samedi 25 mai 2013

Le Niger sur la ligne de front djihadiste



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Par Thierry Oberlé
Publié le 24/05/2013 à 20:06


Des débris du véhicule piégé utilisé dans l'attentat contre la caserne d'Agadez, jeudi. Crédits photo : STRINGER/AFP

Les kamikazes qui ont frappé à Agadez et à Arlit seraient venus du Sud libyen, où ils ont trouvé refuge.
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Le Niger vient de payer un lourd tribut à la collaboration à la lutte contre l'islamisme armé dans le Sahel, avec la mort jeudi de 21 de ses ressortissants dans le double attentat au véhicule piégé contre une caserne d'Agadez et une usine d'Areva, le géant français du nucléaire, à Arlit dans le nord-ouest du Mali. Les militaires ont perdu une vingtaine d'hommes, soit un bilan plus lourd que celui des opérations menées par l'armée nigérienne aux côtés des soldats français au plus fort de l'offensive contre les djihadistes dans le nord du Mali.

Les groupes islamistes ont dit avoir mené leurs opérations meurtrières en raison de sa «guerre contre la charia», et menacé de lancer d'autres attaques.

L'un d'eux, celui des Signataires par le sang, qui serait selon un communiqué du groupe toujours dirigé par Mokhtar Belmokhtar, a estimé que les attentats «étaient la première réponse à une déclaration du président du Niger (Mahamadou Issoufou, NDLR), inspirée de ses maîtres à Paris, affirmant que les djihadistes ont été écrasés militairement».
Des troupes actives au Mali

Le Niger a été, avec le Tchad, le pays africain le plus actif lors des premières phases de l'opération «Serval». Ses troupes se sont rapidement déployées dans la région de Gao. Elles vont rester au Mali dans le cadre de la Misma, la force de maintien de la paix des Nations unies, qui doit peu à peu prendre le relais des forces françaises pour stabiliser le nord du Mali. Selon le ministre nigérien des Affaires étrangères, Mohammed Bazoum, l'engagement de son pays contre le terrorisme n'est pas remis en cause. «Ce qui s'est passé à Agadez et à Arlit indique clairement que nous avons besoin de plus de détermination, plus de moyens et plus d'actions», a-t-il déclaré à RFI.

C'est la première fois que le Niger est visé par des attentats commis par des kamikazes. Niamey a été confronté depuis 2008 à une série d'enlèvements d'Occidentaux. En janvier 2011, deux jeunes Français, Antoine de Léocour et Vincent Delory, ont été enlevés dans la capitale par un commando islamiste puis tués à la frontière avec le Mali lors d'une tentative de libération menée par les forces spéciales. À chaque fois, les djihadistes venaient de l'étranger en s'appuyant sur des relais locaux rétribués pour leurs informations. Les kamikazes venaient du Sud-Ouest libyen selon le gouvernement nigérien. De nombreux salafistes arabes et touaregs ont trouvé refuge dans ces zones désertiques hors du contrôle des autorités de Tripoli. Certaines tribus ont déjà passé des accords de bon voisinage avec les nouveaux venus qui ont appris à jouer discrètement à saute-mouton avec les frontières.
Un régime démocratique

Le Niger a su, jusqu'à présent et contrairement au Mali, se préserver des risques de déstabilisation. Le pouvoir central a su prendre en compte en partie les aspirations de ses minorités arabe et touareg. Le président Mahamadou Issoufou a pris le contre-pied à son prédécesseur Mamadou Tandja, un partisan de la manière forte face aux revendications des gens du Nord. Il a géré avec habilité l'embarrassante question touareg. Des Hommes bleus exercent des responsabilités de premier plan: le premier ministre, le numéro deux de l'armée sont touaregs.

Élu président en 2011 à l'occasion d'un scrutin régulier, Mahamadou Issoufou bénéficie du soutien de Washington, qui renâcle en revanche à aider le Mali en raison de l'absence à Bamako d'un pouvoir légitime issu démocratiquement des urnes. Des drones américains sans pilote et non armés sont basés sur le territoire pour mener des missions de renseignements. Autant de raisons qui attisent l'ire des djihadistes.

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