samedi 17 avril 2010

Option électronucléaire, quelle démarche pour le Niger ?

Daouda Djibo Takoubakoye - talaize@yahoo.ca-Niger Diaspora-17-04-10

Option électronucléaire, quelle démarche pour le Niger ?
samedi 17 avril 2010

L’accès à l’énergie est une composante essentielle du développement économique, social et politique. Il favorise le développemnt individuel via l’amélioration des conditions éducatives et sanitaires. Il permet le développemnt de l’activité économique par la mécanisation et la modernisation des communications. Il participe enfin à l’amélioration de l’environnement économique en permetant une intervention publique plus efficace, un meilleur respect de l’environnement et le renforcement de la démocratie.
Cependant malgré un potentiel énorme en énergie fossile, renouvelable et nucléaire, le Niger présente des déficits énergetiques importants. Les ressources du pays sont faiblement exploitées et/ou expotées sous forme brute. En conséquence la consommation énergétique du pays est l’une des plus faibles du monde. Elle est de 0.142tonne équivalent pétrole (tep) par habitant et par an contre 0.5 en Afrique et 1.2 dans le monde. La consommation totale qui s’élève à 1932 Ktep par an en 2007 se compose à 87% de l’exploitation de la biomasse. L’énergie électrique ne représente que 2.11% de la consommation énergétqiue totale soit environ 519.52 GWh par an. La plus grande partie de l’énergie électrique provient du Nigéria (80%).
Ainsi pour pouvoir satisfaire le besoin des ménages, la quantité disponible est rationnée pour l’industrie nationale et une entreprise doit payer deux fois plus cher si elle veut produire aux heures de ‘surchage’ ce qui limite grandement la production industrielle du pays. Le taux d’accès à l’électricité reste l’un des plus faibles du monde, seulement 9.1¨% des ménages nigériens ont accès à l’électricté contre 35.5% en Afrique.
Au regard de l’enjeu stratégique que représente l’énergie, principalement l’énergie électrique, pour un développemnt durable, le gouvernement du Niger (à travers la Stratégie de Développemnt Accéléré et de Reduction de la Pauvreté) s’est fixé comme objectifs d’ici 2012 entre autres :
La couverture à 100% de la demande énergetique même en cas de défaillance des lignes d’interconnexion
Le relèvement du taux d’accès des ménages à 50% en zone rurale et à 100% en zone urbaine. Pour atteindre ces objectifs, le pays doit pouvoir produire au moins 2109 GWh par an contre moins de 200 GWh par an en 2007. soit une multiplication par dix (10) de la capacité de production actuelle. Ce qui impose au Niger une vision stratégique à long terme économiquement efficace, respectuse de l’environnement et garrantissant la souveraineté énergetqiue du pays.
Ce document adapté au cas spécifiques du Niger est préparé et présenté dans le cadre logique des programmes nucléaires de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA). Il commence par une brève comparaison des sources énergetiques pour montrer quelle est la chance pour le Niger d’opter pour un programme nucléaire après une analyse minitieuse qui sera faite par un comité d’experts nationaux et internationaux.
1. Analyse succinte des différentes options énergétiques pour le Niger
Il existe plusieurs options énergétques couramment utilisées dans la fourniture d’électrité dans les pays en developpemnt, y compris ce qui n’ont pas connu une forte popularité, mais qui sont considérées comme novateurs. Dans cette section, une analyse succinte des différentes options est présentée. Il s’agit des options suivantes :

• Energie éolienne
• Energie thermique fossile
• Energie Solaire
• Energie hydaulique
L’analyse des options est basée sur les critères généraux que sont essentiellement : le potentiel énergetique disponible, les coûts socio-économiques et les coûts environnementaux pour satisfaire la demande énergetique en 2005.
Energie éolienne :
La production de cette forme d’énergie s’effectue par l’utilisation de la force du vent à travers des hélices qui font tourner un générateur électromagnetique produisant ainsi l’électricité. La puissance électrique engendrée est alors proportionnelle au carré de la vitesse du vent.
Au Niger la force du vent varie de 2.5 à 5 m/s sur toute l’étendue du territoire. Toutefois, cette force est insuffisante pour produire de l’électricité en quantité appréciable à l’échelle nationale. En effet il faudra installer à peu près 300 milliards d’hélices pesant chacune une tonne (soit 2574 hélices dans chaque villa de 600m²) pour pouvoir satisfaire le besoin énergetique du Niger en 2025. Pour couvrir les besoins en permanence, il faudra également coupler le réseau éolien soit à un dispositif de stockage de l’énergie, soit à une autre source d’énergie, soit à un réseau plus étendu.
Ainsi l’investissement requis est estimé à plus de 26 milliards de dollars. Par ailleurs, l’installation des hélices entraîne un véritable encombrement et peut poser des problèmes d’insertion du fait de leur dirpersion (chemins d’accès, bruit, esthétique contestée,lignes électriques,migrations d’oiseaux..). Le barrage massif des couloirs de vent peut égalemnt avoir des conséquences sur le climat local notamment en aval des éoliennes par rapport au sens des vents dominants.
Par conséquent, l’énergie éolienne ne peut être utilisée comme seule source d’approvisionnement à long terme, elle n’est avantageuse que pour les applications de pompage.

