mercredi 24 février 2010

Femmes de l’ombre : Tin-Hinan, reine des Touaregs


05/09/2002
Femmes de l’ombre : Tin-Hinan, reine des Touaregs
RFI/2002

(MFI) En 1925, à Abalessa, ancienne capitale du Hoggar, des archéologues ont découvert un caveau où se trouvait un squelette de femme bien conservé, ainsi qu’un mobilier funéraire, des bijoux en or et en argent et des pièces de monnaie à l’effigie de l’empereur romain Constantin. Ils définirent cette tombe, datée du IVe ou du Ve siècle, comme étant celle de Tin-Hinan, l’ancêtre des Touaregs. La découverte a fait rêver bien des chercheurs et des écrivains. Nous essayerons, sur leurs traces, d’évoquer cette figure de femme que les Touaregs nomment « Notre mère à tous ».


Tin-Hinan, cette femme énigmatique, dont l’existence nous a été révélée par la tradition orale et dont le nom voudrait dire « celle qui vient de loin » ou « celle qui se déplace », aurait été la mère fondatrice du peuple touareg. A travers les récits et les chants véhiculés par ses descendants, les hommes du désert, on peut retrouver son image : « Une femme irrésistiblement belle, grande, au visage sans défaut, au teint clair, aux yeux immenses et ardents, au nez fin, l’ensemble évoquant à la fois la beauté et l’autorité ».
Lorsqu’elle est arrivée dans le Hoggar, « elle venait de loin », indique son nom. Les chercheurs ont localisé cette origine chez les Bérâbers (Berbères) du Tafilalet, une contrée présaharienne du sud marocain qui devait être plus verdoyante qu’aujourd’hui.
Pourquoi quitta-t-elle ces lieux ? Personne ne peut le dire. Alors rêvons un peu et regardons la situation de la région au cours de ces années lointaines. Au IVe siècle, le nord de l’Afrique, et en particulier la Numidie, est dominé par la puissance romaine qui a adopté la religion chrétienne à laquelle s’est converti l’empereur Constantin. Cette Numidie, dont le nom pourrait venir de nomade, est alors le théâtre de révoltes contre le pouvoir romain. Diverses tribus circulent entre la côte méditerranéenne et les régions plus au sud, colportant non seulement des produits divers mais aussi des informations. Quelques membres de la tribu marocaine des Bérâbers, avec Tin-Hinan, ont-ils quitté la région pour des raisons de conviction ou de politique ? Première hypothèse.
Autre hypothèse : un conflit personnel au sein de la famille ou de la tribu qui aurait incité Tin-Hinan à fuir loin de son milieu d’origine. Une femme intelligente, une femme d’autorité qui prend la décision de partir... pourquoi pas ?


Deux femmes dans le désert
Ce que l’on sait, grâce à la tradition orale rapportée par le Père de Foucault qui l’a recueillie dans le Hoggar, c’est qu’elle ne fut pas seule à faire le trajet mais qu’elle se rendit dans ce haut massif du Sahara algérien en compagnie d’une servante nommée Takamat. Ces deux femmes étaient-elle accompagnées d’hommes pour ce voyage aventureux ? Rien ne le dit mais c’est vraisemblable. Traverser le Sahara était une aventure périlleuse, même si ce désert brûlant, dont le nom en arabe signifie le Fauve, connaissait un climat moins aride qu’aujourd’hui. Les vallées, les plaines, les squelettes de rivières, témoignent qu’une réelle végétation existait autrefois, tandis que les peintures rupestres indiquent que des chevaux y circulaient et que les chasseurs y trouvaient du gibier.
Imaginons ces deux femmes effectuant leur trajet à travers le désert. Sans doute ont-elles une monture : dromadaire, cheval, âne ( ?) qui leur permet d’éviter de trop grandes fatigues et quelques bêtes comme des moutons et des chèvres qui leur offrent le lait et la nourriture dont elles ont besoin. Comment auraient-elles pu survivre sinon ? On sait que le chameau a fait son apparition en Afrique au IIe siècle, venant de Libye, et que sa résistance permettant de longues marches a transformé la vie des nomades. Dans le Tafilalet et notamment à Sijilmasa, grand lieu de rencontres commerciales, les caravanes chamelières faisaient halte. Bien que les Touaregs disent n’avoir connu le chameau qu’après leur arrivée dans le Hoggar, il est possible que pour ce voyage, Tin-Hinan ait utilisé un de ces vaisseaux du désert dont le pas lent et sûr inspire confiance et qui reste encore de nos jours pour les Touaregs, leur moyen de transport favori, leur monnaie d’échange, l’insigne de leur richesse.
« J’ai pris ma longe et ma cravache au cuir tanné
et, voulant fuir ce lieu avant la fin du jour, j’ai saisi mon chameau.
Jusqu'à ce que s’apaise le vent d’après l’orage, il avait pâturé en un lieu agréable
où l’herbe d’emshéken était entremêlée de pousses d’ämämmän.
J’ai attaché ma selle ornée d’embouts de cuivre, qu’a fabriqué pour moi un artisan habile, douce pour la monture et pour le méhariste.
.. » (poème touareg).


Tin-Hinan consulte le ciel
On trouve, dans les peintures rupestres du Sahara, la trace d’une « route des chars » très ancienne, dont le trajet permet de trouver des mares, des puisards ou des oueds. La petite cohorte de Tin-Hinan a dû l’emprunter pour se procurer cette denrée rare, l’eau, dont un proverbe dit : aman iman, « l’eau, c’est l’âme ». Les voilà donc suivant ce tracé. Les jours passent, lentement. Parfois, la petite troupe aperçoit quelques nomades, pillards possibles, qu’elle évite soigneusement. Les heures de la journée sont chaudes et les voyageurs du désert qui subissent la brûlure du ciel accueillent la nuit avec soulagement. La pause du soir est bienvenue, surtout si elle se situe près d’un point d’eau et d’un pâturage. Les outres se remplissent et les bêtes se régalent. Il faut faire vite car l’obscurité tombe d’un seul coup. Tin-Hinan connaît les principales étoiles, elle consulte le ciel pour trouver sa future direction. On dresse une tente faite de peaux de chèvres tendues sur des arceaux. Le repas est frugal : une bouillie de farine mélangée au lait que l’on vient de traire.
Un jour, enfin, le sable s’estompe et la roche granitique, surmontée de crêtes et de pitons, apparaît. Il faut contourner les montagnes, se faufiler dans les vallées, trouver les trous qui ont conservé l’eau de pluie, et surtout faire manger les animaux. Région magnifique, mais aride et difficile. Pourtant, c’est là que Tin-Hinan s’installe. L’oasis d’Abessala, près de Tamanrasset, lui offre l’hospitalité de ses eaux et de ses pâturages. Y rencontra-t-elle d’autres habitants ? D’après Henri Lhote, qui a écrit de nombreux ouvrages sur l’Ahaggar (Hoggar), le pays aurait connu une population nombreuse, attestée par les palmeraies de Silet et d’Ennedid et des puits creusés avant l’arrivée de Tin-Hinan. Cette population noire, les Isebeten, ayant presqu’entièrement disparu, Tin-Hinan n’aurait pas eu besoin de se battre pour conquérir ces lieux devenus inhabités.
Que se passa-t-il dans les années qui suivirent cette installation dans le Hoggar ? Qui fut le père des enfants de Tin-Hinan ? Un compagnon venu avec elle du Tafilalet ? Un noble voyageur originaire de Libye ou d’Egypte ? Ou simplement un survivant de ces habitants qui occupaient les lieux précédemment ? Le nom de ce « père » n’est pas resté dans les récits véhiculés par la tradition. Mais, chez les Touaregs, la femme jouit d’un statut privilégié et le matriarcat est de règle, ainsi donc, n’est retenue que la descendance féminine.


« L’antimoine enténèbre ses paupières sombres »
D’après la légende, Tin-Hinan aurait eu trois filles : Tinert, l’antilope, ancêtre des Inemba ; Tahenkot, la gazelle, ancêtre des Kel Rela ; Tamérouelt, la hase, ancêtre des Iboglân.
De son côté Takama, la servante, aurait eu deux filles qui reçurent en cadeau de Tin-Hinan les palmeraies de la région que possèdent toujours leurs descendants.
Les voilà donc installés dans l’oasis d’Abalessa. Les tentes blanches se dressent dans ce paysage dominé par le haut massif de l’Atakor. La beauté des paysages, le silence de la nuit, le vent dans les montagnes n’a pu qu’inspirer ces nouveaux venus dans la région. Le tobol (tambour) et l’amzad (violon monocorde) étaient-ils déjà présents à l’époque de Tin-Hinan ? On peut imaginer que cette femme de caractère avait aussi le goût de la musique et de la poésie, tout comme ses descendants et, qu’autour du feu, les habitants du campement montraient leurs dons en ces matières.
Chantez, choristes, chantez pour les jeunes gens !
l’antimoine enténèbre ses paupières déjà si sombres, elle a rehaussé ses sourcils,
elle a orné ses joues de taches claires, pareilles aux Pleïades
Gaïsha, la chanteuse, que se passe-t-il ?
Frappe des mains plus ardemment, frappe le tambourin ! (poésie touarègue)
Tin-Hinan est l’amenokal (possesseur du pays), la reine de ce petit peuple en voie de création. Est-elle, comme le raconte une légende, à l’origine d’une ancienne écriture touarègue, le tifinagh, que l’on a trouvée ici et là gravée sur des pierres ? Ces signes, composés de bâtons (des jambes d’animaux ?) et d’ idéogrammes ronds (visages, soleil, astres ?) servirent-ils de repères pour marquer les routes du désert ? Le mystère n’est pas élucidé.
Si l’on en juge par les découvertes faites au début du XXe siècle, les nouveaux arrivants auraient trouvé à Abelassa un fortin témoignant d’une occupation militaire romaine avec un certain nombre de pièces ayant servi de chambres et de magasins. C’est dans une de ces cavités que Tin-Hinan sera plus tard enterrée et que la mission conduite par M. Reygasse, directeur du musée du Bardo à Alger, la découvrira en 1925.


