jeudi 28 novembre 2013

Sommet France-Afrique à l’Elysée : Les 6 et 7 décembres 2013, François Hollande convoque "une foire aux chefs d’Etat africains" pour « organiser la paix en Afrique »


27/11/2013 - 12:55

PARIS (SIWEL) — François Hollande, qui jure par tous les Dieux que « la Françafrique, c’est terminé ! » a convoqué, les 6 et 7 décembres 2013 à l’Elysée, son premier «sommet France-Afrique» avec pour thème «la paix et la sécurité en Afrique». Avec des appuis militaires de type «Serval» pour bien visser ses régimes vassaux, pour ne pas dire esclaves, François Hollande compte garantir « la paix et la sécurité » en Afrique avec une belle brochette de dictateurs et criminels africains, dont certains sont poursuivis par la CPI pour crimes contre l’humanité. Avec ce sommet, François Hollande lance l'ouverture de la médiatisation officielle du redéploiement massif de la France en Afrique...«à la demande des africains» bien sur, d'abord et avant tout «pour la sécurité des africains».


Pour contredire sa politique plus que jamais colonialiste, François Hollande ne cesse d'annoncer la mort de la Françafrique, cette diplomatie parallèle animée par des réseaux d'influence corrompus et  mafieux reposant sur des dictateurs-chefs d’Etat soigneusement choisis par le Quai d’Orsay. De Gaulle l'avait mise en place à la veille des « indépendances africaines », Mitterrand et Chirac l'ont brillamment poursuivie, Sarkozy et enfin Hollande ont prétendu rompre avec elle, mais la Françafrique demeure « intangible », comme les frontières qu'elle a tracé. (PH/DR)
Pour contredire sa politique plus que jamais colonialiste, François Hollande ne cesse d'annoncer la mort de la Françafrique, cette diplomatie parallèle animée par des réseaux d'influence corrompus et mafieux reposant sur des dictateurs-chefs d’Etat soigneusement choisis par le Quai d’Orsay. De Gaulle l'avait mise en place à la veille des « indépendances africaines », Mitterrand et Chirac l'ont brillamment poursuivie, Sarkozy et enfin Hollande ont prétendu rompre avec elle, mais la Françafrique demeure « intangible », comme les frontières qu'elle a tracé. (PH/DR)
La paix et la sécurité sont d’excellent prétexte au redéploiement militaire français afin de quadriller l’Afrique. La couverture à cette action colonialiste est la « lutte contre le terrorisme », d’autant plus simples à démontrer que les passerelles avec le terrorisme islamiste, dernier instrument en date pour justifier l'interventionnisme sécuritaire, sont à portée de main…au plus près des régimes dictatoriaux et des chefs d’Etats qui règnent sur l'Afrique francophone. 

Ainsi, à travers ce sommet de la Françafrique version Hollande, la France prépare son redéploiement massif en Afrique et réunit pour ce faire ses mercenaires africains afin de définir les modalités et les rôles dévolus à chacun d’entre eux. Les prétextes sont déjà annoncés : la paix et la sécurité en Afrique ! Nous savons déjà que Paris est intervenue au Mali pour venir en aide à ses « amis africains », assurer l’ordre constitutionnel, garantir les frontières coloniales rebaptisées « intégrités territoriales » et surtout défendre ce qui fait sa notoriété mondiale : la liberté et les droits de l’homme…, le tout avec le concours officiel des poids lourds de la dictature africaine et le concours officieux des islamistes "fréquentables" dont les lieutenants de chef terroriste, tel que Iyad Ag Ghaly d’Ansar Dine ou du Mujao, rebaptisé pour la circonstance Mouvement Arabe de l’Azawad avec des personnalités tels que Mohamed Ould Mataly, narcotrafiquant notoire, récemment « nommé » député malien à Bourem dans le « Nord Mali »… 

Mais qui pourrait douter que Paris est bien parti combattre le terrorisme islamiste en Afrique quand elle le soutien activement en Syrie ? Qui peut douter du noble combat de la patrie des droits de l’homme pour la liberté, la démocratie et la laïcité en Afrique quand Paris fomente depuis 50 ans des coups d’Etats, des assassinats politiques et cautionne les génocides ethniques dont celui des Touaregs. Qui peut douter que Paris lutte contre le terrorisme quand elle félicite amicalement les régimes islamistes « modérés » du Caire, de Tripoli et de Tunis ou quand elle « remet en selle » des terroristes avérés, tel que Iyad Ag Ghaly, avec qui elle négocie la libération de ses otages monnayant rançons, impunité et reconnaissance politique? Mais si les peuples africains ne sont plus dupes, l’ONU et son armada de commissions en tout genre, eux en revanche, n’en doutent pas et apportent tout leur soutien à la générosité légendaire de la France, cette grande patrie de la liberté. 

