Niger, Areva, Aqmi : qui est l’otage de qui ?
dimanche 3 octobre 2010
Niger, Areva, Aqmi : qui est l’otage de qui ? , par Xavier renou
Bellaciao
Aux côtés de divers collectifs, les Désobéissants ont été amenés à mener des actions directes non violentes sur les questions de Françafrique aussi bien que de nucléaire... Une position qui leur permet d’avancer ici, sous la plume de leur fondateur, une analyse de l’enlèvement récent de salariés d’Areva au Niger légèrement différente de la version officielle. Niger, Areva, Aqmi : qui est l’otage de qui ? , par Xavier renou
Il y a deux façons de voir la prise d’otage des Français au Niger. La version « l’Ile aux Enfants », servie à longueur de grands médias, nous dit que sept personnes dont cinq Français ont été enlevées par d’odieux terroristes islamistes rétrogrades qui n’attendent qu’une occasion pour nous faire du mal, à nous, la patrie des droits de l’homme. Heureusement, nos valeureux militaires – qui pour être plus proches des gens qu’ils aiment sont installés dans toute la région – traquent sans relâche Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) pour libérer les otages. Bon, ceux qui ont passé l’âge de Casimir seront plus attentifs au fait que ces Français sont surtout des employés d’Areva, la multinationale du nucléaire, et qu’ils ont été enlevés à Arlit, au nord du Niger, justement là où la France extrait près de 50 % de son approvisionnement en uranium. Très loin, surtout, des territoires où les barbus de l’Aqmi font leur Paris-Dakar à eux.
Eh oui, si Aqmi les détient aujourd’hui, semble-t-il, elle n’est pas à l’origine de l’enlèvement : les gens d’Areva lui ont été remis par des combattants ou des bandits touaregs. Pas islamistes pour deux sous, en général, mais quand même très remontés contre notre pays. Il est vrai que de lui, ils ne connaissent que les automitrailleuses vendues au gouvernement nigérien par Nicolas Sarkozy pour mieux tuer leurs animaux, interdire l’accès aux puits et les expulser de leurs terres. Des terres refilées à Areva pour l’exploitation de l’uranium... Ils en connaissent aussi les retombées : non, pas celles des 100 000 tonnes d’uranium et des centaines de millions de bénéfices envolés vers notre pays en échange du paiement d’un forfait aux deux tiers inférieur au prix mondial, et qui aurait été négocié en secret par un certain Jacques Foccart à l’indépendance du pays, en 1960. Mais la contamination par les poussières et les gaz radioactifs de l’air, l’épuisement des eaux potables détournées pour l’activité minière, la pollution radioactive des sols par les déchets de l’extraction, et le maintien par la force et avec l’aide de l’armée française de régimes corrompus plus ou moins sanglants à la tête du pays. Du coup, les 85 000 habitants de la ville artificielle d’Arlit, souvent amenés du sud pour remplacer les indociles Touaregs dans les mines d’Areva, meurent à petit feu, mais l’hôpital gentiment fourni par Areva n’est bizarrement pas le plus loquace sur le sujet. Et tout ça pour quoi ? Pour nous permettre d’alimenter les enseignes de magasins qui éclairent les rues vides la nuit, les panneaux de pub qui stimulent nos rêves marchands et les chauffages électriques qui font qu’on a toujours froid même quand on les pousse à fond (mais c’est pas perdu pour tout le monde, regardez les factures !). Entre autres gaspillages de l’électricité. Des gaspillages que ne risquent pas de connaître les habitants d’Arlit, qui n’ont toujours pas l’électricité chez eux, 50 ans après la supposée indépendance de leur pays...
Avec le collectif Areva ne fera pas la loi, on s’était présenté au siège du groupe nucléaire pour y remettre à une Anne Lauvergeon (la patronne) plus vraie que nature, le Prix de la communication environnementale la plus efficace : ben oui, il faut du talent pour cacher tout ça à l’opinion publique et quand même faire passer le nucléaire pour une énergie « propre » ! Un Touareg avait fait spécialement le déplacement pour expliquer à la presse, à cette occasion, quel sort était réservé aux travailleurs des mines d’Areva et à leurs familles. Les sbires de la boîte avaient moyennement apprécié la plaisanterie mais, depuis, la vérité sur les conditions d’exploitation de l’uranium du Niger n’a cessé de resurgir, notamment dans la bouche des opposants au projet de second EPR (seconde aberration !) de Dieppe, au moment des débats publics, et dans les mobilisations d’associations comme Sortir du nucléaire ou Survie.
Quand des gens font des horreurs, comme au Niger, c’est souvent pour l’argent – comme Areva –, ou au contraire parce que leur souffrance, causée par ceux qui cherchent l’argent à tout prix, se transforme en haine des premiers. Pour « gérer » la crise, la France vient d’envoyer son charmant Commandement des Opérations Spéciales (COS) à Niamey, pour préparer une véritable guerre contre les rebelles, barbus ou non, de la zone sahélienne. Quand on sait que c’est le COS qui était aux manettes pour la France au moment du génocide des tutsis du Rwanda, en 1994, on se dit qu’on n’a pas fini d’entendre des horreurs à propos du Sahel...
Xavier Renou
Le site du collectif des désobeïssants
TESHUMAR.BE est dedié à la CULTURE du peuple touareg? de ses voisins, et du monde. Ce blog, donne un aperçu de l actualité Sahelo-Saharienne. Photo : Avec Jeremie Reichenbach lors du Tournage du film documentaire : « Les guitares de la résistance Touaregue », à la mythique montée de SALUT-HAW-HAW, dans le Tassili n’Ajjer-Djanet- Algérie. 2004. Photo de Céline Pagny-Ghemari. – à Welcome To Tassili N'ajjer.
lundi 4 octobre 2010
dimanche 3 octobre 2010
Mali : la Libye offre deux avions à l’armée malienne
Mali : la Libye offre deux avions à l’armée malienne
photo:Kaddafi à l'ONU
La Libye a fait don de deux avions de reconnaissance de type Marchetti au Mali, aux termes de documents signés samedi à Bamako entre le chef d’état-major général des armées maliennes, le général de division Gabriel Poudiougou, et le Général Mohamed Haril, représentant du chef d’état-major général de la Libye.
"La Libye accompagnera toujours le Mali, dans sa lutte contre le terrorisme, le narco trafic au Nord du pays", a déclaré le général Haril lors de la cérémonie de signature des documents.
Le ministre malien de la Défense, Natié Pléa, a indiqué que la remise officielle des avions va faire l’objet d’une cérémonie solennelle qui sera présidée par le président de la République " dans les prochains jours". (Xinhua)
photo:Kaddafi à l'ONU
La Libye a fait don de deux avions de reconnaissance de type Marchetti au Mali, aux termes de documents signés samedi à Bamako entre le chef d’état-major général des armées maliennes, le général de division Gabriel Poudiougou, et le Général Mohamed Haril, représentant du chef d’état-major général de la Libye.
"La Libye accompagnera toujours le Mali, dans sa lutte contre le terrorisme, le narco trafic au Nord du pays", a déclaré le général Haril lors de la cérémonie de signature des documents.
Le ministre malien de la Défense, Natié Pléa, a indiqué que la remise officielle des avions va faire l’objet d’une cérémonie solennelle qui sera présidée par le président de la République " dans les prochains jours". (Xinhua)
"Aqmi et Sarkozy sont des ennemis complémentaires"
"Aqmi et Sarkozy sont des ennemis complémentaires"
Par Vincent Hugeux, publié le 30/09/2010 à 07:00
l'express.fr
Comment opérer face à Aqmi, qui détient les Français enlevés au Niger? Le politologue Jean-François Bayart juge vaine l'option du "tout-militaire".
Sept employés d'Areva et de la Satom - filiale de Vinci - dont cinq Français, ont été enlevés dans la nuit du 15 au 16 septembre à Arlit, dans le nord du Niger. Le rapt a été revendiqué par Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi). Trois marins, français eux aussi, travaillant pour l'industrie pétrolière, ont été kidnappés une semaine plus tard au Nigeria, au coeur d'un delta où opère une rébellion adepte de la prise d'otages.
Les deux opérations obéissent à des logiques distinctes, mais leur concomitance appelle le décryptage de Jean-François Bayart, directeur de recherche au CNRS (Sciences po-Ceri) et auteur de L'Islam républicain. Ankara, Téhéran, Dakar (Albin Michel).
Que vaut à la France son statut de cible prioritaire d'Aqmi?
Elle paie d'abord la politique de Nicolas Sarkozy. D'une part, l'engagement dans la guerre d'Afghanistan et la nette inflexion de sa politique proche-orientale en faveur d'Israël. D'autre part, les positions de l'exécutif quant à l'islam. Le port du voile ou celui de la burqa constituent des enjeux symboliques qui alimentent dans l'opinion musulmane une fantasmagorie plus ou moins paranoïaque.
Vous jugez absurde la stratégie française. Pourquoi?
Paris commet l'erreur d'ériger Aqmi en adversaire majeur, alors qu'il ne s'agit que d'un groupe marginal, doté sur le terrain de quelques centaines de combattants certes aguerris, mobiles et bien armés à l'échelle d'une oasis saharienne, mais qui ne peuvent opérer que grâce à la complicité active des Touareg. Or la France court le risque de cimenter l'alliance conjoncturelle et commerciale passée entre ces autochtones, qui réclament avant tout leur part du gâteau de l'uranium, et les islamistes algériens: je prends des otages et je te les revends.
Plutôt que d'élever Aqmi au rang de porte-étendard de la protestation nationaliste et anti-impérialiste, mieux vaudrait tenter de dissocier les intérêts des Touareg de ceux de leurs alliés de circonstance, encourager le Niger et le Mali voisin à renouer avec eux des négociations politiques, assorties de gages économiques et financiers. Au demeurant, les Touareg n'ont pas très envie de voir débouler des forces spéciales étrangères, dont l'irruption entraverait leurs activités traditionnelles de contrebande.
Quel est le ressort des errements français?
Aqmi et Sarkozy sont des ennemis complémentaires. Chacun a besoin de l'autre. La filiale maghrébine d'Al-Qaeda sait gré au président français de l'inscrire dans un arc de crise courant du Pakistan au Mali; l'Elysée, lui, tend à utiliser le péril islamiste. Soit Nicolas Sarkozy fait preuve d'incompétence et d'amateurisme en matière de politique internationale, hypothèse qu'on ne peut écarter, soit il instrumentalise délibérément la menace terroriste dans le cadre d'une stratégie de la tension visant à ressouder un électorat déboussolé.
Son discours exhume d'ailleurs les vieux poncifs de la colonisation française, à commencer par les fantasmes de guerre sainte en vogue voilà un siècle. Au passage, le président pâtit de son anti-intellectualisme forcené. Sait-on seulement à l'Elysée que la région compte quelques-uns des meilleurs analystes de l'islamisme ou de l'espace sahélien? Le pouvoir politique ignore superbement leurs travaux. Les seuls que l'on écoute, ce sont les experts en sécurité. D'où une approche exclusivement militaire et policière. Au fond, Sarkozy gère ce dossier en ministre de l'Intérieur plus qu'en chef d'Etat.
Voyez-vous un lien entre le rapt d'Arlit et celui du delta du Niger, l'éponge à hydrocarbures du Nigeria voisin ?
Il existe un lien fortuit entre ce qui se joue dans le nord du Niger et dans le delta. Areva se trouve dans la même logique de prédation sociale et écologique que Total et les autres compagnies pétrolières opérant au Nigeria. Dans les deux cas, cela suscite localement un profond ressentiment.
Un soldat nigérien en lisière du site Areva d'Arlit. "Les interventions militaires étrangères fragilisent des Etats que l'on prétend conforter", estime Jean-François Bayart.
S'agissant d'Aqmi, la riposte militaire est-elle pertinente?
La militarisation du contentieux est préjudiciable à nos intérêts. Les interventions étrangères fragilisent des Etats que l'on prétend conforter, pris entre le marteau de l'Occident et l'enclume de leur société; elles contribuent à les délégitimer face à Aqmi, promu champion de la cause musulmane. En la matière, le raid franco-mauritanien en territoire malien du 22 juillet a quelque chose de criminel: Bamako n'avait pas été prévenu [NDLR : fatale à six djihadistes, cette tentative de libération par la force du septuagénaire français Michel Germaneau, assassiné auparavant, a échoué]. On devrait plutôt faire confiance aux acteurs locaux et à leur aptitude à coopter au sein de l'espace national l'islam politique. En diabolisant celui-ci, on laisse le champ libre à l'action armée des plus radicaux. C'est la métaphore de la Cocotte-Minute: si la vapeur ne peut s'en échapper, elle explose.
Faut-il discuter avec Aqmi?
Oui, mais uniquement du sort des otages. Ni d'Areva ni du port du voile, sous peine de contribuer à la légitimation que je dénonce. En revanche, la stratégie d'asphyxie d'Aqmi, d'assèchement de ses filières et de son terreau, passe par la coopération avec nos partenaires naturels: les Etats.
Quelle ligne de conduite préconisez-vous pour sortir de l'ornière?
Si nous voulons récupérer nos compatriotes vivants, il va falloir en payer le prix, d'autant que l'opération de juillet a lourdement grevé l'"ardoise" française. Il faut avant tout s'abstenir de valoriser Aqmi. Plus on lui donne de l'importance, plus s'accroît la valeur marchande - financière ou politique - des captifs. Le renseignement et l'action peuvent se révéler nécessaires, mais le tout-militaire est voué à l'échec.
De quelle manière?
Notre politique de lutte contre l'immigration clandestine fabrique de la clandestinité. Dès lors qu'il devient impossible d'être un migrant légal, reste l'illégalité. Plus on criminalise l'immigration, plus on valorise le trafic. La valeur ajoutée de la contrebande, c'est la menace du douanier. A la clef, une politique vaine, cynique et criminelle: on estime à 15 000 le nombre de candidats à l'exil qui ont péri dans le Sahara ou en Méditerranée ces dernières années. Il en va de même pour la drogue. Là encore, la prohibition valorise le trafic et consolide la rente de situation du trafiquant. Quant à la militarisation de la lutte contre le trafic, elle favorise celle des trafiquants eux-mêmes.
Il y a en Afrique de l'Ouest un risque de syndrome colombien, avec l'émergence, dans dix ou vingt ans, de mouvements criminels de type mafieux qui travailleront avec la Camorra ou la 'Ndrangheta. Et qui gangrèneront l'Etat, comme on commence à l'observer en Guinée-Bissau, en Guinée-Conakry, au Sénégal ou en Mauritanie. Ce processus corrompt également l'administration au Mali et, vraisemblablement, au Niger. Quant à la Libye, elle est complètement impliquée dans les trafics sahariens de drogue et d'êtres humains malgré - ou grâce à - une coopération avec l'Union européenne censée les endiguer.
Le raisonnement vaut-il pour notre rapport à l'islam?
Oui. A force de crier au loup terroriste, marginal dans les sociétés musulmanes, on lui octroie une rente de situation et on lui offre le monopole de la lutte anti-impérialiste, voire le statut d'héritier du nationalisme arabe. A la fin des années 1950, le pouvoir français jurait ses grands dieux de ne jamais négocier avec les "terroristes du FLN". On a vu ce qui est advenu. En Afghanistan, on finit par traiter, la queue basse, avec les taliban. Qu'il s'agisse d'immigration, de drogue ou d'islam, on en revient toujours au théorème d'Al Capone: c'est la Prohibition qui crée la mafia, pas la consommation d'alcool.
Par Vincent Hugeux, publié le 30/09/2010 à 07:00
l'express.fr
Comment opérer face à Aqmi, qui détient les Français enlevés au Niger? Le politologue Jean-François Bayart juge vaine l'option du "tout-militaire".
Sept employés d'Areva et de la Satom - filiale de Vinci - dont cinq Français, ont été enlevés dans la nuit du 15 au 16 septembre à Arlit, dans le nord du Niger. Le rapt a été revendiqué par Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi). Trois marins, français eux aussi, travaillant pour l'industrie pétrolière, ont été kidnappés une semaine plus tard au Nigeria, au coeur d'un delta où opère une rébellion adepte de la prise d'otages.
Les deux opérations obéissent à des logiques distinctes, mais leur concomitance appelle le décryptage de Jean-François Bayart, directeur de recherche au CNRS (Sciences po-Ceri) et auteur de L'Islam républicain. Ankara, Téhéran, Dakar (Albin Michel).
Que vaut à la France son statut de cible prioritaire d'Aqmi?
Elle paie d'abord la politique de Nicolas Sarkozy. D'une part, l'engagement dans la guerre d'Afghanistan et la nette inflexion de sa politique proche-orientale en faveur d'Israël. D'autre part, les positions de l'exécutif quant à l'islam. Le port du voile ou celui de la burqa constituent des enjeux symboliques qui alimentent dans l'opinion musulmane une fantasmagorie plus ou moins paranoïaque.
Vous jugez absurde la stratégie française. Pourquoi?
Paris commet l'erreur d'ériger Aqmi en adversaire majeur, alors qu'il ne s'agit que d'un groupe marginal, doté sur le terrain de quelques centaines de combattants certes aguerris, mobiles et bien armés à l'échelle d'une oasis saharienne, mais qui ne peuvent opérer que grâce à la complicité active des Touareg. Or la France court le risque de cimenter l'alliance conjoncturelle et commerciale passée entre ces autochtones, qui réclament avant tout leur part du gâteau de l'uranium, et les islamistes algériens: je prends des otages et je te les revends.
Plutôt que d'élever Aqmi au rang de porte-étendard de la protestation nationaliste et anti-impérialiste, mieux vaudrait tenter de dissocier les intérêts des Touareg de ceux de leurs alliés de circonstance, encourager le Niger et le Mali voisin à renouer avec eux des négociations politiques, assorties de gages économiques et financiers. Au demeurant, les Touareg n'ont pas très envie de voir débouler des forces spéciales étrangères, dont l'irruption entraverait leurs activités traditionnelles de contrebande.
Quel est le ressort des errements français?
Aqmi et Sarkozy sont des ennemis complémentaires. Chacun a besoin de l'autre. La filiale maghrébine d'Al-Qaeda sait gré au président français de l'inscrire dans un arc de crise courant du Pakistan au Mali; l'Elysée, lui, tend à utiliser le péril islamiste. Soit Nicolas Sarkozy fait preuve d'incompétence et d'amateurisme en matière de politique internationale, hypothèse qu'on ne peut écarter, soit il instrumentalise délibérément la menace terroriste dans le cadre d'une stratégie de la tension visant à ressouder un électorat déboussolé.
Son discours exhume d'ailleurs les vieux poncifs de la colonisation française, à commencer par les fantasmes de guerre sainte en vogue voilà un siècle. Au passage, le président pâtit de son anti-intellectualisme forcené. Sait-on seulement à l'Elysée que la région compte quelques-uns des meilleurs analystes de l'islamisme ou de l'espace sahélien? Le pouvoir politique ignore superbement leurs travaux. Les seuls que l'on écoute, ce sont les experts en sécurité. D'où une approche exclusivement militaire et policière. Au fond, Sarkozy gère ce dossier en ministre de l'Intérieur plus qu'en chef d'Etat.
Voyez-vous un lien entre le rapt d'Arlit et celui du delta du Niger, l'éponge à hydrocarbures du Nigeria voisin ?
Il existe un lien fortuit entre ce qui se joue dans le nord du Niger et dans le delta. Areva se trouve dans la même logique de prédation sociale et écologique que Total et les autres compagnies pétrolières opérant au Nigeria. Dans les deux cas, cela suscite localement un profond ressentiment.
Un soldat nigérien en lisière du site Areva d'Arlit. "Les interventions militaires étrangères fragilisent des Etats que l'on prétend conforter", estime Jean-François Bayart.
S'agissant d'Aqmi, la riposte militaire est-elle pertinente?
La militarisation du contentieux est préjudiciable à nos intérêts. Les interventions étrangères fragilisent des Etats que l'on prétend conforter, pris entre le marteau de l'Occident et l'enclume de leur société; elles contribuent à les délégitimer face à Aqmi, promu champion de la cause musulmane. En la matière, le raid franco-mauritanien en territoire malien du 22 juillet a quelque chose de criminel: Bamako n'avait pas été prévenu [NDLR : fatale à six djihadistes, cette tentative de libération par la force du septuagénaire français Michel Germaneau, assassiné auparavant, a échoué]. On devrait plutôt faire confiance aux acteurs locaux et à leur aptitude à coopter au sein de l'espace national l'islam politique. En diabolisant celui-ci, on laisse le champ libre à l'action armée des plus radicaux. C'est la métaphore de la Cocotte-Minute: si la vapeur ne peut s'en échapper, elle explose.
Faut-il discuter avec Aqmi?
Oui, mais uniquement du sort des otages. Ni d'Areva ni du port du voile, sous peine de contribuer à la légitimation que je dénonce. En revanche, la stratégie d'asphyxie d'Aqmi, d'assèchement de ses filières et de son terreau, passe par la coopération avec nos partenaires naturels: les Etats.
