mercredi 8 août 2012


Une organisation internationale s’inquiète d'une intervention militaire au Mali

2012-08-07
Le Mali sombrera dans le chaos si les puissances mondiales devaient intervenir militairement, affirme un panel d'experts.
Par Bakari Gueye pour Magharebia à Nouakchott – 07/08/12
[AFP/Ahmed Ouoba] Alors que certains négociateurs internationaux insistent sur la nécessité de trouver une solution diplomatique à la crise qui s'intensifie dans le nord du Mali, d'autres semblent ne pas exclure l'option militaire.
[AFP/Ahmed Ouoba] Alors que certains négociateurs internationaux insistent sur la nécessité de trouver une solution diplomatique à la crise qui s'intensifie dans le nord du Mali, d'autres semblent ne pas exclure l'option militaire.
Alors que les appels à une intervention militaire dans le Mali ne cessent de s'amplifier, un nouveau rapport publié par une agence spécialisée sur les crises internationales s'inquiète du fait qu'une telle initiative puisse se révéler fatale.
Une action militaire "pourrait plonger l’Etat, déjà au bord de l’effondrement, dans le chaos", analyse l'ICG dans ce document publié le 18 juillet.
Cette organisation basée à Bruxelles invite "les principaux acteurs de la crise malienne, les organisations régionales et la communauté internationale à privilégier une solution politique plutôt que militaire."
"Une intervention armée dans les conditions politiques et sécuritaires actuelles ferait plus de mal que de bien", explique cette étude. "Il est urgent de restaurer les fondations politiques, institutionnelles et sécuritaires de l’Etat pour donner une chance à un retour du nord dans le giron de la république."
En visite à Alger les 15 et 16 juillet, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, n’a pas exclu "l’option militaire".
Mais pour Gilles Yabi, directeur du projet Afrique de l’Ouest de l'ICG, "les acteurs armés et non armés du sud et du nord doivent engager des négociations en vue de trouver une solution politique à la crise".
"L’amélioration des relations entre le pouvoir central à Bamako et la périphérie doit se traduire par une réforme radicale du mode de gouvernance du nord, qui a reposé au cours des dernières années sur un maillage lâche de relations personnelles et clientélistes ", estime-t-il.
"La présence d’al-Qaida au Maghreb islamique fait craindre la transformation de cette partie du Sahel en un refuge pour les terroristes", explique Sidati Ould Cheikh, spécialiste en terrorisme .
Mais "ces perspectives sombres ne justifient cependant pas des décisions hâtives et des actions prématurées", ajoute-t-il. "Tous les acteurs doivent être conscients, compte tenu de la fragilité du pays et de l’état de ses forces armées, qu’une intervention militaire ferait du Mali un nouveau front de la guerre contre le terrorisme et compromettrait les chances d’une cohabitation pacifique entre les communautés."
Selon Ba Mamadou, professeur en sciences politiques : "Le Mali, ses voisins et les acteurs occidentaux et multilatéraux doivent promouvoir le dialogue entre les Maliens et isoler les mouvements terroristes étrangers."
"Ils peuvent contribuer à remettre sur pied l’Etat à travers le soutien à un gouvernement d’union nationale, une assistance immédiate à la réorganisation de l’armée ainsi qu’une augmentation de l’aide humanitaire à la zone sahélo-saharienne, afin d’éviter l’effondrement de l’économie", poursuit-il. "Les Etats qui en ont les moyens doivent aider les gouvernements de la région dans leur lutte contre les groupes terroristes, notamment en matière de renseignement."
"Lutter contre la radicalisation et régler par le dialogue les conflits qui traversent la société malienne est fondamental pour espérer une sortie de crise", déclare Comfort Ero, directrice du programme Afrique de l'International Crisis Group.
Ce contenu a été réalisé sous requête de Magharebia.com.

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