mardi 13 novembre 2012

Dernière modification : 12/11/2012 "Il existe un risque d’enlisement des forces internationales au Nord-Mali" © AFP L'intervention au Nord-Mali se précise depuis que les pays membres de la Cédéao ont approuvé l'envoi d'une force de 3 300 hommes dans la région. Entretien avec Philippe Hugon, directeur de recherche à l'Iris, en charge de l'Afrique. Par Gaëlle LE ROUX (texte) France 24 Un mois après le feu vert accordé par le Conseil de sécurité de l’ONU à une intervention militaire dans le nord du Mali, les dirigeants de la Communauté économique d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), réunis dimanche 11 novembre à Abuja, au Nigeria, ont approuvé l’envoi de 3 300 soldats pour une durée d’un an dans la région malienne aux mains de groupes islamistes. Philippe Hugon, directeur de recherche en charge de l’Afrique à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) et enseignant au Collège interarmées de défense, répond aux questions de FRANCE 24. FRANCE 24 - Pensez-vous qu’une force de 3 300 soldats soit suffisante pour combattre des djihadistes sur un territoire grand comme une fois et demie la France ? Philippe Hugon - Il ne faut pas oublier que les forces de la Cédéao arriveront en renfort de l’armée malienne, forte de 5 000 hommes. Plusieurs grandes puissances militaires africaines comme le Nigeria ou l’Afrique du Sud devraient participer à la force d’intervention au Nord-Mali. Elles sont très bien équipées. La reconquête de Tombouctou et de Gao ne devrait donc poser aucun problème, militairement parlant. Syndiquer le contenuANALYSE Le groupe islamiste d'Ansar Dine se dit "prêt à négocier" pour la paix MALI Le groupe islamiste d'Ansar Dine se dit "prêt à négocier" pour la paix Mais telles quelles, les troupes des pays de la Cédéao ne sont pas adéquates pour mener une guerre asymétrique en zone désertique, comme celle qui se profile au Nord-Mali. Parmi les armées des pays membres de la Cédéao, les troupes venant du Niger sont les seules aguerries pour affronter les djihadistes sur un tel terrain. Il ne devrait pas y avoir beaucoup de combats de front, de type armée contre armée. Le combat se mènera contre des mouvances extrêmement mobiles sous forme de petits commandos capables de se réfugier dans des grottes, ou des campements différents chaque jour, qui connaissent extrêmement bien le terrain et qui sont très bien équipés. Les djihadistes ont des missiles sol-air, des lance-roquettes… des armes qui arrivent tout droit de Libye. Face aux djihadistes, dont on ne connaît pas le nombre exact, les forces spéciales [qui mènent des actions coup de poing ciblées, ndlr] joueront un rôle très important, grâce à un appui américain, français, et peut-être algérien. F24 - De son côté, l’armée malienne est-elle en état de mener le combat aux côtés des troupes de la Cédéao ? P. H. - C’est également l’un des enjeux de cette future intervention. L’armée malienne a été décapitée après le putsch [du 22 mars, qui a bouté hors du pouvoir Amadou Toumani Touré]. Il faut en reconstituer la hiérarchie, et l’équiper militairement. La France, en arrière-plan, s’y emploie actuellement. Paris, et l’Union européenne de façon plus générale, devraient également contribuer à la formation des 3 300 soldats de la Cédéao. Les États-Unis devraient apporter leur soutien logistique - en fournissant notamment des drones - à l’intervention. Il devrait également y avoir un appui des deux principaux fournisseurs d’arme : le Royaume-Uni et l’Allemagne. F24 - Quand pourrait débuter cette intervention ? P. H. - L’intervention militaire ne débutera vraisemblablement pas avant quelques mois. Le plan d’intervention africain doit maintenant être transmis à l’Union africaine, qui doit l’envoyer au Conseil de sécurité de l’ONU, qui devra le valider. Ce qui arrivera au plus vite fin novembre-début décembre. Le Conseil de sécurité de l’ONU devra ensuite voter une résolution autorisant l’intervention. F24 - Quel est le risque d’une telle intervention ? P. H. - Cette guerre va être très difficile à mener. Je crois qu’une intervention militaire est désormais inévitable, mais il existe un risque énorme d’enlisement. À mon sens, pour que cette intervention soit réussie, trois conditions sont nécessaires : il faut d’abord qu’il y ait une légitimation du pouvoir politique au Mali. Des élections doivent