lundi 23 décembre 2013

NOËL TOUTE L’ANNÉE

Le blog de Noël Mamère.

Au Niger, Areva fera-t-elle toujours la loi ?

Noël Mamère
Député de Gironde
Publié le 23/12/2013 à 10h46

Manifestation contre areva au Niger, le 21 décembre 2013 : « Areva, respecte la loi au lieu de faire la loi » (Boureima HAMA/AFP)
En ce moment, les contrats de la Somaïr et de la Cominak, filiales d’Areva pour l’exploitation de l’uranium au Niger, sont en cours de renégociation. Elles se déroulent dans un climat de pressions et d’opacité qui tranche avec la prétendue transparence de notre « nouvelle » politique africaine.
Areva menace, entre autres, de fermer les deux plus grandes mines qu’elle exploite si le gouvernement nigérien n’accepte pas ses conditions pourtant scandaleuses. Bien que bénéficiant déjà d’un régime fiscal avantageux d’exonérations fiscales diverses (TVA, taxes sur les carburants, droits de douanes…), Areva refuse en effet de se voir appliquer la nouvelle loi minière de 2006, qui permettrait au Niger de recevoir davantage de rentrées fiscales de l’exploitation de son uranium : elle exige une stabilisation de son régime fiscal au Niger jusqu’en 2043 !
Alors que le Niger est le quatrième producteur mondial d’uranium,qui représente plus de 70% de ses exportations, mais seulement 5% de son PIB, il reste le dernier pays au classement de l’Indice de développement humain des Nations-Unies. 60% de la population vit avec moins de 1 dollar par jour. Cette contradiction tient à ce qui s’apparente, ni plus ni moins, à un pillage des ressources par une entreprise française dont l’Etat français est actionnaire à 80% !
Areva se conduit comme dans un pays conquis, avec des méthodes de colon, alors qu’elle se porte bien : son cours en bourse augmente et elle vient de signer des contrats de plusieurs milliards avec la Grande-Bretagne et le Brésil. Des études tablent sur une augmentation de la demande d’uranium, compte tenu du développement de nouveaux réacteurs ou de la fin des programmes de recyclage de l’uranium militaire russe, en 2013.

La France préfère la soumission du faible au fort

Le Niger a un besoin pressant de ressources pour financer son plan de développement social et économique, notamment son système d’accès gratuit aux soins pour les populations les plus vulnérables.
La France préfère donc la soumission du faible au fort plutôt que des négociations qui pourraient être « gagnant-gagnant » et constituer un exemple de ce « nouveau modèle » de partenariat avec l’Afrique sur lequel notre gouvernement a beaucoup communiqué au moment du sommet de l’Elysée des 6 et 7 décembre dernier.
Dans le cas du Niger, nous sommes très loin de ces belles intentions affichées. Pourtant, le gouvernement, comme actionnaire majoritaire d’Areva, peut aisément demander à l’entreprise de renoncer à ses exonérations et exemptions fiscales, d’accepter de se soumettre à la loi minière de 2006 au Niger, et de mener ces renégociations dans la plus grande transparence, sans exercer de pression ou menace sur le président Issoufou.

Catastrophe environnementale, sanitaire et sociale

Au-delà de la renégociation des contrats léonins d’Areva, c’est l’énergie nucléaire elle même qui est en cause. Cette énergie dangereuse a un coût : Pour les populations locales, le système Areva engendre une catastrophe environnementale, sanitaire et sociale. La pollution des sols, de l’eau, de l’air, par les ferrailles radioactives engendre des maladies pulmonaires ou des leucémies. Des zones entières sont désertées par les populations touaregs locales.
Areva doit devenir la preuve de notre volonté de rompre avec la Françafrique. Notre politique africaine ne peut se résumer à des interventions militaires, qu’elles soient ou non fondées. « Sauver » les populations en détresse ne se résume pas à l’utilisation de la canonnière dans les situations de crise. L’état structurel de faiblesse des Etats de l’Afrique centrale et de l’Ouest est non seulement le produit de la colonisation, mais encore de la gestion calamiteuse qui s’en est suivie depuis cinquante ans.
Nous avons maintenu des Etats sous perfusion, par une tutelle politique, économique, militaire, au seul bénéfice de nos grandes entreprises – Bolloré, Total, Bouygues, Areva… – qui continuent à piller les ressources, qui accaparent les terres, qui contrôlent les ports et le transit des marchandises… La France doit se montrer cohérente avec son engagement pour la transparence dans les industries extractives et pour une meilleure mobilisation des ressources fiscales dans les pays en développement.
Alors que le conseil des ministres vient de discuter d’une loi sur l’aide au développement – qui est une avancée dans la transparence de notre politique de développement – il ne faudrait pas continuer à montrer que la seule chose qui compte pour nous en Afrique est la défense des intérêts particuliers de nos entreprises, au détriment de la survie des peuples africains.
La Françafrique n’est pas un concept dépassé, c’est une réalité. Monsieur le Président, vous avez voulu rompre avec elle ? Vous avez l’occasion de le démontrer en obligeant Areva à publier ce qu’il paie au Niger et à respecter ses partenaires africains.
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samedi 21 décembre 2013

