européens connus comme ayant de l’influence sur les indigènes dévoués aux français. »
Lettre du 2/8/1915 de Charles de Foucauld à Laperrine : « Je mène ma vie ordinaire, dans un grand calme apparent, mais l’esprit étant au front avec vous, avec nos soldats. Après le Dictionnaire Touareg-Français abrégé et le Dictionnaire des Noms propres, voici le Dictionnaire Touareg-Français plus développé qui est terminé et prêt à être imprimé. Je viens de me mettre à la copie, pour l’impression, des poésies… cela me parait étrange, en des heures si graves, de passer une journée à copier des pièces de vers… Au cas où les lois de l’Eglise me permettraient de m’engager, ferais-je mieux de m’engager ? Si oui, comment m’y prendre pour m’engager et être envoyé au front… Répondez-moi sans tarder ; par ce même courrier, j’écris pour demander si l’Eglise autorise quelqu’un dans mon cas à s’engager. »– Lettres inédites au Général Laperrine, Pacificateur du Sahara – La Colombe, Paris, 1954. Préface de Georges Gorrée.
(7) Paul Marty - Etudes sur l’Islam et les tribus du Soudan, in Revue du Monde musulman dirigée par Louis Massignon – Ed Ernest Leroux – Paris – 1918-1919
(8) Kidal, 49ème wilaya d’Algérie
(9) Paul Pandolfi, Une correspondance saharienne, Lettres inédites du général Laperrine au commandant Cauvet (1902-1920), Karthala, Paris, 2006 —
Henry Laperrine (1860-1920), général de division, a été camarade de Charles de Foucauld au 4e Chasseurs d’Afrique en 1881. Après la mort de Foucauld (1/12/1916), la France coloniale craint l’embrasement du Sahara et Lyautey, ministre de la guerre, rappelle Laperrine du front franco-allemand pour reprendre en main la situation, dont les répercussions peuvent être d’une gravité incalculable pour l’Afrique du Nord et l’Afrique Noire. En 2 ans, il pacifie le Sahara pour la seconde fois, puis meurt le 18/2/1920, après 16 jours d’agonie dans le désert du Tanezrouft où son avion s’est écrasé. Foucauld disait de Laperrine : « C’est lui qui a donné le Sahara à la France… et qui a réuni nos possessions d’Algérie et notre colonie du Soudan. »
(10) Accords de Tamanrasset de 1991
(11) Accords d’Alger de juillet 2006
Les Touareg veulent des Etats fédéraux au Mali et au Niger
dimanche 30 mai 2010
La presse algérienne révèle que « Les circuits du Tassili du Hoggar sont interdits aux agences de tourisme de Tamanrasset… les services de sécurité ont reconduit manu militari des touristes et leurs accompagnateurs… Des touristes en bivouac ont été carrément embarqués à bord d’hélicoptère, débarqués à Tamanrasset, et abandonnés sans aucune explication. » (1)
En réalité, un vent de panique s’est emparé des autorités après une interception de communication de téléphones satellitaires concernant une « commande de kidnapping ».
Ce qui devait arriver arriva. La persistance d’une insécurité chronique généralisée au Sahel a fini par remonter de nouveau au Sahara qui a déjà connu le retentissant épisode de février 2003 où 32 touristes avaient été enlevés entre Djanet et Illizi.
Comme on le craignait, le paiement de rançons a suscité toutes les convoitises et poussé à la tentation des chauffeurs guides des agences de voyages, qui avaient pour mission de livrer quelques touristes, contre de fortes sommes d’argent. Plusieurs arrestations ont suivi cette alerte.
L’engrenage qui risque de s’emballer est prévisible : l’insécurité va remonter encore plus au nord vers les zones pétrolières et poussera les autorités à militariser davantage tout le Sud algérien. Les Sahara mauritanien, marocain, tunisien et libyen ne seront pas non plus épargnés par ces nouveaux « rezzous », comme ce fut déjà le cas avec le kidnapping d’un couple d’autrichiens en Tunisie en février 2008, et d’espagnols en Mauritanie en novembre 2009.
Cette grave atteinte à l’activité économique prometteuse du tourisme saharien sonne comme un « sabotage caractérisé » du tout récent activisme algérien qui a provoqué en ce début d’année 2010 plusieurs réunions de coordination des états-majors diplomatiques, militaires et du renseignement, pour combattre le terrorisme et s’opposer à toute intervention étrangère.
C’est aussi une conséquence directe de la mauvaise perception et gestion politico-militaire du problème Touareg, qui dure depuis l’indépendance des Etats africains. L’invention récente du terrorisme d’Al Qaïda est utilisée comme un arbre qui cache la forêt de la rébellion touarègue qui n’a jamais cessé depuis le début du siècle contre le colonisateur et s’est poursuivie après les indépendances à cause d’un tracé frontalier arbitraire et contre nature. Encore un autre héritage colonial empoisonné.
Le message lancé continuellement par les Touaregs est pourtant simple. Comme le dit l’adage populaire : « nalâab ouala nahsad » (Soit je joue, soit je ne vous laisserai jamais jouer). Tant que le problème touareg ne sera pas résolu, aucun espace sahélo-saharien ne connaîtra la paix, la sécurité et la prospérité.
Pour éviter le pire, en tant que pays central et leader du Sahara, l’Algérie doit remettre les compteurs géopolitiques de la région à zéro, opérer un changement radical de la gestion du problème Touareg, et reconstruire ses relations avec tous les pays voisins du Maghreb et du Sahel sur de nouvelles fondations.
La géopolitique des populations du Sahel
Le Sahel est la bande semi désertique prolongeant le Sahara des cinq pays d’Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte) aux cinq Etats subsahariens : Mauritanie, Mali, Niger, Tchad, Soudan. Ces pays du Sahel, créés de toutes pièces par la décolonisation sont considérés, en droit international, comme des États, mais n’ont jamais été des Nations.
Cet ensemble de cinq pays ne compte que 80 millions d’habitants en 2008 sur un espace de 7,323 millions de km2, soit moins de 11 habitants/km2. Cette densité est trois fois inférieure à la moyenne de l’Afrique (32 hab/km2), et cinq fois inférieure à la moyenne du Monde (49 hab/km2). Ce peuplement est encore très inégal selon l’occupation territoriale, avec une dominante du nomadisme, allant jusqu’à moins d’un hab/km2. (2)
De telles configurations de peuplement et de surfaces désertiques expliquent les difficultés de souveraineté et de gouvernance sur ces vastes territoires. Aucun des cinq Etats n’a ni la volonté, ni les moyens budgétaires et logistiques d’y déployer un maillage territorial permettant d’exercer l’administration et la sécurité. Il est donc inévitable que des groupes locaux ethniques, « héritiers légitimes » de leurs territoires, en prennent le contrôle, et se rebellent contre le pouvoir central.
