vendredi 14 juin 2013

Al Qaîda contrôle 60 000 armes libyennes


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le 14.06.13 | 10h00 Réagissez

| © D. R.

Plusieurs groupuscules armés alliés à Al Qaîda au Maghreb islamique contrôlent désormais le plus important marché de trafic d’armes en provenance de Libye vers l’Algérie, la Tunisie et les pays du Sahel.

Selon les rapports de sécurité qui ont permis de rédiger le dernier document des Nations-Unies publié le 9 avril, qu’El Watan Week-end a pu se procurer, quelque 100 000 armes, soit presque le stock de l’armée libyenne au temps d’El Gueddafi, étaient visées par les rebelles pendant la révolution libyenne. Des pièces moyennes et lourdes, y compris des roquettes, missiles sol-air, fusée à épaule portable antiaérien et une énorme quantité de radios et de radars ont été récupérés par les rebelles. Les forces sécuritaires actuelles n’ont pu récupérer que 40% des armes.
Le reste circule entre l’Algérie, la Tunisie et les pays de Sahel, détenu par les contrebandiers, toujours selon les mêmes rapports. La révolution libyenne est considérée comme une occasion en or pour les mouvements armés liés à Al Qaîda dans la région, particulièrement en Algérie, au Mali et au Nigeria. Mokhtar Belmokhtar, l’émir de la katiba «El Moulathamine» s’est investi dans l’organisation de la contrebande de grandes armes pillées dans le stock de l’armée libyenne. Il aurait même installé ses plus proches collaborateurs en 2011 dans le sud de la Libye et actuellement contrôle le parcours le plus important de trafic d’armes en provenance du sud-ouest de la Libye vers le Mali, le Niger et le Nigeria.
D’autres groupes salafistes appartenant à des groupes proches de la mouvance d’Ançar al charia ayant combattu le régime El Gueddafi dans l’ouest de la Libye contrôlent également la ligne de la contrebande d’armes vers la Tunisie via la frontière terrestre entre la Libye et la Tunisie pour arriver à la fin de parcours en Algérie. Le dernier rapport des Nations-unies a critiqué les autorités libyennes implicitement de ne pas pouvoir, après presque deux ans de contrôle sur la Libye, de gérer les stocks de l’ancienne armée. Le même rapport affirme que les armes libyennes alimentent plusieurs conflits au Moyen-Orient et en Afrique. Douze pays ont été alimentés, selon les rapports, dont la Palestine et la Syrie.


 

Ce que dit le rapport de l’ONU

«La prolifération d’armes en provenance de Libye se poursuit  à un taux alarmant», c’est ce que révèle le dernier rapport de l’ONU. Ce flux grandissant alimente les grands conflits de la région au Mali et en Syrie notamment. Ainsi, 12 pays n’auraient pas respecté l’embargo décrété par l’ONU sur les armes dont la Libye fait l’objet depuis 2011. Les experts de des Nations unies affirment par ailleurs que si des villes comme Misrata ou Benghazi sont en passe de devenir des réserves d’armement, c’est parce que les dirigeants locaux ont «au moins été au courant, si ce n’est directement impliqué» dans le transfert des armes.                    (A.M. Medjani)

Deborah Jones, nouvelle ambassadrice US en Libye

Neuf mois après la mort du chef de la mission américaine en Libye dans un attentat à Benghazi, une nouvelle ambassadrice a été investie par le secrétaire d’Etat américain John Kerry, a annoncé mercredi le département d’Etat. Deborah Jones, nommée puis confirmée par le Sénat américain, a prêté serment mardi lors d’une cérémonie au département d’Etat. Pour cette arabophone, la carrière diplomatique «n’est pas simplement un métier». Cette diplomate était jusqu’ici membre du groupe de réflexion à Washington Middle East Institute, après avoir été ambassadrice au Koweït de 2008 à 2011. En 31 ans de carrière au département d’Etat, Mme Jones a surtout été   envoyée au Moyen-Orient, notamment en Syrie, aux Emirats Arabes Unis et en Turquie. Elle fut également directrice du bureau américain des affaires de la péninsule Arabique de 2002 à 2004.                    (AFP)
Aziz Mouat

Bamako : l’entêtement met en péril les négociations


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le 14.06.13 | 10h00 Réagissez

«Désarmement des groupes armés», «cessez-le-feu entre l’armée régulière et le MNLA», «déploiement de l’armée malienne à Kidal», «bannir le mot Azawad pour désigner les régions du Nord»... sont les quelques revendications du préaccord entre le gouvernement de Bamako et les groupes touareg armés dans le nord du Mali.

Un accord que le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, a refusé, mercredi, de signer. A moins de deux mois de la présidentielle prévue le 28 juillet prochain, les différentes parties peinent à trouver un terrain d’entente. «Nous avons l’espoir d’aboutir dans quelques jours à un accord», a tenté de rassurer Pierre Buyoya, chef de la force africaine déployée au Mali (Misma), à la sortie d’une longue rencontre avec le chef de l’Etat malien. «Nous allons poursuivre les négociations à Ouagadougou», a indiqué le chef de la Misma. Les discussions ont repris hier à Ouagadougou pour tenter de parvenir à un accord. Le chef de la diplomatie burkinabé, Djibrill Bassolé, a retrouvé la délégation conjointe touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et du Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), selon l’AFP. Il devait s’entretenir ensuite avec les diplomates qui l’assistent au nom de la communauté internationale et la délégation malienne.

Carte NINA
Des lots de cartes NINA (Numéro d’identification nationale) sont arrivés, mardi dernier, à Bamako. Ces cartes ont été livrées à l’ensemble des électeurs des trois régions du nord : Tombouctou, Gao et Kidal (les électeurs de la ville n’ont pas réceptionné leurs cartes pour le moment). La remise individuelle des cartes commencera dès ce 21 juin. «Comment espèrent-ils nous faire parvenir nos cartes, alors qu’ils ne sont pas capables de trouver une entente pour mener à bien les élections ?» s’interroge un citoyen de Kidal. «Le réseau téléphonique est coupé depuis le 5 juin, le centre de santé est quasiment fermé et les agents de santé venus du Sud ont été renvoyés chez eux. La situation se resserre sur les habitants, donc une grosse pression sur les électeurs», estime-t-il.                      
Faten Hayed

Milices arabes et maliennes s’opposent à la paix (...)