LUCMICHEL.NET
‘La Voix de la Russie’ interroge Luc Michel
sur la ‘nouvelle’ Libye
Luc Michel
Samedi 14 décembre 2013
La « nouvelle » Libye : entretien avec Luc Michel (Partie 1)
La Voix de la Russie / 2013 12 13 /
# L’INTRODUCTION DE ‘LA VOIX DE LA RUSSIE’ :
Plus de deux années se sont écoulées depuis l’assassinat du colonel Mouammar Kadhafi en Libye. Depuis la chute de la Jamahiriya, on est très loin des promesses faites par certains grands amateurs des interventions « humanitaires » armées quant à l’avenir de ce pays.
La « nouvelle » Libye sombre de jour en jour dans le chaos et visiblement est en train de devenir un non-Etat failli, intégriste, ainsi que le théâtre de scénarios d’afghanisation et de somalisation. Un pays qui était pourtant encore récemment l’un des plus prospères d’Afrique.
Nous nous entretenons aujourd’hui sur ce vaste sujet avec Luc Michel, grand spécialiste de la géopolitique et notamment de la Libye (on lui doit notamment une « Géopolitique de la Jamahiriya libyenne »).
Organisateur et homme d’action, il est aussi le créateur dans toute l’Europe dès mi-février 2011 des Comités ELAC / Euro-Libyan Action Committees et en juin 2011 de leur pendant africain, les Comités ALAC / Afro-Libyan Action Committees (avec le tchadien Djim Ley-Ngardigal), organisation de soutien à la Jamahiriya qui continue toujours le combat. En avril 2011, il a organisé avec le Ministère libyen des Affaires étrangères, la Libyan National Youth Organisation et ELAC la seule conférence internationale – euro-afro-arabe – de soutien à la Jamahiriya, « Hands off Libya », à Tripoli sous les bombes de l’OTAN.
# ENTRETIEN DE LUC MICHEL AVEC MIKHAIL GAMANDIY-EGOROV (LVDLR) :
* La Voix de la Russie : Toutes les récentes nouvelles qui nous viennent de Libye annoncent tantôt des combats entre groupes armées ayant combattu Kadhafi, tantôt des kidnappings, y compris des haut gradés du nouveau gouvernement, des assassinats et crimes sans jugements, et la liste est non exhaustive. On a l’impression que c’est dorénavant monnaie courante dans cette « nouvelle Libye, démocratique et libre »… Selon vous, qu’en est-il ?
Luc Michel :  Dans la Libye post CNT « made in OTAN », les puissantes milices islamistes, les gangs politico-militaires de type mafieux et les armées privées (notamment celles de Zintan et Misrata) font la loi. Y compris à Tripoli et à Benghazi, où le gouvernement fantoche installé par les USA ne contrôle que quelques zones …
La Libye est en voie de somalisation, une zone de non-droit, sans Etat, où ne règnent que la loi des armes et les appétits vénaux de criminels sans foi ni loi. Sans foi parce que les djihadistes, ceux de Benghazi comme ceux de Bruxelles ou Londres, ne sont le plus souvent que des trafiquants d’armes ou de drogue.
Les affaires libyennes : guerre en plein Tripoli, enlèvement du Premier ministre fantoche, blocage des installations pétrolières, tentations « fédéralistes » … en disent long sur les limites étroites de l’autorité réelle du gouvernement pro-occidental de Tripoli, issu du pseudo CNT, et sur le chaos qui règne en Libye. Il n’y a plus d’Etat, de gouvernement, d’autorité. Et les forces du gouvernement fantoche ne sont qu’une des nombreuses factions, dont les puissants gangs islamistes, lourdement armées qui organisent le chaos en Libye. Sans oublier les anciennes « méga » municipalités de la Jamahiriya de Kadhafi où tribus et anciens cadres jamahiriyens, après 33 ans de démocratie directe municipale, ont organisé une autonomie de fait qui ne reconnaît pas l’autorité de Tripoli. C’est le cas à Bani Walid ou Sebah, où les milices d’auto-défense municipales ont chassé à plusieurs reprises les gangs islamistes armés…
C’est ce chaos que les médias de l’OTAN ou l’ineffable BHL appellent un « pays libéré » (sic) et une « démocratie émergente » !
* LVdlR : On parlait beaucoup du risque d’afghanisation et de somalisation de la Libye. Récemment, le scénario de somalisation a vraisemblablement atteint un stade de non-retour, avec la région de la Cyrénaïque qui s’est dotée de son « propre gouvernement ». Les groupes armés aux quatre coins du pays dictent désormais ouvertement leurs lois et le risque d’éclatement de l’Etat libyen en plusieurs morceaux est plus proche que jamais. Que pouvez-vous dire là-dessus ?
Luc Michel :  Le 25 octobre 2013, la Cyrénaïque s’est dotée de son propre gouvernement et de son drapeau. Noir avec croissant et étoile blanche, d’une inspiration islamiste nette (les drapeaux d’Al-Qaida ou des salafistes sont du même type) …
Il faut savoir que dès le début, la soi-disant « révolte contre le régime de Mouammar Kadhafi », en fait un coup d’état insurrectionnel organisé par les USA et l’OTAN avec des complicités dans l’aile islamo-libérale apparue en Jamahiriya dès 2003, avait commencé précisément en Cyrénaïque par la mise en place d'un Conseil national de transition à Benghazi. L’Est de la Cyrénaique (Benghazi, Derah, al-Baida) était depuis les Années 80 une zone rebelle où les islamistes organisaient une subversion alimentée par les MI6 et MI5 depuis Londres, capitale du « Londonistan » islamiste. En 1996 avait éclaté une grande insurrection armée, pilotée depuis Londres, difficilement écrasée.
