vendredi 22 février 2013

MALI (arrestation d'Ali ould-Mohamed Kalbali à Tombouctou)- Lettre à l'état-major des forces armées françaises. par Pierre Piccinin da Prata, lundi 18 février 2013, 01:04 ·

No Comment/Les exactions de l'armée malienne continuent à l'encontre des civiles et l'intervention française est responsable.Lisez ci dessus..

MALI (arrestation d'Ali ould-Mohamed Kalbali à Tombouctou)- Lettre à l'état-major des forces armées françaises.

par Pierre Piccinin da Prata, lundi 18 février 2013, 01:04 ·
À ema.medias@defense.gouv.fr 

Madame, Monsieur, 

Je vous écris pour solliciter votre intervention dans une affaire très délicate. 

Je me suis rendu à Tombouctou par mes propres moyens. On m'a proposé d'y rencontrer le dernier Arabe encore établi dans la ville. Il s'agissait d'Ali ould-Mohamed Kalbali, né "vers 1943", selon sa carte d'identité, qu'il m'a montrée. 

Je lui ai parlé quelques minutes à peine, ce 14 février. Terrorisé par le climat hostile aux Arabes et Touaregs qui règne à Tombouctou et ailleurs au Mali, il s'est muré dans le silence, m'affirmant cependant qu'il n'était nullement inquiété. 
Toutefois, deux heures après que j'ai quitté Tombouctou ce même jour, mon contact m'a informé par téléphone de l'arrestation d'Ali ould-Mohamed Kalbali, arrêté par des militaires maliens moins d'une demi-heure après que je l'ai rencontré. 

Nous sommes à ce jour sans nouvelle de lui. 

Ayant recueilli à Tombouctou de nombreux témoignages sur les arrestations, disparitions et assassinats d'Arabes et de Touaregs par l'armée malienne et ayant par ailleurs personnellement constaté l'existence d'un charnier, je suis très inquiet pour la sécurité d'Ali ould-Mohamed Kalbali. 

Certain que les forces armées françaises présentes au Mali et à Tombouctou plus particulièrement peuvent exercer une influence déterminante sur les autotités militaires maliennes, je vous prie de prendre urgemment en considération ma requête et de la transmettre à qui de droit sur le terrain des opérations de sorte à protéger cette personne. 

Cet article du Washington Post, qui reprend la dépêche d'AP, dont j'ai informé la correspondante à Tombouctou, vous renseignera sur les circonstances exactes de cette disparition :http://www.washingtonpost.com/world/africa/arab-man-among-last-in-timbuktu-arrested-after-giving-interview-in-mali/2013/02/14/ce32fe28-76aa-11e2-b102-948929030e64_story.html 

Je vous serais très reconnaissant de bien vouloir me tenir informé de vos démarches. 

Très sincèrement, 

Pierre PICCININ da PRATA
Historien - Politologue
Ali ould-Mohamed Kalbali (Tombouctou - MALI), une demi-heure avant son arrestation par l'armée malienne, le 14 février 2013



________________________



De : EMA MEDIAS
À : Piccinin Pierre
Envoyé le : Dimanche 17 février 2013 15h08
Objet : Re: MALI - Tombouctou - Ali ould-MOHAMED KALBALI



Bonjour Monsieur,

Nous accusons bonne réception de votre mail, que nous relayons vers notre cellule communication à Bamako.

Cordialement,
Cne Bonnet
EMACOM/ERM
06 72 31 83 32
01 42 19 83 08


___________________________



De : Piccinin Pierre
À : EMA MEDIAS
Envoyé le : Mercredi 20 février 2013 


Madame, Monsieur,

Mes contacts à Tombouctou m'informent que Monsieur Ali ould-MOHAMED KALBALI est toujours porté disparu.

Vu la politique d'épuration ethnique menée par l'armée malienne, y compris dans les zones contrôlées par l'armée française, je me permets d'insister : avez-vous entrepris les démarches nécessaires auprès des autorités maliennes pour garantir la sécurité de cette personne?