Milices arabes et maliennes s'opposent à la paix !
vendredi 14 juin 2013
par Masin
Les milices narco-terroristes et ethniques du Mali font parler d’elles, et elles n’ont nullement l’intention de déposer les armes et entendent faire chanter la communauté internationale. Ces milices se sont créées avec la bénédiction des autorités de Bamako - beaucoup de leurs éléments sont déjà intégrés au sein des forces armées et de sécurité du Mali - qui s’appuient sur elles dans leurs expéditions punitives dans l’Azawad. En effet, le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) et la Coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance (CMFPR) viennent de signer une déclaration conjointe par laquelle ils disent s’engager à conjuguer leurs efforts et leurs moyens (humains, matériels et financiers) pour la défense des intérêts de leurs communautés respectives et décident de recourir à toutes formes d’action permettant de rétablir la justice et l’équité entre toutes les composantes des communautés du Nord du Mali.


Le Mali feigne de n’avoir comme ennemi que le MNLA et pendant ce temps il reconnait que la légalité n’est qu’un vain mot en forçant publiquement la main de ces milices à l’aider à affaiblir politiquement le MNLA. Le Mali montre ainsi sa faiblesse et son reniement des principes de bases qui fondent Un État. Le texte ne parle ni d’État, ni d’intégrité, mais d’intérêts des communautés. En motivant les milices arabes, lors de sa réunion à Nouakchott, à s’organiser et à faire des déclarations de ralliement au Mali, le MAA signe un accord qui indique qu’il se fédère avec le Gandakoy qui a l’oreille de Bamako. Cette initiative du MAA et de la CMFPR sent une mauvaise commande de Bamako, en panne d’idées, qui s’en appuiera pour faire pression sur le MNLA et les médiateurs dans la suite des négociations qui ont lieu en ce moment à Ouagadougou.
Ces milices et groupes terroristes, alliés du Mali, feraient mieux, si la paix et l’amour du Mali était leur préoccupation, de remettre au trésor Mali les biens volés à Gao, à Tombouctou et se tenir loin du trafic, du terrorisme et des exactions et crimes contre les civiles. Mais au lieu de cela, et pour avoir le blanc-seing des autorités maliennes, ces milices arabes et le Gandakoy se livrent en ce moment-même aux exactions les plus ignobles sur les populations civiles touarègues.

La communauté internationale doit prendre ses responsabilités et œuvrer pour arrêter cette comédie à laquelle se livre l’État malien qui prouve de jour en jour que la recherche de la paix est le dernier de ses soucis.