Après la prise de Tripoli et le martyr de Syrte, la Cyrénaïque avait déjà proclamé son autonomie qui n'a pas été reconnue par le CNT.
Quant au leader du CNT, Mustapha Abdeljalil (aujourd’hui en fuite en Tunisie car inculpé pour le meurtre fin juillet 2011 du général félon Younès, chef des katibas du CNT), c’était un islamiste radical, imprudemment placé au gouvernement comme ministre de la Justice de la Jamahiriya par Saïf al-Islam, et … l’un des chefs de ces Confréries Senoussi, interdites sous Kadhafi. La Jamahiriya a été trahie de l’intérieur par son aile islamo-libérale bien avant que l’OTAN porte le coup de grâce. Aujourd’hui, le prix de cette trahison c’est la somalisation de la Libye !
* LVdlR : La Libye est devenue aujourd’hui un terrain de prédilection pour des organisations extrémistes, notamment Al-Qaïda. La charia est devenue la nouvelle loi dans tout le pays alors qu’on se souvient encore des idées progressistes (notamment envers les femmes) de l’ancien gouvernement. Les salafistes ont gangrené le pays. A votre avis, cela se poursuivra de la sorte ?
Luc Michel :  Les USA se sont emparés de la Libye avec l’aide et par les gangs armés djihadistes.
Ce sont des islamistes employés par la CIA, possédant un passeport US, depuis le début des années 80, qui dirigent la Libye sous occupation de l’OTAN : ainsi le « général » Hifter présidait le premier parlement post CNT, le Premier ministre Zeidan est aussi un employé de la CIA, libéral en économie mais islamiste en politique.
La Libye est déchirée par la violence des milices et des gangs islamistes rivaux. La destruction en juin 2012 de monuments islamiques et de bibliothèques était un combat entre factions islamistes : salafistes soutenus par le Qatar contre les confréries soufi, les fameuses « confréries Senoussi » qui dominaient l’ex CNT d’Abdeljalil avec l’appui de l’AKP turc (qui en est proche idéologiquement) et des MI5 et MI6. Il y a aussi « en embuscade » les Frères Musulmans (protégé des USA depuis 1945 et Plan B du Département d’Etat étasunien), ainsi que les katibas djihadistes d’Al-Qaida, à Tripoli et Zliten. Qui ont même leur parti, Al Watan.
Et la leçon n’a pas servi. Puisque la collaboration USA-OTAN-djihadistes a continué ensuite sur le dossier syrien ! Des opérations de transfert d’armes illégales de la Libye vers la Syrie ont eu lieu en violation de l’embargo de l’ONU sur l’entrée ou la sortie d’armes de Libye. L’homme-clé de l’islamisme libyen et des filières djihadistes Libye-Syrie s’appelle Abdelhakim Belhadj, cadre libyen d’Al-Qaida et ex de Guantanamo, devenu commandant militaire du CNT et appointé « gouverneur militaire de Tripoli » fin août 2011 par les généraux français de l’OTAN. Il a été ensuite envoyé en mission dès l’hiver 2011 pour les services spéciaux de l’OTAN en Syrie, en charge d’organiser les katibas de la pseudo ASL et d’y intégrer les djihadistes. Belhadj était un des hommes liges de l’ancien émir du Qatar, mis à la retraite par Washington il y a quelques semaines. Pour avoir soutenu Al-Qaida et AQMI notamment en Libye, au Mali et en Syrie, ligne rouge pour le Département d’Etat américain, dépassée par les Qataris.
* LVdlR : Vous développez une thèse particulière. Selon vous le coup d’Etat de février 2011 ne serait que le résultat d’un processus entamé en Libye dès 2003.
Luc Michel :  En effet. C’est un processus similaire à celui qui a détruit la Yougoslavie de 1985 à 2001 qui a déstabilisé, puis détruit la Jamahiriya. Détruite sur un scénario, un « processus de transition » – le nom du CNT s’en inspire directement - qui rappelle étroitement la Yougoslavie et ce n’est pas un hasard. La transition c’est évidemment vers le parlementarisme occidental, le libéralisme, l’économie globalisée et l’alignement sur les USA et l’OTAN !
Comme en Yougoslavie, la Libye aussi, depuis 2003, avait une aile libérale, opposée à celle des socialistes patriotes. Celle rassemblée derrière Saïf Al Islam, le fils aîné de Kadhafi, qui a amené libéraux et islamistes au pouvoir. Il faut lire les pages révélatrices de Bernard-Henry Levy sur Saïf dans son livre d’auto-propagande personnelle sur la Libye « La guerre sans l’aimer », où il pose la question qui choque : « comment celui qui était des nôtres (l’expression est de lui) a-t-il pu rejoindre son père ? »…
Le régime libyen a été déstabilisé et attaqué de l’intérieur. Avant que les bombes, les armées et les mercenaires de l’OTAN et des USA ne viennent finir le travail. J’ai vécu de l’intérieur cette prise de la Libye, aux côtés de nos camarades socialistes du MCR. J’ai vu comment les illusions de Tripoli sur la coexistence pacifique et l’économie globalisée ont permis aux libéraux libyens de se constituer en Cheval de Troie et de préparer l’assaut extérieur
(…)
Suite dans la seconde partie de l’entretien …
Photos : Luc MICHEL pour la Conférence internationale de soutien à la Jamahiriya, « Hands off Libya », à Tripoli en avril 2011, sous les bombes de l’OTAN…


