mardi 16 août 2011

Des ex-putchistes encombrants



En Guinée comme au Niger, les militaires ont été acclamés pour avoir rendu le pouvoir au civil. Mais dès qu'ils doivent rendre compte de leur gestion de ces transitions, des bruits de bottes se font entendre. Faut-il acheter la paix sociale en favorisant l'impunité ? demande L'Observateur Paalga.
16.08.2011 | Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana | L'Observateur Paalga
Salou Djibo, le chef de la junte nigérienne qui a évincé Mamadou Tandja du pouvoir, 15 mars 2011.
Salou Djibo, le chef de la junte nigérienne qui a évincé Mamadou Tandja du pouvoir, 15 mars 2011.
Faut-il absoudre les militaires putschistes qui ont mené une transition réussie pour remettre le pouvoir aux civils par l'intermédiaire d'élections ? Voilà une question qui chiffonne actuellement sans doute les présidents Alpha Condé de Guinée et surtout Mahamadou Issoufou du Niger. Dans le premier pays, bien que le nouveau chef de l'Etat veuille nettoyer les écuries d'Augias, il semble mettre un zeste de tact, à telle enseigne qu'on l'accuse de composer avec le personnel de son prédécesseur, le général Sékouba Konaté [président intérimaire de 2009 à 2010], et même avec ceux de Lansana Conté [président de 1984 à 2008].

D'où vient alors que, le 19 juillet 2011, sa résidence de Kipé a été la cible de tirs nourris de militaires qui en voulaient à son fauteuil ? Est-ce parce que la réforme de l'armée, véritable serpent de mer, pourrait devenir une réalité sous son mandat ? Est-ce parce que les relations entre le président intérimaire [Sékouba Konaté] et Alpha Condé [élu en décembre 2010] étaient souvent tendues malgré les dénégations de part et d'autre ? Toujours est-il qu'il ne semble pas aisé de prendre la relève d'une transition militaire, tant ces soldats – pour démocrates qu'ils soient – veulent se la couler douce après leur passage au pouvoir. Gare donc, semble-t-il, à qui veut voir clair dans leur gestion.

Le Niger donne aussi l'impression que le nouveau pouvoir a du mal avec sa transition militaire, menée rigoureusement par le général Salou Djibo. Ce dernier, lorsqu'il mit fin, le 18 février 2010, aux velléités "tazartchéennes" (de tazartché, la continuité en langue haoussa) de Mamadou Tandja, promit de remettre le pouvoir aux civils. Parole d'officier donnée, parole respectée, au prix de tiraillements avec certains de ses proches. Le 6 avril 2010, Mahamadou Issoufou parvenait enfin à assouvir une ambition vieille de vingt ans : être président de la République.

Sitôt installé, outre ses priorités "ventrales" (le fait de nourrir les Nigériens) et sécuritaires (de lutter contre l'Aqmi, Al-Qaida au Maghreb islamique), "le Lion de Tahoua" promettait de jouer les prolongations au sujet de la lutte contre la prédation des deniers publics. En réalité, il poursuivait les audits entamés sous le Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (Csrd). Une opération "mains propres" qui aurait pu réjouir l'ex-junte si et seulement si certains de ses éléments n'avaient pas été pris dans la nasse : le vendredi 12 août 2011, plusieurs personnalités dont l'ancien directeur adjoint du cabinet de Salou Djibo ont été incarcérées ; autrement dit, quelqu'un qui était dans l'antichambre de la présidence nigérienne a été touché. Quels sentiments peuvent animer actuellement Salou Djibo, qui voit l'un de ses proches collaborateurs embastillé pour une affaire de détournement ? Car, par ricochet, il est personnellement visé.