Energie thermique fossile classique :
La fourniture d’énergie électrique à partir de sources thermiques fossiles consiste à transformer la chaleur produite de la combustion du matériau d’origine (pétrole, gaz ou charbon) en électricité à travers une turbine actionnées par les vapeurs d’eaux issues de la combustion.
Le potentiel en énergie thermique fossile du Niger n’est pas très bien estimé ; il tournerait autour de 477.107 tep. Il faudra importer 453 435 tonnes de pétrole pour couvrir le besoin en 2025 ce qui représente 3 fois l’importation totale de produits pétroliers actuelle du Niger. De plus les prix des combustibles fossiles sur le marché international fluctuera énormement dans les années à venir compte tenu de la forte pression qu’ils subissent, le baril de pétrole est passé de 62 dollars au 20 avril 2007 à 64.7 dollars au 1er mai 2007 soit une augmentation de 4.35 % en dix (10) jours.
Toute la réserve mondiale de pétrole s’épuisera dans les 37 années à venir selon les prévisions de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE). En outre les centrales termiques utilisant ces combustibles dégagent plus de 1071 grammes de gaz à effet de serre pour 1 KWh d’électricité contre seulement 16g/KWh pour le nucléaire.
Ainsi l’utilisation de cette forme d’énergie irait à l’encontre des engagements auquels le Niger a souscrit en ratifiant en 2004 le protocole de Kyoto pour la réduction des gaz à effet de serre.
En outre l’effort national necessaire frôlerait les deux milliards de dollars même si le pays ne participe qu’à hauteur de 3 % à l’investissement total (coût d’exploration,d’exploitation,de formation etc..) pour pouvoir s’assurer une autonomie énergétqiue.
En définitive, l’énergie thermique fossile est non seulement coûteuse et néfaste pour l’environnement mais aussi elle ne garantit pas un approvisionnement continu même dans un futur très proche.
Energié solaire :
L’énergie solaire est produite à partir de la transformation par réaction physique dans une cellule photovolataïque de l’énergie issue du soleil. Les cellules photovoltaïques sont généralement en feuille d’or ou de nickel.
Pays tropical couvrant une superficie de 1 267 000 Km², Le Niger reçois du soleil près de 2.82.109 soit environ 16 fois le besoin énergetique mondial d’ici 2030. Cependant la conversion de cette énergie en énergie électrique est très difficle compte tenu des technologies actuellement disponibles (le rendement ne dépasse guère 16 %). L’énergie solaire n’est disponible que dans 30 à 40 % du temps. Pour couvrir les besoins énergetiques du Niger en 2025 (2109 GWh), il faudra à peu près 20.1Km² de panneaux solaires soit la superficie 34 000 Villas de 600 m² ; la puissance de l’énergie solaire étant aléatoire et dépendante fortement de la météorologie, son utilisation nécessiterait des investissements conséquents dans les technologies complémentaires tels que les générateurs et de stockage et les appoints pour pouvoir bénéficier en permanence de l’énergie solaire.
De ce fait l’énergie solaire est très couteuse. En effet, le coût total pour produire 2109 GWh s’élèvera à 12 milliards de dollards.
L’énergie solaire est donc non seulement couteuse mais aussi ne garantit une fourniture d’énergie en permanence.
L’énergie hydraulique :
L’énergie hydroélectrique est obtenue en transformant la force gravitationnelle de l’eau (chute de l’eau) en électricité à travers une turbine (hélices)
Le potentiel hydroélectrique total du Niger est estimé à 273.5 MW ( tous sites confondu : Kandadji, Gambou, Dyondyonga, Sirba, Goroubi et Dargol). Cette puissance ne peut couvrir que 40 % du besoin national en 2025 compte tenu du rendement de conversion faible et cela pendant seulement 25% du temps.
De plus en l’instar de toutes les énergies renouvelables, l’énergie hydroélectrique a une puissance dépendante des conditions météorologiques. Ainsi, son utilisation requiert des technologies complémentaires pour stocker et/ou pour completer la puissance en cas de besoin. Cela engendre une sensible augmentation des coûts de l’énergie et change le caractère écologique de l’énergie hydraulique si la source d’énerge de substitution est une centrale à combustible fossile. Les variations rapides de la capacité de production entrînent des difficultés de gestion de la production. La capacité de production disponible non utilisée doit en permanence être capable de combler une baisse de la production. Il est établit qu’en raison des inconstence des forces motrices, cette énergie n’est pas utilisable en permanence et cette forme d’énergie n’a jamais garrantit l’indépendance énergétique d’un pays.
Par conséquent, l’énergie hydraulique ne constitue pas une option fiable pour la fourniture nationale en électricité.
Conclusion partielle :
Il ressort de l’analyse succincte des différentes sources d’énergies utilisables les conclusion suivantes :
• En dépit du faible coût d’investissement pour l’utilisation des sources thermiques fossiles classiques (pétrole, gaz et charbon) et de leur faible demande en haute technologie, leur utilisation sera limitée par la disponiblilité des ressouces fossiles dont lkes coûts sont très fluctuants . Ces énergies fossiles sont également très polluantes.
• Les sources d’énergie renouvelable (solaire, éolienne,hydraulique), non seulement ne garantissent pas un approvisionnement constant mais aussi leur coût d’investissment demeure exhorbitant. De plus même si leur émission de gaz à effet de serre semble relativement faible, elles des effets négatifs sur l’environnement
Ainsi pour atteindre un développemnt économique soutenu, le pays doit-il disposer de sources énergetiques fiables, sûres, propres, suffisantes, de puissance modulable en fonction du besoin, disponibles en permanence et accessibles à tous. Seule l’énergie d’origine nucléaire remplit tous ces critères.
L’option électronucléaire :
La production de l’électricité à partir de l’énergie nucléaire s’effectue en transformant la chaleur produite par la fission de l’uranium (réaction nucléaire) en électricité.
Quatrième producteur mondial en terme de quantité et premier producteur mondial en qualité d’uranium, le Niger tarde à adopter une politique électronucléaire malgré tous les atouts. Pourtant cette option est la seule qui soit compatible avec le besoin de dévelopement tout en garantissant l’indépendance et la souveraineté. Depuis l’indépendance, les différents gouvernements ont essayé plusieurs des options classiques : énegie renouvelable solaire à travers l’Onersol, énergie hydraulique à travers le barrage de kandadji, utlisation du charbon minérale etc. Toutes ces politiques n’ont pas pu résoudre le problème d’approvisonnement en énergie électrique ; en conséquence le pays reste sous alimenté et très peu de gens ont accès à l’électricité (9.3% en 2006, le taux le plus faible du monde).
En dépit du potentiel nucléaire important et l’existence de certains organismes de régulation et de recherche en la matière comptés parmi les plus performants d’Afrique à savoir le Centre National de RadioProtection (CNRP) et l’institut des RadioIsotopes (IRI), l’option nucléaire n’a pas été adopté pour la fourniture de l’électricité.
Atouts et inconvénients de l’option électronucléaire au Niger :
Atouts :
L’option électronucléaire pour le Niger comprote de nombreux atouts. Ces atouts sont relatifs au dispositif règlementaire et institutionel et aux avantages économiques et environementaux
Sur le plan règlementaire :
On peut citer :
• L’adhésion du Niger à l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) depuis le 27 mars 1969 ;
• La signature, le 11 juin 2004, par le Niger de l’accord de garantie du traité de non prolifération des armes atomiques*. Il bénéfiera donc de la part de l’AIEA de toute l’aide technique qu’il désire ;
• La signature par le Niger de la convention de vienne sur la responsabilité civile en matière de dommages causés par les accidents nucléaires ;
• La signature de la convention de vienne sur l’assitance mutuelle en cas d’accidents nucléaires ou radiologiques ;
• La signature de la convention de Paris sur la responsabilité de tierce partie dans le domaine de l’énergie nucléaire, ce qui garantit l’utilisation pacifique des programmes électronucléaires ;
• La ratification en 2004 du protocole de kyoto pour la réduction des gaz à effets de serre, ce qui oblige le Niger à opter pour des sources d’énergie moins polluantes ;
• L’adoption en 1999, puis revisée en 2006 d’une loi sur la protection du public et de l’environement contre les dangers des rayonnements ionisants
• L’existence d’un loi sur la gestion des déchets radioactifs et les rejets dans l’environement
• L’existence d’un code de l’électricité, consacré par la loi n°2003-004 du 31 janvier 2003, qui régit la production,le transport et la distribution de l’énergie électrique en République du Niger
Sur le plan institutionel :
Les organismes, institutions et services suivants jouent énormement en faveur de l’option électronucléaire , il s’agit de : • Le Centre National de Radioprotection(CNRP) créé le 07 mai 1998, autorité nationale compétente en matière de radioprotection, ayant pour missions de réglementer sur l’ensemble du territoire national les activités et pratiques liées à l’utilisation de substences et matiières nucléaires ainsi que les sources de rayonements ionisants dans tous les secteurs économiques et sociaux, publics et privés.
• La Direction de l’Utilisation Pacifique des Techniques Nucléaires (DUPTN) créée au Ministère des Mines et de l’Energie en janvier 2006, point focal de l’AIEA dont la mission est de coordoner et promouvoir les activités dans le domaine de l’utilisation pacifique des techniques nucléaires
• Le projet Système d’Information sur l’Energie (SIE-Niger) qui est une organisation non gouvernementale dont la mission est de mettre à la disposition de l’état un système d’information fonctionnel et perenne sur l’énergie
• Le Conseil Nigérien de l’Energie qui est une organisation non gouvernementale, scientifique et technique et qui a pour objectifs de promouvoir le développement économique et l’usage paisible et sécurisant des ressouces énergétiques
• Le comité national d’électricité, organe consultatif qui donne son avis sur les dossiers d’extension des réseaux électriques
• L’institut dess RadioIsotopes (IRI), qui dans ses missions il était clairement noter qu’l est chargé entre autres de hater
Sur le plan socio économique et environemental :
Les avantages sont liés au fait que :
• Le pays dispose d’un énorme potentiel nucléaire qui s’estime à plus de 269 000 tonnes en réserve d’uranium soit plus de trois fois le besoin énergétique mondial de 2030 et quatre fois le besoin mondial en uranium
• Le pays dispose de la capacité humaine pour aasurer l’exploitation et la rentabilité des projets de centrales nucléaires, en effet plusieurs Professeurs, docteurs et ingénieur en physique nucléaire ayant travaillé plusieurs mois voir plusieurs années dans des centrales telle que Cadarach en France et Holmeckt aux Etats-Unis sont actuellemnt à l’université Abdou Moumouni de Niamey et dans des universités de France et d’Allemagne, plusieurs ingéniuers en génie civil ayant travaillé sur des bunker de centrales nucléaires ont été identifiés, une douzaine d’experts en radioprotection et sûreté nucléaire travaillent actuellement au Centre National de Radioprotection , au Ministère des mines et dans les compagnies minières, plusieurs douzaine de docteur et ingénieur électronicien qui ont déjà géré des systèmes beaucoup plus compliqués que ceux des centrales travaillent dans les compagnies de téléphonie mobiles ;
• Un programme nucléaire assure l’indépendance énergétqiue du pays car il est très facile et très économique de stocker tout le combvustible nécessaire à plusieurs années de production (moins de 1.5 tonne de combustible pour 26 ans de production)
• Il fournit une diversité en ressources énergetique
• Il existe de nombreux investisseurs dans le domaine et l’apport de l’état peut être réduit au strict minimum comme fournir le terrain pour la construction des centrales nucléaires, adopter des lois et règlements en matière de sûreté, faire des inspections et contrôles
• L’option électronucléaire est à long terme très économique. En effet avec une seule centrale nucléaire de 1500 MW de puissance, le pays produira 13149 GWh d’électricité par an ce qui est suffisant pour couvrir les besoins énergétiques des pays comme le Mali, le Burkina Faso, le Benin et le Niger même en 2015. Et puisque la durée de vie d’une telle centrale peut atteindre trente (30) ans le KWh au consommateur porra être facturé à 38 F CFA contre 75 F CFA aujourd’hui
• Un programme nucléaire crée une capacité humaine rentable sur le plan international car le programme se fera à travers l’investissement dans les technologies avancées ce qui favorise l’introduction des hautes technologies
• Les plans modernes de construction rendent le risque d’accident pratiquement impossible et le pays dispose de la capacité humaine pour faire face à de telles situations
• Les centrales nucléaires ne génèrent pratiquement pas de gaz à effet de serre, en effet la quantité de CO2 générée par l’ensemble des centrales nucléaire du monde est négligeable par rapport à celle d’une seule centrale thermique fossile classique ce qui joue un rôle important dans le changement climatique.
Les inconvénients :
Les inconvénients sont :
• Le programme électronucléaire nécessite une haute technologie et une grande capacité humaine. Cependant l’AIEA aide énormement les pays membres à couvrir les besoins en ressources humaine ;
• Il existe un risque d’accident négligeable qui peut avoir des conséquences majeures. Néanmoins ce risque est quasiment nul avec les qualités de deseign et de défense en profondeur actuelle• Un programme nucléaire jouit d’une méfiance à l’égard de l’opinion publique qui fait vite le lien entre le programme nucléaire et l’arme atomique ; Mais une campagne de communicationbien ciblée permettra de réduire ce risque au minimum et des exemples pris sur des pays hautement nucléarisés comme la France qui n’ont jamais eu d’accident aideront dans ce sens
3.2 Démarche pour l’établissement d’un programme électronucléaire pour le Niger.
La démarche proposée s’appuie sur les normes internationales de développement d’un programme électronucléaire. Le programme électronucléaire s’effectue selon une approche intégrée et séquentielle. Ceci inclue toutes les activités que le pays doit mener pour arriver à une étude de faisabilité des projets de construction de centrales nucléaires. La réalisation des projets proprement dit fera l’objet d’un autre document. Puisqu’on utilise également l’énergie nucléaire pour d’autres applications industrielles notament celles utilisant des sources chaudes, il est bien clair que ce document ne traite que du cas de l’énergie nucléaire pour production d’électricité. Cependant de nombreuses information fournies dans ce document fournies dans ce document pouront sevir à des programmes pour d’autres applications. Le programme dont il est question dans le présent document couvre toutes les activités du stade de l’option pour le nucléaire jusqu’à celui de la décision par le pays de procéder à une étude de faisabilité pour la construction de la première centrale nucléaire. La démarche d’approche intégrée privilegiée dans ce document considère toutes les alternatives et les facteurs déterminants qui influencent le programme comme :

les stratégies à long terme de développemnt de l’énergie et de l’électricité ;
les besoins financiers ;
les infrastructures techniques et règlementaires ;
les politiques et engagements gouvernementaux ;
le développement de la capacité humaine ;
le cadre légal ;
l’information et la sensibilisation du public et
la conformité avec les accords internationaux signés par le Niger
Approche séquentielle pour la mise en place du programme électronucléaire :
Avant toute décision un programme électronucléaire dans le plan national d’extension d’électricité, il est important d’analyser la situation énergetique dans le pays. Cette analyse permettra d’identifier notamment l’impact sanitaire et environnemental. Une fois que la décision est prise d’insérer le programme électronucléaire comme option dans le plan national, le plan pour l’énergie a besoin d’une approche séquentielle comme détaillée dans le tableau, l’approche décrite dans le tableau est construite autour des décisions importantes qui doivent être prises au fur et à mesure que le travail avance. Dans la plupart des cas les décisions décrites dans le tableau ne peuvent être prises comme des points kilométriques individuels mais plutôt comme partie intégrante de décisions plus étendues. De même, toutes les cativités dans cette rubrique doivent être menées parallèlement pour qu’on puisse considérer la séquence comme complète. Les étapes qui figurent dans le tableau représentent différents niveaux d’engagement dans déroulement de l’option électronucléaire. Les actions détaillées à prendre sont résumées dans le tableau Pour les mêmes étapes présentes dans le tableau
L’étape A : Créer les bases d’une compétence d’analyse du système de planification énergétique.
Avant tout lancement de programme électronucléaire, il faut d’abord une étude qui décidera de la faisabilité technique et économique des futurs projets.
La première étape n’est normalement pas liée à l’introduction d’un programme nucléaire mais s’inscrit dans le plan national normal d’extension de l’électricité et de l’énergie, il est décrit ici simplement parceque cette compétence est une des bases nécessaires à la planification lorsqu’il est décidé d’opter pour le nucléaire. Pour ce faire le pays doit créer une commission centrale de planification qui sera chargée d’nanalyser l’offre et la demande énergetique aussi bien sur le plan national qu’en rapport avec les pays de la sous région ayant des besoins similaires. La commission doit être composée de deux ou trois experts en analyse et planification de système énergetique, de deux experts en sûreté et sécurité nucléaire, d’un expert en communication,un expert en droit nucléaire, on peut recruter ses membres parmi ceux du Système d’Information sur l’Enegie (SIE) il suffirait de completer avec un ou deux experts en ! analyse et planification de système énergetique qu’on peut trouver sur le marché du travail ou former les agents du SIE aux techniques d’analyses du système de planification énergétique. Trois séminaires de formation d’une semaine chacun sufiront pour que les ingénieurs soient pleinement opérationels, il faudra ensuite doter la commission de logiciels de simulation. L’Agence Internationale de l’Energie Atomique pourra fournir les experts pour la formation et les logiciels nécessaires moyennant une contribution de l’état. L’état doit désigner à ce stade un organisme exploitant des éventuelles centrales nucléaires ; il pourra s’agir de la Nigelec. De cet organisme doit être désignée une équipe chargée des planifications économiques et techniques du système d’extension de l’électricité dans le contexte national de l’offre et de la demande. Cette équipe doit travailler en étroite collaboration avec la commission centrale. L’objectif essentiel de la commission centrale est de définir un plan d’extension du système électrique techniquemnet faisable et économiquement viable. Elle doit en plus avoir les fonctions suivantes :

