" La colère dans le vent " : Amina Weira (2)
" La colère dans le vent " : Amina Weira (2)
" La colère dans le vent "
Un documentaire de Amina Weira
Espérance et déception sur l’exploitation de l’uranium à Arlit
L’exploitation minière : Un sujet de prédilection pour des ONG, associations, altermondialistes ou spécialistes qui ne ratent pas les occasions pour dénoncer les pratiques des firmes ou des gouvernements dans le domaine. Mais cette fois-ci, c’est la fille d’un ancien ouvrier qui a passé 35 ans de sa vie dans les mines d’exploitation de l’uranium d’Arlit, qui s’est emparée du sujet pour en faire un documentaire. Munie du quitus du Centre National de la Cinématographie du Niger, et de la préfecture d’Arlit, Amina Weira est partie dans sa ville natale à la rencontre de ses parents, d’autres anciens ouvriers, des femmes et jeunes. Des histoires, des angoisses, des regrets, de ces hommes et femmes, est née «La colère dans le vent», un documentaire de 54 mn dont la première projection au Niger a eu lieu le 6 Aout dernier à Niamey.
« À notre arrivée on ne savait pas que l’uranium contenait de la radioactivité dont les effets se répercuteraient jusque sur nos enfants. On a commencé à travailler dans ces conditions sans connaitre les risques, et quand on a appris, on ne pouvait plus faire marche arrière», semble regretter Mahamane Weira, dans la conversation qu’il tient avec sa fille, au début du film. Le ton est ainsi donné pour « La colère dans le vent », qui commence sur des images de lever de soleil sur de vastes plaines désertes au sous sol riche du minerai dont la découverte a conduit à l’ouverture des mines et la création de la ville d’Arlit. En effet, comme on l’apprendra dans le film, avec un vieux touareg autochtone de la zone, Arlit doit sa création au développement de l’activité minière. « Quand le blanc était venu, il a vu une montagne et m’a demandé son nom. Je lui ai dit qu’elle s’appelait Arghli, et le blanc a écrit Arlit », d’où le nom de la ville, rappelle le vieux touareg.
Arlit, France Info
Mais bien plus qu’un point d’histoire, le documentaire expose crûment une situation, telle que la vivent les populations concernées. Cri de cœur, ou « Colère dans le Vent », ainsi que l’a titré l’auteur, le documentaire a des allures d’un constat réquisitoire. Le synopsis en donne une idée précise : « Dans ma ville d’origine Arlit, au Nord du Niger, Areva exploite l’uranium depuis 1976(…). La radioactivité ne se voit pas et la population n’est pas informée des risques qu’elle encourt. Cette exploitation a complètement désorganisé la vie de la population. Une partie de l’année, des violents vents de sable enveloppent entièrement la ville. Ce vent de poussière propage des substances radioactives. Chacun cherche un abri. La ville devient calme, toutes les activités sont stoppées. Mon père, travailleur de la mine d’uranium en retraite, est au cœur de ce film. Il va dépoussiérer ses souvenirs ; les 35 années de son passage à la mine. Grâce à mon père, je vais à la rencontre d’autres anciens travailleurs qui ont certainement leur mot à dire ». Mieux, Amina Weira justifie ainsi la réalisation du film : « Une des mes motivations est la prise de conscience de la jeune génération face à l’exploitation minière dans ma ville natale. En tant que cinéaste c’est un devoir pour moi d’apporter ma pierre à l’édifice ».
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