L’exemple le plus significatif est celui du Mali. On distingue 23 ethnies réparties en cinq principaux groupes : mandingue (Bambara, Soninké, Malinké, Bozo), pulsar (Peul, Toucouleur), voltaïque (Bobo, Sénoufo, Minianka), saharien (Maure, Touareg) et Songhaï. Les 9/10 de la population, noirs sédentaires, se concentrent dans le sud du pays, le Mali utile en termes de potentialités agricoles. Mais deux tiers du territoire malien sont revendiqués par les Touaregs qui n’ont jamais accepté le pouvoir noir de Bamako.
Le Niger est un territoire tripolaire composé à l’ouest des Djerma-Shongaï, 22% de la population, au centre et à l’est des Haoussas, 56%, et au nord des Touaregs, environ 10% qui revendiquent les trois quart du territoire. Comme au Mali, la rébellion permanente des Touaregs atteste de la fragilité chronique de l’État nigérien.
Du caractère transfrontalier de nombreuses ethnies, à l’exemple de l’ethnie zaghawae transfrontalière entre le Tchad et le Soudan, il en résulte que les territoires des pays voisins sont utilisés comme lieux de replis lors des conflits. Ainsi, le Soudan a-t-il servi de lieu de repli pour des groupes rebelles du Tchad, comme le Tchad l’est pour des groupes du Soudan. Le Sahara algérien et libyen est utilisé comme lieu de repli par les rebelles touaregs du Niger et du Mali, qui considèrent aussi ces régions comme leur espace vital.
Avant la colonisation, il existait des frontières naturelles entre les populations blanches d’Afrique du Nord et les royaumes noirs sub-sahariens. Elles s’étendaient des fleuves Sénégal et Niger jusqu’au Lac Tchad. Le dogme intangible des frontières coloniales a bouleversé profondément les équilibres géo-démographiques du Sahel.
La réunion de l’OUA d’Addis Abeba en Mai 1963 et la conférence des chefs d’Etat du Caire en juillet 1964 ont entériné le statu quo des frontières issues de l’époque coloniale. En fait, ces frontières se substituèrent aux limites administratives établies par la France, lors de la création de l’Organisation Commune des Régions Sahariennes (OCRS), le 10 janvier 1957. (3)
« L’esprit qui a présidé à l’élaboration de l’OCRS dévoile une conception ethnique du territoire dont un des objectifs était de créer une barrière politique définissant une « chasse gardée française » susceptible d’éviter des contacts entre une Algérie qui avait engagé une guerre pour acquérir son indépendance et une Afrique noire traversée par l’opinion des leaders indépendantistes… Cette barrière ethnico-politique pouvait se dresser en jouant sur une série d’oppositions classiques telles que nomades et sédentaires, Touaregs/Arabes, Touaregs/populations noires et bien sûr Blancs/Noirs. À l’évidence, cette conception ethnico-territoriale, voire cette « arme ethnique » utilisée par les services français, ne pouvait qu’exacerber les relations interethniques déjà tendues. » (4)
La mystification coloniale du problème touareg
La France coloniale présente en Afrique noire, notamment au Sénégal depuis le 17è siècle, et en Afrique du Nord depuis l’invasion de l’Algérie en 1830, voulait faire la jonction de son empire colonial entre le Nord et le Sud, mais s’était heurtée à ces populations mystérieuses de nomades du Sahara surgissant de nulle part.
Après plusieurs missions de géographes explorateurs comme Henry Duveyrier (1840-1892), une première incursion militaire menée par le colonel Paul Flatters en 1881 dans le Hoggar fut massacrée par les Touaregs.
Il a ensuite fallu attendre 1902 et la fameuse bataille de Tit pour entamer le début de la conquête du Sahara. Les livres d’histoire citent souvent cette « glorieuse victoire de l’armée française », en prenant bien soin d’occulter qu’il n’y avait en fait qu’un seul français dans cette expédition, le lieutenant Cottenest alors que la centaine de combattants étaient tous des algériens Chaâmbas de la région de Ouargla, rivaux héréditaires des touaregs dans les rezzous. Ce fut le début d’une abondante littérature de mystification coloniale qui a toujours fait croire à une supériorité militaire française, une pacification du Sahara et à la soumission des Touaregs devenus « amis des français ».
Pourtant, le Comte Henry-Marie de la Croix de Castries, explorateur et historien de l’Afrique du Nord où il fut affecté en 1873 aux Affaires indigènes, avouait son admiration de « la vie de ces grands chefs bédouins, si proche de celles des temps bibliques. Ce jeune lieutenant se sentait tout pénétré d’inspirations orientales « qui de cette vie arabe lui causa l’impression la plus profonde et la plus durable, de la foi sereine, active et méritoire de ces musulmans convaincus. »
Il relatait aussi la sévère leçon d’humilité que lui donnait l’exemple de ses cavaliers d’escorte, mettant pied à terre pour prier Dieu. « Je m’éloignai ; j’aurais voulu rentrer sous terre ! Je voyais les amples burnous s’incliner à la fois dans un geste superbe aux prostrations rituelles ; j’entendais l’invocation : Allahou Akbar ! Dieu est le plus grand ! Et cet attribut de la divinité prenait dans mon esprit un sens que toutes les démonstrations métaphysiques des théodicées n’avaient jamais réussi à lui donner. J’étais en proie à un malaise indicible, fait de honte et de colère. Je sentais que dans ce moment de prière, ces cavaliers arabes, si serviles tout à l’heure, avaient conscience qu’ils reprenaient sur moi leur supériorité. » (5)
Le Sahara, présenté par les colons comme une frontière déserte infranchissable a en fait toujours été une zone peuplée, reliée par des pistes, des points d’eau et des oasis. Le chameau y était présent depuis l’Antiquité et les traces des nomades transsahariens remontent aux peintures rupestres. Les populations des rives nord et sud du Sahara n’ont jamais été séparées.
« L’installation du père De Foucauld à Tamanrasset ne relève pas seulement d’un souci mystique de solitude, mais de raisons proprement patriotiques et militaires. Le massif montagneux du Hoggar est le centre géographique de la vaste zone désertique qui s’étend du versant sud de l’Atlas, au nord, jusqu’aux bassins du Niger et du Tchad au sud, et de l’océan Atlantique à l’ouest ; jusqu’à la Tripolitaine à l’est. Cette forteresse est au carrefour des pistes qui mènent aux ports méditerranéens l’or, l’ivoire, les esclaves importés d’Afrique noire. Les agiles Touaregs du Hoggar fondaient à l’improviste sur les lourds convois chargés de marchandises ou se faisaient grassement payer pour les protéger ». (6)
Les cités touarègues de la boucle du fleuve Niger (Tombouctou, Gao, Agadez, Tahoua) ont été reliées depuis plusieurs siècles aux cités du grand Maghreb (Marrakech, Fez, Tlemcen, Tihert, Cirta, Ouargla, Biskra, Kairouan,…). Chaque année, les pèlerins transitaient par ces villes pour leur voyage à La Mecque, en passant par la Tripolitaine, le Fezzan, le Tibesti et l’Egypte. Au XVe siècle, la ville mythique Tombouctou comptait environ 100.000 habitants (30.000 aujourd’hui), dont 25.000 étudiants qui fréquentaient la célèbre université.