Sincèrement,



Pierre PICCININ da PRATA
 Historien - Politologue


__________________________________



De : "ema.medias@defense.gouv.fr"
À : Piccinin Pierre Cc : "ccoudriou@amnesty.fr"
Envoyé le : Jeudi 21 février 2013 21h11
Objet : Re: MALI - Tombouctou - Ali ould-MOHAMED KALBALI



Monsieur Piccinin da Prata,

Je vous confirme la bonne réception de vos informations que nous avons transmises aux services compétents sur le terrain.Nous comprenons vos inquiétudes et bien évidemment les partageons.Cependant et comme vous le savez, les forces françaises n'ont pas vocation à s'installer dans les villes maliennes dont la sécurité est assurée par les forces armées maliennes. Néanmoins, toute remontée d'information coïncidant avec les éléments que vous nous avez décrits sera prise en compte sérieusement par nos militaires sur place.Je vous invite également à transmettre ces éléments aux services de sécurité maliens à Bamako.Nous nous tenons à votre disposition sur le sujet.

Cordialement,-- CNE BONNET / EV1 BENYAKHLEF
État-major des Armées Cellule Communication / Équipe Relations Médias
+33 (0)1 42 19 83 08
+33 (0)1 42 19 41 97


__________________________________



De : Piccinin Pierre
À : EMA MEDIAS
Envoyé le : Jeudi 21 février 2013 


Capitaine,

Je vous remercie une nouvelle fois pour l'amabilité et la rapidité de votre réponse.

Toutefois, vous comprendrez aisément que je ne saurais m'en satisfaire.

En effet, aux termes du droit international et de la jurisprudence en la matière, il est un fait que l'armée française étant la force majeure présente à Tombouctou, c'est à elle qu'il incombe de garantir la sécurité des civils ou, à tout le moins, d'empêcher des crimes similaires à celui de l'épuration ethnique.

L'armée malienne, à laquelle vous me suggérez de m'adresser, est à ce jour davantage constituée de bandes indisciplinées que d'unités fiables et soumises à la loi. Elle est en outre en proie à des dissensions internes, alimentées notamment par le capitaine Sanogo du camp de Kati, près de Bamako.

Surtout, les témoignages impliquant cette armée malienne dans les exécutions sommaires, les arrestations, disparitions et assassinats de Touaregs et d'Arabes sont à ce jour d'un nombre tel qu'il serait illusoire de se fier à cette institution pour garantir la sécurité de Monsieur Ali ould-MOHAMED KALBALI.

Les cas de personnes arrêtées un jour par l’armée malienne, devant témoins, et retrouvées le lendemain ou dans les jours qui ont suivi décédées d’une balle dans la tête ou la gorge ouverte ne se comptent plus.

Le facteur temps étant de toute évidence déterminant dans ce dossier, je ne saurais donc moins insister auprès de l'état-major des forces armées françaises qui occupent la région de Tombouctou pour solliciter son intervention diligente à porter secours à Monsieur Ali ould-MOHAMED KALBALI, arrêté devant témoins par des soldats maliens ce 14 février 2013, à son domicile, entre 08h30 et 09h00.

Certain de l’attention plus particulière que vous accorderez à ma requête à la lumière de ces considérations,

Très cordialement,




Pierre PICCININ da PRATA
 Historien - Politologue

Pour impressionnante qu'elle soit, la carte "Sécurité au Sahel" proposée sur le site du Quai d'Orsay ne donne pas une image exhaustive de la zone à risque, qui s'étend sur plus de 7 millions de kilomètres carrés, soit dix fois la superficie de la France. En incorporant d'autres pays de la ceinture sahélienne frappés par des restrictions formelles, comme l'Algérie, le Tchad, le Soudan, le Soudan du Sud et le Nigeria, ou riverains, comme la Tunisie, la Libye, l'Egypte, le Cameroun et la République centrafricaine, on obtient la carte suivante


