TESHUMAR.BE est dedié à la CULTURE du peuple touareg? de ses voisins, et du monde. Ce blog, donne un aperçu de l actualité Sahelo-Saharienne.
Photo : Avec Jeremie Reichenbach lors du Tournage du film documentaire : « Les guitares de la résistance Touaregue », à la mythique montée de SALUT-HAW-HAW, dans le Tassili n’Ajjer-Djanet- Algérie. 2004. Photo de Céline Pagny-Ghemari. – à Welcome To Tassili N'ajjer.
Une attaque contre une patrouille mobile de l’armée nigérienne a fait onze morts mercredi dans la région de Tillabéri. Si l’assaut n’a pas été revendiqué, la piste terroriste est privilégiée.
Selon une source sécuritaire nigérienne, onze membres des forces de défense et de sécurité (FDS) ont été tués mercredi 22 février dans l’attaque d’hommes armés contre leur patrouille mobile à Tilwa, dans la région de Tillabéri, proche de la frontière avec le Mali.
Selon cette même source, les assaillants ont réussi à emporter sept véhicules et en ont également brûlé quatre. Aucune revendication n’a pour le moment été faite mais une source locale évoque des hommes d’Adnane Abou Walid Al-Sahraoui, ancien lieutenant de Mokhtar Belmokhtar, qui a prêté allégeance à l’État islamique.
Celui-ci opère effectivement dans la zone frontalière entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, profitant des faiblesses des dispositifs sécuritaires : « Les troupes sont bien équipés mais il y a des failles dans le commandement militaire », déplore une source proche sécuritaire nigérienne. Les trois pays voisins ont annoncé récemment la création d’une force conjointe afin de sécuriser leurs frontières communes.
Menaces sécuritaires, chute des cours des matières premières, crise libyenne, Trump… Réélu en mars, le chef de l’État s’est confié à Jeune Afrique, en marge du dernier sommet de l’UA, sur les défis majeurs auxquels il est confronté.
Jeune afrique : Le Maroc fait son grand retour au sein de l’Union africaine (UA), mais, lors de ce 28e sommet, les échanges ont été houleux…
Mahamadou Issoufou : C’est normal, puisque tout l’enjeu était de parvenir à prendre une décision. Mais la majorité des pays membres ont estimé que le Maroc ne posait aucune condition à son retour, puisqu’il avait souscrit aux dispositions de l’acte constitutif de l’UA, et que le moment était venu. Cela a été un moment historique pour la grande famille africaine.
C’est un autre débat, qui devra être réglé par les instances de l’UA. Mais je rappelle que le Maroc a souscrit à l’acte constitutif de l’UA, une organisation dont la RASD est un membre fondateur.
L’armée nigérienne est engagée sur tous les fronts : aux côtés du Nigeria, du Cameroun et du Tchad contre Boko Haram, mais aussi aux côtés du Burkina Faso et du Mali contre les jihadistes, sachant qu’elle doit également composer avec les conséquences de la crise libyenne… Le Niger a-t-il les moyens, militaires et financiers, d’être à ce point omniprésent ?
Ce qui est sûr, c’est que le capital est lâche et que, si nous voulons que les investisseurs restent, il faut les rassurer. C’est pour cela que la sécurité est une priorité et que nous y consacrons 10 % de nos ressources. Cela dit, nous sommes bien conscients que nous ne pouvons pas lutter seuls et que nos voisins et nous devons mutualiser nos efforts. Ensemble, nous allons mettre en place une force mixte multinationale, à laquelle participeraient les membres du G5 Sahel [Tchad, Niger, Mali, Burkina Faso et Mauritanie], sur le modèle de ce que nous avons déjà fait avec les pays du bassin du lac Tchad. Cette force travaillera en coordination avec les Casques bleus de la Minusma et avec la force française Barkhane.
Diriez-vous que l’élection de Muhammadu Buhari au Nigeria a infléchi la lutte contre Boko Haram ?
Le président Buhari est très déterminé et, si la force mixte fonctionne aujourd’hui, c’est aussi grâce à l’appui financier du Nigeria. J’ajoute que, sur le terrain, tous les jours, l’armée nigériane combat Boko Haram et que cela l’a affaibli et divisé. Ce n’est pas un hasard s’il existe aujourd’hui deux factions rivales : celle d’Abubakar Shekau, d’une part, et celle de Mamman Nur et d’Abou Mosab al-Barnaoui, d’autre part.
