mercredi 11 janvier 2012


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Moussa Ag Assarid
En 1991, j'étais à Bourem en 8ème année du second cycle lorsque l'actuel ministre de l'agriculture, Aghatam Ag Alhassane, qui me logeait a rejoint la rébellion. J'ai descendu mon sac de sa voiture en lui disant que je ne souhaitais pas quitter l'école à laquelle je croyais profondément et de surcroit je n'étais vraiment pas prêt. J'avais brandit mon stylo comme étant mon arme de combat. Depuis, j'ai poursuivit mes études jusqu'à les terminer en France et me suis engagé à fonder des écoles pour permettre aux enfants nomades de pouvoir éclairer leur avenir et construire leur destin. Et avec mon stylo,j'ai écrit 3 livres et me suis également promis, en pionner de toujours que je suis resté, de ne jamais abandonner mon pays natal.
Cependant, l'analyse en toute objectivité, que je fais aujourd'hui du Mali est dramatique et teintée d'une injustice innommable. Les points suivant sont entre autres la justification de ma révolte :
1. La non prise en compte de la scolarisation des enfants nomades par les programmes éducatifs du Mali depuis 1960
Il s'agit en réalité d'une belle façon discriminatoire. Pour cause ?
Comme dit justement Victor Hugo : « tout enfant qu'on instruit est un homme qu'on libère »
A la date d'aujourd'hui il n'existe pas dans les trois régions du Nord-Mali un seul exemple d'école publique qui adapte son système de fonctionnement à la réalité des enfants de parents nomades en construisant des internats avec cantines, eau potable accessible et système sanitaire. Aller à l'école pour ces enfants exclus du système éducatif classique malien dont les parents sont nomades est un véritable casse-tête pour ces parents et leurs enfants.
Tout se passe dans une sorte de généralisation comme si le Mali est un peuple monocolore, uniforme et sédentaire. Et à la méthodologie convergente de venir ternir les maigres espoirs du peu d'enfants qui, avec tous les efforts possibles, s'aventurent sur le chemin des écoles qui leurs sont difficilement accessibles. Cette méthode les oblige à être scolariser dans une autre langue que la leur pendant plusieurs années alors que les enfants tamasheqs par exemple ont une langue parlée et écrite de surcroit (Tifinagh). Cette discrimination est aussi vécue par les arabes, certains peulhs et les bosos (semi-sédentaires).
La véritable question pour laquelle il faut une véritable réponse est : au nom de quoi on veut exterminer culturellement tout un peuple en piétinant sa langue et en le privant de l'instruction ?
Dès lors les maux issus des reformes éducatives à l'endroit des nomades s'appellent : absence de volonté politique réelle et spécifique pour rendre l'école accessible aux enfants nomades et ignorance profonde de tout un peuple.
2. La corruption omniprésente au Mali
La corruption au Mali aujourd'hui atteint un niveau des plus élevé et cela n'est un secret pour personne. Elle n'a jamais été aussi importante que sous les deux mandats du régime Amadou Toumani Touré. Et le plus inquiétant aujourd'hui c'est sa propagation rapide - telle une épidémie de méningite – à toutes les instances du pouvoir et à tous les secteurs de la vie économique du pays (secteur public et secteur privé).
Ainsi la nouvelle donne par la force de la corruption fait que : les diplômes s'achètent, l'emploi et les postes de responsabilités, les mutations, les galons se vendent aux plus offrants. C'est la peste de Jean de la Fontaine dont tous les animaux sont malades.
Question : Dans un tel système chaotique, quelle place fait-on à l'excellence et aux mérites d'un honnête citoyen qui se bat pour un Mali digne et prospère ? Rien. Aucun effort n'est fait pour le soutenir ou l'encourager. Au contraire, le pouvoir public à tous les niveaux lui crée des problèmes de tout ordre et tout le monde lui complique la vie pour le décourager voir tout simplement l'anéantir en le neutralisant.