Servir d’autorité pour guider tout le travail de planification
Distribuer les travaux définis aux organismes appropriés et s’assurer que les travaux sont exécutés
Prendre les décisions nécessaires dans sa sphère de compétence
Préparer la décision politique du gouvernement
Pour jouer pleinement son rôle, elle doit avoir accès à toutes les informations et données dont elle a besoin qui va des plans de développemnt nationaux aux prix actuels des installaptions dans le monde en passant par les tendances de la demande en énergie, les prévisions, les paramètres économiques en général et les taux d’intérêt pour les projets majeurs. Les résukltats de la planification seront fonction de certaines données d’entrée comme l’évolution des prix du carburant, le capital d’investissement des installations et les taux d’intérêt associés, donc un jugement impartial est nécessaire en vue de choisir les valeurs réalistes.
Le tavail de la commission centrale requiert une capacité humaine de haut niveau et une large coopération avec les spécialistes de plusieurs autres organismes nationaux (ex le ministère de l’économie et des finances, le ministère des mines et de l’énergie, le ministère de l’environnement etc.)
La commission sera aussi confrontée à certaines contraintes établies par les politiques nationales par exemple les normes de protection de l’environnement ; les politiques sur les prix du carburant (souveraineté énergétique), conservation des ressources et la balance des payements.
Les résultats de l’étude constitueront les facteurs clefs pour savoir si oui ou non il est judicieux et économiquement viable d’opter pour un programme électronucléaire comme solution à long terme des problèmes énergétiques. Il est cependant important de souligner que les décisions sur un programme électronucléaire ne doivent pas être prises simplement sur des considérations économiques mais il faut aussi considérer un grand nombre de facteurs additionnels comme la souveraineté énergétique, la pollution, l’environnement, la garantie d’approvisionnement en énergie etc..
Si après étude la commission décide d’opter pour un programme électronucléaire dans le plan d’extension la planification détaillée doit commencer.
L’étape B : Examiner l’option nucléaire :
Si les travaux de la commission centrale conduisent à la décision d’opter pour un programme électronucléaire, l’étape suivante sera d’examiner l’option électronucléaire. Dans tous les cas de figure le gouvernement doit éviter de se lancer dans un tel programme contre l’avis du comité ou d’accepter sous n’importe quelle forme que ce soit, dans le cadre de ce programme, de pays déjà en mal avec l’Agence Internationale de l’Energie Atomique pour pouvoir finir le programme sans s’attirer les critiques de la communauté internationale
L’étape B concerne les études et évaluations qui sont spécifiquement liées à l’introduction du programme nucléaire. Il est aussi le début des discussions politiques et publiques sur l’option pour le nucléaire. Par conséquent une attention particulière doit être accordée au besoin d’information du public. A cet effet l’équipe chargée de la communication doit pouvoir démontrer clairement la rationalité et l’ergonomie du choix nucléaire par rapport aux autres sources d’énergie. Cette est très importante car il concerne également le choix du site ce qui veut dire que les populations locales doivent être pleinement impliquées. Il est aussi important d’orienter très tôt les jeunes vers les filières scientifiques et technologiques et ceci dès le lycée et/ou la première année de l’université, il sera d’ailleurs souhaitable de créer des instituts spécialisés pour satisfaire le besoin ; on peut par exemple confier cette tâche à l’Institut des RadioIsotopes en élargissant sa mission, créer dans les nouveaux Instituts Universitaires de Technologie (IUT) des filières de génie Physique, ouvrir des filières d’instrumentation nucléaire au lycée technique et à Issa Bery. Ce qui non seulement permet de garantir la capacité humaine nécessaire mais aussi constitue un moyen de sensibilisation du public à la base assez large et couvrant toutes les couches sociales. Ces activités demandent un temps assez long d’où il est nécessaire de les commencer bien avant le lancement du programme.
Examiner l’option nucléaire demandera des spécialistes de plusieurs disciplines. A ce stade seulement quelques uns des spécialistes seront des organisations concernées car certaines parties des études et évaluations peuvent se faire avec des cabinets et des consultants. Dans la plupart des cas il y’aura des manques d’expériences sur lesquelles seront basées les actions et les décisions. Il sera très important de développer des liens forts entre le gouvernement ou les gouvernements et les organisations internationales ayant des expériences dans le domaine, il s’agit de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique, des sociétés d’équipement et de construction de centrales nucléaires etc. L’Agence Internationale de l’Energie Atomique a développé un ensemble d’assistance par exemple la législation sur la sûreté nucléaire ainsi que des models et méthodologie pour la planification. Le Niger ayant souscrit à toutes les clauses obligatoires du traité de non prolifération des armes nucléaires donc il bénéficiera de l’aide internationale mais en dépit de cette aide il important de développer des capacités nationales pour juger, évaluer et corriger les travaux, conseils et services externes car la responsabilité de la décision incombe toujours au pays. Le pays dispose de plusieurs organisations spécialisées dans des domaines spécifiques et leur expertise peut être utilisée.
Dans tous les domaines cités, il faut d’abord évaluer les organisations existantes et examiner les cas où il est nécessaire de renforcer les compétences avant de créer des nouvelles organisations. Il est particulièrement important d’estimer comment rendre disponible les compétences requises en cas de besoin.
Il est très probable qu’une certaine opinion publique s’oppose au programme électronucléaire. Par conséquent, il est fondamental d’établir des activités d’information du public aussitôt que possible. Le groupe qui sera chargé de l’information du public doit être lui-même très bien informé sur les décisions en cours pour supporter les études et les études et les progrès accomplis dans les secteurs qui intéressent le public.
Les trois sujets suivants sont particulièrement importants
La sûreté nucléaire : Il est important que le groupe chargé de l’information du public soit capable, aux premières heures, d’informer les populations locales sur les politiques de sûreté et de sécurité qui ont été établies ou qui sont proposées pour adoption en particulier sur le fait que les populations sera ou ne sera déplacée même en cas d’accidents très grave.
Les politiques de gestion des déchets et rejets dans l’environnement : Les campagnes d’information doivent mettre l’accent sur le fait le centre national de radioprotection dispose de l’expérience requise dans la gestion des déchets de faible activité notamment le transport et les opérations de rejets, venant des hôpitaux et de l’industrie minière par exemple et qu’il pourra assurer aisément et en toute sécurité la gestions des rejets et des déchets du cycle du combustible nucléaire à haute activité. Par ailleurs, il convient de présenter clairement à l’opinion nationale les retombées financières ou idéologiques dès le début du programme même si les accords internationaux sur le rejet des déchets ont été signés et sont en vigueur.
L’option nucléaire : Le groupe chargé de l’information du public doit être en mesure d’expliquer la justification de l’option pour un programme nucléaire en terme de viabilité économique, sa contribution à l’indépendance et la souveraineté énergétique et comment il est lié au plan de développement économique au niveau national, ses impacts sur l’économie, le développement et l’emploi au niveau local.
La première étape ne nécessite aucun engagement pour un programme nucléaire. Toutefois il est nécessaire d’avoir des engagements fermes et croissants pour les étapes suivantes. La révision des alternatives pour la réglementation nucléaire signifie des études approfondies sur ce que sont ces alternatives. Un autre sujet qui sera probablement affronté avec difficulté, dans les prochaines étapes, sera l’ampleur de la participation nationale aux premiers projets de centrales nucléaires ainsi que la politique qui y sera appliquée.
L’étape C :
Elle concerne la mise en place des politiques. Les actions à prendre à ce niveau concernent principalement la mise en place et l’adoption des politiques pour le secteur nucléaire. Les domaines qui auront besoin de décisions sont :
Engagements financiers du gouvernement
Mise en place d’un cadre règlementaire
Développement des capacités humaines
Participation nationale aux projets d’installation de centrales nucléaires
Aspects environnementaux
Types de financement
Traités et accords internationaux
Cycle du combustible nucléaire
Gestion des déchets radioactifs
Déclassement
Acceptation par le public A ce stade les formes de coopération nécessaire et désirable doivent être strictement clarifiées avec les organisations étrangères et les accords formels doivent être signés. A la fin de cette étape toutes les politiques utiles qui faciliteront les investissements pour la création des nouvelles organisations ou le renforcement de celles existante doivent être adoptées.
L’étape D : Etablir l’option nucléaire :
La dernière étape du programme concerne principalement l’établissement du cadre logique nécessaire et des organismes pour l’électronucléaire. Il sera un ferme engagement d’établir le cadre légal et organisationnel nécessaire à l’adoption du programme. La dernière colonne du tableau présente « le paquet intégré » des activités qui doivent être menées. C’est un ensemble large d’activités séparées ; chacune comprend d’autres activités détaillées. Ces activités seront menées dans des organisations différentes et seront intégrées dans un programme cohérent qui progressera pas à pas. Les outils disponibles à cet effet seront ceux connus pour tous les programmes et projet majeurs c’est-à-dire une bonne communication ; une bonne coordination, suivi et évaluation. Il est important que toutes décisions soient prises au niveau de la commission centrale car un grand nombre d’institutions et d’organisations avec des mandats bien déterminés travailleront ensembles ce qui rend parfois difficiles la mise en œuvre des programmes. Dans tous les cas, une action bien comprise de toutes les parties doit être établie par l’état dès le début du programme et les responsabilités de chaque institutio ! n doivent être connues pour ne pas freiner le programme.
Les instituts et organismes généralement impliqués sont les suivants :
Le gouvernement - à travers les ministères, les commissions de planification et autorités - jouera un rôle important dans la création des politiques énergétiques, des règles de sécurité, de sûreté nucléaire, de protection de l’environnement. Il développera des infrastructures nationales y compris celle de formation dans le domaine des sciences et techniques nucléaires et l’utilisation du marché international. Il devra promulguer la législation, mettre en place les organisations nécessaires ou choisir celles qui doivent jouer les rôles importants et prendre les actions pour faciliter le financement.
Le futur exploitant aura la responsabilité du plan d’extension du système électrique et énergétique, de la performance des analyses économiques, la définition des projets, leurs exécutions et leurs exploitations en sécurité. Si l’exploitant des centrales nucléaires est différent du distributeur de l’électricité, une pleine coopération entre les deux doit être établie. Le gouvernement peut par exemple décider que distributeur soit aussi l’exploitant ce qui résoudra les problèmes de coordination mais dans ce cas le distributeur doit investir dans la formation pour renforcer sa capacité humaine et moderniser son plan de travail. L’état peut aussi choisir un exploitant étranger ce qui résoudra énormément le rôle de l’état dans l’investissement initial du projet
L’autorité compétente en matière de radioprotection (Ici c’est les Centre National de Radioprotection) : travaillera en collaboration avec les organismes et directions chargés de la sûreté des récipients et vases sous hautes pressions, sûreté des installations électriques, pollution et contrôle de l’environnement (cette direction n’existe pas aujourd’hui l’état peut confier son rôle à la direction chargée des établissements dangereux et insalubres du ministère des mines et de l’énergie). Il est fondamental de définir les limites et responsabilités de chaque institutions.
Les organismes de recherche et développement : tels que INRAN, ICRISAT, IRD, CRESA, Institut des RadioIsotopes apporteront un soutient technique et Scientifique pour faciliter et promouvoir le transfert des technologies dans le domaine.

