jeudi 14 novembre 2013

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Guerre au Mali : le dessous des cartes

Guerre au Mali : le dessous des cartes

Le peuple malien fuit les affrontements. Photo: Ferdinand Reus (CC BY-NC-ND 2.0)
Le Mali. Photo: Ferdinand Reus (CC BY-NC-ND 2.0)
Il n’y a pas si longtemps, le Pays Dogon, région du Mali, était un paradis pour les marcheurs. On n’y croisait aucune voiture, on avait envie d’y passer toute sa vie. Mais, il y a deux ou trois ans, on a senti que quelque chose était en train de changer. Par exemple, on croisait de plus en plus de femmes voilées de la tête aux pieds, on sentait que ce paradis était condamné à disparaître  assez rapidement… Aujourd’hui, la situation est dramatique.
La région où se joue le conflit actuel se nomme l’Azawad. Elle regroupe les zones de Gao, Tombouctou et Kidal, dans le nord du Mali. Elle se situe intégralement dans le Sahara et échappe au contrôle de l’État malien, car désertique et peu densément peuplée.
Le théâtre et les acteurs
Les forces en présence sont multiples. Il y a, d’une part, le gouvernement malien, instable car très récemment formé, en août 2012. Son but est de préserver l’unité du Mali. Et d’autre part, nous trouvons: le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), touareg et laïc qui a pour but de faire de l’Azawad, un nouvel État indépendant; l’organisation terroriste AQMI, bras africain d’Al Quaida qui se bat pour faire appliquer la Charia dans le nord du Mali; Ansar Edine – «défenseurs de l’islam» en langue arabe – qui est un groupe islamiste touareg cherchant également à appliquer la Charia dans la région. Nous trouvons également d’autres groupes armés qui interviennent dans le nord Mali, parmi lesquels les islamistes du Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO ) et les autonomistes du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA).
Les racines du conflit
Les velléités indépendantistes des Touaregs X1 ne sont pas récentes. La première rébellion touareg advient en 1963, seulement 3 ans après l’indépendance du Mali, puis est dissoute dans le sang par l’armée. En 1990, de nouveaux soulèvements donnent lieu aux accords de Tamanrasset. En mars 2012, le président Amadou Toumani Toure (appelé familièrement ATT) est renversé par un coup d’État militaire à peine deux mois avant la prochaine élection présidentielle à laquelle il ne se représentait pas. Allié à plusieurs groupes islamistes, le MNLA profite alors de la situation politique confuse pour  prendre le contrôle des trois grandes villes du nord. Début avril, il déclare l’indépendance  de l’Azawad, qui est immédiatement rejetée par l’Union africaine comme par l’Union européenne. Fin mai, le MNLA et l’Ansar Edine, qui s’étaient alliés, se séparent, ne parvenant pas à trouver un accord au sujet de  l’administration de la région. Le MNLA se fait peu à peu écarter du territoire par les différents groupes islamistes.
Une zone clé
Mais pourquoi donc tout le monde s’intéresse au nord du Mali ? Les réserves pétrolières et gazières sont assez importantes. Elle sont pour l’instant inexploitées et convoitées. C’est également une région stratégique, frontalière de la Mauritanie et de l’Algérie, proche de la Libye et de la Tunisie. C’est donc une zone clé pour le contrôle de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel. Par exemple, les armes venues de Libye et passées par le Nord Mali pourraient demain déstabiliser l’Algérie et même, pourquoi pas, le Sénégal. En effet, après l’intervention  occidentale les Touaregs, qui se battaient aux côtés de feu Khadafi, ont quitté la Libye et sont revenus dans la région avec des stocks d’armes importants. A ce moment-là, ils proposèrent le deal suivant au président ATT : « On t’assure la paix si tu nous donnes de l’argent. ». Le  président  a refusé leur proposition et le conflit a débuté.
L’intervention militaire: une solution inadéquate
La poussée islamiste dans la région s’explique par le fait que, pendant dix ans, tout le monde a parlé du miracle de la démocratie malienne, mais ce n’était en réalité qu’une façade. Les hommes politiques achetaient leurs élections. Les pauvres, déçus, faisaient remarquer que la démocratie ne se mange pas, car ils ne voyaient pas d’amélioration dans leurs conditions de vie. Les populations du nord étaient particulièrement déshéritées et elles se sont détournées de la démocratie pour épouser l’islam radical. D’un idéal à un autre, en somme.
L’intervention armée en cours n’est pas la meilleure solution. Paul Collier X2 affirme ainsi que  « les données sur les causes de conflit indiquent que les facteurs économiques en sont les principaux moteurs. La combinaison d’importantes exportations de matières premières, d’un bas niveau d’enseignement, d’un pourcentage élevé d’hommes jeunes et d’un déclin économique augmentent énormément les risques. L’inefficacité militaire et politique est révélatrice d’une évolution plus vaste quant aux capacités et à l’organisation des insurrections cherchant à renverser les dirigeants d’États faillis (failed states). Ces insurrections exploitent des ressources – « diamants de guerre », négoces avec des réseaux clandestins, pillages, nouveaux circuits de trafic d’armes – qui contribuent à leur survie. C’est un fait maintenant bien connu, qui a été médiatisé par des campagnes comme celle menée contre les « diamants du sang ».
Ces exemples malheureux ne sont pas très encourageants pour l’avenir, et ceux qui placent leurs espoirs dans les mains des « sauveteurs » français ont bien des chances de perdre rapidement leurs illusions.
X1 : Les Touaregs  sont des tribus nomades  qui vivent entre cinq (5) pays : l’Algérie, la Libye, le Niger, le Mali et le Burkina Faso.
X2 :  P. Collier, « Doing well out of war : an economic perspective », in M. Berdal et D. Malone, Greed and Grievance. Economic Agendas in Civil Wars, Boulder, Co., Lynne Rienner, 2000, p. 110.
Yembering
Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils

Kidal : La France parjure prépare le terrain au massacre touareg

Kidal : La France parjure prépare le terrain au massacre touareg

14/11/2013 - 01:35

KIDAL (SIWEL) — C’est aujourd'hui que la France, sous couvert de la Minusma, veut remettre le Gouvernorat et la Radio de Kidal à l’arme malienne ; une armée experte en exaction sur les vieillards, en viol sur les femmes et en assassinat ethnique. La France parjure, la France qui ment et se joue des victimes d’une Histoire qu’elle leur a imposé par la force au lendemain des prétendues indépendances africaines. La France qui s’accommode des islamistes terroristes qu’elle réhabilite au détriment des indépendantistes touaregs s’apprête à livrer sa dernière bataille pour remettre la vie des azawadiens entre les mains de criminels. La France a trompé le peuple de l’Azawad et le MNLA.


Avant de les livrer au massacre, l’armée française fouille dans les maigres affaires des populations de l'Azawad réduites à vivre traquées par ces supers héros de la liberté (PH/DR)
Avant de les livrer au massacre, l’armée française fouille dans les maigres affaires des populations de l'Azawad réduites à vivre traquées par ces supers héros de la liberté (PH/DR)
Mais si le MNLA a été contraint par la France de remettre Kidal entre les mains des maliens, les femmes, les jeunes, les militants et les combattants de la libération de l’Azawad ne l’entendent pas de cette oreille car pour eux, et pour l’avoir vécu mille et une fois, s’il est bien une chose dont ils sont certains, c’est que « le prix de la liberté sera plus coûteux que celui de l’occupation malienne ». Parole de touaregs sous occupation malienne depuis 50 ans. 

La trahison de la France ne date certes pas d’aujourd’hui mais elle se fait désormais au grand jour et ne s’encombre plus de ses soi-disant principes de droits de l’homme. Aujourd’hui la France, mille fois parjure, déclare la guerre aux droits de l’homme et au droit du peuple touareg à vivre dans la paix et la sécurité. Quelle honte pour la France, elle ne sera jamais tombée si bas que sous le règne de ce gouvernement socialiste, digne successeur de celui qui avait voté les pouvoirs spéciaux, c'est-à-dire la légalisation de la torture, durant la guerre d’Algérie. 

femme touaregue contre soldta français de serval ou le courage et la dignité face à l'injustice et à l'arbitraire (PH/DR)
femme touaregue contre soldta français de serval ou le courage et la dignité face à l'injustice et à l'arbitraire (PH/DR)
Froidement, la France de François Hollande a abusé du MNLA et l’a mené, étape par étape, de concession en concession au point de non retour en usant de promesses qu’elle savait par avance qu’elle ne tiendrait jamais. Elle a froidement organisé la submersion du MNLA avec la mise en place de prétendus « groupes rebelles » qu’elle a inventés de toute pièce, comme le MAA, habile recyclage du Mujao et elle a réhabilité Ansar Dine en ce fameux HCUA qu’elle a sournoisement mis dans les pattes du MNLA pour lui dénier sa légitime représentativité et le compromettre dans une cohabitation qu’elle lui a par ailleurs imposée. 