Une délégation touareg qui rencontra à Biskra le général de la Roque en 1890, lui confirmera l’étendue de leur territoire : « Partout où nous allons nous nous heurtons à vous… du Sud tunisien aux portes de Ghadamès,…au Nezfaoua et dans le Sahara jusqu’à Figuig, nous vous trouvons partout ; avec vous ces contrées là nous sont fermées et nous sommes comme murés chez nous. » (6) En cette fin de siècle, les Kel Ahagar et Kel Ajjer se retrouvent encerclés, privés de leurs débouchés au Sud comme au Nord.
Occultant et bafouant l’histoire millénaire des populations sahariennes, la France a tenté d’imposer au Sahara le triptyque colonial des 3 C défini par David Livingstone : Civilisation, Christianisme, Commerce. Mais malgré tous leurs efforts, Charles de Foucauld et les missionnaires chrétiens n’ont jamais réussi à évangéliser, ni franciser un seul homme bleu.
Dans sa lettre du 29 Mai 1909 à Henry de Castries, Foucauld écrivait avec un étrange mélange de naïveté et de mépris : « Je vais reprendre mon travail quotidien : apprivoisement des Touaregs, des Indigènes de toute race, en tâchant de leur donner un commencement d’éducation intellectuelle et morale… Tout cela pour amener, Dieu sait quand, peut-être dans des siècles, au christianisme. Tous les esprits sont faits pour la vérité, mais pour les Musulmans, c’est affaire de très longue haleine. » (5)
Même le tamasheq restera la langue dominante, tenant tête au français. Et à ce jour les pistes commerciales ancestrales restent toujours contrôlées par les touaregs.
La stratégie coloniale de diviser pour régner a complètement perturbé la perception géopolitique du problème touareg. En réalité, ce terme, devenu générique, englobe l’ensemble des tribus du Sahara et du Sahel qui parlent le tamasheq, de la même façon qu’on désigne par le terme arabe tous ceux qui parlent la langue arabe. Au fil des siècles et du nomadisme, le métissage tribal et l’assimilation culturelle ne permettent plus de distinguer touaregs et arabes, comme on le fait encore à tort entre les populations amazighophones et les berbères arabisés au Maghreb. Les Kountas, Berraber, Berrabich, Zenaga, Iguellad, Ansar, Chorfa, etc… d’origine arabo-berbères, qui nomadisaient des confins désertiques maghrébins jusqu’à Zinder, se sont au fil des siècles complètement fondus dans la culture touareg du désert (langue, mœurs, traditions, habillement, coutumes sociales et juridiques,…). Ils forment en réalité un seul peuple vivant en symbiose. (7)
Depuis les indépendances, on constate une sédentarisation forcée des touaregs en Algérie et Libye, une marginalisation au Niger et une discrimination au Mali avec une seule alternative : l’exil ou les armes. Pourtant, rien au Sahara ni au Sahel ne peut se faire sans le consentement de ces chevaliers du désert.
Les frontières sahélo-sahariennes « géométriques » entre les 10 Etats, en plein désert, ont-elles un sens ? Elles ne sont qu’un fait accompli colonial, une contrainte exogène absurde, artificielle, handicapante. Le droit occidental colonial a imposé une « territorialité » en contradiction avec la nature de l’immensité de l’espace saharien et du mode vital et économique nomade et pastoral. Chez les populations nomades, la géographie politico-économique est mouvante selon la pluviométrie, les rapports de force tribaux et la liberté immuable de circuler. L’idée même d’une frontière fixe est un concept inexistant chez les peuples sahariens. En définitive, personne au Sahara n’a jamais considéré ces frontières théoriques et fictives. Ni les puissances coloniales, ni les Etats indépendants, ni les populations… ni les « nouveaux terroristes » (8)
Le problème touareg renvoie à la complexité géographique de l’espace saharien, aux enjeux humains et économiques du nomadisme. Il pousse à s’interroger sur une nouvelle perception du principe de souveraineté partagé sur des déserts. Comme il est hors de question de marginaliser ou d’exterminer les Touaregs, comme le furent tragiquement les Indiens d’Amérique, la question fondamentale est celle de définir leur intégration et leur rôle dans cet immense espace saharien partagé entre ces 10 Etats. Cette problématique dépasse largement le cadre défini par les Accords de Tamanrasset en 1991 et d’Alger en 2006, qui n’ont en fait jamais été appliqués.
Le morcellement de l’espace touareg voulu par le colonisateur et perpétué par les Etats indépendants doit être abandonné au profit d’une intégration civilisationnelle, géographique, linguistique de cet espace selon un double système d’Etats fédéraux et de zones franches. Des personnalités africaines ont déjà prôné une « déconstruction » de cet héritage colonial des « cadres territoriaux existants, par la remise en question des frontières convenues et la création simultanée d’espaces mouvants ».
Les Touaregs veulent des Etats fédéraux
Dès les indépendances de 1960, après la création de l’OCRS, une alliance s’était nouée au Mali pour soutenir une partition territoriale du « Soudan français », afin d’éviter d’être gouvernés par des pouvoirs noirs.
Une des figures emblématiques de cette résistance au fait accompli colonial était Mohamed Ali ag At-Tahar (1904-1994), Aménokal des Kel Antessar. Il ressemblait en tous points à son père At-Tahar ag Al Mahdi, né vers 1868 et devenu Aménokal en 1914, que décrit de fort belle manière Paul Marty : « At Tahar est le type du grand, vigoureux et beau Targui. D’une magnifique prestance, d’une dignité souveraine, il fait le plus bel effet. Intelligent ouvert, sympathique, c’est un assez bon lettré arabe, encore qu’il soit beaucoup plus guerrier que taleb. » (7)
At-Tahar adopta une attitude pleine d’ambiguïté et de diplomatie avec les colonisateurs dans la région de Tombouctou. Ni soumis, ni rebelle, il avait pour souci de protéger sa tribu par une cohabitation et une collaboration tactique avec l’autorité coloniale. Il agissait comme Moussa Ag Amestane, Aménokal des Kel Ahaggar qui avait toujours fait planer cette confusion subtile entre soumission et alliance avec l’ordre colonial qui exaspérait le général Laperrine : « il s’agissait de remettre au point la soumission de Moussa faite à In Salah et de bien établir que c’était une soumission et non une alliance. Il fallait faire accepter par les tribus un léger impôt qui fut une marque tangible de cette soumission. » (Laperrine, 1913) (9)
Laperrine et ses adjoints avaient mis au point cette politique subtile d’affrontement avec les Touaregs : « Le Touareg obéira à la force ; il y obéira comme l’Arabe, d’une façon parfaite, mais seulement quand il aura constaté qu’il ne peut faire autrement. Il faut donc lui prouver, lui montrer notre force. » (9)
Mohamed Ali ag At-Tahar grandit dans la lignée des révolutionnaires indépendantistes africains. Rebelle à l’autorité coloniale, il finit par léguer le Tabbel d’Aménokal à son frère, Mohamed Al Mahdi, né en 1923 et toujours en exercice à Bamako.