De Tin-Hinan à la troublante Antinéa
D’après sa description, elle reposait sur un lit sculpté et portait des bracelets d’or et d’argent. A proximité des chevilles, du cou et de la ceinture, s’éparpillaient des perles en cornaline, agate et amazonite. Une écuelle de bois portait la trace d’une pièce à l’effigie de l’empereur Constantin. Ces objets ainsi que le mobilier témoignent des relations qui ont pu se nouer entre les habitants de l’oasis et les voyageurs venus de l’Orient. Tin-Hinan a donc été capable, non seulement de faire ce voyage à travers le Sahara mais aussi de créer les conditions de vie dans les lieux et de nouer des relations commerciales nécessaires à l’enrichissement du peuple né de sa descendance.
Les Touaregs de l’Ahaggar ont donc naturellement conservé le souvenir de cette femme remarquable, et leurs récits, recueillis par le père de Foucault qui vécut en ermite à Tamanrasset au début du XXe siècle, inspira le romancier français Pierre Benoît qui, dans L’Atlantide publié en 1920, met en scène un jeune militaire rencontrant Antinea, une femme énigmatique qui règne sur le Hoggar. « Antinéa ! Chaque fois que je l’ai revue, je me suis demandé si je l’avais bien regardée alors, troublé comme je l’étais, tellement, chaque fois, je la trouvais plus belle.... Le klaft égyptien descendait sur ses abondantes boucles bleues à force d’être noires. Les deux pointes de la lourde étoffe dorée atteignaient les frêles hanches. Autour du petit front bombé et têtu, l’uraeus d’or s’enroulait, aux yeux d’émeraude, dardant au-dessus de la tête de la jeune femme sa double langue de rubis. Elle avait une tunique de voile noir glacé d’or, très légère, très ample, resserrée à peine par une écharpe de mousseline blanche, brodée d’iris en perles noires. Tel était le costume d’Antinéa... »
L’imaginaire de Pierre Benoît nous conduit loin de la réalité et, pour retrouver l’ancêtre des Touaregs, il est préférable de lire des ouvrages scientifiques modernes, mais dans ceux-ci la trace de Tin-Hinan est bien mince. Tin-Hinan reste donc une reine de légende qui préfigure la femme moderne, capable de créer la vie et de gérer le bien public. C’est ainsi que les Touaregs nous ont transmis son image. C’est ainsi que nous avons tenté de la faire revivre.



Jacqueline Sorel
(avec la collaboration de Simonne Pierron)



Liens utiles retour


Pour en savoir davantage :
Henri Lhote, Les Touaregs du Hoggar. Ed. Armand Colin, 1984.
Albaka et D.Casajus, Poésies et chants touaregs de l’Ayr. Awal/L’Harmattan, 1992

La puissance nucléaire française et l’uranium du Niger


Khadija Sharife-http://afriquinfos.centerblog.net/-24-02-10
La puissance nucléaire française et l’uranium du Niger
mercredi 24 février 2010

Le Niger exporte suffisamment d’uranium vers la France pour générer 80% de l’électricité de cette dernière, note Khadija Sharife. Mais le Nigérien ordinaire profite peu de cette mainmise française sur des ressources vitales pour ce pays, avec les trois cinquième de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté. Sans compter les rapports faisant état de la contamination radioactive de l’eau, de l’air et du sol par les opérations d’extraction menées par les multinationales. C’est ce pays qui vient de vivre le énième coup d’Etat de son histoire, avec la destitution de Mamadou Tandja.

Le réseau de routes principales reliant des centres urbains miniers tel Arlit, Agadez et Niamey est connu sous le nom de ‘’l’autoroute de l’uranium’’. Développé entre 1970 et 1980, la route reliant le nord au sud du Niger fait office d’artère principale pour faciliter le transport des ressources liquéfiées d’uranium. Le réseau lui-même fait partie de la route transsaharienne, un ancien système utilisé depuis des temps immémoriaux par les habitants de ‘’Tinariwen’’ ou le Désert des Innombrables, selon le terme sous lequel le Sahara était connu par ses fils, y compris les Hausa et les Touaregs.

Malgré les découpages des territoires par les anciens colonialistes qui ont rassemblé des états/nations à leur convenance (pour mieux diviser, conquérir et exploiter), la route transsaharienne a continué à exister en se jouant astucieusement des frontières fermées. Au milieu de cette route se trouve le Niger enclavé, un pont entre le Nord et l’Afrique subsaharienne, un pays qui avoisine sept autres pays.

Le Sahara, qui englobe 11 pays, recouvre 80% des terres du Niger, un pays qui se caractérise par la pauvreté, la famine, les sécheresses et les dictatures. Plus de 60% de sa population vit dans la ceinture de pauvreté, privée de l’accès à la nourriture, à l’eau, aux installations sanitaires, aux infrastructures et à l’instruction. L’espérance de vie culmine à 43 ans et la plupart de ses citoyens - y compris 71% des femmes - sont analphabètes. Seul 3% du budget de l’Etat sont alloués à l’instruction, alors que plus de 50% des finances de développement vont au service d’une odieuse dette à payer. L’annulation de la dette, après que le Niger ait été jugé éligible par le FMI à l’Initiative en faveur des Pays Pauvres Très Endettés), a exigé une privatisation massive des entreprises étatiques nigériennes et a fourni une aide partielle. Néanmoins, en 2007, les directeurs du FMI ont estimé que le fardeau de la dette nationale demeurait trop élevé et ce, malgré le ‘’remède’’ des ajustement structurels.

Le Niger, qui exporte 7,7,% de l’uranium mondial, se situe avec constance parmi les cinq premiers exportateurs avec le Canada, l’Australie, le Kazakhstan et sa production est au même niveau que celle de la Russie. La ville d’Arlit, à elle seule, fournit largement les anciens seigneurs coloniaux, la France, en uranium. Un approvisionnement requis pour le programme nucléaire de l’Hexagone et ses centrales nucléaires estimées au nombre de 59.

L’uranium avait initialement été découvert au Niger en 1957 par le Bureau Minier de la France d’Outre Mer, une année avant la création de la République du Niger. Ceci à la suite d’une étude extensive menée par la Commission à l’Energie Atomique (CEA) de la France, qui a commencé en 1956 et a conduit à plusieurs découvertes à la veille de l’indépendance en 1960. La décolonisation réussie de l’Afrique par la France a été réalisée grâce à des accords militaires secrets et des accords concernant les ressources, ainsi que des zones monétaires spéciales. Ces accords imbriquaient les intérêts de la France avec ceux des gouverneurs autochtones soigneusement choisis comme au Gabon et au Togo - Omar Bongo et Gnassingbé Eyadéma - tous deux dirigeants à vie, de la libération sélective à la mort, et Félix Houphouët-Boigny en Côte d’Ivoire. Ainsi, non seulement la France a eu un accès préférentiel aux ressources stratégiques, la présence de bases militaires françaises dans des anciennes colonies étaient légitimées, servant à la fois à soutenir le règne des dictateurs tout en les gardant sous contrôle. A partir de 1969, 27 accords ont été signés par d’anciennes colonies, y compris le Niger.

Les intérêts français ont été servis par le biais de la politique africaine postcoloniale de la France, connue sous le nom de Françafrique, qui a impliqué les échelons politiques et diplomatiques de l’Elysée depuis l’époque du général de Gaulle. Cette politique impliquait les lobby du renseignement et des multinationales intimement connectée avec l’Etat, comme Elf et Areva, des dictateurs de fabrication française et des réseaux de l’ombre désignés sous le nom de personnalité qu’on souhaitait honorer, comme Jacques Foccart, le principal conseiller pour l’Afrique de de Gaulle qui a été rappelé, après avoir pris sa retraite à l’âge de 81 ans, par le président Jacques Chirac, afin qu’il reprenne des activités. Chirac lui-même a déclaré, au début des années 1990, que le continent ‘’ n’était pas prêt pour la démocratie’’. Lorsqu’il lui a été demandé de décrire le rôle de Foccart dans Françafrique, le vice Premier ministre du général de Gaulle, Louis Joxe, a déclaré ‘’ être la nounou des présidents et s’assurer que les fonctionnaires africains seront payés à la fin du mois’’.

Les mines d’uranium découvertes au Congo, au Gabon et au Niger ont permis à la France de contourner les terrains minés menant à l’uranium en Ouzbékistan, au Canada et en Australie, des régions perçues comme ayant des tendances proaméricaines ou étant gérées par les Etats-Unis, rival de la France en Afrique et ailleurs. La Chine, assoiffée de ressources, avec une présence en expansion rapide en Afrique avec plus de 24 milliards de dollars de prêts depuis 2003, principalement garantis par des ressources, est aussi considérée comme une menace aux intérêts français.

Actuellement la France maintient 10 000 soldats spécialisés sur le continent, principalement basés à Libreville au Gabon, aussi connue sous le nom de ‘’Foccartland’’. De 1997 à 2002, la France est intervenue militairement 36 fois. Sur ces incidents, 24 ont eu lieu sans référence aux Nations Unies. La politique de Françafrique se poursuit sous Sarkosy, avec des soldats français intervenant dans des disputes internes.

Depuis le jour de l’indépendance du Niger, Diori Hamani du Niger et son parti politique, le Parti Progressiste nigérien (PPP), indirectement choisi par la France, ont régné sur le pays, aidé dès 1963 ouvertement par diverses interventions ou par des actions clandestines. Grâce à des accords militaires secrets, les soldats français basés à Niamey ont collaboré avec celui-ci afin d’éliminer et d’exiler l’opposition, tel que l’Union Nigérienne Démocratique. Hamani Diori s’est présenté aux élections, sans opposition, en 1965 et en 1970 mais a commis l’erreur fatale de demander le retrait des troupes françaises au début des années 1970. La France l’a fait, puis sans surprise un coup d’Etat militaire a porté au pouvoir le colonel Seyni Kountche au pouvoir. Kountche a été tué en 1987 et le colonel Ali Saibou lui a succédé.

Une avancée rapide de l’autoritarisme électoral du Niger sous la dictature de Tandja Mamadou

Actuellement, les forces armées du Niger, qui comptent 12 000 hommes, sont guidées par 15 conseillers militaires français. Et les Nigériens sont principalement instruits, entraînés et financés par la France. Ils protégent cinq zones cruciales, à savoir les routes géostratégiques et les mines. Les deux plus importantes mines du Niger sont contrôlées par Areva, l’entité dominante en matière de nucléaire, sous l’égide de l’Elysée, au travers de l’actionnaire principal, le CEA, propriété de la France.

Présent dans 43 pays, impliqué dans tous les aspects de la chaîne des matières premières, de l’extraction à l’enrichissement, de la propulsion, au recyclage et au démantèlement, avec un chiffre d’affaire de 16,16 milliards d’euros, la puissante économie mobile d’Areva éclipse celle de nombreux pays en voie de développement. Les mines du Niger, souterraines et à ciel ouvert, sont exploitées par les firmes subsidiaires d’Areva, comme COMINAK et SOMAIR, qui rapportent entre 75 et 90% du revenu national. Les réserves d’uranium d’Imoumaren, dont il est attendu qu’elles produisent 5000 tonnes par an, ont fait l’objet d’un contrat signé en janvier 2009 entre Areva et le gouvernement de Mamadou Tandja, et ce pour 40 ans. Il est prévu que la production débute en 2012 après un investissement de 1,2milliards d’euros.

COMINAK et SOMAIR produisent au jour d’aujourd’hui presque 5000 tonnes par an. ‘’ Le thème de l’uranium et des accords qui y sont liés sont de nature hautement stratégiques et se situent au niveau des Etats’’ déclare Idriss Ali, coordinateur national au Niger de Publish what you pay (Publiez ce que vous payez). ‘’Ces accords reproduisent un cadre néocolonial qui ont conduit à la signature des accords miniers et déterminent le fonctionnement de SOMAIR (1968) et de COMINAK (1975), qui ne sont rien d’autres que des contrats préférentiels qui mettent l’uranium du Niger à la disposition de la France. Dans ces conditions, le choix se porte sur l’acheteur du produit ; fixer le prix sur le marché international est la prérogative de l’ancienne puissance coloniale’’, déclare-t-il.