Quelle ligne de conduite préconisez-vous pour sortir de l'ornière?
Si nous voulons récupérer nos compatriotes vivants, il va falloir en payer le prix, d'autant que l'opération de juillet a lourdement grevé l'"ardoise" française. Il faut avant tout s'abstenir de valoriser Aqmi. Plus on lui donne de l'importance, plus s'accroît la valeur marchande - financière ou politique - des captifs. Le renseignement et l'action peuvent se révéler nécessaires, mais le tout-militaire est voué à l'échec.
De quelle manière?
Notre politique de lutte contre l'immigration clandestine fabrique de la clandestinité. Dès lors qu'il devient impossible d'être un migrant légal, reste l'illégalité. Plus on criminalise l'immigration, plus on valorise le trafic. La valeur ajoutée de la contrebande, c'est la menace du douanier. A la clef, une politique vaine, cynique et criminelle: on estime à 15 000 le nombre de candidats à l'exil qui ont péri dans le Sahara ou en Méditerranée ces dernières années. Il en va de même pour la drogue. Là encore, la prohibition valorise le trafic et consolide la rente de situation du trafiquant. Quant à la militarisation de la lutte contre le trafic, elle favorise celle des trafiquants eux-mêmes.
Il y a en Afrique de l'Ouest un risque de syndrome colombien, avec l'émergence, dans dix ou vingt ans, de mouvements criminels de type mafieux qui travailleront avec la Camorra ou la 'Ndrangheta. Et qui gangrèneront l'Etat, comme on commence à l'observer en Guinée-Bissau, en Guinée-Conakry, au Sénégal ou en Mauritanie. Ce processus corrompt également l'administration au Mali et, vraisemblablement, au Niger. Quant à la Libye, elle est complètement impliquée dans les trafics sahariens de drogue et d'êtres humains malgré - ou grâce à - une coopération avec l'Union européenne censée les endiguer.
Le raisonnement vaut-il pour notre rapport à l'islam?
Oui. A force de crier au loup terroriste, marginal dans les sociétés musulmanes, on lui octroie une rente de situation et on lui offre le monopole de la lutte anti-impérialiste, voire le statut d'héritier du nationalisme arabe. A la fin des années 1950, le pouvoir français jurait ses grands dieux de ne jamais négocier avec les "terroristes du FLN". On a vu ce qui est advenu. En Afghanistan, on finit par traiter, la queue basse, avec les taliban. Qu'il s'agisse d'immigration, de drogue ou d'islam, on en revient toujours au théorème d'Al Capone: c'est la Prohibition qui crée la mafia, pas la consommation d'alcool.
Niger : le décret sur le référendum constitutionnel est signé
Niger : le décret sur le référendum constitutionnel est signé
Par RFI
Au Niger le président de la transition a signé le 2 octobre le décret qui convoque le référendum constitutionnel du 31 octobre. Les Nigériens devront se prononcer pour ou contre la nouvelle Constitution. Une formalité qui marque le début du processus électoral qui se déroulera sur plusieurs mois, jusqu’à la présidentielle prévue en 2010. Ce scrutin marquera la fin de la période de transition politique ouverte avec le renversement du président Tandja le 18 février dernier.
Avec ce décret signé le 2 octobre, le compte à rebours des élections est lancé, conformément au chronogramme validé par la junte militaire il y a moins d’un mois. Le premier scrutin de la transition est fixé au 31 octobre. Il sera suivi par des élections locales, puis par des législatives couplées à la présidentielle le 31 janvier prochain.
La signature du décret intervient deux jours après la remise officielle du fichier électoral aux autorités. Cette révision exceptionnelle de la liste a permis d’inscrire plus de 650 000 nouveaux noms soit un total de 6,7 millions électeurs
La campagne pour le référendum n’a pas attendu le décret pour débuter. La semaine dernière plusieurs membres du gouvernement ont sillonné le pays pour comme ont dit au Niger « populariser », le projet de constitution qui doit être soumis au vote.
Un projet qui prévoit une amnistie pour les auteurs et co-auteurs du dernier coup d’état, un mandat présidentiel ramené à 5 ans, renouvelable une fois et des pouvoirs exceptionnels pour le chef de l’Etat face à des évènements imprévisibles.
Par RFI
Au Niger le président de la transition a signé le 2 octobre le décret qui convoque le référendum constitutionnel du 31 octobre. Les Nigériens devront se prononcer pour ou contre la nouvelle Constitution. Une formalité qui marque le début du processus électoral qui se déroulera sur plusieurs mois, jusqu’à la présidentielle prévue en 2010. Ce scrutin marquera la fin de la période de transition politique ouverte avec le renversement du président Tandja le 18 février dernier.
Avec ce décret signé le 2 octobre, le compte à rebours des élections est lancé, conformément au chronogramme validé par la junte militaire il y a moins d’un mois. Le premier scrutin de la transition est fixé au 31 octobre. Il sera suivi par des élections locales, puis par des législatives couplées à la présidentielle le 31 janvier prochain.
La signature du décret intervient deux jours après la remise officielle du fichier électoral aux autorités. Cette révision exceptionnelle de la liste a permis d’inscrire plus de 650 000 nouveaux noms soit un total de 6,7 millions électeurs
La campagne pour le référendum n’a pas attendu le décret pour débuter. La semaine dernière plusieurs membres du gouvernement ont sillonné le pays pour comme ont dit au Niger « populariser », le projet de constitution qui doit être soumis au vote.
Un projet qui prévoit une amnistie pour les auteurs et co-auteurs du dernier coup d’état, un mandat présidentiel ramené à 5 ans, renouvelable une fois et des pouvoirs exceptionnels pour le chef de l’Etat face à des évènements imprévisibles.
Le chef d'Aqmi supplié par sa mère
Le chef d'Aqmi supplié par sa mère
le JDD.fr
Alors que la présidente d’Areva Anne Lauvergeon est arrivée à Niamey (Niger) jeudi après-midi, une autre personne tente aussi de libérer les sept otages détenus depuis mi-septembre par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), mais pas pour les mêmes raisons. Il s’agit de la mère du chef de l’organisation terroriste, qui exhorte tout simplement son fils à rentrer au bercail, dans une vidéo exclusive de Paris Match.
La mère d'Abou Zeid a lancé un appel à son fils, pour qu'il "se rende" et rentre à la maison. (Paris Match)
Les initiatives en faveur de la libération des otages, enlevés dans la nuit du 15 au 16 septembre à Arlit, au Niger, viennent de toutes parts. Il y a d’abord Anne Lauvergeon, arrivée à Niamey vendredi pour rencontrer le président nigérien Salou Djibo. La présidente d’Areva devrait aussi rencontrer les expatriés français qui travaillent pour le groupe nucléaire et ses partenaires, à Arlit. La semaine dernière, Areva et l’Etat nigérien s’étaient renvoyé la balle, sur la responsabilité de la sécurité des expatriés.
Beaucoup plus inattendu, il y a aussi Hadja Fatma, la mère d’Abou Zeid, le chef d’Aqmi, qui, dans une vidéo exclusive de Paris Match , supplie son fils de rentrer à la maison. Très malade, la vieille femme "demande à Dieu de ramener [son fils] vers le droit chemin", pour qu’il lui "revienne en bonne santé". Et surtout, elle veut que son fils "se rende, qu’il cesse ce qu’il fait". Très affaiblie, assise dans sa maison qu'elle dit "délabrée", Hadja Fatma lance à Abou Zeid un appel poignant. Reste à voir si le guerrier écoutera ou non la complainte de sa maman.
le JDD.fr
Alors que la présidente d’Areva Anne Lauvergeon est arrivée à Niamey (Niger) jeudi après-midi, une autre personne tente aussi de libérer les sept otages détenus depuis mi-septembre par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), mais pas pour les mêmes raisons. Il s’agit de la mère du chef de l’organisation terroriste, qui exhorte tout simplement son fils à rentrer au bercail, dans une vidéo exclusive de Paris Match.
La mère d'Abou Zeid a lancé un appel à son fils, pour qu'il "se rende" et rentre à la maison. (Paris Match)
Les initiatives en faveur de la libération des otages, enlevés dans la nuit du 15 au 16 septembre à Arlit, au Niger, viennent de toutes parts. Il y a d’abord Anne Lauvergeon, arrivée à Niamey vendredi pour rencontrer le président nigérien Salou Djibo. La présidente d’Areva devrait aussi rencontrer les expatriés français qui travaillent pour le groupe nucléaire et ses partenaires, à Arlit. La semaine dernière, Areva et l’Etat nigérien s’étaient renvoyé la balle, sur la responsabilité de la sécurité des expatriés.
Beaucoup plus inattendu, il y a aussi Hadja Fatma, la mère d’Abou Zeid, le chef d’Aqmi, qui, dans une vidéo exclusive de Paris Match , supplie son fils de rentrer à la maison. Très malade, la vieille femme "demande à Dieu de ramener [son fils] vers le droit chemin", pour qu’il lui "revienne en bonne santé". Et surtout, elle veut que son fils "se rende, qu’il cesse ce qu’il fait". Très affaiblie, assise dans sa maison qu'elle dit "délabrée", Hadja Fatma lance à Abou Zeid un appel poignant. Reste à voir si le guerrier écoutera ou non la complainte de sa maman.
Anne Lauvergeon rassure le personnel d’Areva
Anne Lauvergeon rassure le personnel d’Areva
Vendredi au Niger, la présidente du groupe français a rappelé "la solidarité et l’unité" qui doivent prévaloir entre son entreprise et le pays africain.
Photo:
Anne Lauvergeon, la patronne d’Areva , et le ministre nigérien des Mines et de l’Energie (à droite) à la signature du contrat Imouraren/2009
Anne Lauvergeon venait au Niger pour porter deux messages, de solidarité et de détermination: l’un en interne, destiné aux salariés d’Areva, et l’autre pour les autorités nigériennes. Une communication un brin parasitée par Al- Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) qui, dans le même temps, a diffusé les premières images des sept otages, dont cinq Français, enlevés dans la nuit du 15 au 16 septembre à Arlit. "Les terroristes n’auront pas le dernier mot", a martelé vendredi la présidente d’Areva, martiale en tailleur beige, sous le hangar de l’aéroport utilisé par le petit avion d’Areva. "Areva reste au Niger", a-t-elle répété plusieurs fois, avec un large sourire. Mais elle s’est aussi crispée lorsqu’on lui a demandé, dans la perspective des prochaines négociations de la France avec Aqmi, si "Areva mettrait la main à la poche". "Je ne répondrai pas à cette question." Puis, se reprenant, très vite: "Notre première priorité, c’est la libération des otages."
De fait, les questions de la presse ont essentiellement porté sur les questions de sécurité. Et Anne Lauvergeon n’était pas prioritairement venue pour cela. Pour l’heure, un audit est en cours ; et des décisions seront prises prochainement. L’objectif premier était, pour la présidente du groupe français, de rassurer son personnel: 2.200 personnes réparties sur deux mines en activité – Cominak et Somaïr – à Arlit et sur le site d’Imouraren, la future, immense et prometteuse mine d’uranium. Avec l’attaque menée par Aqmi à Arlit, la ville appelée dans les années 70 "Petit Paris", Areva a été déstabilisée, prise en défaut. Les craintes, chez un personnel désormais exclusivement nigérien – après le rapatriement de tous les expatriés – portent sur l’avenir de la production et l’emploi. C’est pourquoi Anne Lauvergeon, accompagnée du ministre nigérien des Mines, M. Souleymane Abba, de deux généraux français "Areva" (le général Quesnot et le général Champenois), et du directeur de l’activité minière du groupe, Sébastien de Montessus, a passé une grande partie de la journée d’hier à Arlit. Partie à 8 heures du matin de Niamey, elle n’en est revenue qu’à 17 heures, après plusieurs réunions avec le personnel, une visite de l’usine de la Cominak, un déjeuner au restaurant de la société et un passage devant la modeste villa où ont été enlevés les époux Larribe, aujourd’hui otages. "Nous pensons très fort à eux et à leur famille", a-t-elle déclaré.
Après son arrivé jeudi à Niamey, la présidente d’Areva avait consacré une grande partie de son après-midi à des rencontres avec les officiels nigériens, à commencer par le chef de l’Etat, Salou Djibo, qu’elle n’avait rencontré qu’une fois depuis le coup d’Etat du 18 février. Le général l’a reçue en tête à tête, quelques minutes, avant une rencontre réunissant la ministre des Affaires Etrangères et ses collègues des Mines et de l’Intérieur. Côté français, outre la délégation venue de France avec la présidente d’Areva, on comptait le directeur général d’Areva au Niger, Olivier Muller, et l’ambassadeur de France, Alain Holleville. "Nous avons discuté avec le chef de l’Etat, face à cet acte terroriste, de la solidarité et de l’unité qui existent entre le Niger et notre entreprise. On ne mettra pas, l’expression a été donnée par un de ses ministres, une feuille de papier à cigarette entre le Niger et Areva. Nous sommes solidaires", a-t-elle déclaré en sortant de la Villa Verte, qui abrite la présidence nigérienne. Une entente franco-nigérienne indispensable: l’uranium est la première ressource du Niger; et cet cet uranium, la France ne peut s’en passer.
Nathalie Prévost, correspondante à Niamey (Niger) - Le Journal du Dimanche
Samedi 02 Octobre 2010
Hommage à Abdallah, celui qui a sauvé des Français
A une question sur les "complicités internes" de salariés nigériens d’Areva qui auraient pu aider les terroristes d’Aqmi, la présidente d’Areva a répondu par un hommage appuyé à Abdallah, enlevé par erreur à la place de son voisin français . "Les enquêtes sont en cours. Nous verrons bien ce qu’il en ressortira de complicités potentielles ou pas. […] Ce que nous savons, par contre, je voudrais en témoigner ici, c’est l’extraordinaire courage de notre collègue nigérien, qui, au péril de sa vie, a refusé de dire où étaient les expatriés. Qui a cru sa dernière heure venue, qui l’avait accepté et qui a préféré mourir que de parler [il a finalement été relâché par les ravisseurs]. […] Ne compliquons pas le sujet: je pense que, franchement, il ne faut jamais confondre les agresseurs et les agressés ."
Le JDD
Vendredi au Niger, la présidente du groupe français a rappelé "la solidarité et l’unité" qui doivent prévaloir entre son entreprise et le pays africain.
Photo:
Anne Lauvergeon, la patronne d’Areva , et le ministre nigérien des Mines et de l’Energie (à droite) à la signature du contrat Imouraren/2009
Anne Lauvergeon venait au Niger pour porter deux messages, de solidarité et de détermination: l’un en interne, destiné aux salariés d’Areva, et l’autre pour les autorités nigériennes. Une communication un brin parasitée par Al- Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) qui, dans le même temps, a diffusé les premières images des sept otages, dont cinq Français, enlevés dans la nuit du 15 au 16 septembre à Arlit. "Les terroristes n’auront pas le dernier mot", a martelé vendredi la présidente d’Areva, martiale en tailleur beige, sous le hangar de l’aéroport utilisé par le petit avion d’Areva. "Areva reste au Niger", a-t-elle répété plusieurs fois, avec un large sourire. Mais elle s’est aussi crispée lorsqu’on lui a demandé, dans la perspective des prochaines négociations de la France avec Aqmi, si "Areva mettrait la main à la poche". "Je ne répondrai pas à cette question." Puis, se reprenant, très vite: "Notre première priorité, c’est la libération des otages."
De fait, les questions de la presse ont essentiellement porté sur les questions de sécurité. Et Anne Lauvergeon n’était pas prioritairement venue pour cela. Pour l’heure, un audit est en cours ; et des décisions seront prises prochainement. L’objectif premier était, pour la présidente du groupe français, de rassurer son personnel: 2.200 personnes réparties sur deux mines en activité – Cominak et Somaïr – à Arlit et sur le site d’Imouraren, la future, immense et prometteuse mine d’uranium. Avec l’attaque menée par Aqmi à Arlit, la ville appelée dans les années 70 "Petit Paris", Areva a été déstabilisée, prise en défaut. Les craintes, chez un personnel désormais exclusivement nigérien – après le rapatriement de tous les expatriés – portent sur l’avenir de la production et l’emploi. C’est pourquoi Anne Lauvergeon, accompagnée du ministre nigérien des Mines, M. Souleymane Abba, de deux généraux français "Areva" (le général Quesnot et le général Champenois), et du directeur de l’activité minière du groupe, Sébastien de Montessus, a passé une grande partie de la journée d’hier à Arlit. Partie à 8 heures du matin de Niamey, elle n’en est revenue qu’à 17 heures, après plusieurs réunions avec le personnel, une visite de l’usine de la Cominak, un déjeuner au restaurant de la société et un passage devant la modeste villa où ont été enlevés les époux Larribe, aujourd’hui otages. "Nous pensons très fort à eux et à leur famille", a-t-elle déclaré.
Après son arrivé jeudi à Niamey, la présidente d’Areva avait consacré une grande partie de son après-midi à des rencontres avec les officiels nigériens, à commencer par le chef de l’Etat, Salou Djibo, qu’elle n’avait rencontré qu’une fois depuis le coup d’Etat du 18 février. Le général l’a reçue en tête à tête, quelques minutes, avant une rencontre réunissant la ministre des Affaires Etrangères et ses collègues des Mines et de l’Intérieur. Côté français, outre la délégation venue de France avec la présidente d’Areva, on comptait le directeur général d’Areva au Niger, Olivier Muller, et l’ambassadeur de France, Alain Holleville. "Nous avons discuté avec le chef de l’Etat, face à cet acte terroriste, de la solidarité et de l’unité qui existent entre le Niger et notre entreprise. On ne mettra pas, l’expression a été donnée par un de ses ministres, une feuille de papier à cigarette entre le Niger et Areva. Nous sommes solidaires", a-t-elle déclaré en sortant de la Villa Verte, qui abrite la présidence nigérienne. Une entente franco-nigérienne indispensable: l’uranium est la première ressource du Niger; et cet cet uranium, la France ne peut s’en passer.
Nathalie Prévost, correspondante à Niamey (Niger) - Le Journal du Dimanche
Samedi 02 Octobre 2010
Hommage à Abdallah, celui qui a sauvé des Français
A une question sur les "complicités internes" de salariés nigériens d’Areva qui auraient pu aider les terroristes d’Aqmi, la présidente d’Areva a répondu par un hommage appuyé à Abdallah, enlevé par erreur à la place de son voisin français . "Les enquêtes sont en cours. Nous verrons bien ce qu’il en ressortira de complicités potentielles ou pas. […] Ce que nous savons, par contre, je voudrais en témoigner ici, c’est l’extraordinaire courage de notre collègue nigérien, qui, au péril de sa vie, a refusé de dire où étaient les expatriés. Qui a cru sa dernière heure venue, qui l’avait accepté et qui a préféré mourir que de parler [il a finalement été relâché par les ravisseurs]. […] Ne compliquons pas le sujet: je pense que, franchement, il ne faut jamais confondre les agresseurs et les agressés ."
Le JDD
samedi 2 octobre 2010
Otages d'Aqmi: un ancien chef touareg dépêché comme médiateur au Nord Mali
Otages d'Aqmi: un ancien chef touareg dépêché comme médiateur au Nord Mali
samedi 02 octobre 2010
Ouest France.fr
photo :Aqmi
Un ancien chef de la rébellion touareg au Mali, Iyad Ag Ghaly, est arrivé samedi à Gao (nord-est du Mali) pour participer aux négociations en vue de la libération de sept otages détenus par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Dès son arrivée à Gao (1 200 Km au nord est de Bamako), le médiateur a pris la direction du grand nord du Mali, vers le massif du Timétrine, ont ajoutés les mêmes sources. Personnalité influente dans le nord du Mali, Iyad Ag Ghaly est mandaté par le gouvernement malien pour participer à ces négociations
Connaître les revendications
« Nous avons dépêché Iyad Ag Ghaly pour aider au dénouement de l'affaire. Il est en route », a confirmé une source officielle malienne. Iyad Ag Ghaly avait déjà envoyé auprès des ravisseurs l'un de ses proches qui avait pu voir les otages, avant la publication officielle de preuves de vie. L'objectif du médiateur touareg malien serait à présent de revenir avec tout ou une partie des revendications posées par les ravisseurs.
samedi 02 octobre 2010
Ouest France.fr
photo :Aqmi
Un ancien chef de la rébellion touareg au Mali, Iyad Ag Ghaly, est arrivé samedi à Gao (nord-est du Mali) pour participer aux négociations en vue de la libération de sept otages détenus par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Dès son arrivée à Gao (1 200 Km au nord est de Bamako), le médiateur a pris la direction du grand nord du Mali, vers le massif du Timétrine, ont ajoutés les mêmes sources. Personnalité influente dans le nord du Mali, Iyad Ag Ghaly est mandaté par le gouvernement malien pour participer à ces négociations
Connaître les revendications
« Nous avons dépêché Iyad Ag Ghaly pour aider au dénouement de l'affaire. Il est en route », a confirmé une source officielle malienne. Iyad Ag Ghaly avait déjà envoyé auprès des ravisseurs l'un de ses proches qui avait pu voir les otages, avant la publication officielle de preuves de vie. L'objectif du médiateur touareg malien serait à présent de revenir avec tout ou une partie des revendications posées par les ravisseurs.