Les peuples africains ne doutent pas un seul instant que c'est par pur esprit d'humanisme et dans le souci de promouvoir la liberté, la démocratie et  les droits de l'homme que François Hollande déploie des milliers de soldats en Afrique (PH/DR)
Les peuples africains ne doutent pas un seul instant que c'est par pur esprit d'humanisme et dans le souci de promouvoir la liberté, la démocratie et les droits de l'homme que François Hollande déploie des milliers de soldats en Afrique (PH/DR)
Après le Mali, c’est au tour de la Centrafrique où il y a « risque de génocide ». La France dans la grande générosité qui la caractérise va aller porter secours à une population à qui elle a fait subir durant 13 ans le très célèbre BOKASSA, Président-Maréchal-Empereur (et peut-être même anthropophage) 

Paris s’apprête donc à envoyer 800 soldats supplémentaires en Centrafrique, en plus des 400 déjà sur place, selon, bien entendu, les chiffres officiels, dans un contexte différent de celui du Mali mais à même finalité. En fait, Paris prépare, à peu près la même chose qu’au Mali et en douce au Niger, c'est-à-dire sans le concours des médias. La différence en Centrafrique, c'est que l’intervention française invoque le prétexte de la «prévention d’un risque de génocide». En réalité François hollande prévoit de reprendre fermement pied dans ce que la France considère comme étant sa réserve naturelle : l’Afrique. 

Pour se parer d’une légalité mensongère, accrédité par l’ONU et bien sur par l’Afrique des Chefs d'Etat, François Hollande réunit autour de lui ses hommes de main, tel que le président malien Ibrahim Boubakar Keita, récemment élu au Mali selon les critères de la Françafrique ; Blaise Compaoré, principal artisan des accords des fameux accords de Ouagadougou (qu’il n’a jamais été prévu de respecter )- Rappelons au passage que son excellence Blaise Compaoré, président du Burkina Faso depuis 1987, doit sa prise de pouvoir à un coup d’état sanglant et à l’assassinat de Thomas Sankara, unique président africain qui avait entrepris de lutter contre la Françafrique - ; Idriss Déby, dictateur maintenu au pouvoir depuis 1990 par la France, notamment grâce à son dispositif militaire «Epervier» mis en place par le même Laurent Fabius en 1986 ; Paul Biya, président du Cameroun depuis 1982 après un « coup d’Etat » à peine déguisé, puis à chaque fois réélu et même « brillamment » réélu en 2011 ; le célébrissime dictateur Denis Sassou Nguesso, président du Congo-Brazzaville depuis 1979, etc., etc.,… 

Selon le journal Jeune Afrique, « l’entourage de François Hollande se réjouit : "Tous les "poids lourds" seront là", Les membres du fameux "pré carré français" devraient tous être de la partie : le Congolais Denis Sassou Nguesso, le Gabonais Ali Bongo Ondimba et l'Équato-Guinéen Teodoro Obiang Nguema théoriquement en froid avec la justice internationale et même le président kenyan Uhuru Kenyatta, poursuivi par la CPI pour crimes contre l’humanité. Le président de l’Angola, José Eduardo dos Santos sera représenté par son ministre des Relations extérieures, tandis qu’Abdelaziz Bouteflika toujours en convalescent(NDLR : au Val de Grâce ?) sera représenté par son premier ministre Abdelmalek Sellal. »

C'est cela la Françafrique: des assassinats  politiques, des coups d'Etats sanglants, le pillage des ressources, la mise au pas et au besoin l’extermination des peuples qui résistent, la gestion des régimes dictatoriaux, des idéologies extrémismes et du terrorisme au mieux de ce que le quai d’Orsay estiment être « les intérêts de la métropole » (PH/DR)
C'est cela la Françafrique: des assassinats politiques, des coups d'Etats sanglants, le pillage des ressources, la mise au pas et au besoin l’extermination des peuples qui résistent, la gestion des régimes dictatoriaux, des idéologies extrémismes et du terrorisme au mieux de ce que le quai d’Orsay estiment être « les intérêts de la métropole » (PH/DR)
La plupart des mercenaires africains qui gèrent pour le compte de la Françafrique les anciennes colonies africaines, passées du colonialisme au néocolonialisme, ont tous été « convoqués » par François Hollande pour lui assurer un redéploiement militaire « légal à la demande des africains eux-mêmes » avec une accréditation de l’ONU qui n’a jamais été qu’un « machin » selon les termes du général De Gaulle qui avait justement mis en place cette fameuse « Françafrique ». Ainsi, Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unie sera représenté à ce sommet de la Françafrique pour apporter la caution internationale et la présidente de la Commission de l'Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, viendra apporter la caution africaine. L'Union européenne, le FMI et la Banque mondiale seront représentés. Tout le monde est invité à cautionner la « réorganisation du dépeçage de l’Afrique ». 