Depuis 2007, le gouvernement du Niger, dans une effort de diversification de l’industrie de l’uranium, a octroyé 122 licences d’exploitation à des multinationales françaises en plus des compagnies américaines, sud africaines, chinoises, canadiennes et australiennes. La compagnie étatique chinoise pour l’uranium, SINO-U, investira 300 millions de dollars afin d’exploiter les mines de Somina, près d’Agadez et produira 700 tonnes par an à partir de 2010. Quant à la multinationales américaine Exelon Corporation, elle a signé des accords avec le gouvernement portant sur l’accès à 300 tonnes par an pour une période de dix ans. Mais le gouvernement a encore davantage diversifié le type de matières premières exploitées, y compris le pétrole (l’objet d’un accord de 5milliards de dollars avec la National Petroleum Corporation chinoise) et l’or (d’ores et déjà la troisième plus importante matière première à être exportée, comptant pour 13% dans le revenu des exportations). Mais la France reste la source principale d’investissement et l’élément dominant de contrôle géostratégique et d’exploitation des ressources en uranium du Niger.

Selon Areva, en 2006, la compagnie a atteint le seuil des 100 000 tonnes d’uranium extrait. Le gouvernement du Niger a reçu 300 milliards de CFA sur un total de 2 300 milliards de CFA de revenu des ventes. L’extraction des minerais, dominé par l’uranium, génère entre 2,4,% et 4% du PIB du Niger. Areva reste le principal employeur du pays, suivi par le gouvernement, avec 1850 personnes directement employées et plus de 4000 emplois indirects auprès de sous contractants et des pourvoyeurs de services divers.’’ Nos investissements durables dans l’eau et la santé représentent une contribution de plus de 3 millions de CFA annuellement’’, déclare la compagnie.

Et ce sont précisément les prétentions à un investissement environnemental qui ont mené le pays à s’insurger, en particulier sur la question de l’usage par COMINAK, pour sa mine souterraine, de l’eau provenant de sources non renouvelables, mais aussi pour les fuites de matières radioactives qui ont contaminé l’eau, l’air et le sol, pour la vente de ferraille mortellement radioactives au marché, ainsi que des minerais radioactive utilisés pour construire des routes et des déchets radioactifs (de la roche d’uranium pulvérisée). ‘’Lorsque nous avons visité le Niger, des fonctionnaires nous ont dit’’ ici au Niger vous êtes en France’’ Si il y a un problème au Niger, celui-ci remonte en France, chez Areva’’, disait Bruno Chareyon, un physicien et gérant du laboratoire d’une ONG française, CRIIRAD (Commission de Recherche Indépendante et d’Information sur la Radioactivité) qui a établi un rapport accablant.

Le rapport de la CRIIRAD a documenté plusieurs trouvailles, y compris les 20 millions de tonnes de roche d’uranium pulvérisé, carcinogène et radioactive, stockées en plein air, du matériel radioactif dont la compagnie s’est débarrassé et qu’elle a vendu sur le marché par le biais de ferrailleur, des émissions de gaz toxiques à partir des mines de COMINAK ainsi que l’exploitation d’eau souterraine provenant de sources non renouvelées, sans parler de la contamination des sources d’eau, de la violation des standards internationaux de protection contre les radiations, parmi d’autres. ‘’Lorsque nous avons informé la presse de nos découvertes, Areva a organisé un voyage des médias au Niger, a affrété un avion pour transporter les 30 journalistes mais sans compteur Geiger ni aucun moyen d’évaluer le degré de radiation. Ils (les journalistes) auraient pu se tenir sur de la roche radioactive qui se trouve sur les routes et ne pas le savoir’’, a déclaré Chareyon. Il a aussi révélé qu’un laboratoire avec lequel la multinationale a passé contrat pour mesurer les radiations a rejeté les affirmations de la compagnie. Areva prétend que seul le gouvernement du Niger est responsable pour les systèmes de régulations.

Néanmoins, le gouvernement du Niger semble manifester le même manque de préoccupation que la multinationale. Lors de son inspection, le CRIIAD a jugé indolent le Centre National de Protection contre les Radiations (CNPR), l’institution nationale officielle qui doit surveiller les radiations ionisantes. ‘’ Le CNPR ne peut avoir procédé à des analyses en raison du fait que leur seul spectromètre gamma était cassé. Un fil électrique était délogé depuis le jour où la machine leur a été livrée’’, explique Chareyon.

Mais les citoyens du Niger ne sont pas restés les bras croisés. Le Mouvement du Niger pour la Justice, actif depuis 2007 mené par un ancien fonctionnaire des Forces armées du Niger, a demandé une plus grande part des revenus de l’uranium, la protection contre la dégradation de l’environnement et l’accès à des biens comme l’eau, des installations sanitaires, l’instruction et l’électricité qui sont des droits constitutionnels. Le gouvernement a rejeté le mouvement de la société civile comme étant des trafiquant de drogues anti-démocratiques.

Il va sans dire qu’‘au jour d’aujourd’hui, le Niger n’a pas accès au moindre uranium extrait à l’intérieur de ses frontières : les 100% de l’électricité (225 million de kWh) proviennent d’énergie fossile et est largement importé du Nigeria voisin. Toutefois la France a bien conscience de la situation.’’ Jusque à maintenant, il est impossible aux citoyens français et à la société civile d’obtenir le contenu de ‘’ces accords secrets’’ concernant l’accès et le contrôle des ressources. C’est confidentiel’’, déclare Sebastein Alzerreca de l’ONG française Survie. Mais il met en garde : ‘’Si la diplomatie échoue, ils peuvent toujours envoyer l’armée’’ Pas de doute que l’autoroute de l’uranium s’avérera bien utile.

* Khadija Sharife est une journaliste indépendante et un écrivain. Elle est actuellement au Centre for Civil Society comme chercheur invitée et à la Tax Justice Network comme chercheur. Cet article est paru pour la première fois dans Thinker (vol.11 2010). Il a été traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger

Sahel :"Interférences"


M. Saadoune-Le Quotidien d’Oran-24-02-10
Sahel :"Interférences"
mercredi 24 février 2010

Sur le Sahel, il existe déjà toute une littérature qui le dessine comme un nouvel Afghanistan ou une Somalie anarchique qui menacerait le monde. Cette « zone grise » de trois millions de kilomètres carrés, où des rebellions locales et des trafics en tout genre ont existé de tout temps, est devenue très « intéressante » pour des raisons économiques et géopolitiques.

Al-Qaïda, ici comme ailleurs, est une réalité relative grossie pour servir de prétexte ou de justification aux Occidentaux pour exiger une présence militaire directe. Les Américains ont des « initiatives » pour la région. Ils ont caressé l’idée – l’ont-ils définitivement oubliée ? - d’y installer le QG de l’Africom. Il faudrait être naïf pour ne pas lier ces pressantes sollicitudes aux réserves, encore inexploitées, de matières premières stratégiques dans cette vaste zone. Et de l’entrée en scène du concurrent chinois qui, à force d’être entreprenant, est parvenu à battre en brèche le monopole occidental.

Les Etats de la région, tout en collaborant, ont, à des degrés divers, refusé d’être embarqués à l’aveuglette dans la « global war » américaine. Ce refus ne les laissait pas moins comptables d’une situation où leurs propres faiblesses et leur incapacité à intégrer leurs populations ont fait le lit de trafics en tous genres. Et aussi de rebellions endémiques.

Face à l’intrusion, à partir des années 90, d’un activisme djihadiste surdimensionné par le discours sécuritaire occidental, les Etats de la région se devaient d’adapter leurs réponses. Ils avaient une « offre » américaine de supervision de l’action militaire dans la région sahélienne assortie d’une présence physique. Certains Etats étaient tentés d’accepter, d’autres l’ont rejetée résolument en essayant d’initier une réponse régionalisée pour résister à une pression globalisante à la finalité douteuse. Cette démarche s’est pendant longtemps heurtée au choix du Mali de ne pas trop s’attaquer à la présence des djihadistes sur son territoire pour se focaliser sur la rébellion targuie. Cela a constitué un motif de discorde silencieux entre Alger et Bamako.

En réussissant à nouveau à résorber la rébellion targuie, Alger ne laissait plus de prétexte au Mali. L’armée malienne a même semblé se faire plus entreprenante face aux membres de l’AQMI. Cette tendance nouvelle a permis la tenue d’une réunion des chefs des armées des pays de la région (Algérie, Mauritanie, Mali et Niger) à Tamanrasset en août dernier. C’était une première. Elle indiquait qu’une riposte régionale au défi sécuritaire au Sahel était en marche. Et qu’elle était le fait des seuls pays de la région.

L’affaire de la libération « judiciaire » de quatre activistes de l’AQMI par le Mali porte indéniablement un coup dur à cette amorce de riposte régionale. Il n’est pas besoin de discuter de l’attitude de la France. Les Etats occidentaux ont déjà montré par le passé qu’ils sont de manière générale pour la fermeté contre le terrorisme, mais qu’ils font exception quand la vie de leurs citoyens est en jeu. Une fois les otages occidentaux libérés contre des élargissements de prisonniers ou contre des rançons, il restera aux Etats de la région à faire le bilan. Et incontestablement, ils ne pourront que noter qu’ils auront à payer la facture de la gestion « humanitaire » occidentale – tout aussi respectable qu’elle puisse être – des otages. La crise entre le Mali et ses voisins algériens et mauritaniens en est un indice. Ces Etats sont condamnés à reprendre, tôt au tard, le chemin de la coopération. Il leur reste à tirer la leçon de cette affaire et de ses lourdes interférences.

TINARIWEN, MUSIQUE AMAZIGH TOUAREG TAMAZGHA

Niger : le nouveau Premier ministre a demandé des "garanties" à la junte

AFP / 24 février 2010 11h38
Niger : le nouveau Premier ministre a demandé des "garanties" à la junte
mercredi 24 février 2010

NIAMEY - Mahamadou Danda, qui vient d’être nommé Premier ministre du Niger par la junte au pouvoir depuis près d’une semaine, a assuré mercredi à l’AFP avoir demandé aux militaires des "garanties" sur un retour aux règles démocratiques.

"J’ai demandé des garanties nécessaires pour être sûr de m’engager dans un processus devant aboutir à la restauration réelle de la démocratie", a déclaré M. Danda.

Ces "garanties" portent sur les délais les plus "corrects" possibles pour un retour à la vie constitutionnelle et l’organisation d’élections, a ajouté M. Danda.

Mardi soir, la junte qui a déposé le président Mamadou Tandja lors du coup d’Etat du 18 février, a nommé comme Premier ministre M. Danda, un civil, par un décret signé par le président du CSRD (Conseil suprême pour la restauration de la démocratie, junte), proclamé chef de l’Etat lundi.

Les putschistes ont suspendu la Constitution très controversée d’août 2009, dissous le gouvernement et promis la tenue d’élections à l’issue d’une période de transition dont la durée n’a pas été précisée.

"Ma priorité c’est principalement la restauration de la démocratie", a insisté M. Danda, tout en précisant qu’il n’avait "pas encore rencontré directement le président de la transition lui-même", le chef de la junte Salou Djibo.

Il va falloir "préciser l’agenda de la transition pour que les choses soient très claires dans la tête de tout le monde et que nous ayons un chronogramme assez clair de travail", a-t-il poursuivi.