Le FMI invite le Niger à la « prudence » dans ses investissements miniers et pétroliers
Le FMI invite le Niger à la « prudence » dans ses investissements miniers et pétroliers
APA
vendredi 1er octobre 2010
APA-Niamey (Niger) Le Niger doit faire montre de « prudence » dans ses plans d’investissements au sein des divers projets portés par des compagnies étrangères dans l’exploitation des ressources minières et pétrolières, a estimé le Fonds monétaire international (FMI), au terme d’une mission de deux semaines dans le pays.
« Un certain nombre de projets miniers et pétroliers importants sur le point de se matérialiser offrent potentiellement au Niger de nouvelles opportunités de croissance et surtout de hausse substantielle des recettes fiscales » révèle le FMI.
Cependant, précise le Fonds, ces projets « comportent également des risques financiers considérables »,en ce qui concerne notamment la décision du gouvernement nigérien « de s’impliquer directement dans ces projets par le biais de prises de participation dans les sociétés qui les développent ».
Pays pauvre, en proie à des cycles réguliers de famine, le Niger est pourtant riche en ressources naturelles notamment en uranium, pétrole, or et phosphate.
Avec une production annuelle aux alentours de 3000 tonnes, le Niger est le 3ème producteur mondial d’uranium après le Canada et l’Australie et l’exploitation, dans un proche avenir, du gisement d’Imouraren, au nord d’Agadez, deuxième gisement au monde, après le Canada, placera le pays au deuxième rang mondial des exportateurs d’uranium.
En 2008, Niamey a signé avec la compagnie chinoise CNODC un accord portant sur le bloc d’Agadem assorti notamment de la construction d’une raffinerie pour 600 millions de dollars (254 milliards FCFA) et 300 à 400 millions de dollars (127 à 169 milliards FCFA) pour la réalisation d’un pipeline alimentant la raffinerie.
Par ailleurs, le canadien SEMAFO, exploitant de la mine de Samira depuis le début de sa production, en 2004, a indiqué avoir atteint en 2009 une production de plus de 340 000 onces d’or en cinq ans.
DS/od/APA
APA
vendredi 1er octobre 2010
APA-Niamey (Niger) Le Niger doit faire montre de « prudence » dans ses plans d’investissements au sein des divers projets portés par des compagnies étrangères dans l’exploitation des ressources minières et pétrolières, a estimé le Fonds monétaire international (FMI), au terme d’une mission de deux semaines dans le pays.
« Un certain nombre de projets miniers et pétroliers importants sur le point de se matérialiser offrent potentiellement au Niger de nouvelles opportunités de croissance et surtout de hausse substantielle des recettes fiscales » révèle le FMI.
Cependant, précise le Fonds, ces projets « comportent également des risques financiers considérables »,en ce qui concerne notamment la décision du gouvernement nigérien « de s’impliquer directement dans ces projets par le biais de prises de participation dans les sociétés qui les développent ».
Pays pauvre, en proie à des cycles réguliers de famine, le Niger est pourtant riche en ressources naturelles notamment en uranium, pétrole, or et phosphate.
Avec une production annuelle aux alentours de 3000 tonnes, le Niger est le 3ème producteur mondial d’uranium après le Canada et l’Australie et l’exploitation, dans un proche avenir, du gisement d’Imouraren, au nord d’Agadez, deuxième gisement au monde, après le Canada, placera le pays au deuxième rang mondial des exportateurs d’uranium.
En 2008, Niamey a signé avec la compagnie chinoise CNODC un accord portant sur le bloc d’Agadem assorti notamment de la construction d’une raffinerie pour 600 millions de dollars (254 milliards FCFA) et 300 à 400 millions de dollars (127 à 169 milliards FCFA) pour la réalisation d’un pipeline alimentant la raffinerie.
Par ailleurs, le canadien SEMAFO, exploitant de la mine de Samira depuis le début de sa production, en 2004, a indiqué avoir atteint en 2009 une production de plus de 340 000 onces d’or en cinq ans.
DS/od/APA
Alors que Paris est prêt à tous les compromis avec Aqmi,Les négociations pour la libération des otages ont commencé
Alors que Paris est prêt à tous les compromis avec Aqmi
Les négociations pour la libération des otages ont commencé
LE TEMPS D’ALGERIE
vendredi 1er octobre 2010
Finalement, Anne Lauvergeon, présidente du groupe Areva, a osé le déplacement à Niamey. Une visite à inscrire dans le contexte particulier créé en France après l’enlèvement au Niger des sept employés du groupe nucléaire par un groupe d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). La visite de la présidente d’Areva intervient à la suite de la diffusion par la chaîne qatarie Al Jazeera d’une photo montrant les sept otages enlevés deux semaines plus tôt, à Arlit, au Niger.
Le document est accompagné d’un enregistrement vidéo dans lequel les otages français déclinent leur identité. « Un signe encourageant » qui confirme que les sept expatriés sont encore en vie, mais qui ravive aussi les craintes du gouvernement français quant à l’issue des négociations pour leur libération.
Ces négociations ont d’ailleurs commencé au lendemain de la prise d’otages par l’intermédiaire de notables maliens et mauritaniens influents, dont certains ont déjà apporté leur précieuse contribution à la libération des ex-otages britanniques, espagnols et français, dont Pierre Camatte, libéré après 3 mois de détention.
La France, qui se refuse d’intervenir militairement dans la région malgré la force de dissuasion dont elle dispose dans les pays du Sahel, entend préserver la vie de ses ressortissants en faisant montre de sa disponibilité à entrevoir toutes les options pour leur libération.
Paris aurait demandé officiellement au Mali de l’aider à libérer les otages, et cette aide sera le fait d’intermédiaires connus pour leurs liens privilégiés avec les groupes d’Aqmi et une partie de la rébellion targuie, fortement implantée dans le nord du Mali.
C’est à travers ces négociateurs que les autorités françaises devront connaître les principales revendications et exigences des ravisseurs, et l’on ne doute pas qu’elles seront axées essentiellement sur le versement de fortes rançons qui iront gonfler le trésor de guerre d’Aqmi.
La durée des négociations dépendra de la réactivité des autorités françaises quant à débloquer les sommes exigées par les ravisseurs.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la somme globale de la rançon devrait atteindre plus de 10 millions d’euros. Si l’on se réfère aux précédentes rançons payer pour la libération de Pierre Camatte, des deux humanitaires espagnols, du groupe de touristes allemands et des deux diplomates canadiens, les Français devront au moins payer 2 à 3 millions d’euros pour chacun de leurs ressortissants, peut-être un peu moins pour les deux malheureux Africains.
En tout état de cause, l’organisation de Droudkel semble en passe de réussir son coup en contraignant la toute-puissante France à satisfaire ses desiderata. Et du coup, donner consistance à sa promesse de lutter contre la France, quel que soit le terrain des opérations.
Les négociations pour la libération des otages ont commencé
LE TEMPS D’ALGERIE
vendredi 1er octobre 2010
Finalement, Anne Lauvergeon, présidente du groupe Areva, a osé le déplacement à Niamey. Une visite à inscrire dans le contexte particulier créé en France après l’enlèvement au Niger des sept employés du groupe nucléaire par un groupe d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). La visite de la présidente d’Areva intervient à la suite de la diffusion par la chaîne qatarie Al Jazeera d’une photo montrant les sept otages enlevés deux semaines plus tôt, à Arlit, au Niger.
Le document est accompagné d’un enregistrement vidéo dans lequel les otages français déclinent leur identité. « Un signe encourageant » qui confirme que les sept expatriés sont encore en vie, mais qui ravive aussi les craintes du gouvernement français quant à l’issue des négociations pour leur libération.
Ces négociations ont d’ailleurs commencé au lendemain de la prise d’otages par l’intermédiaire de notables maliens et mauritaniens influents, dont certains ont déjà apporté leur précieuse contribution à la libération des ex-otages britanniques, espagnols et français, dont Pierre Camatte, libéré après 3 mois de détention.
La France, qui se refuse d’intervenir militairement dans la région malgré la force de dissuasion dont elle dispose dans les pays du Sahel, entend préserver la vie de ses ressortissants en faisant montre de sa disponibilité à entrevoir toutes les options pour leur libération.
Paris aurait demandé officiellement au Mali de l’aider à libérer les otages, et cette aide sera le fait d’intermédiaires connus pour leurs liens privilégiés avec les groupes d’Aqmi et une partie de la rébellion targuie, fortement implantée dans le nord du Mali.
C’est à travers ces négociateurs que les autorités françaises devront connaître les principales revendications et exigences des ravisseurs, et l’on ne doute pas qu’elles seront axées essentiellement sur le versement de fortes rançons qui iront gonfler le trésor de guerre d’Aqmi.
La durée des négociations dépendra de la réactivité des autorités françaises quant à débloquer les sommes exigées par les ravisseurs.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la somme globale de la rançon devrait atteindre plus de 10 millions d’euros. Si l’on se réfère aux précédentes rançons payer pour la libération de Pierre Camatte, des deux humanitaires espagnols, du groupe de touristes allemands et des deux diplomates canadiens, les Français devront au moins payer 2 à 3 millions d’euros pour chacun de leurs ressortissants, peut-être un peu moins pour les deux malheureux Africains.
En tout état de cause, l’organisation de Droudkel semble en passe de réussir son coup en contraignant la toute-puissante France à satisfaire ses desiderata. Et du coup, donner consistance à sa promesse de lutter contre la France, quel que soit le terrain des opérations.
jeudi 30 septembre 2010
Protestations des élus touaregs
À Bamako, le 20 septembre 2010
À Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur de France au Mali,
Au nom des communautés que nous représentons, nous avons le regret de vous adresser nos vives protestations suite à la stigmatisation récurrente dont est victime indifféremment la communauté touarègue, toutes les fois qu’un fait quelconque acte vient troubler la sérénité du Sahara central. Vous savez bien, Excellence, qu’il n’y a pas un jour, depuis un certain temps, sans que « les Touaregs » ne soient mis sur la sellette par un article de presse, une radio, ou un autre mode de communication, sur leur prétendue implication dans tel ou tel forfait perpétré dans cette région.
Ce qui nous blesse ici profondément, c’est lorsque ces généralisations abusives sont relayées par des ministres de la République Française, en l’occurrence Monsieur le Ministre des Affaires Étrangères, qui connaît par ailleurs très bien notre région. En effet, au lendemain du lâche enlèvement de vos ressortissants à Arlit (Niger), ce dernier n’a pas hésité à stigmatiser publiquement les « Touaregs », devenus ainsi les éternels boucs émissaires de ces latitudes.
Il faut se rappeler que « les Touaregs » forment un groupe ethnique ; composite et pluriel et non une organisation politico-militaire d'obédience terroriste. Ils comptent donc forcément dans leurs rangs, comme tous les peuples du monde, des honnêtes gens comme des personnes corrompues ; des hommes ainsi que des femmes ; des adultes et des enfants ; des sages comme des simples d’esprit etc..
Excellence Monsieur l’Ambassadeur,
Pour des raisons historiques évidentes qui lient les « Touaregs » à la France, nous sommes en mesure de placer naturellement en elle d’immenses espoirs pour aider notre Gouvernement à rendre possible leur plein épanouissement et non contribuer, un tant soit peu, à leur injuste diabolisation. C'est dans cette crainte que nous apposons notre protestation.
Vous souhaitant bonne réception de la présente, veuillez agréer Monsieur l’Ambassadeur, l’expression de nos sentiments les plus distingués.
Alghabasse Ag Intalla Bajan Ag Hamatou
À Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur de France au Mali,
Au nom des communautés que nous représentons, nous avons le regret de vous adresser nos vives protestations suite à la stigmatisation récurrente dont est victime indifféremment la communauté touarègue, toutes les fois qu’un fait quelconque acte vient troubler la sérénité du Sahara central. Vous savez bien, Excellence, qu’il n’y a pas un jour, depuis un certain temps, sans que « les Touaregs » ne soient mis sur la sellette par un article de presse, une radio, ou un autre mode de communication, sur leur prétendue implication dans tel ou tel forfait perpétré dans cette région.
Ce qui nous blesse ici profondément, c’est lorsque ces généralisations abusives sont relayées par des ministres de la République Française, en l’occurrence Monsieur le Ministre des Affaires Étrangères, qui connaît par ailleurs très bien notre région. En effet, au lendemain du lâche enlèvement de vos ressortissants à Arlit (Niger), ce dernier n’a pas hésité à stigmatiser publiquement les « Touaregs », devenus ainsi les éternels boucs émissaires de ces latitudes.
Il faut se rappeler que « les Touaregs » forment un groupe ethnique ; composite et pluriel et non une organisation politico-militaire d'obédience terroriste. Ils comptent donc forcément dans leurs rangs, comme tous les peuples du monde, des honnêtes gens comme des personnes corrompues ; des hommes ainsi que des femmes ; des adultes et des enfants ; des sages comme des simples d’esprit etc..
Excellence Monsieur l’Ambassadeur,
Pour des raisons historiques évidentes qui lient les « Touaregs » à la France, nous sommes en mesure de placer naturellement en elle d’immenses espoirs pour aider notre Gouvernement à rendre possible leur plein épanouissement et non contribuer, un tant soit peu, à leur injuste diabolisation. C'est dans cette crainte que nous apposons notre protestation.
Vous souhaitant bonne réception de la présente, veuillez agréer Monsieur l’Ambassadeur, l’expression de nos sentiments les plus distingués.
Alghabasse Ag Intalla Bajan Ag Hamatou
La chaîne Al-Jazira du Qatar a diffusé une image fixe des otages français detenus par Aqmi
NIGER
La diffusion d'une image des otages français est un "signe encourageant" selon Paris
Source AFP
Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) a mis en ligne jeudi une photo des sept otages enlevés au Niger, dont cinq Français, accompagnée d'un enregistrement audio, un "signe encourageant" pour Paris. Dans l'enregistrement, les cinq Français déclinent leur identité et affirment avoir été enlevés et être détenus par l'Aqmi, sans préciser leur lieu de détention. Il s'agit de la première image et du premier enregistrement des otages depuis le rapt survenu il y a deux semaines. "Nous avons été enlevés la nuit dans notre logement (...) par un groupe d'Al-Qaeda au Maghreb islamique et nous sommes détenus à l'heure actuelle par Aqmi", déclare l'otage Daniel Larribe, qui se présente comme ingénieur, enlevé en même temps que son épouse, Françoise. Il était interrogé en français par un homme qui lui demandait de dire par qui il avait été enlevé.
Les quatre autres otages français ont également décliné leur identité et dit chacun à son tour avoir été "enlevé et détenu par Aqmi", selon l'enregistrement audio d'une durée de 4 minutes et 5 secondes. L'enregistrement était diffusé sur un site islamiste, accompagné d'une photo montrant les sept otages, dont un Togolais et un Malgache, enlevés au Niger. Sur l'image, on peut voir les sept otages, dont Françoise Larribe, le visage flouté, les jihadistes ayant l'habitude de ne pas montrer les traits des femmes dans leurs vidéos ou documents filmés. Il sont assis à même le sable sur un terrain désertique, et des hommes en armes, pour la plupart le visage couvert, se tiennent debout derrière eux. "J'ai 62 ans et demi, je suis mariée (...) J'ai été enlevée dans mon domicile, dans ma chambre dans la cité des cadres à Arlit, à l'intérieur de ma maison par Aqmi. Je suis toujours détenue par Aqmi", dit Françoise Larribe.
"Photos et enregistrement audio pour les otages français au Niger"
La chaîne Al-Jazira du Qatar a également diffusé cette image fixe, dans laquelle les ravisseurs pointent leurs armes vers le dos des otages, sans diffuser le contenu de l'enregistrement. Le document, mis en ligne par le site islamiste Shamikh1.net, porte la mention en français "Photos et enregistrement audio pour les otages français au Niger". Il a été produit par Al-Andalus media, bras médiatique de l'Aqim. À Paris, le ministère des Affaires étrangères a annoncé que la photographie avait été authentifiée" et qu'elle "constitue un signe encourageant dans la mesure où elle montre tous les otages en vie". "Cette photographie a été authentifiée. Même si nous ne savons pas à quelle date elle a été réalisée, elle constitue un signe encourageant dans la mesure où elle montre tous les otages en vie", a affirmé dans un communiqué le porte-parole du ministère, Bernard Valero. "Les services de l'État restent pleinement mobilisés et mettent tout en oeuvre afin d'obtenir leur libération. Nous sommes en liaison constante avec leurs familles", a-t-il ajouté.
Les sept personnes, dont un cadre d'Areva et son épouse, et cinq employés de Satom (trois Français, un Malgache et un Togolais) ont été enlevées à leur domicile à Arlit (nord du Niger) dans la nuit du 15 au 16 septembre. Leur enlèvement a été revendiqué par Aqmi, avec lequel les autorités françaises se sont déclarées prêtes à négocier. Selon une source malienne, les otages sont "détenus entre les déserts malien et algérien", dans la zone du Timétrine, une région de collines désertiques dans le nord-est du Mali, à une centaine de kilomètres de la frontière algérienne. Areva, qui a lancé un audit interne sur la sécurité de son site d'Arlit et les circonstances de l'enlèvement, a été accusée d'avoir insuffisamment tenu compte des menaces qui pesaient sur son personnel au Niger.
La diffusion d'une image des otages français est un "signe encourageant" selon Paris
Source AFP
Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) a mis en ligne jeudi une photo des sept otages enlevés au Niger, dont cinq Français, accompagnée d'un enregistrement audio, un "signe encourageant" pour Paris. Dans l'enregistrement, les cinq Français déclinent leur identité et affirment avoir été enlevés et être détenus par l'Aqmi, sans préciser leur lieu de détention. Il s'agit de la première image et du premier enregistrement des otages depuis le rapt survenu il y a deux semaines. "Nous avons été enlevés la nuit dans notre logement (...) par un groupe d'Al-Qaeda au Maghreb islamique et nous sommes détenus à l'heure actuelle par Aqmi", déclare l'otage Daniel Larribe, qui se présente comme ingénieur, enlevé en même temps que son épouse, Françoise. Il était interrogé en français par un homme qui lui demandait de dire par qui il avait été enlevé.
Les quatre autres otages français ont également décliné leur identité et dit chacun à son tour avoir été "enlevé et détenu par Aqmi", selon l'enregistrement audio d'une durée de 4 minutes et 5 secondes. L'enregistrement était diffusé sur un site islamiste, accompagné d'une photo montrant les sept otages, dont un Togolais et un Malgache, enlevés au Niger. Sur l'image, on peut voir les sept otages, dont Françoise Larribe, le visage flouté, les jihadistes ayant l'habitude de ne pas montrer les traits des femmes dans leurs vidéos ou documents filmés. Il sont assis à même le sable sur un terrain désertique, et des hommes en armes, pour la plupart le visage couvert, se tiennent debout derrière eux. "J'ai 62 ans et demi, je suis mariée (...) J'ai été enlevée dans mon domicile, dans ma chambre dans la cité des cadres à Arlit, à l'intérieur de ma maison par Aqmi. Je suis toujours détenue par Aqmi", dit Françoise Larribe.
"Photos et enregistrement audio pour les otages français au Niger"
La chaîne Al-Jazira du Qatar a également diffusé cette image fixe, dans laquelle les ravisseurs pointent leurs armes vers le dos des otages, sans diffuser le contenu de l'enregistrement. Le document, mis en ligne par le site islamiste Shamikh1.net, porte la mention en français "Photos et enregistrement audio pour les otages français au Niger". Il a été produit par Al-Andalus media, bras médiatique de l'Aqim. À Paris, le ministère des Affaires étrangères a annoncé que la photographie avait été authentifiée" et qu'elle "constitue un signe encourageant dans la mesure où elle montre tous les otages en vie". "Cette photographie a été authentifiée. Même si nous ne savons pas à quelle date elle a été réalisée, elle constitue un signe encourageant dans la mesure où elle montre tous les otages en vie", a affirmé dans un communiqué le porte-parole du ministère, Bernard Valero. "Les services de l'État restent pleinement mobilisés et mettent tout en oeuvre afin d'obtenir leur libération. Nous sommes en liaison constante avec leurs familles", a-t-il ajouté.