Mohamed Ali s’exila dès 1952 en Arabie Saoudite chez le roi Fayçal avec toute sa famille et ses domestiques. Puis il s’installa en Egypte chez Nasser qui lui offrit une épouse égyptienne. C’est au Caire qu’il se fit connaître de tous les révolutionnaires africains et arabes, notamment des leaders du FLN. Ensuite, il partit en Libye chez le roi Idriss, avant de s’installer au Maroc en 1960 chez le roi Mohamed V qu’il avait déjà rencontré en 1955 à son retour d’exil.
Alors qu’il était royalement reconnu et respecté, la puissance coloniale craignait que Mohamed Ali fédère toutes les tribus dans un « royaume touareg », et remette en cause la stratégie « d’indépendance dans l’interdépendance » conçue et mise en œuvre par les gaullistes et leurs réseaux de supplétifs de l’Armée Coloniale d’Afrique.
La proposition d’un Etat fédéral touareg au Sahara ayant été rejetée par la France, les Touaregs commencèrent à s’armer et se révolter dès 1961, moins d’un an après l’indépendance du Mali et du Niger. Une première insurrection eut lieu fin 1962, contre le gouvernement de Bamako de Modibo Keita. Les Touaregs n’eurent comme réponse qu’une sévère répression qui décima les tribus des Adrar des Iforas, d’où avait été lancé le mouvement.
Le tournant historique s’est joué en 1963 lorsque Modibo Keita réussit un coup de maître en poussant les duo algérien, Ben Bella-Boumediene, et marocain Hassan II-Oufkir à trahir les touaregs. Le 29 octobre 1963, Modibo joue un rôle d’arbitre dans la sortie du conflit frontalier de la « guerre des sables » qui opposait le Maroc à l’Algérie. Il réunit à Bamako Hassan II et Ben Bella en présence du négus Haïlé Sélassié d’Éthiopie et obtient des belligérants un cessez-le-feu immédiat.
En échange de sa médiation, et « sous la menace d’une généralisation des conflits frontaliers en Afrique », il demande et obtient l’arrestation et l’extradition des leaders touaregs exilés en Algérie et au Maroc.
C’est ainsi que Mohamed Ali Ag At Tahar est arrêté en 1963 par le général Mohamed Oufkir sur ordre du roi et livré au Mali qui le maintiendra en détention durant 12 ans, jusqu’à sa libération en 1975 par Moussa Traoré. Brisé, il retourna en exil au Maroc, chez Hassan II qui le prit en charge et le plaça dans une prison dorée pour le « neutraliser » jusqu’à sa mort en 1994.
De son côté, l’Algérie extrada deux chefs touaregs, Zaid ag Tahar ag Illi et Ilias Ag Ayuba, et un jeune messager Mohamed El Ansari, neveu de Mohamed Ali, envoyé spécialement du Maroc pour avertir Zaid et arrivé par malchance le jour même de son arrestation.
Zaid, Amenokal des Iforas de Kidal, s’était d’abord exilé à Tamanrasset puis à Ouargla. Ses disciples avaient déclenché une révolte en récupérant un stock d’armes que l’armée coloniale avait enterré à Silet (120kms au sud-est de Tamanrasset). Comme Mohamed Ali, Zaid s’était aussi désisté de sa chefferie au profit de son frère Intallah plus docile, toujours en exercice à Kidal.
Libéré lui aussi en 1975, Zaid mourut en 1998. Ilias Ag Ayuba, chef des Doushakis à Gao, tribus touaregs d’origine lointaine juive, avait suivi la rébellion de Zaid et l’avait rejoint à Tamanrasset puis Ouargla. Il vit toujours à Gao, alors que son frère Younès est installé à Tamanrasset où il a facilité l’insertion de nombreux membres de sa tribu. La répression de Modibo Keita aidés des virulents Songhaïs, qui a suivi ces arrestations, a été féroce, proche du génocide (tueries, massacres collectifs, abattage de cheptel, empoisonnement des puits, arrestations,…). Les régions du nord ont été décrétées zones militaires, tous les postes de fonctionnaires militarisés, et les touaregs écartés de toute fonction officielle. Après avoir nié la réalité et l’ampleur de cette dissidence, le gouvernement de Bamako annonce son écrasement complet en 1964.
Plusieurs exodes importants ont afflué vers les pays voisins essentiellement l’Algérie, mais aussi Libye et Mauritanie, dès l’indépendance, puis à chaque rébellion et lors des grandes sécheresses des décennies 70 et 80 et l’actuelle de 2010. La naissance du groupe musical malien Tinariwen en 1982 à Tamanrasset est intimement liée à cette situation d’exil et d’errance du peuple touareg. Il est l’émanation même de cette diaspora qu’il chante aux quatre coins du monde, en remplaçant le fusil par la guitare.
La trahison algéro-marocaine qui a soutenu le pouvoir de Bamako a profondément déçu et découragé les touaregs qui se sont exilés ou résignés à une résistance passive jusqu’à la nouvelle rébellion de 1990-1991 déclenchée par Iyad ag Ghali au Mali et Raïssa ag Boula et Mano Dayak au Niger.
L’Algérie, entrée elle-même dans une grave crise politique et sécuritaire, ne voulait surtout pas d’une nouvelle complication frontalière et s’activa à la conclusion rapide d’un cessez-le-feu et la conclusion d’accords d’intégration des touaregs dans l’administration de leurs territoires. Un accord fut signé à Tamanrasset le 6 janvier 1991. (10)
Mais une « main invisible » a décidé de défaire « immédiatement » l’appel à la sagesse et la pacification, et de poursuivre la marginalisation des touaregs. Dès le 8 janvier, le signataire de l’Accord, le Colonel Ousmane Coulibaly, Chef d’état-major général des armées, remplace au ministère de la défense le président Moussa Traoré, qui se fait ensuite renverser le 23 mars par un coup d’Etat du Lieutenant-Colonel Amadou Toumani Toure, à la tête d’un Comité de Transition pour le Salut du Peuple (CTSP).