Ce diplômé de sciences politiques en France, qui assure n’être affilié a aucun parti, estime avoir été choisi par la junte "parce que considéré comme en retrait de la scène" politique.

Conseiller politique à l’ambassade du Canada au Niger depuis dix ans, M. Danda a déjà été ministre d’une junte lrs d’une période de transitions, il y a une dizaine d’années.

En 1999, il avait été nommé ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement sous la présidence de Daouda Mallam Wanké. Ce commandant avait pris le pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat en avril 1999, lors duquel le président Ibrahim Baré Maïnassara avait été tué.

Au terme d’une transition de près de neuf mois, il avait rendu le pouvoir aux civils avec l’organisation d’élections remportées par Mamadou Tandja, qui a dirigé le pays pendant un peu plus de dix ans.

Mali : l’ex-otage à Bamako

AFP - 24/02/2010 | 09:51
Mali : l’ex-otage à Bamako
mercredi 24 février 2010
L’ex-otage français Pierre Camatte, libéré hier dans le nord du Mali par la branche maghrébine d’Al-Qaïda qui le retenait depuis près de trois mois, est arrivé mercredi matin tôt à Bamako, a-t-on appris de sources aéroportuaires. "Le Français est arrivé tôt ce matin à l’aéroport de Bamako. Il portait un grand boubou blanc", a déclaré à l’AFP cette source.

Une source policière a confirmé l’arrivée de l’ex-otage âgé de 61 ans, qui portait également un turban, à la manière des habitants du nord du Mali. Après sa libération dans le grand nord du Mali, le Français avait été acheminé vers Gao (1.200 km de Bamako) d’où il a pris un "vol spécial" à destination de la capitale malienne, mercredi matin très tôt, selon une source à l’aéroport de Gao.

La libération de M. Camatte suit la mise en liberté de quatre islamistes réclamés par Al-Qaïda, que le Mali avait fait libérer dans la nuit de dimanche à lundi.

Lettre au Chef de l’État du Niger Monsieur le Président,

Lettre au Chef de l’État du Niger Monsieur le Président,
Idées & Opinions
Mercredi, 24 Février 2010 07:17


Vous avez pris en main depuis peu les destinées d’un pays durement meurtri par l’action de l’homme. Vous succédez à un homme qui, des hauteurs où il le peuple nigérien l’avait placé, a précipité ce que ce peuple avait de plus cher dans les abîmes de l’Histoire. Choisi par la Providence et guidé par elle, vous avez su arrêter le déclin amorcé en ce triste jour du 4 août 2009. Les patriotes de l’intérieur, les patriotes de l’extérieur vous en savent gré, n’en déplaise à ceux qui font plus de cas des principes mondains que de la vie des peuples martyrisés.
Le patriote en moi ne dissimule point sa satisfaction, ni le démocrate sa joie, au moment où s’achève l’imposture que le pays a enduré. Ils n’ont pas résisté à la liberté de prendre la parole. Mais, en la prenant, ils s’adressent à vous non pas en hommes de parti, mais en hommes n’ayant d’autre parti que le Niger. Vous leur permettez donc, Monsieur le Président, d’exprimer humblement les pensées et les attentes d’un grand nombre de vos compatriotes.
De la mission que vous vous êtes donnée, l’objectif premier concerne l’assainissement de la situation politique du Niger. Objectif ne pouvait être mieux fixé, parce que d’une part, de toutes les calamités dont le Niger a souffert, le jeu politique s’est montré le plus pernicieux, parce que d’autre part, les Nigériens dépouillés, leurrés, nargués, appelaient de leurs vœux la fin des querelles politiciennes intermittentes, et le pillage endémique du patrimoine national.
Monsieur le Président, si l’aseptisation que vous annoncez vise la politique en général, elle doit concerner tout particulièrement les hommes et les femmes qui sont entrés en politique non pas pour servir leur peuple, mais pour se servir à son détriment. L’assainissement de la situation politique du Niger appelle donc la fin de l’impunité et la restitution à l’État de ce qui appartient à l’État.
Excellence, la démocratie à la restauration de laquelle vous entendez œuvrer est un mouvement irréversible et irrépressible, mais non linéaire. Dans les pays où elle s’est établie de longue date, les hommes ont oublié les flux et reflux qui ont parsemé son parcours. Dans nos pays où elle est encore à ses balbutiements, les hommes, pour paraître de leur temps, se contentent de son simulacre. Dans aucun pays, à aucune époque la démocratie ne s’est construite en quelques décades. C’est un mouvement de fond qui, pour atteindre ses fins, charrie dans un même élan ce qui lui est favorable et ce qui semble lui être défavorable.
Excellence, en ces moments solennels, je m’en voudrais de ne pas évoquer les mots d’un grand ami de la démocratie : « Partout, dit-il, on a vu les divers incidents de la vie des peuples tourner au profit de la démocratie; tous les hommes l’on aidée de leurs efforts : ceux qui avaient en vue de concourir à ses succès et ceux qui ne songeaient point à la servir; ceux qui ont combattu pour elle, et ceux mêmes qui ses ont déclarés ses ennemis » Le coup d’État du 18 février appartient à la catégorie des incidents qui servent la démocratie. Et, il a fallu que les ennemis de la démocratie œuvrent contre elle, pour que vous formiez le dessein de la restaurer.
En l’occurrence, la restauration de la démocratie gagnerait à prêter une attention toute particulière aux fondations. Je crois en effet que les institutions sont à la démocratie ce que les fondations sont à un édifice. De la même manière que des fondations solides contribuent à l’équilibre de l’édifice, des institutions fortes concourent à la stabilité de la démocratie. Et si je devais m’attarder sur cette analogie, je dirais, Monsieur le Président, que si les édifices se rencontrent aux quatre coins du monde, si dans leur construction entrent des matériaux divers, ils ne peuvent remplacer les édifices construits chez nous, avec des matériaux de chez nous. Au demeurant, plus les institutions que vous mettrez en place pour soutenir notre démocratie s’adapteront à l’environnement et aux conditions dans lesquels vivent les Nigériens, mieux elles assureront leurs fonctions. Je ne crois pas me tromper, en affirmant que si ces institutions et les lois que vous adopterez favorisent la liberté et l’égalisation des conditions sociales, alors elles concourront à la réconciliation des Nigériens.
Excellence, on a déjà dit que la valeur n’attend point le nombre des années, j’ajoute : la grandeur aussi. Il vous appartient d’accepter ou de refuser de marcher sur le chemin de la grandeur que l’Histoire ouvre devant vous.
Puisse le Niger qui aspire à briller au sein des nations paisibles et prospères, connaître le bon départ sous votre gouvernement éclairé.
Farmo Moumouni

Le monde en 2025 selon la CIA


Samir Amin -http://www.michelcollon.info/index.php-16-02-10
Le monde en 2025 selon la CIA
mercredi 24 février 2010

La lecture du dernier rapport de la CIA sur « le monde en 2025 » ne fournit guère de renseignements qu’un observateur ordinaire de l’économie et de la politique mondiale aurait ignoré. Par contre elle nous permet de mieux connaître le mode de pensée de la classe dirigeante étasunienne et d’en identifier les limites.

Je résumerai mes conclusions de cette lecture dans les points suivants :

1. la capacité de « prévoir » de Washington étonne par sa faiblesse ; on a le sentiment que les rapports successifs de la CIA sont toujours « en retard » sur les évènements, jamais en avance ;

2. cette classe dirigeante ignore le rôle que les « peuples » jouent parfois dans l’histoire ; elle donne le sentiment que les opinions et les choix des classes dirigeantes comptent seuls, et que les peuples « suivent » toujours ces derniers choix pour s’y adapter sans jamais parvenir à les mettre en échec et encore moins à imposer des alternatives différentes ;

3. aucun des « experts » dont l’opinion aurait été retenue n’imagine possible (et encore moins « acceptable ») un mode de gestion de l’économie autre que celui dont l’économie conventionnelle reconnait le caractère prétendu « scientifique » (l’économie capitaliste « libérale » et « mondialisée »), il n’y aurait donc pas d’alternative crédible (et donc éventuellement possible) au « capitalisme libéral » ;

4. l’impression qu’on tire de cette lecture est que, de surcroit, l’establishment étasunien conserve quelques solides préjugés, notamment à l’égard des peuples d’Afrique et d’Amérique latine.

Le rapport précédant – le monde en 2015 – n’avait pas imaginé que le mode de financiarisation du capitalisme des oligopoles devait nécessairement conduire à un effondrement comme cela s’est produit en 2008 et avait été prévu et décrit des années auparavant par des analystes critiques que les experts de l’establishment étasunien ne lisent jamais (dont François Morin, John Bellamy Foster et moi-même). De la même manière l’échec militaire en Afghanistan n’avait pas été imaginé et c’est seulement donc dans ce dernier rapport que l’idée d’un abandon partiel de la stratégie de Washington de contrôle militaire de la planète est envisagée – évidemment suite à son échec !

Aujourd’hui encore donc (dans la perspective de 2025) le rapport affirme sans hésitation « qu’un effondrement de la mondialisation » reste impensable. Notre hypothèse est au contraire qu’il y a une forte probabilité de « dé-globalisation » par la constitution de régionalisations robustes et déconnectées (au sens que les rapports que ces régions entretiendraient entre elles seront l’objet de négociations ne remettant pas en cause gravement leur autonomie relative).

« l’hégémonie » des Etats Unis désormais imaginée comme « écornée »D’une manière générale « l’hégémonie » des Etats Unis, dont le déclin est visible depuis plusieurs décennies, affirmée pourtant dans le rapport précédant comme toujours « définitive » est désormais imaginée comme « écornée », mais néanmoins toujours robuste.

Il est coutumier que les classes dirigeantes n’imaginent pas le terme possible du système qui assure la perpétuation de leur domination. Les « révolutions » sont donc toujours, pour elles, non seulement des « catastrophes », mais encore des accidents imprévisibles, inattendus, « irrationnels ». Cette myopie fatale leur interdit de sortir du cadre d’une prétendue « real-politik » (fort peu réaliste en réalité !) dont le parcours est façonné exclusivement par les effets des calculs, des alliances et des conflits concernant les seules classes dirigeantes. La géopolitique et la géostratégie sont alors strictement enfermées dans l’horizon des possibilités conformes à ces jeux. Les raisonnements développés par les analystes de la CIA, concernant les différentes options possibles de la classe dominante étasunienne (et de ses alliés subalternes européens et japonais), en réponse à celles de leurs adversaires sérieux (les pays « émergents », Chine en premier lieu) et aux oscillations chaotiques possibles d’autres, sont certainement fondées.