L’industrie nationale participera activement dans tous les projets
Les instituts de formation notamment l’université, l’Institut des RadioIsotopes, les lycées techniques et les UIT devront aider à satisfaire le besoin de formation de qualité et de haut niveau.
A ce niveau une commission chargée de l’énergie nucléaire doit être créée. Ses membres doivent être des Scientifiques et experts de haut niveau dans tous les domaines touchant l’énergie nucléaire. Comme cela figure à la dernière colonne du tableau il est proposé qu’à la fin de la quatrième étape une étude de faisabilité soit lancée pour la construction de la première installation pour servir de base à une décision politique générale. Généralement une politique est développée à travers des prises de décision dans différents domaines. Après quoi un support écrit viendra couronner la finition des informations et les décisions politiques prises. Ces supports doivent être accessibles au public. Comme aussi un support écrit peut être disponible pour chaque cas individuel relatif au programme, il est dans tous les cas désirable à ce point de documenter tous les aspects techniques, économiques, financiers, sociaux et environnementaux qui ont été pris en compte.


Daouda Djibo Takoubakoye talaize@yahoo.ca

Découvrez le Clip du groupe Atri N'Assouf. Titre Tamiditine. Album AKAL



Atrinassouf — January 26, 2010 — Réalisatrice : Solveig Anspach. Chef Op : Isabelle Razavet. Montage : Matilde Grosjean. Tournage au LULL. MERC...

Bambino Concert, Agadez



February 11, 2010 — Tuareg musician Bambino from Agadez, Niger performs with his band at the foot of the ancient Grande Mosque attended by close to a thousand people. At the edge of the Sahara Desert, Agadez has been cut off from the rest of the world due rebellions and floods for three years. This concert gave Agadez a chance to celebrate its culture and heritage, ushering in a new generation of Tuareg. A new double CD, feature documentary and world tour are planned for the Fall of 2010. For more info go to: zerogravityfilms.com

Printemps amazigh an 30, la question berbère en Algérie, âpres luttes, acquis réversibles


Mouloud Lounaouci-El Watan-

Printemps amazigh an 30, la question berbère en Algérie, âpres luttes, acquis réversibles
samedi 17 avril 2010

Le peuple amazigh, communément appelé berbère, est le premier connu sur toute l’étendue de l’Afrique du Nord et du Sahel. Son territoire s’étend de la mer Méditerranée au nord au Burkina Faso au sud et de la Mauritanie à l’ouest à l’oasis de Siwa (sous administration égyptienne) à l’est. Il faut ajouter à ce vaste espace les îles Canaries, actuellement espagnoles.
La position géostratégique de cette partie du monde a entraîné la convoitise des différentes puissances à travers les siècles. Tamazgha (Berbèrie) a eu à subir de nombreuses conquêtes dont la première, phénicienne, remonte à 1110 avant J.-C. Quatre siècles durant, les Romains ont mené une politique de colonisation avant d’être remplacés, pendant un siècle, par les Vandales puis par les Byzantins durant un autre siècle. L’affaiblissement de ce dernier empire a profité aux Arabes qui, après 70 années d’âpres luttes, se sont imposés par l’Islam. Cette contrée n’a pas non plus échappé à la voracité des Ottomans qui n’ont pas eu beaucoup de peine à s’y installer après avoir été sollicités pour une aide contre les incursions européennes. Le 5 juillet 1830, la puissance française débarque près de la capitale et mène une politique coloniale des plus injustes pendant 130 longues années. Près de huit années de guerre ont été nécessaires pour aboutir, en 1962, à l’indépendance. L’amazighophonie dans le monde
Aujourd’hui, on estime que le tamazight est parlé par 20% à 30% des Algériens, et 40 à 50 % des Marocains. Le nombre des Touaregs est estimé à 1 000 000 et il faut compter avec les 50 000 Tunisiens amazighophones ainsi que les populations de Libye dont nous n’avons aucune estimation. Il s’agit bien entendu de chiffres approximatifs vus, probablement, à la baisse. Il n’y a eu, en effet, aucun recensement linguistique(1) dans les pays d’Afrique du nord qui continuent de nier, malgré quelques petites avancées, le fait amazigh. Il faut aussi souligner que toutes les zones amazighophones sont aujourd’hui situées dans les montagnes ou le sud, qui correspondent aux zones de retraite après les diverses batailles livrées contre les occupants successifs. Vivant sur des territoires pauvres, les Imazighen (Berbères) ont été contraints d’émigrer, ce qui explique la très forte diaspora à travers le monde (principalement en Europe). C’est ainsi qu’actuellement en France, Le berbère est l’une des langues les plus répandues après le français. L’amazighophonie en Algérie
L’amazighophonie occupe aujourd’hui un espace discontinu en Algérie. La langue arabe a, par phénomène de substitution, occupé des territoires de plus en plus grands. Déjà au début du XIe siècle, les Banu Hillal (Arabes chassés de Haute Egypte) ont subrepticement imposé l’arabe comme langue savante. Les Almohades (royaume amazigh) les avaient, en effet, utilisés comme scribes, une fonction très valorisante à l’époque. Langue du Coran, la langue arabe a toujours bénéficié du caractère sacré, un statut qui lui a permis de gagner du terrain sur la langue amazigh, profane et sous-valorisée. C’est ainsi que des régions encore totalement amazighophones au début du XXe siècle, à l’exemple de la Kabylie des Babors, sont actuellement complètement arabisées.
L’arabe, présenté comme l’alter-ego du français par le Mouvement national algérien et comme langue unifiante du monde arabe, a été indécemment instrumentalisé politiquement. Seule langue apte à procurer un statut social, elle a fini par mettre en péril la langue première de l’Afrique du Nord, le tamazigh. Malgré tout, on retrouve encore des pôles importants d’amazighophonie : la Kabylie, les Aurès, le M’zab et le pays touareg. D’autres territoires beaucoup plus petits tels que le Chenoua (région de Tipaza, à l’est d’Alger) ou les Zenata dans la région d’Adrar continuent de survivre dans un environnement franchement hostile. Cette population berbérophone est très approximativement estimée à six à huit millions d’individus. Quelques particularismes des régions amazighophones algériennes
Chaque région amazighophone a eu son propre parcours. La Kabylie, géographiquement proche de la capitale, a bénéficié, très tôt, des apports de l’école française. Région montagneuse et pauvre, elle a été et est encore, dans une moindre mesure, un réservoir d’émigration vers l’Europe et notamment la France. Pour ces raisons, la francophonie est fortement implantée et les valeurs dites universelles ont une réalité sociale. Frondeuse et fortement revendicatrice, la Kabylie a été — et demeure — un foyer de contestation politique.
Le pays aurésien est également une région montagneuse et pauvre. Menant une vie pastorale, les Chaouis (Aurésiens) ont peu émigré et ont été injustement très souvent raillés avec pour conséquence une forte insécurité linguistique. Le mouvement islahiste (mouvement islamique des années trente) y a eu un très fort impact, expliquant une tendance à l’arabisation et à la pratique religieuse. La jeunesse a, depuis les années quatre-vingt, pris conscience du fait amazigh et a créé son propre mouvement, le Mouvement culturel amazigh (MCA). Le pays chaoui rejoint ainsi la Kabylie dans la revendication identitaire.
Le M’zab est caractérisé par une particularité religieuse, l’ibadisme, un courant religieux fondamentaliste musulman, officiel dans le seul sultanat d’Oman et partout ailleurs fortement minoritaire. Cette spécificité a longtemps été à l’origine d’un repli sur eux-mêmes, d’autant qu’ils subissaient et continuent de subir une absolue intolérance de la part des autres musulmans (de nombreux événements sanglants ont lieu épisodiquement). Commerçants discrets et pacifiques, les Mozabites se sont très peu impliqués dans la vie politique. Ce n’est qu’à partir des années quatre-vingt que la jeunesse mozabite a commencé, timidement, à s’intéresser à la question amazigh.
Le pays touareg est, lui, très loin des centres de décision politique (2000 km d’Alger). Nomades, les « hommes bleus » ont pour la plupart peu fréquenté l’école et ont, conséquemment, gardé toutes leurs traditions. Leur dialecte, pour avoir peu emprunté aux autres langues, est perçu comme un réservoir linguistique pour la construction d’une langue amazigh normativisée. Une petite élite a rejoint depuis quelque temps le mouvement revendicatif berbériste du nord algérien. Les petits îlots amazighophones (Chenoua et ksour) n’ont pas de spécificité particulière, sinon qu’elles, aussi, sont impliquées, aujourd’hui dans ce même mouvement de contestation culturaliste même s’il reste encore discret. Le fait amazigh et la politique d’arabisation en Algérie
Les vicissitudes de l’histoire ont fait qu’aujourd’hui, l’amazigh est réduite au rang de langue dominée. Etat centralisateur de type jacobin, l’Algérie appréhende le tamazight comme facteur pouvant porter atteinte à l’unité nationale. Tout droit à la différence, toute diversité linguistique sont perçus comme éléments pouvant déstabiliser les institutions établies. La langue amazigh sera considérée comme dialecte local, avec toute la connotation négative que cela suppose, et l’arabe littéraire aura statut de langue nationale et officielle avec tous les honneurs que cela implique, c’est-à-dire l’octroi de tous les moyens matériels et humains nécessaires à son épanouissement et à sa diffusion.
Le tamazight sera, dès lors, confiné à l’usage domestique et perçu comme instrument de communication de l’inculte, développant ainsi chez les berbérophones une « insécurité linguistique » profonde. Nombre de berbérophones parleront, dès lors, l’arabe ou le français en présence d’un étranger. Hégémonique, voire impérialiste, la langue arabe devient valorisante du fait qu’elle procure un statut social par le biais d’une carrière professionnelle ou politique. Le tamazight, non reconnu institutionnellement, sera voué à la disparition car jugé inefficace au plan économique. L’arabe va devenir la « langue ambassadrice » tandis que le tamazight sera destiné à la consommation locale.
Cette hégémonie de l’arabe est en fait liée à son imposition par l’Etat qui en a fait un instrument de pouvoir. Une politique de généralisation de la langue arabe a, pour cela, été instituée et des campagnes d’arabisation ont été mises en place durant de nombreuses années. Tous les travailleurs qui ne participaient pas au cours obligatoires dans les administrations et usines étaient sanctionnés. Tout travailleur qui ne pouvait justifier d’un niveau de maîtrise de la langue arabe ne pouvait prétendre à un avancement professionnel. C’est dire tout l’acharnement pour imposer la langue arabe littéraire au détriment des langues du peuple (tamazight et arabe algérien) et de la langue du travail, le français.
Malgré tout, la langue amazigh n’a rien perdu de sa vitalité. Au contraire, toute tentative de l’Etat pour « désamazighiser » l’Algérie s’est soldée par un raffermissement de la lutte pour imposer le fait amazigh. Le mouvement de revendication et le printemps amazigh
La première prise de conscience identitaire et linguistique remonte au début du siècle avec les écrivains autochtones de langue française. Ces derniers ont osé par leurs écrits (apologie de la civilisation et de la langue berbère) entrer en subversion face à la France « civilisatrice ». Le mouvement nationaliste, dans toutes ses composantes, n’a lui-même pas laissé le moindre espace à ces langue et identité millénaires. Dès les années vingt, les milieux nationalistes opposent, par mimétisme, la nation algérienne à la nation française, la langue arabe à la langue française et l’Islam au Christianisme. Le sort de l’amazighité (berbèrité) est dès lors scellé. Il n’y a plus de place à l’identité, culture et langue amazighes. On n’hésite d’ailleurs pas à éliminer tous les militants qui refusent de se couler dans le moule arabo-islamique.
Pourtant, dès les années quarante, le discours revendicatif en matière de droit linguistique et identitaire devient explicite (crise dite berbèriste de 1949 : pour la première fois, des militants du mouvement national ont revendiqué la dimension amazighe du peuple algérien). La contestation (politique et culturelle) mise au placard durant la guerre de libération reprendra dès les première années de l’indépendance, d’autant que le clan favorable à l’Orient avait pris les rênes du pays par la force (l’armée des frontières algéro-marocaines s’était ménagée et préparée pour ce faire).
D’abord culturelle, avec les cours tolérés de tamazight dispensés par Mouloud Mammeri (écrivain et professeur d’université d’origine kabyle, considéré comme le père spirituel du mouvement culturel berbère), la revendication s’est rapidement politisée. Il y a eu bien entendu l’apport indéniable de l’Académie Berbère malgré ses quelques excès. En 1975, il y a eu l’affaire dite des « poseurs de bombes ». Un groupe de jeunes kabyles, dont des universitaires, avaient, en effet, déposé de nuit dans des lieux symboliques (imprimerie d’Etat) des explosifs de faible puissance. Arrêtés, ils sont condamnés à de lourdes peines (perpétuité). 1978 aura été le redémarrage de l’activité politique clandestine. De jeunes cadres ont décidé de redonner vie à un parti (Front des Forces Socialistes) qui avait pris les armes en 1963, en Kabylie, contre un pouvoir autocratique. Ce sont précisément ces mêmes militants qui encadreront les événements de Tizi- Ouzou (Kabylie) de 1980, dits Printemps amazigh.
Mouloud Mammeri, invité par la communauté universitaire de Tizi-Ouzou pour une conférence sur la poésie kabyle ancienne s’est vu interdit de parole par les autorités politiques locales. Il n’en fallait pas plus pour que s’organisent des manifestations de rue qui ont pris rapidement des allures d’insurrection. Les étudiants et travailleurs de l’université, de l’hôpital et des unités économiques se sont mis hors-la-loi et ont décidé de placer leurs structures respectives en autogestion. Durant deux semaines, l’Etat s’était totalement effacé avant d’intervenir brutalement avec la prise d’assaut de l’université et de l’hôpital, les deux foyers où s’organisait la lutte.
Cette intervention musclée (Opération Mizrana) s’est soldée par des centaines de blessés et de nombreuses arrestations. Vingt-quatre responsables (médecins, professeurs d’université, étudiants et autres travailleurs) ont été déférés devant la Cour de sûreté de l’Etat avec comme chef d’accusation « organisation clandestine visant au renversement du gouvernement, intelligence avec l’étranger » passible de la peine capitale. Loin de pacifier la Kabylie, cette répression a entraîné un mouvement pré-sécessionniste. Les gouvernants ont été, dès lors, amenés à libérer les détenus avec pour effet immédiat une baisse de tension.
La contestation va pourtant se massifier et la prise de conscience s’amplifier. Les populations amazighophones (principalement kabyles) entrent dans un cycle alternant acquis et répression. Ainsi, petit à petit, le peuple autochtone mordille dans l’édifice arabo-islamique et réussit, grâce à sa ténacité, à maintenir des pressions sur un pouvoir qui n’a pas d’autre choix que de céder, par moment, face à cette détermination pacifique.
Le Mouvement Culturel Berbère est né avec ses principales revendications qui se résument en
1- démocratie et liberté d’expression ;
2- enseignement des langues populaires : tamazight et arabe dialectal. Dans un deuxième temps, ce mouvement exigera le statut de langue nationale et officielle de la langue amazighe. L’ouverture du pays, avec l’instauration du multipartisme (1989), a donné beaucoup d’espoirs trop vite déçus. Le MCB organise, alors, une marche pacifique qui a drainé plus d’un million de personnes à Alger en 1990. Résultat, deux départements d’enseignement de langue amazighe sont ouverts en Kabylie. Ces deux structures universitaires ont eu le mérite de former les premiers magisters de langue amazighe. Puis, de nouveau, silence. Cette organisation va appeler en 1994 à la « grève du cartable » pour exiger l’enseignement du tamazight.