Les sept personnes, dont un cadre d'Areva et son épouse, et cinq employés de Satom (trois Français, un Malgache et un Togolais) ont été enlevées à leur domicile à Arlit (nord du Niger) dans la nuit du 15 au 16 septembre. Leur enlèvement a été revendiqué par Aqmi, avec lequel les autorités françaises se sont déclarées prêtes à négocier. Selon une source malienne, les otages sont "détenus entre les déserts malien et algérien", dans la zone du Timétrine, une région de collines désertiques dans le nord-est du Mali, à une centaine de kilomètres de la frontière algérienne. Areva, qui a lancé un audit interne sur la sécurité de son site d'Arlit et les circonstances de l'enlèvement, a été accusée d'avoir insuffisamment tenu compte des menaces qui pesaient sur son personnel au Niger.
mercredi 29 septembre 2010
Il faut arrêter de stigmatiser les touaregs : La stabilité du Nord du Mali est hypothéquée par un catalogue d’intérêts disparates
La Situation politique et sécuritaire au Nord
Il faut arrêter de stigmatiser les touaregs : La stabilité du Nord du Mali est hypothéquée par un catalogue d’intérêts disparates
L'Indépendant, 29/09/2010
photo:Tamikrest /groupe Touareg
Il est de nos jours indéniable qu'il y a péril en la demeure au Mali avec la situation de plus en plus confuse et alarmante qui prévaut dans son septentrion depuis quelques années. En effet, cette région, géographiquement très excentrée, est notoirement devenue le réceptacle d'hors-la-loi paramilitaires de tout acabit, qui la régentent arrogamment comme en terrain conquis. Pour bien débrouiller l'écheveau de cette nébuleuse aux allures chaotiques, il faut faire un bref état des lieux des forces déclarées ou occultes en présence :
AQMI : Il n'est un secret pour personne que cette organisation y a implanté certaines de ses cellules opérationnelles dans le but principal de s'en prendre aux intérêts de ceux qu'elle considère comme les " croisés " judéo-chrétiens et des gouvernements qu'elle taxe d'en être les suppôts. Face à des adversaires nettement plus forts, ses combattants désespérés opèrent généralement en posant des actes plutôt lâches et aveugles (prises d'otages assorties de rançons, attentats, attaques d'objectifs forts en symbole, etc.)
- Les réseaux tentaculaires de contrebande : Le Sahara malien a toujours été une zone de trafics illicites de tout genre. Les cigarettes ont longtemps été le principal produit qui les alimente mais, depuis 2005, la coke latino-américaine, très lucrative, a aiguisé les appétits voraces des groupes mafieux qui écument ces contrées. Une véritable compétition s'est alors engagée entre des caïds de circonstance, obnubilés par la recherche effrénée d'un profit alléchant : un terreau particulièrement propice à la prolifération des armes de tout calibre et à l'explosion d'une criminalité organisée transfrontalière redoutable !
- Les filières des migrations clandestines sur l'Europe, favorisées par les facilités que les étrangers - candidats à ces voyages bien souvent sans retour - ont de se procurer des papiers maliens, pour les détenteurs desquels, aucun visa d'entrée n'est requis en Mauritanie, au Maroc, en Tunisie et en Algérie.
- Un groupe marginal de transfuges irrédentistes des anciens mouvements d'opposition armée au Nord, spécialisé dans la surenchère mercantiliste (dissidents de l'Alliance du 23 mai, éléments des milices dites " arabes " et " imghad " mal recyclés dans la vie civile, Gandiso, etc).
Il faut préciser que des connexions puissantes peuvent exister entre ces divers acteurs, apparemment hétéroclites, lorsque leurs intérêts stratégiques et immédiats convergent. Dans la pratique, les plus dangereux se prêtent, le cas échéant, mutuellement main forte, car ils sont tous mis indistinctement au ban de la société, dont ils rejettent et violent allègrement les règles de bonne conduite internationalement admises.
Symétriquement à ces menaces graves et quasi permanentes, notre Sahara suscite de multiples autres convoitises inavouées qui concourent aussi à le mettre dans l'œil du cyclone. Les fortes odeurs de pétrole qu'il dégage, les mines d'uranium qu'il recèle et sa position géostratégique à bien d'égards idéale en font inexorablement un champ où s'affrontent les intérêts les plus controversés des grandes puissances de ce monde. Ainsi donc, d'autres intervenants plus sournois troublent aussi constamment sa sérénité et contribuent à radicaliser de nombreuses positions, habituellement hostiles à ces formes d'ingérence :
- Les services algériens, pour qui le nord du Mali, étant le prolongement naturel de leur propre territoire, est une extension vitale qu'il faut coûte que coûte avoir dans leur giron. Aucune autre présence étrangère ne saurait donc y être tolérée. Ils ont toujours joué au pyromane-pompier à l'occasion des rebellions récurrentes qui ont secoué la région et y supervisent présentement l'essentiel de la recherche pétrolière. Des mauvaises langues les accusent même d'instrumentaliser certains groupes islamistes actifs sur place pour conforter leur suprématie. Un fait reste en tout cas troublant : leurs équipes sont restées de longs mois à Taoudenit et n'ont jamais été inquiétées par la mouvance salafiste, pourtant fortement présente sur ces latitudes et réputée très remontée contre eux. Autre énigme : comment les cargaisons de cocaïne, qui franchissent les frontières reconnues poreuses du Mali, se retrouvent-elles ensuite dans les " go fast " méditerranéens ?
- Les services américains, qui recherchent désespérément un siège approprié pour leur Commandement Militaire en Afrique, sont aussi une autre pièce du puzzle parce qu'ils auraient, dans ce cadre, des visées persistantes sur la localité de Tessalit (un des lieux-dits de la planète les mieux pourvus d'une couverture satellitaire optimale). Naturellement, leurs collègues algériens et français regardent d'un très mauvais œil, avec des motivations antagoniques, cette tentation hégémonique.
- Les services français considèrent la région comme une partie de leur pré carré inviolable. Ses ressources naturelles doivent, à leur entendement, prioritairement servir à faire prospérer leurs industries et ses institutions politico-administratives, calquées sur leurs modèles, pour bien se laisser apprivoiser. Eux aussi agissent donc, souvent dans l'ombre, pour que les autres ne viennent pas leur ravir un premier rôle dont ils restent historiquement jaloux.
- Les services du Général Abdoul Aziz pour qui toutes les katiba d'AQMI, paradant sur ce vaste no man's land sahélo-saharien ont, avant tout, la Mauritanie dans leur collimateur pour avoir été le seul pays de la région à oser les combattre frontalement aux côtés des occidentaux et à flirter même un moment avec Israël. C'est pourquoi, une sorte d'instinct de conservation pousse souvent leur Armée particulièrement vulnérable, à risquer des incursions de guerre préventive à l'intérieur de nos immenses frontières. Autre donne : des renseignements concordants font état de la présence sur ce front d'une majorité de mauritaniens fanatiques, survivants des " djihads " palestinien, irakien, afghan, etc. C'est pourquoi, récemment le bouillant - mais novice en politique - Général-Président de ce pays n'a pas voulu pardonner à ATT, d'avoir, sous la pression irrésistible de la France et pour sauver la vie de notre hôte Pierre Camatte, élargi quatre terroristes présumés dont deux mauritaniens. Il a dû après, pour sauver la face, prier son " affreux " malien plus blasé, pour qu'il accepte de faire transiter par Bamako le fameux Oumar Saharoui, qu'il a libéré dans les mêmes conditions, pour que des otages espagnols enlevés sur son territoire puissent recouvrer la liberté…
Cette escalade diplomatique rappelle une histoire qui s'est déroulée aux premières heures de la pénétration coloniale dans la région de Tombouctou. Le Chef des Kel Antessar de l'Ouest, devant la supériorité militaire écrasante de l'envahisseur (et après avoir subi de nombreux revers tragiques) a décidé de faire la paix avec lui. Ayant appris la nouvelle, le Chef des Kel Antessar de l'Est, furieux, lui a écrit pour demander l'article de la loi islamique sur lequel il s'est fondé pour pactiser avec des mécréants. Il lui répondit alors en ces termes laconiques : "Cher frère, quand ils seront à ton niveau, tu retrouveras cette référence toi-même ! "
Les services libyens et même burkinabé jouent aussi des cartes non moins importantes dans " la gouvernance " visiblement partagée de la sécurité du Nord de notre pays.
Les questions qui se posent maintenant sont : que doit faire le gouvernement malien pour tirer son épingle du jeu, face à cette somme de menaces pernicieuses, que ni son Armée, ni son opinion publique ne sont pas encore préparées à affronter ? Faut-il continuer à privilégier la politique de l'autruche ou croiser le fer, dans une guerre des sables aventureuse, avec un ennemi insaisissable qui tergiverse encore à " découvrir son front " ouvertement contre nous?
ATT a l'habitude de dire qu'aucun des groupuscules armés qui ont fait des confins de notre Sahara un de leur sanctuaire, n'a demandé de visa encore moins de titre de séjour pour s'y établir au gré de ses pérégrinations. Il ne cesse aussi de rappeler que la mobilité transfrontalière avérée dont ils font montre doit interdire, à tout esprit honnête, de leur donner une quelconque " adresse postale ", même éphémère.
Il s'agit donc d'une équation transversale, qui concerne au premier chef, tous les riverains de cette vaste zone grise que tous les tracés approximatifs situent sur les lisières de plusieurs pays à la fois.
La position de " ni guerre, ni paix " que le Président ATT affiche face à ces " faucons " du désert - sans loi peut-être mais avec une foi souvent inébranlable - est incontestablement la plus sage en attendant que tous les Etats impliqués décident vraiment d'en découdre de concert. On n'ira évidemment pas jusqu'à passer, comme les italiens en Afghanistan, des accords secrets moyennant finance avec eux, pour se prémunir de leurs agissements imprévisibles mais, on fera tout pour les tenir en respect jusqu'à ce que l'ensemble des protagonistes intéressés par cette bande acceptent de se retrouver autour d'une table pour discuter franchement de tous les contours de cette épineuse question.
Une autre " mesure conservatoire " doit aussi consister à traquer sans répit les narcotrafiquants pour limiter les risques d'utilisation de nos établissements bancaires et de notre patrimoine immobilier dans le processus de blanchiment de l'argent sale qui circule à flots dans notre pays. Les " nouveaux riches ", qui sont en train de se la couler douce dans les buildings luxueux bamakois généralement achetés cash, ne doivent dormir que d'un œil jusqu'à ce qu'ils fournissent des explications convaincantes sur les origines douteuses de leurs fortunes colossales subites.
Il faut également accélérer la mise en place effective d'un état civil fiable afin que nos documents internationaux de voyage, cessent de se vendre comme de petits pains et de servir d'ingrédients pour alimenter une délinquance rampante portant sur la falsification à outrance de nos pièces d'identité.
On le voit, la stabilité de notre septentrion est certainement hypothéquée pour longtemps par ce catalogue d'intérêts disparates pour le contrôle desquels, des meneurs de jeu souvent sans visage - qui sont loin d'être des enfants de chœur - se livrent une guerre mortelle de positionnement.
Notre grande Nation séculaire, qui vient de fêter en grande pompe son cinquantenaire d'existence moderne, doit puiser en elle les ressources nécessaires pour surmonter victorieusement cette accablante adversité. Et pour que cela soit réellement possible, il faut qu'on arrête la stigmatisation fantaisiste de certains groupes ethniques, notamment " les Touaregs ", chaque fois qu'un acte répréhensible - même manifestement isolé - est commis sur ce vaste corridor dont la vocation criminogène est unanimement aujourd'hui reconnue. Actuellement, il ne se passe malheureusement pas un jour sans qu'une radio, un journal, un site WEB et même un officiel ne culpabilise abusivement " les Touaregs " parce qu'AQMI a commis un forfait - qu'elle revendique d'ailleurs publiquement - ou qu'un individu enturbanné a volé un véhicule à Kidal ou Léré.
Al-Qaïda compte certainement dans ses rangs une minorité de Touaregs mais aussi des Américains, des Français, des Haoussas, des Mossis, des Somaliens, des Arabes, etc. Beaucoup de Touaregs sont aussi engagés, il est vrai, au service de nombreux réseaux criminels. Mais, il faut surtout se rappeler que chaque société du monde a son élite et sa lie !
C'est pourquoi, il est absolument scandaleux de tomber dans des amalgames faciles ou de conclure à des généralisations abusives en épinglant, sans discernement, " les Touaregs " comme une espèce de fauves, simplement parce que des ressortissants présumés de leur communauté ont eu à commettre un fait détestable. En effet, de plus en plus, les gens ont tendance à réagir par des raccourcis diaboliques qui mettent " les Touaregs " sur la sellette, peut être inconsciemment, comme l'éleveur de moutons qui constate à son réveil que des prédateurs ont dévoré nuitamment des bêtes dans sa bergerie et qui s'exclame : " Ce sont les chacals ! "
De la même manière, dès qu'un crime odieux est perpétré dans ces régions, on pointe arbitrairement un doigt accusateur en s'écriant avant la moindre enquête : " Ce sont les Touaregs ! "
Il n'y a pas de mot si fort, par exemple, pour exprimer à quel point ces derniers ont été profondément blessés par la salve de dénonciations infondées dont ils ont fait atrocement l'objet au lendemain de la stupéfiante prise d'otages d'Arlit.
Dans la région de Sikasso, des braquages violents sont fréquents sur nos routes. Cependant, il est, par exemple, totalement absurde de les imputer aux Senoufos ou aux Miniankas, même dans le cas où il ya une forte probabilité que des membres de ces valeureux groupes ethniques en soient les auteurs.
Pour raffermir davantage notre unité nationale maintes fois mise à l'épreuve ces derniers temps, il faudrait que le sentiment d'appartenance à la Nation prime sur toute autre considération. On doit se sentir malien avant d'être Touareg, Bambara, Songhoï, Peul, etc et non l'inverse. Il est grand temps de dépasser certains archaïsmes rétrogrades et de se tourner résolument vers l'édification d'une Société plus juste où chacun sera récompensé selon son mérite intrinsèque et où personne ne paiera pour les fautes d'un autre, fut-il un frère direct.
Le grand Mali de nos rêves ne se réalisera qu'à ce prix !
Par Mohamed Ag Ahmedoun
L'Indépendant, est seul responsable du contenu de cet article
Il faut arrêter de stigmatiser les touaregs : La stabilité du Nord du Mali est hypothéquée par un catalogue d’intérêts disparates
L'Indépendant, 29/09/2010
photo:Tamikrest /groupe Touareg
Il est de nos jours indéniable qu'il y a péril en la demeure au Mali avec la situation de plus en plus confuse et alarmante qui prévaut dans son septentrion depuis quelques années. En effet, cette région, géographiquement très excentrée, est notoirement devenue le réceptacle d'hors-la-loi paramilitaires de tout acabit, qui la régentent arrogamment comme en terrain conquis. Pour bien débrouiller l'écheveau de cette nébuleuse aux allures chaotiques, il faut faire un bref état des lieux des forces déclarées ou occultes en présence :
AQMI : Il n'est un secret pour personne que cette organisation y a implanté certaines de ses cellules opérationnelles dans le but principal de s'en prendre aux intérêts de ceux qu'elle considère comme les " croisés " judéo-chrétiens et des gouvernements qu'elle taxe d'en être les suppôts. Face à des adversaires nettement plus forts, ses combattants désespérés opèrent généralement en posant des actes plutôt lâches et aveugles (prises d'otages assorties de rançons, attentats, attaques d'objectifs forts en symbole, etc.)
- Les réseaux tentaculaires de contrebande : Le Sahara malien a toujours été une zone de trafics illicites de tout genre. Les cigarettes ont longtemps été le principal produit qui les alimente mais, depuis 2005, la coke latino-américaine, très lucrative, a aiguisé les appétits voraces des groupes mafieux qui écument ces contrées. Une véritable compétition s'est alors engagée entre des caïds de circonstance, obnubilés par la recherche effrénée d'un profit alléchant : un terreau particulièrement propice à la prolifération des armes de tout calibre et à l'explosion d'une criminalité organisée transfrontalière redoutable !
- Les filières des migrations clandestines sur l'Europe, favorisées par les facilités que les étrangers - candidats à ces voyages bien souvent sans retour - ont de se procurer des papiers maliens, pour les détenteurs desquels, aucun visa d'entrée n'est requis en Mauritanie, au Maroc, en Tunisie et en Algérie.
- Un groupe marginal de transfuges irrédentistes des anciens mouvements d'opposition armée au Nord, spécialisé dans la surenchère mercantiliste (dissidents de l'Alliance du 23 mai, éléments des milices dites " arabes " et " imghad " mal recyclés dans la vie civile, Gandiso, etc).
Il faut préciser que des connexions puissantes peuvent exister entre ces divers acteurs, apparemment hétéroclites, lorsque leurs intérêts stratégiques et immédiats convergent. Dans la pratique, les plus dangereux se prêtent, le cas échéant, mutuellement main forte, car ils sont tous mis indistinctement au ban de la société, dont ils rejettent et violent allègrement les règles de bonne conduite internationalement admises.
Symétriquement à ces menaces graves et quasi permanentes, notre Sahara suscite de multiples autres convoitises inavouées qui concourent aussi à le mettre dans l'œil du cyclone. Les fortes odeurs de pétrole qu'il dégage, les mines d'uranium qu'il recèle et sa position géostratégique à bien d'égards idéale en font inexorablement un champ où s'affrontent les intérêts les plus controversés des grandes puissances de ce monde. Ainsi donc, d'autres intervenants plus sournois troublent aussi constamment sa sérénité et contribuent à radicaliser de nombreuses positions, habituellement hostiles à ces formes d'ingérence :
- Les services algériens, pour qui le nord du Mali, étant le prolongement naturel de leur propre territoire, est une extension vitale qu'il faut coûte que coûte avoir dans leur giron. Aucune autre présence étrangère ne saurait donc y être tolérée. Ils ont toujours joué au pyromane-pompier à l'occasion des rebellions récurrentes qui ont secoué la région et y supervisent présentement l'essentiel de la recherche pétrolière. Des mauvaises langues les accusent même d'instrumentaliser certains groupes islamistes actifs sur place pour conforter leur suprématie. Un fait reste en tout cas troublant : leurs équipes sont restées de longs mois à Taoudenit et n'ont jamais été inquiétées par la mouvance salafiste, pourtant fortement présente sur ces latitudes et réputée très remontée contre eux. Autre énigme : comment les cargaisons de cocaïne, qui franchissent les frontières reconnues poreuses du Mali, se retrouvent-elles ensuite dans les " go fast " méditerranéens ?
- Les services américains, qui recherchent désespérément un siège approprié pour leur Commandement Militaire en Afrique, sont aussi une autre pièce du puzzle parce qu'ils auraient, dans ce cadre, des visées persistantes sur la localité de Tessalit (un des lieux-dits de la planète les mieux pourvus d'une couverture satellitaire optimale). Naturellement, leurs collègues algériens et français regardent d'un très mauvais œil, avec des motivations antagoniques, cette tentation hégémonique.
- Les services français considèrent la région comme une partie de leur pré carré inviolable. Ses ressources naturelles doivent, à leur entendement, prioritairement servir à faire prospérer leurs industries et ses institutions politico-administratives, calquées sur leurs modèles, pour bien se laisser apprivoiser. Eux aussi agissent donc, souvent dans l'ombre, pour que les autres ne viennent pas leur ravir un premier rôle dont ils restent historiquement jaloux.
- Les services du Général Abdoul Aziz pour qui toutes les katiba d'AQMI, paradant sur ce vaste no man's land sahélo-saharien ont, avant tout, la Mauritanie dans leur collimateur pour avoir été le seul pays de la région à oser les combattre frontalement aux côtés des occidentaux et à flirter même un moment avec Israël. C'est pourquoi, une sorte d'instinct de conservation pousse souvent leur Armée particulièrement vulnérable, à risquer des incursions de guerre préventive à l'intérieur de nos immenses frontières. Autre donne : des renseignements concordants font état de la présence sur ce front d'une majorité de mauritaniens fanatiques, survivants des " djihads " palestinien, irakien, afghan, etc. C'est pourquoi, récemment le bouillant - mais novice en politique - Général-Président de ce pays n'a pas voulu pardonner à ATT, d'avoir, sous la pression irrésistible de la France et pour sauver la vie de notre hôte Pierre Camatte, élargi quatre terroristes présumés dont deux mauritaniens. Il a dû après, pour sauver la face, prier son " affreux " malien plus blasé, pour qu'il accepte de faire transiter par Bamako le fameux Oumar Saharoui, qu'il a libéré dans les mêmes conditions, pour que des otages espagnols enlevés sur son territoire puissent recouvrer la liberté…
Cette escalade diplomatique rappelle une histoire qui s'est déroulée aux premières heures de la pénétration coloniale dans la région de Tombouctou. Le Chef des Kel Antessar de l'Ouest, devant la supériorité militaire écrasante de l'envahisseur (et après avoir subi de nombreux revers tragiques) a décidé de faire la paix avec lui. Ayant appris la nouvelle, le Chef des Kel Antessar de l'Est, furieux, lui a écrit pour demander l'article de la loi islamique sur lequel il s'est fondé pour pactiser avec des mécréants. Il lui répondit alors en ces termes laconiques : "Cher frère, quand ils seront à ton niveau, tu retrouveras cette référence toi-même ! "
Les services libyens et même burkinabé jouent aussi des cartes non moins importantes dans " la gouvernance " visiblement partagée de la sécurité du Nord de notre pays.
