19/05/2014 / MALI
Centre de Kidal. Photo prise en novembre par un de nos Observateurs.
Violences à Kidal : "Cette ville est une Cocotte-Minute"
Le rond-point de Kidal repeint aux couleurs du drapeau de l'Azawad en juillet dernier, deux jours avant l'arrivée des militaires maliens. Photo d'archive Ibrahim Ag Souleymane.
À Kidal, dans le nord du Mali, le cessez-le-feu en vigueur depuis juin dernier a vécu. Ces derniers jours, la ville a été le théâtre de violents affrontements à l’occasion de la visite du Premier ministre malien. Une violence attendue dans ce bastion des rebelles touareg qui échappe au contrôle de Bamako, explique notre Observateur.
C'est la visite de Moussa Mara, le Premier ministre malien, qui a mis le feu aux poudres. Après Tombouctou et Gao, Kidal, fief du MNLA et lieu symbolique de la crise qui a secoué le nord du Mali, était la troisième étape de sa tournée dans cette partie du pays. Dès vendredi, des manifestants pro-MNLA avaient envahi la piste de l'aéroport de la ville pour protester contre cette visite, empêchant l'atterrissage d'une première partie de la délégation. La mission onusienne de sécurisation du Mali (Minusma) a dû faire usage de gaz lacrymogène pour disperser la foule. En dépit des risques encourus, le chef du gouvernement malien a maintenu son programme et a finalement atterri à bord d’un hélicoptère de la Minusma, samedi à la mi-journée.
Lors de sa visite, les affrontements se sont intensifiés. Le MNLA a pris d’assaut le bâtiment du gouvernorat, lequel avait servi de base-arrière aux combattants touareg durant la guerre du Mali entre 2012 et 2013, et fait une trentaine de prisonniers, des fonctionnaires maliens d’après le mouvement. Dimanche soir, le gouvernement malien a indiqué que les autorités s’activaient pourobtenir la libération des otages.
Si Moussa Mara a pu quitter Kidal dimanche matin par hélicoptère, le MNLA a, quant à lui, repris l'ensemble des points d'entrée de la ville. Et mis la main sur la cité administrative qui comprend, notamment, les locaux du gouverneur et la radio.
Kidal, fief de la rébellion touareg du MNLA, est un foyer de tension depuis le début de la guerre au Mali. Ratifiés le 18 juin 2013 après d’âpres négociations, les accords de Ouagadougou étaient censés mettre fin à la crise dans le nord du Mali. Ceux-ci prévoyaient, entre autres, que lasécurité de la ville soit conjointement assurée par le MNLA et l’armée malienne. Le hic : cette dernière ne compte actuellement que 200 hommes sur place, à peine 500 si l’on ajoute les soldats français et ceux de la Minusma. Des effectifs largement insuffisants pour maintenir le calme.
CONTRIBUTEURS
"Il est difficile de maîtriser une ville qui compte autant de belligérants"
Assan Midal est guide touristique dans le Sahel. Il est Touareg et connaît très bien la ville de Kidal. Il y était en avril dernier.
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