dimanche 21 août 2011

Kadhafi : le crépuscule d’un despote



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Tout avait commencé quand Mouammar Kadhafi avait déclaré en février pendant le printemps du Jasmin que «la Tunisie n’avait jamais eu un président meilleur que Zine El Abidine Ben Ali». L'autocrate était sûr de son pouvoir. Mais contre toute attente, la révolte couvait en Cyrénaïque. Le « guide » libyen, lui, ne voyait que du feu.

Mi-février, la révolte brasille à Benghazi et les environs. L’armée sort ses blindés et tire sur les manifestants. L’irréparable est commis. La révolution est en marche. Depuis, il y a eu des milliers de morts. Ironie de l’histoire, à quelques jours de la date anniversaire, de sa prise de pouvoir un certain 9 septembre 1969, Mouammar Kadhafi vit ses dernières heures, voire heures à la tête de la Libye. Retour en arrière.
 Tout a commencé dans la nuit le 9 septembre 1969. Le vieux roi Idriss Senoussi est à l’étranger. Profitant de son absence, un groupe d’"officiers libres" prend le pouvoir et crée le Conseil de commandement de la révolution. Le roi ne revient plus jamais en Libye. Parmi les officiers du Conseil de commandement figure un officier Mouammar Kadhafi qui dans la nuit même du coup d’Etat s’autoproclame colonel.
Dès le début, le putschiste de 27 ans déroutait. Admirateur de Gamal Abdenasser, le jeune colonel est nassérien, arabiste, socialiste à l’occasion et islamiste à certains égard. La Libye passe donc de la monarchie senoussienne à un type de république à la Nasser, difficile à définir. Sans plus tarder, il acquière de la France une première livraison de 82 Mirage F1. Le colonel a compris l’adage : qui veut la paix prépare la guerre. Une union est tentée avec l’Egypte, le Soudan, et la Syrie, comme quelques années plus tard avec la Tunisie. Mais aucune n’aboutit.
En mars 1970, les bases britanniques de Tobrouk et d’El Aden sont évacuées, 15000 Italiens sont expulsés, leurs biens confisqués. Les juifs libyens connaissent le même sort. Rien ne semble l’arrêter. En 1973, il nationalise le pétrole libyen. Erratique, Mouammar Kadhafi se voit en leader du monde arabe. Pas pour longtemps. Fantasque, instable dans ses alliances, impulsif, il se détourne de l’espace arabe vers l’Afrique. Il intervient en Ouganda et au Tchad voisin dont il fera son terrain de jeu. Il rompt avec le Fatah palestinien qu’il ne tient pas en estime. En 1977, il proclame la création de la Jamahirya arabe libyenne, une improbable république des masses populaires qui n’avait de république et de populaire que le nom. Personne n’est dupe, froid, impitoyable Kadhafi tient le pays d’une main de fer.
Expansionniste patenté, il revendique au Tchad la bande d’Aouzou, riche en uranium. En 1983, il intervient encore militairement dans ce pays pauvre. L’armée française le stoppe dans son avancée, il signe avec elle un accord. Une année plus tard, il rompt ses relations avec la Grande Bretagne. En représailles à des attentats terroristes (Rome et Vienne, entre autres) qu’avait financés Kadhafi, l’armée américaine lance un raid sur Tripoli et Benghazi en avril 1985. A partir de 1989 et la naissance de l’Union du Maghreb arabe, Mouammar Kadhafi entame un rapprochement avec Alger.
Mais Kadhafi est toujours obsédé par ses démons. Il téléguide deux attentats. Celui de la Pan Am qui a explosé le 21 décembre 1988 à Lockerbie, Ecosse (270 morts). Et le 19 septembre 1989 l’explosion du DC 10 de la compagnie américaine UTA dans le désert du Ténéré, en représailles à l’intervention française au Tchad. Bilan : 170 morts. Deux attentats dont il a largement rétribué les familles de victimes par le truchement de la fondation Kadhafi pour les droits de l’homme, dirigée par son fils Seif El Islam.