 
 

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Source : Luc MICHEL

Boualem Sansal : "Pourquoi l'islam a cédé la place à l'islamisme"



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18/12/2013 à 10:52 Par Propos recueillis par Renaud de Rochebrune



Boualem Sansal croit de moins en moins en l'intégration des musulmans en Europe. © Vincent Fournier pour J.A.

Dans son dernier essai, l'écrivain algérien Boualem Sansal dénonce sans retenue la poussée du fondamentalisme religieux dans le monde arabe. Et dresse un état des lieux alarmant.

Chaleureux et souriant, plein d'humour, volontiers ironique, il est incontestablement le plus radical des écrivains algériens, voire maghrébins. Et le plus déterminé à dénoncer toutes les tares des pays arabes et de leurs régimes, en particulier celles de l'Algérie. Ce qu'il a fait avec talent dans ses six romans, autant de succès, depuis Le Serment des barbares, en 1999, jusqu'à Rue Darwin, en 2011. Aujourd'hui, c'est à travers un essai - à l'origine une commande d'une fondation allemande, la Körber-Stiftung, qui l'aura fait intervenir à plusieurs reprises face à des auditoires choisis, notamment des hauts fonctionnaires - qu'il a pris la plume pour s'inquiéter et inquiéter son lecteur devant les conséquences de l'islamisation dans le monde arabe.

Gouverner au nom d'Allah n'est cependant ni un livre savant ni un pamphlet, mais un ouvrage accessible à tous qui dresse un large panorama de l'islam contemporain et de ses rapports avec les pouvoirs. Un travail d'écrivain, avant tout, qui conduit l'auteur à dénoncer sans retenue les dangers que, selon lui, font courir aux populations l'islamisme et ses propagateurs conscients ou inconscients.

Jeune Afrique : Comment expliquez-vous ce "silence assourdissant des intellectuels" dans le monde musulman à propos de l'islamisme ?

Boualem Sansal : La peur, sans doute. Mais il y a des raisons plus profondes. Dans le monde arabo-musulman, organisé historiquement autour de structures féodales, il n'y a jamais eu que des intellectuels de cour. Il en allait certes de même au Moyen Âge, en Europe, où les livres étaient dédiés à quelque altesse et où il fallait obtenir l'imprimatur du roi et craindre l'Église. Mais, petit à petit, ces intellectuels se sont émancipés.

Après Rue Darwin, vous aviez annoncé la prochaine parution d'un essai, peut-être autour d'un voyage en Kabylie. Que s'est-il passé ?

Je n'avais pas prévu en effet d'écrire ce livre. Il est le fruit d'une commande, avec un cahier des charges, d'une vénérable fondation allemande, la Körber-Stiftung, qui travaille sur les faits de société et sert de think tank pour les administrations. Elle m'invite depuis plusieurs années à participer à des débats et me demande parfois de faire des conférences, soit pour le grand public, soit pour un auditoire spécifique, voire un personnel officiel. J'ai donc donné un jour une conférence sur l'islamisme et le terrorisme en Algérie en présence de hauts fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères, de généraux, de membres des services secrets. On m'avait ensuite recontacté pour me dire : tout ce que vous avez dit là, il serait intéressant de le ramasser, de le développer à l'intention de citoyens lambda. Donc je l'ai écrit pour eux. Le cahier des charges prévoyait que je remette un synopsis dans les quinze jours. Une fois celui-ci avalisé, je me suis mis au travail et j'ai livré le texte quatre mois plus tard, en mars-avril derniers. Il n'était pas du tout prévu que ce travail entre dans le circuit d'édition habituel. C'est mon éditeur, Jean-Marie Laclavetine, qui, après l'avoir lu, a estimé qu'il fallait le publier.