Pour impressionnante qu'elle soit, la carte "Sécurité au Sahel" proposée sur le site du Quai d'Orsay ne donne pas une image exhaustive de la zone à risque, qui s'étend sur plus de 7 millions de kilomètres carrés, soit dix fois la superficie de la France. En incorporant d'autres pays de la ceinture sahélienne frappés par des restrictions formelles, comme l'Algérie, le Tchad, le Soudan, le Soudan du Sud et le Nigeria, ou riverains, comme la Tunisie, la Libye, l'Egypte, le Cameroun et la République centrafricaine, on obtient la carte suivante
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Pour impressionnante qu'elle soit, la carte "Sécurité au Sahel" proposée sur le site du Quai d'Orsay ne donne pas une image exhaustive de la zone à risque, qui s'étend sur plus de 7 millions de kilomètres carrés, soit dix fois la superficie de la France. En incorporant d'autres pays de la ceinture sahélienne frappés par des restrictions formelles, comme l'Algérie, le Tchad, le Soudan, le Soudan du Sud et le Nigeria, ou riverains, comme la Tunisie, la Libye, l'Egypte, le Cameroun et la République centrafricaine, on obtient la carte suivante
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DECLARATION DES CHEFS DE TRIBUS DE LA REGION DE KIDAL


DECLARATION DES CHEFS DE TRIBUS DE LA REGION DE KIDAL

Nous, Chefs de tribus de la Région de Kidal, réunis à Kidal ce jour 10 février 2013,

* Face au calvaire vécu pendant un demi-siècle par l'AZAWAD dans sa chair et dans sa dignité ;
* Face à la situation dramatique qui en est résulté et qui prévaut aujourd'hui au Mali ;
* Face à la nécessité de restaurer une paix rapide, durable et jamais plus factice au Mali et dans l'Azawad

Avons adopté la déclaration qui suit.

1 – Nous rappelons à la France et à la Communauté Internationale que peu avant le départ de la France de son ex-colonie du « Soudan Français » nous avons fait allégeance aux autorités maliennes et que de ce jour à nos jours nos populations ont été traitées en sujets par ces mêmes autorités maliennes, voire en objets ;


2 – Nous demandons à la France qui a le privilège de disposer de la vraie version historique du problème, ainsi qu'à la Communauté Internationale, de jeter un regard rétrospectif sur ce problème communément appelé, par euphémisme, « problème du Nord Mali », et ce depuis sa naissance en 1963. Cela permettra d'apprécier à leur juste valeur les souffrances et la patience des populations de l'Azawad et d'arriver à une relation enfin durable.



3 – Nous réaffirmons que l'AZAWAD et le Mali ont tous deux longtemps souffert de cette instabilité : le Gouvernement du Mali y a perdu beaucoup de ses soldats ; nous de l'AZAWAD nous y avons perdu beaucoup de nos parents, de nos femmes, de notre élite intellectuelle, de nos Chefs coutumiers, de notre cheptel, le tout massacré par l'armée malienne. Nous y avons aussi et surtout perdu beaucoup de notre dignité et de notre honneur ;



4 – Nous réaffirmons ici que la voie du dialogue est la voie la meilleure ; un dialogue où le Mouvement National de Libération de l'AZAWAD (MNLA) est le seul porte-parole que nous mandatons, à charge pour lui de choisir le ou les médiateurs les mieux indiqués pour la restauration de la paix ; un dialogue qui respecte, encore une fois de plus, l'intégrité territoriale du Mali ; un dialogue qui ne soit pas porteur de supercherie comme par le passé ; un dialogue qui n'oublie pas qu'en 1964 (fin de la première rébellion), en 1991 (Accords de Tamanghasset), en 1992 (Pacte National) et en 2006 (Accord d'Alger), l'intégrité territoriale du Mali a été préservée sans que cela mette fin aux rébellions ;



5 – Nous demandons que, dans cette intégrité territoriale du Mali, l'entité AZAWAD soit reconnue, avec toutes ses particularités, avec, en conséquences, un pouvoir local adapté aux réalités de l'AZAWAD ;



6 – Nous lançons un appel pressant à la France et à la Communauté Internationale pour nous préserver du terrorisme international à qui le Gouvernement du Mali a sciemment permis de s'installer et de se développer sur le territoire de l'AZAWAD, croyant par cette faute grave prévenir toute velléité de rébellion dans la zone. Voilà qu'aujourd'hui le fléau se retourne contre le « tuteur » Malien. Quant à nous, Chefs de Tribus de la Région de Kidal, nous nous engageons à apporter notre modeste contribution à l'éradication de ce fléau qui a d'abord pesé lourdement et amèrement sur toutes nos populations avant de balayer tous les sentiments de sympathie qui le liaient aux autorités maliennes ;