Mouammar Kadhafi c’est aussi des liquidations ciblées d’opposants libyens ou ceux de pays "amis". Dès les années 1970, il est derrière les assassinats d’Abdel Khalek Mahjoub, un leader du Parti communiste soudanais et surtout de l’imam Moussa Sadr. Plus tard, il fera disparaître en 1983 au Caire, Mansour Kikhiya, ancien ministre des Affaires étrangères. Deux opposants libyens, Izzat Youssef Al Maqrif et Jaballah Mater, disparaitront aussi au Caire en mars 1990.
Le fringant colonel de 1969 est devenu paranoïaque ; il se garde de ses anciens amis. D’ailleurs rares ceux qui lui sont restés fidèles. Hormis l’inamovible Abdellah Senoussi, chef des renseignements, tous les autres ont quitté le pouvoir. Abdel mounim Al Houni, l’un des rares anciens compagnons l’a abandonné et dénoncé les abus de son compagnon. Certains ont rapidement rejoint la rébellion. Ce sont les enfants Kadhafi qui ont pris le contrôle des plus importantes unités de l'armée. 
Rappels nécessaires des compromissions
Au lendemain de la levée du blocus en 1999, Mouammar Kadhafi a tenté d’opérer une relative normalisation de ses relations avec l’Occident. Mais le l’homme est ingérable, imprévisible. Ses rodomontades sont légendaires et lubies fantasques. Avec Kadhafi, l’esclandre n’est jamais loin. Et l’imposture une seconde nature. Sa visite, en décembre 2007, en France restera dans les annales du quinquennat du président Nicolas Sarkozy qui lui a déroulé le tapis rouge. Les promesses de contrats à 10 milliards de dollars sont devenues d’insignifiants engagements de quelques centaines de millions. Sarkozy avait bien tenté de lui vendre les fameux avions Rafale que fabrique son ami sénateur Serge Dassault, mais le "guide" libyen n’en a pas voulu. Heureusement, autrement ces avions de dernières générations auraient fait des ravages dans les rangs des rebelles du CNT mais aussi de l’Otan.
A ce propos, il est à poser la question, si l’empressement du président français à soutenir la rébellion du CNT et à jouer de son influence pour amener le Conseil de sécurité a voter la résolution 1973 ne constitue pas une revanche contre les déconvenues que lui a fait subir le "guide" libyen.
La France n’est pas la seule à lorgner sur le pétrole libyen. L’Europe entière rêvait de contrats et voulaient lui vendre des armes. En l’espèce le chef de gouvernement italien, Silvio Berlusconi a fait mieux que tout le monde. Avec la bénédiction de l’Union européenne, il a chargé les troupes de Mouammar Kadhafi de jouer les gardes-côtes pour protéger l’Europe des bateaux de migrants africains. A ce propos, des milliers de jeunes Africains ont été emprisonnés dans des camps de rétention en Libye pendant des mois, voire des années. On n’évoquera pas ici les violations des droits de l’homme dont sont victimes ces migrants. Les viols systématiques de femmes, le passage à tabac, étaient connus de l’UE. Mais qu’importe ! Pourvu que « les hordes d’Africains » n’arrivent pas sur ses côtes. Certes il a été dénoncé par les organisations de défense des droits de l’homme, mais il a toujours bénéficié du silence de l’Europe, voire son approbation à certains égards.
Seulement les peuples de la rive Sud de la Méditerranée ont décidé de prendre leur destin en main. En plein hiver de 2011, le "printemps arabe" est passé par là. Il déjà balayé Hosni Moubarak, Zine El Abidine Ben Ali. Deux potentats notoires qui bénéficiaient du soutien de l’Occident. L’heure de Mouammar Kadhafi est arrivée. Le changement est irréversible en Libye.
Sofiane Ayache
Sources : Kadhafi portrait total de René Naba
                 Le Grand Maghreb de Paul Balta  