L'essai est-il un exercice plus facile que le roman ?

Écrire un roman est plus difficile. On crée un univers, on se place sur plusieurs plans. Et on raconte d'abord une histoire. Dans le même temps, il y a en arrière-plan des idées, des messages, une réinterprétation des choses.

Mais pourquoi est-ce vraiment plus fort dans un roman ?

Parce qu'il y a beaucoup de choses dans un roman. Il y a d'abord l'histoire, une belle histoire, qui attire le lecteur, le fascine, en tout cas le fait entrer dans le livre. Il y a aussi une écriture, qui est différente, spécifique, qui doit séduire. Puis on essaie de créer une atmosphère qui fait que l'on est en contact avec la situation. Alors que l'essai est forcément plutôt froid. On ne peut pas prendre les mêmes libertés. Dans un roman, on peut se lâcher, faire des digressions, raconter une blague. Un essai doit être concis, précis. Il a certes un public, mais le roman a un lectorat plus large. En librairie, un tel essai n'attirera que ceux qui s'intéressent vraiment à la question de l'islamisme et veulent avoir l'avis de Boualem Sansal. Il faut donc connaître Boualem Sansal et être intéressé par le sujet pour ne pas passer à côté du livre sans même le regarder.

À vous lire, un premier paradoxe frappe : l'univers de l'islam, qui rassemble désormais un quart de la population mondiale, plus que les catholiques, peut sembler triomphant, et pourtant, il n'a jamais autant été remis en question, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur...

C'est tout à fait vrai, en tout cas pour les pays arabes. Voilà en effet une société avec ses structures archaïques qui a été plongée au XXe siècle, comme le monde entier, dans l'univers de la modernité. Mais alors que les pays et les peuples les plus traditionnels, comme les Japonais et les Indiens, voire les Inuits, mais aussi les Chinois et même beaucoup d'Africains, ont accepté cette modernité tout en exerçant un droit d'inventaire, le monde arabe n'a pas réglé la question. Il est resté dans l'ambiguïté. On tient un discours sur la démocratie... et puis on rentre à la maison et on enferme sa femme et sa fille. On a peur de ce qui pourrait détruire les structures patriarcales. Pas étonnant que nos sociétés soient clivées. Ce n'est pourtant pas une fatalité. Rien ne devrait empêcher les évolutions. Je me souviens encore de débats, il y a une cinquantaine d'années, avec des étudiants en économie sur le prêt à intérêts, le profit et leur interdiction par le Coran. Tu me prêtes 100, je te rends 100, et c'est tout, affirmaient-ils. De fait, d'un bout à l'autre de la planète, presque tous les musulmans avaient fini par accepter le principe des intérêts, même quand ils étaient usuraires : on empruntait à plus de 20 % et on prêtait aussi à plus de 30 %. Quand on veut changer les choses, on le peut. Seulement voilà, sous l'impulsion des islamistes, notamment de l'Arabie saoudite, on est revenu là-dessus et on a inventé le concept de finance islamique. Qui ne trompe personne, puisqu'il ne s'agit que d'un habillage qui permet des opérations pires que le prêt à intérêts.

L'essor de l'islamisme dans le monde arabo-musulman était-il inéluctable ? Et sera-t-il durable ?

J'ai la conviction, même si c'est difficile à démontrer comme tout ce qui est intuitif, que nous sommes entrés dans un processus où l'islam est progressivement remplacé par l'islamisme. Une nouvelle religion avec ses prophètes et ses compagnons - Ben Laden et les autres. Ce nouvel islam prospère d'autant plus que l'islam d'avant est plus ou moins mort depuis l'effondrement des grands califats. À l'exception, quand l'empire ottoman était encore vivace, du califat qu'il abritait, lequel, menacé par l'Europe, a disparu à son tour. Pour assurer sa survie, le monde ottoman a dû se convertir au nouveau monde et, fait extraordinaire, a lui-même supprimé le califat. C'est comme si les catholiques supprimaient le Vatican ! De la religion n'est plus alors restée que la tradition. Jusqu'à l'irruption de l'islamisme, certes encore balbutiant, mais qui invente des théories - quitte à les contredire parfois - et qui ne part pas de rien : il y a les travaux de Hassan al-Banna, fondateur des Frères musulmans, et ceux d'autres penseurs avant lui. Il a élargi le spectre de ce qui concernait l'islam, proposant une réflexion non seulement sur la finance internationale, mais aussi dans d'autres domaines, à commencer bien sûr par celui de la politique avec l'idée de République islamique. Il ne manque aux islamistes pour l'instant, pour véritablement rayonner, pour pouvoir créer des universités, etc., qu'une expérience concluante dans un pays.