Alkazim
http://tamazgha.fr/Milices-arabes-et-maliennes-s.html

Les Touareg veulent des Etats fédéraux au Mali et au Niger


La presse algérienne révèle que «Les circuits du Tassili du Hoggar sont interdits aux agences de tourisme de Tamanrasset… les services de sécurité ont reconduit manu militari des touristes et leurs accompagnateurs… Des touristes en bivouac ont été carrément embarqués à bord d’hélicoptère, débarqués à Tamanrasset, et abandonnés sans aucune explication.» (1)
En réalité, un vent de panique s’est emparé des autorités après une interception de communication de téléphones satellitaires concernant une «commande de kidnapping». 
Les Touareg veulent des Etats fédéraux au Mali et au Niger dans Soutien des ONG zonerougedusahel
Ce qui devait arriver arriva. La persistance d’une insécurité chronique généralisée au Sahel a fini par remonter de nouveau au Sahara qui a déjà connu le retentissant épisode de février 2003 où 32 touristes avaient été enlevés entre Djanet et Illizi.
Comme on le craignait, le paiement de rançons a suscité toutes les convoitises et poussé à la tentation des chauffeurs guides des agences de voyages, qui avaient pour mission de livrer quelques touristes, contre de fortes sommes d’argent. Plusieurs arrestations ont suivi cette alerte. 
L’engrenage qui risque de s’emballer est prévisible: l’insécurité va remonter encore plus au nord vers les zones pétrolières et poussera les autorités à militariser davantage tout le Sud algérien. Les Sahara mauritanien, marocain, tunisien et libyen ne seront pas non plus épargnés par ces nouveaux «rezzous», comme ce fut déjà le cas avec le kidnapping d’un couple d’autrichiens en Tunisie en février 2008, et d’espagnols en Mauritanie en novembre 2009. 
Cette grave atteinte à l’activité économique prometteuse du tourisme saharien sonne comme un «sabotage caractérisé» du tout récent activisme algérien qui a provoqué en ce début d’année 2010 plusieurs réunions de coordination des états-majors diplomatiques, militaires et du renseignement, pour combattre le terrorisme et s’opposer à toute intervention étrangère. 
C’est aussi une conséquence directe de la mauvaise perception et gestion politico-militaire du problème Touareg, qui dure depuis l’indépendance des Etats africains. L’invention récente du terrorisme d’Al Qaïda est utilisée comme un arbre qui cache la forêt de la rébellion touarègue qui n’a jamais cessé depuis le début du siècle contre le colonisateur et s’est poursuivie après les indépendances à cause d’un tracé frontalier arbitraire et contre nature. Encore un autre héritage colonial empoisonné. 
Le message lancé continuellement par les Touaregs est pourtant simple. Comme le dit l’adage populaire: «nalâab ouala nahsad» (Soit je joue, soit je ne vous laisserai jamais jouer). Tant que le problème touareg ne sera pas résolu, aucun espace sahélo-saharien ne connaîtra la paix, la sécurité et la prospérité. 
Pour éviter le pire, en tant que pays central et leader du Sahara, l’Algérie doit remettre les compteurs géopolitiques de la région à zéro, opérer un changement radical de la gestion du problème Touareg, et reconstruire ses relations avec tous les pays voisins du Maghreb et du Sahel sur de nouvelles fondations. 
La géopolitique des populations du Sahel 
Le Sahel est la bande semi désertique prolongeant le Sahara des cinq pays d’Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte) aux cinq Etats subsahariens: Mauritanie, Mali, Niger, Tchad, Soudan. Ces pays du Sahel, créés de toutes pièces par la décolonisation sont considérés, en droit international, comme des États, mais n’ont jamais été des Nations. 
Cet ensemble de cinq pays ne compte que 80 millions d’habitants en 2008 sur un espace de 7,323 millions de km2, soit moins de 11 habitants/km2. Cette densité est trois fois inférieure à la moyenne de l’Afrique (32 hab/km2), et cinq fois inférieure à la moyenne du Monde (49 hab/km2). Ce peuplement est encore très inégal selon l’occupation territoriale, avec une dominante du nomadisme, allant jusqu’à moins d’un hab/km2. (2) 
De telles configurations de peuplement et de surfaces désertiques expliquent les difficultés de souveraineté et de gouvernance sur ces vastes territoires. Aucun des cinq Etats n’a ni la volonté, ni les moyens budgétaires et logistiques d’y déployer un maillage territorial permettant d’exercer l’administration et la sécurité. Il est donc inévitable que des groupes locaux ethniques, «héritiers légitimes» de leurs territoires, en prennent le contrôle, et se rebellent contre le pouvoir central. 
L’exemple le plus significatif est celui du Mali. On distingue 23 ethnies réparties en cinq principaux groupes: mandingue (Bambara, Soninké, Malinké, Bozo), pulsar (Peul, Toucouleur), voltaïque (Bobo, Sénoufo, Minianka), saharien (Maure, Touareg) et Songhaï. Les 9/10 de la population, noirs sédentaires, se concentrent dans le sud du pays, le Mali utile en termes de potentialités agricoles. Mais deux tiers du territoire malien sont revendiqués par les Touaregs qui n’ont jamais accepté le pouvoir noir de Bamako. 
Le Niger est un territoire tripolaire composé à l’ouest des Djerma-Shongaï, 22% de la population, au centre et à l’est des Haoussas, 56%, et au nord des Touaregs, environ 10% qui revendiquent les trois quart du territoire. Comme au Mali, la rébellion permanente des Touaregs atteste de la fragilité chronique de l’État nigérien. 
Du caractère transfrontalier de nombreuses ethnies, à l’exemple de l’ethnie zaghawae transfrontalière entre le Tchad et le Soudan, il en résulte que les territoires des pays voisins sont utilisés comme lieux de replis lors des conflits. Ainsi, le Soudan a-t-il servi de lieu de repli pour des groupes rebelles du Tchad, comme le Tchad l’est pour des groupes du Soudan. Le Sahara algérien et libyen est utilisé comme lieu de repli par les rebelles touaregs du Niger et du Mali, qui considèrent aussi ces régions comme leur espace vital. 
Avant la colonisation, il existait des frontières naturelles entre les populations blanches d’Afrique du Nord et les royaumes noirs sub-sahariens. Elles s’étendaient des fleuves Sénégal et Niger jusqu’au Lac Tchad. Le dogme intangible des frontières coloniales a bouleversé profondément les équilibres géo-démographiques du Sahel. 
La réunion de l’OUA d’Addis Abeba en Mai 1963 et la conférence des chefs d’Etat du Caire en juillet 1964 ont entériné le statu quo des frontières issues de l’époque coloniale. En fait, ces frontières se substituèrent aux limites administratives établies par la France, lors de la création de l’Organisation Commune des Régions Sahariennes (OCRS), le 10 janvier 1957. (3) 