7 - Nous lançons un appel pressant à la France et à la Communauté Internationale afin qu'elles prennent rapidement leurs responsabilités face au drame qui vivent actuellement les populations de l'AZAWAD tout entier, drame que nous résumons ainsi :



- Populations déplacées à l'extérieur comme à l'intérieur de l'Azawad et souffrant de toutes les calamités. Leur retour chez elles, correctement appuyé, effectivement sécurisé et dignement organisé, est une nécessité, un devoir sacré et urgent pour la Communauté Internationale.
- Approvisionnement en eau potable de toutes les localités de l'AZAWAD, notamment dans les villes de TOMBOUCTOU, de GAO, de MENAKA et de KIDAL où les terroristes ont sauvagement tout détruit ;
- L'approvisionnement en eau potable pour le cheptel en zone pastorale ;
Approvisionnement en électricité de toutes ces localités ;
- Remise en état de bon fonctionnement de toutes les infrastructures socio-sanitaires de l'AZAWAD, notamment les Hôpitaux Régionaux de TOMBOUCTOU, de GAO et MENAKA, ainsi que la construction d'un Hôpital Régional à Kidal, construction combien de fois réclamée par les populations de la Région et toujours refusée par le Département de la Santé du Mali ;
- La réouverture et le fonctionnement des établissements scolaires ;
- Le rétablissement rapide des réseaux de communication téléphonique partout ils ont été détruits ;
- Le rétablissement rapide du réseau internet notamment à KIDAL, GAO, MENAKA et TOMBOUCTOU ;
- La libération de l'évolution des Organisations Humanitaires dans tout l'AZAWAD ainsi que la libération des circuits d'approvisionnement en denrées essentielles ;



8 – Nous demandons que les opérations d'urgence ainsi énumérées et qui ne sont qu'une partie de l'essentiel soient coordonnées dans chaque Région par un Fonctionnaire choisi de commun accord par les Régions et les autorités maliennes. Nous souhaitons que ces Coordinateurs soient encadrés par des experts provenant de l'Algérie, du Burkina Fao, de la France, la Mauritanie, et de la Suisse. Nous ne pouvons plus supporter cette situation bien connue où le Nord est pernicieusement utilisé pour développer le Mali du Sud.



9 – Dans toute la limite de nos possibilités, nous nous engageons à assurer la sécurité des agents mobilisés pour la réalisation de ces actions d'urgence.



Fait à Kidal le 10 février 2013



Pour le Collectif des Chefs de Tribus



Intallah AG ATTAHER Baba OULD SIDI ELMOGHTAR

Source Toumast press
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John Sheahan "IRISH MEDLEY" (The Dubliners)

Mali : Il faut poursuivre les soldats responsables d’exactions Les partenaires internationaux devraient répondre aux besoins urgents en matière de protection dans le nord du pays




Pour de plus amples renseignements, merci de contacter
À Washington, Corinne Dufka (anglais, français) : + 1-202-612-4348 ; ou + 1-301-852-9972 
(portable) ; ou dufkac@hrw.org
À New York, Philippe Bolopion (anglais, français) : + 1-212-216-1276 ; ou + 1-917-734-3201 
(portable) ; ou bolopion@hrw.org
À Paris, Jean-Marie Fardeau (français, anglais, portugais) : + 33-6-45-85-24-87 (portable) ; ou 
fardeaj@hrw.org
  • Pour publication immédiate
    Mali : Il faut poursuivre les soldats responsables d’exactions
    Les partenaires internationaux devraient répondre aux besoins urgents en matière de
    protection dans le nord du pays

