dimanche 7 décembre 2014

Alger et Paris inquiets d’un possible déploiement de Daech vers le Sahel

El Watan
Les Soldats du Califat ont dépêché un émissaire de haut rang pour négocier avec les émirs d’AQMI du Sahara et du Sahel leur allégeance à Daech. Une nouvelle donne sécuritaire se profile dans toute la région.
Cerné en Kabylie, le groupe des Soldats du Califat, qui a revendiqué le rapt et l’assassinat d’Hervé Gourdel fin septembre, veut sortir de son isolement et gagner en puissance en se déployant vers le Sahel. La découverte de cette nouvelle stratégie a été possible grâce à l’arrestation récente, par les services de sécurité algériens, d’un terroriste mauritanien, Safi Eddin Al Mauritani, sur l’axe routier entre Biskra et Ouargla. Selon des sources sécuritaires, l’interrogatoire de cet important élément du groupe terroriste tunisien, Okba Ibn Nafaâ, qui, en provenance de Tunisie, tentait, au moment de son arrestation, de rejoindre le Mali, a permis de découvrir que les Soldats du Califat ont dépêché de l’est d’Alger vers le nord du Mali, début octobre, un émissaire, qui serait un ancien dirigeant d’AQMI, mandaté pour négocier avec les différents groupes de l’émirat du Sahara  leur adhésion au groupe qui se réclame de Daech.
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 Le groupe des Soldats du Califat, qui a prêté allégeance à l’organisation Etat islamique, veut désormais étendre son influence et convaincre les groupes actifs dans le sud du Sahara d’adhérer à Daech (Capture d’écran issue de la vidéo de revendication de l’assassinat de Hervé Gourdel par les Soldats du Califat).<br /><br />
| © D. R.
Le groupe des Soldats du Califat, qui a prêté…
«Les Soldats du Califat et AQMI sont en train de se livrer une guerre sans merci pour le contrôle des groupes armés restés fidèles à Droukdel au nord du Mali», confie à El Watan Week-end un officier algérien de la lutte antiterroriste. «Les partisans de Daech dans le nord de l’Algérie et en Libye redoublent d’efforts pour convaincre les émirs du Sahara et du Sahel de les rejoindre, ajoute la même source. Nous présumons que Droudkel a donné des ordres pour suspendre les opérations de ses groupes au nord du Mali face à la suprématie aérienne des forces françaises afin de préserver leur capacité de nuisance, ce qui fait de ces groupes un important atout pour les Soldats du Califat, coincés dans les montagnes de Kabylie.» De plus, explique l’officier de renseignement, «le Sahel offre un terrain idéal d’embrigadement des recrues, comme nouvelle terre de djihad contre l’Occident selon la propagande terroriste, mais aussi une zone d’entraînement et d’approvisionnement en armement.»
Survie
Pour les experts, Droudkel utiliserait sa dernière cartouche après les dissidences qui ont affaibli l’organisation : d’abord celle de Mokhtar Belmokhtar puis celle de Abdelmalek Gouri. «Sa querelle avec Daech et les groupes qui ont fait allégeance à Al Baghdadi se transforme en menace contre lui-même : s’il perd l’émirat du Sahara, AQMI sera réduit dans sa force et son influence, précise un expert. C’est une éventualité d’autant que des informations remontent du nord du Mali, où se tiendraient des réunions des chefs terroristes, notamment dans le massif des Ifoghas, pour étudier la possibilité de quitter la maison AQMI et faire allégeance à l’organisation de l’Etat islamique. Des groupes terroristes en Tunisie et en Libye sont déjà passés à l’acte, il n’est pas exclu qu’il en soit de même en Algérie.»
Une autre source sécuritaire poursuit : «AQMI, face aux attaques de l’armée algérienne dans le nord de l’Algérie n’a pu ‘‘survivre’’ et garder une certaine visibilité que grâce à ses katibas du Sahel et du Sahara, avec des chefs très offensifs comme Abou Zeid et Belmokhtar.» Le nouveau groupe affilié à Daech peut très logiquement penser à se déployer là où il aura le plus de possibilité d’actions et surtout, de recrutement. «Je ne serai pas surpris si dans un avenir proche on nous annonce la naissance d’un émirat du Sahara affilié à Daech, avec en plus, une possibilité de connexion avec tous les groupes armés de la région, du Nigeria, de la Libye, de Tunisie», poursuit-il.
Un possible ralliement des chefs terroristes à Daech a d’abord alerté les services de renseignements algériens, mais aussi leurs homologues occidentaux, les Français en tête. Selon nos sources, Alger et Paris ont récemment relevé leur degré de coopération au même niveau qu’aux premiers mois du déclenchement de l’opération Serval au nord du Mali. Sur place, les forces françaises traquent le fameux émissaire envoyé par le groupe de Abdelmalek Gouri pour se réunir avec les émirs du Sahara et du Sahel et tentent de recueillir le maximum de renseignements sur la nouvelle stratégie que veulent adopter les groupes armés djihadistes de la région.