«L’esprit qui a présidé à l’élaboration de l’OCRS dévoile une conception ethnique du territoire dont un des objectifs était de créer une barrière politique définissant une «chasse gardée française» susceptible d’éviter des contacts entre une Algérie qui avait engagé une guerre pour acquérir son indépendance et une Afrique noire traversée par l’opinion des leaders indépendantistes… Cette barrière ethnico-politique pouvait se dresser en jouant sur une série d’oppositions classiques telles que nomades et sédentaires, Touaregs/Arabes, Touaregs/populations noires et bien sûr Blancs/Noirs. À l’évidence, cette conception ethnico-territoriale, voire cette «arme ethnique» utilisée par les services français, ne pouvait qu’exacerber les relations interethniques déjà tendues.» (4) 
La mystification coloniale du problème touareg 
La France coloniale présente en Afrique noire, notamment au Sénégal depuis le 17è siècle, et en Afrique du Nord depuis l’invasion de l’Algérie en 1830, voulait faire la jonction de son empire colonial entre le Nord et le Sud, mais s’était heurtée à ces populations mystérieuses de nomades du Sahara surgissant de nulle part.
Après plusieurs missions de géographes explorateurs comme Henry Duveyrier (1840-1892), une première incursion militaire menée par le colonel Paul Flatters en 1881 dans le Hoggar fut massacrée par les Touaregs. 
Il a ensuite fallu attendre 1902 et la fameuse bataille de Tit pour entamer le début de la conquête du Sahara. Les livres d’histoire citent souvent cette «glorieuse victoire de l’armée française», en prenant bien soin d’occulter qu’il n’y avait en fait qu’un seul français dans cette expédition, le lieutenant Cottenest alors que la centaine de combattants étaient tous des algériens Chaâmbas de la région de Ouargla, rivaux héréditaires des touaregs dans les rezzous. Ce fut le début d’une abondante littérature de mystification coloniale qui a toujours fait croire à une supériorité militaire française, une pacification du Sahara et à la soumission des Touaregs devenus «amis des français». 
Pourtant, le Comte Henry-Marie de la Croix de Castries, explorateur et historien de l’Afrique du Nord où il fut affecté en 1873 aux Affaires indigènes, avouait son admiration de «la vie de ces grands chefs bédouins, si proche de celles des temps bibliques. Ce jeune lieutenant se sentait tout pénétré d’inspirations orientales «qui de cette vie arabe lui causa l’impression la plus profonde et la plus durable, de la foi sereine, active et méritoire de ces musulmans convaincus.» 
Il relatait aussi la sévère leçon d’humilité que lui donnait l’exemple de ses cavaliers d’escorte, mettant pied à terre pour prier Dieu. «Je m’éloignai; j’aurais voulu rentrer sous terre! Je voyais les amples burnous s’incliner à la fois dans un geste superbe aux prostrations rituelles; j’entendais l’invocation: Allahou Akbar! Dieu est le plus grand! Et cet attribut de la divinité prenait dans mon esprit un sens que toutes les démonstrations métaphysiques des théodicées n’avaient jamais réussi à lui donner. J’étais en proie à un malaise indicible, fait de honte et de colère. Je sentais que dans ce moment de prière, ces cavaliers arabes, si serviles tout à l’heure, avaient conscience qu’ils reprenaient sur moi leur supériorité.» (5) 
Le Sahara, présenté par les colons comme une frontière déserte infranchissable a en fait toujours été une zone peuplée, reliée par des pistes, des points d’eau et des oasis. Le chameau y était présent depuis l’Antiquité et les traces des nomades transsahariens remontent aux peintures rupestres. Les populations des rives nord et sud du Sahara n’ont jamais été séparées. 
«L’installation du père De Foucauld à Tamanrasset ne relève pas seulement d’un souci mystique de solitude, mais de raisons proprement patriotiques et militaires. Le massif montagneux du Hoggar est le centre géographique de la vaste zone désertique qui s’étend du versant sud de l’Atlas, au nord, jusqu’aux bassins du Niger et du Tchad au sud, et de l’océan Atlantique à l’ouest; jusqu’à la Tripolitaine à l’est. Cette forteresse est au carrefour des pistes qui mènent aux ports méditerranéens l’or, l’ivoire, les esclaves importés d’Afrique noire. Les agiles Touaregs du Hoggar fondaient à l’improviste sur les lourds convois chargés de marchandises ou se faisaient grassement payer pour les protéger». (6) 
La déconstruction du Sahel par les frontières coloniales
Les cités touarègues de la boucle du fleuve Niger (Tombouctou, Gao, Agadez, Tahoua) ont été reliées depuis plusieurs siècles aux cités du grand Maghreb (Marrakech, Fez, Tlemcen, Tihert, Cirta, Ouargla, Biskra, Kairouan,…). Chaque année, les pèlerins transitaient par ces villes pour leur voyage à La Mecque, en passant par la Tripolitaine, le Fezzan, le Tibesti et l’Egypte. Au XVe siècle, la ville mythique Tombouctou comptait environ 100.000 habitants (30.000 aujourd’hui), dont 25.000 étudiants qui fréquentaient la célèbre université. 
Une délégation touareg qui rencontra à Biskra le général de la Roque en 1890, lui confirmera l’étendue de leur territoire: «Partout où nous allons nous nous heurtons à vous… du Sud tunisien aux portes de Ghadamès,…au Nezfaoua et dans le Sahara jusqu’à Figuig, nous vous trouvons partout ; avec vous ces contrées là nous sont fermées et nous sommes comme murés chez nous.» (6) En cette fin de siècle, les Kel Ahagar et Kel Ajjer se retrouvent encerclés, privés de leurs débouchés au Sud comme au Nord.
Occultant et bafouant l’histoire millénaire des populations sahariennes, la France a tenté d’imposer au Sahara le triptyque colonial des 3 C défini par David Livingstone: Civilisation, Christianisme, Commerce. Mais malgré tous leurs efforts, Charles de Foucauld et les missionnaires chrétiens n’ont jamais réussi à évangéliser, ni franciser un seul homme bleu. 
Dans sa lettre du 29 Mai 1909 à Henry de Castries, Foucauld écrivait avec un étrange mélange de naïveté et de mépris: «Je vais reprendre mon travail quotidien: apprivoisement des Touaregs, des Indigènes de toute race, en tâchant de leur donner un commencement d’éducation intellectuelle et morale… Tout cela pour amener, Dieu sait quand, peut-être dans des siècles, au christianisme. Tous les esprits sont faits pour la vérité, mais pour les Musulmans, c’est affaire de très longue haleine.» (5) 