Est-ce pour arrêter la machine judiciaire qu'un putsch avorté a eu lieu à la mi-juillet à Niamey ? Le cas nigérien repose la question de la justice et de la paix sociale. Pour une démocratie apaisée et un retour normal à l'Etat de droit, faut-il fermer les yeux sur certains actes délictuels, notamment les crimes économiques ? La justice est le pilier de toute démocratie, mais, dans certains cas, ne faut-il pas trouver un modus vivendi pour apurer les contentieux susceptibles de mettre la république sens dessus dessous ?

Les audits, les poursuites judiciaires, ça fait tendance, ça plaît à la Communauté internationale, mais Mahamadou Issoufou doit se garder de trop se focaliser sur la gestion de la junte, autrement dit des militaires, qui lui ont permis d'être là où il est. Au Niger, l'armée a toujours arbitré la vie politique : hier, c'était Ibrahim Baré Maïnassara (dit "IBM") [général, président de 1996 à 1999], aujourd'hui, c'est Salou Djibo, demain, le pouvoir kaki pourrait s'inviter encore dans l'arène s'il se sent frustré ou humilié. Il reste trois ans et demi à Mahamadou Issoufou : à quoi lui serviront des audits si son mandat est écourté par un pronunciamiento ? La justice, d'accord, mais sans précipiter le pays de nouveau dans les méandres de l'Etat d'exception !

lundi 15 août 2011

L'envoyé spécial de l'ONU pour la Libye arrivé à Tunis



Publié le 15-08-11 à 18:40    Modifié à 18:34     Réagir

TUNIS (AP) — L'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Libye, Abdel-Elah Al-Khatib, est arrivé lundi à Tunis pour des négociations sur la Libye, a-t-on appris de sources concordantes. Cet ancien ministre jordanien des Affaires étrangères a été reçu par le Premier ministre tunisien par intérim Béji Caïd Essebsi.
M. Khatib devait rencontrer mardi le ministre des Affaires étrangères, Mouldi Kéfi, et se réunir avec les parties libyennes dans un hôtel de Tunis, selon la même source, qui n'excluait pas une rencontre également avec un représentant du président vénézuélien Hugo Chavez.
Ce représentant vénézuélien se trouve depuis plusieurs jours à Djerba, où se dérouleraient des négociations entre des représentants des insurgés et du gouvernement libyens, d'après des sources concordantes.
Une source sécuritaire a en outre affirmé que l'ancien Premier ministre français Dominique de Villepin était arrivé dimanche à bord d'un avion spécial en provenance de Genève dans cette île du sud tunisien où "une activité diplomatique et sécuritaire inhabituelle" aurait été constatée. M. de Villepin était accompagné de trois de ses collaborateurs.
Par ailleurs, de l'autre côté de la frontière, en Egypte, le ministre libyen de l'Intérieur pourrait être le dernier responsable en date du régime Kadhafi à avoir fait défection.
Nasser Mabrouk Abdallah, arrivé au Caire lundi en provenance de Tunisie, avec neuf membres de sa famille, aurait déclaré aux autorités qu'il s'agissait d'"une visite touristique", mais aucun représentant de l'ambassade de Libye, restée fidèle au "Guide" libyen, ne l'a accueilli à l'aéroport. Selon la source sécuritaire tunisienne citée plus haut, le ministre venait de Djerba. AP
xbb/s

Le commandant Kindo Zada réintégré



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L’officier supérieur des Forces armées nigériennes (FAN), qui a eu maille à partir d’avec certains régimes dont celui du général Ibrahim Maïnassara Baré, vient d’être réhabilité et réintégré au sein de de notre armée.
Deuxième officier à retrouver ses compagnons d’armes après le lieutenant colonel Abdoulaye Mounkaïla, présentement en service au ministère de la Défense, Kindo Zada, cet officier valeureux dont les faits d’arme ne sont plus à démontrer, vu son itinéraire dans un certain nombre de conflits tant au Niger qu’ailleurs, mérite la situation actuelle qui est la sienne, à savoir retrouver ses compagnons d’armes. L’armée nigérienne, désormais républicaine, a besoin de tous ses éléments. En effet, pour la consolidation des acquis démocratiques, nous ne devrions plus souffrir d’une immixtion de la grande muette dans la gestion du pouvoir politique.
C’est le lieu ici d’interpeller nos vaillantes forces armées nationales quant à leur cohésion pour qu’elles se mettent au service de la démocratie et de la République.