    (Nairobi, le 21 février 2013) – Le gouvernement malien devrait mener des enquêtes et 
    poursuivre, et ce, de manière urgente, les soldats qui se sont livrés à des actes de torture, des 
    exécutions sommaires et des disparitions forcées de rebelles islamistes présumés ainsi que de 
    prétendus collaborateurs depuis la reprise des combats dans le nord du Mali en janvier 2013, a 
    déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Les partenaires internationaux du Mali devraient 
    soutenir les efforts déployés en matière d’obligation de rendre compte et de protection civile
    dans le Nord afin de contribuer à empêcher la perpétration de nouvelles exactions.
    Les enquêtes menées par Human Rights Watch depuis le début de l’offensive française en 
    janvier qui a aidé le peuple malien à reprendre une grande partie du nord du pays ont établi que 
    les soldats du gouvernement semblaient viser des membres appartenant aux groupes ethniques 
    peuls, touaregs et arabes dans les régions de Tombouctou, Douentza, Gao, Sévaré, Boni et 
    Konna. Les soldats ont accusé des membres de ces communautés de soutenir les groupes 
    islamistes armés qui avaient précédemment occupé ces territoires.
    « Le gouvernement malien doit agir maintenant afin de mettre un terme aux violations commises 
    par ses soldats, et punir comme il se doit les personnes responsables de ces actes », a déclaré 
    Corinne Dufka, chercheuse senior sur l’Afrique de l’Ouest à Human Rights Watch. « Rétablir la 
    sécurité dans le Nord signifie assurer la protection de tout un chacun, indépendamment de son 
    appartenance ethnique ».
    Des témoins de récentes exactions interrogés au Mali et par téléphone ont déclaré à Human
    Rights Watch que des soldats du gouvernement avaient torturé deux hommes, en avaient 
    sommairement exécuté deux autres et avaient soumis à des disparitions forcées au moins six 
    autres. Human Rights Watch a précédemment documenté l’exécution sommaire d’au moins 
    treize hommes et la disparition forcée de cinq autres perpétrées par des soldats du gouvernement 
    originaires de Sévaré à Konna en janvier 2013.
    Exécutions extrajudiciaires, disparitions forcées et actes de torture perpétrés par des 
    soldats maliens
    Plusieurs témoins originaires d’un petit village situé au sud de Boni (à 93 kilomètres de 
    Douentza) ont déclaré à Human Rights Watch qu’en date du 9 février, aux environs de 11 heures 
    le matin, des soldats maliens qui patrouillaient dans la région ont arrêté deux jeunes hommes 
    issus de l’ethnie peule accusés d’être des combattants du MUJAO, un groupe islamiste armé. Les 
    témoins ont ajouté que les soldats avaient eu l’air de rechercher ces deux hommes, âgés d’une
    vingtaine d’années environ, en particulier.Les soldats ont fait monter ces hommes de force dans un véhicule militaire et les ont emmenés à 
    la sortie du village, à un endroit où ils demeuraient visibles pour les villageois. Quelques minutes 
    plus tard, les villageois ont entendu plusieurs coups de feu. Deux témoins sont allés vers la 
    tranchée creusée devant l’emplacement où le véhicule militaire était garé. Ils ont dit qu’il y 
    régnait une odeur de corps en décomposition. On est sans nouvelles de ces deux hommes depuis
    lors.
    Dans le quartier d’Abaradjou situé en périphérie de Tombouctou, des soldats maliens ont 
    procédé à l’arrestation de quatre hommes arabes et d’un autre, Songhaï. Aucun d’eux n’est 
    réapparu depuis, faisant craindre à leurs proches et voisins interrogés par Human Rights Watch
    qu’ils n’aient été victimes de disparitions forcées. Des responsables militaires et de la 
    gendarmerie ont affirmé à Human Rights Watch le 18 février qu’ils n’avaient pas procédé à 
    l’arrestation de ces cinq hommes. Le droit international définit une disparition forcée comme
    l’arrestation ou la détention d’un individu par des fonctionnaires du gouvernement ou leurs 
    agents, suivie du déni de la reconnaissance de la privation de liberté ou de la dissimulation du 
    sort réservé à la personne disparue.
    L’un des membres des familles de disparus a déclaré à Human Rights Watch : « Les soldats ont 
    enfoncé la porte et tout cassé dans la maison à coups de pied, notamment. Ils ont provoqué
    beaucoup de dégâts. L’un d’entre eux a attrapé un membre de ma famille par le bras et l’a 
    emmené avec lui... C’est un commerçant... Tout le monde sait qu’il n’a rien à voir avec les 
    djihadistes. Si c’était le cas, vous ne croyez pas qu’il aurait fui il y a longtemps ? »
    Une femme qui habite à proximité a déclaré que l’homme songhaï, voisin lui aussi, avait essayé 
    de prendre la défense de l’un des Arabes arrêtés, et qu’il avait également été jeté à l’arrière du 
    pick-up des militaires : « En voyant l’arrestation [de l’Arabe], il a dit : ‘Non, laissez-le, il n’a 
    rien à voir avec tout ça.’ Mais au lieu de l’écouter, les soldats l’ont jeté à l’arrière du 
    véhicule ».
    Un autre membre de la famille a déclaré : « Ce que nous demandons, c’est juste un signe pour 
    savoir qu’il est en vie... Un coup de téléphone, que je puisse entendre sa voix ».
