jeudi 9 août 2012


Mali: Iyad ag Ghali, le rebelle touareg devenu djihadiste

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Profitant de l'offensive des indépendantistes touareg dans le nord du Mali, Iyad Ag Ghaly, chef du mouvement Ansar ed-Dine, est incontournable. Portrait d'un combattant au service de l'islam. 
Mali: Iyad ag Ghali, le rebelle touareg devenu djihadiste
Iyad ag Ghali, chef d'Ansar ed-Dine, menant la prière avec ses combattants, en janvier. Le chef touareg voudrait instaurer la charia dans tout le Mali.
AFP
Le chef d'Ansar ed-Dine (Défenseurs de la religion), le groupe djihadiste qui veut imposer la charia à l'ensemble du Mali, est un personnage de roman, aussi charismatique qu'ambigu. Bien avant de devenir un prêcheur salafiste à la barbe imposante, Iyad ag Ghali, bientôt la soixantaine, fut un véritable héros pour les Touareg.  
Fils d'un éleveur nomade, il est issu des Kel Afella, tribu noble de la confédération des Ifoghas, établie dans la région de Kidal, le grand nord malien. Au tournant des années 1980, comme tant d'autres "ichoumar" (du français chômeur), le jeune homme s'exile en Libye, attiré par les pétrodollars. Mais, là, il s'engage dans la "Légion islamique" du colonel Kadhafi. C'est ainsi que Iyad ag Ghali a notamment combattu au Liban, en 1982. 
Rentré au Mali, ce guerrier d'élite prend, en 1990, la tête de la rébellion touareg. A l'époque, Iyad arbore une moustache fournie, fume des cigarettes et s'autorise parfois un bon whisky. Négociateur des accords de paix de 1992, il devient conseiller auprès de la présidence malienne. "C'est en 1999-2000 qu'il a versé dans le salafisme, au contact de prédicateurs pakistanais installés à Kidal", explique l'historien Pierre Boilley, spécialiste du Sahara. A partir de 2003, Iyad ag Ghali sert d'intermédiaire dans la libération d'otages occidentaux détenus par le Groupement salafiste pour la prédication et le combat (GSPC, future Aqmi). A chaque transaction, il empoche de confortables commissions. Depuis cette période, il entretient des contacts personnels avec certains émirs d'Aqmi. L'un de ses cousins, Amada ag Hama, dirige d'ailleurs un de leurs groupes armés. En 2007, le président malien d'alors, Amadou Toumani Touré, nomme Iyad ag Ghali consul à Djeddah (Arabie saoudite). Il en sera expulsé, trois ans plus tard, à cause de sa proximité avec des islamistes trop radicaux. 

Ecarté du MNLA

A la fin de l'année dernière, alors que la rébellion touareg couve de nouveau, il tente un coup de poker : il revendique le commandement militaire du Mouvement national de la libération de l'Azawad (MNLA), aux ambitions séparatistes. Ecarté, il fonde alors Ansar ed-Dine, ramenant dans son orbite quelques jeunes Touareg proches d'Aqmi et des djihadistes confirmés. Son mouvement, qui compte 300 combattants au maximum, pèse moins aujourd'hui par sa puissance que par l'aura de son leader
Tombouctou, les indépendantistes touareg du MNLA ont lancé un ultimatum à Iyad ag Ghali, l'"enjoignant de déposer les armes et de ne plus entraver [leur] mouvement". Reste à savoir s'ils parviendront à juguler cette ancienne gloire, devenue bien trop encombrante. 

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