11 août 2011
Publié le 10 août 2011
Source : http://lactualite-niger.com/

Agadez/Relance de l’activité touristique : des infrastructures à réhabiliter... en attendant les touristes



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Agadez_Niger__Véritable industrie dans l’ensemble de la région, le tourisme est la principale activité qui draine un nombre très important de personnes, en l’occurrence des jeunes chômeurs. Ce sont environ plus de 4000 personnes qui évoluent dans ce secteur. En effet, nous a confié le directeur régional du Tourisme, M. Marsadou Soumaïla, les arrivées touristiques montrent à l’évidence qu’avant le déclenchement de la rébellion par le MNJ en février 2007, les touristes traités par les agences de voyages sont passés de 4300 en 2001 à plus de 5468 en 2006, pour retomber à 2054 en 2007 avec le conflit armé. En 2008, ce chiffre est tombé à zéro.

Deux compagnies charters, Go Voyages et Point Air Afrique, desservaient chaque année la région de novembre à avril, mais elles ont suspendu, avec regret, leurs vols en 2007 pour des raisons de sécurité. Mais en 2009, les différents fronts armés ont déposé les armes ; ce qui a permis la création d’un cadre régional de concertation pour relancer les activités touristiques.

Ce cadre était composé  du gouvernorat, de la direction régionale du Tourisme et de l’artisanat, ainsi que des Forces de Défense et de Sécurité et des professionnels du tourisme. Ce qui a permis également de célébrer, dans l’enthousiasme, la Journée mondiale du tourisme, d’organiser le festival de l’Aïr en février 2010 à Agharous, d’accueillir le voyagiste français Point Afrique avec 4 vols charters sur Agadez, d’organiser un voyage de presse à l’intention des journalistes européens, la cure salée en septembre 2010 et plusieurs autres circuits touristiques. En effet, la région d’Agadez dispose de plus de 70 agences de voyages, 16 hôtels et auberges avec une capacité de plus de 250 chambres et plus de 450 lits, quelques restaurants et maquis, un aéroport international, un important réseau routier défectueux par endroits et des maisons de téléphonie cellulaire et Internet. Disons tout ce dont le visiteur a besoin en matière de communication.

D’importants sites touristiques qui ne sont plus visités 

La région d’Agadez, première destination touristique de notre pays, dispose d’énormes potentialités touristiques ouvrant ainsi la possibilité à plusieurs formes de tourisme. On peut les classer en attractions principales et secondaires. Ainsi, les premières concernent le massif de l’Aïr, le désert du Ténéré, la source thermale de Tafadek. Le site de dinosaures de Gadafawa, le bois silicifié de Marandet, les gravures rupestres de Mamanett, Ewelen et Anagam ; le Bianou et le Gani ; la vieille ville de l’imposante capitale de l’Aïr avec sa célèbre mosquée ; l’azalaï ; la cure salée ; la fantasia-tendé ; les forteresses du Djado ; les oasis de Fachi ; les gravures rupestres de Blaka au Djado ; les oasis du Kawar ; le festival de l’Aïr ; la réserve naturelle de l’Aïr et du Ténéré ; les Ruines d’Assodé, première capitale de l’Aïr.

A ces sites, viendront s’ajouter d’autres, à savoir l’Arbre du Ténéré ou plutôt son emplacement de jadis, les oasis de Bilma, Takedat, Séguidine ; les monuments d’El Micki, de Timia, de Taouradji, d’Iférouane, de Bilma, la maison du boulanger, de l’explorateur allemand Henrich Barth ; le village artisanal d’Agadez. Après avoir ‘’ bu des yeux’’ l’architecture des palais du sultanat et de l’anastafidet, le visiteur sera émerveillé par la splendeur des chants et danses traditionnelles...

