WASHINGTON (© AFP 2011) - La Chambre des représentants américaine a infligé vendredi un revers à Barack Obama en rejetant un texte qui autorisait l'intervention militaire en Libye, un feu vert dont le président s'est jusqu'à présent passé au grand dam de parlementaires des deux bords.
Samedi 25 juin 2011 | 10:09 UTC
La Chambre, dominée par l'opposition républicaine, a rejeté le texte par 295 voix contre 123. La Maison Blanche a aussitôt fait part de sa déception, même si le vote n'a aucune chance de mettre un terme aux bombardements américains en Libye qui durent depuis plus de trois mois.
"Nous sommes déçus par ce vote, nous pensons que ce n'est pas le moment d'envoyer un tel message confus" quant aux intentions des Etats-Unis, a indiqué le porte-parole de la Maison Blanche Jay Carney. "Le destin du colonel Kadhafi est scellé. Ce n'est pas le moment de lâcher", a-t-il dit.
C'est la première fois que la Chambre refuse une action militaire depuis avril 1999, lorsqu'elle avait vainement voté contre l'intervention du président Bill Clinton au Kosovo.
La colère des parlementaires américains fait les délices de Mouammar Kadhafi, qui leur a adressé il y a deux semaines une lettre dans laquelle il louait leur "sagesse (...) de discuter de ces problèmes".
La loi oblige en principe l'administration à demander l'autorisation du Congrès pour engager des "hostilités" à l'étranger. Mais l'administration Obama a fait valoir qu'elle se contentait de soutenir l'action de l'Otan de façon limitée et que la notion "d'hostilités" ne s'appliquait donc pas.
Pas convaincus par cette argumentation, 70 alliés démocrates du président Obama ont rompu les rangs pour voter avec les républicains.
"N'avons-nous pas déjà suffisamment de guerres sur les bras?", s'est interrogé le démocrate Dennis Kucinich. "Le président se comporte comme un monarque absolu et nous devons y mettre un terme immédiatement si nous ne voulons pas devenir un empire plutôt qu'une république", a tonné son collègue démocrate Jerrold Nadler.
Seuls huit républicains ont approuvé le texte. Ileana Ros-Lehtinen, présidente de la commission des Affaires étrangères, a assuré qu'elle ne voulait pas d'un retrait "dangereux" des opérations de l'Otan, mais critiqué la stratégie de l'administration. Elle s'est refusée à donner "la bénédiction" de l'assemblée à "un engagement militaire sans fin en vue et avec des objectifs vaguement définis".
Le chef de la minorité démocrate Steny Hoyer a vainement mis ses collègues en garde contre un rejet du texte.
"Le message qui sera adressé à Mouammar Kadhafi, à nos alliés de l'Otan et à tous les pays du monde, c'est que l'Amérique ne tient pas sa parole auprès de ses alliés", a-t-il plaidé.
Un deuxième vote a d'ailleurs montré que les représentants n'avaient pas de stratégie cohérente pour obliger la présidence à changer son fusil d'épaule.
Les députés ont rejeté par 238 voix contre 180 une résolution qui aurait privé de financement les frappes directes en Libye. Ce texte d'origine républicaine aurait en fait constitué une approbation déguisée de l'intervention car il autorisait les opérations de soutien à l'intervention de l'Otan.
La secrétaire d'Etat Hillary Clinton a d'ailleurs estimé que le résultat du vote prouvait que l'intervention était soutenue par les deux bords du Congrès.
"Nous sommes en train d'exécuter un plan pour réussir notre mission en Libye. Il est sur les rails et il faut le mener à bien. Le temps et l'histoire jouent en notre faveur mais seulement si nous maintenons la pression", a-t-elle déclaré à la presse