La France est un grand pays où les pouvoirs se succèdent démocratiquement, mais comme les frontières coloniales, la Françafrique demeure « intangible » grâce à une poignée d’africains, des criminels en puissance, cumulant crime économique et crime de sang, installés à la tête de dictatures par la France néocoloniale.

Une colonne des soldats français de l'Opération Serval parcourant le territoire Touareg de l'Azawad. La France est venue « mettre de l’ordre » dans son ancienne colonie, son ancien soudan français ( PH/DR)
Une colonne des soldats français de l'Opération Serval parcourant le territoire Touareg de l'Azawad. La France est venue « mettre de l’ordre » dans son ancienne colonie, son ancien soudan français ( PH/DR)
Pour paraphraser l’opposition camerounaise qui a trouvé la seule formule qui convienne à ce cirque, « Ce Sommet, digne de la Négritude, n’est rien qu’une foire aux Chefs d’Etats africains convoqués à Paris pour écouter la redéfinition de leur coopération envers leur maître »...Voilà qui résume parfaitement la nature de ce sommet Françafrique! 

zp, 
SIWEL 271255 NOV 13




Mali: fin de cavale pour le terroriste et narcotrafiquant Cheïbani Ould Hama

NIGER / MALI - 
Article publié le : jeudi 28 novembre 2013 à 11:18 - Dernière modification le : jeudi 28 novembre 2013 à 11:18


Le terroriste et narcotrafiquant Cheïbani Ould Hama a été arrêté au Mali, près de Gao, par des membres de la force Serval et des services nigériens, le 26 novembre 2013.
Le terroriste et narcotrafiquant Cheïbani Ould Hama a été arrêté au Mali, près de Gao, par des membres de la force Serval et des services nigériens, le 26 novembre 2013.
REUTERS/Emmanuel Braun

Par RFI
Le Malien Cheïbani Ould Hama a été arrêté par l'armée française dans le nord du Mali et remis aux autorités de Bamako. Le terroriste et narcotrafiquant avait été condamné à 20 ans de prison en mars 2013 par la justice nigérienne pour l’assassinat de quatre Saoudiens et d'un Américain. Mais en juin 2013, il s’était évadé d'une prison de Niamey en compagnie de plusieurs terroristes de Boko Haram.

C’est une véritable fin de cavale pour le terroriste et narcotrafiquant malien Cheïbani Ould Hama, six mois après son d’évasion spectaculaire de la prison civile de Niamey. Une évasion qui avait fait plusieurs morts, dont deux gardes nationaux. A l’époque, il purgeait une peine de prison de vingt ans pour avoir assassiné quatre Saoudiens et un officier américain en poste à Niamey.
→ A (RE)LIRE : Niger: qui est Cheïbane Ould Hama, le «terroriste» qui s'est évadé de la prison de Niamey ?
Son arrestation par les forces Serval et les services nigériens a eu lieu ce mardi, dans un campement nomade entre Gao et Kidal, dans le nord du Mali. Depuis son évasion, les renseignements nigériens étaient sur ses traces.
Aucune piste n’a été négligée par les services antiterroristes. Et c’est grâce à une cellule dormante terroriste, cachée à Niamey, que les spécialistes nigériens et français ont pu remonter la piste, après plusieurs recoupements. Les cinq membres de cette cellule dormante ont également été appréhendés.
A Niamey on se réjouit de cette nouvelle. Cheïbani Ould Hama est attendu incessamment au Niger. Ce sera pour lui un retour à la case départ soit la prison civile de Niamey, où il répondra de ses crimes.
TAGS: MALI - NIGER - TERRORISME
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dimanche 24 novembre 2013