Au regard de cette panoplie de possibilités, différentes formes du tourisme s’offrent : saharien, culturel, scientifique, sportif et religieux.

Pourquoi la relève de l’activité touristique n’est pas pour demain 

Dans tous les cas, c’est un truisme d’avancer que les raisons du marasme de ce secteur dans les pays du Sahel en général, et au Niger en particulier, sont d’ordre sécuritaire. En fait, il n’est un secret pour personne que le 19 avril 2010, à In-Abangharit, dans la région d’Agadez, le Français Michel Germaneau a été enlevé puis exécuté le 25 juillet 2010. Ensuite, dans la nuit du 15 au 16 septembre 2010, est intervenu à Arlit l’enlèvement de 7 personnes travaillant pour le compte des groupes français Areva et SATOM ; le 7 janvier 2011, il y eut, en plein coeur de Niamey, l’enlèvement de deux Français, retrouvés morts dans la nuit du 7 au 8 juillet 2011.

Dès lors, en 2010, l’inclusion de la destination phare, Agadez, dans la zone orange ‘’formellement déconseillée’’ par le Quai d’Orsay a été le coup de grâce, et du coup les tour-opérateurs ont fermé les circuits. Devant cette situation, pour les déplacements de quelques touristes dans la région du fait de la menace, l’autorité régionale demande qu’ils soient accompagnés des éléments des Forces de Défense et de Sécurité. Or, peu de touristes aimeraient se faire accompagner dans un circuit, encadrés par des armes de guerre. Cela rompt avec la déontologie de la pratique de l’activité du tourisme qui consiste à découvrir et à contempler les richesses naturelles et fauniques en toute décontraction. En outre, les mises en garde impératives de certaines ambassades et de certains sites diplomatiques, en l’occurrence celui du Quai d’Orsay, font que les pays du Sahel sont boudés par les touristes. En effet, au moment de l’enlèvement de deux Canadiens à 40 km à l’ouest de Niamey, on pouvait lire sur le site du quai d’Orsay, à la rubrique conseil aux voyageurs : ‘’les autorités françaises rappellent qu’elles déconseillent formellement tout déplacement dans les zones signalées en rouge. Ces zones sont situées au nord de la ligne passant par Ayorou-Inguel-Agadez-N’Guigmi (toutes ces villes étant localisées en zone rouge’’.

Il a donc été instamment demandé aux ressortissants français qui se trouveraient en ce moment dans ces zones, qu’ils soient résidents ou de passage, de prendre contact avec l’ambassade afin de les quitter au plus vite. Sur le même site, juste après l’enlèvement des deux Français dans un débit de boissons, on pouvait lire : ‘’il n’y a désormais qu’une zone rouge et une zone orange au Niger (Niamey et sa proche région sont en zone orange). Les déplacements en zone rouge sont prohibés. La vie en ‘’zone orange’’ impose une restriction des déplacements hors agglomération aux seules missions professionnelles impératives et sous escorte armée. L’Ambassade de France doit être informée de tout déplacement. Le Niger ne peut donc être considéré comme une destination ‘’touristique ‘’ dans les circonstances actuelles’’

Existe-t-il réellement des perspectives de reprise ?