Aujourd’hui, après avoir abusé du MNLA et du peuple touareg, la France compte passer à l’action pour régler définitivement la question de l’Azawad à la façon malienne. Les forces de Serval et celle de la MINUSMA contrôlées par Paris ont déjà réprimé une manifestation de femmes à Kidal. Demain, la France va-t-elle faire usage de ses armes contre le peuple de l’Azawad ? « Chiche ! Qu’elle le fasse donc disent les femmes de Kidal ». « Nous préférons mille fois mourir sous les balles que d’êtres achevées à la machette comme des bêtes sauvages, après avoir été violées, torturées, massacrées ». Les femmes et les jeunes de Kidal manifestent depuis 3 jours à Kidal. Tous refusent la reddition, même si le MNLA a cédé au chantage des forces armées françaises. Même les combattants du MNLA, dans leur grande majorité refusent la décision politique du MNLA. 

Serval assiégé par les femmes de Kidal " Non au Mali dans l'Azawad" (PH/DR)
Serval assiégé par les femmes de Kidal " Non au Mali dans l'Azawad" (PH/DR)
Depuis 3 jours, les femmes et les jeunes de Kidal manifestent sans relâche pour exprimer leur refus de voir revenir le Mali. Partout le drapeau de l’Azwad est déployé. De quel droit la France disposerait ainsi de la vie des touaregs ? Aujourd’hui, à la veille du jour fatidique, le siège du Gouvernorat et de la Radio ont été assiégés par les manifestants. Les mêmes soldats français se retrouvent face aux mêmes femmes qui avaient envahi le tarmac de l’aéroport de Kidal pour empêcher l’avion de 3 ministres maliens. La honteuse répression que leur avait fait subir Serval ne les a pas empêchés de revenir leur crier en face leur refus de se laisser déposséder d’un territoire pour lequel ils luttent au prix de tant de vie depuis 50 ans. 

maa, 
SIWEL 140135 NOV 13 

Non au Mali (PH/DR)
Non au Mali (PH/DR)

Bureau du MNLA à Kidal (PH/DR)
Bureau du MNLA à Kidal (PH/DR)

Kidal : La France parjure prépare le terrain au massacre touareg

Pour mieux comprendre la guerre faite aux touaregs (PH/DR)
Pour mieux comprendre la guerre faite aux touaregs (PH/DR)

C'est maintenant qu'ils ont le plus besoin d'être soutenus(PH/DR)
C'est maintenant qu'ils ont le plus besoin d'être soutenus(PH/DR)

Kidal : La France parjure prépare le terrain au massacre touareg

les enfants manifestents contre le retour du Mali (PH/DR)
les enfants manifestents contre le retour du Mali (PH/DR)

Veillard battu à Gao(PH/DR)
Veillard battu à Gao(PH/DR)

La Minusma (PH/DR)
La Minusma (PH/DR)

Minusma (PH/DR)
Minusma (PH/DR)

Le camps de Serval assiégé par les femmes(PH/DR)
Le camps de Serval assiégé par les femmes(PH/DR)

manifestation à Kidal ce mercredi matin contre le retour du Mali dans les bagages des français(PH/DR)
manifestation à Kidal ce mercredi matin contre le retour du Mali dans les bagages des français(PH/DR)

Ni Mali Ni Aqmi, Azawada SOUVERAIN
Ni Mali Ni Aqmi, Azawada SOUVERAIN

Radio Azawad(PH/DR)
Radio Azawad(PH/DR)

Femmes touarègue(PH/DR)
Femmes touarègue(PH/DR)

Plus jamais ça !(PH/DR)
Plus jamais ça !(PH/DR)



Kidal : La France parjure prépare le terrain au massacre touareg

ALORS QUE LE GOUVERNEMENT MALIEN UTILISE UNE ALIDADE A PINNULE POUR MESURER L'AMPLEUR DE LA GRAVITE DU PROBLEME DE L 'AZAOUAD , LES MOUVEMENTS NORDISTES ONT DECIDE DE VOIR LES CHOSES A LA LOUPE ..................