Même le tamasheq restera la langue dominante, tenant tête au français. Et à ce jour les pistes commerciales ancestrales restent toujours contrôlées par les touaregs. 
La stratégie coloniale de diviser pour régner a complètement perturbé la perception géopolitique du problème touareg. En réalité, ce terme, devenu générique, englobe l’ensemble des tribus du Sahara et du Sahel qui parlent le tamasheq, de la même façon qu’on désigne par le terme arabe tous ceux qui parlent la langue arabe. Au fil des siècles et du nomadisme, le métissage tribal et l’assimilation culturelle ne permettent plus de distinguer touaregs et arabes, comme on le fait encore à tort entre les populations amazighophones et les berbères arabisés au Maghreb. Les Kountas, Beraber, Berabich, Zenaga, Iguellad, Ansar, Chorfa, etc… d’origine arabo-berbères, qui nomadisaient des confins désertiques maghrébins jusqu’à Zinder, se sont au fil des siècles complètement fondus dans la culture touareg du désert (langue, mœurs, traditions, habillement, coutumes sociales et juridiques,…). Ils forment en réalité un seul peuple vivant en symbiose. (7) 
Depuis les indépendances, on constate une sédentarisation forcée des touaregs en Algérie et Libye, une marginalisation au Niger et une discrimination au Mali avec une seule alternative: l’exil ou les armes. Pourtant, rien au Sahara ni au Sahel ne peut se faire sans le consentement de ces chevaliers du désert. 
Les frontières sahélo-sahariennes «géométriques» entre les 10 Etats, en plein désert, ont-elles un sens? Elles ne sont qu’un fait accompli colonial, une contrainte exogène absurde, artificielle, handicapante. Le droit occidental colonial a imposé une «territorialité» en contradiction avec la nature de l’immensité de l’espace saharien et du mode vital et économique nomade et pastoral. Chez les populations nomades, la géographie politico-économique est mouvante selon la pluviométrie, les rapports de force tribaux et la liberté immuable de circuler. L’idée même d’une frontière fixe est un concept inexistant chez les peuples sahariens.  En définitive, personne au Sahara n’a jamais considéré ces frontières théoriques et fictives. Ni les puissances coloniales, ni les Etats indépendants, ni les populations… ni les «nouveaux terroristes» (8)  
La convoitise coloniale de posséder cet immense territoire a poussé un officier colonial du Cercle d’Agadèz à proposer à sa hiérarchie d’exterminer les Touaregs, comme le furent tragiquement les Indiens d’Amérique.
«Si nous voulons à toute force rester dans ce pays de sable, il nous faut songer à le pacifier coûte que coûte, sans avoir aucune pitié pour la race touareg qui n’acceptera jamais, à mon sens, de se ranger sous la loi d’un maître qui prêche la paix et le travail. Les Touareg n’ont pas plus de raison d’exister que n’en avaient jadis les Peaux-Rouges. Malheureusement, le climat du désert et l’être fantastique qu’est le chameau nous créent des obstacles que n’ont pas connus les Américains. Il est cependant possible de vaincre les difficultés. La guerre européenne terminée, nous pourrons disposer de quelques escadrilles d’aéroplanes. L’envoi de ces puissants engins serait d’un effet radical. Le chameau aura vécu ? Tant mieux. Il n’y aura qu’à attendre les chemins de fer et, pendant ce temps, les pâturages pourront pousser librement quand il aura plu. La question de l’aéroplane doit être posée le plus tôt possible. À moins que nous ne décidions de céder des territoires qui laissent autant de blanc sur nos registres que sur les cartes les plus complètes. Mais y aurait-il preneur ?» [Rapport du cercle d’Agadez, septembre 1916, cité par Olivier de Sardan, 1984 : 156].    in Rébellion touarègue et question saharienne au Niger
La question fondamentale reste celle de définir l’intégration et le rôle des Touaregs dans cet immense espace saharien partagé entre 10 Etats. Cette problématique dépasse largement le cadre défini par les Accords de Tamanrasset en 1991 et d’Alger en 2006, qui n’ont en fait jamais été appliqués. Le problème touareg renvoie à la complexité géographique de l’espace saharien, aux enjeux humains et économiques du nomadisme. Il pousse à s’interroger sur une nouvelle perception du principe de souveraineté partagé sur des déserts.
Le morcellement de l’espace touareg voulu par le colonisateur et perpétué par les Etats indépendants doit être abandonné au profit d’une intégration civilisationnelle, géographique, linguistique de cet espace selon un double système d’Etats fédéraux et de zones franches. Des personnalités africaines ont déjà prôné une «déconstruction» de cet héritage colonial des «cadres territoriaux existants, par la remise en question des frontières convenues et la création simultanée d’espaces mouvants». 
La trahison algéro-marocaine envers les Touaregs 
Dès les indépendances de 1960, après la création de l’OCRS, une alliance s’était nouée au Mali pour soutenir une partition territoriale du «Soudan français», afin d’éviter d’être gouvernés par des pouvoirs noirs. 
Une des figures emblématiques de cette résistance au fait accompli colonial était Mohamed Ali ag At-Tahar (1904-1994), Aménokal des Kel Antessar. Il ressemblait en tous points à son père At-Tahar ag Al Mahdi, né vers 1868 et devenu Aménokal en 1914, que décrit de fort belle manière Paul Marty : «At Tahar est le type du grand, vigoureux et beau Targui. D’une magnifique prestance, d’une dignité souveraine, il fait le plus bel effet. Intelligent ouvert, sympathique, c’est un assez bon lettré arabe, encore qu’il soit beaucoup plus guerrier que taleb.» (7) 
At-Tahar adopta une attitude pleine d’ambiguïté et de diplomatie avec les colonisateurs dans la région de Tombouctou. Ni soumis, ni rebelle, il avait pour souci de protéger sa tribu par une cohabitation et une collaboration tactique avec l’autorité coloniale. Il agissait comme Moussa Ag Amestane, Aménokal des Kel Ahaggar qui avait toujours fait planer cette confusion subtile entre soumission et alliance avec l’ordre colonial qui exaspérait le général Laperrine: «il s’agissait de remettre au point la soumission de Moussa faite à In Salah et de bien établir que c’était une soumission et non une alliance. Il fallait faire accepter par les tribus un léger impôt qui fut une marque tangible de cette soumission.»(Laperrine, 1913) (9) 
Laperrine et ses adjoints avaient mis au point cette politique subtile d’affrontement avec les Touaregs: «Le Touareg obéira à la force; il y obéira comme l’Arabe, d’une façon parfaite, mais seulement quand il aura constaté qu’il ne peut faire autrement. Il faut donc lui prouver, lui montrer notre force.» (9) 
