mercredi 2 juillet 2014



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02/07/2014 à 19:14
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Michel Tomi a fait fortune dans les jeunes d'argent en Afrique francophone.Michel Tomi a fait fortune dans les jeunes d'argent en Afrique francophone. © Olivier Laban-Mattei/AFP
L'homme d'affaires corse a été mis en examen pour une kyrielle d'infractions financières. Les juges le soupçonnent - entre autres - de s'être montré un peu trop généreux avec le président malien.
C'est un ami de vingt ans, mieux, "un frère", qui lui vaut aujourd'hui bien des tracas. Car en enquêtant sur l'homme d'affaires Michel Tomi, les juges français qui le soupçonnent de tout un tas d'infractions (dont "corruption d'agent public étranger") ont été amenés à tirer des ficelles qui les ont conduits jusqu'au palais de Koulouba.
En mai, dans J.A., Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) ne niait pas sa proximité avec Tomi, mais assurait que "jamais, au grand jamais", il n'avait été question d'argent entre eux. Ce n'est pas ce que pensent les magistrats. Le 20 juin, ils ont mis en examen ce Corse de 67 ans qui a fait fortune dans les jeux d'argent et les paris hippiques en Afrique francophone, et le suspectent - entre autres - d'avoir été un peu trop généreux avec le président malien (en vêtements, chambres d'hôtel, jets privés...).
Des menaces pour la sécurité d'IBK
Les jours suivants, plusieurs de ses proches ont été mis en examen, ainsi que des patrons faisant des affaires sur le continent grâce à son entregent. Parmi eux : Frédéric Gallois, ex-commandant du GIGN passé dans le privé, et dont Gallice Group, la société de sécurité qu'il codirige, multiplie les prestations dans les États en crise : Irak, Centrafrique, Mali...
En septembre 2013, à Bamako, Tomi présente IBK à Gallois. Ce dernier dit avoir été mis en relation avec le Corse par Bernard Squarcini, l'ex-patron des services de renseignements français - un Corse lui aussi. Il pourrait tout aussi bien l'avoir rencontré au Palais du bord de mer, à Libreville, où Gallice a assuré la formation de la Garde républicaine et dans lequel Tomi a ses entrées.
Lors de cette première rencontre, puis lors d'une seconde à Paris, IBK fait part à Gallois de ses besoins. "De vraies menaces pesaient sur sa sécurité, il y avait urgence", affirme l'ancien militaire. Les négociations se déroulent dans le plus grand secret. Même Soumeylou Boubèye Maïga, le ministre de la Défense, est tenu à l'écart. Il sera d'autant plus surpris, une fois mis au courant, que des membres de la sécurité présidentielle sont partis en Algérie et au Maroc pour y suivre des formations. La France, en revanche, est informée.
150 000 euros pour former plusieurs dizaines d'hommes
En octobre, lors de la signature du contrat, le Mali est sans le sou. Or Gallice veut des garanties. Tomi, qui, selon Gallois, "semble désireux d'aider son ami", propose d'avancer 150 000 euros destinés à former plusieurs dizaines d'hommes à la protection rapprochée. Une somme "ridicule" et "évidemment disponible à la présidence", juge-t-on dans l'entourage d'IBK. Mais qui, affirment les principaux intéressés, aurait été réglée par Tomi - sur ses fonds propres, selon son entourage ; via l'une de ses sociétés domiciliée au Cameroun, selon une autre source.
"Il a réalisé une simple prestation de courtier et n'a pas été rémunéré", assure son avocat, Me Jean-Dominique Lovichi, qui indique que Tomi a depuis été remboursé par l'État malien. Gallice soutient que "l'enquête démontrera qu'un tel montage financier avec un acteur privé extérieur n'est pas illicite". Aujourd'hui, la société effectue toujours des prestations au Mali, désormais payées par l'État.
D'autres dirigeants de sociétés françaises à l'oeuvre en Afrique ont été mis en examen, parmi lesquelles Marck, une entreprise de fourniture de tenues militaires, qui a signé des contrats au Gabon et au Cameroun, mais a échoué au Mali, bien que ses dirigeants se soient réclamés de Tomi. Fort de sa proximité avec IBK, celui qui se sent "davantage africain que corse ou français" n'a cessé, ces derniers mois, de présenter des entrepreneurs aux autorités maliennes. Il a même joué un rôle dans l'achat - critiqué par le FMI - de l'avion présidentiel (29,5 millions d'euros). Via sa compagnie Afrijet, Tomi avait mis en contact la présidence et l'intermédiaire américain qui a mené la transaction.
A-t-il cherché à obtenir des contreparties pour ces interventions ? "Non. Depuis qu'IBK a été élu, il n'a conclu aucune affaire au Mali", tranche son avocat. Lequel concède que Tomi, déjà propriétaire d'un casino à Bamako, a de nombreux projets au Mali. Dans les routes, les chemins de fer...
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