ALORS QUE LE GOUVERNEMENT MALIEN UTILISE UNE ALIDADE A PINNULE POUR MESURER L'AMPLEUR DE LA GRAVITE DU PROBLEME DE L 'AZAOUAD , LES MOUVEMENTS NORDISTES ONT DECIDE DE VOIR LES CHOSES A LA LOUPE ....................
Parlons honnêtement , et disons que Le MALI joue à cache-cache avec les revendications des populations du Nord . En effet , depuis son intronisation I.B.K. patauge dans une mare de faux problèmes , s'adonnant à une lutte acharnée contre le cours d'un ruisseau , et laissant la tornade dévaster le pays . Les retrouvailles du 8 novembre à OUAGA , parrainées à nouveau par "CON- PAS - AU REZ ," ne sont - elles pas de nature à éveiller un brin de curiosité et susciter un engouement à résoudre un problème avant d'être incurable ? Cette patience à vouloir laisser le temps faire , n'est - elle pas en elle-même une négligence ou une incapacité à gérer les choses ardues qui ne cessent de méduser le peuple malien et l'enclaver ? Les Francs - Sait , et leur bestiole pissant " SERVAL " , seront - ils toujours là pour tenter de réparer les choses à la mitraillette ? ou la MINUSMA composées de soulards sera t-elle un rempart contre toute prochaine rébellion inédite et concertée cette fois ????? A mon humble avis , il ne faut pas dépecer l'ours avant de le tuer . La grimace d'un lion endormi , n'est pas un sourire à prendre en déraison . Soyons plus pragmatiques et donnons aux choses leur vraie ampleur :
La centralisation des mouvements a un seul et unique sens : le marasme politique et le laissez-aller du gouvernement continue de faire des mécontents . Si certains pensent que Le MNLA est révolu , je leur dirai que , chassé par la porte , il est revenu par la fenêtre . Il existe bel et bien , colportant une autre étiquette , mais bien en vie et prêt à assumer plus que jamais ses revendications territoriales . Si ce même MNLA est accusé d'être à l'origine des maux que Le MALI a connus durant ces deux années , si ce même MNLA a permis de façon volontaire ou non , aux extrémistes de faire la pluie et le beau-temps dans les régions du nord , si ce même MNLA a été reconnu par certains comme un mouvement de maison , uniquement géré et conçu par les Touaregs , il n'en demeure pas moins que le fait que d'autres mouvements de droite , ont admis d'en faire un allié. Cette fois-ci , Le MALI se doit de justifier à tous les maliens du sud et du nord , comment un tel mariage a t-il été rendu possible , alors que le monde occidental croyait en la possibilité de circonscrire l'avancée et la montée en puissance des " Touaregs " de la sécession .
Le gouvernement du MALI , doit savoir que le calme actuel n'est qu'un prélude au tourbillon dévastateur , car certains pays limitrophes n'ont guère apprécié les voies et moyens par lesquels le pays a retrouvé un semblant de calme.
D'autre part , il ne faut jamais oublier que les français présents n'ont pas qu'une mission de garder la sécurité , mais peuvent être des marionnettes pour attiser les tensions en des moments dictés par Le Quai D' Orsay .
Aussi , l'homme avisé doit savoir que le gouvernement doit prendre le taureau par les cornes et se doter du courage nécéssaire pour trouver une solution urgente et efficace , notamment : engager un referendum dans les régions de litige , ou engager un autre au sud pour s'enquérir du vœu des sudistes quant à l'autonomie ou toute autre forme de gestion . Le temps presse et si le froid s'annonce pour les mois à venir , il peut déclencher des surprises fort malencontreuses , car c'est certain que l'anniversaire du 6 avril marquera des effets escomptés qu'il fera mieux de prévenir .

Ceci n'est qu'une vision qui peut n'être qu'illusion , mais c'est quand le berger est le plus rassuré , qu'il reçoit la visite du loup. " j'en suis témoin pour l'avoir vécu " . A BON ENTENDEUR ......DEBOUT ET VITE

ENTRETIEN " Le MNLA a les moyens de retrouver les assassins des deux journalistes français " Moussa ag-Acharatoumane, un chef rebelle touareg, dénonce les méthodes d'enquête de Paris

  • 14 novembre 2013

    ENTRETIEN
    " Le MNLA a les moyens de retrouver les assassins des deux journalistes français "

    Moussa ag-Acharatoumane, un chef rebelle touareg, dénonce les méthodes d'enquête de Paris

    Le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), est le principal acteur politico-militaire de la rébellion touareg, au nord du Mali. Après avoir oeuvré avec les groupes djihadistes en 2012 pour chasser l'armée malienne du nord du pays, le MNLA les a combattus avec la France. Moussa ag-Acharatoumane, membre du bureau politique, donne sa version de l'assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon.