HAWAD: « Dans la nasse », ouvrage à paraître /Tamazgha-Masin


L'Azawad de Hawad...Depuis un moment, un flou quasi-total règne sur la question touarègue et l’Azawad, une situation qui inquiète de plus en plus celles et ceux qui se battent pour la libération, et au premier chef ceux qui sont sur le terrain, sur le front. Les forces étatiques qui œuvrent unanimement à l’éradication de l’amazighité travaillent sans relâche pour faire échouer le projet de femmes et d’hommes décidés à se libérer du colonialisme et à accéder à leurs liberté et souveraineté. Et pour y arriver, ils s’appuient, bien évidemment, sur des relais locaux acquis à la corruption et autres opportunistes. Il faut dire que depuis les évènements récents, notamment l’opération Serval et l’installation des troupes françaises dans certaines régions de l’Azawad, la situation évolue dans une opacité exemplaire ; il n’est plus secret que ce sont les officiers français qui tirent les ficelles et qui gèrent la situation, ce qui explique, en partie, les choses, lorsqu’on, notamment, a compris que la France n’a qu’un seul projet en tête : « la nord-mali-sation de l’Azawad ».
Heureusement que sur le terrain, aussi bien les populations civiles qu’une majorité de combattants, n’ont pas renoncé à l’idéal de liberté qui a animé le soulèvement de janvier 2012 contre l’Etat malien, et ils l’ont fait savoir. Le rôle des populations civiles de l’Azawad, et celui des femmes en particulier, est à saluer : il a certainement joué un rôle important dans les « marche-arrières » que la direction du MNLA a été amenée à faire après diverses dérives. Et dans ce climat de flou, d’incompréhension et d’incertitude qui mine la question touarègue, il est important que des voix alternatives se fassent entendre. Hawad, cet infatigable maquisard de Timmujgha, en fait partie. Nous publions des extraits d’un de ses ouvrages, dont la parution est imminente, qui nous suggère une autre vision des choses ; une vision qui décortique implacablement certaines réalités difficiles à entendre, en les extirpant du brouillard de mensonges et de ruses qui dissimule sous de fumeux scénarios la situation même des Touaregs.Avec l’autorisation des auteurs, que nous remercions vivement, nous reproduisons ci-après la présentation de l’ouvrage, une présentation d’Hélène Claudot-Hawad, ainsi que quelques extraits de l’ouvrage.
Masin Ferkal,http://tamazgha.fr/L-Azawad-de-Hawad.html

HAWAD

Dans la nasse

Traduit du touareg (tamajaght) par l’auteur et Hélène Claudot-Hawad.
Ouvrage à paraître.

Présentation de l’ouvrage.