Les exemples ne manquent pas et je défie quiconque à me contredire. Combien de jeunes diplômées sans emploi errent aujourd'hui au Nord comme au Sud du Mali sans aucune politique publique pour les prendre en charge ou simplement les conseiller en les accompagnant vers l'obtention d'un emploi qui leur permette de subvenir dignement à leurs besoins? Dès lors ils deviennent des cibles fragiles et faciles. Ils constituent aujourd'hui un terreau fertile d'AQMI et autres narcotrafiquants.
3. La militarisation générale de l'administration malienne
Aujourd'hui au lieu de trouver les militaires dans leurs casernes et voués à leur mission république qui est la protection des citoyens, ils sont omniprésents dans toute l'administration en occupant quasiment tous les postes surtout dans le Nord du pays. En ce qui concerne les régions de Tombouctou, Gao et Kidal, le constat est sans appel : d'abord tous les gouverneurs et tous les occupants des postes à responsabilité sont des militaires à quelques exceptions près. Et la construction de façon prioritaire de camps militaires en lieu et place d'écoles, de puits et de dispensaires est une preuve affichée d'une volonté au sommet de l'Etat de militariser davantage le Nord-Mali.
4. La mauvaise gestion de l'école malienne
L'école malienne, depuis l'avènement de la démocratie, a été abandonnée et bradé par les différents gouvernements qui se sont succédés. Certains enseignants sont recrutés de façon hâtive, sans formation requise adéquate et ils ne sont jamais passés par les instituts de formation de maîtres. Ceux qui ont les moyens inscrivent leurs enfants dans les écoles privés qui pullulent comme des vermines au détriment de l'école publique dont la qualité est sérieusement sabrée. Les ministres et les hauts cadres de l'Etat envoient leurs enfants dans les universités étrangères comme aux Etats Unies d'Amérique, au Canada, en France entre autres. J'ai eu à croiser certains en France comme à Montpellier où j'ai fait mes études.
5. Le non respect par le Mali des accords qu'il a signé comme le Pacte national
Les contenus de ces accords sont sans ambiguïté: le développement socioéconomique des régions nord du Mali longtemps délaissées voir exclues des stratégies de développement du Mali, intégration dans tous les secteurs étatiques des anciens rebelles. Mais malheureusement, près de 20 ans après le Pacte national, le bilan de son application a pris une allure d'une arnaque nationale et internationale sans pareil. Sur tous les points d'accords, un seul connait un semblant d'application : l'intégration des anciens rebelles.
Les régions du Nord n'ont pas connues d'évolution notoire en terme de développement et la décentration est une farce sans nom. Par exemple les communes qui ont été créé à la fin des années 90 n'ont quasiment pas de moyen de subvenir à leurs besoins de base. Et aujourd'hui avec la nouvelle reforme territoriale hâtive et non concerté, imposée par le Président Amadou Toumani Touré pour faire plaisir à certains de ses proches, nous assistons à une situation dramatique que je peux qualifier d'expropriation des terres des populations locales. Les autochtones sont ignorés et leurs droits sont bafoués. La création pour des raisons douteuses et non avouées de certaines régions sans aucune consultation préalable des populations est une preuve indéniable d'une mauvaise volonté de l'Etat malien.
6. La politique de division des communautés pour faire semblant de résoudre le problème du nord du Mali
Curieusement certains cadres (tamasheq, arabes, sonrais et peulhs) issus du Nord-Mali se sont laissés prendre par l'appât du gain. Est-ce vraiment de la facilité que de vendre ses frères? Et c'est exactement ce qu'ont fait certains émissaires commis du chef de l'Etat malien valises de billets de banque à la main. L'astuce est d'une simplicité à faire rire un bébé: au sein de chaque communauté sonraï, peulh, tamasheq et arabe, le chef de l'Etat, Amadou Toumani Touré a délégué un ou plusieurs émissaires avec pour mission de corrompre les chefs de fractions, les chefs rebelles ou toute personnalité notable ou influente. C'est la méthode cousue d'hypocrisie que pratique aujourd'hui le pouvoir actuel malien et c'est ce que l'on appelle : diviser pour mieux régner.