Mohamed Ali ag At-Tahar grandit dans la lignée des révolutionnaires indépendantistes africains. Rebelle à l’autorité coloniale, il finit par léguer le Tabbel d’Aménokal à son frère, Mohamed Al Mahdi, né en 1923 et toujours en exercice à Bamako. 
mohamedaliagattahar191 dans Soutien des ONG
Photo:  Mohamed Ali ag At-Tahar (1904-1994), Aménokal des Kel Antessar
Mohamed Ali s’exila dès 1952 en Arabie Saoudite chez le roi Fayçal avec toute sa famille et ses domestiques. Puis il s’installa en Egypte chez Nasser qui lui offrit une épouse égyptienne. C’est au Caire qu’il se fit connaître de tous les révolutionnaires africains et arabes, notamment des leaders du FLN. Ensuite, il partit en Libye chez le roi Idriss, avant de s’installer au Maroc en 1960 chez le roi Mohamed V qu’il avait déjà rencontré en 1955 à son retour d’exil. 
Alors qu’il était royalement reconnu et respecté, la puissance coloniale craignait que Mohamed Ali fédère toutes les tribus dans un «royaume touareg», et remette en cause la stratégie «d’indépendance dans l’interdépendance» conçue et mise en œuvre par les gaullistes et leurs réseaux de supplétifs de l’Armée Coloniale d’Afrique. 
La proposition d’un Etat fédéral touareg au Sahara ayant été rejetée par la France, les Touaregs commencèrent à s’armer et se révolter dès 1961, moins d’un an après l’indépendance du Mali et du Niger. Une première insurrection eut lieu fin 1962, contre le gouvernement de Bamako de Modibo KeitaLes Touaregs n’eurent comme réponse qu’une sévère répression qui décima les tribus des Adrar des Iforas, d’où avait été lancé le mouvement. 
Le tournant historique s’est joué en 1963 lorsque Modibo Keita réussit un coup de maître en poussant les duo algérien, Ben Bella-Boumediene, et marocain Hassan II-Oufkir à trahir les touaregs. Le 29 octobre 1963, Modibo joue un rôle d’arbitre dans la sortie du conflit frontalier de la«guerre des sables» qui opposait le Maroc à l’Algérie. Il réunit à Bamako Hassan II et Ben Bella en présence du négus Haïlé Sélassié d’Éthiopie et obtient des belligérants un cessez-le-feu immédiat.
En échange de sa médiation,  et «sous la menace d’une généralisation des conflits frontaliers en Afrique», il demande et obtient l’arrestation et l’extradition des leaders touaregs exilés en Algérie et au Maroc. 
C’est ainsi que Mohamed Ali Ag At Tahar est arrêté en 1963 par le général Mohamed Oufkir sur ordre du roi et livré au Mali qui le maintiendra en détention durant 12 ans, jusqu’à sa libération en 1975 par Moussa Traoré. Brisé, il retourna en exil au Maroc, chez Hassan II qui le prit en charge et le plaça dans une prison dorée pour le «neutraliser» jusqu’à sa mort en 1994. 
De son côté, l’Algérie extrada deux chefs touaregs, Zaid ag Tahar ag Illi et Ilias Ag Ayuba, et un jeune messager Mohamed El Ansari, neveu de Mohamed Ali, envoyé spécialement du Maroc pour avertir Zaid et arrivé par malchance le jour même de son arrestation. 
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Photo: Ilias Ag Ayuba et Zaid ag Tahar ag Illi à Kidal
Zaid, Amenokal des Iforas de Kidal, s’était d’abord exilé à Tamanrasset puis à Ouargla. Ses disciples avaient déclenché une révolte en récupérant un stock d’armes que l’armée coloniale avait enterré à Silet (120kms au sud-est de Tamanrasset). Comme Mohamed Ali, Zaid s’était aussi désisté de sa chefferie au profit de son frère Intallah plus docile, toujours en exercice à Kidal.
Libéré lui aussi en 1975, Zaid mourut en 1998. Ilias Ag Ayuba, chef des Doushakis, tribu touaregue de la région de Gao-Menaka, avait suivi la rébellion de Zaid et l’avait rejoint à Tamanrasset puis Ouargla. Il vit toujours retiré dans un campement proche de Gao, alors que son frère Younès s’est installé à Tamanrasset après avoir contribué à la création de la ville de Borj Baji Mokhtar dans les années 70.  La répression de Modibo Keita aidés des virulents Songhaïs, qui a suivi ces arrestations, a été féroce, proche du génocide (tueries, massacres collectifs, abattage de cheptel, empoisonnement des puits, arrestations,…). Les régions du nord ont été décrétées zones militaires, tous les postes de fonctionnaires militarisés, et les touaregs écartés de toute fonction officielle. Après avoir nié la réalité et l’ampleur de cette dissidence, le gouvernement de Bamako annonce son écrasement complet en 1964. 
Plusieurs exodes importants ont afflué vers les pays voisins essentiellement l’Algérie, mais aussi Libye et Mauritanie, dès l’indépendance, puis à chaque rébellion et lors des grandes sécheresses des décennies 70 et 80 et l’actuelle de 2010. La naissance du groupe musical malienTinariwen en 1982 à Tamanrasset est intimement liée à cette situation d’exil et d’errance du peuple touareg. Il est l’émanation même de cette diaspora qu’il chante aux quatre coins du monde, en remplaçant le fusil par la guitare. 
La trahison algéro-marocaine qui a soutenu le pouvoir de Bamako a profondément déçu et découragé les touaregs qui se sont exilés ou résignés à une résistance passive jusqu’à la nouvelle rébellion de 1990-1991 déclenchée par Iyad ag Ghali au Mali et Raïssa ag Boula etMano Dayak au Niger. 
L’Algérie, entrée elle-même dans une grave crise politique et sécuritaire, ne voulait surtout pas d’une nouvelle complication frontalière et s’activa à la conclusion rapide d’un cessez-le-feu et la conclusion d’accords d’intégration des touaregs dans l’administration de leurs territoires. Un accord fut signé à Tamanrasset le 6 janvier 1991. (10) 
La « main invisible » néo-coloniale
Mais une «main invisible» a décidé de défaire «immédiatement» l’appel à la sagesse et la pacification, pour poursuivre la marginalisation des touaregs. Dès le 8 janvier, le signataire de l’Accord, le Colonel Ousmane Coulibaly, Chef d’état-major général des armées, remplace au ministère de la défense le président Moussa Traoré, qui se fait ensuite renverser le 23 mars par un coup d’Etat du Lieutenant-Colonel Amadou Toumani Toure, à la tête d’un Comité de Transition pour le Salut du Peuple (CTSP). 
Curieusement, le président algérien Chadli Bendjedid subira le «même processus», abandonnant le poste de ministre de la défense au général Khaled Nezzar en juin 1991, qui le «démissionna» en janvier 1992. 
Le colonel Iyad ag Ghali a finalement été récupéré par Bamako. Nommé ambassadeur du Mali en Arabie Saoudite, il est le «négociateur attitré» des preneurs d’otages du Sahel.