Dès la première ligne de ce nouvel ouvrage au titre évocateur, Hawad campe trois lettres énigmatiques : « Z, T, alpha » [1] car, dit-il, « les lettres sont pour nous des piliers plus solides que les montagnes. Alpha, la voyelle, incarne la capacité de passer d’un état à l’autre, de dynamiser les choses, tandis que les consonnes sont fixes ». C’est pour entamer le travail de transformation de la douleur touarègue et pour desserrer les mailles du filet que Hawad a recours à nouveau à l’alchimie des lettres et aux autres procédés de la « furigraphie » qui font s’entrechoquer les sons, les mots, les images, afin de recréer un mouvement, un « fourmillement », un élan, dans une situation immobile et sans issue.
Le texte, achevé en mars 2013, a été écrit dans la tension du soulèvement de l’« Azawad » qui commence au début de l’année 2012, jusqu’à l’intervention militaire française en janvier 2013, aboutissant finalement à remettre sur pied l’Etat et l’armée du Mali en pleine déliquescence et à les réinstaller en force au Sahara, confirmant « l’oubli » du peuple touareg.
Face à l’amnésie, comment exister ? Comment faire entendre ce qui a du sens pour les habitants de ces terres arides dotées de leurs propres noms et de leur propre histoire ? Comment faire émerger une autre voix derrière la cacophonie médiatique des scénarios terroristes, de l’activation des peurs, du déploiement des avions rafales, de l’installation des drones, des tueries de civils, des appellations contrôlées, et des mots impérieux qui classent sans partage l’axe du « mal » et l’axe du « bien » ?
Pour Hawad, la fabrication de l’Azawad a enterré l’essentiel d’une lutte centenaire, celle d’un peuple qui cherche à se libérer du joug colonial et néocolonial. S’il s’adresse à l’Azawad dans ce texte, c’est en tant que partie de lui-même – c’est-à-dire du Touareg qu’il est –, une partie qui a atteint une telle étape de souffrance, de misère, d’oppression, qu’elle accepte l’effacement derrière les étiquettes qu’on lui accole. A travers ce personnage évanescent, au bord du gouffre, privé de parole, d’espace, de droit à l’existence, Hawad tente de raccommoder une silhouette qui, même si elle n’a plus de bras ni de jambes ni de langue, peut se redresser en se projetant ailleurs, vers un horizon acceptable. Il cherche à replacer dans sa trajectoire originale le brûlé attiré par l’incendie qui le détruit et à métamorphoser sa souffrance en terreau de résistance, une résistance d’un autre type, qui nécessite de revenir à soi-même, à son imaginaire, à sa manière de penser le monde autrement, et non à travers les lunettes de ceux-là mêmes qui lui refusent le droit d’exister.
Le chemin est long. Hawad se sert de la poésie, « cartouches de vieux mots, /mille et mille fois faussés, bricolés, rechargés », comme outil de résistance. Il nomme les degrés de décomposition du corps touareg et les intérêts miniers internationaux qui poussent à sa destruction et à son démembrement : « Le crâne est à In Amenas / mais le cerveau ancêtre Des-Chameaux / transformé en combustible essence gaz mazout / coule dans les sillons ruisseaux/gorges de nos défaites/au-delà du désert et de la mer. / Et il sert d’engrais aux collines de lard/amoncellements de graisse/Etats aux armes et articulations obèses, / désastre ! » Il échancre les blessures de la défaite et les fait saigner pour provoquer à nouveau une réaction, pour ranimer le corps tétanisé, pour ramener le regard à la lucidité :
« Quand on est chair/embrochée au cercle de feu/ il faut savoir fixer les flammes ».L’objectif est de pouvoir évaluer la situation clairement et d’adopter la posture distanciée qui convient : « Dégoût, Azawad, crache de haut comme un chameau/mais vise bien, crache sur le bon œil !/Un guérillero doit savoir choisir sa cible/et économiser ses tirs ! ». Tout ce qui fait mal est explicitement énoncé, comme la solitude – « Tu es seul, Azawad,/sans munitions ni bras/ni compagnons ni alliés à l’horizon » –, ou le déni – « Qui sont les auteurs des manuscrits ?/Qui sont les fondateurs des murs de Tombouctou ? / N’est-ce pas les tribus Imessoufa, Imaqesharen, Igdalen, /Ilemtayen et les Igelad, / Touaregs qui aujourd’hui/[…] sont brûlés » –, ou la destruction – « Visages miroirs brisés,/portraits de femmes enfants vieillards,/ terre et hommes jetés dans l’incendie,/à genoux dans la boue/du feu en activité », ou la répétition du désastre colonial – « privation pénurie/peste liturgie des agonies sous le chaos/épilepsie tellurique tremblements de terre/litanies et chapelets d’expropriations /exclusions exterminations / défilé d’avalanches violences / destructions et leurs cortèges/ricochets des débris de soi / qui s’écrasent /sur d’autres sifflements du néant » –, ou les illusions – « Ne crois pas que sous la roue/du char, tu trouveras un nid de poule,/salut, oubli, où te blottir » –, ou les vaines compromissions – « Ne quémande pas le souffle/de ton existence,/bouscule le destin./L’exterminateur des tiens/n’a pas besoin de tes services », ou l’invasion technologique – « Aujourd’hui dans les cieux du Sahara et du Sahel,/il n’y a plus de corbeau ni de vautour,/seulement des drones et des rafales ».
Face à l’adversité et à l’inégalité des forces, face à l’indifférence du monde qui « D’un seul tir de dynamite […] raye du registre de l’existence/l’autre accent de l’humanité/pour laisser place à la précipitation/meute ruée vers les affaires carrières/mines d’uranium or pétrole gaz/autoroutes galeries abîmes/villes casernes fourmilières/champignons toxiques/expropriation négation annihilation/de notre existence », Hawad installe les piliers qui servent à bâtir le seul toit qui peut durablement abriter les Touaregs, c’est-à-dire eux-mêmes se reconnaissant en eux-mêmes : « Hors toi, il n’y a aucun autre Touareg de substitution/derrière lequel tu pourrais te reposer ».
Pour traverser l’incendie, il déploie les hallucinations poétiques, « expiration maladroite, aile, souffle, papillon de l’embrasement/des émotions, halètements épileptiques/qui enjambent tempêtes vagues flammes/chaos anomie destructions ». Il épelle les mots de passe qui permettent de retrouver le chemin : « La balise, c’est toi,/toi témoin solitaire » et d’affronter « La remontée des déserts et des mirages/… ton héritage à toi seul ». Il « dilue le carcan » en dépassant l’horizon « dans le regard rêve engouement/paysage à perpète/absolu lointain horizon bleu/pays d’outre-pays/emmiragé, rêve ».
Voir plus loin que les limites du regard immédiat est l’un des thèmes récurrents des écrits de Hawad, où seuls les aveugles et les fous apparaissent doués de clairvoyance. L’objectif est de penser au-delà du cadre étriqué de l’ordre établi, de renoncer aux seuls rôles auxquels ce dernier cantonne les Touaregs et de détricoter la grammaire dominante pour se voir par ses propres yeux : « Azawad, mordicus/cramponnetoi- cramponnetoi,/ mord les fibres de ton imaginaire./Et lâche les chimères folkloriques/des zoos humains ».
Car, comme l’auteur le rappelle inlassablement au fil de ses ouvrages : « Être vaincu est un art/qui se travaille dans la solitude/de la pénombre. »
Bruit et percussions de mots, débordements, déchaînement, fureur, dérision, caractérisent l’écriture de ces pages dont le souffle rapide, haletant, précipité, ironique, mordant finit par abolir le rythme régulé par la ponctuation devenue inutile et par ébranler le bien-fondé de la normalisation oppressive des mondes condamnés à disparaître, mais condamnés par qui ? La crue d’images redouble de vigueur, déferle et engloutit les catégories imposées pour esquisser d’autres passages, d’autres paysages, d’autres horizons à inventer, à l’issue d’une marche difficile. Hawad poursuit son objectif : mettre en vue l’invisible et l’inimaginable d’aujourd’hui en tentant d’atteindre le col qui offrira une vision large, enfin libérée des entraves.
Hélène Claudot-Hawad
Septembre 2013 