Douloureuse question à  laquelle seul l’avenir répondra. En effet, premier pourvoyeur de devises, le tourisme est un secteur très fragile et très sensible à en croire les propos du directeur régional qui indique cependant qu’au Niger, comme dans tous les pays du Sahel en général, le secteur est en crise, une crise dont le mal est connu. C’est la sécurité. Les chances de reprise passent forcément par l’amélioration de la sécurité pour redorer le blason de la destination nigérienne. Pour ce faire, plusieurs actions urgentes s’avèrent nécessaires : d’abord, la mise en place, aux niveaux central et régional, d’un véritable cadre de réflexion qui doit regrouper l’administration du Tourisme, les ministères de la Défense, de l’Intérieur, des Affaires Etrangères, les collectivités et autres communautés locales qui seront appuyées au plus haut niveau par le politique qui doit concrètement s’impliquer par tous les moyens pour que la reprise de l’activité touristique dans la région d’Agadez ne soit pas un vain mot. Donc, il y a la sécurisation des axes, itinéraires et sites touristiques ; la finalisation de l’opération déminage ; l’organisation d’une forte campagne de communication, d’information et de concertation en direction de certaines représentations diplomatiques au Niger, afin de retirer de certains sites, certaines informations. A tout cela viendront s’ajouter, entre autres, l’organisation d’un voyage de presse, l’intégration du tourisme dans les programmes du développement des communes ; la mise en place urgente, sur le terrain, d’un dispositif sécuritaire dissuasif, etc.

Par Dubois Touraoua, ONEP- AGADEZ-TAHOUA

Libye: discussions secrètes en Tunisie



AFP Mis à jour  | publié  Réagir

Des pourparlers secrets ont réuni des rebelles libyens et des représentants du gouvernement de Mouammar kadhafi à Djerba, l'île du sud tunisien, alors que des appareils sud-africain et qataris se trouvaient lundi sur l'aéroport de cette île proche de la Libye, a-t-on appris de sources concordantes.

"Les pourparlers se sont déroulés la nuit dernière dans un hôtel de Djerba sous haute garde", a indiqué à l'AFP, une source proche des milieux de la sécurité tunisienne. "Des cortèges de voitures escortés ont passé la frontière dimanche au point de passage de Ras Jedir, près de Djerba", a ajouté cette source sous couvert d'anonymat, faisant état de la présence parmi les négociateurs de ministres et responsables sécuritaires pro-kadhafi, sans pouvoir les identifier.

Par ailleurs, un jet triple réacteurs sud-africain était stationné lundi à l'aéroport de Djerba, près de deux hélicoptères militaires qataris, a indiqué à l'AFP une source aéroportuaire.

Des affrontements ont opposé la nuit dernière à Ben Guerdane, près de Ras Jedir, des pro-Kadhafi Libyens et Tunisiens ayant franchi le point de contrôle dans de grosses voitures 4X4 et des partisans de la rébellion célébrant "la fin de Kadhafi", ont rapporté à l'AFP des habitants. Les pro-rebelles avaient commencé par manifester leur joie dans les rues pour "fêter la fin de Kadhafi", a ajouté Mohamed, témoin de la scène.

Ainsi, vous mourrez, Monsieur Bouteflika….