Le mandat de la Minusma a été renforcé, ainsi que vous le demandiez. Êtes-vous satisfait ?
Il a été renforcé sur le papier, mais pas dans les faits. Nous avons demandé à Antonio Guterres, le nouveau secrétaire général de l’ONU, de faire en sorte qu’elle ait l’équipement nécessaire pour assumer un mandat plus offensif. Plus largement, il faut réfléchir à ce que l’on attend des missions de maintien de la paix. La paix, on la maintient quand elle existe, mais les menaces ont changé de nature et, entre les terroristes et nous, il n’y a pas de paix possible. C’est une lutte à mort.
Dans une enquête diffusée fin janvier et consacrée à la libération des otages d’Arlit, en octobre 2013, l’émission française « Envoyé spécial » suggère qu’une partie de la rançon versée aux ravisseurs a été détournée. C’est ce qui aurait poussé Aqmi à se venger en exécutant, quelques jours plus tard, deux journalistes de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon. Qu’en dites-vous ?
Je ne pense pas que les deux affaires soient liées. Je ne souhaite pas non plus m’ingérer dans les questions franco-françaises.
Mais le Niger a joué un rôle important dans la libération des otages…
Oui, mais je n’ai aucun élément permettant d’étayer la thèse que vous évoquez.
Dans le bassin du lac Tchad, ce sont des musulmans que Boko Haram égorge. En Libye, en Irak et en Syrie, c’est à des musulmans que s’en prend Daesh. »
Comment sortir la Libye du chaos dans lequel elle est plongée ?
Cela passera forcément par la réconciliation de tous les acteurs : le gouvernement de Fayez al-Sarraj, le gouvernement de Tobrouk, le général Haftar, les kadhafistes… C’est la condition pour mettre en place un gouvernement d’union nationale inclusif et pour rétablir l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire.
Fayez al-Sarraj est-il ouvert à une rencontre avec le général Haftar ?
Oui. Il était présent à Brazzaville et il est tout à fait ouvert à cette idée.
Qu’attendez-vous du nouveau président de la Commission de l’UA, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, qui a été élu le 30 janvier ?
Nous comptons sur lui pour accélérer la mise en place de la Force africaine en attente [FAA] et de la Capacité africaine de réponse immédiate aux crises [Caric]. Il a une grande expérience et vient d’un pays très engagé sur les questions de sécurité.
La Cedeao avait un candidat en la personne du Sénégalais Abdoulaye Bathily. Le bloc s’est semble-t-il fissuré…
Effectivement. Certains ont décidé de soutenir d’autres candidats. Dans toutes les sous-régions, d’ailleurs, il y a eu des prises de position que l’on pourrait qualifier de transversales.
Autre enjeu du sommet, la réforme de l’UA…
Oui. Outre la question du financement, nous sommes tombés d’accord sur l’établissement d’une zone de libre-échange, avec la suppression des barrières tarifaires, techniques, sanitaires, réglementaires, en matière de transport… Nous avons aussi décidé que l’Afrique ne devait parler que d’une seule voix lors des négociations avec les pays tiers. Nous allons poursuivre notre réflexion à ce sujet jusqu’à la fin de 2017.
La réaction de la Cedeao dans la crise gambienne fera-t-elle jurisprudence ?
Sans les pressions qu’elle a exercées, les négociations n’auraient pas abouti, et le verdict des urnes n’aurait pas été respecté. Son intervention a donc été salutaire.
N’y a-t-il pas eu deux poids deux mesures avec d’autres élections contestées, notamment en Afrique centrale ?
Ce ne sont pas deux poids deux mesures, mais deux régions différentes. On est en Afrique de l’Ouest, on parle de la Cedeao. Posez plutôt votre question aux chefs d’État d’Afrique centrale.
Vous avez été réélu pour un deuxième mandat en mars 2016. Où en sont les projets que vous aviez lancés ?
J’ai fait de l’éducation l’une de nos priorités et mis l’accent sur la formation professionnelle et technique. Lorsque je suis arrivé au pouvoir, en 2011, 8 % seulement des enfants nigériens allaient dans les centres professionnels et techniques. En cinq ans, ce chiffre est passé à 25 %. Mon objectif est de le porter à 40 % d’ici à 2021. Et, une fois que ces jeunes seront formés, il faudra leur trouver un emploi. Nos investissements dans les infrastructures routières, énergétiques, ferroviaires, de télécommunications créent des emplois.