Le long du Sud : les gens du Nord venus

Le long du Sud : les gens du Nord venus

Le Quotidien d’Oran-Kamel Daoud
Les nordistes du Sud : c’est un peuple à part, une Algérie qui se repose d’elle-même. On les retrouve au Sud vivant leur vie en tournant le dos à la mer. Cadres venus pour un jour, restés pour toujours, anciens militaires fascinés, femmes mariées, femmes seules, enfants de la géographie mixte, hommes de culture ou de sens tournés vers les grandes dunes, le ciel et la culture des petits potagers. Maisons ocres et carrières sans stress, disent-ils. Généralement affables comme les gens du Sud, ayant retrouvé l’humanité et la générosité, plus ou moins guéris. C’est que le Sud repose du Nord et du poids du pays. On peu y retrouver la simplicité des rapports, le contact, le sens qu’au Nord ont détruit la colonisation, l’arabisation, le relogement et les exodes et la rente. Au Sud, les gens travaillent encore leurs terres, sourient, échangent et ne semblent pas êtres les fils de la névrose mais les pères d’autrefois. C’est peut-être une impression de touriste, de voyageur ou un cliché mais c’est aussi la vérité la plus proche de la vérité : le Sud peut fasciner jusqu’à vous retenir à vie parce que c’est le dernier souvenir que l’on a de notre pays avant sa lente destruction. On peut se tromper d’impression mais pas sur l’évidence : les gens du Nord installés au Sud cherchent la guérison et le calme et les trouvent généralement. «Le désert est difficile pour celui qui veut y habiter et qui n’a pas une vie intérieur», dira une nouvelle amie avec son compagnon au chroniqueur. Vrai : beaucoup achètent des maisons, y viennent puis revendent ou repartent parce qu’ils ne supportent pas le vent de sable et la perspective de se retrouver face à eux-mêmes. Mais beaucoup restent car ayant enfin trouvé le sens qui manque, le gout de planter et d’attendre, d’arroser et de cueillir, de sourire et de partager. L’image est idyllique mais elle n’est pas fausse aussi. Vivre au Sud c’est être confronté à soi-même et à la différence, mais cela est possible. Alors des gens viennent du Nord et élisent domicile et construisent. Cela donne de beaux liens et parfois de lourds malentendus et des cycles de spéculations sur le foncier. On peut y venir en demandeur s’asile ou en colon caché ou en simple voyageur qui retrouve demeure. Mais on n’oublie pas le Sud quand on y vient : on l’emporte avec soi, il vous suit, vous y revenez, vous vous en éloignez ou vous le redessinez ou il vous hante et vous avancez vers lui, pas à pas.Cette fascination est lente, intime, secrète. Elle met à nu les maladies du Nord et ses poids morts, l’étouffement qui y sévit et la quête de l’Algérien pour retrouver la saine proximité avec la nature, soi et les autres. On dit que l’on cherche souvent la paix au Sud. Parce que justement c’est la guerre au Nord, la terrible perte du sens. Le temps que l’on tue alors qu’au Sud il vous accompagne. Pastichons un écrivain : le non-sens du Nord laisse parfois dans l’âme de grands déserts que le Sud ne reflète pas curieusement, mais guérit lentement et sans mot dire.
http://www.lequotidien-oran.com/?news=5190803