Poste par  août 14th, 2011 categorie Tribune libre. Vous pouvez suivre les reponses via RSS 2.0. Vous pouvez commenter et trackbacker cet article Print This Post Print This Post
Quelques jours après les événements d’Octobre 1988 qui ont ébranlé le pouvoir algérien détenu exclusivement par le FLN et ce depuis l’indépendance du pays en 1962, Kateb Yacine affirmait que “tout algérien conscient ne peut être contre le FLN”.
Etant personnellement convaincu que nous sommes le présent du passé comme nous serons le futur du présent, je partage entièrement son assertion, et encore plus aujourd’hui. Le FLN, authentique, celui de 1954, est la propriété historique de tout algérien et particulièrement de tous les martyrs : d’hier, de Jugurtha à Kahina; d’avant hier, de l’Emir Abdelkader à Hassiba Ben Bouali; d’aujourd’hui, de Djaout à Katia de Baraki ; de demain, de l’algérien et l’algérienne venant à tomber sous les sabres des « afghans » ou les balles des « baltagias » d’un pouvoir répressif.
Ce FLN, sublime, était « l’Atomiseur de Lumière » qui guida le peuple à la Libération du colonialisme français. Né dans un contexte politico-économico-culturel aliénant, sa mission était bien appropriée et conjoncturelle : libérer le pays du joug colonial. Dieu merci, l’objectif était atteint. NON SANS SANG !
Malheureusement, ce qui a déjà commencé durant la guerre de libération entre 1954 et 1962 a pris de l’ampleur, peu après 1962. Epuré de son intelligentsia, séquestré par des demi-dieux enivrés par le pouvoir sans partage, métamorphosé en « Atomiseur de Brouillard » , le FLN a fini par concrétiser en moins de 30 ans ce que la France coloniale n’a pu complètement réaliser en 130 ans de domination sanglante à savoir : la division des algériens, la glorification de la médiocrité, l’étouffement des libertés, la falsification de l’Histoire, l’abâtardissement de l’Identité et de la Culture mais surtout l’accouchement d’un intégrisme religieux destructeur dont les premiers germes sont distillés par une école des plus sclérosée et archaïque au monde.
Le sigle FLN est usurpé et sa restitution au peuple au même titre que l’hymne et l’emblème nationaux est la première pierre angulaire pour une réelle réconciliation des algériens avec leur Histoire contemporaine. Boudiaf, l’un des pères de la Révolution et du FLN, n’a pas enfilé de gants blancs pour trancher sur la question en déclarant sèchement : “le FLN est mort en 62 ! “. Il faut être débilement débile pour ne pas comprendre que si des « apparatchiques d’un système autoritaire » ont détourné, soudoyé et corrompu ce symbole, c’est parcequ’il peut rapporter gros comme dans une loterie et, il a rapporté gros à tous ceux qui “ont trahi le FLN” pour reprendre une autre expression de Kateb Yacine. La trahison était tellement blasphématoire et insultante que, par désespoir ou opposition, la jeunesse en particulier, fragilisée, laissée pour compte, instrumentalisée tentât de vendre son âme à l’intégrisme religieux quand elle ne sombrât pas dans le labyrinthe de la drogue, de la déchéance, du désespoir, de l’émigration clandestine, du suicide et de l’immolation par le feu.
Aujourd’hui, alors que les révolutions dans les pays arabes balayent les anciens systèmes, des limaces tenaces se permettent l’indécence de s’agripper, rivées sur leurs fauteuils, insensibles aux changements qui s’opèrent à nos frontières, soit en douceur soit tragiquement. Les caciques carriéristes de l’ex-unique doivent quitter les jupons du FLN et créer leur propre parti, avec un autre sigle au lieu de se servir sans vergogne du sang des Chouhadas, s’il leur reste encore un peu de courage et d’honnêteté politiques. L’Organisation Nationale des Moudjahidines et les différentes Associations d’Enfants de Chouhadas entre autres doivent faire,- et elles ont tardé -, de la restitution du sigle FLN à l’Histoire une priorité absolue et œuvrer pour la dissolution du Parti FLN, de son clone le RND et de tous ces petits partis-métastases qui ne se réveillent de leur coma uniquement lors des échéances électorales pour jouer les lièvres et, évidemment récompensés sur les deniers publics. Il y va de même de ces associations de masse non crédibles qui inhibent toute énergie et toute initiative citoyennes et surtout le Syndicat UGTA devenu un assommoir pour