Les questions qui se posent maintenant sont : que doit faire le gouvernement malien pour tirer son épingle du jeu, face à cette somme de menaces pernicieuses, que ni son Armée, ni son opinion publique ne sont pas encore préparées à affronter ? Faut-il continuer à privilégier la politique de l'autruche ou croiser le fer, dans une guerre des sables aventureuse, avec un ennemi insaisissable qui tergiverse encore à " découvrir son front " ouvertement contre nous?
ATT a l'habitude de dire qu'aucun des groupuscules armés qui ont fait des confins de notre Sahara un de leur sanctuaire, n'a demandé de visa encore moins de titre de séjour pour s'y établir au gré de ses pérégrinations. Il ne cesse aussi de rappeler que la mobilité transfrontalière avérée dont ils font montre doit interdire, à tout esprit honnête, de leur donner une quelconque " adresse postale ", même éphémère.
Il s'agit donc d'une équation transversale, qui concerne au premier chef, tous les riverains de cette vaste zone grise que tous les tracés approximatifs situent sur les lisières de plusieurs pays à la fois.
La position de " ni guerre, ni paix " que le Président ATT affiche face à ces " faucons " du désert - sans loi peut-être mais avec une foi souvent inébranlable - est incontestablement la plus sage en attendant que tous les Etats impliqués décident vraiment d'en découdre de concert. On n'ira évidemment pas jusqu'à passer, comme les italiens en Afghanistan, des accords secrets moyennant finance avec eux, pour se prémunir de leurs agissements imprévisibles mais, on fera tout pour les tenir en respect jusqu'à ce que l'ensemble des protagonistes intéressés par cette bande acceptent de se retrouver autour d'une table pour discuter franchement de tous les contours de cette épineuse question.
Une autre " mesure conservatoire " doit aussi consister à traquer sans répit les narcotrafiquants pour limiter les risques d'utilisation de nos établissements bancaires et de notre patrimoine immobilier dans le processus de blanchiment de l'argent sale qui circule à flots dans notre pays. Les " nouveaux riches ", qui sont en train de se la couler douce dans les buildings luxueux bamakois généralement achetés cash, ne doivent dormir que d'un œil jusqu'à ce qu'ils fournissent des explications convaincantes sur les origines douteuses de leurs fortunes colossales subites.
Il faut également accélérer la mise en place effective d'un état civil fiable afin que nos documents internationaux de voyage, cessent de se vendre comme de petits pains et de servir d'ingrédients pour alimenter une délinquance rampante portant sur la falsification à outrance de nos pièces d'identité.
On le voit, la stabilité de notre septentrion est certainement hypothéquée pour longtemps par ce catalogue d'intérêts disparates pour le contrôle desquels, des meneurs de jeu souvent sans visage - qui sont loin d'être des enfants de chœur - se livrent une guerre mortelle de positionnement.
Notre grande Nation séculaire, qui vient de fêter en grande pompe son cinquantenaire d'existence moderne, doit puiser en elle les ressources nécessaires pour surmonter victorieusement cette accablante adversité. Et pour que cela soit réellement possible, il faut qu'on arrête la stigmatisation fantaisiste de certains groupes ethniques, notamment " les Touaregs ", chaque fois qu'un acte répréhensible - même manifestement isolé - est commis sur ce vaste corridor dont la vocation criminogène est unanimement aujourd'hui reconnue. Actuellement, il ne se passe malheureusement pas un jour sans qu'une radio, un journal, un site WEB et même un officiel ne culpabilise abusivement " les Touaregs " parce qu'AQMI a commis un forfait - qu'elle revendique d'ailleurs publiquement - ou qu'un individu enturbanné a volé un véhicule à Kidal ou Léré.
Al-Qaïda compte certainement dans ses rangs une minorité de Touaregs mais aussi des Américains, des Français, des Haoussas, des Mossis, des Somaliens, des Arabes, etc. Beaucoup de Touaregs sont aussi engagés, il est vrai, au service de nombreux réseaux criminels. Mais, il faut surtout se rappeler que chaque société du monde a son élite et sa lie !
C'est pourquoi, il est absolument scandaleux de tomber dans des amalgames faciles ou de conclure à des généralisations abusives en épinglant, sans discernement, " les Touaregs " comme une espèce de fauves, simplement parce que des ressortissants présumés de leur communauté ont eu à commettre un fait détestable. En effet, de plus en plus, les gens ont tendance à réagir par des raccourcis diaboliques qui mettent " les Touaregs " sur la sellette, peut être inconsciemment, comme l'éleveur de moutons qui constate à son réveil que des prédateurs ont dévoré nuitamment des bêtes dans sa bergerie et qui s'exclame : " Ce sont les chacals ! "
De la même manière, dès qu'un crime odieux est perpétré dans ces régions, on pointe arbitrairement un doigt accusateur en s'écriant avant la moindre enquête : " Ce sont les Touaregs ! "
Il n'y a pas de mot si fort, par exemple, pour exprimer à quel point ces derniers ont été profondément blessés par la salve de dénonciations infondées dont ils ont fait atrocement l'objet au lendemain de la stupéfiante prise d'otages d'Arlit.
Dans la région de Sikasso, des braquages violents sont fréquents sur nos routes. Cependant, il est, par exemple, totalement absurde de les imputer aux Senoufos ou aux Miniankas, même dans le cas où il ya une forte probabilité que des membres de ces valeureux groupes ethniques en soient les auteurs.
Pour raffermir davantage notre unité nationale maintes fois mise à l'épreuve ces derniers temps, il faudrait que le sentiment d'appartenance à la Nation prime sur toute autre considération. On doit se sentir malien avant d'être Touareg, Bambara, Songhoï, Peul, etc et non l'inverse. Il est grand temps de dépasser certains archaïsmes rétrogrades et de se tourner résolument vers l'édification d'une Société plus juste où chacun sera récompensé selon son mérite intrinsèque et où personne ne paiera pour les fautes d'un autre, fut-il un frère direct.
Le grand Mali de nos rêves ne se réalisera qu'à ce prix !
Par Mohamed Ag Ahmedoun
L'Indépendant, est seul responsable du contenu de cet article
mardi 28 septembre 2010
Niger: Un contact téléphonique avec les otages
Par Europe1.fr
Publié le 28 Septembre 2010 à 09h25
Mis à jour le 28 Septembre 2010 à 09h26
Une "conversation téléphonique rapide" aurait eu lieu entre certains des otages français enlevés au Niger et des officiels français, révèle Le Figaro dans son édition de mardi. Il y a une "accélération du processus de contact" avec les preneurs d’otages et les négociateurs maliens multiplient les confidences rassurantes, ce qui pourrait être de bon augure, confirme Europe 1.
Publié le 28 Septembre 2010 à 09h25
Mis à jour le 28 Septembre 2010 à 09h26
Une "conversation téléphonique rapide" aurait eu lieu entre certains des otages français enlevés au Niger et des officiels français, révèle Le Figaro dans son édition de mardi. Il y a une "accélération du processus de contact" avec les preneurs d’otages et les négociateurs maliens multiplient les confidences rassurantes, ce qui pourrait être de bon augure, confirme Europe 1.
L'éditorial de Maurice Freund:Le Sahara et le Sahel dans la tourmente !Pour Point-Afrique, un vrai dilemme...
SOMMAIRE
L'éditorial de Maurice Freund
Notre analyse
Algérie / Mali / Niger
Mauritanie
Pays Dogon
Conclusion
Un mot de l'équipe Point-Afrique
Photo /Emir Droudkdel
Comme promis, Maurice Freund, Président de Point-Afrique, retour du Niger, vous livre son analyse - dans une période cruciale pour le devenir même de Point-Afrique. Nous lui passons donc la plume...
Le Sahara et le Sahel dans la tourmente !
Pour Point-Afrique, un vrai dilemme...
Voici quelques mois, nous nous battions pour rester présents dans ces zones fragiles et déshéritées... Notre stratégie reposait sur une forte conviction: le tourisme peut être une arme pour la Paix!
Le Point-Afrique - initiateur des vols sur Gao (1995), Agadez (1996), Atar (1997), la Libye (1999), Tamanrasset (2000), Djanet (2001), Timimoun (2008) - se doit, en raison des circonstances actuelles, de stopper net les 4/5e de son activité. Cette décision draconienne découle de l’accélération ces dernières semaines de la montée en puissance des cellules terroristes au sud de l’Algérie, au nord du Mali et du Niger.
Je n’ai pas la prétention d’être un expert, ni même un fin spécialiste des problèmes géopolitiques ou géostratégiques de ces zones. Néanmoins j’ai celle d’avoir une bonne connaissance du terrain. Voici bientôt quarante ans que je sillonne ces régions et que je m’implique dans leur développement. J’observe aussi les évolutions politiques de ces pays. La création du Point-Afrique il y a quinze ans, m’a en effet amené à côtoyer non seulement les populations mais aussi les gouvernements de ces pays (pour obtenir les droits de trafic aériens). Par ailleurs, la création du Point-Afrique visait aussi le renforcement de la Paix suite aux accords signés à la fin des rébellions touarègues des années 90 au nord du Mali et du Niger. Nos premiers guides là-bas furent pour partie d’anciens rebelles reconvertis dans le tourisme.
A l’époque, en matière de sécurité, les problèmes restaient mineurs. A l’exception de quelques très rares cas - certains touristes délestés de leurs appareils photos ou autres objets de valeur - jamais il n’y eut de violence. A maintes reprises, j’ai eu l’occasion de discuter avec les trafiquants de cigarettes sans qu’il y ait d’animosité.
Aujourd’hui, nombre d’entre eux se sont orientés vers le trafic plus lucratif de la drogue provenant d’Amérique du Sud, voire, plus grave, dans le trafic d’émigrés que parfois on abandonne en plein désert...
Notre analyse
Le phénomène des prises d’otages a débuté vraiment vers 2003 dans le sud algérien. Une opération menée par Abderrarak el-Para (ancien officier de l’armée algérienne) dont l’adjoint n’est autre qu’Abdelhamid Abou Zeid, l’actuel émir qui opère à la frontière algérienne au nord-est du Mali, dans les montagnes de l’Ifoghas.
Aujourd’hui trois émirs, pas toujours d’accord entre eux, sont les principaux leaders d’AQMI (branche maghrébine d’Al Qaida). Leur chef (Abdelmalek Droukdel) dirige le mouvement depuis la Kabylie. Le quatrième et dernier émir en date, Abdelkrim, surnommé Taleb, est touareg et ancien imam de Khalil au Mali. C’est l’un des rares émirs non algérien et il règne sur un groupe de soixante hommes.
Si la population touarègue dans sa grande majorité n’est en aucun cas complice des terroristes et n’est pas attirée par leur fanatisme religieux, force est de constater que de jeunes touaregs rejoignent cette nébuleuse et lui prêtent main forte (appât du gain? engagement sincère? le choix des motivations est vaste...). Parmi les terroristes tués lors de l’assaut de l’armée mauritanienne au nord du Mali de ces dernières semaines, on dénombre quatre touaregs!
L’un de mes amis, Ag Aroudeni, frère de l’amenokal des Oulmeliden (la plus importante tribu touarègue) m’avoue «ne plus comprendre». Et m’a fait part de son inquiétude, car depuis quelques temps dans sa commune (grande comme cinq départements français!) il voit s’installer des prêcheurs, certains originaires du Pakistan, venus enseigner le salafisme. Leur prêche s’accompagne de construction de puits, d’aide aux populations et bien sûr de la construction de mosquées. Ils ne sont pas terroristes, mais ils en font le lit en instrumentalisant l’Islam à des fins politiques.
Il y a peu de temps, les membres d’AQMI n’étaient qu’une poignée de cent à deux cents hommes. Aujourd’hui ils approchent, voire dépassent les mille combattants... et des cellules dormantes naissent partout!
1) Algérie / Mali / Niger
Les problèmes sont similaires dans ces trois pays, où les gouvernements n’accordent aucune confiance à leurs ressortissants touaregs (et vice-versa). Alger se méfie du sud, Bamako et Niamey se méfient du nord. Les deux rébellions touarègues de 1990 et de 2007 n’inspirent pas - de part et d’autre - une franche coopération.
Plus grave: les touaregs sont divisés (on les a divisés pour mieux régner?). Certains chefs de ces rebellions se sont vu offrir des postes importants dans les administrations et les ex-combattants de base ont été laissés pour compte. Cela crée des frustrations, de la jalousie, voire de la haine.
Pire: une certaine élite aux gouvernes de ces pays, trempe dans les divers trafics cités. Les sommes d’argent générées sont colossales et chacun y trouve son dû. AQMI joue les «parrains» en protégeant ces activités illégales et prélève sa dîme. Des complicités s’installent.
L’extrême pauvreté et l’absence d’avenir servent de catalyseur aux jeunes pour lesquels il n’y a plus foi, ni loi. En perte d’identité et de dignité, leur haine de l’Occident - vu comme le prédateur de leurs ressources minières - enfle. (Voir à ce sujet l'ouvrage prémonitoire de Jean Ziegler, «La Haine de l'Occident», N.d.l.R.)
Les associations humanitaires officiant dans ces régions se replient et les populations locales, seules capables d’enrayer l’actuel processus, se sentent abandonnées. La spirale infernale est en marche! Surtout avec la dernière «solution» trouvée: la force!
Les touristes ne viennent plus, les ONG et les ressortissants français résidant dans le nord du pays s’en vont... le vide s’installe! Mais les militaires français débarquent, et l’exploitation des mines et la prospection pétrolière continuent... Principalement visible à l’hôtel principal de Niamey (en tenue de combat, s.v.p!), la présence de nos militaires sur le sol nigérien est ressassée en boucle par les chaînes de télévision. Quelle humiliation pour un pays souverain! C’est ce sentiment que j’ai éprouvé tout au long de ma semaine passée au Niger fin septembre.
De mon entrevue avec notre Ambassadeur à Niamey le 21 septembre, je n’ai retenu que son interrogation: «comment, si la paix revient, pensez-vous revenir dans ces régions?»
2) Mauritanie
Le cas de ce pays apparaît bien différent. Déjà, il n’y a pas de problème de confiance entre le nord et la capitale. C’est le seul pays où les tribus nomades sont maîtresses de leur destin.
S’il est vrai que l’avant-dernier gouvernement avait, pour des raisons d’équilibre politique, une tendance à fermer les yeux, voire à favoriser certains partis prônant un régime islamiste, il n’en est plus de même aujourd’hui. Le nouvel homme fort, le général Aziz, s’est engagé dans une lutte sans merci contre l’intégrisme et ses violences. Il agit de manière assez efficace en jouant sur trois leviers:
Lutte contre la pauvreté: un ensemble de mesures sont prises en faveur des quartiers défavorisés de Nouakchott où il se rend régulièrement, tel que l’adduction d’eau et autres commodités.
Mobilisation d’imams: cinq cents d’entre eux ont été missionnés pour contrer les prêches extrémistes et salafistes.
Action militaire: l’armée dispose de véhicules neufs, de stocks de carburants et les consignes sont strictes. Si la totalité du pays n’est pas encore quadrillée, d’importantes zones sont quasi hors de portée d’une quelconque intervention d’AQMI.
L’armée mauritanienne, accusée par AQMI d’être un «suppôt de l’Occident», quitte son territoire pour attaquer les bandes terroristes de l’émir Mokhtar Belmokhtar qui opère à la frontière algéro-mauritanienne.
Action du Point-Afrique dans l’Adrar mauritanien
A l’automne dernier, après consultation du Premier Ministre mauritanien, nous avons pu engager - en concertation avec les autorités chargées de la sécurité - une formation de tous les guides de l’Adrar, qui ont été équipés de balises Argos.
La configuration géographique de l’Adrar mauritanien a été soigneusement étudiée. Seuls cinq passages permettraient de sortir de la zone en cas de prise d’otages. Les procédures d’intervention rapide de la gendarmerie permettent de faire échouer toute tentative d’enlèvement. Et la population locale, à l’inverse des pays voisins, coopère avec les autorités et assure une veille sur la circulation de tout étranger. Cette coopération exemplaire ne peut hélas, pour le moment, s’appliquer aux trois autres pays mentionnés dans mon analyse, car l’absence de dialogue et de confiance est trop criante.
Dernier point: les échanges d’une heure, au printemps dernier, avec le chef de l’Etat mauritanien, m’ont permis de mesurer l’importance qu’il donne à cette lutte sans merci. Il m’a également confié son souci de voir le tourisme se maintenir en raison de l’impact indéniable de cette activité dans la lutte contre la pauvreté (son autre fer de lance).
3) Pays Dogon
Le peuple Dogon n’est pas prêt à glisser vers AQMI. Il serait regrettable qu’un amalgame s’installe.
De manière surprenante, nous avons pourtant connu la semaine passée plus de 40% d’annulation vers Mopti. Nous essayons néanmoins de maintenir les vols Paris-Mopti.
Conclusion
Au regard de la situation que je viens d’évoquer, Point-Afrique se doit de prendre les mesures suivantes:
Algérie: arrêt total de toute activité sur Tamanrasset, Djanet et Timimoun.
Niger: arrêt total sur Agadez. Maintien de l’activité au sud de Niamey (dont la Tapoa et la réserve du W).
Mali: arrêt total sur Gao et le nord du pays. Maintien des vols sur Mopti et de l'activité touristique en pays dogon.
Mauritanie: suspension des vols jusqu’à Noël. Vérification et état des lieux en octobre. Si les conditions suffisantes sont réunies (approfondissement des formations sécuritaires des guides et des chameliers, renforcement des moyens de communication...), Point-Afrique opérera une liaisons aériennes pour une reprise d’activité touristique dans la zone.
Inutile de vous décrire ma profonde révolte et l’impuissance du Point-Afrique à faire face à la situation actuelle. Nous avons perdu une bataille contre AQMI. Pour l’instant, nous devons réduire la voilure...
Certains de nos confrères ont décidé de maintenir leur offre sur l’Algérie, pour laquelle il est vrai la demande reste encore forte... Sans vouloir nous plier sans discussion aux recommandations des Affaires Etrangères du quai d’Orsay, force est de reconnaître que le danger est devenu démesuré. Bien que téméraire (je l’ai prouvé à maintes reprises), je ne suis pas fou. Pour avoir été pourfendeur des règles établies et jusqu’auboutiste des causes les plus perdues, force m’est de reconnaître que l’adversaire est d’une dangerosité nauséabonde et les risques incommensurables. Ma déontologie m’interdit de chercher à relever un tel défi!
C’est donc en toute humilité que j’ai décidé que cet hiver Point-Afrique n’ira que là où nous sommes raisonnablement sûrs de la sécurité et où nous sommes protégés par la population locale (ce qui n’est plus vrai malheureusement dans certaines zones spécifiques). Il est en effet impossible de jouer avec la vie des gens, tant ici que là-bas.
Et pour la Mauritanie: affaire à suivre!
N.B: A ce jour, le site du Ministère Français des Affaires étrangères indique que: «La Mauritanie semble constituer la cible privilégiée d’AQMI après l’Algérie»
Maurice FREUND
Président de Point-Afrique
Un mot de l’équipe Point-Afrique
Si l’analyse exposée ci-dessus fait l’objet d’un large consensus au sein de Point-Afrique, il n’en reste pas moins que les décisions prises - décisions douloureuses, parfois déchirantes - auront un impact économique inévitable sur les hommes et les femmes qui, de ce côté-ci de la Méditerranée, font vivre l’entreprise.
Il n’est pas anodin, pour Point-Afrique Voyages, de couper trois des quatre routes majeures que nous nous sommes attachés à faire vivre au fil des ans. La traduction en termes de chiffre d’affaire est immédiate, et vertigineuse. Les plus observateurs parmi vous en auront peut-être noté les premières conséquences, telles que la fermeture de nos bureaux de Marseille ou la réduction de l’amplitude horaire d’ouverture de notre agence parisienne. Encore ne s’agit-il là que de signes avant-coureurs d’autre replis à venir - malheureusement inévitables dans la conjoncture actuelle.
Dès lors, une question se pose sans détours : qu’en est-il du devenir de Point-Afrique?
Nous ne pouvons pas préjuger de l’avenir. A l’heure actuelle, il apparaît fort sombre. Mais nous ne baissons pas les bras.
La situation de l’entreprise reste saine. Nous n’avons pas de dettes, nous ne dépendons pas des marchés financiers. La crise qui couve depuis maintenant plus de deux ans a amoindri notre trésorerie, elle ne l’a pas asséchée - au prix d’une sévère cure d’amaigrissement.