être organisées, il doit y avoir une volonté de répondre à l’origine du conflit dans le Nord-Mali en termes de légitimité politique. Il faut par ailleurs que les mouvements touaregs du Nord-Mali, le MNLA [Mouvement national de libération de l’Azawad], et les islamistes d'Ansar Dine prennent position en faveur de l’armée malienne contre Al-Qaïda au Maghreb islamique et Mujao [Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest]. Leur soutien et leur connaissance du terrain sont indispensables à l’armée malienne et à la force internationale. Et, en dernier lieu, il est indispensable de s’attaquer à la cause du développement des filières islamistes dans la région : l’absence d’avenir. Il faut que soient menées des actions de développement et de réinsertion dans cette région. Il faut donner des perspectives aux jeunes en développant l’activité économique et en contrôlant les réseaux mafieux. À mon sens, le développement est un préalable à l’action militaire. L'Afrique de l'Ouest s'entend sur un plan d'intervention armée au Mali CÉDÉAO L'Afrique de l'Ouest s'entend sur un plan d'intervention armée au Mali Le groupe islamiste d'Ansar Dine se dit "prêt à négocier" pour la paix MALI Le groupe islamiste d'Ansar Dine se dit "prêt à négocier" pour la paix Le Mali réadmis au sein de l’Union africaine MALI Le Mali réadmis au sein de l’Union africaine Première publication: 12/11/2012 Sur le même sujet L'Afrique de l'Ouest s'entend sur un plan d'intervention armée au Mali CÉDÉAO L'Afrique de l'Ouest s'entend sur un plan d'intervention armée au Mali Sommet des dirigeants ouest-africains sur une "intervention armée" au Mali CÉDÉAO Sommet des dirigeants ouest-africains sur une "intervention armée" au Mali Nord-Mali : des "centaines" de djihadistes étrangers en renfort MALI Nord-Mali : des "centaines" de djihadistes étrangers en renfort Les islamistes d'Ansar Dine disent rejeter "toute forme d'extrémisme et de terrorisme" MALI Les islamistes d'Ansar Dine disent rejeter "toute forme d'extrémisme et de terrorisme" Le groupe islamiste d'Ansar Dine se dit "prêt à négocier" pour la paix MALI Le groupe islamiste d'Ansar Dine se dit "prêt à négocier" pour la paix Abdelkader Messahel, ministre algérien délégué aux Affaires maghrébines et africaines L'ENTRETIEN Abdelkader Messahel, ministre algérien délégué aux Affaires maghrébines et africaines À Bamako, l’intervention au Nord-Mali prend forme MALI À Bamako, l’intervention au Nord-Mali prend forme Accord entre Bamako et la Cédéao sur un déploiement de troupes MALI Accord entre Bamako et la Cédéao sur un déploiement de troupes Le Mali donne son accord pour un déploiement de la Cédéao à Bamako MALI Le Mali donne son accord pour un déploiement de la Cédéao à Bamako Blaise Compaoré, Président du Burkina Faso L'ENTRETIEN Blaise Compaoré, Président du Burkina Faso Le Mali demande le soutien militaire de la Cédéao pour libérer le nord MALI Le Mali demande le soutien militaire de la Cédéao pour libérer le nord Meeting géant à Bamako pour réclamer la "réconciliation nationale" MALI Meeting géant à Bamako pour réclamer la "réconciliation nationale" Le sommet de Ouagadougou s'ouvre pour former un gouvernement d'union au Mali BURKINA FASO - MALI Le sommet de Ouagadougou s'ouvre pour former un gouvernement d'union au Mali François Hollande craint l'installation de groupes terroristes au nord-Mali MALI François Hollande craint l'installation de groupes terroristes au nord-Mali Crise malienne : une délégation d'Ansar Dine partie négocier à Ouagadougou et Alger MALI Crise malienne : une délégation d'Ansar Dine partie négocier à Ouagadougou et Alger Une semaine dans le monde - 2 novembre (partie 2) UNE SEMAINE DANS LE MONDE Une semaine dans le monde - 2 novembre (partie 2) Le groupe islamiste Ansar Dine envoie des émissaires à Alger et à Ouagadougou MALI Le groupe islamiste Ansar Dine envoie des émissaires à Alger et à Ouagadougou Mali : pression diplomatique sur Algérie UNE SEMAINE AU MAGHREB Mali : pression diplomatique sur Algérie L'utopie d'une trêve en Syrie REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE L'utopie d'une trêve en Syrie Affaire Merah : le rapport de la police des polices accable le renseignement intérieur FRANCE Affaire Merah : le rapport de la police des polices accable le renseignement intérieur

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