les travailleurs plutôt qu’une force de progrès. La restitution également à l’Etat des biens squattés par ces parasites y va de soi. Il est temps que les syndicats et associations émanent réellement de la volonté populaire et financés éventuellement dans la transparence par des aides de l’Etat mais en majorité uniquement par les cotisations de leurs militants, adhérents et sympathisants. Autrement dit, les codes de création des partis politiques, des associations et syndicats sont à revoir totalement. Le multipartisme tel initié au début de l’ouverture démocratique dans les années 90 n’est que poudre aux yeux. Continuerons-nous à nous mentir à nous-mêmes ainsi indéfiniment ?
Si, Moufdi Zakaria – l’auteur de l’hymne national “Kassaman” – avait su que le FLN dont, parait-il, Monsieur le Président Bouteflika, est président d’honneur serait un jour « enturbanné à la soudanaise », il n’aurait sûrement jamais écrit “Djabhatou Tahriri aâtaynaka aâhda (Nous jurons fidélité au FLN) ! “. Doit-on alors « réformer » l’hymne national en l’amputant de ce vers pour permettre à un clan d’usurpateurs de la mémoire collective de s’accaparer à vie le FLN ? La réponse est catégoriquement “NON”; le contraire serait un sacrilège même. Le symbole FLN doit être restitué à l’Histoire de l’Algérie, de préférence sans soubresauts comme cela ne s’était pas produit en Tunisie avec la Parti de Ben Al et en Egypte avec le parti de Moubarak. L’Hymne National sera ainsi « décolonisé », lavé de toutes salissures. Ce n’est que rendre triplement justice aux martyrs, au peuple algérien tout entier et à son auteur.
Et, tant que ces assainissements institutionnel, constitutionnel et historique primordiaux ne sont pas opérés, l’espoir de réformes démocratiques profondes et crédibles reste une illusion. Les consultations-marathon organisées par le pouvoir , il y’a quelques semaines, en vue de la réforme de la Constitution pour la nième fois – je vous parie – n’accoucheront que d’un autre texte comme les précédents sans bouleversements profonds et que le peuple approuvera, disons à 75% pour lui donner un semblant de crédibilité, d’autant plus que la quasi-totalité des «consultés» sont ces dinosaures politiques qui ont traversé les décennies, recyclés du pseudo-socialisme étriqué au pseudo-libéralisme sauvage. Et personne ne s’attend à des miracles après les futures élections : on verra les mêmes têtes à la tête des différentes institutions. On ne peut faire du neuf avec du vieux que dans les usines de traitements de déchets recyclables et, même là, parfois, çà foire !
Le Président Boudiaf était décidé à opérer ce nettoyage historique, premier pas crédible vers la rupture radicale et la démocratisation réelle de la vie politique mais ses visions révolutionnaires lui ont couté la vie. Vous, Monsieur Bouteflika, vous pouvez le faire si toutefois, vous n’êtes pas un “trois-quart de Président” pour reprendre votre propre expression ! Ainsi, vous mourrez, Monsieur le Président… en toute tranquillité, d’une part.
Et, d’autre part, vous entrerez dans l’Histoire si vous vous attelez à désamorcer les bombes à retardement sur lesquelles l’Algérie est bien assise, dans le confort pour certains et, dans l’angoisse pour d’autres. Je fais allusion à ce stupide « conflit » en hibernation qui empoisonne les relations algéro-marocaines et à cette poudrière « targuie » aux frontières sud de l’Algérie.
Il est inconcevable qu’après 50 ans de souveraineté nationale tant pour le Maroc que l’Algérie, les frontières entre ces deux pays ne soient pas encore définitivement balisées et reconnues officiellement de part et d’autre. Ceci est une porte entr’ouverte à toute velléité de futurs conflits armés comme ceux déjà vécus en 1963 et 1975. Evidemment, la question épineuse du Sahara Occidentale vient encore compliquer la situation depuis 1975. Monsieur Bouteflika qui était, à cette période, Ministre des Affaires Etrangères connait les dessous de cette double question mieux que quiconque, même mieux que le Roi Mohamed VI alors prince adolescent. Il détient par conséquent les « clefs » de la pacification de la région si son pouvoir, sa sagesse et son intelligence de diplomate sont conjugués à cet effet. Viendra par conséquent la normalisation des relations algéro-marocaines dont l’ouverture des frontières