Mais il reste que l’éventail des objectifs et des stratégies mises en œuvre par les Etats, les nations et les peuples des périphéries du système mondial (qu’il s’agisse des pays émergents ou de ceux qui sont marginalisés) est sérieusement rétréci par le préjugé « libéral » fondamental. La contradiction fondamentale à laquelle les classes dirigeantes des pays concernés sont confrontées est ignorée. Que ces classes soient « pro-capitalistes », au sens large du terme, n’est pas discutable, mais évident. Il reste que leurs projets capitalistes ne peuvent se déployer que dans la mesure où les stratégies mises en œuvre contraignent alors, avec succès, les centres impérialistes à reculer. Le rapport sous estime largement cette contradiction pour se satisfaire de ce qui paraît encore correct aujourd’hui, à savoir que les pouvoirs en place (en Chine, en Inde, au Brésil, en Russie et ailleurs) ne remettent pas (encore ?) en cause les fondements de l’ordre international. Il en est ainsi parce que dans la phase précédente de déploiement de la mondialisation, celle que j’ai qualifiée de « belle époque » (1980-2008) les pays émergents étaient effectivement parvenus à « tirer profit » de leur insertion dans la mondialisation en opération. Mais cette phase est désormais close et les classes dirigeantes des pays concernés devront le constater et, partant, mettre en œuvre des stratégies de moins en moins « complémentaires » de celles déployées par les oligopoles du centre impérialiste, en fait donc de plus en plus conflictuelles avec celles-ci. Un facteur décisif – ignoré par les analystes de la CIA – accélèrera probablement cette évolution : la difficulté à concilier une croissance « capitaliste » forte et des réponses acceptables aux problèmes sociaux associés à celle-ci, à laquelle se heurtent les pouvoirs en place dans les périphéries du système.

Pas de distinction entre classes dirigeantes impérialistes et celles des périphéries
Les experts de la CIA ne font pas la distinction entre les classes dirigeantes du centre impérialiste et celles des périphéries, puisqu’elles sont toutes « pro-capitalistes ». Pourtant, à mon avis, cette distinction est essentielle. Les classes dirigeantes de la triade impérialiste – les serviteurs fidèles des oligopoles – ne sont effectivement pas « menacées », du moins dans l’avenir visible. Elles garderont donc probablement l’initiative dans la gestion de la crise, en faisant marginalement si nécessaire quelques concessions aux revendications sociales. Par contre les classes dirigeantes des périphéries sont dans des positions beaucoup moins confortables. Les limites de ce que peut produire la voie capitaliste sont ici telles que leur relation aux classes populaires demeure ambiguës. Des évolutions dans les rapports sociaux de force, favorables à des degrés divers aux classes populaires sont ici possibles, et même probables. La convergence entre le conflit qui oppose l’impérialisme aux peuples et nations des périphéries d’une part et celui qui oppose le capitalisme à la perspective socialiste d’autre part est à l’origine de la position inconfortable des classes dirigeantes pro-capitalistes au pouvoir dans le Sud.

Faute de saisir la nature de cette contradiction majeure, les experts de l’establishment étasunien considèrent que l’option du « capitalisme d’Etat » (de la Chine et de la Russie) n’est pas viable et doit conduire un jour ou l’autre à une restauration du capitalisme libéral. L’autre possibilité, qui leur échappe, est que ce capitalisme d’Etat évolue « à gauche », sous la pression victorieuse des classes populaires.

L’imaginaire de Washington ne va pas au-delà du préjugé
Les scénarios envisagés dans le rapport sont de ce fait fort peu réalistes. L’imaginaire de Washington ne va pas au-delà du préjugé selon lequel le succès même de la croissance forte des pays émergents renforcera les classes moyennes qui aspireront à la fois au capitalisme libéral et à la « démocratie », définie bien entendu selon la formule en cours en Occident (pluripartisme et système électoral de la démocratie représentative), la seule formule de démocratie reconnue par l’establishment occidental. Que les classes moyennes en question n’aspirent pas à la démocratie parce qu’elles savent que le maintien de leurs privilèges exige la répression des revendications populaires ne vient pas à l’esprit de nos « experts ». Qu’en conséquence la démocratisation, associée au progrès social et non dissociée de celui-ci comme c’est le cas dans le modèle de la « démocratie » représentative » préconisée, doive emprunter d’autres voies, est tout également étranger à leur mode de pensée.

D’une manière générale, les « experts » du libéralisme ignorent la possibilité d’une intervention des peuples dans l’histoire. En lieu et place ils survalorisent le rôle des « individus exceptionnels » (comme Lénine et Mao, à l’intervention desquels les révolutions russe et chinoise est attribuée, comme s’il n’y avait eu aucune situation objective qui rendait prévisible ces révolutions, quelqu’ait été le rôle de ses dirigeants !).

Ce qu’on peut tirer du jeu des « scénarios », imaginés dans le cadre du mode de pensée limité des experts libéraux est finalement maigre. Beaucoup de détails intéressants (et sans doute correctement saisis), aucune vue d’ensemble qui entraîne la conviction, puisque les contradictions majeures qui donnent sens et portée aux luttes et aux conflits sont ignorées.

Par exemple la longue liste des innovations technologiques susceptibles de s’imposer n’apprend pas grand chose. Sauf que – mais nous le savons déjà - les pays émergents (la Chine et l’Inde en particulier) sont capables d’en maîtriser le contrôle. La question véritable qui se pose ici, pour ces pays comme pour les pays « nantis » de la triade, concerne l’usage de ces technologies, les intérêts sociaux au service desquels elles seront mises en œuvre, les « problèmes » à la solution desquels elles peuvent contribuer et en contrepoint, les « problèmes » sociaux supplémentaires que ces usages génèrent. Aucune de ces questions majeures n’est étudiée dans le rapport.

Les experts de l’establishment étasunien ne s’intéressent qu’aux choix « possibles » des classes dirigeantes des « pays qui comptent » (la Chine en premier lieu, ensuite la Russie et l’Inde, puis l’Iran et les pays du Golfe, enfin le Brésil). L’Europe, à leur avis, n’existe pas (et sur ce point ils ont certainement raison) et de ce fait restera forcément alignée sur les choix de Washington. L’illusion qu’ils peuvent se faire sur les pays du Golfe est instructive : « riches » ces pays doivent « compter », le fait qu’on puisse être riche et insignifiant (ce que je crois être le fait pour ces classes dirigeantes) ne leur paraît pas « imaginable ». J’avais pourtant écrit une critique amusante du projet de Dubaï, avant son effondrement prévisible. Leur crainte concernant l’Iran, non pas pour son « régime islamique » mais parce que cette grande nation n’accepte pas la résignation, est par contre fondée.

Un zest de racismeIl reste certainement un zest de racisme dans le jugement porté par ces experts sur l’avenir de l’Afrique et de l’Amérique latine.

L’Afrique ne comptera toujours pas, et restera ouverte au pillage de ses ressources. Le seul problème pour eux est qu’ici les Etats Unis (et leurs alliés subalternes européens) se trouveront désormais en concurrence difficile avec les appétits de la Chine, de l’Inde et du Brésil. La crainte n’est pas sans fondement. Mais la possibilité d’un rapport Sud/Sud associant les « pays émergents » (Chine, Inde et Brésil) et l’Afrique d’une nature quelque peu différente au rapport impérialiste de pillage classique, et que ce rapport puisse contribuer à sortir l’Afrique de sa situation de région « marginalisée » (« exclusion programmée ») pour entrer enfin dans l’ère de l’industrialisation, ne leur paraît pas être digne de réflexion.

L’Amérique latine de son côté n’inquiète toujours pas Washington. Le seul pays « émergent » – le Brésil – restera « sage ». Le modèle de l’intégration irréversible dans l’espace dominé par les Etats Unis que le Mexique illustre, leur paraît être à la longue la destinée inévitable du continent. Les « avancées » révolutionnaires (Cuba, le Venezuela, la Bolivie) sont considérées comme destinées à faire faillite.

Les « scénarios » montrent les limites de la pensée dominante
Les « scénarios » dessinés dans le rapport, dans ces conditions, renseignent plus sur les limites de la pensée dominante aux Etats Unis que sur les probabilités de leur réalisation.

Premier scénarios : une victoire éclatante de la Chine
La Chine s’imposent comme nouvelle « puissance hégémonique », entrainant dans son sillage une Russie rénovée (c’est-à-dire ayant réussi à diversifier et moderniser son industrie et en particulier ses industries de pointe fondées sur un système d’éducation performant ; sortie donc de la situation réduite à celle d’un exportateur de pétrole et de gaz), une Inde autonome mais résignée, un Iran (« islamiste » ou pas) devenu acteur dominant au Moyen Orient. La « Conférence de Shanghai » victorieuse, réduit l’OTAN au statut d’une alliance impuissante – voire ridicule – contrainte de renoncer définitivement à son projet de « contrôle militaire de la Planète » et à ses interventions sous le prétexte de « guerre au terrorisme ». L’alliance de Shanghai garantit l’accès de la Chine et de l’Inde à 70% des productions de pétrole et de gaz du Moyen Orient.

Cette image – outrageusement forcée – remplit une fonction idéologique évidente. Il s’agit d’agiter le spectre du « péril jaune » et de mobiliser les Européens, voire les Arabes (du Golfe en particulier) derrière le plan de « résistance » de Washington. L’image est forcée parce que la Chine (ses classes dirigeantes – fussent-elles « pro-capitalistes ») n’a pas l’objectif de s’imposer comme puissance « hégémonique » planétaire. Beijing est suffisamment réaliste pour savoir que cela serait un objectif démentiel par son irréalisme. Par contre et précisément parce que la Chine sait que les moyens qu’elle peut déployer pour imposer aux Etats Unis, à l’Europe et au Japon le respect de ses droits (en autre d’accès au pétrole) sont limités, Beijing pourrait concevoir que leur puissance serait renforcée si la Chine parvenait à entraîner, avec elle (et non « derrière » elle) l’ensemble du Sud.

Second « scénario » : conflit Chine/Inde, stagnation de la Russie... Les vœux des USA

Le second « scénario » consacre, à l’opposé, l’échec retentissant du « Plan de Shanghai », l’éclatement du groupe éphémère que représente le BRIC, la montée en ligne du conflit Chine/Inde, la stagnation de la Russie et l’avortement du projet nationaliste de l’Iran. Rien de cela n’est rigoureusement impossible. Il reste que ce succès « total » des Etats Unis ressemble trop à ce que Washington souhaiterait pour être crédible.

D’autres principes de réflexion

L’analyse que je propose – en contre point des élucubrations de Washington (et de bien d’autres inspirés par la même méthode de pensée) – est fondée sur d’autres principes de réflexion, associant ouvertement celle-ci aux objectifs de « transformation » du monde (c’est-à-dire à la fois de l’ordre social dans les pays concernés et des équilibres internationaux) qu’on souhaite promouvoir. La méthode exige qu’on donne sa place à un « autre point de vue social », celui qui répond aux intérêts des classes populaires et des nations.

Un « monde meilleur » implique à la fois des équilibres sociaux à l’intérieur de chacune de composantes des composantes nationales du système plus favorables aux classes populaires et simultanément un ordre international négocié plus favorable aux pays du Sud, « émergents » ou « marginalisés ». La seule question qui se pose est donc : quels sont les agents possibles qui peuvent agir dans ce sens et quelles stratégies sont-ils en mesure de déployer à cet effet ? Dans cet esprit le « conflit Nord/Sud » et la lutte pour le dépassement socialiste du capitalisme sont indissociables du point de vue des peuples, même s’ils sont « dissociés » en fait dans les stratégies déployées par les classes dirigeantes du Sud aux postes de commande.