L’objectif est d’aller vers une monnaie commune au sein de la Cedeao à l’horizon 2020. »
Le Niger est aussi un producteur de pétrole, et cette production va aller en augmentant. Cela nous donnera des opportunités d’emploi et nous permettra d’avoir des ressources pour financer mon nouveau programme. Celui que j’ai mis en place pendant mon premier mandat devait être financé à hauteur de 6 200 milliards de F CFA (9,4 milliards d’euros). Je l’ai financé à hauteur de 5 800 milliards, soit 93 %. Le nouveau doit être financé à hauteur de 8 200 milliards de F CFA.
Faut-il encore croire au redémarrage de la mine d’uranium d’Imouraren ?
Nous pensions que la conjoncture allait s’améliorer et que les cours de l’uranium allaient se redresser, mais cela n’a malheureusement pas encore été le cas. Cela étant, oui, le projet sera tôt ou tard relancé.
C’est bien pour cela il nous faut aller vers plus d’intégration, notamment monétaire, au sein de la Cedeao. Si nous avions la même monnaie que le Nigeria, nous ne connaîtrions pas ces difficultés. Le problème est d’ailleurs ancien : en 1994 déjà, la dévaluation du franc CFA aurait dû nous permettre d’être plus compétitifs face à Abuja. Mais le Nigeria a tout de suite réagi, ce qui nous a privés des avantages attendus. Moralité : un pays comme le Niger a intérêt à entrer dans une zone d’intégration plus large que l’Uemoa.
L’objectif est d’aller vers une monnaie commune au sein de la Cedeao à l’horizon 2020. Cela dit, je tiens à faire remarquer que, en dépit de tous les problèmes que nous avons évoqués, que ce soit la crise nigériane, la baisse des prix des matières premières ou les chocs sécuritaires, le taux de croissance moyen sous mon premier mandat a été de 6 % par an, et nous prévoyons 7 % pour les cinq prochaines années.
Il y a un débat très vif concernant le franc CFA. Faut-il en finir avec cette monnaie ou bien la réformer ?
Le débat actuel donne l’impression d’être motivé par une position contre la France. Mais je pense que le débat ne se pose pas en ces termes : la plus grande intégration que nous prônons au niveau de la Cedeao ne vise personne. D’ailleurs, la France ou l’Allemagne ont intérêt à ce que nos pays aient un marché plus vaste. La Cedeao, c’est tout de même 300 millions d’habitants !
Certains de vos adversaires dénoncent des dérives autoritaires. Que leur répondez-vous ?
Quels sont les indicateurs qu’ils avancent pour dire que je suis plus autoritaire ? Il n’y a pas d’entrave aux libertés au Niger. Ceux qui me font ce reproche étaient au pouvoir avant moi. Et, à leur époque, le Niger figurait à la 139e place du classement de Reporters sans frontières sur la liberté de la presse. Aujourd’hui, nous sommes à la 52e place – le 9e pays africain. Cela veut dire que, sous ma présidence, notre pays est plus libre qu’à l’époque où ceux qui me reprochent d’avoir un comportement liberticide étaient au pouvoir. Les chiffres parlent pour moi.
Ne regrettez-vous pas que votre principal opposant, Hama Amadou, soit en exil ?
Si, mais personne n’empêche la personne dont vous parlez de revenir au Niger. Il y a chez nous une séparation des pouvoirs : Hama Amadou a des problèmes avec la justice, mais je n’ai aucun problème avec lui.
De l’avis de plusieurs membres de votre gouvernement, la lutte contre la corruption n’est pas allée assez loin pendant votre premier mandat…
Nous sommes sur la bonne voie, mais il faut renforcer notre action, l’accélérer. C’est mon objectif pour mon second mandat. D’ailleurs, la Haute Autorité de lutte contre la corruption a fait l’objet d’une loi pour la rendre plus indépendante. Elle transmettra désormais ses enquêtes directement à la justice, sans passer par l’exécutif.
Vincent Bolloré et Samuel Dossou vont-ils se retirer du projet de boucle ferroviaire, qui devrait notamment relier Niamey à Cotonou ?
Il y a des discussions entre le Niger, le Bénin et Bolloré. Je ne sais pas à quel type d’accord elles donneront lieu, mais nous allons trouver une solution.
Comment réagissez-vous aux premières décisions prises par le nouveau président américain, Donald Trump ?
Je n’ai pas pour habitude de commenter les situations intérieures de pays amis. Ce que je souhaite, c’est que nos relations se renforcent, dans l’intérêt bien compris de nos différents peuples, et que les relations internationales d’une manière plus générale soient plus équilibrées.
