vendredi 27 décembre 2013

Algérie, la police accusée de tortures dans le M’Zab

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La Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) dénonce les sévices et cas de torture contre des jeunes appartenant à la minorité berbérophone mozabite interpellés suite aux affrontements les ayant opposés à des membres de la communauté arabophone des Chaambas.
Dans un communiqué publié dimanche, la LADDH dénonce des cas de tortures et de brutalités exercées par les forces de l’ordre sur des jeunes de la ville de Guerrara, région de Ghardaïa (500 kms au sud d’Alger) dans le M’Zab.  Et ce, après les affrontements ayant éclaté à la suite d’un match de football opposant deux équipes locales fin novembre entre des jeunes de la communauté mozabite (berbèrophone) et ceux de la communauté chaâmbi (arabophone), le tout sur fond d’affrontements interconfessionnels. En effet, les mozabites (berbères) sont de rite ibadite, une branche de l’Islam considérée comme « hérétique » par les musulmans sunnites. Qui plus est, le fait que les mozabites, connus pour leur dynamisme commercial et intellectuel, détiennent les leviers socio-économiques de cette région hautement touristique n’est pas étranger à la haine instrumentalisée et attisée par les religieux salafistes avec la complicité active ou passive des autorités locales :  les mozabites sont ainsi rendus responsables du chômage et de la précarité frappant ceux qui n’appartiennent pas à leur communauté.
Toujours est-il que fin novembre, la ville de Guerrara  a été le théâtre, d’une violence inouïe, d’actes de vandalisme et de pillage, de saccage et d’incendie de dizaines d’habitations et de locaux commerciaux, des véhicules particuliers, du mobilier urbain et des édifices publics.
Dans cette affaire, qui a pris une tournure interconfessionnelle, les représentants de la communauté mozabite reprochent aux forces de l’ordre d’avoir pris partie pour l’une des communautés contre l’autre. « Le fait de cibler les Mozabites lors des interpellations (…) indique une démarche de stigmatisation et d’hostilité claire qui répond à une politique de remise en cause de la cohésion en Algérie » indiquait le 29 novembre un communiqué de la LADDH. « Les témoignages de personnes arrêtées et relâchées décrivent des pratiques inhumaines d’un autre âge, accusant les policiers de les avoir violemment tabassées, déshabillées et arrosées d’eau avant de les exposer au flux d’air froid du climatiseur» accuse l’ONG algérienne dans un communiqué daté de dimanche dernier.  Elle « exige une enquête sérieuse sur ces dépassements et la traduction des auteurs de ces actes devant la justice».  Quant au responsable régional du Front des forces socialistes (FFS, socialiste) et militant des droits de l’Homme, Kamel Eddine Fekhar,il est allé plus loin, accusant les policiers de « racisme » à l’endroit des mozabites.
La gravité des accusations est telle qu’elle a décidé la DGSN (Direction générale de la sureté nationale algérienne) à diligiter une enquête, d’autant que ces évènements suviennent à quatre mois de l’élection présdientielle prévue en mars 2014.  Selon un responsable de la police algérienne, cité par de nombreux médias algériens, le directeur de la DGSN, le général Abdelghani Hamel qui « accorde un intérêt particulier aux questions de droits de l’Homme » et qui « ne badine pas avec la dignité du citoyen »,  veut «  faire la lumière sur cette affaire ». Le responsable cité  n’exclut pas « des poursuites pénales » contre des policiers si les faits sont avérés.
Hassane Zerrouky

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