7. Le laxisme inqualifiable de l'Etat malien dans la lutte contre le terrorisme
Depuis de nombreuses années, une nébuleuse terroriste, l'AQMI, a trouvé refuge dans le nord du Mali avec la complicité des plus hautes autorités du pays. Les informations issues des services renseignements des Etats limitrophes comme l'Algérie, le Niger et la Mauritanie et ceux des pays occidentaux accusent le Mali, des preuves à l'appui d'Etat laxiste et de maillon faible dans la lutte contre le terrorisme.
On parle des otages occidentaux mais jamais de la population locale qui est elle aussi prise en otage car désormais coupée du monde. Il n'y a plus de tourisme qui constitue un revenu direct des populations, plus d'ONG, plus de projets de développement et il y a de moins en moins de représentants de l'Etat. Mêmes les journalistes et les documentaristes ne peuvent plus témoigner de la situation chaotique que vivent les pauvres populations.
Il y a là un bon prétexte pour le gouvernement central de Bamako de détourner les projets de développement acquis ou en cours de l'être destinés aux populations du Nord-Mali.
8. Une imposition par le chef de l'Etat malien d'un referendum constitutionnel budgétivore
Couplé au premier tour des élections présidentielles prévues le 29 avril prochain, le referendum imposé par le président Amadou Toumani Touré donnera des super pouvoirs au président même après son mandat et créera des institutions de l'Etat budgétivores. C'est un projet méconnu par le commun des maliens et une majorité d'intellectuels et syndicats qui en ont pris connaissance le rejettent des preuves à l'appui. La future constitution prévoit que tous les anciens présidents seront de droit membre de la cours constitutionnelle.
Nous sommes dans une période historique de notre existence. En 1990 un vent de démocratie avait balayé le monde et certaines dictatures sont tombées mais d'autres ont résisté. Un nouveau vent vient de souffler par la force des peuples épris de justice et de liberté. Le printemps révolutionnaire maghrébin est encore tout proche de nous et la jeunesse en est pour une bonne partie actrice du changement. C'est à notre tour, frères et sœurs du Nord-Mali, Sonraïs, Arabes, Peulhs et Kel Tamasheqs, de libérer notre peuple azawadien de l'emprise de l'ignorance et du pouvoir central de Bamako.
Qu'il soit claire pour tous les nordistes quelques soit leur ethnie : il n'y a pas de demi paix ni de demi guerre. Certains ne peuvent pas vivre en paix pendant que les autres sont en guerre et n'oublions pas que notre Histoire ainsi que notre destin sont liés par le sang, la terre et nos relations avec le reste du monde.
Au lieu de voir le MNLA comme le diable ou une organisation «mystérieuse», retrouvons-nous ensemble et construisons ensemble notre édifice comme en bonne intelligence sans négliger ou contrer aucune partie d'entre nous.

Paris, le 4 janvier 2012
Par Moussa Ag Assarid
Ecrivain et consultant

mardi 10 janvier 2012

Le devoir d'engagement


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Mossa Ag AttaherDepuis le lancement des activités du mouvement révolutionnaire de l'AZAWAD, j'ai été peu bavard hormis des actions menées à travers ma modeste participation aux débats et discussions sur le sujet. Cependant je pense que nul n'a plus besoin de faire une déclaration d'adhésion à l'engagement, il est naturel et spontané, car nous sommes tous concernés, c'est l'avenir de notre peuple qui s'écrit et chacun doit y mettre de sa plume...
Mon engagement est l'aboutissement d'une longue réflexion sur le positionnement de la jeunesse de l'Azawad, donc notre positionnement sur un problème qui nous interpelle chacun et tous.
Avons-nous seulement le choix?
Je pense que non!
Si on prend la composition de la jeunesse de l'Azawad aujourd'hui, elle se définie en deux groupes :
- Un groupe qui a eu la chance d'aller à l'école et qui aujourd'hui, a l'opportunité de s'exprimer ;
- Un groupe qui n'a pas emprunté le même chemin, et qui est restée au terroir.
