vendredi 31 mai 2013

Au Niger, les réfugiés maliens se demandent s'ils pourront voter

MALI / PRÉSIDENTIELLE - 
Article publié le : vendredi 31 mai 2013 à 11:17 - Dernière modification le : vendredi 31 mai 2013 à 11:21


Rafia, une femme réfugiée du Mali, se repose sous un arbre près de son abri de fortune à Mangaizé, dans le nord du Niger.
Rafia, une femme réfugiée du Mali, se repose sous un arbre près de son abri de fortune à Mangaizé, dans le nord du Niger.
© HCR/H.Caux

Par RFI
Au Mali, le gouvernement a annoncé la date de l’élection présidentielle. Ce sera dans moins de deux mois. Avec la guerre au nord, quelque 174 000 Maliens ont fui au Burkina, en Mauritanie et au Niger. Il reste donc peu de temps pour permettre à ces réfugiés de voter eux aussi. Les identifier, pour ceux qui ne sont pas dans les camps ; leur remettre leur carte d’électeur ; créer les bureaux de vote dans des zones à plusieurs heures de route de Niamey, la capitale. Si le défi logistique pour organiser le scrutin à temps est très important au Mali, hors des frontières, il pourrait être encore plus grand.

Dans le camp de Mangaizé se trouvent des réfugiés originaires de Ménaka, une ville malienne située juste de l’autre côté de la frontière.
Sous une bâche du Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR), une petite boutique. Un groupe de jeunes s’y retrouve pour recharger les portables. Ils savent que l’élection est pour bientôt, mais pas grand-chose de plus. « Nous allons voter ici ou bien ailleurs. On ne nous a pas donné d’informations », s'interroge, perplexe, une jeune réfugiée. « Nous aimerions comprendre, abonde un jeune homme. Nous voulons savoir si on va voter ici ou là-bas, au Mali. »

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« Nous voulons la paix, seulement ! »
Si toute la logistique se met en place à temps, ils devraient pouvoir voter à Mangaizé. Mais à moins de deux mois de l’élection, ils ignorent tout des modalités et se demandent même s’ils vont pouvoir voter. Ils ne connaissent ni les noms des candidats, ni les programmes.
Et lorsqu’on leur demande ce qu’ils attendent de cette élection, une réponse fuse : « Nous voulons la paix, seulement » Une opinion partagée par une autre, qui espère : « Quand on a la paix, on trouve du travail ! »
Mais très vite, les préoccupations se recentrent sur les modalités du scrutin. « Nous ne pouvons pas voter sans papiers, s'inquiète un homme. Les cartes d’identité sont perdues à Ménaka. On nous a fait une attestation de réfugié ici. On peut voter avec ça ? » Les avis divergent, sans qu'aucune réponse claire ne surgisse.
Le HCR devrait lancer sous peu une campagne de sensibilisation.

«Le rôle du HCR va être d’informer les réfugiés sur le processus électoral, ce que vont faire en fait les autorités maliennes et surtout les gouvernements hôtes. Mais le HCR ne va pas organiser les élections. Nous avons des messages clés à leur passer qui vont leur permettre de savoir comment vont se dérouler ces élections, où ils vont pouvoir voter... A priori, le scrutin se déroulera en dehors des camps. Mais bien sûr, les modalités restent à décider. Je pense qu’il est important de retenir aussi que notre rôle est humanitaire et complètement apolitique. Nous ne prenons absolument pas partie. C’est plus un rôle d’accompagnement des gouvernements hôtes et de la Commission nationale des élections maliennes pour organiser ces élections. Nous voulons également être sûrs que les réfugiés soient bien au courant de leurs droits. Ce qui est important, c'est que cette élection est volontaire, et nous allons donc faire attention à ce qu’il n’y ait pas du tout de pressions exercées sur certains réfugiés, pour les obliger à voter ou non. C’est un droit fondamental.»
Hélène Caux porte-parole régionale du HCR, sur le processus électoral
TAGS: DIONCOUNDA TRAORÉ - MALI - NIGER

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