lundi 4 novembre 2013

Journalistes tués au Mali : «Un échec pour la France»

Yvonne
Posté le 04/11/2013 à 01H39
Questions autour d'un drame + échec pour la France
Bonjour


www.leparisien.fr/international/journalistes-tues-au-mali-questions-autour-d-un-drame-03-11-2013-3282051.php
Journalistes tués au Mali : questions autour d’un drame

ADRIEN CADOREL ET ÉLISABETH FLEURY (AVEC FRÉDÉRIC GERSCHEL) Publié le 03.11.2013, 06h53
(photo, Y)
Un soldat malien patrouille à Kidal Kenzo Tribouillard

Alors que le parquet de Paris a ouvert hier une enquête préliminaire pour « assassinat », plusieurs questions se posent sur les circonstances de la mort de Ghislaine Dupont et Claude Verlon.

Qui sont les assassins ?
Selon plusieurs experts de la région, l’hypothèse d’une action concoctée par des Touaregs est « improbable ».
« Deux factions touaregs se disputent la ville de Kidal, explique l’universitaire Mathieu Guidère. Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) tient le centre-ville. Les islamistes d’Ansar Dine, dont le chef a joué un rôle déterminant dans la libération des quatre otages d’Arlit, sont à la périphérie. Aucun des deux n’a intérêt, en ce moment, à heurter les Français. »

Autre hypothèse : une action commanditée par une « cellule dormante » issue d’Aqmi, représentée sur place par Mokhtar Belmokhtar, ou du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). « En ce cas, une demande de rançon aurait logiquement dû être formulée, ce qui n’est pas le cas », explique une source militaire. Une chose est sûre : les ravisseurs étaient parfaitement renseignés sur les déplacements de leurs futures victimes.

Ont-ils été enlevés pour être exécutés ?
« Il n’est pas dans la tradition touareg d’enlever ou d’assassiner des ressortissants étrangers », note Philippe Hugon, directeur de recherche à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris). « Les ravisseurs n’ayant pas préparé le transfert de leurs otages vers un lieu sécurisé, cela accrédite l’idée qu’ils voulaient, dès le départ, les tuer », estime sur place une source touareg. Plusieurs hypothèses sont avancées pour tenter de comprendre les motivations des assassins. « Il pourrait s’agir d’un différend financier lié à la libération des quatre otages d’Arlit, suggère une source militaire. Un intermédiaire d’une faction d’Aqmi, frustré par une commission non versée, aurait pu vouloir se venger. »

Les forces françaises ont-elles une part de responsabilité ?
Une demi-douzaine de militaires français, à bord d’un hélicoptère, ont assisté à l’action. Aucun tir n’aurait été échangé avec les ravisseurs. « Il est possible, néanmoins, que, se sentant acculés, ces derniers aient préféré se débarrasser de leurs victimes. » Hier soir, le 4 x 4 beige et ses occupants étaient introuvables.

Le Parisien
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www.leparisien.fr/international/journalistes-tues-au-mali-un-echec-pour-la-france-02-11-2013-3281031.php

Journalistes tués au Mali : «Un échec pour la France»

Propos recueillis par Adrien Cadorel Publié le 02.11.2013, 22h17 Mise à jour : 22h21
(photo, Y)
Bamako (Mali), septembre 2011. Ghislaine Dupont (à droite) et Claude Verlon (accroupi) ont beaucoup travaillé en Afrique pour RFI. Pour l’universitaire Mathieu Guidère, ni le MNLA ni Ansar dine «n'avaient intérêt à ce que les deux journalistes français meurent». AFP / RFI

Pour l’universitaire Mathieu Guidère, spécialiste du monde arabe, islamologue et expert des questions de terrorisme, l'assassinat des deux journalistes français «signe l’échec de la stratégie française dans son entreprise de sécurisation de la région de Kidal.» Il craint que« «cela aggrave les dissensions» entre le MNLA et Ansar Dine, «qui vont probablement s’opposer plus violemment encore.

Kidal, où étaient les journalistes, est-t-elle une zone dangereuse ?
MATHIEU GUIDÈRE. Depuis le début de l’intervention militaire française, deux factions Touaregs se disputent le contrôle de cette ville où les armées maliennes et françaises n’ont jamais pu entrer : d’un côté l’entité laïque du MNLA — que les journalistes étaient venus rencontrer — et qui contrôlent le centre-ville, et de l’autre les Touaregs islamistes d’Ansar Dine, très hostiles à la France, qui sont présents à la périphérie de Kidal.

Les Touaregs peuvent-ils être à l’origine de cet enlèvement ?
M.G. Si le scénario n’est pas à exclure, cela me surprendrait, car les Touaregs n’ont pas pour habitude de pratiquer des enlèvements, et encore moins d’exécuter des ressortissants étrangers. A ce propos, il faut rappeler que les quatre otages d’Arlit libérés récemment ont pu l’être grâce à la médiation de l’un des plus hauts responsables du mouvement d’Ansar Dine. Et que, dans le même temps, le MNLA avait accueilli les journalistes français pour cette interview. Aucune de ces deux entités n’avait intérêt à ce que ces journalistes meurent.

Ce drame peut-il avoir un impact sur l’engagement militaire français au Mali ?
M.G. D’abord, il signe l’échec de la stratégie française dans son entreprise de sécurisation de la région de Kidal. Il faut rappeler que dès le début de l’intervention militaire, la France a délibérément souhaité ne pas s’opposer aux Touaregs. Ensuite, on peut craindre que cela aggrave les dissensions chez les deux factions, qui vont probablement s’opposer plus violemment encore. Enfin, il faut s’attendre à ce que, suite à cet événement, l’armée malienne tente une offensive pour prendre le contrôle de la ville. Plusieurs opérations similaires se sont déroulées par le passé, avec un certain nombre de violences et d’exactions.

LeParisien.fr

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