«J’étais à plat ventre pendant le combat. J’avais une mitrailleuse. Je me lève un instant et je coïncide avec un tir de RPG de l’un de mes compagnons. J’ai reçu dans la poitrine la partie du missile qui se projette en arrière. C’était à Misrata. Depuis cette blessure je ne suis plus jamais retourné au front. »
Il a été soigné d’abord à Zlita puis à Tripoli. C’est là qu’il a réussi à s’échapper pour aller vers la frontière algérienne. Avec un groupe de Maliens, il est allé d’abord au Mali avant de rentrer au Niger. La mort, il l’a côtoyée dit-il.
« Parmi les Nigériens et les Maliens, il y a eu beaucoup de morts. Dieu seul sait combien sont morts. Certains morts, je les connais, d’autres je ne les connais pas. On n’avait pas le temps de compter les morts de toute façon mais il y a au moins 40 morts par jour sans compter les blessés. »
Quelques jours après son retour à Agadez, il apprenait la mort de quelques autres de ces camarades restés au front en Libye.
La souffrance, seul lot
Un autre touareg qui a combattu dans les forces pro-Kadhafi témoigne aussi : « C”est Aghali Alambo qui nous a fait partir pour combattre en Libye, il nous a promis à chacun trois millions et demi. Il avait promis que cet argent allait être envoyé à nos familles, il n’en était rien. Nos familles n’avaient rien reçu, nous non plus. La souffrance c’est tout ce que nous avons eue. Nous avons combattu trois mois durant sur le front de Benghazi, de Brega et de Misrata».
« On était environ 200 personnes, poursuit-il, à quitter le pays. Arrivés à Tripoli, c’est Aghali Alambo lui-même qui nous a hébergés dans un hôtel au bord de la mer. Il venait nous voir jusqu’à notre transfert dans une compagnie militaire pour une formation sur certaines catégories d’armes avant d’aller au front. »