Cette année va se solder par une année blanche pour tous les écoliers, lycéens et universitaires kabyles. Le pouvoir cède une fois de plus. Cette grève de cours aura permis l’introduction, certes timide, de l’enseignement du tamazight dans les structures éducatives de l’Etat. Il fut également mis en place un Haut commissariat à l’amazighité (HCA), institution rattachée la présidence de la République, chargée théoriquement de promouvoir, diffuser et démarrer l’enseignement de la langue berbère. En fait, une institution d’« intégration/récupération », qui n’agira que timidement, les moyens réels n’ayant jamais été mis à la disposition de ses responsables. Huit années après, son impact reste très limité. Les moyens humains, matériels et financiers qui lui sont octroyés ne permettent guère que l’organisation de quelques colloques scientifiques ou rencontres culturelles.
C’est également le cas du Centre national pédagogique et linguistique pour l’enseignement de Tamazight (CNPLET), un centre de recherche chargé, entre autres, d’aménager la langue amazighe. Une structure, de fait, mort-née puisque sa mission était déjà caduque à sa création. Rattaché au ministère de l’Education nationale et non au ministère de l’enseignement supérieur, le CNPLET, la recherche, qui est sa principale activité, lui est interdite.
Et puis, ces promesses électorales du président de la République concernant la création d’un Conseil Supérieur à l’Amazighité et d’une Académie Amazighe. Promesses réitérées par le président de la République durant deux campagnes présidentielles consécutives mais jamais tenues.
Le statut de l’enseignement du tamazight a toutefois évolué. Les départements sont devenus instituts à part entière et les premières « vagues » de licenciés sont déjà en poste. Il faut, toutefois, relativiser ces succès puisque le nombre d’élèves ne cesse de diminuer, les autorités administratives exerçant de fortes contraintes (exigence d’une autorisation paternelle, refus d’enseignement du tamazight par certains chefs d’établissement, absence de perspectives professionnelles…). Afin d’internationaliser leur lutte pour « l’égalité linguistique », les mouvements algérien, marocain, libyen mais aussi de la diaspora se mobilisent et créent dès 1994 le Congrès mondial amazigh (CMA) qui participent depuis (malgré les inévitables divergences qui existent en son sein) à la quasi-totalité des rencontres, colloques et autres regroupements organisés par l’ONU et les structures para-onusiennes ainsi que celles des organisations chargées des droits de l’homme. Le mouvement social de Kabylie dit « Printemps noir » et le statut de langue nationale
L’assassinat d’un jeune lycéen dans un village de Tizi-Ouzou (haute Kabylie) par un gendarme (avril 2001 correspondant au vingt-et-unième anniversaire du Printemps amazigh ) au sein- même de la gendarmerie, va entraîner cette région dans une tourmente qui se soldera par une hécatombe. 123 jeunes mourront sous les balles des gendarmes et des centaines d’autres resteront handicapés à vie. Dès après le meurtre de ce lycéen, se sont organisées d’une manière spontanée de gigantesques manifestations. Au même moment, la gendarmerie torturera un autre jeune dans un village de Béjaïa (Petite Kabylie). Tout fait donc penser à une provocation réfléchie en haut lieu, d’autant qu’ordre a été donné à ce corps d’élite de tirer à vue. Des enfants à peine adolescents ont été abattus dans le dos par balles explosives (certificats médicaux, photographies, bandes vidéo, témoignages écrits et sonores… à l’appui).
Le mouvement Aârch (confédération de tribus) s’organise et se structure. Chaque village et chaque quartier de Kabylie désignera ses délégués pour les représenter au niveau des coordinations où se prennent les décisions. Indépendamment des manifestations quasi-quotidiennes organisées localement, il fut décidé une marche à Alger. 500 000 à un million de personnes (selon les sources) ont fait le déplacement. L’Etat va, une fois de plus, recourir à la répression. Des incendies, et destructions de biens publics et privés sont perpétrés, dit-on, par des forces de sécurité, pour soulever la population algéroise à qui les pouvoirs publics ont fait appel pour défendre leur capitale. Ont suivi de nombreuses arrestations qui n’ont en rien freiné la fougue des jeunes kabyles.
Au contraire, le mouvement social s’amplifie et des comités de solidarité voient le jour dans les Aurès et dans l’Algérois. Les nombreuses rencontres (dites conclaves) aboutiront à la rédaction d’une plate-forme reprenant globalement les revendications du MCB ainsi que quelques autres plus syndicales que politiques.
Devant l’ampleur du mouvement, le gouvernement algérien va faire entériner la décision du président de la République, octroyant à la langue berbère le statut de langue nationale pour amener un apaisement, la force brutale n’ayant pas eu les effets escomptés. Pourtant, ce nouvel acquis n’a rien changé. Aucune obligation faite à l’Etat par ce nouveau statut n’a été honorée. Tamazight, comme langue, reste le parent pauvre de la politique linguistique algérienne. Aucun budget spécial n’est venu réparer, un tant soit peu, cette injustice historique. L’enseignement qui est dispensé dans certains cycles et quasiment dans la seule Kabylie (foyer de contestation) reste sans effet puisque sans dividende matériel et/ou symbolique.
Il faut compter aussi avec les tentatives permanentes de diviser le maigre corps enseignant et les élèves sur le choix de la transcription (arabe, tifinagh ou latin) alors que la communauté amazighophone (pour le moins kabylophone qui regroupe le plus grands nombre d’élèves) a tranché en faveur de l’alphabet latin. En effet, la quasi totalité de la communauté amazighophone (locuteurs et universitaires), HCA et MCB ont opté pour le caractère latin. Si des arguments « scientifiques » ont été avancés par les deux premiers acteurs, le MCB justifie son choix par des raisons idéologiques. Il s’agit pour ses militants de choisir un « camps », celui de l’universalité. L’option du tifinagh au Maroc n’a pas eu d’impact sur l’Algérie dont la mesure où ce choix est perçu comme une volonté de la monarchie d’aller vers un compromis entre les « arabisants » et les « francisants ». Le caractère archaïque de cet alphabet (consonantique et sans cursive) ne peut, a vrai dire, permettre une bonne évolution à la langue. Seul l’effet nostalgique est pris en compte en Algérie, raison pour laquelle il est fréquent de rencontrer des écriteaux dans cet alphabet en Kabylie et dans les Aurès. La constitution algérienne et la question amazighe