Je ne fais pas partie de ceux qui pensent que la responsabilité de l'engagement doit incomber plus à l'un qu'à l'autre des deux groupes. Dans l'histoire des différentes tragédies et combats de survie, qu'a traversé notre peuple, les deux composantes se sont toujours mutuellement épaulées pour relever les défis de l'engagement.
Le moment est venu où toutes les forces vives de l'Azawad doivent s'exprimer et devenir actrices de leur destin. Le spectacle ridicule où nous réagissons en toxicomanes en manque qui réclament l'aide de l'Etat malien est révolu. L'heure de l'avènement de la génération à la "dent dure" a sonné pour emprunter la terminologie de l'écrivaine camerounaise Axelle Kabu.
Je veux parler de la génération qui n'a participé ni à l'heure de l'indépendance du Mali, ni aux différents régimes qui l'ont dirigé pendant cinquante ans !
C'est seulement cette tranche du peuple de l'Azawad qui peut s'exprimer sans détour, sans calcul tacticien et sans peur de se faire rattraper par son passé.
A quoi j'invite alors les jeunes de ma génération ?
- Une analyse sans complaisance de la longue marche du peuple de l'Azawad à la recherche de l'acquisition de ses droits à la liberté, à la justice et au respect, principes même du fondement de toutes les sociétés humaines ;
- Une fois cette analyse faite, quelle contribution chacun de nous peut-il apporter à l'acquisition et la consolidation de ces droits ?
La première démarche de notre engagement consiste à oser pouvoir dire non tout simplement. Dire non aux systèmes, à tous les systèmes qui font de l'asservissement de l'humain face à un autre humain une valeur de société.
La Jeunesse de l'Azawad est invitée à briser les chaînes qui entravent son action. Elle est appelée à "résister, lutter, vaincre, agir et développer une vision, proposer un destin digne de l'immensité territoriale, et du génie inventif de l'Azawad et à la vitesse de sa situation catastrophique". Cette vision c'est l'accession au «libre choix», un grandiose projet d'intelligence politique, d'analyse économique appropriée, de promotion culturelle audacieuse, de détermination patriotique pour le bonheur de toutes les communautés qui vivent sur le territoire de l'Azawad.
Compte tenu du fait que le manque d'organisation et compréhension du problème fragilise dangereusement l'efficacité de toute action , il y a lieu, dans ce monde de plus en plus organisé, de se mettre en réseaux et de préparer la jeunesse à la grande marche finale....
La génération à la "dent dure" doit occuper une place de choix dans l'orientation et l'action de la révolution, donc de l'engagement.
Pour se faire, elle doit s'y préparer et s'y préparer dans les grandes largeurs. Ne chercher à plaire à personne, ni faire mal à personne, mais rester clair et net avec soi-même quant au devoir de participation à une cause qui dépasse les clivages tribaux, d'intérêt précaires et égoïstes, de peur.
A ceux qui savent écrire, je dis, enfoncez la plume dans la plaie! A ceux qui ne le savent pas, enfoncez l'engagement dans la plaie....
La peur! Mal dont nous devons nous défaire à tous les niveaux. La peur de ne pas plaire, la peur de perdre ces éphémères privilèges que l'Etat Malien n'arrête de miroiter tel un mirage à la population Azawadis ou tel un antalgique octroyé à un malade en stade final ; il ne guérit pas, calme la douleur en attendant l'arrivée de la mort.
Ne nous y trompons pas : les petites solutions, tels les intégrations calculées à la fonction publique malienne, les promesses de promotions en grade pour nos officiers, les systèmes de quotas dans le recrutement au sein des corps militaires du Mali, le tout basé sur des principes de corruption, d'inégalité et d'injustice ne sauraient remplacer la spoliation du terroir, les discriminations et atrocités de tout genre vécues par notre peuple depuis plus de 50 ans!
L'époque des solutions circonstancielles est à son déclin et comme l'a dit Mao Tsé-toung : "Aux grands maux, les grands moyens".
Le temps est venu pour se défaire de tout complexe et s'engager. L'engagement dont je parle ne doit pas être compris seulement sous l'angle d'une révolution armée mais une révolution dans toute son expression. La révolution est une action noble, respectable et respectueuse de toutes les valeurs cardinales des sociétés éprises de justices sociale et d'équité.