La coopération militaire avec les États-Unis est primordiale pour votre pays. Ne craignez-vous pas un désengagement ?
Washington n’a pas fait de déclaration en ce sens. Nous avons un ennemi commun : le terrorisme. Je fonde l’espoir que, sur ce plan-là, les relations avec les États-Unis vont se développer.
La décision de Donald Trump de bloquer l’émission de visas d’entrée pour les ressortissants de sept pays musulmans, dont trois africains, ne vous choque-t-elle pas ?
Les musulmans ne doivent pas être stigmatisés. Il faut que les Occidentaux comprennent que le terrorisme, ce n’est pas l’islam et que les musulmans sont les premières victimes du terrorisme. Dans le bassin du lac Tchad, ce sont des musulmans que Boko Haram égorge. En Libye, en Irak et en Syrie, c’est à des musulmans que s’en prend Daesh.
Pour mettre fin à la route migratoire méditerranéenne, l’Italie a scellé un accord avec la Libye, ensuite appuyé par l’UE. Problème : ce pays est divisé entre factions rivales et en proie aux pires violences.
Quel sens y a-t-il à signer un accord international avec un pays qui n’existe pas ? Trois réponses possibles : par ignorance de la réalité, par désespoir, ou alors parce que cet accord sert d’autres objectifs. Dans le cas du mémorandum d’accord entre l’Italie et la Libye, conçu pour stopper les flux migratoires clandestins à destination de notre pays et du reste de l’Europe, la première hypothèse est exclue. Notre gouvernement est parfaitement au fait de la situation sur le terrain, tout comme ses partenaires européens, lesquels ont solennellement béni l’accord italo-libyen au sommet de Malte, le 3 février [voir encadré].
Notre ancienne colonie est en réalité un no man’s land que se disputent des centaines de milices et de bandes criminelles d’origines diverses.
En Libye, les ambiguïtés idéologiques du maréchal Haftar
L’homme fort de l’Est libyen donne des gages aux salafistes comme le prouve le récent décret interdisant aux femmes de moins de 60 ans de voyager seules en avion.
LE MONDE | 21.02.2017 à 11h07 • Mis à jour le 21.02.2017 à 11h33 |Par Frédéric Bobin (Tunis, correspondant) Abonnez vous à partir de 1 € Réagir Ajouter
Partager ( Le maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est libyen, aime à se présenter comme un nationaliste hostile à l’islampolitique. A l’étranger, nombre de ses soutiens – l’Egypte et la Russie notamment – l’appuient précisément parce qu’il prétend incarner en Libye l’hostilité à l’islamisme dans ses différentes versions : des Frères musulmans aux djihadistes. Or, la décision que vient de prendre un de ses proches révèle les ambiguïtés profondes de ce camp « anti-islamiste ». Le général Abdul Razzaq Al-Nadhouri, commandant militaire de la zone s’étirant de Ben Jawad à Derna en Cyrénaïque (Est), a décrété dimanche 19 février que les femmes âgées de moins de 60 ans seraient désormais interdites de voyager en avion sans être accompagnées par un homme de leur famille. Entre autres raisons, il a évoqué le risque qu’elles entrent en contact avec des services de renseignement étrangers.
Nombre d’analystes établissent un lien entre ce type de décision ultra-conservatrice et l’influence grandissante exercée en Libye, à l’Ouest (Tripolitaine) comme à l’Est (Cyrénaïque), par les salafistes de l’école madkhaliste, la branche la plus sectaire du salafisme dit « quiétiste » (apolitique). Ils doivent leur nom à leur maître, le théologien saoudien Rabia ben Hadi al-Madkhali, qui prêche, outre l’application rigoureuse de la charia, la loyauté aux régimes en place. Ils sont très hostiles aux Frères musulmans mais aussi aux djihadistes de type Al-Qaida ou Etat islamique (EI).
