jeudi 19 mars 2015

Attentat en Tunisie : «La Libye voisine est devenue l'épicentre du terrorisme»
















Par Anne-Laure FrémontLE FIGARO


Mis à jour le 18/03/2015 à 22:04

Publié le 18/03/2015 à 20:58












L'attentat contre le Musée du Bardo à Tunis est l'attentat le plus meurtrier dans ce pays depuis plus de dix ans. Pour Jean-Charles Brisard, président du centre d'analyse du terrorisme, la Tunisie, qui partage sa frontière avec la Libye en proie au chaos, est devenue une cible de choix pour les djihadistes.

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LE FIGARO - Pourquoi avoir visé le Musée du Bardo, en plein centre de Tunis?




Jean-Charles Brisard - Le Musée du Bardo, haut lieu du tourisme tunisien, n'était pas forcément la première cible. Il semblerait que les terroristes visaient en premier lieu le Parlement, situé juste à côté, et où était justement débattu un nouveau projet de loi anti-terroriste. Ils se seraient ensuite ravisés pour aller attaquer le musée.




Le président tunisien, Béji Caïd Essebsi, a indiqué qu'il s'attendait à une attaque. Pourquoi?




Plusieurs attentats ont été déjoués ces dernières semaines dans ce pays où la réponse politique au terrorisme reste fragile. Les attaques visant les forces de l'ordre se multiplient (une soixantaine de soldats et policiers ont été tués depuis 2011, ndlr). La menace provient de la Libye voisine. Ce pays est devenu l'épicentre de la menace terroriste en Afrique du Nord, un sanctuaire pour les groupes armés tels que l'État islamique, les salafistes d'Ansar al-Charia, le groupe djihadiste Al-Mourabitoun de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar (qui a revendiqué l'attentat qui a fait cinq morts à Bamako, ndlr), ou encore la brigade tunisienne d'Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi), Okba Ibn Nafaâ, très actif en Tunisie.




Ce groupe pourrait-il être à l'origine de l'attentat en Tunisie?




Oui. Okba Ibn Nafaâ, qui compte une centaine de combattants, est implanté en Tunisie depuis 2012. Bien organisée, cette brigade a déjà lancé de nombreuses attaques contre les policiers tunisiens. Elle a d'ailleurs appelé hier dans un message audio à mener des attaques contre le pays. Jusqu'à présent, leurs opérations étaient concentrées dans la région du mont Chaambi, à la frontière algérienne. La Tunisie revêt une importance particulière pour cette organisation qui veut s'implanter dans la région, jusqu'au Sahel. Ce serait pour eux le prolongement d'une stratégie et l'envie de démontrer qu'ils peuvent, eux aussi, frapper fort.




Comme un défi à l'État islamique?




Cette attaque peut en effet avoir été perpétrée dans un contexte de concurrence avec Daech pour la suprématie dans cette zone. Deuxième hypothèse: cette attaque peut aussi avoir été lancée par l'État islamique dans une volonté d'étendre le conflit au-delà de la Libye où il a un ancrage important. Un grand nombre de djihadistes tunisiens est parti en Irak et en Syrie. Ils seraient environ 3000 - le premier contingent étranger présent dans la zone - et quelque 500 d'entre eux seraient de retour en Tunisie (après avoir été entrainés à commettre ce genre d'attaques).




L'instabilité en Libye risque-t-elle de gangréner le reste de la région?




En Égypte (pays limitrophe de la Libye), les attaques contre les forces de l'ordre sont déjà quasi-quotidiennes. La Libye étant devenu l'épicentre du terrorisme, c'est vraiment l'ensemble de la région qui est menacé.

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