Curieusement, le président algérien Chadli Bendjedid subira le « même processus », abandonnant le poste de ministre de la défense au général Khaled Nezzar en juin 1991, avant d’être « démissionné » en janvier 1992.
Le colonel Iyad ag Ghali a finalement été récupéré par Bamako et est actuellement ambassadeur du Mali en Arabie Saoudite, et « négociateur attitré » avec les preneurs d’otages maliens. Raïssa ag Boula, qui signa les accords de paix au Niger en avril 1994, participa à plusieurs gouvernements sous la présidence de Mamadou Tandja, qui vient d’être renversé par un coup d’Etat en février 2010.
Quant à Mano Dayak, il sera victime d’un mystérieux accident d’avion en décembre 1995.
Une nouvelle rébellion déclenchée par Ibrahim ag Bahanga en mai 2006, rejoint par Iyad ag Ghali et Hassan Fagaga, provoqua une nouvelle intervention du « pompier algérien » qui lui « intima l’ordre de rebrousser chemin alors que ses troupes étaient à 300 kms de Bamako ». De nouveaux accords ont été laborieusement signés à Alger le 4 juillet 2006 avec la mise en place d’un Comité de suivi. (11)
Mais dès son retour à Bamako, le Général Kafougouna Koné, signataire des « accords de reddition d’Alger » selon la presse malienne, est convoqué par un groupe parlementaire et contraint de répondre aux interrogations des députés, en direct à la télévision. Il sera pris à partie sur la constitutionnalité du document et sur l’esprit de certaines de ses dispositions. Le cessez-le-feu ne fut pas respecté et plusieurs accrochages eurent lieu entre les rebelles et l’armée malienne. Bahanga fut aussi à l’origine de l’Alliance Touareg Niger-Mali fondée en juillet 2007. Finalement, aucune mesure n’a été mise en œuvre et tour à tour, les touaregs de l’Alliance Démocratique pour le Changement, puis l’Algérie se sont retirés de cet Accord, devenu caduc… depuis le rappel de l’ambassadeur algérien à Bamako, suite à l’affaire de la libération de l’agent de la DGSE Pierre Camatte, contre le paiement d’une rançon et la remise en liberté de terroristes algériens par ATT.
L’équation politique touareg ressurgit régulièrement aussi simple que dangereuse. Les touaregs du Mali et du Niger ne veulent pas porter atteinte à la souveraineté des Etats existants, mais revendiquent l’instauration d’Etats fédéraux avec une large autonomie, liés juridiquement à Bamako et Niamey, mais ouverts et intégrés humainement et économiquement au grand Maghreb, et à l’Algérie en particulier, comme ils l’ont toujours été avant, pendant et après la colonisation.
Les nouvelles générations de touaregs, sont prêts à lancer de nouvelles rébellions pour contrôler leurs territoires au nord du Mali et du Niger et contraindre Bamako et Niamey à négocier.
Les touaregs rappellent pertinemment qu’ils sont les seuls capables de sécuriser l’espace sahélo-saharien et garantir la stabilité de cette vaste zone tampon entre l’Afrique du nord et l’Afrique noire. A défaut, ils sont aussi capables de la maintenir dans l’état d’une zone interdite à hauts risques d’instabilité géopolitique et de sous-développement chronique.
Saâd Lounès
(1) El Watan du 26-05-2010
(2) La géopolitique des populations du Sahel
(3) Histoire des frontières algériennes
(4) André Bourgeot (CNRS) – Sahara : Espace géostratégique et enjeux politiques
(5) Charles de Foucauld – Lettres à Henry de Castries (1850-1927) – Grasset, Paris 1938 – Préface de Jacques de Dampierre
(6) Georges Gorrée – Les Amitiés Sahariennes du Père de Foucauld – Arthaud, Paris, 1946. —
Dès son installation à Beni Abbès, « Foucauld a compris le rôle magnifique qu’il peut remplir au Sahara : conseiller le plus exactement possible les chefs qui ne se trouvent pas sur place. Officier français, il le demeurera jusqu’à sa mort, plaçant très haut l’honneur du pays qu’il incarnait aux yeux des populations sahariennes… le père Foucauld n’a jamais cessé un seul instant d’être officier explorateur ; parce qu’il demeura près de quinze années consécutives au Sahara ; parce qu’il s’intéressa à tout ce qui touchait l’action de la France dans les territoires du Sud… Charles de Foucauld, moine missionnaire au Sahara, restera le modèle et le maître de tous les officiers des Affaires Indigènes des nations colonisatrices… En d’autres occasions, Foucauld ne se contente plus de renseigner, il donne lui-même des ordres, et ceux-ci sont exécutés sur le champ. » Pour le général Laperrine, « Charles de Foucauld demeure notre plus parfait instrument de pacification saharienne. »
Laperrine avait noté au bas du Rapport Officiel sur la mort de Foucauld : « l’assassinat du père de Foucauld doit se rattacher à la lettre trouvée à Agadès dans les papiers de Khaoussen et dans laquelle un européen (turc ou allemand) lui conseillait comme première mesure, avant de soulever les populations, de tuer ou prendre comme otage des européens connus comme ayant de l’influence sur les indigènes dévoués aux français. »
Lettre du 2/8/1915 de Charles de Foucauld à Laperrine : « Je mène ma vie ordinaire, dans un grand calme apparent, mais l’esprit étant au front avec vous, avec nos soldats. Après le Dictionnaire Touareg-Français abrégé et le Dictionnaire des Noms propres, voici le Dictionnaire Touareg-Français plus développé qui est terminé et prêt à être imprimé. Je viens de me mettre à la copie, pour l’impression, des poésies… cela me parait étrange, en des heures si graves, de passer une journée à copier des pièces de vers… Au cas où les lois de l’Eglise me permettraient de m’engager, ferais-je mieux de m’engager ? Si oui, comment m’y prendre pour m’engager et être envoyé au front… Répondez-moi sans tarder ; par ce même courrier, j’écris pour demander si l’Eglise autorise quelqu’un dans mon cas à s’engager. »– Lettres inédites au Général Laperrine, Pacificateur du Sahara – La Colombe, Paris, 1954. Préface de Georges Gorrée.