Demeure l’envie de continuer à nous battre. Aujourd’hui plus que jamais, il nous apparaît impensable de déserter le champ des relations Nord-Sud et de l’abandonner aux seuls bruits de bottes, aux seuls intérêts cupides qui semblent désormais la marque de fabrique d’une certaine politique française, et plus largement mondiale.
Notre activité historique - l’affrètement de vols touristiques à destination de régions saharo-sahéliennes reculées - ne pourra plus être le seul vecteur de ce désir d’engagement. Si nous ne pouvons que vous remercier chaleureusement d’avoir «joué le jeu» durant toutes ces années, d’avoir su faire parler votre curiosité, votre intelligence et votre coeur pour aller à la rencontre de l’Autre dans une simplicité acceptée et assumée, il ne nous est pas possible de vous demander davantage. Comme l’écrit Maurice, il est absolument hors de question de jouer avec votre sécurité physique.
D’autres pistes d’action sont possibles, que nous avons jusqu’ici insuffisamment explorées, pris dans le tourbillon d’une activité exigeante qui a vu parfois jusqu’à une dizaine de destinations desservies... La valorisation, ici en Europe, du savoir-faire africain est l’une d’entre elles. Certes, l’étiquette «commerce équitable» a été galvaudée, jusqu’à la nausée. Reste que l’idée sous-jacente n’en garde pas moins tout son intérêt. De même, le succès qu’a rencontré notre campement Tamana - qui a affiché complet tout cet été encore - nous confirme dans l’idée que le désir de rencontre est toujours présent pour vous. Et d’autres pistes sont à l’étude, dans la mesure des forces qui nous restent.
Car la «réduction de voilure» évoquée plus haut signifie également des coupes drastiques dans nos équipes. Avec une première conséquence: nous ne serons plus en mesure, dans les prochains mois, de faire paraître notre Lettre à sa fréquence mensuelle habituelle. Croyez que nous le regrettons fortement, tant nous étions tous attachés à ce vecteur d’échange avec vous, notre public, notre soutien, nos amis. Nous essayerons néanmoins de continuer à vous tenir informés sur le devenir de notre Coopérative de voyageurs, fut-ce au prix d’une publication plus irrégulière et malheureusement moins fournie que par le passé.
Pour parodier un adage africain qui a connu son heure de gloire : «Point-Afrique, touché mais pas mort!»
L'équipe Point-Afrique.
Point-Afrique Voyages - Le Village 07700 Bidon - Tél. 04 75 97 20 40 - Fax 04 75 97 20 50
contact@point-afrique.com - www.point-afrique.com - Li N°075 000080
L'éditorial de Maurice Freund
Notre analyse
Algérie / Mali / Niger
Mauritanie
Pays Dogon
Conclusion
Un mot de l'équipe Point-Afrique
Photo /Emir Droudkdel
Comme promis, Maurice Freund, Président de Point-Afrique, retour du Niger, vous livre son analyse - dans une période cruciale pour le devenir même de Point-Afrique. Nous lui passons donc la plume...
Le Sahara et le Sahel dans la tourmente !
Pour Point-Afrique, un vrai dilemme...
Voici quelques mois, nous nous battions pour rester présents dans ces zones fragiles et déshéritées... Notre stratégie reposait sur une forte conviction: le tourisme peut être une arme pour la Paix!
Le Point-Afrique - initiateur des vols sur Gao (1995), Agadez (1996), Atar (1997), la Libye (1999), Tamanrasset (2000), Djanet (2001), Timimoun (2008) - se doit, en raison des circonstances actuelles, de stopper net les 4/5e de son activité. Cette décision draconienne découle de l’accélération ces dernières semaines de la montée en puissance des cellules terroristes au sud de l’Algérie, au nord du Mali et du Niger.
Je n’ai pas la prétention d’être un expert, ni même un fin spécialiste des problèmes géopolitiques ou géostratégiques de ces zones. Néanmoins j’ai celle d’avoir une bonne connaissance du terrain. Voici bientôt quarante ans que je sillonne ces régions et que je m’implique dans leur développement. J’observe aussi les évolutions politiques de ces pays. La création du Point-Afrique il y a quinze ans, m’a en effet amené à côtoyer non seulement les populations mais aussi les gouvernements de ces pays (pour obtenir les droits de trafic aériens). Par ailleurs, la création du Point-Afrique visait aussi le renforcement de la Paix suite aux accords signés à la fin des rébellions touarègues des années 90 au nord du Mali et du Niger. Nos premiers guides là-bas furent pour partie d’anciens rebelles reconvertis dans le tourisme.
A l’époque, en matière de sécurité, les problèmes restaient mineurs. A l’exception de quelques très rares cas - certains touristes délestés de leurs appareils photos ou autres objets de valeur - jamais il n’y eut de violence. A maintes reprises, j’ai eu l’occasion de discuter avec les trafiquants de cigarettes sans qu’il y ait d’animosité.
Aujourd’hui, nombre d’entre eux se sont orientés vers le trafic plus lucratif de la drogue provenant d’Amérique du Sud, voire, plus grave, dans le trafic d’émigrés que parfois on abandonne en plein désert...
Notre analyse
Le phénomène des prises d’otages a débuté vraiment vers 2003 dans le sud algérien. Une opération menée par Abderrarak el-Para (ancien officier de l’armée algérienne) dont l’adjoint n’est autre qu’Abdelhamid Abou Zeid, l’actuel émir qui opère à la frontière algérienne au nord-est du Mali, dans les montagnes de l’Ifoghas.
Aujourd’hui trois émirs, pas toujours d’accord entre eux, sont les principaux leaders d’AQMI (branche maghrébine d’Al Qaida). Leur chef (Abdelmalek Droukdel) dirige le mouvement depuis la Kabylie. Le quatrième et dernier émir en date, Abdelkrim, surnommé Taleb, est touareg et ancien imam de Khalil au Mali. C’est l’un des rares émirs non algérien et il règne sur un groupe de soixante hommes.
Si la population touarègue dans sa grande majorité n’est en aucun cas complice des terroristes et n’est pas attirée par leur fanatisme religieux, force est de constater que de jeunes touaregs rejoignent cette nébuleuse et lui prêtent main forte (appât du gain? engagement sincère? le choix des motivations est vaste...). Parmi les terroristes tués lors de l’assaut de l’armée mauritanienne au nord du Mali de ces dernières semaines, on dénombre quatre touaregs!
L’un de mes amis, Ag Aroudeni, frère de l’amenokal des Oulmeliden (la plus importante tribu touarègue) m’avoue «ne plus comprendre». Et m’a fait part de son inquiétude, car depuis quelques temps dans sa commune (grande comme cinq départements français!) il voit s’installer des prêcheurs, certains originaires du Pakistan, venus enseigner le salafisme. Leur prêche s’accompagne de construction de puits, d’aide aux populations et bien sûr de la construction de mosquées. Ils ne sont pas terroristes, mais ils en font le lit en instrumentalisant l’Islam à des fins politiques.
Il y a peu de temps, les membres d’AQMI n’étaient qu’une poignée de cent à deux cents hommes. Aujourd’hui ils approchent, voire dépassent les mille combattants... et des cellules dormantes naissent partout!
1) Algérie / Mali / Niger
Les problèmes sont similaires dans ces trois pays, où les gouvernements n’accordent aucune confiance à leurs ressortissants touaregs (et vice-versa). Alger se méfie du sud, Bamako et Niamey se méfient du nord. Les deux rébellions touarègues de 1990 et de 2007 n’inspirent pas - de part et d’autre - une franche coopération.
Plus grave: les touaregs sont divisés (on les a divisés pour mieux régner?). Certains chefs de ces rebellions se sont vu offrir des postes importants dans les administrations et les ex-combattants de base ont été laissés pour compte. Cela crée des frustrations, de la jalousie, voire de la haine.
Pire: une certaine élite aux gouvernes de ces pays, trempe dans les divers trafics cités. Les sommes d’argent générées sont colossales et chacun y trouve son dû. AQMI joue les «parrains» en protégeant ces activités illégales et prélève sa dîme. Des complicités s’installent.
L’extrême pauvreté et l’absence d’avenir servent de catalyseur aux jeunes pour lesquels il n’y a plus foi, ni loi. En perte d’identité et de dignité, leur haine de l’Occident - vu comme le prédateur de leurs ressources minières - enfle. (Voir à ce sujet l'ouvrage prémonitoire de Jean Ziegler, «La Haine de l'Occident», N.d.l.R.)
Les associations humanitaires officiant dans ces régions se replient et les populations locales, seules capables d’enrayer l’actuel processus, se sentent abandonnées. La spirale infernale est en marche! Surtout avec la dernière «solution» trouvée: la force!
Les touristes ne viennent plus, les ONG et les ressortissants français résidant dans le nord du pays s’en vont... le vide s’installe! Mais les militaires français débarquent, et l’exploitation des mines et la prospection pétrolière continuent... Principalement visible à l’hôtel principal de Niamey (en tenue de combat, s.v.p!), la présence de nos militaires sur le sol nigérien est ressassée en boucle par les chaînes de télévision. Quelle humiliation pour un pays souverain! C’est ce sentiment que j’ai éprouvé tout au long de ma semaine passée au Niger fin septembre.
De mon entrevue avec notre Ambassadeur à Niamey le 21 septembre, je n’ai retenu que son interrogation: «comment, si la paix revient, pensez-vous revenir dans ces régions?»
2) Mauritanie
Le cas de ce pays apparaît bien différent. Déjà, il n’y a pas de problème de confiance entre le nord et la capitale. C’est le seul pays où les tribus nomades sont maîtresses de leur destin.
S’il est vrai que l’avant-dernier gouvernement avait, pour des raisons d’équilibre politique, une tendance à fermer les yeux, voire à favoriser certains partis prônant un régime islamiste, il n’en est plus de même aujourd’hui. Le nouvel homme fort, le général Aziz, s’est engagé dans une lutte sans merci contre l’intégrisme et ses violences. Il agit de manière assez efficace en jouant sur trois leviers:
Lutte contre la pauvreté: un ensemble de mesures sont prises en faveur des quartiers défavorisés de Nouakchott où il se rend régulièrement, tel que l’adduction d’eau et autres commodités.
Mobilisation d’imams: cinq cents d’entre eux ont été missionnés pour contrer les prêches extrémistes et salafistes.
Action militaire: l’armée dispose de véhicules neufs, de stocks de carburants et les consignes sont strictes. Si la totalité du pays n’est pas encore quadrillée, d’importantes zones sont quasi hors de portée d’une quelconque intervention d’AQMI.
L’armée mauritanienne, accusée par AQMI d’être un «suppôt de l’Occident», quitte son territoire pour attaquer les bandes terroristes de l’émir Mokhtar Belmokhtar qui opère à la frontière algéro-mauritanienne.
Action du Point-Afrique dans l’Adrar mauritanien
A l’automne dernier, après consultation du Premier Ministre mauritanien, nous avons pu engager - en concertation avec les autorités chargées de la sécurité - une formation de tous les guides de l’Adrar, qui ont été équipés de balises Argos.
La configuration géographique de l’Adrar mauritanien a été soigneusement étudiée. Seuls cinq passages permettraient de sortir de la zone en cas de prise d’otages. Les procédures d’intervention rapide de la gendarmerie permettent de faire échouer toute tentative d’enlèvement. Et la population locale, à l’inverse des pays voisins, coopère avec les autorités et assure une veille sur la circulation de tout étranger. Cette coopération exemplaire ne peut hélas, pour le moment, s’appliquer aux trois autres pays mentionnés dans mon analyse, car l’absence de dialogue et de confiance est trop criante.
Dernier point: les échanges d’une heure, au printemps dernier, avec le chef de l’Etat mauritanien, m’ont permis de mesurer l’importance qu’il donne à cette lutte sans merci. Il m’a également confié son souci de voir le tourisme se maintenir en raison de l’impact indéniable de cette activité dans la lutte contre la pauvreté (son autre fer de lance).
3) Pays Dogon
Le peuple Dogon n’est pas prêt à glisser vers AQMI. Il serait regrettable qu’un amalgame s’installe.
De manière surprenante, nous avons pourtant connu la semaine passée plus de 40% d’annulation vers Mopti. Nous essayons néanmoins de maintenir les vols Paris-Mopti.
Conclusion
Au regard de la situation que je viens d’évoquer, Point-Afrique se doit de prendre les mesures suivantes:
Algérie: arrêt total de toute activité sur Tamanrasset, Djanet et Timimoun.
Niger: arrêt total sur Agadez. Maintien de l’activité au sud de Niamey (dont la Tapoa et la réserve du W).
Mali: arrêt total sur Gao et le nord du pays. Maintien des vols sur Mopti et de l'activité touristique en pays dogon.
Mauritanie: suspension des vols jusqu’à Noël. Vérification et état des lieux en octobre. Si les conditions suffisantes sont réunies (approfondissement des formations sécuritaires des guides et des chameliers, renforcement des moyens de communication...), Point-Afrique opérera une liaisons aériennes pour une reprise d’activité touristique dans la zone.
Inutile de vous décrire ma profonde révolte et l’impuissance du Point-Afrique à faire face à la situation actuelle. Nous avons perdu une bataille contre AQMI. Pour l’instant, nous devons réduire la voilure...
Certains de nos confrères ont décidé de maintenir leur offre sur l’Algérie, pour laquelle il est vrai la demande reste encore forte... Sans vouloir nous plier sans discussion aux recommandations des Affaires Etrangères du quai d’Orsay, force est de reconnaître que le danger est devenu démesuré. Bien que téméraire (je l’ai prouvé à maintes reprises), je ne suis pas fou. Pour avoir été pourfendeur des règles établies et jusqu’auboutiste des causes les plus perdues, force m’est de reconnaître que l’adversaire est d’une dangerosité nauséabonde et les risques incommensurables. Ma déontologie m’interdit de chercher à relever un tel défi!
C’est donc en toute humilité que j’ai décidé que cet hiver Point-Afrique n’ira que là où nous sommes raisonnablement sûrs de la sécurité et où nous sommes protégés par la population locale (ce qui n’est plus vrai malheureusement dans certaines zones spécifiques). Il est en effet impossible de jouer avec la vie des gens, tant ici que là-bas.
Et pour la Mauritanie: affaire à suivre!
N.B: A ce jour, le site du Ministère Français des Affaires étrangères indique que: «La Mauritanie semble constituer la cible privilégiée d’AQMI après l’Algérie»
Maurice FREUND
Président de Point-Afrique
Un mot de l’équipe Point-Afrique
Si l’analyse exposée ci-dessus fait l’objet d’un large consensus au sein de Point-Afrique, il n’en reste pas moins que les décisions prises - décisions douloureuses, parfois déchirantes - auront un impact économique inévitable sur les hommes et les femmes qui, de ce côté-ci de la Méditerranée, font vivre l’entreprise.
Il n’est pas anodin, pour Point-Afrique Voyages, de couper trois des quatre routes majeures que nous nous sommes attachés à faire vivre au fil des ans. La traduction en termes de chiffre d’affaire est immédiate, et vertigineuse. Les plus observateurs parmi vous en auront peut-être noté les premières conséquences, telles que la fermeture de nos bureaux de Marseille ou la réduction de l’amplitude horaire d’ouverture de notre agence parisienne. Encore ne s’agit-il là que de signes avant-coureurs d’autre replis à venir - malheureusement inévitables dans la conjoncture actuelle.
Dès lors, une question se pose sans détours : qu’en est-il du devenir de Point-Afrique?
Nous ne pouvons pas préjuger de l’avenir. A l’heure actuelle, il apparaît fort sombre. Mais nous ne baissons pas les bras.
La situation de l’entreprise reste saine. Nous n’avons pas de dettes, nous ne dépendons pas des marchés financiers. La crise qui couve depuis maintenant plus de deux ans a amoindri notre trésorerie, elle ne l’a pas asséchée - au prix d’une sévère cure d’amaigrissement.
Demeure l’envie de continuer à nous battre. Aujourd’hui plus que jamais, il nous apparaît impensable de déserter le champ des relations Nord-Sud et de l’abandonner aux seuls bruits de bottes, aux seuls intérêts cupides qui semblent désormais la marque de fabrique d’une certaine politique française, et plus largement mondiale.
Notre activité historique - l’affrètement de vols touristiques à destination de régions saharo-sahéliennes reculées - ne pourra plus être le seul vecteur de ce désir d’engagement. Si nous ne pouvons que vous remercier chaleureusement d’avoir «joué le jeu» durant toutes ces années, d’avoir su faire parler votre curiosité, votre intelligence et votre coeur pour aller à la rencontre de l’Autre dans une simplicité acceptée et assumée, il ne nous est pas possible de vous demander davantage. Comme l’écrit Maurice, il est absolument hors de question de jouer avec votre sécurité physique.
D’autres pistes d’action sont possibles, que nous avons jusqu’ici insuffisamment explorées, pris dans le tourbillon d’une activité exigeante qui a vu parfois jusqu’à une dizaine de destinations desservies... La valorisation, ici en Europe, du savoir-faire africain est l’une d’entre elles. Certes, l’étiquette «commerce équitable» a été galvaudée, jusqu’à la nausée. Reste que l’idée sous-jacente n’en garde pas moins tout son intérêt. De même, le succès qu’a rencontré notre campement Tamana - qui a affiché complet tout cet été encore - nous confirme dans l’idée que le désir de rencontre est toujours présent pour vous. Et d’autres pistes sont à l’étude, dans la mesure des forces qui nous restent.
Car la «réduction de voilure» évoquée plus haut signifie également des coupes drastiques dans nos équipes. Avec une première conséquence: nous ne serons plus en mesure, dans les prochains mois, de faire paraître notre Lettre à sa fréquence mensuelle habituelle. Croyez que nous le regrettons fortement, tant nous étions tous attachés à ce vecteur d’échange avec vous, notre public, notre soutien, nos amis. Nous essayerons néanmoins de continuer à vous tenir informés sur le devenir de notre Coopérative de voyageurs, fut-ce au prix d’une publication plus irrégulière et malheureusement moins fournie que par le passé.
Pour parodier un adage africain qui a connu son heure de gloire : «Point-Afrique, touché mais pas mort!»
L'équipe Point-Afrique.
Point-Afrique Voyages - Le Village 07700 Bidon - Tél. 04 75 97 20 40 - Fax 04 75 97 20 50
contact@point-afrique.com - www.point-afrique.com - Li N°075 000080
Les sept otages au coeur d'un massif extrêmement isolé
Les sept otages au coeur d'un massif extrêmement isolé
C'est dans la région de Timétrine (en rouge) que seraient détenus les sept otages.
RFI/Latifa MouaouedPar RFI
Selon la source malienne qui s'est exprimée à propos des sept otages d'Areva enlevés depuis le 16 septembre à Arlit au nord du Niger, les otages sont détenus entre les déserts malien et algérien dans une zone communément appelée le Timétrine. Régis Belleville est un explorateur qui connaît trés bien ces contrées pour les avoir parcourues comme méhariste. Spécialiste de la survie en milieu saharien, il décrit ce massif pour RFI.
« Ce massif est particulièrement isolé. Il a aussi l’avantage, pour les ravisseurs, d’être dans sa partie nord directement relié aux pistes de contrebande. Imaginez des montagnes un peu tabulaires, dans un décor peut-être un peu western dans le sud qui aurait tendance à diminuer en allant vers le nord.
C’est des blocs de grès sombre, beaucoup de cavités sous roche qui permettent de dissimuler véhicules, hommes… C’est un massif assez vaste, qui fait grosso modo 350 kilomètres de long sur 150 de large. Des réserves d’eau, de carburant et de nourriture bien entendu sont dissimulées partout.
Je crois qu’en 2007 c’était déjà le lieu privilégié d’Abou Zeïd alors que la capitale Ben Moktar était plus à l’ouest de la frontière mauritanienne.
Il y a là aussi du nomadisme aux quelques points d’eau, c’est peut-être une des options que pourrait choisir Abou Zeïd, celle de se fondre au milieu de cette population en revêtant des habits traditionnels et en séparant les otages, de façon à les répartir sur l’ensemble du territoire, pour éviter une action militaire ».
C'est dans la région de Timétrine (en rouge) que seraient détenus les sept otages.
RFI/Latifa MouaouedPar RFI
Selon la source malienne qui s'est exprimée à propos des sept otages d'Areva enlevés depuis le 16 septembre à Arlit au nord du Niger, les otages sont détenus entre les déserts malien et algérien dans une zone communément appelée le Timétrine. Régis Belleville est un explorateur qui connaît trés bien ces contrées pour les avoir parcourues comme méhariste. Spécialiste de la survie en milieu saharien, il décrit ce massif pour RFI.