Toutes les « avancées », même modestes, encore fragmentées et partielles, qui vont dans le sens de nos espoirs et souhaits doivent être soutenues. Par exemple une réorientation du développement donnant plus de place au marché interne, et moins d’importance décisive aux exportations. Par exemple un renforcement des relations de coopération Sud/Sud. Mais il reste nécessaire d’aller bien au-delà de ce qu’on voit déjà amorcé ici et là, en réponse à la crise, en particulier en ce qui concerne la nouvelle coopération Sud/Sud. Celle-ci n’aura de sens que si elle permet aux pays encore « exclus » (l’Afrique en particulier) d’entrer dans l’ère de l’incontournable industrialisation.

Associer le renforcement du progrès social à l’intérieur des nations et celui de l’autonomie dans les rapports internationaux implique nécessairement des avancées démocratiques. Mais la démocratisation passe ici par la lutte des classes, qui est le seul moyen par lequel les classes populaires peuvent imposer leur plus grande participation aux pouvoirs réels de décision et non par le renforcement des pouvoirs de la « classe moyenne », obtenu par une démocratie représentative « à l’occidentale », la seule évidemment que connaissent les experts de l’establishment étasunien.

Samir Amin

mardi 23 février 2010

Niger: Coups d’Etat and electricity in French homes

Radio Netherland Worldwide - 22 February 2010
Niger: Coups d’Etat and electricity in French homes
Tuesday 23 February 2010

The Supreme Council for the Restoration of Democracy (CSRD); this is what the military government of the West African Sahel country Niger, which seized power on 18 February, calls itself. 

The CSRD, led by a young and relatively unknown commander, Salou Djibo, has declared that the deposed President Mamadou Tandja is doing well. The "return to democracy" is a matter of time. However, no date has been given yet.




So how did Mamadou Tandja’s desperate attempts to remain in power conclude? In the course of 2009, he changed the constitution, which limited the number of mandates to two and then ordered elections which he won (and in which the opposition did not participate). As a result, Tandja’s popularity took a serious beating. Two days after the coup, there were demonstrations in all major cities in support of the new government. 



The West African group ECOWAS (Economic Community of West African States) finds itself in an embarrassing situation. In October 2009, ECOWAS had already ejected Niger following Tandja’s illegal actions - but this is a step further in the wrong direction. ECOWAS President Mohamed Ibn Chambas met with Djibo along with his colleagues on February 21 in Niger to insist on the quick restoration of democracy. The junta keeps saying that this will definitely happen. But again, no date. Niger has its own agenda.



Proven scenarios: there is a political crisis (eg a misbehaving president), the army intervenes, promises better governance - and eventually disappears from the scene. So it was in 1974, when Colonel Seyni Kountché seized power, with the approval of former colonial power France. One of the leading participants in this first coup was one Colonel Mamadou Tandja, who subsequently held various important posts under the new regime. In 1996 and 1999, the army did the same, often with the same participants. The last time the path was paved to get Tandja elected as president. Things should have remained there.


Standard promise

And it’s the same scenario all over again in Niger. The difference today is that “the return to democracy” is a standard promise. This is not a problem in Niger. The problem is that there are no guarantees that the “coup plotters” would not intervene again if the situation does not please them.



To understand the situation you need to undertake a journey of about 1000 kilometres. Close to the towns of Arlit and Akokan, lie two uranium mines; one in the open and the other underground. Imagine the money they generate. The country is among the five major producers of uranium in the world and provides almost all of the raw material for 50 nuclear plants supplying electricity to French homes. Areva, the French state company being the main player; environmental groups, such as Greenpeace, accuse the company of being above the law and of damaging the environment with its open-cast mining.



Areva is currently investing 1.2 billion euros in a new project, Imouraren. But Niger has also new customers for its uranium. Last January the China National Nuclear Corporation announced new investments in the region. Canada, Spain, South Korea and South Africa have all shown interest in Niger’s uranium.



These are surprising developments since, less than ten years ago, the nuclear industry seemed to be on the way out. The situation has changed radically thanks to the panic in the West about global warming, the realisation that fossil fuels will one day be exhausted and findings by China that it is imperative to do something about air pollution. In short: "Nuclear is back" and so are providers, including Niger.




Self-enrichment

New business in Niger inevitably offers new opportunities for self-enrichment for the elite. Although Areva, according to the French lobby group Survie, pays a ridiculously low price for supplies of uranium, the Niger government is to average 33 percent participation in mining. Moreover, mining companies pay for rights to explore and exploit uranium deposits.




All this provides a good revenue that can be shared among political leaders or the military. Therefore there are no worries for the elite in Niamey, except perhaps on the exact distribution. This explains the political instability. The remaining 15 million Nigeriens see little or no income. For them, there is international development aid, which finances around 30 to 50 percent of the national budget.
 


There is only one real threat: the Tuaregs in the territories where the mines are located, have organised two armed revolts in the past 20 years. They want more money and better representation at the top of national politics and demand that the army does not intervene in their smuggling business (cigarettes, people, weapons, drugs). At their last revolt, Areva - and therefore the security of French energy - has been their target.
 


Uranium for the world, a simmering conflict that has an international impact... Niger has become more important than what it is normally known for, that is being an extremely poor country in the Sahel region. For international partners and most Nigeriens, however, it matters not who is at the head of the country.

Libération d’islamistes : l’Algérie rappelle son ambassadeur à Bamako

AFP / 23 février 2010 15h18
Libération d’islamistes : l’Algérie rappelle son ambassadeur à Bamako
mardi 23 février 2010

ALGER - L’Algérie a décidé de rappeler "pour consultation" son ambassadeur au Mali et a condamné "avec force" la libération par le gouvernement malien de quatre islamistes d’Al-Qaïda, a annoncé mardi le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères

"Suite à la décision du gouvernement malien de procéder à la libération de quatre terroristes qu’il détenait, sous le prétexte fallacieux qu’ils ont été jugés et ont purgé leur peine, le gouvernement algérien a décidé de rappeler, pour consultation, son ambassadeur à Bamako", a déclaré le porte-parole.

Le gouvernement algérien "condamne et dénonce avec force cette attitude inamicale du gouvernement malien", a-t-il ajouté.

L’Algérie reproche au Mali le non respect de la Convention bilatérale de coopération judiciaire, signée par les deux pays, et au nom de laquelle la demande d’extradition des deux ressortissants algériens, poursuivis par la justice algérienne pour des actes terroristes, a été formulée en septembre 2009 et réitérée en février 2010", a ajouté le porte-parole.

"Le gouvernement algérien souligne que la décision du gouvernement malien viole les résolutions pertinentes et contraignantes du Conseil de sécurité des Nations unies et les engagements bilatéraux, régionaux et internationaux de lutte contre le terrorisme", a indiqué le porte-parole.

La décision du gouvernement malien de libérer "des terroristes recherchés par des pays voisins est un développement dangereux pour la sécurité et la stabilité dans la région sahélo-saharienne et sert, objectivement, les intérêts du groupe terroriste activant dans la région sous la bannière d’Al-Qaïda", a ajouté la déclaration.

Quatre islamistes -deux Algériens, un Burkinabé et un Mauritanien arrêtés en avril 2009 dans le nord du Mali- dont Al-Qaïda exigeait la libération contre celle d’un otage français, Pierre Camatte, ont été libérés dans la nuit de dimanche à lundi.

Les leçons de la crise libyenne : la division et la faiblesse des Européens ne paieront pas face à la dictature

http://blog.alexandredelvalle.com-23-02-10
Les leçons de la crise libyenne : la division et la faiblesse des Européens ne paieront pas face à la dictature
mardi 23 février 2010

Officiellement, le différend euro-libyen a été provoqué par la publication d’une liste noire de 188 Libyens interdits de visa pour la Suisse. Parmi eux toute la famille Kadhafi et la nomenclatura du régime.

En réponse, le “Guide” libyen a suspendu les visas pour les citoyens européens, excepté la Grande Bretagne, qui n’est pas membre de l’espace européen Shenghen de libre-circulation.

Une mesure qui touche donc des pays comme l’Italie ou la France qui ont signé avec la Libye des accords incluant investissements, lutte contre la criminalité, et immigration clandestine. Il est vrai que les accords avec les pays d’où arrivent les clandestins sont une condition de “l’immigration choisie”. Et c’est pour les préserver que l’Italie a proposé ces jours-ci "l’émission d’un visa valable pour l’espace européen de Schengen sauf pour la Suisse, afin que les problèmes helvéto-libyens ne “polluent” pas les relations euro-libyennes. En fait, l’origine réelle de la crise remonte à juillet 2008, lorsque le fils du « Guide » Kadhafi, Hannibal fut arrêté quelques heures par la justice suisse pour avoir battu des employés d’un hôtel de Genève. En riposte, la Libye fit arrêter deux hommes d’affaires suisses et exigea les excuses du président suisse Hans-Rudolph Mertz, qui refusa initialement. Kadhafi père appela alors à "démemrer" la Libye, Hannibal parla d’atomiser la Suisse”, Tripoli menaçant de retirer les avoirs libyens... Le reste de l’Europe ne se montra guère solidaire, Berlusconi proposant même d’investir l’argent libyen retiré de Suisse dans les banques italiannes...Abandonné par ses voisins européens, Rudolph Mertz fint par s’excuser à Tripoli pour une “faute” jamais ommise et bien qu’Hannibal échappa à la condamnation prévue. Malgré cela, la Libye a redoublé de menaces contre la Suisse et a exiger toujours plus de millions d’euros en échange de la libération (diférée) des deux otages suisses. Morale de l’histoire : céder aux menaces d’une dictature fondée sur les rapports de force ne paie pas, et la division européenne a encouragé Tripoli à s’acharner contre la Suisse qui n’a fait que répondre à la séquestration de ses citoyens par la mesure des visas initiée d’ailleurs en juin dernier.

Ceux qui invitent les Suisses à s’excuser à nouveau pour "calmer Kadhafi" oublient que depuis que son pays a été réintroduit dans le concert des nations, le Guide mégalo et irrascible n’a jamais demandé pardon, ni pour les attenats terroristes qu’il a commandités dans le passé, ni pour ses rèves d’arabo-islamiser l’Afrique noire, ni pour avoir lancé un missile sur la Sicile dans les années 80, ni pour son soutien en faveur de la dictaure mlitaro-islamiste du Soudan, coupable du génocide de 2 millions de noirs-chrétiens (sud) et du massacre de 300 000 civils (Darfour). Lorsque Khadafi accuse les Européens de “persécuter” les musulmans en Europe, il s’agit d’une vraie farce : il ne s’est jamais repenti d’avoir expulsé en quelques jours dans les années 90 des milliers de Tunisiens. Et on sait comment sont traités les clandestins noirs transitant par la Libye... Déculpabilisé, Khadhafi ne culpabilise jamais de précher la haine envers les non-musulmans et l’Occident qu’il rêve d’islamiser. Ainsi, il déclara à Tombuctu, le 10 avril 2006, devant les télévisions d’Al-Jazeera : "L’Europe et les Etats-Unis devront soit devenir musulmans soit déclarer la guerre aux musulmans, car tout le monde doit devenir musulman. (...). Il y en a déjà 50 millions de musulmans en Europe. C’est le signe qu’Allah veut le triomphe de l’Islam en Europe (...). Ces 50 millions transformeront l’Europe en un continent musulman (...). A peine un an après avior été réintroduit dans le concert des nations, Kadhafi déclara lors du sommet de Lisbonne entre l’Union européenne et l’Afrique, (8-9 décembre 2007), que “les Européens ont le choix entre payer des réparations pour les ressources volées pendant la cononisation en Afrique, ou se préparer à accueillir les immigrants africains”. Une allusion aux clandestins que la Libye laisse passer, en terme clair un énième racket en vertu duquel l’Italie doit verser chaque année des “réparations” pour ne pas que ses îles (Lampedusa) soient submergées par les immigrés illégaux. En réalité, l’affaire des visas nous rappelle que des accords ne sont jamais surs avec une dictature islamo-révolutionnaire comme la Libye, qui annule de facto l’accord ou « trêve » (hudna) conclue avec le pays « infidèle-impérialiste », ou comme l’Iran, qui fait tourner en boutique l’ONU et l’Occident depuis 2006 concernant le dossier nucléaire. Et que la haine revancharde des anciens pays colonisés est loin d’être calmée, de la Libye à l’Amérique latine, où les thèmes des « réparations » et de la « faute » que l’Occident devrait payer indéfiniment sont les prétextes d’un chantage psychologique et d’un racket collectif jamais rassasiés. Plus que jamais, il convient de répéter de Nicolas Sarkozy « Halte à la repentance », car la repentance est l’arme de guerre favorie et le cheval de Troie psychologique des ennemis de l’Occident.