terrestres ; l’état actuel, on le constate, ne profite réellement qu’aux truands et trafiquants de tout genre, avec la complicité de certains agents sans scrupules qui gangrènent les institutions frontalières des deux cotés. Les seuls lésés sont les citoyens honnêtes marocains et algériens voire magrébins qui ne demandent qu’à circuler librement pour tisser des liens encore plus fraternels mais surtout les bi-nationaux des deux cotés qui souffrent des séparations familiales. Avec les suppressions de visas, les procédures de circulation sont certes maintenant allégées mais les déplacements exclusivement par voie aérienne ne sont pas à la portée de tout un chacun.
Au moment où les blocs politico-économiques se forment dans diverses régions de tous les continents pour tirer leur épingle du jeu de la mondialisation impitoyable envers les Etats faibles, l’idée du Grand Maghreb rêvé par les fondateurs de l’Etoile Africaine depuis les années 1920, reste la seule alternative. Il est vital et urgent que le Grand Maghreb des Peuples voit enfin le jour. Et qu’on arrête la comédie : le « parlement » magrébin actuel dont les membres sont désignés et nommés par les pouvoirs des capitales magrébines est une vraie supercherie ; comme la Ligue Arabe, il ne sert absolument à rien sauf à tenter de mimer l’UE (Union Européenne) et ce qui se fait de l’autre coté de la méditerranée mais surtout à offrir des postes à des « amis » payés à coups de millions sur les deniers publics. Qui a entendu parler de ce fameux parlement lors des révolutions tunisienne et Egyptienne mais surtout du drame libyen ?? Le Grand Maghreb doit absolument être « pacifié » pour prétendre à un vrai parlement élu par les peuples maghrébins pour réellement les représenter et défendre leurs intérêts et leur bien être dans la région. Le Grand Maghreb n’existera que s’il est celui des Peuples. Le seul à contribuer à une paix durable dans la région.
L’autre menace qui guette l’Algérie à plus ou moins long terme, c’est ce que je nommerai, le « syndrome de Kurdisation » dans les régions du Grand Sud, frontalières du Niger, Mali, Libye,… La colonisation française a morcelé le Peuple Targui éparpillé sur 5 ou 6 pays, à l’instar du Peuple Kurde en Asie. Cette atomisation maintenue évidemment dans le respect des frontières héritées après les indépendances a déstructuré totalement ce « peuple bleu » dans ses fondements ancestraux. Les rebellions des Touaregs dans les pays limitrophes sont là pour en témoigner. Il n’est pas à exclure que tôt ou tard des mouvements séparatistes voient le jour en vue de la création d’un Etat Targui autonome et souverain. Le pouvoir algérien en est conscient puisque à chaque fois que les choses bougent dans ce sens, la médiation algérienne accoure pour diffuser sa lotion magique. Mais jusqu’à quand ? Je ne détiens point de solutions mais un traitement spécifique viable avec tous les régimes des pays concernés en collaboration avec les Touaregs est envisageable et le plus tôt possible. Déjà, que toute la région commence à se transformer en un « no man’s land » livré aux trafiquants et aux drogués et rebus de Ben Laden.
Monsieur le Président, pour les générations futures, la solution à ces questions épineuses sont à mon avis bien plus importantes que l’autoroute Est-Ouest, le métro d’Alger qui n’en finit pas d’engloutir voracement et inutilement l’argent public depuis les années 1980 ou la prestigieuse grande mosquée d’Alger – la plus grande d’Afrique, dit-on – et qui porterait votre nom. Je voudrais bien croire, Monsieur le Président, que vous n’êtes pas adepte de l’adage “après moi, c’est le déluge”. Alors, de grâce, Monsieur le Président, faites quelque chose, pour redonner de l’Espoir pour que nos enfants retrouvent surtout l’Amour de la Patrie car le véritable problème de l’algérien d’aujourd’hui est qu’on lui fait détester son pays, chaque jour, un peu plus. Et vous le savez très bien. Rappelez-vous, Monsieur, le Président la visite de Monsieur Chirac à Alger : les algérois ont accueilli le président français comme un dieu, le suppliant d’ouvrir les frontières….. algéro-françaises !!
Barek ABAS
PS : Une partie de cet article est puisée de l’article « Décoloniser l’hymne national », écrit à Laghouat et publié in le quotidien « Liberté », le 18/04/1993.