Libye : Sarkozy exhorte Kadhafi à "renoncer sans délai" au pouvoir


Le Point.fr - Publié le 21/08/2011 à 18:53

Le chef de l'État assure le CNT du plein soutien de la France.

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Nicolas Sarkozy a "exhorté" dimanche le colonel Kadhafi "à éviter à son peuple de nouvelles souffrances inutiles en renonçant sans délai à ce qui lui reste de pouvoir", alors "que l'issue ne fait désormais plus de doute". Dans un communiqué diffusé par l'Elysée, le président français demande au colonel Kadhafi d'"ordonner immédiatement à celles de ses forces qui lui sont encore loyales de cesser le feu, de déposer les armes, de regagner leurs casernements et de se mettre à la disposition des autorités libyennes légitimes".
"Au moment où s'engagent dans la région de Tripoli, à Tripoli même, et ailleurs en Libye des événements décisifs, le président de la République salue le courage des combattants du CNT (Conseil national de transition, ndlr) et du peuple libyen qui se soulève", relève l'Elysée dans son communiqué. Nicolas Sarkozy "les assure à nouveau du plein soutien de la France pour parachever la libération de leur pays de l'oppression et de la dictature", ajoute la présidence française.
De son côté, la Maison Blanche a estimé dimanche que les jours de Mouammar Kadhafi en tant que dirigeant de la Libye étaient "comptés". Une opération des rebelles était en cours dimanche dans la capitale libyenne pour isoler le colonel Kadhafi, selon le CNT, basé à Benghazi (est). Les rebelles ont par ailleurs pris dans l'après-midi le contrôle d'une caserne aux portes de Tripoli, où ils se sont emparés d'armes et de munitions, selon un correspondant de l'AFP sur place.

Libye: des rebelles Toubous se lancent dans la bataille contre Kadhafi

PUBLIÉ LE 19/08/2011 12:14 - MODIFIÉ LE 21/08/2011 À 18:15 | © 2011 AFP


Une libyenne tient un Coran lors d'une manifestation à Benghazi, le 19 août 2011.
Une libyenne tient un Coran lors d'une manifestation à Benghazi, le 19 août 2011.
Une libyenne tient un Coran lors d'une manifestation à Benghazi, le 19 août 2011. Gianluigi Guercia AFP
En prenant le contrôle d'une importante localité du Sud-Ouest libyen, dans le Sahara oriental, les Toubous, une communauté ethnique en Libye, entendent démontrer qu'ils sont partie prenante dans la révolte contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi.
Un groupe de rebelles Toubous, minorité du sud du pays, a attaqué mercredi la ville de Morzuk, dans la région désertique du Fezzan, pièce maîtresse dans le dispositif de Kadhafi et principale ligne logistique reliant Tripoli aux frontières du sud-ouest.
Morzuk était jeudi sous le contrôle de ces rebelles, qui affirment avoir saisi du matériel militaire, tué une douzaine de soldats gouvernementaux et capturé cinq officiers.
Ces informations n'ont pas été confirmées de source indépendante, dans une zone coupée du monde, à plus d'un millier de km de Tripoli, loin des lignes de front sur les côtes de la Méditerranée.
Mais l'action est d'importance, dans une région --le Fezzan-- au carrefour des routes vers le Niger, le Tchad et l'Algérie. Ce noeud de communication vital, organisé autour de la capitale régionale Sebha, est une pièce maîtresse du dispositif de Kadhafi, où sa tribu --les Guedadfa-- joue un rôle politique et économique clé.
Le groupe Toubou se fait appeler "Bataillon du bouclier du désert" et est dirigé par Barka Wardougou, selon l'un de ses représentants à Benghazi (est).
Mi-juin, ses éléments avaient pris brièvement le contrôle d'al-Qatroun, plus au sud qu'ils avaient dû évacuer peu après sous la pression de renforts venus de Sebah.
Présents dans le nord Niger et surtout le Tibesti tchadien, les Toubous sont localisés en Libye principalement autour des oasis d'al-Qatroun au sud-ouest, et de Koufra au sud-est.
Des leaders Toubous séjournent actuellement à Benghazi afin d'obtenir un soutien du Conseil national de transition (CNT), l'organe politique de la rébellion. Les Toubous comptent un représentant au sein du CNT.
Après la Cyrénaïque (est), coeur de la révolte, puis les montagnes berbères de Nefoussa (ouest), des Toubous se lancent donc à leur tour dans la bataille.
"Toutes les régions de Libye avaient bougé jusqu'à présent, sauf le Sud. En prenant Morzuk, nous voulons envoyer un message clair à Kadhafi, montrer à nos compatriotes que nous prenons part à la révolte", explique un responsable du groupe, sous couvert d'anonymat.
Souvent méprisés des tribus arabes, les Toubous ont été instrumentalisés par Kadhafi dans les conflits au Niger et Tchad voisins.
Selon le clientélisme qui lui a si longtemps réussi, le Guide libyen leur garantissait un intéressement sur le commerce transfrontalier en échange de la stabilité de la région.
"Nous n'y avons rien gagné. Aujourd'hui nous sommes pauvres, marginalisés dans notre propre pays. C'est pourquoi nous voulons agir pour chasser Kadhafi", affirme le même responsable.
"Nous voulons notre part de la victoire, pour ensuite défendre les droits de notre minorité et oeuvrer au développement" de la région.
La représentativité du groupe, comme son efficacité à terme sur le terrain, reste à vérifier.
Ex-officier de l'armée libyenne, un moment leader d'un mouvement rebelle nigérien (les FARS) inféodé à Kadhafi, Barka Wardougou est une figure chez les Toubous. Il a également passé plusieurs années dans les geôles du régime.
"Il n'est pas question pour nous d'autonomie ou d'indépendance. Nous entendons simplement jouer notre rôle au sein de la nouvelle Libye", ajoute le même responsable.
Et de mettre en garde: le jour où Tripoli tombe, Kadhafi jouera peut-être la carte de la déstabilisation du Sud, avec ses dollars, ses réseaux, notamment chez les Touaregs, et la menace toute proche d'Al-Qaïda.
"Si on nous en donne les moyens, nous pouvons neutraliser ces réseaux et contrôler le désert", affirme le leader Toubou. "Il en va aussi de l'intérêt de l'Europe", avec le contrôle de la route des migrants sub-sahariens, et la lutte contre Al-Qaïda, dont l'influence dans le Sahara s'arrête précisément aujourd'hui aux territoires Toubous.