    Les hommes présumés « disparus » sont Ali Ould Mohamed Kobad, 65 ans, Danna Ould 
    Dahama, 38 ans, Mohamaed Ould Dahama, 40 ans, Maouloud Fassoukoye, 40 ans et Mohamed 
    Oud Sidi Ali, 68 ans.
    Des membres de la famille d’un Peul âgé de 50 ans arrêté le 22 janvier par des soldats à 
    Douentza ont fait part de leurs futiles efforts pour tenter de le retrouver. « À chaque fois que nous 
    nous rendons chez les militaires à Douentza, ils nous disent qu’il n’est pas là, que nous devrions 
    le chercher à Sévaré. Lorsque nous allons à Sévaré, ils disent qu’ils n’ont jamais entendu parler 
    de lui. Nous ignorons s’il est mort ou vif, tout ce que nous savons, c’est qu’il a été emmené par 
    les soldats ».
    Les habitants d’autres villes ont décrit deux cas de torture. Début février, peu de temps après que 
    des rebelles islamistes ont attaqué un avant-poste militaire des environs, des soldats auraient 
    arrêté un Touareg âgé de 43 ans à un poste de contrôle. Ils l’ont emmené dans un bâtiment à proximité du poste de contrôle où il a été passé à tabac, où il a été brûlé à la cigarette au ventre et 
    sur les parties génitales et à moitié étranglé avant d’être forcé à inhaler une substance toxique qui 
    lui a brûlé l’œsophage.
    Un homme, d’appartenance peule, retenu par des militaires à Douentza pendant une semaine 
    début février, aurait été brûlé à la bougie et à la cigarette et roué de coups. Voici ce que son 
    épouse a déclaré à Human Rights Watch : « Pendant une semaine, nous ignorions où il était. 
    Quand il est revenu, il m’a dit qu’il avait été retenu par les soldats à Douentza... lorsqu’il a 
    enlevé sa chemise, j’ai vu que son dos était couvert d’horribles brûlures et de blessures ». L’un 
    de ses amis a ajouté : « Il a raconté qu’il était prisonnier dans une pièce avec de nombreux 
    autres, et qu’on venait les chercher un par un, à tour de rôle, pour être interrogé jusqu’à ce que 
    les soldats obtiennent les renseignements qu’ils voulaient. Il était vraiment mal en point ».
    Depuis, la victime a fui au Burkina Faso.
    Cinq autres hommes, dont la détention par des soldats à Sévaré, Konna et dans la région de 
    Konna a précédemment été documentée par Human Rights Watch, demeurent introuvables.
    « L’ensemble des responsables doit agir conformément aux législations relatives aux droits 
    humains si l’on veut rétablir la sécurité, la loi et l’ordre dans les régions reprises récemment par 
    le gouvernement », a déclaré Corinne Dufka. « Cela signifie le droit à une procédure régulière 
    pour quiconque est maintenu en détention, et l’assurance d’être traité avec humanité. Les 
    commandants qui échouent dans l’arrêt des exactions commises par leurs troupes pourront euxmêmes être poursuivis ».
    Exode des populations touarègues et arabes
    La reprise des hostilités dans le Nord en janvier s’est accompagnée de l’exode d’environ 22 000
    civils maliens, pour la grande majorité d’entre eux des ethnies touarègues et arabes, suspectés 
    d’avoir fui la région par peur des représailles par l’armée, et, dans une moindre mesure, par les 
    civils. Des civils habitant plusieurs localités ont déclaré que villes et villages étaient désormais 
    « pratiquement vides » de Touaregs et d’Arabes.
    Les civils touaregs et arabes qui sont restés au Mali ont affirmé à Human Rights Watch être 
    terrifiés à l’idée d’être arrêtés et brutalisés au motif d’être soupçonnés d’avoir soutenu les 
    groupes islamistes armés. Une femme touarègue de Tombouctou a dit à Human Rights Watch :
    « Je vais au travail, je rentre chez moi, mais sinon, je ne vais nulle part. J’ai trop peur de sortir. 
    J’ai l’impression d’être prisonnière dans mon propre pays ». Une autre a déclaré : « J’ai peur 
    pour ma famille. Lorsque je suis dans la rue, j’entends certaines personnes dire qu’elles veulent 
    débarrasser Tombouctou de notre présence... nous ne sommes plus qu’une poignée... mais pour 
    combien de temps encore ? Nul ne peut le dire ».
    Plusieurs autres civils arabes ont fait part à Human Rights Watch de leur désir de partir, mais de
    leur crainte d’être arrêtés et détenus aux postes de contrôle en cours de route. Un homme arabe a 
    affirmé avoir « trop peur de rester, mais trop peur de partir ». Un autre dont le père a 
    visiblement été victime d’une disparition forcée par l’armée malienne a dit qu’il voulait procéder 
    à l’évacuation de tous les membres restants de sa famille, mais « je ne sais pas comment m’y 
    prendre... j’ai peur de les déplacer ».Lacunes en matière de protection civile 
    L’offensive militaire pour reconquérir le Nord s’est déroulée sur fond de tensions ethniques 
    exacerbées, a déclaré Human Rights Watch. Les institutions de l’État susceptibles d’atténuer, de 
    répondre et, en, dernier ressort, d’empêcher les violences – autrement dit la police, les gendarmes 
    et le pouvoir judiciaire – se sont retirés début 2012 lorsque le Nord est tombé dans l’escarcelle 
    des groupes islamistes armés. Ce n’est que récemment que les fonctionnaires maliens ont 