Prière collective lors du pèlerinage à La mecque. l'islam rassemble aujourd'hui
un quart de la population mondiale. © Mahmud Hams/AFP

La Turquie ne constitue-t-elle pas un modèle à suivre ?

Oui pour certains, ceux qui sont sur la voie de la négociation avec le reste du monde. Mais pas pour ceux qui ont choisi la voie de la violence, qu'ils justifient par une certaine lecture de l'Histoire, en particulier du colonialisme, fournissant des raisons de se venger et même de tuer. Pour ceux-là, pas de renaissance de l'islam sans douleur ni violence : pour que naisse un nouveau régime, il faut nécessairement tuer, comme on a guillotiné le roi en France au début de la Révolution.

En Turquie, cela dit, les islamistes ne contrôlent pas la totalité du pouvoir. Il y a encore des lignes jaunes qu'ils ne peuvent franchir. À cause de l'armée, gardienne de la laïcité, et de la société, laquelle a un pied dans la modernité et ne saurait accepter une trop grande régression de la liberté. Les islamistes purs et durs, hostiles à la prise du pouvoir par les élections, le disent : la démocratie est trop contraignante et on est amené à trahir l'islam. De fait, les islamistes turcs sont effectivement obligés d'avancer en crabe, de faire attention à ce qu'ils font et à l'image qu'ils donnent d'eux-mêmes.

Une manière de dire que vous êtes très réservé vis-à-vis d'un éventuel modèle turc d'islamisme modéré ?

Absolument. Cela ne m'emballe pas du tout. On pourrait dire qu'ils cherchent à démontrer que modernité et islam sont compatibles. Mais je n'y crois pas. À partir du moment où la vérité n'est déterminée que par Dieu et où la vie humaine ne consiste qu'à appliquer les dires d'Allah, l'homme libre n'existe plus, il n'y a plus rien à débattre. On idéalise ce qui se passe en Turquie pour les besoins de la cause islamiste.

Les dirigeants islamistes qui se disent modérés, en Turquie comme en Tunisie ou ailleurs, seraient donc tous nécessairement hypocrites ?

On ne saura pas ce qui se serait passé si l'Europe avait accepté rapidement la Turquie en son sein. Peut-être cela aurait-il permis à des islamistes d'être vraiment modérés. Mais on voit bien qu'on dérive toujours vers une islamisation de toute la société. En Turquie, même si on fait attention à ne pas aller trop vite, comme ailleurs.

Autre fait pas assez souligné que vous relevez : les musulmans, islamistes ou non, sont plus nombreux ailleurs que dans les pays arabes. En quoi est-ce un problème ?

Les divisions au sein de l'islam sont innombrables en effet, mais pas seulement entre sunnites et chiites, etc. Né dans le monde arabe, l'islam a échappé aux Arabes pour devenir, depuis longtemps, en majorité asiatique. C'est vécu comme une grande perte, une humiliation même. Qu'on utilise des langues autres que la langue sacrée, l'arabe, pour assurer la transmission de l'islam, quel sacrilège ! Et on a remarqué que les Asiatiques, les Indonésiens par exemple, qui habitent le pays musulman le plus peuplé de la planète, n'étaient pas les plus assidus pour aller à La Mecque, car ce lieu est surtout lié à l'histoire des Arabes. Il y a donc une volonté permanente de rapatrier le centre de gravité de l'islam dans le monde arabe. Mais c'est problématique : les Maghrébins, par exemple, n'ont jamais bien vécu l'appropriation de l'islam par une monarchie du Golfe qui s'est autoproclamée gardienne des lieux saints. Mais, au-delà du cas de l'Asie, il y a aussi un islam en Europe qui pourrait bien devenir un islam d'Europe, avec ses spécificités, ce que l'Algérie ou le Maroc ne voient pas d'un bon oeil.

Vous dites à ce propos que vous ne croyez pas, ou plus, à l'intégration des musulmans en Europe...