« Ce massif est particulièrement isolé. Il a aussi l’avantage, pour les ravisseurs, d’être dans sa partie nord directement relié aux pistes de contrebande. Imaginez des montagnes un peu tabulaires, dans un décor peut-être un peu western dans le sud qui aurait tendance à diminuer en allant vers le nord.
C’est des blocs de grès sombre, beaucoup de cavités sous roche qui permettent de dissimuler véhicules, hommes… C’est un massif assez vaste, qui fait grosso modo 350 kilomètres de long sur 150 de large. Des réserves d’eau, de carburant et de nourriture bien entendu sont dissimulées partout.
Je crois qu’en 2007 c’était déjà le lieu privilégié d’Abou Zeïd alors que la capitale Ben Moktar était plus à l’ouest de la frontière mauritanienne.
Il y a là aussi du nomadisme aux quelques points d’eau, c’est peut-être une des options que pourrait choisir Abou Zeïd, celle de se fondre au milieu de cette population en revêtant des habits traditionnels et en séparant les otages, de façon à les répartir sur l’ensemble du territoire, pour éviter une action militaire ».
lundi 27 septembre 2010
Plaintes pour utilisation illégale et irresponsable des images et videos Touaregs ,par des médias français
Plaintes pour utilisation illégale et irresponsable des images et videos Touaregs ,par des médias français
lundi 27/09/2010
NDLR: après l'envoi d'un mail à France 24 ,nous les avons appellés aujourd'hui à 15 h pour que ce média mette fin à l'amalgame des images de l'ex rebellion Touaregue et Aqmi .Ils nous ont promis de rectifier leurs erreurs,dans le cas contraire ,nous nous verrons avec l'ensemble des associations Touaregues du Niger du Mali de l'Algerie du Burkina,ainsi que la diaspora de porter plainte contre ce média.
Depuis la prise d'otages français à Arlit au Niger par Aqmi, nous constatons un amalgame dangereux fait par certains médias français. Des vidéos et images de l’ex résistance Touarègue sont diffusées pour illustrer leur reportage sur Aqmi… Cela est illégale et dénote d’un manque de professionnalisme et de déontologie de la part des responsables de ces médias et de leurs journalistes.Depuis quelques semaines nous assistons à des attaques visant les communautés sahariennes qui n’ont rien à voir avec le sujet.
Les images illustrant certains reportages depuis la prise des otages font l’amalgame entre Aqmi, les rebelles Touaregs ,l’armée mauritanienne et malienne ! Est-ce dût à la méconnaissance des réalités sahariennes ou au faite qu’ils portent tous des turbans ???
Nous en appelons à l’ensemble des médias français, surtout France 24, de faire preuve de professionnalisme à l’avenir et d’éviter ces amalgames stériles et dangereux.
Nous rappelons aussi que les mouvements terroristes sont composés de plusieurs nationalités de part le monde, et qu’il est tout à fait surprenant de voire que seuls les Touaregs sont stigmatisés en tant qu'ethnie ,sans tenir compte de leurs nationalités.
Nous espérons par la présente mettre les medias devant leurs responsabilités et éviter à l’avenir ce genre d’accusations à peine voilés qui vise sans discernement une ethnie dans son ensemble .
Bien entendu nous suivons de près l’évolution de cette douloureuse prise d’otage que nous avons condamnés fermement toutes et tous de part le monde jusqu’au Sahara.
Merci de votre compréhension
collectif Europe-Sahara pour la paix.
Bruxelles/Belgique
Nous on habite Djanet, on est touaregs, on n'a rien à voir avec toutes ces histoires ; les journalistes et les gens qui parlent des évènements devraient faire attention à leurs paroles ; ils font du mal à tout un peuple, alors que ce n'es PAS NOTRE PEUPLE qui fait du mal. Les touaregs NE SONT PAS avec les gens violents. Ce qui se passe c'est un malheur pour les otages et leurs familles. Et aussi pour tout le Sahara.
Nabil Othmani /artiste Touareg
lundi 27/09/2010
NDLR: après l'envoi d'un mail à France 24 ,nous les avons appellés aujourd'hui à 15 h pour que ce média mette fin à l'amalgame des images de l'ex rebellion Touaregue et Aqmi .Ils nous ont promis de rectifier leurs erreurs,dans le cas contraire ,nous nous verrons avec l'ensemble des associations Touaregues du Niger du Mali de l'Algerie du Burkina,ainsi que la diaspora de porter plainte contre ce média.
Depuis la prise d'otages français à Arlit au Niger par Aqmi, nous constatons un amalgame dangereux fait par certains médias français. Des vidéos et images de l’ex résistance Touarègue sont diffusées pour illustrer leur reportage sur Aqmi… Cela est illégale et dénote d’un manque de professionnalisme et de déontologie de la part des responsables de ces médias et de leurs journalistes.Depuis quelques semaines nous assistons à des attaques visant les communautés sahariennes qui n’ont rien à voir avec le sujet.
Les images illustrant certains reportages depuis la prise des otages font l’amalgame entre Aqmi, les rebelles Touaregs ,l’armée mauritanienne et malienne ! Est-ce dût à la méconnaissance des réalités sahariennes ou au faite qu’ils portent tous des turbans ???
Nous en appelons à l’ensemble des médias français, surtout France 24, de faire preuve de professionnalisme à l’avenir et d’éviter ces amalgames stériles et dangereux.
Nous rappelons aussi que les mouvements terroristes sont composés de plusieurs nationalités de part le monde, et qu’il est tout à fait surprenant de voire que seuls les Touaregs sont stigmatisés en tant qu'ethnie ,sans tenir compte de leurs nationalités.
Nous espérons par la présente mettre les medias devant leurs responsabilités et éviter à l’avenir ce genre d’accusations à peine voilés qui vise sans discernement une ethnie dans son ensemble .
Bien entendu nous suivons de près l’évolution de cette douloureuse prise d’otage que nous avons condamnés fermement toutes et tous de part le monde jusqu’au Sahara.
Merci de votre compréhension
collectif Europe-Sahara pour la paix.
Bruxelles/Belgique
Nous on habite Djanet, on est touaregs, on n'a rien à voir avec toutes ces histoires ; les journalistes et les gens qui parlent des évènements devraient faire attention à leurs paroles ; ils font du mal à tout un peuple, alors que ce n'es PAS NOTRE PEUPLE qui fait du mal. Les touaregs NE SONT PAS avec les gens violents. Ce qui se passe c'est un malheur pour les otages et leurs familles. Et aussi pour tout le Sahara.
Nabil Othmani /artiste Touareg
Nord du Niger: fête pastorale à l'ombre d'Aqmi et des ex-rebelles touareg
Nord du Niger: fête pastorale à l'ombre d'Aqmi et des ex-rebelles touareg
De Thomas MORFIN (AFP) –
25/09/2010
INGALL — Le Nord du Niger a renoué samedi avec la grande fête de ses communautés nomades à Ingall, au moment où l'action d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dans la région repose avec force la question du sort des ex-rebelles touareg.
Miroir au creux de la main, un garçon bororo à la silhouette gracile retouche le maquillage jaune étincelant de son visage, tout en pressant le pas.Comme lui, plusieurs milliers d'éleveurs peul, bororo, touareg et arabes en habits de fête se sont donné rendez-vous pour la "Cure salée" dans cette localité aux confins du désert, à quelque 140 km à l'ouest de la capitale régionale Agadez et 1.000 km au nord de Niamey.
La plus grande fête des éleveurs du pays - qui doit son nom aux sels minéraux dont les pâturages regorgent à cette époque de l'année, grâce aux eaux de ruissellement des proches montagnes de l'Aïr - avait été suspendue en 2007. Une seconde rébellion touareg (achevée fin 2009) venait d'être lancée pour une meilleure répartition des revenus miniers de la région.
Les autorités ont maintenu le rassemblement malgré la montée de tension liée à l'enlèvement le 16 septembre de cinq Français et deux Africains sur le site minier d'Arlit, un peu plus au nord. L'armée s'est déployée pour sécuriser la vaste plaine d'Ingall, au coeur de la "zone rouge" du pays.
Si côté éleveurs ce n'est pas l'affluence des grandes années et que seule une poignée de touristes s'y est aventurée, l'ambiance est toutefois joyeuse.
Sur ce territoire peuplé de Touareg, la fête paraît un peu la leur: leurs femmes ouvrent le bal avec chants et you-you, puis les chameliers défilent sur leurs montures savamment harnachées.
Les officiels qui montent à la tribune sous un soleil écrasant ne parlent que de "paix".
"La paix est une richesse que malheureusement nous sommes en train de gaspiller", avertit le gouverneur d'Agadez, le colonel Yayé Garba.
En ligne de mire: "l'insécurité résiduelle", c'est-à-dire les bandits armés issus des ex-"fronts" touareg.
Mais, alors que les rapts de la semaine dernière semblent confirmer que des Touareg peuvent prêter main forte aux jihadistes, aucun responsable ne prononce au micro les mots "rébellion" ou "Aqmi".
"C'est une politique de l'autruche", fulmine Seydou Kaocen Maïga, ancien porte-parole rebelle.
En laissant "dans la nature plus de 4.000" ex-combattants à qui on avait promis une réinsertion contre leur désarmement, on fabrique des "sympathisants potentiels" pour Aqmi, dit-il à l'AFP.
"Les gens d'Aqmi tournent dans l'Aïr depuis plusieurs mois, on ne sait pas si c'est pour recruter ou sensibiliser", et argent et islam leur servent à élargir leur influence, prévient-il.
Les enlèvements ont été une "surprise" pour les Touareg, assure le chef de l'une des communautés, Abou Hamid Ag Azzour. Le vieil homme confie sa "peur" que cette région en mal de développement ne devienne un fief d'Aqmi.
"Il faudrait que les notables touareg de la région prennent attache avec les islamistes pour leur dire qu'ils n'acceptent pas ça chez eux", ose l'un de ses proches, Mahamoudane Aghali.
Mais en attendant, après une saison 2009-2010 marquée par une sécheresse qui a décimé des milliers de bêtes, l'heure est à la fête à Ingall: des courses de chameaux et même l'élection d'une "Miss Cure salée" se préparent.
Toute la journée, garçons et filles rivalisant de parures et de coiffes sophistiquées se sont frôlés et toisés. Les plus ardents se retrouveront le soir à la palmeraie toute proche.
Copyright © 2010 AFP. Tous droits réservés. Plus »
De Thomas MORFIN (AFP) –
25/09/2010
INGALL — Le Nord du Niger a renoué samedi avec la grande fête de ses communautés nomades à Ingall, au moment où l'action d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dans la région repose avec force la question du sort des ex-rebelles touareg.
Miroir au creux de la main, un garçon bororo à la silhouette gracile retouche le maquillage jaune étincelant de son visage, tout en pressant le pas.Comme lui, plusieurs milliers d'éleveurs peul, bororo, touareg et arabes en habits de fête se sont donné rendez-vous pour la "Cure salée" dans cette localité aux confins du désert, à quelque 140 km à l'ouest de la capitale régionale Agadez et 1.000 km au nord de Niamey.
La plus grande fête des éleveurs du pays - qui doit son nom aux sels minéraux dont les pâturages regorgent à cette époque de l'année, grâce aux eaux de ruissellement des proches montagnes de l'Aïr - avait été suspendue en 2007. Une seconde rébellion touareg (achevée fin 2009) venait d'être lancée pour une meilleure répartition des revenus miniers de la région.
Les autorités ont maintenu le rassemblement malgré la montée de tension liée à l'enlèvement le 16 septembre de cinq Français et deux Africains sur le site minier d'Arlit, un peu plus au nord. L'armée s'est déployée pour sécuriser la vaste plaine d'Ingall, au coeur de la "zone rouge" du pays.
Si côté éleveurs ce n'est pas l'affluence des grandes années et que seule une poignée de touristes s'y est aventurée, l'ambiance est toutefois joyeuse.
Sur ce territoire peuplé de Touareg, la fête paraît un peu la leur: leurs femmes ouvrent le bal avec chants et you-you, puis les chameliers défilent sur leurs montures savamment harnachées.
Les officiels qui montent à la tribune sous un soleil écrasant ne parlent que de "paix".
"La paix est une richesse que malheureusement nous sommes en train de gaspiller", avertit le gouverneur d'Agadez, le colonel Yayé Garba.
En ligne de mire: "l'insécurité résiduelle", c'est-à-dire les bandits armés issus des ex-"fronts" touareg.
Mais, alors que les rapts de la semaine dernière semblent confirmer que des Touareg peuvent prêter main forte aux jihadistes, aucun responsable ne prononce au micro les mots "rébellion" ou "Aqmi".
"C'est une politique de l'autruche", fulmine Seydou Kaocen Maïga, ancien porte-parole rebelle.
En laissant "dans la nature plus de 4.000" ex-combattants à qui on avait promis une réinsertion contre leur désarmement, on fabrique des "sympathisants potentiels" pour Aqmi, dit-il à l'AFP.
"Les gens d'Aqmi tournent dans l'Aïr depuis plusieurs mois, on ne sait pas si c'est pour recruter ou sensibiliser", et argent et islam leur servent à élargir leur influence, prévient-il.
Les enlèvements ont été une "surprise" pour les Touareg, assure le chef de l'une des communautés, Abou Hamid Ag Azzour. Le vieil homme confie sa "peur" que cette région en mal de développement ne devienne un fief d'Aqmi.
"Il faudrait que les notables touareg de la région prennent attache avec les islamistes pour leur dire qu'ils n'acceptent pas ça chez eux", ose l'un de ses proches, Mahamoudane Aghali.
Mais en attendant, après une saison 2009-2010 marquée par une sécheresse qui a décimé des milliers de bêtes, l'heure est à la fête à Ingall: des courses de chameaux et même l'élection d'une "Miss Cure salée" se préparent.
Toute la journée, garçons et filles rivalisant de parures et de coiffes sophistiquées se sont frôlés et toisés. Les plus ardents se retrouveront le soir à la palmeraie toute proche.
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Sahel : un terrain miné par l’intégrisme
Figaro (France) via Atlasinfo.fr
Sahel : un terrain miné par l’intégrisme (Alexandre Adler)
dimanche 26 septembre 2010
Comme en médecine, il existe une pathologie géopolitique dont le processus déclenchant est le même : un agent actif et un terrain immunitaire affaibli depuis longtemps. Ici, l’agent pathogène est bien connu, il s’agit de ce même mouvement multiforme né de l’exacerbation paroxystique d’un grand mouvement de masse islamiste bien plus vaste, en l’occurrence la radicalisation en Algérie de l’aile activiste du Front islamique du salut (FIS), le Groupe islamique armé (GIA).
Mais la composante la plus importante du phénomène, c’est le terrain immunitaire faible. Zone de population limite de la planète, mais jalonnée d’oasis, le Sahara appartient culturellement au Maghreb. Il est arabe sur sa frange ouest - la Mauritanie - et jusqu’à Tombouctou ; il est fortement berbère partout ailleurs, avec une culture traditionnelle fondée sur une grande indépendance des groupes et une réticence évidente à l’islam normatif, qui se traduit notamment par le statut élevé réservé à des femmes qui partagent tout de la rude vie des hommes nomades.
La France, qui hérita de ce vaste domaine sans pouvoir encore vraiment l’administrer vers 1900, commit l’erreur de le détacher en petits morceaux mieux contrôlables, les uns gérés par l’armée métropolitaine d’Algérie - les unités chamelières -, les autres par les troupes de marine, basées à Saint-Louis du Sénégal et où naquirent les célèbres méharistes. Il y eut donc à la place d’une unité humaine, jusque-là incontestée, quatre territoires principaux. D’abord, une Mauritanie de culture marocaine rattachée purement et simplement au Sénégal. Ensuite, des Territoires du Sud administrés depuis Alger, mais hors statut départemental, et ce jusqu’à Tamanrasset. Enfin, et ce sont les troisième et quatrième morceaux, deux territoires désertiques touaregs rattachés sans aucune autonomie à deux territoires de l’AOF, le Soudan - devenu Mali à l’indépendance - et le lointain Niger, qui n’intéressait alors personne.
De Gaulle, penseur stratégique inégalé, eut tout à la fois l’intuition de ce qu’il fallait entreprendre, puis ensuite la prudence stratégique de s’en abstenir. Le projet de grand État saharien protégé de la France devait fournir un équivalent maghrébin à ce qu’était alors, pour les États-Unis, l’Arabie saoudite. Mais, le Général comprit vite que l’humiliation définitive imposée d’emblée à une Algérie indépendante, mais tronquée et coupée de ses ressources d’hydrocarbures, n’aurait eu comme conséquence immédiate que le basculement du Front de libération nationale (FLN) dans l’alignement sur Moscou. On retira donc ce projet visionnaire mais dangereux des cartons, et on laissa les frontières à peu près en place, abandonnant un petit million de Wolofs sénégalais à une Mauritanie d’un arabisme de plus en plus marqué.
La balkanisation de la région
Le Niger, en revanche, recélait une ressource stratégique non négociable, l’uranium des mines d’Arlit. Longtemps, ce non-pays, qui n’est qu’une mince bande de territoire et de populations le long de la frontière nigériane, fut géré par les attentions conjointes d’Houphouët-Boigny et de Jacques Foccart, depuis la lointaine Abidjan. Depuis la fin de la « seconde colonisation » française en 1989, et déjà par l’exacerbation du conflit algéro-marocain autour du Sahara ex-espagnol et de la Mauritanie depuis 1974, la balkanisation non planifiée de la région commence, hélas, à laisser place à de nombreuses lésions sur le terrain. Un temps passionné par l’élargissement de sa frontière sud, Kadhafi cherchera même à regrouper tous les Berbères du Sahara dans un « Front pour l’indépendance de l’Azawad », aujourd’hui bien oublié de son inventeur, mais dont le programme tacite est passé dans d’autres mains, soit locales, soit intégristes.
Une solution politique se dessine pourtant, à laquelle la France est malheureusement réticente : l’extension d’une souveraineté informelle de l’Algérie vers ces régions à l’abandon, compensée par un assainissement définitif du flan ouest au profit du Maroc. Le courage des soldats africains du Mali et du Niger, manifeste chez leurs tirailleurs sénégalais dans la France combattante est là pour le montrer : il ne s’agit en aucune manière de détermination, mais de réalité ethnique et historique longue : à Kidal, au Mali, à Arlit, au Niger, seuls les Touaregs décidés à éradiquer al-Qaida peuvent ramener une sécurité durable, avec certes l’aide ponctuelle et technologique de la France et des États-Unis, mais d’abord une participation volontaire et sans réticences d’une Algérie, somme toute alliée, dont il faut rappeler que l’actuel président Bouteflika fut pendant la guerre un envoyé sur place du FLN au pseudonyme d’el-Mali. La vraie flexibilité stratégique se trouve là : à Alger et nécessairement aussi à Rabat, nos deux véritables alliés naturels.
Dimanche 26 Septembre 2010 Le Figaro
Voir en ligne : http://www.atlasinfo.fr/Sahel-un-te...
Sahel : un terrain miné par l’intégrisme (Alexandre Adler)
dimanche 26 septembre 2010
Comme en médecine, il existe une pathologie géopolitique dont le processus déclenchant est le même : un agent actif et un terrain immunitaire affaibli depuis longtemps. Ici, l’agent pathogène est bien connu, il s’agit de ce même mouvement multiforme né de l’exacerbation paroxystique d’un grand mouvement de masse islamiste bien plus vaste, en l’occurrence la radicalisation en Algérie de l’aile activiste du Front islamique du salut (FIS), le Groupe islamique armé (GIA).
Mais la composante la plus importante du phénomène, c’est le terrain immunitaire faible. Zone de population limite de la planète, mais jalonnée d’oasis, le Sahara appartient culturellement au Maghreb. Il est arabe sur sa frange ouest - la Mauritanie - et jusqu’à Tombouctou ; il est fortement berbère partout ailleurs, avec une culture traditionnelle fondée sur une grande indépendance des groupes et une réticence évidente à l’islam normatif, qui se traduit notamment par le statut élevé réservé à des femmes qui partagent tout de la rude vie des hommes nomades.
La France, qui hérita de ce vaste domaine sans pouvoir encore vraiment l’administrer vers 1900, commit l’erreur de le détacher en petits morceaux mieux contrôlables, les uns gérés par l’armée métropolitaine d’Algérie - les unités chamelières -, les autres par les troupes de marine, basées à Saint-Louis du Sénégal et où naquirent les célèbres méharistes. Il y eut donc à la place d’une unité humaine, jusque-là incontestée, quatre territoires principaux. D’abord, une Mauritanie de culture marocaine rattachée purement et simplement au Sénégal. Ensuite, des Territoires du Sud administrés depuis Alger, mais hors statut départemental, et ce jusqu’à Tamanrasset. Enfin, et ce sont les troisième et quatrième morceaux, deux territoires désertiques touaregs rattachés sans aucune autonomie à deux territoires de l’AOF, le Soudan - devenu Mali à l’indépendance - et le lointain Niger, qui n’intéressait alors personne.