La constitution de 1976 aura été précédée par un « show médiatique » exceptionnel. La parole a été donnée au peuple dans les nombreuses rencontres organisés par les autorités à travers tout le pays. Finalement, la montagne aura accouché d’une souris. Rien n’a été pris en compte et les gouvernants reconduiront, cette fois-ci constitutionnellement, l’idéologie arabo-islamique. Les services secrets algériens auront fait une belle moisson puisque ces débats leur ont permis de repérer tous les défenseurs de l’amazighité. La première révision constitutionnelle aura lieu en 1989, alors que le régime commençait à s’essouffler. S’il est fait référence au passé numide (berbère) dans son préambule, cette loi fondamentale va re-consacrer le caractère islamique et arabe de l’Algérie.
Il faut attendre la révision constitutionnelle du 28 novembre 1996 pour voir apparaître pour la première fois le terme amazigh. L’identité algérienne a été revue et corrigée puisqu’il est dit (dans le préambule, en caractère gras) que ses composantes fondamentales sont islamiques, arabes et amazighes. Il faut préciser, néanmoins, qu’aucune loi ne reprend dans le corps du texte cette dernière composante. Les événements du Printemps noir auront eu pour conséquence d’inclure en 2002 un article (3bis) accordant à la langue tamazight le statut de langue nationale. Un statut purement symbolique dont le seul but était de calmer les esprits. Trop tard, beaucoup de sang avait coulé. Cet acquis qui aurait été accueilli comme un plein succès en d’autres temps est passé inaperçu, la facture ayant été trop chèrement payée. 2003, l’année des extrêmes
L’année 2003 aura été à la fois l’année de la plus grande répression contre les populations civiles mais aussi celle des plus grandes avancées en matière d’amazighité. La détermination du mouvement aârch a contraint le pouvoir à accepter des négociations avec ses délégués sur la base d’une plate-forme portant des revendications difficilement concevables en d’autres temps. C’est ainsi qu’il est demandé explicitement, en plus des revendications habituelles du MCB (tamazight, langue nationale et officielle), le départ du corps de la gendarmerie de Kabylie.
Une demande satisfaite en partie puisque de nombreuses brigades ont, pour un temps, quitté leurs casernes. Il faut préciser que le pouvoir n’a fait que louvoyer durant toute l’année en accordant le dialogue à des faux représentants appelés par dérision, « délégués taïwan ». La pression sur les pouvoirs publics a abouti aussi à la libération des prévenus ainsi que, comme nous l’avons dit plus haut, au statut de langue nationale pour le tamazight. 2003 est également l’année qui précède les élections présidentielles (qui auront lieu au printemps 2004), ce qui explique l’inhabituelle volonté de l’Etat d’arriver à une solution négociée au plus tôt. Tout est donc fait pour accélérer le processus et certains délégués étaient déjà acquis au projet du chef du gouvernement chargé par le président de la République du « dossier kabyle ».
D’autres délégués tiennent à faire adopter, en l’état, la plate-forme dite scellée et non négociable. Le mouvement social, dans sa deuxième composante, a appelé, en effet, au boycott des élections législatives et des élections locales en Kabylie. Un boycott largement suivi par les populations
C’est ainsi que certains députés ou maires ont été élus avec moins de 10 voix et ont siégé, malgré tout, dans les institutions. Malgré l’exigence du départ de ceux qu’on appelle, dès lors, les « indus-élus », le pouvoir fait la sourde oreille et prétexte que la loi n’a pas prévu de seuil minimum en matière de voix . Le mouvement se retrouvera, rapidement, à la croisée des chemins. La scission qui existe en son sein (dialoguistes et non dialoguistes) l’aura largement affaibli et le pouvoir exploitera une situation avec le résultat que lon sait.
2003 a été aussi marqué par l’organisation du troisième séminaire du MCB. C’est en juillet que le Mouvement culturel berbère (jusqu’à présent sans existence légale) s’est doté d’une plate-forme idéologique et pris la décision d’aller vers un premier congrès (les circonstances n’ont pas permis de le tenir à ce jour). Si le troisième séminaire s’est déroulé en Kabylie pour des raisons pratiques (seul lieu où l’organisation ne pose pas de gros problèmes), il faut souligner les fortes délégations des Aurès, M’zab, Chenoua. Un message a été également envoyé par les Touaregs qui n’ont pu se déplacer. Vents chaud et glacial auront tour à tour soufflé en 2003 sur une Kabylie qui continue de courir éperdument après la paix. Conclusion
Nous avons vu combien est complexe le règlement de la question amzigh dans un pays fortement centralisé et fonctionnant sur l’unité de pensée. Nous avons également compris que les acquis sont toujours le résultat d’âpres luttes et qu’ils ne sont jamais irréversibles. Quand bien même le statut de langue nationale (article 3bis de la constitution) était respecté par le pouvoir, la langue tamazight ne peut véritablement s’épanouir sans le statut de langue officielle, tout au moins dans les zones du pays où existe une forte demande sociale. Un statut de co-officialité (avec l’arabe) qui reste, malheureusement, incompatible avec l’actuel Etat-nation. Un Etat (plus jacobin encore que celui de son concepteur, la France) qui, par nature, est intolérant et par conséquence injuste. En vérité, la réponse aux problèmes identitaire, culturel et linguistique, en Algérie, réside dans le changement de la nature de l’Etat. Seul un mode d’administration de la nation qui accorde des espaces d’autonomie à chaque région (Etat unitaire régionalisé) peut apaiser une situation tendue et porteuse de dérives que les populations et le Mouvement culturel berbère ont su, jusqu’à présent, éviter.



Mouloud Lounaouci,Universitaire

(1) En 1966, le recensement algérien mentionne la composante berbère, mais il est entaché de nombreuses irrégularités.

vendredi 16 avril 2010

Desert song : en immersion chez les touaregs

16/04/2010-Stéphane Deschamps-www.lesinrocks.com

Desert song : en immersion chez les touaregs
vendredi 16 avril 2010
photo : Ibrahim de Tinariwen et Osmane



Dans le désert algérien, une guitare électrique. C’est Tamikrest. Le groupe chante la colère et la douleur des Touaregs, peuple de nomades obligés de se sédentariser. Long reportage chez les enfants de Tinariwen à Tamanrasset et jusque dans les dunes, pour une nuit de musique à la belle étoile. Adoucis par la découverte, à la même époque, des chansons de Tinariwen : “Je m’en souviens très très bien. Ma grande soeur m’hébergeait. Un matin, un enfant est passé dans la rue en chantonnant un air d’Inteyeden (un des membres fondateurs de Tinariwen – ndlr). Je ne connaissais rien à la musique mais cette chanson est entrée directement dans ma tête. Ensuite, j’ai écouté les vieilles cassettes de Tinariwen. Je n’avais pas d’instruments mais je chantais et je faisais la musique avec ma bouche.”
En 1991, le gouvernement malien et les Touaregs signent un pacte. Ousmane rentre à Tin-Zaouaten. Trois ans plus tard, il a la chance de rejoindre Les Enfants de l’Adrar, une nouvelle école privée financée par des ONG françaises. La scolarisation est un vrai problème pour les enfants de nomades.
Dans les écoles publiques maliennes, ils sont victimes de discriminations ; dans le désert, il n’y a pas d’école. A Tin-Zaouaten, ce sont des Touaregs qui enseignent en langue tamasheq. La centaine d’enfants apprend l’alphabet tifinagh et la culture touarègue. Il y a un internat, un réfectoire, une infirmerie. Pour le spectacle de fin d’année, les enfants composent des chansons civiques et vantent l’importance de l’instruction. C’est là qu’Ousmane touche une guitare pour la première fois de sa vie. “J’ai eu ma première guitare personnelle en 2003, une guitare sèche offerte par mon grand frère. J’ai appris à jouer en écoutant une cassette d’Ibrahim de Tinariwen, qu’il avait enregistrée en 1998 en Algérie.” Ousmane est alors lycéen à Kidal, la petite ville du nord du Mali, à environ 200 kilomètres au sud de Tin-Zaouaten. Son destin de musicien est en marche, sur la piste des héros Tinariwen.

Sur les traces de Tinariwen

L’histoire de Tinariwen est une légende touarègue moderne, une source de fierté et d’espoir pour un peuple, un modèle pour la jeunesse. A la fin des années 1970, de jeunes Touaregs maliens exilés à Tamanrasset, des “ishumars”, des “chômeurs” comme les appellent les Arabes francophones avec l’accent du coin, survivent et soulagent leur peine en inventant des chansons.
Ils ne s’accompagnent que d’une seule guitare sèche. Dans la première moitié des années 1980, ils rejoignent les camps d’entraînement militaire de Kadhafi. Ils apprennent le maniement des armes mais aussi des guitares électriques et fomentent une rébellion musicale, composent les protest-songs de la cause tamasheq. Les cassettes qu’ils enregistrent à la demande font le tour du Sahara.
Après la signature des accords de Tamanrasset en 1991, le groupe, démilitarisé, se consacre à la musique. En 2001, Tinariwen enregistre son premier album à Kidal dans les locaux de la radio communautaire Tisdas. Depuis, et quatre albums plus tard, les fondateurs de Tinariwen sont devenus les stars internationales du desert-blues.
Ousmane forme Tamikrest à Kidal dans ces années-là, avec un ami d’enfance et des copains de lycée qui partagent les mêmes rêves. Le groupe répète à Radio Tisdas, anime des soirées, fait des petits concerts, sous le parrainage spirituel des aînés Tinariwen. “Ibrahim, il me plaît, on se connaît un peu. Quand j’ai commencé à jouer de la guitare, je ne jouais que ses morceaux, c’est ainsi que je suis rentré dans la musique. Ce que Tinariwen dit, c’est comme si je le disais moi, les mêmes souffrances. Ils ont ouvert la route, ils ont créé le rythme de la musique touarègue, on a suivi le chemin.” Pavé d’embûches.
Les accords de 1991 n’ont jamais été appliqués. En mai 2006, la rébellion reprend à Kidal. “Un jour, la ville s’est retrouvée sous le contrôle des rebelles. Le gouvernement malien a annoncé que le village serait bombardé. Les familles ont pris peur, elles ont abandonné leurs maisons, se sont réfugiées encore une fois dans les montagnes. Les enfants ont abandonné l’école. Certains sont partis en Algérie, d’autres en Libye. A ce moment-là, je me suis réfugié à Tamanrasset. Je ne pouvais pas retourner à Kidal pour reprendre mes études. J’étais en second cycle. Je n’ai pas eu la chance d’arriver jusqu’à l’université. La route est difficile. J’avais l’ambition de devenir avocat mais impossible de continuer les études dans ces conditions. On a tous décidé de prendre le chemin de la musique plutôt que celui des études mais pour défendre la même cause.”
Ousmane s’installe à Tamanrasset avec quatre membres du groupe. Il y revit cette bohème un peu rude qu’avait connue Tinariwen quinze ans plus tôt. “Chaque soir, on allait chez des amis pour faire de la musique, passer le temps. On n’avait pas de travail fixe. Rien à faire à part la musique. La journée on dort, le soir on joue un peu partout : telle est notre vie. Quand on a un concert pour un mariage, on enregistre une cassette en souvenir et on gagne un peu d’argent pour acheter des cigarettes, pas grand-chose. Parfois, on fait des concerts dans le désert, avec des groupes électrogènes qui explosent à chaque fois.”
Depuis, le noyau dur du groupe est retourné à Kidal mais Ousmane a gardé un pied à Tamanrasset. Pour parcourir les 900 kilomètres de pistes qui séparent les deux villes, il faut compter deux jours de voiture. Ousmane a pris un passeport pour éviter les ennuis à la frontière. “Avant, j’avais l’habitude d’entrer en Algérie sans papiers. Ceux qui ont les habits traditionnels et le turban, on les laisse tranquilles, personne ne leur demande leurs papiers. Moi, j’ai eu des problèmes parce que je suis un rasta. On me fouille, on me demande qui je suis, si j’ai de la drogue dans mes poches, si je suis un délinquant.”