En Cyrénaïque, ces salafistes madkhalistes sont engagés aux côtés du maréchal Haftar dans sa lutte contre les combattants du Conseil de la choura, une mouvance « révolutionnaire » incluant notamment des noyaux de l’EI. En Tripolitaine, ils ont également prêté leur concours à l’offensive contre l’EI à Syrte menée à partir de Misrata. Qu’importe si les forces de Misrata et celles de Haftar sont elles-mêmes rivales et se combattent. Les salafistes madkhalistes soutiennent chaque camp en prenant bien soin de ne pas s’affronter entre eux. La stratégie s’est révélée pour l’instant payante, comme le prouve le récent décret interdisant aux femmes de voyager seules en avion en Cyrénaïque.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/international/article/2017/02/21/en-lybie-les-ambiguites-ideologiques-du-marechal-haftar_5082928_3210.html#oQhQwIa5iCyREoZk.99
Déclaration de Tunis sur la réconciliation en Libye
Un long travail est nécessaire pour réunir les Libyens
La réunion tripartite algéro-égypto-tunisienne sur la Libye a accouché hier de «la déclaration de Tunis», qui rappelle les principes généraux d’un règlement politique dans ce pays. Il est clair, au vu des dernières tractations, que la solution ne sera pas pour demain.
La rencontre tripartite, tant attendue par les milieux politiques à Tunis, entre les ministres des Affaires étrangères de l’Algérie, Abdelkader Messahel, de l’Egypte, Sameh Chokri, et de la Tunisie, Khemaies Jhinaoui, s’est finalement résumée à l’établissement d’un état des lieux des tractations en cours.
La «déclaration ministérielle de Tunis de règlement politique global en Libye», signée hier à Tunis, en présence du président Béji Caïd Essebsi, a insisté sur le besoin de «surmonter les différends interlibyens, ayant empêché l’application de l’accord politique de Skhirat, signé le 17 décembre 2015, à travers un dialogue entre les intervenants libyens de tous bords».
La déclaration a rappelé que «l’instabilité sévissant en Libye impacte négativement l’environnement régional par la propagation de l’insécurité et des crimes transfrontaliers, notamment le terrorisme et l’émigration clandestine». L’idée, selon la déclaration, est de «parvenir à des amendements consensuels de l’accord de Skhirat, pour pouvoir l’appliquer avec l’appui des trois pays et de l’ONU, sur la base d’une solution politique, qui n’exclut aucune partie et qui garantit l’unité de l’armée libyenne».
Contexte et enjeux
Cette rencontre survient quelques jours après l’échec de la communauté internationale à réunir, au Caire, l’homme fort de l’Est libyen, le maréchal Khalifa Haftar, avec le chef du gouvernement de réconciliation, Fayez El Sarraj. Haftar, ayant refusé de rencontrer El Sarraj, considère, selon les fuites parvenues aux médias, que ledit gouvernement de réconciliation n’a pas de présence significative sur le terrain. L’échec du Caire a imposé ce besoin de mise au point des tractations internationales, notamment celles des pays du voisinage immédiat de la Libye, ce qui a été, semble-t-il, fait à Tunis.
«La déclaration de Tunis rappelle, certes, les fondements connus par tous d’un compromis en Libye. Toutefois, elle sous-entend quelques conditions, en insistant sur l’unité de l’armée nationale libyenne, ce qui exclut la proposition de faire un commandement par région militaire, comme compromis entre l’Est et l’Ouest», souligne le politologue Ezzeddine Aguil, qui pense que «ce serait l’Egypte qui serait derrière cette citation».
Côté tunisien, le président Béji Caïd Essebsi a indiqué, dans une interview accordée avant-hier sur la chaîne Nessma, que la solution de la crise libyenne est entre les mains des Libyens ; que la Tunisie, l’Algérie et l’Egypte aident à favoriser le rapprochement interlibyen et que Haftar «est en route vers Tunis», histoire de signifier que des tractations sont en cours pour faire venir l’homme fort de l’Est libyen à Tunis. Le ministre tunisien des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, n’a pas tari d’éloges à l’égard du maréchal Khalifa Haftar, dans une interview accordée à la TAP, en le qualifiant de «patriote et un des acteurs-clés de la solution en Libye».
Flou à Tripoli
Côté libyen, les observateurs expliquent le blocage dans le processus de réconciliation par le chaos dominant dans l’Ouest libyen et les tiraillements sévissant entre les acteurs de cette région-clé en Libye. On peut facilement discerner trois forces politiques distinctes à Tripoli, qui disposent d’un appui militaire, sans parler des petites milices de quartier. Il y a, d’abord, le gouvernement d’El Sarraj et sa Garde nationale, en cours de constitution.