    commencé à revenir. Des plans élaborés par les agences des Nations Unies, l’Union européenne
    et l’Union africaine afin de doter les militaires d’une formation en matière de droits humains et 
    de déployer des observateurs et, éventuellement, des forces de maintien de la paix des droits 
    humains pourraient – à terme – améliorer la protection civile. Ils ne répondent cependant pas aux 
    besoins pressants laissés par le vide sécuritaire et les impératifs en matière de protection.
    La campagne d’information du public lancée par le gouvernement, les chefs de file religieux et 
    les groupes communautaires constitue une mesure d’importance pour répondre aux tensions 
    ethniques, a estimé Human Rights Watch. Le gouvernement devrait étendre la portée de ce 
    programme fondamental, notamment le « Recotrad du Nord », le Réseau des Communicateurs 
    Traditionnels du Nord. Afin de remédier aux exactions commises par les militaires et de combler 
    les besoins urgents en matière de protection de la population civile sur fond de vide sécuritaire 
    actuel, Human Rights Watch recommande l’adoption des mesures suivantes :
    Recommandations
    À l’attention du gouvernement malien :
    Garantir le traitement humain de quiconque est maintenu en détention dans le cadre 
    d’opérations militaires, faire en sorte qu’il ou elle soit rapidement traduit devant une 
    instance judiciaire afin d’assurer la légalité de la détention et lui permettre de contacter sa 
    famille ;
    Mener des enquêtes et poursuivre, dans le cadre du respect des normes internationales 
    d’équité des procès, les membres des forces de sécurité impliqués dans des affaires 
    récentes de graves violations des droits humains, et ce, indépendamment de leur fonction 
    ou de leur rang, y compris les responsables ayant fait preuve de leur incapacité à 
    empêcher les exactions perpétrées ou à en punir leurs auteurs, en vertu du principe de la 
    responsabilité du commandement ;
    Accélérer le redéploiement des fonctionnaires de police, de gendarmerie et du ministère 
    de la Justice dans les villes et villages du nord du pays ;
    Mettre en place une permanence téléphonique 24 heures sur 24 assurée par les autorités 
    maliennes compétentes et du personnel de la mission de soutien international au Mali 
    (AFISMA) à destination des victimes et des témoins d’exactions, y compris celles 
    commises par les membres des forces de sécurité ;
    Garantir la rapidité et la qualité des communications entre le personnel dédié à la 
    permanence téléphonique, les autorités maliennes mandatées pour assurer la protection 
    des civils et les collaborateurs de l’AFISMA ;
    Enjoindre la Commission nationale malienne des droits humains de surveiller et de
    signaler tout discours haineux qui exhorte les violences ethniques. Par exemple, un article 
    publié le 4 février 2013 dans L’Express de Bamako (« La liste des membres du MNLA :Des traitres à abattre pour la République ») incluait des propos que l’on pourrait qualifier 
    d’incitation à la violence.
    À l’attention des Nations Unies, de l’Union africaine et de la Communauté économique des 
    États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) :
    Exhorter le gouvernement malien à mener rapidement des enquêtes efficaces et crédibles 
    sur les allégations d’homicides, les disparitions forcées et autres violations des droits 
    humains perpétrées par les forces armées maliennes ;
    Déployer de manière urgente et dans tout le pays des observateurs internationaux des 
    droits humains issus des Nations Unies, de l’Union africaine et de la CEDEAO aux fins 
    de documenter les exactions commises actuellement ou dans le passé et de visiter les 
    lieux de détention.
    À l’attention du gouvernement français, de la mission de soutien international au Mali 
    (AFISMA) et de l’Union européenne :
    Renforcer la présence des troupes françaises et de l’AFISMA aux côtés des patrouilles 
    menées par l’armée malienne afin de dissuader la perpétration d’exactions commises à
    l’encontre des civils ;
    Procéder au redéploiement des troupes françaises et de l’AFISMA de telles sortes que les 
    civils ne soient pas exposés inutilement au risque d’exactions ;
    Intégrer à la mission de formation de l’UE au Mali (EUTM Mali), dont le mandat est de 
    former et de conseiller les militaires maliens, une composante significative en termes de 
    mentorat qui placerait les instructeurs sur le terrain aux côtés des forces maliennes.
    Pour consulter d’autres communiqués et rapports de Human Rights Watch sur le Mali, 
    veuillez suivre ce lien :
    http://www.hrw.org/fr/africa/mali
    Pour de plus amples renseignements, merci de contacter
    À Washington, Corinne Dufka (anglais, français) : + 1-202-612-4348 ; ou + 1-301-852-9972
    (portable) ; ou dufkac@hrw.org
    À New York, Philippe Bolopion (anglais, français) : + 1-212-216-1276 ; ou + 1-917-734-3201 
    (portable) ; ou bolopion@hrw.org
    À Paris, Jean-Marie Fardeau (français, anglais, portugais) : + 33-6-45-85-24-87 (portable) ; ou 
    fardeaj@hrw.org