De Gaulle, penseur stratégique inégalé, eut tout à la fois l’intuition de ce qu’il fallait entreprendre, puis ensuite la prudence stratégique de s’en abstenir. Le projet de grand État saharien protégé de la France devait fournir un équivalent maghrébin à ce qu’était alors, pour les États-Unis, l’Arabie saoudite. Mais, le Général comprit vite que l’humiliation définitive imposée d’emblée à une Algérie indépendante, mais tronquée et coupée de ses ressources d’hydrocarbures, n’aurait eu comme conséquence immédiate que le basculement du Front de libération nationale (FLN) dans l’alignement sur Moscou. On retira donc ce projet visionnaire mais dangereux des cartons, et on laissa les frontières à peu près en place, abandonnant un petit million de Wolofs sénégalais à une Mauritanie d’un arabisme de plus en plus marqué.
La balkanisation de la région
Le Niger, en revanche, recélait une ressource stratégique non négociable, l’uranium des mines d’Arlit. Longtemps, ce non-pays, qui n’est qu’une mince bande de territoire et de populations le long de la frontière nigériane, fut géré par les attentions conjointes d’Houphouët-Boigny et de Jacques Foccart, depuis la lointaine Abidjan. Depuis la fin de la « seconde colonisation » française en 1989, et déjà par l’exacerbation du conflit algéro-marocain autour du Sahara ex-espagnol et de la Mauritanie depuis 1974, la balkanisation non planifiée de la région commence, hélas, à laisser place à de nombreuses lésions sur le terrain. Un temps passionné par l’élargissement de sa frontière sud, Kadhafi cherchera même à regrouper tous les Berbères du Sahara dans un « Front pour l’indépendance de l’Azawad », aujourd’hui bien oublié de son inventeur, mais dont le programme tacite est passé dans d’autres mains, soit locales, soit intégristes.
Une solution politique se dessine pourtant, à laquelle la France est malheureusement réticente : l’extension d’une souveraineté informelle de l’Algérie vers ces régions à l’abandon, compensée par un assainissement définitif du flan ouest au profit du Maroc. Le courage des soldats africains du Mali et du Niger, manifeste chez leurs tirailleurs sénégalais dans la France combattante est là pour le montrer : il ne s’agit en aucune manière de détermination, mais de réalité ethnique et historique longue : à Kidal, au Mali, à Arlit, au Niger, seuls les Touaregs décidés à éradiquer al-Qaida peuvent ramener une sécurité durable, avec certes l’aide ponctuelle et technologique de la France et des États-Unis, mais d’abord une participation volontaire et sans réticences d’une Algérie, somme toute alliée, dont il faut rappeler que l’actuel président Bouteflika fut pendant la guerre un envoyé sur place du FLN au pseudonyme d’el-Mali. La vraie flexibilité stratégique se trouve là : à Alger et nécessairement aussi à Rabat, nos deux véritables alliés naturels.
Dimanche 26 Septembre 2010 Le Figaro
Voir en ligne : http://www.atlasinfo.fr/Sahel-un-te...
dimanche 26 septembre 2010
Action Collective de plus de 20 milliard d'Euros Intenté Contre Areva aux Etats-Unis...
Action Collective de plus de 20 milliard d'Euros Intenté Contre Areva aux Etats-Unis...
Écrit par Copyright © 2010 WorldPres
source :tam tam info Niger
Dimanche, 26 Septembre 2010 05:11
photo mine d'Areva /Arlit Niger
Un groupe de Nigériens vivant aux Etats-Unis aurait deposé une plainte en Action Collective (Class action) contre le Groupe Français Areva pour préjudice subi par l'Etat du Niger ainsi que les habitants de la région du Niger ou Areva exploite des mines d'uranium.
Selon Me Arthur Levinson, principal avocat des plaignants, Areva pourrait avoir à payer jusqu'à 20 milliards d'euros de dommages et intérêts (13.120 Milliards de Francs CFA) si le groupe est jugé coupable dans le procès qui se tiendra à New York contre lui, son PDG Mme Anne Lauvergnon ainsi que son Directeur général délégué Monsieur Gérald Arbola. Toujours selon l'avocat des plaignants, le Groupe fait l'objet de 57 chefs d'accusation dont escroquerie, négligence criminelle, non-respect des termes du contrat le liant à l'Etat du Niger entre autres mais il n'est pas certain que tous seront retenus.
En outre, les jurés du procès de New York ne devraient pas formuler une condamnation globale mais évaluer les chefs d'accusation retenus contre Areva et soutenue par l'accusation au cours de la période allant du 24 Avril 1961 au 14 Mai 2007.
Cette évaluation va servir de base à la détermination d'un montant de dommages et intérêt pour chaque année d'activité pendant la période sous revue. Le montant de 20 milliards d'euros seraient équivalent aux perte subies par les actionnaires de l'Uranium du Niger pendant la période retenue et correspondraient à la difference entre les prix moyens sur le Marché international et les prix pratiqués par Areva pour compenser ses actionnaires y compris l'Etat du Niger.
Ce recours, s'il est accepté, pourrait donner lieu au premier procès du genre intenté contre une Multinationale ayant des activites d'exploitation minière en Afrique. S'il est refusé, les plaignants feront appel "dans tous les cas dès que possible" du jugement, puisqu'ils considèrent que les "faits qui sont reprochés à la Multinationale sont fondés, a conclu M. Levinson.
Écrit par Copyright © 2010 WorldPres
source :tam tam info Niger
Dimanche, 26 Septembre 2010 05:11
photo mine d'Areva /Arlit Niger
Un groupe de Nigériens vivant aux Etats-Unis aurait deposé une plainte en Action Collective (Class action) contre le Groupe Français Areva pour préjudice subi par l'Etat du Niger ainsi que les habitants de la région du Niger ou Areva exploite des mines d'uranium.
Selon Me Arthur Levinson, principal avocat des plaignants, Areva pourrait avoir à payer jusqu'à 20 milliards d'euros de dommages et intérêts (13.120 Milliards de Francs CFA) si le groupe est jugé coupable dans le procès qui se tiendra à New York contre lui, son PDG Mme Anne Lauvergnon ainsi que son Directeur général délégué Monsieur Gérald Arbola. Toujours selon l'avocat des plaignants, le Groupe fait l'objet de 57 chefs d'accusation dont escroquerie, négligence criminelle, non-respect des termes du contrat le liant à l'Etat du Niger entre autres mais il n'est pas certain que tous seront retenus.
En outre, les jurés du procès de New York ne devraient pas formuler une condamnation globale mais évaluer les chefs d'accusation retenus contre Areva et soutenue par l'accusation au cours de la période allant du 24 Avril 1961 au 14 Mai 2007.
Cette évaluation va servir de base à la détermination d'un montant de dommages et intérêt pour chaque année d'activité pendant la période sous revue. Le montant de 20 milliards d'euros seraient équivalent aux perte subies par les actionnaires de l'Uranium du Niger pendant la période retenue et correspondraient à la difference entre les prix moyens sur le Marché international et les prix pratiqués par Areva pour compenser ses actionnaires y compris l'Etat du Niger.
Ce recours, s'il est accepté, pourrait donner lieu au premier procès du genre intenté contre une Multinationale ayant des activites d'exploitation minière en Afrique. S'il est refusé, les plaignants feront appel "dans tous les cas dès que possible" du jugement, puisqu'ils considèrent que les "faits qui sont reprochés à la Multinationale sont fondés, a conclu M. Levinson.
Daniel et Françoise Larribe, l’Afrique au cœur
Daniel et Françoise Larribe, l’Afrique au cœur
En juin dernier, à Arlit, leur ami touareg les avait alertés d’un danger croissant. Ils sont aujourd’hui aux mains des islamistes d’Aqmi. Histoire d’un couple hors du commun.
Paru dans leJDD
L’homme du désert a immortalisé la scène et a affiché la photo au-dessus de son bureau. Staffa Ibrahim, touareg du Niger, originaire d’Agadez, préside depuis cinq ans Ikewane, une petite ONG qui vient en aide aux paysans d’Arlit et aux populations nomades, notamment dans l’approvisionnement en eau et pour l’éducation. Depuis dix jours, Staffa est rongé par l’inquiétude: son ami Daniel Larribe a été enlevé à Arlit. Il se raccroche aux souvenirs, à ce portrait du Français arborant fièrement un costume traditionnel de touareg. Le cliché a été pris en 2008 lors de la cérémonie d’adieux organisée par les autorités locales en l’honneur de Daniel Larribe. L’ingénieur, après cinq ans en poste dans le Sahel, quittait le Niger pour la Namibie, avant d’y revenir cette année. Les Touaregs étaient de la fête.
Originaire du sud-ouest de la France, le couple Larribe a beaucoup donné à Ikewane. "Daniel a fait énormément pour les paysans locaux, les maraîchers. Il a convaincu la Somaïr et Areva de nous aider à financer nos projets", témoigne Staffa Ibrahim. A l’entrée de la ville minière d’Arlit, une pancarte détaille les équipements réalisés par l’ONG locale avec l’aide des Larribe: assainissement des puits pastoraux et de celui d’une école, construction d’un bac de lavage de légumes avec des conduites d’eau potable, distribution d’eau dans les campements nomades… "Depuis ces réalisations, le service de santé d’Arlit nous a fait part de la diminution des cas de typhoïde", assure Staffa, qui ne cache pas sa reconnaissance envers le cadre de la Somaïr, société minière filiale d’Areva, et son épouse Françoise. Lors des adieux, en 2008, Daniel Larribe a reçu trois cadeaux de la part des touaregs: un sabre, un couteau et le titre de président d’honneur d’Ikewane. "Ce sont les seuls Français proches de nous, ce sont de vrais amoureux de l’Afrique. Françoise aide dans les écoles et les bibliothèques. Elle est la marraine de l’association Sahel qui parraine des enfants durant leur parcours scolaire", raconte Ibrahim Samsou, secrétaire d’Ikewane. Le père Christian Chenu, curé d’Arlit, disait cette semaine son inquiétude "pour la santé de Françoise qui vient de se faire soigner d’un cancer".
"Je leur avais dit de faire attention, de limiter leurs déplacements"
Expats au grand cœur, les Larribe, protestants, sont curieux des cultures locales au point d’avoir appris le tamachek, la langue des nomades. Ils aiment se promener à pied dans la ville, n’hésitant pas à aller à la rencontre des artisans et des forgerons, appréciés autant par les paysans que par le personnel nigérien de la Somaïr. "J’ai connu Daniel Larribe en 2006, confie Abdourazakou Moumouni, ingénieur à Niamey. J’ai travaillé sous sa direction durant presque deux ans, jusqu’à son départ pour la Namibie en avril 2008. Il était directeur de production quand j’ai été recruté. Il gérait la production avec tact et intelligence. A Arlit, tout le monde l’apprécie, c’est unanime." Daniel Larribe passe près de deux ans en Namibie avant d’être rappelé en juin dernier par Areva à la Somaïr, en tant que chef de production cette fois. "Daniel a été appelé en renfort pour remettre un peu d’ordre à la mine, depuis son départ il y avait pas mal de problèmes à la Somaïr, de désorganisation. Daniel sait apaiser les tensions, les gens lui font confiance", souligne Staffa Ibrahim. Le président de l’ONG avait alerté Daniel Larribe d’un danger croissant dans le Sahel. C’était le 27 juin dernier. Daniel et Françoise l’avaient invité à dîner dans leur maison d’Arlit. "Je leur avais dit de faire attention, de limiter leurs déplacements. Des Touaregs m’avaient parlé de menaces, eux-mêmes se faisaient de plus en plus détroussés par des voyous qui parlent arabe et doivent venir de Mauritanie ou du sud de l’Algérie. Le secteur est de plus en plus dangereux depuis quelques mois."
C’est la dernière fois que Staffa a vu les Larribe. Quelques jours plus tard, le couple rentrait en France pour des vacances d’été passées entre le Lot et le Gard. Saint-Céré, le fief familial de Daniel, et Mialet, le village d’origine de Françoise. A Mialet, en plein cœur des Cévennes, le couple séjournait en toute discrétion dans une maison de pierre du hameau de Paussan, achetée il y a une quinzaine d’années; à peine y croisait-on Françoise chez Mialet, une épicerie-buvette alternative et associative. A Saint-Céré, le couple rend visite au frère de Daniel et à sa mère. C’est là que Daniel et Françoise se sont rencontrés il y a trente ans. Françoise y était alors directrice de la maison des jeunes et de la culture. Daniel Larribe, enfant du pays, n’avait pas encore terminé ses études. Ce premier de classe, passionné de géologie et de spéléologie – il a réalisé en 1979 une étude géologique sur le gouffre de Padirac –, fait alors une école d’ingénieur, à Strasbourg, avant d’intégrer un cycle de formation du Cesmat (Centre d’études supérieures des matières premières) au sein de l’école des Mines de Nancy, dont il sort diplômé en 1985.
L’ingénieur en génie minier ressent vite l’appel de l’Afrique. Du milieu des années 1990 à 2001, ce sera la Guinée, où il dirige une mine d’or de la SMD (Société minière de Dinguiraye), alors propriété du groupe norvégien Kenor. En 2001, le couple rentre en France. Le Gard pour Françoise, Angers pour Daniel, chargé pendant deux ans de la sécurité des Ardoisières de Trélazé. François Martin, agrégé de génie civil, spécialiste des travaux souterrains, a fait partie d’une association de sauvegarde des mines d’Angers, la Mine bleue, avec Daniel Larribe. "Daniel est l’un des derniers ingénieurs des Mines qui ont une telle expertise du terrain. Mais il n’était pas à l’aise en France, les méthodes de travail ne lui convenaient pas, il avait la tête en Afrique." A son ami nigérien Staffa Ibrahim, Daniel Larribe confiait encore avant l’été que ses racines étaient sur le continent africain. "Cette phrase m’a touchée, s’émeut le Touareg. Quand j’ai appris le grand malheur, l’enlèvement, j’ai été plus choqué que lorsque j’ai appris le décès de mon propre père. Daniel est mon frère, mon frère blanc."
Adeline Fleury, avec J.-S. Nours à Saint-Céré (Lot) et Mialet (Gard) - Le Journal du Dimanche
Samedi 25 Septembre 2010
En juin dernier, à Arlit, leur ami touareg les avait alertés d’un danger croissant. Ils sont aujourd’hui aux mains des islamistes d’Aqmi. Histoire d’un couple hors du commun.
Paru dans leJDD
L’homme du désert a immortalisé la scène et a affiché la photo au-dessus de son bureau. Staffa Ibrahim, touareg du Niger, originaire d’Agadez, préside depuis cinq ans Ikewane, une petite ONG qui vient en aide aux paysans d’Arlit et aux populations nomades, notamment dans l’approvisionnement en eau et pour l’éducation. Depuis dix jours, Staffa est rongé par l’inquiétude: son ami Daniel Larribe a été enlevé à Arlit. Il se raccroche aux souvenirs, à ce portrait du Français arborant fièrement un costume traditionnel de touareg. Le cliché a été pris en 2008 lors de la cérémonie d’adieux organisée par les autorités locales en l’honneur de Daniel Larribe. L’ingénieur, après cinq ans en poste dans le Sahel, quittait le Niger pour la Namibie, avant d’y revenir cette année. Les Touaregs étaient de la fête.
Originaire du sud-ouest de la France, le couple Larribe a beaucoup donné à Ikewane. "Daniel a fait énormément pour les paysans locaux, les maraîchers. Il a convaincu la Somaïr et Areva de nous aider à financer nos projets", témoigne Staffa Ibrahim. A l’entrée de la ville minière d’Arlit, une pancarte détaille les équipements réalisés par l’ONG locale avec l’aide des Larribe: assainissement des puits pastoraux et de celui d’une école, construction d’un bac de lavage de légumes avec des conduites d’eau potable, distribution d’eau dans les campements nomades… "Depuis ces réalisations, le service de santé d’Arlit nous a fait part de la diminution des cas de typhoïde", assure Staffa, qui ne cache pas sa reconnaissance envers le cadre de la Somaïr, société minière filiale d’Areva, et son épouse Françoise. Lors des adieux, en 2008, Daniel Larribe a reçu trois cadeaux de la part des touaregs: un sabre, un couteau et le titre de président d’honneur d’Ikewane. "Ce sont les seuls Français proches de nous, ce sont de vrais amoureux de l’Afrique. Françoise aide dans les écoles et les bibliothèques. Elle est la marraine de l’association Sahel qui parraine des enfants durant leur parcours scolaire", raconte Ibrahim Samsou, secrétaire d’Ikewane. Le père Christian Chenu, curé d’Arlit, disait cette semaine son inquiétude "pour la santé de Françoise qui vient de se faire soigner d’un cancer".
"Je leur avais dit de faire attention, de limiter leurs déplacements"
Expats au grand cœur, les Larribe, protestants, sont curieux des cultures locales au point d’avoir appris le tamachek, la langue des nomades. Ils aiment se promener à pied dans la ville, n’hésitant pas à aller à la rencontre des artisans et des forgerons, appréciés autant par les paysans que par le personnel nigérien de la Somaïr. "J’ai connu Daniel Larribe en 2006, confie Abdourazakou Moumouni, ingénieur à Niamey. J’ai travaillé sous sa direction durant presque deux ans, jusqu’à son départ pour la Namibie en avril 2008. Il était directeur de production quand j’ai été recruté. Il gérait la production avec tact et intelligence. A Arlit, tout le monde l’apprécie, c’est unanime." Daniel Larribe passe près de deux ans en Namibie avant d’être rappelé en juin dernier par Areva à la Somaïr, en tant que chef de production cette fois. "Daniel a été appelé en renfort pour remettre un peu d’ordre à la mine, depuis son départ il y avait pas mal de problèmes à la Somaïr, de désorganisation. Daniel sait apaiser les tensions, les gens lui font confiance", souligne Staffa Ibrahim. Le président de l’ONG avait alerté Daniel Larribe d’un danger croissant dans le Sahel. C’était le 27 juin dernier. Daniel et Françoise l’avaient invité à dîner dans leur maison d’Arlit. "Je leur avais dit de faire attention, de limiter leurs déplacements. Des Touaregs m’avaient parlé de menaces, eux-mêmes se faisaient de plus en plus détroussés par des voyous qui parlent arabe et doivent venir de Mauritanie ou du sud de l’Algérie. Le secteur est de plus en plus dangereux depuis quelques mois."
C’est la dernière fois que Staffa a vu les Larribe. Quelques jours plus tard, le couple rentrait en France pour des vacances d’été passées entre le Lot et le Gard. Saint-Céré, le fief familial de Daniel, et Mialet, le village d’origine de Françoise. A Mialet, en plein cœur des Cévennes, le couple séjournait en toute discrétion dans une maison de pierre du hameau de Paussan, achetée il y a une quinzaine d’années; à peine y croisait-on Françoise chez Mialet, une épicerie-buvette alternative et associative. A Saint-Céré, le couple rend visite au frère de Daniel et à sa mère. C’est là que Daniel et Françoise se sont rencontrés il y a trente ans. Françoise y était alors directrice de la maison des jeunes et de la culture. Daniel Larribe, enfant du pays, n’avait pas encore terminé ses études. Ce premier de classe, passionné de géologie et de spéléologie – il a réalisé en 1979 une étude géologique sur le gouffre de Padirac –, fait alors une école d’ingénieur, à Strasbourg, avant d’intégrer un cycle de formation du Cesmat (Centre d’études supérieures des matières premières) au sein de l’école des Mines de Nancy, dont il sort diplômé en 1985.
L’ingénieur en génie minier ressent vite l’appel de l’Afrique. Du milieu des années 1990 à 2001, ce sera la Guinée, où il dirige une mine d’or de la SMD (Société minière de Dinguiraye), alors propriété du groupe norvégien Kenor. En 2001, le couple rentre en France. Le Gard pour Françoise, Angers pour Daniel, chargé pendant deux ans de la sécurité des Ardoisières de Trélazé. François Martin, agrégé de génie civil, spécialiste des travaux souterrains, a fait partie d’une association de sauvegarde des mines d’Angers, la Mine bleue, avec Daniel Larribe. "Daniel est l’un des derniers ingénieurs des Mines qui ont une telle expertise du terrain. Mais il n’était pas à l’aise en France, les méthodes de travail ne lui convenaient pas, il avait la tête en Afrique." A son ami nigérien Staffa Ibrahim, Daniel Larribe confiait encore avant l’été que ses racines étaient sur le continent africain. "Cette phrase m’a touchée, s’émeut le Touareg. Quand j’ai appris le grand malheur, l’enlèvement, j’ai été plus choqué que lorsque j’ai appris le décès de mon propre père. Daniel est mon frère, mon frère blanc."
Adeline Fleury, avec J.-S. Nours à Saint-Céré (Lot) et Mialet (Gard) - Le Journal du Dimanche
Samedi 25 Septembre 2010
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