samedi 20 avril 2013


La Mecque des repentis

Omar Berbiche-El Watan-le 20.04.13 |
L’information révélée par El Watan Week-end de ce vendredi, relative aux trois chefs du mouvement islamiste malien Ançar Eddine qui se sont rendus aux autorités algériennes, illustre d’abord la déroute des organisations islamistes armées de ce pays dans la guerre menée par les forces françaises au Mali avec l’aide des troupes africaines. En se réfugiant en Algérie, ces chefs terroristes et leurs hommes, acculés dans leurs derniers retranchements dans les montagnes d’Adrar des Ifoghas, ont préféré se rendre non pas aux autorités maliennes, mais plutôt à celles d’un pays voisin en portant leur choix sur l’Algérie. Cela pour sauver leur peau tournant ainsi le dos au culte du martyr auquel on associe le djihad dans la rhétorique intégriste.
Pourquoi l’Algérie, qui a payé et continue de payer un lourd tribut au terrorisme, est-elle devenue par on ne sait quel paradoxe de l’histoire une terre d’accueil pour des terroristes ? Les autorités algériennes leur auraient proposé de leur accorder l’asile politique contre leur abandon de l’action armée. Ces trois émirs d’Ançar Eddine n’ont pas demandé à se mettre sous l’aile protectrice de la Mauritanie voisine, du Niger ou d’un autre Etat voisin de la région du Sahel. Ils ont choisi l’Algérie. Bien qu’en position de faiblesse, il ne fait pas de doute que ces chefs terroristes ont négocié leur retraite avec les responsables algériens.
Lesquels pour ne pas être mal compris par leurs partenaires ont dû, à leur tour, informer les autorités maliennes et les autres parties étrangères, notamment françaises, impliquées dans la guerre au Mali ainsi que les structures de commandement militaire des pays du Sahel. L’arrivée de Bouteflika aux affaires s’est traduite par un assouplissement et une bienveillance de l’action de l’Etat vis-à-vis de l’islamisme. C’est ainsi que la mouvance islamiste a pu intégrer par la voie royale le gouvernement non pas à travers des individus, mais en tant que parti politique par le truchement du Mouvement de la société pour la paix (MSP).
Sur la même lancée, les portes de la rahma (repentir) furent grandes ouvertes comme jamais auparavant pour encourager les activistes à déposer les armes. Cette politique a incité des chefs de l’ex-AIS à le faire. Personne ne sait à ce jour quel est leur statut dans la mesure où la justice n’a pas pris le relais du politique, comme annoncé. Cette carte de visite de l’Algérie qui met en exergue les vertus de clémence et du pardon semble avoir fait recette au-delà de nos frontières, où notre pays est manifestement vu comme la Mecque des islamistes activistes repentis. La question est de savoir ce que les autorités algériennes comptent faire de ces hôtes qui se sont invités chez nous. Leur dossier fera-t-il l’objet d’un traitement politique ou force restera-t-elle à la loi ?
Contrairement au cas de Abderrazak El Para qui a fait lui l’objet d’une extradition de la Libye, les chefs d’Ançar Eddine, qui étaient dans une autre posture, avaient cette possibilité de négocier leur reddition.
Omar Berbiche,http://www.elwatan.com/edito/la-mecque-des-repentis-20-04-2013-210903_171.php

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