vendredi 22 novembre 2013

Niger : Oxfam et Rotab dénoncent "l'opacité" des renégociations avec Areva

Niger : Oxfam et Rotab dénoncent "l'opacité" des renégociations avec Areva


Niger-mine-dArlit Pierre-Verdy-AFP
La mine d'Arlit, exploitée par Areva. En 2010, les deux filiales locales du groupe ont extrait un total de 114 346 tonnes d'uranium au Niger. © Pierre Verdy/AFP
Oxfam et l'association nigérienne Rotab ont publié une note d'information dénonçant l'opacité qui accompagne la renégociation du contrat entre le français Areva et l'État du Niger pour l'exploitation de son uranium.
L'État nigérien et la société française Areva se sont engagés depuis plusieurs mois dans la renégociation du contrat d'exploitation de l'uranium nigérien, contrat qui arrive à échéance le 31 décembre 2013. Dans une note d'information sur les conventions minières liant Areva, leader mondial de l'énergie nucléaire, et le Niger publiée le 22 novembre, l'ONG française Oxfam et l'association nigérienne Réseau des organisations pour la transparence et l'analyse budgétaire (Rotab), dénoncent l'opacité et les pressions qui entourent cette renégociation.
"Il est extrêmement difficile d'avoir accès aux chiffres de l'exploitation de l'uranium au Niger et de l'imposition des activités d'Areva sur place. Areva clame que 70 % de la valeur de l'uranium revient à l'État du Niger. Mais la société civile et le gouvernement nigériens jugent ce partenariat déséquilibré : l'uranium représentait 70,8 % des exportations du pays en 2010, et seulement 5,8 % du PIB", explique Anne-Sophie Simpere, auteure de l'étude.
Avantages fiscaux
Oxfam et Rotab dénoncent un régime fiscal plus qu'accommodant pour la multinationale qui exploite depuis 50 ans l'uranium nigérien, représentant près de 40 % de son approvisionnement mondial. Les deux filiales d'Areva au Niger, Somaïr et Cominak, bénéficient de nombreux avantages fiscaux : exemptions sur les droits de douane, exonérations de TVA ou encore une exonération des taxes sur les carburants qu'elles utilisent pourtant en grande quantité selon les deux ONG. Une "provision pour reconstitution de gisement" leur permet par ailleurs de mettre de côté 20 % de leurs bénéfices, qui échappent ainsi à l'impôt sur les sociétés, indique le communiqué d'Oxfam.
Selon l'étude, les deux filiales ont extrait un total de 114 346 tonnes d'uranium au Niger en 2010, représentant une valeur d'exportation de 2 300 milliards de F CFA (plus de 3,5 milliards d'euros). Sur cette somme, le Niger n'aurait touché que 300 milliards de F CFA (environ 459 millions d'euros), soit 13 % de cette valeur exportée.
Déséquilibre
"En France, une ampoule sur trois est éclairée grâce à l'uranium nigérien. Au Niger, près de 90 % de la population n'a pas accès à l'électricité", rappelle Ali Idrissa, coordinateur national du Rotab au Niger.
Le Niger, dont 60 % de la population vit avec moins d'un dollar par jour, a besoin de revenus supplémentaires pour faire face aux crises alimentaires récurrentes, pour assurer la survie d'un système d'accès gratuit aux soins menacé, investir dans l'éducation, l'agriculture, et faire face à une situation sécuritaire dégradée.
Mesures
Le gouvernement français a soutenu la nouvelle obligation de reporting pays par pays des entreprises minières dans les Directives européennes votées en juin dernier, à la suite de la loi Dodd-Franck qui instaure ce principe aux États-Unis. Le récent rapport du Sénat sur la présence française en Afrique "encourage la France à faire en sorte que les entreprises françaises du secteur, notamment celles dans lesquelles l'État français a une participation - telles que Areva ou Total - soient exemplaires en matière de transparence et de responsabilité environnementale et sociale" et recommande d'aller plus loin en faisant "la démonstration que les entreprises françaises sont des partenaires fiables et respectueux des intérêts de long terme des pays africains".
Pourtant, "tout indique que le contrat d'Areva se renégocie en toute opacité", conclut le communiqué. Les conclusions de l'audit externe de Somaïr et Cominak rendu en octobre dernier, et qui doit servir de base à la renégociation, n'ont pas été communiquées.