On est même plutôt déjà dans un processus de désintégration. L'intégration des immigrés s'était faite par couches successives, chacune d'entre elles étant mieux intégrée que la précédente. Même dans les cités, l'intégration n'était pas un vrai problème dans les années 1970, voire 1980. L'Algérie s'en est d'ailleurs inquiétée et c'est à ce moment-là qu'a pris toute son importance, par exemple, l'Amicale des Algériens en Europe. Ce qui signifiait bien que ces derniers, pour Alger, n'avaient pas vocation à s'intégrer mais à revenir au pays. L'intégration était vue comme une sorte de poursuite du colonialisme, à laquelle il fallait résister en organisant des cours de langue, en envoyant des imams. Les autres pays maghrébins ont agi de même. Et cela a favorisé, peut-être pas la désintégration de ceux qui étaient là depuis longtemps, mais, paradoxalement, celle de leurs enfants nés en Europe. D'autant que ces derniers, quand ils découvrent que leur mode de vie est très critiqué dans leurs pays d'origine, sont culpabilisés. Et ils se culpabilisent mutuellement. De plus, tous ces jeunes, souvent au chômage ou en rupture sociale, sont des proies rêvées pour les islamistes. Comme ce fut le cas avec le FLN pendant la guerre, les premiers recrutés en amènent d'autres, et cela crée une dynamique. Ces jeunes qui ont perdu leur identité peuvent même se prendre pour des Che Guevara de l'islam. Ils se voient offrir des rêves extraordinaires, des rêves de paradis. Ils trouvent des frères en islam, voire des compagnons d'armes. C'est exaltant.

Les islamistes, dites-vous, sont rétifs à la modernité, mais ils aiment mettre en avant des scientifiques dans leurs rangs et ils utilisent volontiers pour leur propagande les technologies modernes...

Ils pensent que ce qu'on appelle la modernité a été inoculé de force aux peuples par les colonisateurs, par l'Occident et par des régimes impies. Mais ils mettent toujours en avant la science, avec la fierté de ceux qui se souviennent de l'époque de la grandeur de l'islam, quand il y avait tant de grands inventeurs arabes. Seulement il faut savoir de quoi on parle. Le Coran ne se réfère pas à proprement parler à la science, mais à la connaissance, ce qui n'est pas du tout la même chose. La science, c'est très dangereux pour eux. D'ailleurs, ils disent que si on possédait ce qu'ils considèrent comme la vraie science, on rejetterait la modernité. Et toutes ces attitudes nées de la corruption de toute chose qu'elle entraîne.

Que le Printemps arabe, qu'ils n'ont pas initié, ait tant profité finalement aux islamistes vous a-t-il surpris ?

Beaucoup de gens se souviennent, heureusement, que, dès le début, je n'ai guère cru à l'avenir de ces mouvements. On me trouvait pessimiste, beaucoup trop négatif. S'il y a eu de la colère et une révolte, cela n'avait rien de surprenant, car tout allait mal dans les pays arabes. Il y avait partout comme une cocotte-minute prête à sauter. Il suffisait d'une étincelle. Mais après ? Je peux me référer à l'expérience algérienne, car on a vécu une sorte de Printemps arabe en 1988. Comme il n'y avait pas de relais pour encadrer cette révolte, cela n'a pas duré. D'autant que les islamistes algériens ne songeaient au début qu'à réislamiser la société, pas à prendre le pouvoir. Mais il y a alors eu des manipulations à tous les niveaux - les opposants à la politique de libéralisation de Chadli, les services secrets, les différents clans, etc. -, et personne, car ils étaient tous incompétents, n'a maîtrisé la situation. D'où la victoire, lors des élections municipales, puis au premier tour des législatives, faute d'une autre solution, de la seule force un peu organisée, à savoir les islamistes. Quand tout va mal, quand il y a une crise grave, on ne va pas voter, ou alors on donne sa voix aux extrêmes. Il n'est donc pas surprenant que le Printemps arabe ait conduit au succès électoral des islamistes. Qui, comme en Algérie, là, du fait de l'armée, à laquelle revient toujours le dernier mot, ont démontré qu'ils ont du mal à éviter l'échec quand ils approchent du pouvoir ou l'exercent.

Est-ce à dire que vous approuvez la déposition de Mohamed Morsi par l'armée égyptienne ?

Non, pas du tout. La situation n'était d'ailleurs pas la même qu'en Algérie, où l'armée, au lieu d'attendre, alors qu'il y avait encore un président qui aurait pu agir en cas de dérapage, notamment par la dissolution de l'Assemblée, a interrompu le processus législatif en cours. Probablement une erreur colossale, dont on a d'ailleurs vu les conséquences. Mais en Égypte, après avoir manipulé la population mécontente, on a carrément renversé un président élu et installé ! Je crois néanmoins que les militaires égyptiens ont fait un calcul pervers qui a échoué. Ne pouvant plus défendre le régime de Moubarak, ils ont cru qu'ils pouvaient laisser les islamistes arriver au pouvoir. Puis qu'ils pourraient ensuite, d'autant qu'ils leur mettraient des bâtons dans les roues, s'en débarrasser une fois qu'ils auraient été rejetés par la population - qu'au besoin on encouragerait dans ce sens. Mais ils n'avaient pas prévu que Morsi irait jusqu'à les défier, notamment en démettant des généraux, puis le chef de l'armée, et en voulant modifier de façon autoritaire la Constitution. Double erreur : celle des généraux, qui ont vu leur plan contrecarré, et celle de Morsi, qui est allé trop vite. Et la situation pourrait bien dégénérer un peu plus, même s'il ne s'agira sans doute pas d'une répétition à l'identique du scénario algérien. Tout comme en Tunisie, si un accord entre toutes les parties n'est pas trouvé rapidement.