L'adhésion au M.N.L.A (Mouvement National de Libération de l'Azawad) doit désormais se faire à visage découvert comme l'ont fait si bravement Hama Ag Mahmoud et Moussa Ag Assarid. Et si l'Etat Malien a un minimum de respect pour la mémoire des martyrs aussi bien celles du 26 mars que celles de l'Azawad, il doit immédiatement arrêter d'exercer toute interdiction, censure et contrôle sur un mouvement qui est l'émanation volontaire et populaire de plusieurs milliers de personnes!
Tous les martyrs sont morts pour la même cause : permettre l'ouverture de toutes les libertés à commencer par les libertés d'expressions!
Si je parle du 26 mars (date de la révolution estudiantine au Mali et qui a fait chuter la dictature de Moussa Traoré) c'est parce que j'y ai largement participé avec des milliers de mes camarades bambara, Sonray, peulhs et autre composantes de la vaillante société civile malienne. J'y ai perdu beaucoup de mes camarades et je ne me suis jamais demandé s'ils sont du Nord ou du Sud, ce sont des martyrs de la liberté et de la démocratie comme le sont les milliers de Kel-tamacheqs et Arabes tombés sous les balles de la dictature et de la barbarie d'un Etat insouciant et irresponsable.
C'est à l'ombre de cette liberté obtenue par le sang de nos martyrs, que se reposent les dirigeants maliens et signent les décrets de la mort de chacun de nous, dans un palais auquel ils sont parvenus en piétinant un à un les corps sans vie de nos martyrs.
Tuer un homme n'est pas seulement lui ôter la vie, mais aussi lui ôter le droit à l'espoir, à la justice et à la liberté.
Le gout de la liberté et de la justice sociale est bon dans la bouche de tous les citoyens. C'est pourquoi je rappelle qu'autant en 1991 l'idéal de la liberté a été partagé par tous les maliens, autant celui de l'aspiration des populations de l'Azawad devrait avoir un écho favorable dans les oreilles de nos compagnons de lutte d'hier particulièrement les anciens animateurs du mouvement démocratique.
Le peuple malien est un peuple intelligent, riche de son histoire et son passé glorieux ne doit pas être laissé entre les mains de ceux qui font de l'oubli des uns, la vengeance des autres... un prétexte pour commettre toutes sortes d'injustices.
Pourquoi autant de clandestinité pour nous exprimer?
Mandela n'a-t-il pas dit: "Etre libre ce n'est pas seulement se libérer de ses chaines, mais c'est vivre en respectant la liberté des autres..."
Si telle est la logique de l'Etat face aux aspirations de ceux qu'il prétend encore gouverner le constat amer suivant est à faire: l'Etat du Mali n'a jamais accepté l'avènement de la démocratie avec tout son corollaire de garanties de libertés!
Du coup tous les discours, de même que les différentes échéances électorales deviendraient de malheureux simulacres ridicules organisés plus pour faire plaisir aux dirigeants européens et occidentaux qu'à faire bénéficier le citoyen des garanties que lui confère la démocratie!
La jeunesse de l'Azawad doit enfin mettre la démocratie malienne à l'épreuve et le meilleur exercice est de savoir enfin jusqu'où l'Etat malien peut continuer de fermer les yeux et les oreilles face à un processus en marche qui a fini de souffler sur les pays arabes et s'apprête inexorablement et de manière sûre à s'installer sur le territoire de l'Azawad.
Aux cadres et jeunes intellectuels de l'Azawad, je dirai de prendre exemple de ce célèbre écrivain Aimé Césaire que j'ai bu au lycée :
"Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche ; ma voix, la liberté de celles qui s'affaissent au cachot du désespoir..."
Oser lutter, c'est oser vaincre, la lutte ne fait que commencer.