L’intervention en RCA : la France a trop attendu

vendredi 22 novembre 2013

L’intervention en RCA : la France a trop attendu

Communiqué de Bernard Lugan - 22/11/13

Depuis  le mois de décembre 2012, la RCA, l’ancien Oubangui-Chari colonial, est un foyer de déstabilisation qui menace toute l’Afrique centrale et la région sahélo-tchadienne au moment où la contagion sahélienne a touché la zone tchado-nigériane et  la Libye saharienne.
Alors que la France va intervenir en RCA, ce qu’elle aurait du faire depuis le mois de décembre 2012, je ne vais pas redire ici ce que je n’ai déjà expliqué à travers mes analyses et communiqués des 26 décembre 2012, 1er janvier, 24 mars, et 7 septembre 2013 ainsi que dans le numéro de février 2013  de l’Afrique réelle et dans celui du mois de novembre 2013 à travers l’article intitulé  « RCA : les coupeurs de route au pouvoir ».

Néanmoinspour résumer la situation, il importe de ne pas perdre de vue que :

1) Ceux qui font régner la terreur à Bangui sont les héritiers des bandes islamistes mahdistes et de celles de Snoussou qui razziaient les peuples de la forêt et du fleuve avant la colonisation.
2) Comme quasiment partout en Afrique, le problème est d’abord ethnique et il est à l’origine de l’instabilité récurrente que connaît cet artificiel pays, quadrilatère de 623 000 km2, non-Etat présentant de grandes différences géographiques, donc humaines, entre des régions sahéliennes, des espaces soudanais, des savanes centrales, une forêt  méridionale et des régions bordières du fleuve.
3) L’histoire de RCA depuis l’indépendance est rythmée par l’alternance de  cycles ethno-politiques conflictuels qui donnèrent tour à tour le pouvoir à des populations originaires des grandes régions du pays comme je l’ai longuement expliqué dans le numéro de l’Afrique réelle du mois de février 2013.

Le 15 mars 2003 le général François Bozizé, un Gbaya, ethnie originaire de l’ouest du pays, accéda aux affaires au moment où tout le nord de la RCA était touché par la contagion du conflit soudano-tchadien. A plusieurs reprises, les rebelles tchadiens opposés au président Idriss Déby Itno et soutenus par le Soudan tentèrent ainsi de contourner les défenses tchadiennes par le nord de la RCA et ce fut à partir de ce moment que la région de Birao et des « trois frontières » (Soudan-Tchad-RCA) échappa définitivement  aux autorités de Bangui pour devenir une « zone grise ».
A la fin du mois de décembre 2012, venus de cette région, quelques centaines de combattants appartenant à de petites tribus nordistes et islamisées, dont les Gula et les Runga, appuyés par des Soudanais et des Tchadiens, avancèrent vers Bangui, la capitale, groupés dans un hétéroclite mouvement créé pour la circonstance et qui prit le nom de Séléka (coalition en langue sango).
Ce qui, au départ, n’était qu’une razzia lancée par deux ou trois centaines de coupeurs de route se transforma alors en une entreprise de conquête du pouvoir. Au noyau initial vinrent ensuite s’agréger plusieurs mouvements ethno-politiques microscopiques dirigés par de vieux chevaux de retour de toutes les aventures centrafricaines.
Le pillage de Bangui débuta alors, suivi par le massacre des Gbaya et des chrétiens. L’anarchie gagna ensuite l’ensemble du pays, les bandes du Séléka se livrant à un pillage en règle des populations cependant que Michel Am Nondroko Djotodia président autoproclamé le 24 mars 2013 était totalement dépassé par les évènements.

En RCA où, une fois encore, la longue histoire explique les évènements contemporains, l’intervention militaire trop tardive ne réglera pas le problème de fond. En effet, le Séléka va se débander devant les troupes françaises mais :

1) La question de la pacification de la région des trois frontières ne sera pas réglée car le Soudan constituera la base arrière de tout futur mouvement.
2) La seule solution qui sera proposée par la France sera une nouvelle fois un processus électoral, donc une ethno-mathématique, qui redonnera le pouvoir aux plus nombreux, donc aux peuples de la savane. Les « gens du fleuve » au sud et les nordistes seront automatiquement perdants car minoritaires, ce qui sera la cause de futurs conflits...