dimanche 4 mai 2014


samedi 3 mai 2014

L'Afrique Réelle N°53 - Mai 2014

Sommaire :

Numéro spécial : l'arc de crise de l'Afrique centrale

- Le nord du Nigeria : d’une crise interne à un abcès régional
- Le fragile verrou tchadien
- Les trois guerres du Soudan
- La  guerre du Kivu et la déstabilisation de la RDC
- RCA : D'une guerre ethnique a une guerre religieuse menaçant les équilibres régionaux
- Les quatre verrous de l’Afrique sahélo-saharienne

Editorial de Bernard Lugan :

Ce numéro spécial de l’Afrique Réelle est en totalité consacré aux crises de l’Afrique centrale.
Il est construit autour de cartes qui permettent de comprendre et d’expliquer tout à la fois les différents conflits qui ravagent actuellement cette zone immense et les risques de contagion qu’ils contiennent.

Après la région saharo-sahélienne, une nouvelle ligne de fracture s'est en effet ouverte en Afrique centrale.
Elle court depuis le Nigeria à l'Ouest jusqu'à la région du Kivu à l'Est, touchant le nord du Cameroun, les deux Soudan et la RCA. Or, cet arc de crises est au contact de trois zones instables ou secouées par des conflits permanents et le plus souvent résurgents : la région saharo-libyenne, le Tchad et  la Somalie.
Pour le moment ces conflits sont spécifiques à des régions ou à des peuples ; ils sont donc localisés et circonscrits. Le risque serait leur coagulation ou du moins leur porosité.
Afin d’éviter ce danger, ou du moins pour le limiter, quatre verrous devront être tenus : les Iforas, la Passe Salvador, le nord du Cameroun et la région de Birao en Centrafrique. Une carte est consacrée à cette question.

Dans les années à venir, c'est toute la région qui devra être étroitement surveillée par les forces françaises dont la principale mission est d’ores et déjà très claire : maintenir ou rétablir l’étanchéité entre ces divers foyers crisogènes afin d’éviter leur engerbage.

Nos Armées vont donc avoir besoin de moyens supplémentaires en hommes et en matériel. De nouvelles emprises permanentes sont nécessaires avec des forces pré-postionnées sans lesquelles il est vain de prétendre vouloir mener une politique de présence dissuasive.
La politique qui devra être suivie sera donc l’exact contraire de celle qui avait été définie par le président Sarkozy et qui passait par le quasi dégagement de nos bases, prélude à un transfert de responsabilité aux Etats-Unis. Aujourd’hui, alors que le bilatéralisme a largement montré son efficacité, notamment au Mali, le Livre Blanc  consacre trop peu de place à l’Afrique sud saharienne, hormis l’habituel et consensuel appel à la lutte contre le terrorisme.

L’actuel gouvernement français, pourtant apparemment conscient des enjeux régionaux, ne pourra plus  continuer à raboter les moyens de nos Armées car c’est de leur augmentation qu’il faut au contraire parler s’il veut qu’elles puissent remplir les difficiles missions qui les attendent en Afrique.

Inutile en effet de compter sur les Européens. Leur aide lors de l’Opération Serval fut anecdotique ; quant à leur engagement en RCA, sur le terrain, dans le cadre de l’opération Eufor-RCA, il s’apparente à un « inventaire à la Prévert » : une section d’infanterie estonienne et une autre lithuanienne, une compagnie georgienne, 50 hommes des forces spéciales espagnoles plus 25 Gardes civils, une trentaine d’Italiens, une poignée de gendarmes polonais et quelques Finlandais…

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