Rien à mettre à l'actif du Printemps arabe ? Aucune raison d'être un tant soit peu optimiste quant à l'avenir des pays arabes ?

On peut noter que le Printemps arabe a accéléré le processus de désintégration de cette abstraction, cette fausse barbe, qu'est la nation arabe, l'identité arabe. Si cela pouvait conduire les gens à retrouver leur identité, qu'elle soit berbère, kurde, etc., voilà qui serait bien. Mais au final, il faut bien reconnaître que tout ce qui s'est passé à ce jour dans les pays du Printemps arabe pousse au pessimisme. Même si des petites choses peuvent le relativiser. Notamment quelques signes d'émancipation des jeunes et des femmes. Ainsi que le repositionnement international de certains pays occidentaux qui ont trop longtemps cru que la realpolitik leur imposait d'accepter les islamistes et toutes leurs pratiques. Mais comment ne pas être très inquiet quand on voit que même les musulmans qui ne sont que musulmans, cette majorité de pratiquants modérés, font aussi le lit de l'islamisme. Il suffit de les entendre parler pour voir que, pour eux, l'islam est au-dessus de tout, qu'on peut tout critiquer, même les choses les plus sacrées, mais pas l'islam. Impossible de les convaincre d'assouplir leur position. Il n'y a donc pas d'autre solution que de s'appuyer sur un cadre légal pour dire ce qui est permis, ce qui est toléré et ce qui est interdit. Il faut élaborer des règles du vivre-ensemble, claires pour tout le monde, et les imposer.


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EN IMAGE21/12/2013 à 10h10

L’Afrique grandeur nature : la carte qui bouscule les idées reçues

Pierre Haski | Cofondateur Rue89

Cette carte est étonnante, et bien plus parlante que toutes les explications. Le continent africain ainsi représenté dans sa taille réelle, est aussi grand que les Etats-Unis, la Chine, l’Inde et une bonne partie de l’Europe additionnées.

La superficie de l’Afrique englobe la Chine, les Etats-Unis, une bonne partie de l’Europe...(Via Mark Doyle sur Twitter (@Doylebytes))
C’est Mark Doyle, le correspondant de la BBC pour les questions de développement, qui a « tweeté » cette carte vendredi, suscitant des réactions de surprise et d’incrédulité parmi ses lecteurs.

La projection de Peters, qui contrairement à celle de Mercator, tente de tenir compte de la taille réelle des continents(Penarc/Wikimedia Commons)
L’un d’eux est même allé vérifier les chiffres, et a dû se résoudre à la réalité de cette carte :
  • Afrique : 30 millions de km² ;
  • Chine et Etats-Unis : 10 millions chacun.
Une fois de plus, une bonne infographie parle plus que dix mille mots...

Libye : assassinat du chef des renseignements de Benghazi


Libye : assassinat du chef des renseignements de Benghazi

terrorisme(1485) - Benghazi(229) - insécurité(153) - Libye(30)



21/12/2013 à 11:07 Par AFP



Vue de la ville de Derna, dans l'est libyen, le 15 mars 2011. © AFP

Le chef des services de renseignements militaires de Benghazi, dans l'est libyen, a été tué vendredi lors d'une visite chez des proches à Derna, également dans l'est du pays en proie à une insécurité persistante.

"Des inconnus ont tiré des coups de feu sur le colonel Fethallah al-Gaziri, chef des renseignements militaires de Benghazi, et l'ont tué sur le coup", a déclaré à l'AFP un responsable de sécurité sous couvert de l'anonymat.

Selon cette source, "al-Gaziri, qui a été nommé récemment à ce poste, se trouvait à Derna pour assister à un mariage de sa nièce, dont la famille réside dans cette ville", théâtre d'une vague de violences ces derniers jours.

M. al-Gaziri a été tué en plein rue dans le centre-ville de Derna, a déclaré à l'AFP un porte-parole de sécurité de Benghazi, le lieutnant-colonel Ibrahim al-Charaa.

Depuis la révolution libyenne qui a renversé le régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la région orientale de la Libye, et en particulier Benghazi, est le théâtre d'une série d'attaques et d'assassinats.

Ces derniers mois, les assassinats visant des militaires, des policiers, des juges, des notables et responsables de médias à Benghazi et à Derna ont fait plus de 300 morts, mais les autorités n'ont pas réussi à arrêter leurs auteurs.

Jeudi, un homme a été tué jeudi dans l'explosion de sa voiture à Tobrouk, le premier assassinat du genre dans cette ville de l'extrême Est de la Libye, signe que les attaques s'étendent dans cette région. Et à Benghazi, la tête d'un homme été découverte. Il avait été enlevé et ses ravisseurs réclamaient une rançon.


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