Chez Ousmane à Tamanrasset

Pour sûr, Ousmane ne ressemble pas à un Touareg surgi de la nuit des temps mais plutôt au petit frère d’Ibrahim de Tinariwen : même coupe de cheveux, même silhouette efflanquée. Il ressemble aussi à Bob Marley, qui le fascine. Dans son panthéon de mélomane, on trouve encore Dire Straits (énorme en Afrique) et, plus étonnant, Francis Cabrel.

Habillé comme un rocker psychédélique et chaussé de bottes de cow-boy (il rêve d’aller au Mexique ou au Texas pour s’acheter des tiags), Ousmane détonne dans le paysage du Sud algérien. A Tamanrasset, il vit dans le centre, rue des Cinq-Etoiles. On le croit sur parole car il n’y a pas de panneau. Dans la rue déambulent des enfants et des chèvres. Un quartier populaire, une modeste maison en briques nues, pauvre selon le standing français. Le foyer d’Ousmane ressemble à un campement, avec des murs. Un grand séjour chichement meublé (des sofas contre les murs, une télé), des fils électriques qui pendent, des chambres sans fenêtres où vit la famille élargie ; une terrasse, d’où la vue panoramique donne une idée de la topographie de la ville et de l’immensité du désert qui l’entoure. L’air est chaud, saturé de poussière.
Depuis la terrasse, Baklia Cheikh nous présente Tamanrasset. Baklia Cheikh n’est pas n’importe qui. Loueur de voitures et chauffeur pendant notre reportage, il est surtout celui qui, au début des années 1980, a donné leur première guitare électrique à Tinariwen. Baklia a connu l’époque où l’on croisait encore des chameaux dans les rues de Tamanrasset.
A la lisière du Maghreb et de l’Afrique noire, Tamanrasset (150 000 habitants environ) est une ville en plein développement. Dans les rues étroites circulent un nombre invraisemblable de 504 Pigeot, qui côtoient des 4x4 asiatiques ; il y a des petites boucheries spécialisées dans la viande de chameau, mais aussi des cyber-cafés et, depuis 2006, une grande université. Partout, des immeubles en construction, des chantiers de travaux publics. Il y a vingt-cinq ans, Tamanrasset était principalement habitée par des gens du désert. Aujourd’hui, la ville accueille beaucoup d’Algériens du Nord, acteurs d’un dynamisme économique que Baklia Cheikh juge un peu désespérant. “Le monde a changé. Les nomades ne connaissaient pas l’électricité, les voitures, ils voulaient vivre libres. Ils traversaient les pays avec les caravanes. Dans le Hoggar, il est désormais rare de voir un chamelier. Ils ont vendu leurs chameaux pour acheter des 4x4. L’ancien marché, c’est la catastrophe, il n’y a que des jeans et des T-shirts partout, plus rien de traditionnel. Ici, on leur construit des petites maisons à étage. Comment des Touaregs peuvent-ils vivre là-dedans ? Impossible, ils sont habitués à l’espace, à vivre avec leurs animaux. Surtout les vieux. Ils ne vivent pas sur du carrelage, dans du ciment. Certains vieux sont tombés malades à cause de ce mode de vie. Avant ils marchaient tranquillement, sans bruit, ils ne connaissaient que le sable. Les Touaregs ne gagnent rien à ce mode de vie, ils ont tout sacrifié. Ils pourraient profiter du tourisme mais il n’y a pas de développement touristique à cause des terroristes qui se cachent dans le désert. J’espère que la nouvelle génération va au moins garder les traditions.”

Pour comprendre les bouleversements que traverse la culture touarègue, il suffit de regarder dehors. Tout autour de la ville, les arbustes portent de drôles de fruits multicolores : des sacs plastique poussés par le vent, qui volent et s’accrochent aux branches. En apparence, le désert est immuable. Mais pourra-t-il résister à la pollution venue du Nord, dont les sacs plastique ne sont que l’emballage ?
"Je suis fatigué en pensant à demain.” Demain, Ousmane Ag Mossa part pour Alger. Deux mille kilomètres en bus depuis Tamanrasset, dans le Grand Sud saharien du pays, pour aller déposer sa demande de visa Schengen. Nous avons rempli les formulaires ensemble. Ousmane n’était pas très à l’aise avec les documents administratifs. Sur son passeport, à la rubrique “profession”, on peut lire “artiste”. Le passeport est malien mais l’artiste est sans frontières.
Ousmane Ag Mossa, chanteur-guitariste compositeur de Tamikrest, part pour l’Europe afin d’assurer la promo du premier album du groupe, Adagh, édité par un label allemand. Ousmane est un Tamasheq, un Touareg comme disent les Arabes, un “homme bleu” comme disent les Français, en référence à la moire indigo du turban qui déteindrait sur la peau des seigneurs du désert. Tant pis pour le cliché : Ousmane ne porte pas le chèche, ne se déplace pas à dos de chameau et n’est pas bleu. On n’est pas dans Avatar. Quoique.
Ousmane vit à Tamanrasset. Il n’est jamais venu en Europe, n’est même jamais sorti de la région saharienne : un vrai fils du désert né en 1985 à Tin-Zaouaten, minuscule village situé sur la frontière entre Mali et Algérie. Ses parents ont abandonné le nomadisme et les troupeaux cette même année à cause de la sécheresse. “Les animaux mouraient dans le désert. A Tin-Zaouaten il y avait de l’eau, mes parents sont devenus maraîchers, cultivateurs.” Cinq ans plus tard, le destin et l’histoire rattrapent la famille. “En 1990, le même mois, ma mère, ma petite soeur et mon petit frère ont été emportés par une épidémie. Trois mois plus tard, l’armée malienne a attaqué le village.”

Les Touaregs, nomades en guerre

Le conflit entre les Touaregs et le pouvoir central remonte à la décolonisation. Entre 1960 et 1963, les Français quittent le Sahara. Le territoire est découpé selon les nouvelles frontières des pays mitoyens : Mali, Algérie, Libye, Niger, Mauritanie. Sur la carte, des lignes droites. Le gars qui a dessiné les frontières était sans doute un bon géomètre mais un piètre géopoliticien, peu soucieux de la réalité du terrain, du mode de vie nomade des Touaregs.
Habituées depuis toujours à la libre circulation, les tribus se retrouvent séparées, marginalisées, soumises à l’autorité d’administrations qui ne les représentent pas et ne les aiment pas non plus. De vieilles histoires de rivalités ethniques qui remontent à l’époque des razzias, quand les Touaregs, guerriers du désert, prenaient des esclaves parmi les populations noires.
Au moment de l’indépendance, les élites noires s’installent au pouvoir et désignent les Touaregs comme des Blancs : règlements de comptes historiques. La vie des Touaregs n’a jamais été un long oued tranquille. A la fin du XIXe siècle, les guerriers nomades parviennent à repousser les expéditions coloniales. Résistants puis soumis, bientôt vaincus par la supériorité militaire des colons, les Touaregs s’accommodent de la présence française dans le Sahara.
En 1963, peu après l’indépendance malienne, une insurrection touarègue éclate dans la région de l’Adagh, là où a grandi Ousmane Ag Mossa. La répression est sanglante : accusée de soutenir les rebelles, la population civile se fait massacrer. Parmi les victimes, un homme nommé Alhabib Ag Sidi. Son fils de 4 ans, Ibrahim, prend le chemin de l’exode avec sa famille. Bien plus tard, Ibrahim prendra les armes, puis une guitare électrique pour fonder Tinariwen, le groupe qui a lancé le rock touareg.
Dans les années 1970, les Touaregs sont de plus en plus désorganisés, marginalisés, frappés par de nouvelles sécheresses. Beaucoup se sédentarisent, exilés économiques en Algérie ou en Libye, où le colonel Kadhafi leur offre l’asile en échange d’une formation militaire – marché de dupes, les enrégimentés serviront surtout de chair à canon dans la Légion islamiste, pour défendre des causes qui ne sont pas les leurs.
En 1990, au Niger et au Mali, la résistance armée reprend. Le 29 juin, un groupe de rebelles attaque la gendarmerie et la prison de Menaka dans le nord du Mali. Pour l’armée malienne, c’est l’ouverture de la chasse aux Touaregs dans les montagnes de l’Adagh. Les civils et le bétail sont massacrés. Ousmane se souvient : “On a dû quitter le village. Les rebelles se cachaient dans la montagne mais pour l’armée malienne, tous les Touaregs étaient des Peaux-Rouges, des rebelles. On est restés un an à la frontière algérienne, dans les montagnes, on se déplaçait quand l’armée arrivait. C’était la misère, on avait abandonné le travail, les jardins. Ce sont mes premiers souvenirs, des mauvais souvenirs restés gravés dans ma tête.”



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Mali : un couple d’Italiens libéré par al-Qaïda


Reuters / IntelCenter RFI-16-04-10

Mali : un couple d’Italiens libéré par al-Qaïda
vendredi 16 avril 2010

Un couple d’Italiens, retenus en otage depuis près de quatre mois par un groupe d’islamistes armés de la branche maghrébine d’al-Qaïda, a été libéré vendredi 16 avril dans le nord du Mali. Il reste toujours deux Espagnols aux mains d’Aqmi.
Sergio Cicala et son épouse Philomène Kaboré ont été enlevés le 18 décembre dernier à la frontière mauritano-malienne alors qu’ils se rendaient en 4x4 au Burkina Faso. Selon plusieurs sources concordantes, c’est un bras droit de l’émir Abou Zeid qui détenait le couple italo-burkinabé : Yahyah Abou Hamam
En février, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) lance un ultimatum à propos de la libération des deux Italiens. Outre une rançon, le groupe terroriste exige que la Mauritanie libère certains de ses membres arrêtés sur le territoire mauritanien. Mais les autorités de Nouakchott se montrent très fermes sur ce point : il n’y aura aucune négociation avec les preneurs d’otages.
Fin février dans un message mis en ligne par Aqmi, Sergio Cicala appelle le gouvernement italien à des concessions avec les ravisseurs pour accélérer sa libération et celle de son épouse. On le voit alors sur une photo, la barbe fournie, agenouillé sous la garde d’hommes cagoulés et en armes.
A plusieurs reprises Aqmi propose de libérer Philomène Kaboré d’origine burkinabé. Mais cette dernière a toujours refusé de quitter son mari préférant rester à ses côtés dans cette mésaventure.

Après la libération du Français Pierre Camatte, d’une Espagnole et des 2 Italiens, il reste toujours 2 Espagnols aux mains d’Aqmi. Les deux derniers membres d’une ONG ont été enlevés le 29 novembre sur la route côtière entre Nouadhibou et Nouakchott.