Grande-Bretagne, France et Tunisie : Principaux pays de recrutement

Selon les enquêtes des services algériens, 80% des recrutements de Maghrébins pour le compte de l’organisation de l’Etat islamique se font à partir de la Grande-Bretagne, de la France (une vingtaine de cellules dans les départements du Sud et en région parisienne) et de la Tunisie. Deux raisons expliquent cette configuration. D’abord, les prédicateurs syriens, dont des radicaux, qui ont fui la Syrie au début de la guerre civile ont facilement trouvé refuge dans ces trois pays. Ensuite, en Algérie, l’opposition de l’émir d’AQMI, Abdelmalek Droukdel, à Daech a rendu difficile la création de réseaux de recrutement importants. Droudkel, resté dans le giron d’Al Qaîda, n’était pas d’accord pour donner la priorité au djihad en Syrie, alors que le nord du Mali était, à ses yeux, la seule véritable zone de combat pour ses hommes. (A. M.)

Camps d’entraînement de Daech en Libye

Les djihadistes de Daech affirment leur présence dans l’est de la Libye. «Ils ont installé des camps d’entraînement» en Libye, où se trouvent quelque 200 djihadistes, a déclaré, à des journalistes, le général David Rodriguez, chef du commandement de l’armée américaine pour l’Afrique. Le gradé américain a toutefois qualifié le phénomène de «très petit et naissant». Interrogé pour savoir si ces camps d’entraînement deviendraient une autre cible de l’armée américaine, déjà engagée dans des raids aériens contre l’organisation en Syrie et en Irak, le général Rodriguez a répondu : «Non, pas maintenant.» Daech «a commencé ses initiatives dans l’Est en introduisant des gens», a-t-il expliqué. «Mais nous devons juste continuer à surveiller et à regarder cela de près à l’avenir pour voir ce qui se passe et si ça se développe toujours», a-t-il ajouté. Les combattants du groupe de l’Etat islamique en Libye ne sont pas des volontaires venus de l’étranger mais des membres de milices qui ont fait allégeance à ce groupe djihadiste, a précisé le général. Selon des experts, la ville de Derna dans l’est de la Libye s’est déjà transformée en «émirat islamique» et est devenue le fief des partisans de Daech. (Agences)

Le Forum international de Dakar (Sénégal), sur la paix et la sécurité en Afrique, se tiendra du 14 au 16 décembre et réunira les personnalités africaines et internationales les plus influentes.

Parmi elles : Macky Sall, président du Sénégal ; Ibrahim Boubacar Keïta, président du Mali ; Mohamed Ould Abdelaziz, président de la Mauritanie ; Idris Déby Itno, président du Tchad ; Smaïl Chergui, commissaire de l’Union africaine ; Pierre Buyoya, ancien président du Burundi ; Philip Carter III, ambassadeur Africom ; Jean-Yves Le Drian, ministre français de la Défense ; le général Pierre de Villiers, etc. Les ateliers aborderont des thèmes comme la lutte contre le terrorisme et la prévention de la radicalisation religieuse, la sûreté et la sécurité maritimes, la menace des trafics, l’environnement sécuritaire et le développement économique.
Aziz Mouats,http://www.elwatan.com/actualite/alger-et-paris-inquiets-d-un-possible-deploiement-de-daech-vers-le-sahel-05-12-2014-280286_109.php

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