(7) Paul Marty - Etudes sur l’Islam et les tribus du Soudan, in Revue du Monde musulman dirigée par Louis Massignon – Ed Ernest Leroux – Paris – 1918-1919
(8) Kidal, 49ème wilaya d’Algérie
(9) Paul Pandolfi, Une correspondance saharienne, Lettres inédites du général Laperrine au commandant Cauvet (1902-1920), Karthala, Paris, 2006 —
Henry Laperrine (1860-1920), général de division, a été camarade de Charles de Foucauld au 4e Chasseurs d’Afrique en 1881. Après la mort de Foucauld (1/12/1916), la France coloniale craint l’embrasement du Sahara et Lyautey, ministre de la guerre, rappelle Laperrine du front franco-allemand pour reprendre en main la situation, dont les répercussions peuvent être d’une gravité incalculable pour l’Afrique du Nord et l’Afrique Noire. En 2 ans, il pacifie le Sahara pour la seconde fois, puis meurt le 18/2/1920, après 16 jours d’agonie dans le désert du Tanezrouft où son avion s’est écrasé. Foucauld disait de Laperrine : « C’est lui qui a donné le Sahara à la France… et qui a réuni nos possessions d’Algérie et notre colonie du Soudan. »
(10) Accords de Tamanrasset de 1991
(11) Accords d’Alger de juillet 2006
Sécheresse au Mali et au Niger: aide du CICR et achat de bétail
Sécheresse au Mali et au Niger: aide du CICR et achat de bétail
(AFP) – r
BAMAKO — Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a lancé une opération d?aide aux populations du nord du Niger et du nord du Mali, confrontées à la sécheresse, en rachetant notamment du bétail aux éleveurs, a-t-on appris samedi auprès de l'organisation.
"Nous avons en cours une opération d?aide à des populations du nord du Niger et du nord du Mali pour faire face à l?insécurité alimentaire et la sécheresse qui décime le bétail", a déclaré à l?AFP le chef adjoint de la délégation régionale du CICR pour le Mali et le Niger, Christian Wabnitz, interrogé par téléphone depuis Bamako.
"Sur le terrain, notre rôle consiste à apporter une assistance alimentaire aux familles éprouvées et à développer un programme d?appui aux éleveurs, en vue de racheter leurs bêtes très affaiblies par la sécheresse", a ajouté M. Wabnitz, à Niamey.
L'organisation avait auparavant annoncé dans un communiqué que "dans la région d'Agadez, dans le nord du Niger, et dans les régions de Gao et de Tombouctou, dans le nord du Mali, le CICR procède à l?achat de 38.000 têtes de bétail à plus de 10.000 familles d?éleveurs et d?agriculteurs touchées par les effets cumulés de l'insécurité et de la sécheresse".
Près de 70% du cheptel seraient menacés par la sécheresse qui frappe l'espace sahélo-saharien, ajoutait le CICR.
(AFP) – r
BAMAKO — Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a lancé une opération d?aide aux populations du nord du Niger et du nord du Mali, confrontées à la sécheresse, en rachetant notamment du bétail aux éleveurs, a-t-on appris samedi auprès de l'organisation.
"Nous avons en cours une opération d?aide à des populations du nord du Niger et du nord du Mali pour faire face à l?insécurité alimentaire et la sécheresse qui décime le bétail", a déclaré à l?AFP le chef adjoint de la délégation régionale du CICR pour le Mali et le Niger, Christian Wabnitz, interrogé par téléphone depuis Bamako.
"Sur le terrain, notre rôle consiste à apporter une assistance alimentaire aux familles éprouvées et à développer un programme d?appui aux éleveurs, en vue de racheter leurs bêtes très affaiblies par la sécheresse", a ajouté M. Wabnitz, à Niamey.
L'organisation avait auparavant annoncé dans un communiqué que "dans la région d'Agadez, dans le nord du Niger, et dans les régions de Gao et de Tombouctou, dans le nord du Mali, le CICR procède à l?achat de 38.000 têtes de bétail à plus de 10.000 familles d?éleveurs et d?agriculteurs touchées par les effets cumulés de l'insécurité et de la sécheresse".
Près de 70% du cheptel seraient menacés par la sécheresse qui frappe l'espace sahélo-saharien, ajoutait le CICR.
/SURAJ HUA MADHAM (HD) KABHI KHUSHI KABHIE GHAM FULL SONG SRKAJOL SONU NIGAMTeri Ore - Singh Is Kinng
NDLR : Clips Bollywood sur fond du desert et des pyramides
Sharuk Khan
August 15, 2009 — Song: Teri Ore
Movie: Singh Is Kinng (2008)
Vocal: Rahat Fateh Ali Khan and Shreya Ghosal
Artist: Akshay Kumar and Katrina Kaif
Music: Pritam, R D B
Lyrics: Mayur Puri
Note: The song used in the movie "Singh is King" ends at 02:34. The rest of the video is put to keep the whole song, released in audio CD.
Sharuk Khan
August 15, 2009 — Song: Teri Ore
Movie: Singh Is Kinng (2008)
Vocal: Rahat Fateh Ali Khan and Shreya Ghosal
Artist: Akshay Kumar and Katrina Kaif
Music: Pritam, R D B
Lyrics: Mayur Puri
Note: The song used in the movie "Singh is King" ends at 02:34. The rest of the video is put to keep the whole song, released in audio CD.
Espionnage économique au Sahara et au Sahel au profit de Paris et de Washington
Espionnage économique au Sahara et au Sahel au profit de Paris et de Washington
jeudi 27 mai 2010
Par Fayçal Oukaci
Le Sahel grouille de services de renseignements étrangers. Cela ne date pas d’hier, mais le constat établi par les pays concernés, le Mali, qui vient en tête de ces pays, le Niger et la Mauritanie, fait état d’une prolifération importante d’agents du renseignement à la faveur des prises d’otages opérées par AQMI dans la région.
Cette prolifération a été tellement importante qu’elle a fait dire au diplomate autrichien aguerri, Anton Prohaska, qu’une des principales raisons qui avait retardé sur de longs mois, la libération des deux ressortissants autrichiens, Wolfgang Ebner et Andréa Kloeber, était justement « le télescopage de plusieurs services de renseignement dont les intérêts et les positions divergeaient ».
La France, très introduite au Sahel, grâce à une présence constante de la DGSE au Mali, au Niger et à un degré moindre en Mauritanie, fait fructifier ses intérêts, économiques surtout, avec près de deux cents entreprises installées entre le Mali et le Niger. L’implantation d’Areva au Niger et les entreprises interessées par l’uranium de Niamey sont devenues des doctrines au plan de la politique étrangère de la France. La « Françafrique », grâce à un subtil jeu d’alliances fait florès, malgré des revers subis les dernières années…
La présence américaine au Sahel est un établissement plus récent, mais la percée opérée par la CIA au Sahel, après un passage au Kenya et en Tanzanie, reste importante. La présence d’Al Qaeda dans la région est la raison invoquée par Washington, mais tous les spécialistes s’accordent à dire qu’endiguer la poussée sini-russe dans la région est devenue une nouvelle doctrine militaire et économique de la politique africaine de la Maison-Blanche.