Alexandre del Valle est géopolitologue, auteur de nombreux articles et ouvrages dont "Le Totalitarisme Islamiste" et "Le Dilemme Turc" parus aux éditions des Syrtes.

Niger : la junte au pouvoir nomme un Premier ministre

AFP / 23 février 2010 20h41
Niger : la junte au pouvoir nomme un Premier ministre
mardi 23 février 2010

NIAMEY - La junte au pouvoir au Niger depuis le coup d’Etat du 18 février, a nommé comme Premier ministre Mahamadou Danda, un ancien ministre, selon un communiqué officiel lu à la radio d’Etat mardi soir.

"Le président du CSRD (Conseil suprême pour la restauration de la démocratie, junte), chef de l’Etat, le chef d’escadron Salou Djibo, a signé ce jour un décret portant nomination du Premier ministre", selon un communiqué du secrétariat général du gouvernement. "Ainsi, Mahamadou Danda est nommé Premier ministre", poursuit ce texte lu à l’antenne de la Voix du Sahel.

Des militaires pustchistes se sont emparés du pouvoir jeudi à l’issue de combats autour du palais présidentiel. Ils ont suspendu la Constitution très controversée d’août 2009, dissous le gouvernement et promis la tenue d’élections à l’issue d’une période de transition.

Selon le président du réseau des journalistes pour les droits de l’Homme, Abdoulrahamane Ousmane, M. Danda a été ministre de la Communication en 1999 et est actuellement conseiller à l’ambassade du Canada au Niger.

L'otage français Pierre Camatte libéré au Mali


Mali / France - Article publié le : mardi 23 février 2010 -
Dernière modification le : mardi 23 février 2010
L'otage français Pierre Camatte libéré au Mali
AFP
Par RFI

L’otage français Pierre Camatte a été libéré mardi 23 février 2010 au Mali. Il avait été enlevé fin novembre dans le nord Mali et retenu en otage par al-Qaïda au Maghreb islamique. Cette libération suit la remise en liberté, par les autorités maliennes, de quatre islamistes réclamés par al-Qaïda - deux Algériens, un Burkinabè, un Mauritanien - ce qui irrite leurs pays d'origine. L'Algérie et la Mauritanie ont rappelé leurs ambassadeurs à Bamako.



Le président français Nicolas Sarkozy a confirmé mardi soir la libération de l'otage français Pierre Camatte séquestré depuis près de trois mois dans le nord-est du Mali par la branche maghrébine d'Al-Qaïda. Le chef de l'Etat a remercié chaleureusement le président malien Amadou Toumani Touré « pour la gestion de la crise », a indiqué la présidence française dans un communiqué. La libération de Pierre Camatte avait auparavant été annoncée par l'un des négociateurs maliens sous couvert de l'anonymat.

Pierre Camatte avait été enlevé il y a presque trois mois maintenant dans le nord-est malien. Ce retraité de 61 ans partageait sa vie entre la France et le Mali. Il dormait dans un hôtel de Menaka quand il a été pris en otage. Ses ravisseurs l'auraient ensuite vendu à al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI).

Le 10 janvier, AQMI menace d'exécuter son otage si elle n'obtient pas la libération de 4 islamistes membres de l'organisation. Un premier ultimatum est fixé au 30 janvier, puis repoussé à une date indéterminée.

Un deuxième ultimatum est ensuite fixé au 20 février.

Parallèlement, les négociateurs s'activent. Paris prend très aux sérieux les menaces d'al-Qaïda d'exécuter l'otage, d’autant plu que AQMI a déjà tué un otage britannique en juin 2009. Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a fait deux fois le voyage de Bamako en l'espace de 15 jours.

Et puis, lundi matin, les autorités maliennes annoncent la libération des 4 islamistes réclamés par al-Qaïda. La justice malienne les a condamnés pour « détention illégale d'armes de guerre », à des peines équivalentes à celles qu'ils ont déjà purgées et ils ont été déclarés « juridiquement libres ». Avec ces libérations, les autorités maliennes ont satisfait la principale exigence des preneurs d'otages. Plus rien ne pouvait empêcher la libération de Pierre Camatte.



tags : Algérie - France - Mali - Mauritanie

NIGER : Le nord sous la pression des difficultés alimentaires du sud


AGADEZ, 23 février 2010 (IRIN)
NIGER : Le nord sous la pression des difficultés alimentaires du sud
mardi 23 février 2010

AGADEZ, 23 février 2010 (IRIN) - Tous les ans, la région d’Agadez, dans le nord du Niger, accueille des populations des zones agricoles et pastorales du sud du pays venues chercher du travail pendant la période de soudure. Mais cette année en raison de la mauvaise saison des pluies, ces mouvements ont eu lieu plus tôt et en plus grand nombre, un phénomène qui inquiète les responsables locaux dans une région qui souffre elle-même de déficits alimentaires.

Lors d’une rencontre le 19 février avec le Sultan d’Agadez, la plus haute autorité traditionnelle de la région, plusieurs chefs coutumiers ont signalé l’arrivée dans leurs quartiers au cours des dernières semaines d’un important flux de populations du sud en quête de travail.

« Ces mouvements saisonniers ont lieu tous les ans pendant la période de soudure et Agadez accueille toujours les populations à bras ouverts », a dit à IRIN Almoumoune Ibrahim, fils du Sultan.

« Mais cette année, à cause des pénuries [alimentaires] dans le sud, les gens sont venus plus tôt et en plus grand nombre », a ajouté Alhadji Guichem Kari, membre d’un comité ad-hoc créé suite aux inondations de septembre dernier.

Outre le nombre, c’est aussi le profil de ces migrants saisonniers qui a changé cette année, ont noté plusieurs responsables locaux. « Normalement, après les récoltes [dans le sud], les hommes laissent les femmes et les enfants avec des réserves et ils viennent travailler ici, par exemple comme main-d’ouvre dans les jardins maraîchers », a dit M. Kari. « Parfois, les femmes viennent aussi pour occuper des emplois de bonnes. Mais cette année, ce sont des familles entières qui sont venues. Certains ont trouvé du travail, d’autres mendient ».

Dans un quartier proche de l’aéroport, des centaines de personnes se sont installées sous des tentes traditionnelles. Mariama Adao, originaire de Matameye, près de la frontière avec le Nigeria, est arrivée là il y a trois mois environ.

« Cette année quand on a vu que les pluies ne tombaient plus, je suis venue très vite. avec six de mes [huit] enfants », a-t-elle dit à IRIN. « D’habitude on fait 20 à 25 sacs [de mil, sorgho, niébé et arachide], mais cette année, on n’en n’a même pas récolté cinq. Il fallait gagner du terrain et venir vite pour trouver de quoi survivre ».

Elle a trouvé un petit emploi de bonne tandis que son fils de 17 ans est employé dans une autre maison. « Je viens tous les ans mais cette année, on est beaucoup plus nombreux que d’habitude. Tout le monde [dans la région de Matameye] a des difficultés », a-t-elle dit. « Pour l’instant, on se débrouille, on s’entraide. mais c’est dur ».

« Les gens qui viennent ne pourront pas mourir de faim parce qu’il y a une vraie solidarité [entre les populations du sud et celles de la région d’Agadez] », a dit à IRIN Hama Dilla Abdoulaye, le maire d’Agadez.

Mais l’inquiétude des responsables locaux est de savoir jusqu’où cette solidarité pourra jouer, les populations d’Agadez étant elles-mêmes confrontées à des difficultés alimentaires cette année, en raison d’un déficit en production agricole et fourragère, qui a déjà fait monter les prix des denrées alimentaires.

La mesure de mil (environ deux kilos), l’aliment de base, qui avait jusqu’à maintenant atteint un maximum de 500 francs CFA (un dollar américain) en période de soudure au cours des années précédentes, se vend actuellement à 600 francs CFA à Agadez, selon des habitants d’Agadez.

« Agadez est une petite ville, on sent tout de suite la pression sur les prix alimentaires et les loyers », a dit M. Issouf.

L’Enquête nationale rapide sur la situation alimentaire des ménages, rendue publique en janvier, a classé la région d’Agadez comme l’une des moins vulnérables du pays - 7,1 pour cent des ménages contre 20 pour cent au niveau national -, mais les autorités ont reconnu qu’elles n’avaient pu enquêter que dans trois centres urbains de cette immense région désertique de plus de 660 000 kilomètres carrés, en raison de l’insécurité qui y règne. Les zones rurales, peuplées en majorité de populations pastorales touchées par la sécheresse et les inondations qui ont frappé la région en 2009, n’ont pu être visitées.

Ces inondations exceptionnelles [LINK] que la ville a subies en septembre dernier ont aggravé la vulnérabilité des populations d’Agadez : au-delà des habitations détruites ainsi que des récoltes et têtes de bétail perdus, de nombreux jardins maraîchers ont été ensablés et sont aujourd’hui dans l’incapacité de produire - et donc aussi de fournir du travail à la main d’ouvre du sud.

Mais paradoxalement, ce sont pourtant aussi ces inondations qui ont attiré du monde, a noté M. Abdoulaye, le maire. « Les gens ont entendu qu’il y avait des distributions alimentaires à Agadez alors ils sont venus, [ils ne savaient pas que] c’était seulement pour les sinistrés [des inondations] ».

ail/

Le chef de la junte devient président pour une «période de transition»

Le chef de la junte devient président pour une «période de transition»
Écrit par RFI
Mardi, 23 Février 2010 06:31

Le chef d'escadron Salou Djibo, leader de la junte auteur du coup d'Etat, prend les rênes du pays. Cette décision fait suite à une ordonnance lue à la radio publique. L'officier prend donc officiellement la tête du Conseil Suprême pour la restauration de la démocratie, l'organe créé par les militaires après le putsch.