Dans les mâchoires du chacal, mes amis touaregs en guerre au Nord-Mali de Gael Baryin


Prix : 4 €Format : 105x160mmPages : 96 pagesISBN : 978-2-916952-88-8Date de parution : 7 mars 2013

Dans les mâchoires du chacal, mes amis touaregs en guerre au Nord-Mali





Les Touaregs kidaliens se battent depuis plus de 60 ans pour s’affranchir d’une double tutelle : celle de l’Algérie au Nord – et, depuis les années 1990, du djihad islamique, qu’elle refoule de l’autre côté de sa frontière –, celle du pouvoir politique et militaire, au Sud, le plus souvent indifférent, mais parfois franchement hostile.
Ce texte a été écrit dans l’urgence, par un homme qui connaît par cœur cette région ignorée du reste du monde il y a encore un mois, et qui voit aujourd’hui arriver sur son sol une coalition armée dirigée par la France. Avec toute la puissance d’évocation que confère l’amitié, il en dresse ici un portrait sensible et lucide.
Le passager clandestin a jugé indispensable de publier ce témoignage exceptionnel et extrêmement précieux, qui nous montre que « le discours politique et médiatique n’a pas pour vocation de nous expliquer pourquoi et comment on en est arrivé là, mais plutôt d’offrir une vérité simple, facilement compréhensible par tous, qui permette de mener cette guerre avec le soutien de l’opinion, quitte à tordre le cou à la réalité à la fois historique, sociologique et géopolitique du Nord-Mali ».

http://www.lepassagerclandestin.fr/fr/catalogue/hors-collection/dans-les-machoires-du-chacal-mes-amis-touaregs-en-guerre-au-nord-mali.html