Plus précis, l’agence euro-maghrébine de lutte contre le terrorisme, communément appelé Centre d'études maghrébines et de recherches stratégiques, que la France s’apprête à mettre sur pied dans un des pays du Maghreb, vraisemblablement la Tunisie, ne serait en fait, selon des sources informées, qu’un moyen d’avoir des informations « utiles » à mettre à la disposition de Paris.
L’initiative, lancée dans le cadre du forum de Défense dit 5+5 entre les pays du Maghreb et du sud de l'Europe (Espagne, Italie, France, Portugal et Malte), serait que la France puisse disposer d’informations « exploitables en temps réel », dans la prochaine étape des joutes stratégiques entre les puissances pour le contrôle de la triple région maghrébo-saharo-sahélienne. L’initiative avait été certes lancée pour les dix années à venir, mais soudainement elle a été reprise par le patron des renseignements extérieures français, Erard Corbin de Mangoux, qui avait poussé sa certitude jusqu’à préciser, dans une livraison de la revue française, « les Cahiers de Mars », que la zone du Maghreb figure parmi celles que son service «arpente» régulièrement.
Ce brusque regain d’intérêt a été aussi accéléré par la poussée terroriste opérée par Al-Qaïda au Maghreb, non seulement au Sahel mais bien au-delà. Selon les Cahiers de Mars, « l'objectif est justement de mettre en œuvre une plateforme de renseignements à même de garantir une coopération entre les pays concernés, en tête desquels le Maroc et l'Algérie, tout en permettant à la France, et à l'Union européenne, de surveiller de près un mouvement terroriste qui ne cache nullement ses ambitions de s'exporter en Europe. Un moyen également de parer le peu de coopération signalée entre les deux pays concernés par cette lutte, le Maroc et l’Algérie. D'où d'ailleurs le choix porté sur Tunis pour abriter le siège du centre »
La revue précise aussi qu’ « il est question d'installer des bureaux de liaison du CEMRS dans tous les pays du Maghreb, au sein même des chancelleries françaises. Ces «bureaux» devraient être chapeautés par les attachés militaires des représentations diplomatiques françaises au Maghreb. Au cœur des priorités d'ores et déjà fixée, la sécurité maritime et la menace terroriste. La région du Sahel figure en fait parmi les zones du nouvel «arc stratégique» français évoqué par le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationales ».
Echourouk On Line, 26 mai 2010
jeudi 27 mai 2010
Par Fayçal Oukaci
Le Sahel grouille de services de renseignements étrangers. Cela ne date pas d’hier, mais le constat établi par les pays concernés, le Mali, qui vient en tête de ces pays, le Niger et la Mauritanie, fait état d’une prolifération importante d’agents du renseignement à la faveur des prises d’otages opérées par AQMI dans la région.
Cette prolifération a été tellement importante qu’elle a fait dire au diplomate autrichien aguerri, Anton Prohaska, qu’une des principales raisons qui avait retardé sur de longs mois, la libération des deux ressortissants autrichiens, Wolfgang Ebner et Andréa Kloeber, était justement « le télescopage de plusieurs services de renseignement dont les intérêts et les positions divergeaient ».
La France, très introduite au Sahel, grâce à une présence constante de la DGSE au Mali, au Niger et à un degré moindre en Mauritanie, fait fructifier ses intérêts, économiques surtout, avec près de deux cents entreprises installées entre le Mali et le Niger. L’implantation d’Areva au Niger et les entreprises interessées par l’uranium de Niamey sont devenues des doctrines au plan de la politique étrangère de la France. La « Françafrique », grâce à un subtil jeu d’alliances fait florès, malgré des revers subis les dernières années…
La présence américaine au Sahel est un établissement plus récent, mais la percée opérée par la CIA au Sahel, après un passage au Kenya et en Tanzanie, reste importante. La présence d’Al Qaeda dans la région est la raison invoquée par Washington, mais tous les spécialistes s’accordent à dire qu’endiguer la poussée sini-russe dans la région est devenue une nouvelle doctrine militaire et économique de la politique africaine de la Maison-Blanche.
Plus précis, l’agence euro-maghrébine de lutte contre le terrorisme, communément appelé Centre d'études maghrébines et de recherches stratégiques, que la France s’apprête à mettre sur pied dans un des pays du Maghreb, vraisemblablement la Tunisie, ne serait en fait, selon des sources informées, qu’un moyen d’avoir des informations « utiles » à mettre à la disposition de Paris.
L’initiative, lancée dans le cadre du forum de Défense dit 5+5 entre les pays du Maghreb et du sud de l'Europe (Espagne, Italie, France, Portugal et Malte), serait que la France puisse disposer d’informations « exploitables en temps réel », dans la prochaine étape des joutes stratégiques entre les puissances pour le contrôle de la triple région maghrébo-saharo-sahélienne. L’initiative avait été certes lancée pour les dix années à venir, mais soudainement elle a été reprise par le patron des renseignements extérieures français, Erard Corbin de Mangoux, qui avait poussé sa certitude jusqu’à préciser, dans une livraison de la revue française, « les Cahiers de Mars », que la zone du Maghreb figure parmi celles que son service «arpente» régulièrement.
Ce brusque regain d’intérêt a été aussi accéléré par la poussée terroriste opérée par Al-Qaïda au Maghreb, non seulement au Sahel mais bien au-delà. Selon les Cahiers de Mars, « l'objectif est justement de mettre en œuvre une plateforme de renseignements à même de garantir une coopération entre les pays concernés, en tête desquels le Maroc et l'Algérie, tout en permettant à la France, et à l'Union européenne, de surveiller de près un mouvement terroriste qui ne cache nullement ses ambitions de s'exporter en Europe. Un moyen également de parer le peu de coopération signalée entre les deux pays concernés par cette lutte, le Maroc et l’Algérie. D'où d'ailleurs le choix porté sur Tunis pour abriter le siège du centre »
La revue précise aussi qu’ « il est question d'installer des bureaux de liaison du CEMRS dans tous les pays du Maghreb, au sein même des chancelleries françaises. Ces «bureaux» devraient être chapeautés par les attachés militaires des représentations diplomatiques françaises au Maghreb. Au cœur des priorités d'ores et déjà fixée, la sécurité maritime et la menace terroriste. La région du Sahel figure en fait parmi les zones du nouvel «arc stratégique» français évoqué par le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationales ».
Echourouk On Line, 26 mai 2010
Niger: la junte a lancé la transition mais l'heure des doutes et critiques a sonné
Niger: la junte a lancé la transition mais l'heure des doutes et critiques a sonné
De Thomas MORFIN (AFP) –
ABIDJAN — En cent jours, la junte militaire aux commandes au Niger a tenu sa promesse d'installer une transition en vue des élections, s'attirant un soutien international, mais à l'intérieur du pays des doutes commencent à se faire jour sur ses choix et sa pratique du pouvoir.