Il y a, aussi, les groupes politico-militaires, qui ont soutenu l’entrée d’El Sarraj à Tripoli et qui expriment régulièrement des réserves, comme leur dernière formation d’une Garde nationale parallèle, en réunissant leurs milices. Le mufti Sadok Ghariani, le leader islamiste, Abdelhakim Belhaj, le président du Conseil de l’Etat, Abderrahmane Swehli, en sont les principaux acteurs politiques. Le gouvernement de salut national de Khalifa Ghouil est l’un des opérateurs de ce clan.
Il ne faut pas, non plus, oublier que Haftar dispose d’une arrière-garde à Tripoli et dans son environnement. Donc, ce n’est pas encore le calme dans la capitale libyenne. Loin de là, comme l’atteste l’attaque lancée, hier, contre le convoi de Fayez El Sarraj et de Abderrahmane Swehli à Tripoli. Plusieurs milices sont des électrons libres à Tripoli, qui vit désormais dans l’incertitude sur le plan sécuritaire.
Algériens, Egyptiens et Tunisiens ont fait à Tunis ce constat «sombre» de la situation en Libye. Lequel check-up nécessite du temps et des efforts pour parvenir à réunir les belligérants libyens autour d’une solution. Toutefois, Trump et Poutine risqueront de chambarder la donne, si le premier donne le feu vert au second, pour soutenir un clan contre un autre.
El Sarraj et Swehli échappent à un attentat
Un convoi du chef du gouvernement d’union nationale libyen (GNA), Fayez El Sarraj, a essuyé, hier, des tirs à Tripoli, ont indiqué les porte-parole du GNA et du Conseil d’Etat libyen.
«Le convoi du chef du GNA, Fayez El Sarraj, et du président du Conseil d’Etat, Abderrahmane Swehli, a essuyé des tirs lors de son passage près du secteur d’Abou Slim à Tripoli. Toutes les voitures du convoi étaient blindées. Il n’y a pas eu de blessé», a affirmé à la presse le porte-parole du GNA, Achraf Al Thulthi, faisant état de l’ouverture d’une enquête.
De son côté, le porte-parole du Conseil d’Etat, Mohamed Salem, a précisé que le convoi qui roulait sur une autoroute avait fait l’objet de «tirs nourris» de la part de groupes armés se trouvant dans un bâtiment situé à proximité du siège du Conseil d’Etat. Deux gardes ont été blessés, selon M. Salem. R. I.
L'interminable bataille juridique entre l'Etat nigérien et la société Africard
Par RFIPublié le 10-02-2017Modifié le 10-02-2017 à 04:16
Un volet du contentieux qui oppose le Niger à la société Africard a fait l’objet d’une audience jeudi 9 février devant le tribunal de Nanterre. Dans cette affaire, le Niger a été condamné il y a plus de deux ans à verser une compensation de plus de 16 milliards de francs CFA à la société Africard qui s’estime lésée suite à la rupture d’un contrat. Sur la base de cette sentence arbitrale, Africard a notamment obtenu l’année dernière le gel d’avoirs nigériens dans les caisses d'Areva, lié commercialement au Niger. C’est l’avenir de ces fonds qui était discuté ce matin au tribunal. Mais l'affaire a été reportée au 14 mars. Retour sur cette bataille juridique qui dure depuis des années.
C’est un peu l’histoire d’un divorce qui tourne mal et qui pourrait couter très cher. En 2011 la société Africard signe un contrat avec le Niamey pour la fourniture de passeport biométriques mais quelques mois plus tard, l’accord est rompu par les autorités.
Africard s’estime lésé et introduit un premier recours auprès des juridictions du pays. La société obtient gain de cause, mais l’Etat refuse de faire marche arrière. Africard demande alors un arbitrage international auprès de l’Organisation pour l’harmonisation du droit des affaires en Afrique. Le dossier est jugé à Abidjan. Le Niger est condamné à payer plus de 16 milliards de francs CFA de compensation.
Ne voyant rien venir Africard demande l’exécution du jugement en France et aux Etats-Unis. C’est dans ce cadre que plusieurs propriétés nigériennes sont saisies en région parisienne et Outre-Atlantique. Une saisie est aussi opérée sur les comptes d'Areva, lié par un contrat commercial au Niger. Plus de 30 millions d'avoirs nigériens sont alors gelés dans les caisses du groupe nucléaire.
Face à cette offensive, Niamey contre-attaque. Le gouvernement introduit un premier recours qui est rejeté en juillet dernier. Aujourd’hui les avocats de l’Etat nigérien disent posséder des documents compromettant qui pourraient mettre à mal toute la procédure judiciaire entamée par Africard. L'affaire a été reportée au 14 mars prochain.