    Comment avez-vous réagi après l'enlèvement des deux envoyés spéciaux de RFI à Kidal ?
    Juste après l'enlèvement, Ambeiry ag-Ghisa, une figure du MNLA, qui venait de les recevoir, a téléphoné à notre chef militaire, Hassan Fagaga, qui a prévenu la force française " Serval " que nous pouvions de suite poursuivre les ravisseurs.
    Les Français nous ont dit : " Ne bougez pas ". On aurait eu des chances de les rattraper. On connaît le terrain. Trois pick-up contre un seul, à grande vitesse, les preneurs d'otages auraient peut-être eu le temps de les blesser mais pas de les exécuter. Nous pouvions empêcher cette tragédie.
    Les Français ont eu peur des conséquences d'une poursuite. Ce n'est, en tout cas, pas en faisant partir de Kidal, plus d'une heure après, une colonne de blindés qui roulent à 30 kilomètres à l'heure qu'ils pouvaient rejoindre un pick-up qui vole comme le vent. Si on nous laisse faire aujourd'hui, nous avons les moyens de retrouver les assassins. Pas pour faire plaisir à la France, mais parce que nous condamnons ces pratiques.

    Des sources maliennes indiquent que le chef des preneurs d'otages, Baye ag-Bakabo, était lié au MNLA. Est-ce exact ?
    C'est faux. Le seul groupe auquel il ait appartenu, c'est AQMI - Al-Qaida au Maghreb islamique - . Comme de nombreux combattants de base, il a été interrogé à plusieurs reprises par les services secrets français, la DGSE, après avoir été délogé de l'adrar de Tigharghâr. Originaire de Kidal, il est resté dans la ville et ses environs après avoir été déclaré " non dangereux ". Selon nos informations, il a préparé l'enlèvement seul, avec ses hommes. L'idée ne leur est venue qu'après avoir aperçu les deux Français sans escorte dans Kidal, ce qui est rare. Ils ont eu assez de temps pour se préparer, mais pas assez pour tout planifier. Leur objectif était de livrer les otages à AQMI. Mais ils roulaient trop vite sur une mauvaise piste et ont cassé le pont avant. Ils pensaient que l'armée était derrière eux.

    De nombreuses personnes ont été arrêtées et interrogées par les enquêteurs et l'armée française. Ont-elles livré des informations utiles ?
    Ces arrestations, ces fouilles, ces rafles (opérées par les Français) n'ont servi à rien si ce n'est à faire naître un vif ressentiment dans les populations. On ne pénètre pas, comme cela a été fait, dans les tentes, les maisons, en bousculant les vieillards ou les femmes devant les yeux des enfants. Ces méthodes vexatoires et expéditives sont contre-productives. Les hélicoptères atterrissent au milieu des campements. L'image des Français a été ternie et conduit le peuple touareg à se retourner contre les Français.

    Vous voulez dire que les populations soutiennent les preneurs d'otages ?
    Non. Les quatre ravisseurs ont, au contraire, évité tout contact avec les populations et se sont cachés, pendant au moins vingt-quatre heures après l'enlèvement, dans la végétation avant de s'éloigner de la zone. Quand les blindés français sont arrivés là où les corps ont été retrouvés, ils ont vu deux personnes s'enfuir sans réagir.

    Vos accusations sont graves. Pourtant, on présente souvent le MNLA comme une force supplétive de la France...
    Nous ne sommes pas des supplétifs. C'est la France qui est chez nous, pas l'inverse. Nous avons commencé à nous battre contre l'islamisme et le Mali avant que la France ne vienne et nous continuerons après son départ. C'est une alliance de circonstance. Les militaires français savent ce qu'ils nous doivent. Nous avons accueilli et installé les forces spéciales à Kidal, Tessalit et bien d'autres endroits. Nous avions des gens à nous dans les avions et les hélicoptères. Les frappes aériennes, de Gao jusqu'à Tigharghâr - contre AQMI - ont été permises grâce aux coordonnées GPS que nous avons données. La DGSE a parachuté du matériel pour certains commandants du MNLA. Nous avons 1 000 combattants sur Kidal et des bases réparties sur tout le nord du Mali.

    Si vous êtes incontournables, comment peut-on enlever deux Français en plein Kidal ?
    Les accords de Ouagadougou du 18 juin avec le pouvoir malien ont fixé le cadre d'un dialogue avec Bamako. Depuis le 2 juillet, nous avons cédé la totalité du contrôle de Kidal à la Minusma, force de l'ONU, et aux autorités maliennes.

    Vous sentez-vous trahi par la France ?
    Pas trahi, mais la France fuit ses responsabilités et veut cacher la réalité de ses liens avec le MNLA. Le premier témoin de cette collaboration n'est autre que l'actuel ambassadeur de France à Bamako, Gilles Huberson, que nous connaissons bien. C'était l'émissaire secret du Quai d'Orsay auprès de nous.
    propos recueillis par Jacques Follorou
    © Le Monde