Raïssa ag Boula, qui signa les accords de paix au Niger en avril 1994, participa à plusieurs gouvernements sous la présidence de Mamadou Tandja, qui vient d’être renversé par un coup d’Etat en février 2010.
Quant à Mano Dayak, il sera victime d’un mystérieux accident d’avion en décembre 1995.
Une nouvelle rébellion déclenchée par Ibrahim ag Bahanga en mai 2006, rejoint par Iyad ag Ghali et Hassan Faganga, provoqua une nouvelle intervention du «pompier algérien» qui lui «intima l’ordre de rebrousser chemin alors que ses troupes étaient à 300 kms de Bamako».De nouveaux accords ont été laborieusement signés à Alger le 4 juillet 2006 avec la mise en place d’un Comité de suivi. (11) 
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Photo: Le colonel déserteur Hassane Faganga et ses troupes
Mais dès son retour à Bamako, le Général Kafougouna Koné, signataire des «accords de reddition d’Alger» selon la presse malienne, est convoqué par un groupe parlementaire et con­traint de répondre aux interroga­tions des députés, en direct à la télévision. Il sera pris à partie sur la constitutionnalité du document et sur l’esprit de certaines de ses dispositions. 
Le cessez-le-feu ne fut pas respecté et plusieurs accrochages eurent lieu entre les rebelles et l’armée malienne. Bahanga fut aussi à l’origine de l’Alliance Touareg Niger-Mali fondée en juillet 2007. Finalement, aucune mesure n’a été mise en œuvre et tour à tour, les touaregs de l’Alliance Démocratique pour le Changement, puis l’Algérie se sont retirés de cet Accord, devenu caduc… depuis le rappel de l’ambassadeur algérien à Bamako, suite à l’affaire de la libération de l’agent de la DGSE Pierre Camatte, contre le paiement d’une rançon et la remise en liberté de terroristes algériens par ATT. 
L’équation politique touareg ressurgit régulièrement aussi simple que dangereuse. Les touaregs du Mali et du Niger ne veulent pas porter atteinte à la souveraineté des Etats existants, mais revendiquent l’instauration d’Etats fédéraux avec une large autonomie, liés juridiquement à Bamako et Niamey, mais ouverts et intégrés humainement et économiquement au grand Maghreb, et à l’Algérie en particulier, comme ils l’ont toujours été avant, pendant et après la colonisation. Les nouvelles générations touaregs, sont prêtes à lancer de nouvelles rébellions pour contrôler leurs territoires au nord du Mali et du Niger et contraindre Bamako et Niamey à négocier. 
Les touaregs rappellent pertinemment qu’ils sont les seuls capables de sécuriser l’espace sahélo-saharien et garantir la stabilité de cette vaste zone tampon entre l’Afrique du nord et l’Afrique noire.
A défaut, ils sont aussi capables de la maintenir dans cette situation d’une zone interdite à hauts risques d’instabilité géopolitique et de sous-développement chronique. 
29-05-2010
(5)   Charles de Foucauld – Lettres à Henry de Castries (1850-1927) – Grasset, Paris 1938 – Préface de Jacques de Dampierre 
(6)   Georges Gorrée – Les Amitiés Sahariennes du Père de Foucauld – Arthaud, Paris, 1946. —
Dès son installation à Beni Abbès, «Foucauld a compris le rôle magnifique qu’il peut remplir au Sahara: conseiller le plus exactement possible les chefs qui ne se trouvent pas sur place. Officier français, il le demeurera jusqu’à sa mort, plaçant très haut l’honneur du pays qu’il incarnait aux yeux des populations sahariennes… le père Foucauld n’a jamais cessé un seul instant d’être officier explorateur; parce qu’il demeura près de quinze années consécutives au Sahara ; parce qu’il s’intéressa à tout ce qui touchait l’action de la France dans les territoires du Sud… Charles de Foucauld, moine missionnaire au Sahara, restera le modèle et le maître de tous les officiers des Affaires Indigènes des nations colonisatrices… En d’autres occasions, Foucauld ne se contente plus de renseigner, il donne lui-même des ordres, et ceux-ci sont exécutés sur le champ.» Pour le général Laperrine, «Charles de Foucauld demeure notre plus parfait instrument de pacification saharienne.»  
Laperrine avait noté au bas du Rapport Officiel sur la mort de Foucauld : «l’assassinat du père de Foucauld doit se rattacher à la lettre trouvée à Agadès dans les papiers de Khaoussen et dans laquelle un européen (turc ou allemand) lui conseillait comme première mesure, avant de soulever les populations, de tuer ou prendre comme otage des européens connus comme ayant de l’influence sur les indigènes dévoués aux français.» 
Lettre du 2/8/1915 de Charles de Foucauld à Laperrine: «Je mène ma vie ordinaire, dans un grand calme apparent, mais l’esprit étant au front avec vous, avec nos soldats. Après le Dictionnaire Touareg-Français abrégé et le Dictionnaire des Noms propres, voici le Dictionnaire Touareg-Français plus développé qui est terminé et prêt à être imprimé. Je viens de me mettre à la copie, pour l’impression, des poésies… cela me parait étrange, en des heures si graves, de passer une journée à copier des pièces de vers… Au cas où les lois de l’Eglise me permettraient de m’engager, ferais-je mieux de m’engager? Si oui, comment m’y prendre pour m’engager et être envoyé au front… Répondez-moi sans tarder; par ce même courrier, j’écris pour demander si l’Eglise autorise quelqu’un dans mon cas à s’engager.»– Lettres inédites au Général Laperrine, Pacificateur du Sahara – La Colombe, Paris, 1954. Préface de Georges Gorrée. 
(7)   Paul Marty - Etudes sur l’Islam et les tribus du Soudan, in Revue du Monde musulman dirigée par Louis Massignon – Ed Ernest Leroux – Paris – 1918-1919 
(9)   Paul Pandolfi, Une correspondance saharienne, Lettres inédites du général Laperrine au commandant Cauvet (1902-1920), Karthala, Paris, 2006  —
Henry Laperrine (1860-1920), général de division, a été camarade de Charles de Foucauld au 4e Chasseurs d’Afrique en 1881. Après la mort de Foucauld (1/12/1916), la France coloniale craint l’embrasement du Sahara et Lyautey, ministre de la guerre, rappelle Laperrine du front franco-allemand pour reprendre en main la situation, dont les répercussions peuvent être d’une gravité incalculable pour l’Afrique du Nord et l’Afrique Noire. En 2 ans, il pacifie le Sahara pour la seconde fois, puis meurt le 18/2/1920, après 16 jours d’agonie dans le désert du Tanezrouft où son avion s’est écrasé. Foucauld disait de Laperrine: «C’est lui qui a donné le Sahara à la France… et qui a réuni nos possessions d’Algérie et notre colonie du Soudan.» 