Par Mossa Ag Attaher
Sociologue et spécialiste en sociologie de développement ;
Master en Santé publique à l'Université Libre de Bruxelles

Menacé de mort pour son adhésion au MNLA, l'écrivain Moussa Ag Assarid porte plainte en France


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Moussa Ag AssaridL'écrivain et consultant Moussa Ag Assarid officialisait son adhésion au Mouvement National pour la Libération de l'Azawad (MNLA) la semaine passée. Les insultes et menaces ont commencées le jour même de cette annonce. Une campagne de tracts le traitant de «rebelle terroriste» et le menaçant de mort pour son choix politique a commencé à Angers. Exaspéré, Moussa Ag Assarid porta plainte en France ce week-end.
Après avoir essayé sans succès de ramener ceux qui le menaçaient à la raison, l'intellectuel Moussa Ag Assarid ne pouvait que constater la montée en puissance de cette campagne haineuse et non réfléchie dirigée contre lui. Après maintes rappels à l'ordre, il finit par se convaincre qu'il ne pouvait rien faire face à tant de rage. La dernière solution était de déposer une plainte devant la gendarmerie française contre certains auteurs connus de ces campagnes.
Depuis l'annonce de son adhésion par notre agence le Vendredi 30 Décembre dernier, Moussa Ag Assarid a été harcelé en permanence, apostrophé dans la rue par des membres de la communauté malienne à Angers ou encore au téléphone. C'est d'ailleurs au téléphone que M. Ag Assarid reçu l'une des nombreuses menaces de mort. La personne à l'autre bout du fil affirmait «nous connaissons chez toi, rebelle terroriste, nous viendrons te voir pour te faire la peau» entre autres menaces et injures. La preuve de ces menaces de mort n'ont pas été difficile à établir étant donné que M. Ag Assarid est journaliste à la Radio France Internationale (RFI) depuis huit (ans) d'où son reflexe d'enregistrer la conversation téléphonique.
Sur Toumast Press, nous avons dû supprimer un ensemble de commentaire qui insultait et menaçait Moussa Ag Assarid. L'un d'entre eux que nous avons capturé avant de le supprimer est ci-dessous. Nous vous laissons voir et apprécier un exemple de cette rage et cette stupidité.
Pire, une campagne de tracts a même circulé au sein de la communauté malienne d'Angers. Dans un de ces tracts, Moussa Ag Assarid est encore menacé de mort et dans d'autres, tout malien qui l'apercevra à Angers est prié de contacter les autres afin qu'il soit «remis à l'ambassade du Mali en France pour transfert à Bamako pour y être jugé». L'identification de M. Ag Assarid comme un «rebelle terroriste» est descriptif du niveau d'intelligence de ces auteurs. En émettant son choix politique, M. Ag Assarid n'est devenu ni rebelle, ni terroriste. Pour attirer le soutien et la sympathie de certaines composantes en France, les auteurs juge important d'utiliser ces deux mots pour choquer.
Cette campagne haineuse, aveugle, et non réfléchie montre à quel point les libertés d'expression et d'autodétermination sont inexistantes au Mali. L'honorable Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, député de Bourem à l'Assemblée Nationale du Mali nous disait que "la liberté d'expression se limite au consensus chez nous (au Mali, NDLR) ... Je crois que quand on est dans une démocratie, on est à même d'écouter la douleur et les réclamations multiples de son peuple. Sinon c'est que l'on a affaire à une démocratie de façade, ce qui est très grave". Le consensus et la démocratie de façade exercé par le Mali a fini par déteindre sur certains de ses citoyens qui ne sont plus capable d'accepter, dans le respect, une contradiction. Avec cette affaire, nous constatons malheureusement que cette indisposition d'acceptation de la voie contradictoire a été exporté par certains maliens dans le pays pourtant communément appelé celui des droits de l'Homme.
Nous lançons un appel à l'ensemble des maliens à condamner ces sortes d'agissements qui n'auront qu'une seule issue: le chaos. Evitons les manipulations politiques afin de revenir aux bases sociales qui ont caractérisées les nombreuses civilisations au Mali et dans l'Azawad. Ceci devra permettre à chaque partie de s'expliquer pacifiquement et de manière réfléchie. Sans cela, le pays tout entier entretiendra une bombe à retardement dont l'explosion y créera des troubles graves.

Par Intahmadine Ag Atoubelle