POLITIQUE
La présidente de l'EPAD aurait planqué des millions au Luxembourg
Par Michel Martins, publié le , mis à jour
Joëlle Ceccaldi-Raynaud, députée-maire UMP de Puteaux et ex-suppléante de Sarkozy, est accusée par son père d'avoir touché des pots-de-vin en marge d'un appel d'offres en 2001, selon le Canard enchaîné.
Et une affaire de plus. Cette fois-ci dans les Hauts-de-Seine, terre électorale de Nicolas Sarkozy. La députée-maire de Puteaux, Joëlle Ceccaldi-Raynaud a confirmé mardi avoir été entendue en août comme témoin assisté par un juge de Nanterre dans une enquête sur des soupçons de malversations financières.
Le lendemain, Le Canard Enchainé en donnait un peu plus sur cette histoire.
Le juge d'instruction de Nanterre Richard Palain enquête depuis plusieurs mois sur la concession en 2001 de l'immense chaufferie qui alimente le quartier de la Défense (Hauts-de-Seine) à la société Enerpart, créée pour l'occasion par trois associés Jean Bonnefont, ex-dirigeant de Charbonnage de France, Bernard Forterre ex-dirigeant de Vivendi et Laurent Gimel.
Dans cette affaire, c'est le père de l'élue, l'ex-sénateur-maire UMP de Puteaux, Charles Ceccaldi-Raynaud, président du syndicat intercommunal au moment des faits, qui trinque d'abord. Il est soupçonné d'avoir touché 5 millions de francs (762 000 euros) de pots-de-vin. Il est mis en examen en 2007 pour "favoritisme, recel d'abus de biens sociaux et corruption passive". Mais pour se défendre, l'ancien élu accuse sa fille, vice-présidente du syndicat intercommunal en 2001, d'avoir touché cet argent, puis de l'avoir caché au Luxembourg.
Toujours selon le Canard enchainé, les résultats de la commission rogatoire du juge montre que Joëlle Ceccaldi-Raynault a ouvert en 1996 un compte au sein de la banque privée Edmond de Rothschild, à Luxembourg. Ce compte, au nom d'une société écran domiciliée dans un paradis fiscal, aurait reçu plusieurs sommes d'argent par virement ou en liquide jusqu'à compter plus de quatre millions d'euros en 2005. Après avoir été placé au nom des enfants du député-maire en 2004, "le compte a été subitement clos en avril 2009 et transféré vers une destination inconnue". Le pactole disparait, au moment exact où Charles Ceccaldi-Raynaud révèle au juge d'instruction l'existence des avoirs de sa fille.
Celle qui a hérité du siège de député de la 6è circonscription des Hauts-de-Seine (Neuilly et Puteaux) après avoir été la suppléante de Nicolas Sarkozy entre 1996 et 2007, réfute les accusations du journal. Elle a annoncé qu'elle allait porter plainte pour "dénonciation calomnieuse" en précisant: "Sur le fond et pour conclure, les faits évoqués dans l'article ont été largement expliqués au juge d'instruction qui n'a pas remis en cause leur caractère purement privé et non délictuel".
Ceccaldi-Raynaud veut faire disparaître Le Canard de sa ville
Entendue donc comme témoin assisté le 1er août dernier, Joëlle Ceccaldi-Raynaud a déclaré que ces quatre millions d'euros étaient "des fonds qui se trouvaient en Suisse et qui appartenaient à [sa] grand-mère". Ces explications ont été contredites par le père de l'intéressé, déclaration de succession à l'appui.
La députée-maire de Puteaux est un personnage central des Hauts-de-Seine. Suppléante de Nicolas Sarkozy, elle fut également présidente de l'Epad, après le fiasco de la candidature de Jean Sarkozy, mais aussi conseillère générale des Hauts-de-Seine.
Elle risque gros dans cette affaire. Enfin, si la justice parvient à boucler l'enquête. Muté en septembre dernier, le juge Richard Palain n'a pu aller plus loin dans son enquête. Il revient donc à son successeur Philippe Courroye, connu pour ses proximités avec le chef de l'Etat, de poursuivre les investigations...
Quant à Joëlle Ceccaldi-Raynaud, elle ne manque pas de ressources, à lire le blog de son opposant MoDem Christophe Grébert. Pour être sûre qu'aucun des habitants de sa ville de Puteaux ne soit informé de l'affaire, l'élue n'aurait pas hésité à envoyer ses supporters chez tous les marchands de journaux afin de racheter tous les exemplaires du journal satyrique.
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