La junte nigérienne dissout le Haut commissariat à la restauration de la paix

APA-Niamey (Niger)-16-04-10




La junte nigérienne dissout le Haut commissariat à la restauration de la paix
vendredi 16 avril 2010


APA-Niamey (Niger) La junte nigérienne a dissout jeudi le Haut commissariat à la restauration de la paix, organe de suivi des accords de paix intervenus entre le gouvernement et les différentes factions rebelles, créée en 1994, a appris APA jeudi de source officielle à Niamey.
Cette décision a été prise jeudi par le Conseil des ministres qui a également ratifié la création d’une haute autorité de la réconciliation nationale dirigée par un officier supérieur de l’armée nigérienne, précise un communiqué officiel.
Il s’agit, indique le même texte, de marquer la fin définitive de la rébellion dans le pays, en même temps que la haute autorité de la réconciliation nationale accompagnera la transition dans le rétablissement de la démocratie.
Cette institution aura aussi pour objectif d’entreprendre des actions pour consolider l’unité nationale et engager la lutte contre les inégalités dans les actions de développement, tout en favorisant la discipline citoyenne, l’esprit civique et le patriotisme.
Niamey a signé entre 1994 et 2009 différents accords avec des groupes rebelles qui ont sévi notamment dans les régions d’Agadez et Tahoua, au nord ainsi qu’à l’extrême-est du pays.

Les anciens fronts de la rébellion touarègue du Niger ont annoncé en mars dernier leur réorganisation en une Coordination de l’ex-rébellion armée (CERA) avec pour but de « consolider et pérenniser » la paix et l’unité nationale.

DS/od/APA 16-04-2010

Dirtmusic "BKO"

Dirtmusic "BKO"

(Glitterhouse/Differ-Ant)
M-La musique.net


Ce sont les dunes du Sahara qui ont révélé Dirtmusic. Leur présence sur ces terres hostiles reste néanmoins un mystère : comment un groupe de rock australien finit-il par se perdre au milieu de ce désert ?
La réponse après tout importe moins que la raison de leur présence, ce qui les a fait rester. L’amour de la musique sans doute, celle jouée et celle entendue, et l’échange avec Tamikrest dans une très belle partie de ping pong. Si leur aide fut précieuse au groupe touareg pour enregistrer leur premier album, RKO sonne comme la réponse du berger à la bergère, un échange de bons procédés qui conduit les hommes du désert à marquer de leur empreinte l’album de Dirtmusic.
La musique des Australiens ne promettait rien d’extraordinaire jusqu’à cette rencontre : un rock honnête, semblable à celui joué par mille autres groupes, où l’on perçoit encore ce côté teigneux et bravache du rock australien, de Hoodoo Gurus à Midnight Oil. Avec Tamikrest, c’est une autre dimension qui s’ouvre, où les riffs se teintent de couleurs changeantes. Les morceaux ont des allures de bivouac où s’invitent les chœurs et les percussions, les guitares aigrelettes des Touaregs et les voix des femmes.
Jusque là, les musiciens s’étaient invités chez les nomades du désert. C’est ici l’inverse qui se produit avec la même intensité. Il faut écouter la version de "All tomorrow’s parties" pour prendre la mesure du grand bond réalisé : la Factory est une tente touareg et Nico a les mains tatouées au henné.

par Stéphane Andrieu
mercredi 14 avril 2010

Infos : http://www.myspace.com/dirtmusicband

Black gravity / All tomorrow’s parties / Ready for the sign / Lives we did not live / Unknowable / Smokin bowl / Collisions / Niger sundown / Bring it home

Encore un peu de désert ?

Encore un peu de désert ?

jeudi 15 avril 2010, par Jacques Vincent
Tamikrest sort un splendide premier album et habite celui de Dirtmusic.

Tous ceux qui ont découvert Tinariwen ces dernières années et n’ont jamais pu se résoudre à ranger leurs disques tellement ils les écoutent souvent vont se réjouir de l’arrivée de Tamikrest. Le groupe représente la nouvelle génération de musiciens touaregs qui revendiquent clairement l’héritage de leurs aînés. « Tinariwen a créé le chemin, et c’est à nous maintenant de le descendre et de créer le futur », résume simplement son leader, Ousmane Ag Mossa. On peut même dire (...)

suite http://www.politis.fr/Encore-un-peu-de-desert,10184.html

jeudi 15 avril 2010

Le cri d’alarme des éleveurs du Niger

monde

Le cri d’alarme des éleveurs du Niger
L'Humanité
Dodo Boureima, président d’une organisation de pasteurs ouest-africains, témoigne.

« Le monde doit savoir que nous vivons une crise. » Invité à Paris par des associations humanitaires, le Nigérien Dodo Boureima a apporté un éclairage sur le drame vécu par les éleveurs de son pays. Dodo Boureima dirige le réseau Billital Maroobé (« Promotion des éleveurs » en peul), une association qui rassemble des organisations d’éleveurs et de pasteurs d’Afrique de l’Ouest. « Nous sommes passés d’une situation d’alerte précoce à celle de crise. La disponibilité et l’accessibilité aux principaux aliments pour le bétail sont limitées dans la zone pastorale et agropastorale. Le prix des animaux sur les marchés se détériore rapidement, pendant qu’au même moment le prix des fourrages et des céréales augmentent », explique-t-il. « Nous n’arrivons plus à nourrir nos troupeaux, ce qui nous pousse à les vendre à vil prix », poursuit-il. « Pour se maintenir en vie, l’éleveur est contraint de vendre son cheptel puis de fuir vers les villes où la situation alimentaire est déjà très tendue », ajoute-t-il. Selon le réseau Billital Maroobé, les communautés d’éleveurs et de pasteurs du Niger sont d’ores et déjà affectées et reconnues comme les plus vulnérables avec un taux prévisionnel aigu de 29,9 %, le double du seuil d’urgence fixé à 15 %. Pour la deuxième année consécutive, des déficits fourragers ont été signalés dans les zones pastorales au Niger, au Tchad, et au nord-est du Mali et du Burkina Faso. Selon Action contre la Faim, le déficit de céréales et de fourrage pour le secteur pastoral est de 16 millions de tonnes pour le Niger, ce qui représente 67 % des besoins du bétail.

« Le 2 décembre dernier, nous avons lancé une alerte. Mais ce cri d’alarme n’a pas été entendu », regrette Dodo Boureima. Le forum sous-régional sur la transhumance, initié par le réseau Billital Maroobé, qui s’achève le 16 avril à Gogonou au Bénin, sera une nouvelle occasion pour les éleveurs et les pasteurs de la région de lancer un S.O.S.



D. R.

Mali/Silence, le cheptel se meurt au… Nord


Oumar Babi - Canard Déchainé, 14/04/2010

Silence, le cheptel se meurt au… Nord
jeudi 15 avril 2010
Des cadavres d’animaux à perte de vue. Des colonnes entières d’éleveurs nomades, ralliant les centres urbains. Avec, pour tout bagage, quelques habits attachés dans un sac en plastique. Ou de vieilles tentes touarègues, transportées par des ânes squelettiques.

De mémoire d’ONG, le cheptel malien n’a pas connu pareille menace, depuis la fameuse sècheresse de 1973. Qui a décimé la quasi-totalité du cheptel malien. A Tinzawaten, l’ex-fief d’Ibrahim Ag Bahanga, l’ex-chef rebelle et à Aguelhoc, 40% du cheptel aurait été décimé.
Selon Rousmane Ag Assilaken, directeur exécutif de l’ONG Azhar, le septentrion malien est devenu un « parc de misère ». Pour les éleveurs nomades, mais aussi, pour leur bétail. Ou, du moins, ce qui en reste : « Dans toute la région, les animaux sont malades et meurent chaque jour qui passe. Les Oueds sont à nues. Environ 40% du cheptel est, déjà, décimé. Les éleveurs et leur famille tentent de survivre, en ralliant les villes ».
A l’origine de cette hécatombe, le déficit pluviométrique. La faible pluviométrie a vite fait place à la sècheresse. Une sècheresse qui menace, désormais, les trois régions du nord : Gao, Tombouctou et Kidal. Dans certains villages du nord, la famine est si menaçante que certains éleveurs n’hésitent pas à échanger trois têtes de bétail contre un sac de riz. Ou de mil.
Pour sauver le cheptel du nord-Mali, ou ce qui peut encore l’être, le gouvernement vient d’y acheminer de l’aliment-bétail. Environ, 1000 tonnes viennent d’être réceptionnées à Kidal, par les autorités locales. Mais, selon un conseiller municipal d’Aguelhoc, la situation n’est pas, pour autant, réglée. « Maintenant que les animaux ont eu de quoi calmer leur faim, il faudra penser aux populations qui s’occupent des animaux. La crise alimentaire frappe, déjà, à nos portes ». Une situation corroborée par de nombreuses ONG, opérant sur le terrain.
« Depuis plusieurs mois, les signes annonciateurs d’une crise alimentaire au Sahel se multiplient. Le pays le plus touché est le Niger, mais des régions au Tchad, au Mali, au Burkina Faso et au Nigéria sont également affectées », prévient l’ONG OXFAM dans un communiqué.

Oumar Babi

Les matières premières se repositionnent dans la géostratégie mondiale, selon un économiste


APA-​Da­kar (Sé­né­gal)-14-04-10

Les matières premières se repositionnent dans la géostratégie mondiale, selon un économiste
jeudi 15 avril 2010


APA-​Da­kar (Sé­né­gal) La nou­velle confi­gu­ra­tion de la mon­dia­li­sa­tion et l’émer­gence de nou­velles puis­sances éco­no­miques, fi­nan­cières et tech­no­lo­giques re­po­si­tionnent les ma­tières pre­mières au cœur de la géos­tra­té­gie mon­diale, a dé­cla­ré mer­cre­di Mous­ta­pha Kassé, pro­fes­seur agré­gé d’éco­no­mie à l’Uni­ver­si­té Cheikh Anta Diop de Dakar.
S’ex­pri­mant au cours du Salon in­ter­na­tio­nal des mines, le Pr Kassé a donné l’exemple de la Chine qui a, au début de l’année 2006, in­ves­ti dans 27 pro­jets pé­tro­liers ou ga­ziers ré­par­tis dans 14 pays afri­cains.
Elle a réa­li­sé 720 pro­jets clefs en main pour 49 pays afri­cains et en 2005, elle a ache­té 39 mil­lions de tonnes de pé­trole à l’Afrique, soit 9% de plus que l’année pré­cé­dente. Elle a par ailleurs déjà an­nu­lé 1,2 mil­liard de dol­lars de dettes contrac­tées par 31 pays d’Afrique, a dit le Pr Kassé.
En 2007, les re­la­tions d’af­faires entre la Chine et l’Afrique se sont éle­vées à 73,3 mil­liards de dol­lars, soit un ac­crois­se­ment de 32% par rap­port a 2006.
Pour le Pr Kassé, cette nou­velle donne im­plique un cer­tain nombre d’ac­tions no­tam­ment l’éla­bo­ra­tion d’une vi­sion stra­té­gique et un plan d’ac­tion pour la ges­tion ef­fi­cace des res­sources mi­né­rales de l’Afrique en vue de pro­mou­voir sa crois­sance éco­no­mique et son dé­ve­lop­pe­ment du­rable.
Il de­mande aussi d’éva­luer l’ef­fi­ca­ci­té des ré­gimes mi­niers ac­tuel­le­ment en place et pro­cé­der à leur re­né­go­cia­tion, ajou­tant qu’il faut mettre en place des mé­ca­nismes qui ga­ran­tissent l’équi­té in­ter-​gé­né­ra­tion­nelle avec un fonds en fa­veur des gé­né­ra­tions fu­tures.