Dans l'après-midi de ce lundi 22 février, c’est un Salou Djibo sûr de lui qui a traversé Niamey à bord de la Limousine présidentielle, encadrée par des motards et une sécurité assez légère. Il déménageait du camp pour une villa attenante au palais présidentiel, appelée la Villa verte.

Dans la foulée qu’il a signé ses premiers décrets et ordonnance. Deux décrets nommant son cabinet civil et une ordonnance qui précise ses pouvoirs et ceux du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD). Ainsi le CSRD détient non seulement le pouvoir exécutif mais aussi législatif jusqu’à la mise en place de nouvelles institutions démocratiques.
Selon la même ordonnance un Premier ministre sera bientôt nommé et un organe est créé pour préparer un projet de code électoral ainsi qu’un projet de constitution. Une constitution qui sera adoptée par référendum.

Tout cela dans combien de temps ? Un calendrier des différentes échéances politiques sera rendu public plus tard. Le commandant Salou Djibo remplace aussi par des organes transitoires toutes les institutions décriées sous le régime Tandja. La Cour constitutionnelle, la Cour suprême ou encore le Conseil supérieur de la Communication.

Nouvelle manifestation de soutien à la junte

Suite à un appel des opposants de la Coordination des Forces démocratiques, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi 22 février à la Maison des jeunes de Diffa, une ville du sud-est nigérien, la région d'origine du président déchu Mamadou Tandja.

Pour sa part, le Front Uni pour la Sauvegarde des Acquis Démocratiques, la coalition de syndicats et de défenseurs des droits de l'homme, demande aux mutins de respecter leurs promesses et de rétablir la démocratie le plus vite possible, avec une nouvelle constitution et des élections libres.

lundi 22 février 2010

group Atri N'Assouf at Festival au Desert 2010




chrisanolan3
January 29, 2010
Rhissa Ag Wanagli and the group Atri N'Assouf , from Niger, playing at the Festival au Desert 2010. Disco and Maassaa from the group Tartit is singing backup.

article interessant,surtout les commentaires en dessous...Coup d’Etat au Niger

Coup d’Etat au Niger
CLICANOO.COM | Publié le 19 février 2010

2 réactions de lecteurs Le Conseil militaire qui a mené un coup d’Etat jeudi au Niger a annoncé la mise en place d’un couvre-feu et la fermeture des frontières dans un communiqué lu dans la soirée par un journaliste de la chaîne de télévision d’Etat Télé Sahel.

Le Conseil suprême pour la restauration de la démocratie "a décidé de la fermeture des frontières terrestres et aériennes" et de la mise en place "d’un couvre-feu de 18H00 à 06H00 heures", selon un communiqué lu par un journaliste à la télévision. Quelques minutes plus tôt, le porte-parole de ce Conseil a annoncé la suspension de la Constitution. "Le Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSDR), dont je suis le porte-parole, a décidé de suspendre la Constitution de la sixième république et de dissoudre toutes les institutions qui en sont issues", a annoncé le colonel Goukoye Abdoulkarim, qui lisait un communiqué à la radio d’Etat Voix du Sahel.

Le président nigérien Mamadou Tandja visé jeudi par un coup d’Etat qui a fait plusieurs morts et blessés, a été "emmené" par des militaires qui ont ouvert le feu sur le palais présidentiel à Niamey, ont annoncé plus tôt à l’AFP deux ministres nigériens, eux-mêmes arrêtés.

© 2010 AFP
Commentaires
Anne Onyme@JEANDO

Oui ! Ce qu’il faut retenir du Niger, plus que ses animaux exotiques trop vus, ce sont les deux pôles ethniques qui forment les trois quarts de la population nigérienne.

Les Haoussas et les Djermas-songhaïs partagent le pouvoir dans un pays façon d’Etat occidental quand l’Etat n’est, en fait, que le masque qui permet la prise du pouvoir d’une ethnie pour établir ou rétablir la domination d’une ou deux ethnies majoritaires sur toutes les autres ethnies minoritaires.

Cette façon d’Etat est bien mal bâtie, ce qui provoque des coups d’Etat, que nous ferions mieux de dénommer des prises d’Etat par des hommes sortis des casernes, des coups ethniques de prise du pouvoir.

Les Haoussas sont établis entre le Dallol Maouri et Zinder et vivent dans le centre et l’est du pays avec une aire culturelle largement étendue au Nigéria voisin.

Les dominants sont les Haoussas Djermas et Songhaïs qui occupent l’ouest, incluant les Wogos et les Kourteïs. Les dominés sont les Touaregs, les Toubous et les Arabes au nord et nord-est, les Kanuris et les Boudoumas dans l’extrême est ainsi que les Peuls disséminés eux sur tout le territoire car nomades suivant leur troupeaux en pâturage libre.

Oui, une des raisons de l’instabilité chronique du Niger depuis 50 ans d’indépendance est qu’il ne peut pas faire face à une croissance démographique insoutenable. En 1950 : 2,5 millions d’habitants dans un pays à 80 % désertique. En 2010 : 15,9 millions (6*) ; les prévisions pour 2050 sont de 58,2 millions (23*).

Une croissance analogue sur un siècle aurait amené la France à un milliard d’habitants. Même si cette comparaison fait abstraction de conditions initiales différentes, on voit bien l’impossibilité pour le Niger de s’en sortir sans la mise en œuvre d’une véritable démographie responsable.


19 février 2010 - 13:47
JEANDOIl serait temps de se demander pourquoi tous ces coups d’Etat africains


Encore un coup d’Etat en Afrique.

Il n’y a plus guère que le Sénégal sur les 45 pays africains qui ait encore échappé aux coups de force, mais A Wade doit bien savoir qu’il y a péril en la demeure du Président du Sénégal.

Pourquoi cette norme instabilité des Etats africains depuis leur indépendance ? Il est temps de se faire des soucis à ce sujet.

La télévision nous montre, pour la vingtième fois, la prédation des gazelles et des gnous par les lions.

Mais jamais, elle n’a eu le courage de revenir sur les combats historiques que se livairent les ethnies africaines, entre elles avant l’arrivée en 1882 des colonisateurs venus pour 80 ans.

Elles sont plus de 1500 ces ethnies, si une ethnie est faite d’une langue, d’une religion, de traditions, de pratiques concernant la natalité.

Parlons un mot de la démographie africaine. Aucune ethnie ne veut réduire sa natalité si, majoritaire, elle risque de devenir minoritaire. C’est la clef de la démographie galopante de l’Afrique que sa Sainteté le Pape n’arrange en rien.

Ainsi en est-il du Niger, République dit-on de ce Niger artificiel depuis 50 ans et six Républiques, quand l’Afrique n’a connu en 2000 ans que des clans, que des tribus, que des ethnies, avec ici ou là parfois un royaume ou un empire, mais c’est ici l’exception avec l’empire songhaï sous la domination perdue des touaregs qui chercheront à reprendre la main. La démocratie comme la démographie ne fait pas partie des traditions africaines.

Le Niger est, ainsi, un de ces pays d’Afrique de l’Ouest du Sahel, situé artificiellement entre l’Algérie, le Bénin, le Burkina Faso le Tchad, la Libye, le Mali et le Nigeria et dont la capitale très excentrée est Niamey proche du Nigeria, ce n’est pas un hasard cette proximité. Les habitants du Niger sont des Nigériens tandis que ceux du Nigeria sont des Nigérians dont l’un d’eux a voulu souvenez vous faire exploser un avion américain voici quelques semaines. On n’en parle plus.

Le Niger dont on connaît bien, avec la télévision, les animaux de la savane (éléphants, lions, girafes d’ailleurs en disparition avec une exception : dans le fleuve Niger, les hippopotames protégés se multiplient et saccagent les rares cultures du bord du fleuve).

Ce pays est en perdition économique, en raison de la destruction de la forêt par les hommes qui tentent d’y vivre malgré les sécheresses qu’ils aggravent d’ailleurs en coupant des arbres. Heureusement, le Niger est riche d’or, de fer, de charbon, d’uranium et de pétrole.

Le Niger est comme tous les pays africains créés par la colonisation est en fait un pays artificiel en ses frontières et c’est ce qui compte le plus c’est un pays multiethnique, situé entre l’Afrique noire et l’Afrique du Nord avec un Sahara au Nord et une forêt au Sud qui en tracent les limites.

19 février 2010 - 11:58

Ce matin des milliers d'Agadéziens ont manifesté pour soutenir les "putchistes".


Dimanche 21 février 2010 7 21 /02 /2010 21:59 Niger/Manifestations à Agadez, Zinder, Tahoua.....
Ce matin des milliers d'Agadéziens ont manifesté pour soutenir les "putchistes".

"Toute la ville d'Agadez était presque présente dans la rue pour prouver son soutien aux forces armées. Les différents orateurs improvisaient leurs discours . Ils faisaient tous l'historique du règne de Tanja jusqu'au moment où il a commencé à s'écarter du chemin.
Chacun a développé à sa manière sa joie face à cette situation tout en soulignant le rôle patriotique des militaires.
Ces derniers se sont rendus au gouvernorat pour accueillir cette masse humaine.
Ils ont de leur coté remercié tout le monde pour cette reconnaissance et ont promis de remettre les choses dans l'ordre le plus tôt possible sans déterminer une date précise comme il reste à évaluer le travail qui nous menara à ce point."


AFP - Des "milliers de personnes" ont participé dimanche à des marches dans plusieurs villes du Niger en soutien à la junte militaire qui a renversé le pouvoir, a annoncé la radio publique
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RFI/Pierre Camatte, dernières nouvelles


Pierre Camatte, dernières nouvelles

" RFI
Article publié le : lundi 22 février 2010 - Dernière modification le : lundi 22 février 2010
Mali - Les quatre islamistes réclamés par al-Qaïda ont été libérés
Par RFI

Les quatre islamistes, arrêtés et détenus au Mali depuis avril 2009, ont été relâchés dans la nuit du dimanche 21 au lundi 22 février, selon notre correspondant à Bamako Serge Daniel. Al-Qaïda demandait leur libération contre celle de l’otage français Pierre Camatte, séquestré dans le nord du Mali depuis la fin novembre.

La branche maghrébine d'al-Qaïda avait menacé de tuer le Français, si ses demandes n'étaient pas satisfaites avant le 20 février. Les quatre hommes libérés - deux Algériens, un Mauritanien et un Burkinabé - avaient été arrêtés en avril 2009 dans le nord du Mali puis placés en détention préventive.

Selon une source proche du dossier, Pierre Camatte se porte bien, quarante-huit heures après la fin de l’ultimatum. Ses ravisseurs n’ont donc pas mis leurs menaces à exécution.

Les choses pourraient même aller vite et déboucher sur une issue heureuse. « J’ai de l’espoir », a même déclaré devant un groupe de journalistes le chef de l’Etat malien Amadou Toumani Touré.

La semaine dernière, ils avaient finalement été condamnés pour « détention illégale d'armes de guerre » à des peines déjà purgées, et ils se trouvaient « juridiquement libres ». "

Bambino Concert, Agadez



Tuareg musician Bambino from Agadez, Niger performs with his band at the foot of the ancient Grande Mosque attended by close to a thousand people. At the edge of the Sahara Desert, Agadez has been the capital of Touaregs...

En hommage aux lutteurs d'Agadez /Bravo ABZINAWA!!!