Mali: Pascal Canfin défend la «neutralité» de la France dans les négociations Bamako-MNLA

MALI - 
Article publié le : vendredi 14 juin 2013 à 20:00 - Dernière modification le : vendredi 14 juin 2013 à 21:01


Un manifestant, lors d’un rassemblement organisé à Gao le 30 mai dernier, pour protester contre la situation à Kidal.
Un manifestant, lors d’un rassemblement organisé à Gao le 30 mai dernier, pour protester contre la situation à Kidal.
REUTERS/Stringer

Par RFI
Pascal Canfin, ministre français délégué au Développement, a terminé sa visite au Mali, ce vendredi 14 juin, après s’être rendu à Gao et avoir rendu visite à des responsables locaux et au Premier ministre, Diango Cissoko. Venu pour parler de l’aide française au Mali, il s’est aussi exprimé sur le processus de négociations en cours à propos de Kidal, rappellant que la France souhaite qu’un accord soit signé, et qu’il le soit le plus vite possible.



Dans le sud du pays, et notamment à Bamako, des voix commencent doucement à s’élever pour dénoncer l’attitude de la France, jugée trop favorable aux rebelles touaregs du MNLA.
Le ministre délégué au Développement, Pascal Canfin, réfute catégoriquement : « Chaque partie trouve que la France est trop favorable à l’autre. Quand nous essayons, justement, d’avoir une position neutre, qui essaye de mettre tout le monde autour de la table », note le ministre français délégué au Développement.
« Donc, pour parvenir au compromis, c’est un jeu habituel des uns et des autres d’accuser justement celui qui essaye de trouver le bon point d’équilibre. Nous avons toujours condamné les exactions, d’où qu’elles viennent. Nous avons toujours dit qu’il n’y avait qu’un seul Mali, qu’une seule armée, que les élections devaient avoir lieu le 28 juillet, partout sur le territoire. »
Plaidoyer pour un compromis
Et à ceux qui seraient tentés de rejeter ce processus de négociations, et voudraient directement envoyer l’armée malienne au combat à Kidal, Pascal Canfin rappelle que la seule solution viable, pour tous les Maliens, c’est la paix. « De nombreux Etats dans le monde ont été confrontés à des conflits internes, entre les communautés. A chaque fois, la solution passe par un compromis », insiste le ministre français. « Il n’y aura pas un perdant ou un gagnant, à Ouagadougou. Il y aura un compromis et le vrai gagnant ce sera le Mali », a-t-il martelé.
Les négociations se poursuivent, l’Etat malien ayant refusé de signer la proposition d’accord qui avait été trouvée en début de semaine. Pascal Canfin rappelle, en des termes diplomatiques, que ce texte est pourtant considéré par la France comme « une bonne base », mais que c’est aux Maliens, à eux seuls et « dans leur diversité », de s’entendre sur d’éventuels amendements.
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La France a trop tendance à oublier ses alliés dans la guerre au Mali

SlateAfrique
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Soldats français, près de Tessalit, mars 2013 / Reuters
Soldats français, près de Tessalit, mars 2013 / Reuters


L'opération Serval n'aurait pas eu le même succès sans l'aide précieuse de partenaires que la France remercie rarement.

On a souvent tendance à l’oublier, mais l’opération militaire au Mali lancée le 11 janvier n’est pas uniquement le fait de la France. Outres les forces africaines qui ont largement participé à l’opération Serval(baptisée Misma par la Cédéao), les grandes puissances occidentales alliées ont chacune fourni leur aide à la France.
Car si François Hollande et Laurent Fabius se félicitent régulièrement des succès militaires rencontrés lors de l’opération militaire, les dessous de celle-ci sont quelque peu surprenants. Pensiez-vous par exemple que la France aurait eu besoin de louer du matériel militaire à des sociétés privées russes et ukrainiennes? Ce fut pourtant le cas!

Les coulisses

Dans un excellent article paru le 7 juin dernier, nos confrères du Nouvel Obs dévoilent en quelques sortes les coulisses de l’opération militaire au Mali. On y découvre avec délectation un président français étonnamment plus offensif que son état-major, qui pousse les responsables militaires à s’engager vite sur le terrain sahélien.
Ce que l’on retient surtout, c’est l’importance de l’engagement des alliés de la France dans la «reconquête» du Nord-Mali. Car sans leur aide, l’ex puissance coloniale aurait pu faire un flop complet et s’enliser dans le désert malien.
Par exemple,  les journalistes expliquent que «(La France) manque cruellement d’avions de transport et de moyens de renseignement. Le drone Harfang n’est pas encore opérationnel. Pour suivre les déplacements en temps réel des 2.000 djihadistes, les militaires n’ont que des ULM et de vieux appareils Atlantic (avions à hélices destinés à la base à la surveillance en haute mer ndlr). Les Britanniques viennent immédiatement à leur rescousse. Dès le lendemain despremières frappes, ils mettent un avion de renseignement dans le ciel malien».
On est ici loin de l’image diffusée par les médias français au lendemain du lancement de l’opération.

Les autres

La France seule aurait, en réalité, eu bien du mal à remplir ses principales missions de renseignement et de transport. A tel point que l’armée française aurait été obligée de louer des avions-cargos à des sociétés privées russes et ukrainiennes!
Britanniques, Américains, Belges et Allemands: tous ont finalement participé d’une manière ou d’une autre à la victoire rapide sur al Qaïda au Maghreb islamique.
«Les alliés nous ont fait gagner trois semaines dans le déploiement des forces et deux semaines dans les frappes», conclut ainsi un responsable du ministère français de la Défense.
De quoi faire réfléchir.
Ambroise Védrines
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