Libye: Mouammar Kadhafi aurait fui Tripoli où les combats font rage


MONDE | dimanche 21 août 2011 à 17h42
  • Images

    Les rebelles auraient pris l'avantage.
    Les rebelles auraient pris l'avantage.
    Un diplomate libyen, ancien proche de Mouammar Kadhafi, a indiqué sur la chaîne anglophone Al Jazeera que le dirigeant aurait déserté la capitale. De violents combats ont été signalés dans et autour de la capitale. Selon certaines sources, les rebelles auraient pris l'avantage. Mais la bataille pour la capitale pourrait encore durer plusieurs heures, voire quelques jours.
    Dimanche après-midi, les combats faisaient toujours rage dans certains quartiers de Tripoli et aux abords de la capitale libyenne.

    Un journaliste anglophone d'Al Jazeera a annoncé que les rebelles avaient conquis certains quartiers essentiels de la banlieue de Tripoli et notamment Tajura, une localité située à 14 kilomètres à peine de la capitale. Selon l'AFP, les rebelles ont également pris le contrôle d'une caserne située aux portes de Tripoli.

    Les rebelles contrôlent désormais les principales autoroutes et voies d'accès menant à la capitale.

    L'aéroport international de Mitiga, au sud-est de la capitale, est également le théâtre de violents affrontements entre les rebelles et les troupes gouvernementales.

    Le QG de Kadhafi bombardé

    Les rebelles se sont également soulevés dans l'enceinte de la ville. Depuis ce dimanche matin, des échanges de tirs sont entendus dans différents quartiers de la capitale qui a été secouée par plusieurs explosions.

    Par ailleurs, les avions de l'OTAN ont bombardé ce dimanche le quartier général fortifié de Mouammar Kadhafi.

    Interrogé par une envoyée spéciale de la chaîne Al Jazeera, un diplomate libyen a indiqué que le colonel Kadhafi ne se trouvait très probablement plus dans la capitale. Cet ancien proche du leader libyen, passé dans les rangs rebelles, a également affirmé que Mouammar Khadafi n'avait actuellement plus le contrôle à Tripoli.

    PIAB

ALERTE - Les rebelles prennent le contrôle d'une caserne aux portes de Tripoli


 
Romandie News Texte      



PRES DE TRIPOLI (Libye) - Les rebelles libyens ont pris dimanche après-midi le contrôle d'une caserne aux portes de Tripoli, située au kilomètre 27, où ils se sont emparés d'armes et de munitions, selon un correspondant de l'AFP sur place.

Des centaines de rebelles sont entrés dans l'enceinte de cette base militaire, située à l'ouest de Tripoli, sur la route de Zawiyah, d'après la même source. Cette caserne était l'obstacle le plus important sur la route de Tripoli.


(©AFP / 21 août 2011 17h04)