Le 18 février, dans un pays habitué aux coups d'Etat, le président Mamadou Tandja, au pouvoir depuis dix ans, était renversé par un putsch. Prenait fin la grave crise née de sa volonté de se maintenir malgré la fin de son mandat légal.
Très vite, le Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD, junte) promet de rendre le pouvoir aux civils à l'issue d'élections, d'"assainir la situation politique" et de "réconcilier les Nigériens".
En moins de quatre mois, le cadre de la transition a été posé.
Elle doit ainsi s'achever par des élections générales avant le premier anniversaire du coup d'Etat. Un nouveau code électoral a été promulgué cette semaine par le chef de la junte, le général Salou Djibo.
Des institutions de transition ont aussi été mises en place, en particulier un Conseil consultatif. Chargé de représenter les courants et couches sociales du Niger, il devra notamment donner son avis sur le projet de Constitution en cours d'élaboration.
Quant à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), dont le chef vient d'être désigné, elle doit être installée en juin. A elle de proposer les dates du référendum constitutionnel et des différents scrutins.
"C'est plutôt bien parti. Tout se met en place sur le plan institutionnel", estime une source diplomatique occidentale, jointe par l'AFP par téléphone depuis Abidjan.
Le CSRD vient d'ailleurs de recueillir un premier fruit de ses efforts.
Ces derniers jours, la reprise par la Banque mondiale de ses décaissements suspendus en 2009 et l'annonce par l'Union européenne d'une possible reprise "graduelle" de sa coopération, "en fonction des progrès", ont traduit un soutien international au processus en cours.
Naguère "mis à l'index", le Niger réintègre "progressivement la communauté internationale", se réjouit le porte-parole du gouvernement, Laouali Dan Dah.
A l'intérieur, une relative bienveillance a longtemps dominé à l'égard du nouveau régime, crédité pour son action face à la grave crise alimentaire qui frappe encore le pays et pour la "décrispation" politique à l'ordre du jour, selon l'expression du syndicaliste Issoufou Sidibé.
Le sort de Mamadou Tandja, toujours détenu, ne mobilise pas les foules, et les inquiétudes nées de l'arrestation d'une quinzaine de ses proches pour de présumées "activités subversives" se sont rapidement estompées avec leur libération en avril.
Cependant, ce quasi-consensus commence à se fissurer: de premiers doutes apparaissent et les critiques se font plus dures envers la junte.
Les chamboulements au sein de l'administration, où des centaines de nominations sont intervenues, suscitent de fortes contestations.
Figure de la société civile, Mamane Hamissou dénonce une "gestion opaque" favorisant "parents, amis et alliés" du pouvoir.
Le nouveau code électoral cristallise aussi des mécontentements, spécialement l'obligation faite aux candidats aux législatives d'être titulaires du baccalauréat.
L'immense majorité de la population étant analphabète, "beaucoup de Nigériens seront hors course", s'indigne M. Hamissou, condamnant un "apartheid". Du côté de l'ex-parti au pouvoir, on fustige un "manque de réalisme".
Les discussions "ne sont pas fermées", jure le gouvernement. Il voit dans le code électoral un "bon point de départ" vers des scrutins "libres et transparents".
Copyright © 2010 AFP. Tous droits réservé
De Thomas MORFIN (AFP) –
ABIDJAN — En cent jours, la junte militaire aux commandes au Niger a tenu sa promesse d'installer une transition en vue des élections, s'attirant un soutien international, mais à l'intérieur du pays des doutes commencent à se faire jour sur ses choix et sa pratique du pouvoir.
Le 18 février, dans un pays habitué aux coups d'Etat, le président Mamadou Tandja, au pouvoir depuis dix ans, était renversé par un putsch. Prenait fin la grave crise née de sa volonté de se maintenir malgré la fin de son mandat légal.
Très vite, le Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD, junte) promet de rendre le pouvoir aux civils à l'issue d'élections, d'"assainir la situation politique" et de "réconcilier les Nigériens".
En moins de quatre mois, le cadre de la transition a été posé.
Elle doit ainsi s'achever par des élections générales avant le premier anniversaire du coup d'Etat. Un nouveau code électoral a été promulgué cette semaine par le chef de la junte, le général Salou Djibo.
Des institutions de transition ont aussi été mises en place, en particulier un Conseil consultatif. Chargé de représenter les courants et couches sociales du Niger, il devra notamment donner son avis sur le projet de Constitution en cours d'élaboration.
Quant à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), dont le chef vient d'être désigné, elle doit être installée en juin. A elle de proposer les dates du référendum constitutionnel et des différents scrutins.
"C'est plutôt bien parti. Tout se met en place sur le plan institutionnel", estime une source diplomatique occidentale, jointe par l'AFP par téléphone depuis Abidjan.
Le CSRD vient d'ailleurs de recueillir un premier fruit de ses efforts.
Ces derniers jours, la reprise par la Banque mondiale de ses décaissements suspendus en 2009 et l'annonce par l'Union européenne d'une possible reprise "graduelle" de sa coopération, "en fonction des progrès", ont traduit un soutien international au processus en cours.
Naguère "mis à l'index", le Niger réintègre "progressivement la communauté internationale", se réjouit le porte-parole du gouvernement, Laouali Dan Dah.
A l'intérieur, une relative bienveillance a longtemps dominé à l'égard du nouveau régime, crédité pour son action face à la grave crise alimentaire qui frappe encore le pays et pour la "décrispation" politique à l'ordre du jour, selon l'expression du syndicaliste Issoufou Sidibé.
Le sort de Mamadou Tandja, toujours détenu, ne mobilise pas les foules, et les inquiétudes nées de l'arrestation d'une quinzaine de ses proches pour de présumées "activités subversives" se sont rapidement estompées avec leur libération en avril.
Cependant, ce quasi-consensus commence à se fissurer: de premiers doutes apparaissent et les critiques se font plus dures envers la junte.
Les chamboulements au sein de l'administration, où des centaines de nominations sont intervenues, suscitent de fortes contestations.
Figure de la société civile, Mamane Hamissou dénonce une "gestion opaque" favorisant "parents, amis et alliés" du pouvoir.
Le nouveau code électoral cristallise aussi des mécontentements, spécialement l'obligation faite aux candidats aux législatives d'être titulaires du baccalauréat.
L'immense majorité de la population étant analphabète, "beaucoup de Nigériens seront hors course", s'indigne M. Hamissou, condamnant un "apartheid". Du côté de l'ex-parti au pouvoir, on fustige un "manque de réalisme".
Les discussions "ne sont pas fermées", jure le gouvernement. Il voit dans le code électoral un "bon point de départ" vers des scrutins "libres et transparents".
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