mercredi 18 juillet 2012


Le Qatar mène une guerre d’influence à l’Arabie saoudite au nord du Mali

 
 

Des titres prestigieux de la presse française dont Le Canard Enchaîné et Marianne s’intéressent aux activités du Qatar dans le nord du Mali où l’installation d’organisations terroristes (Aqmi et Mujao) menace plusieurs pays voisins dont l’Algérie.

Une ambulance du croissant rouge palestinien, en 2011
AFP/Archives – Jaafar Ashtiyeh
«Connu pour son gaz, son pétrole, ses fonds d’investissements, ses clubs de foot, le rachat des palaces parisiens et méditerranéens, le Qatar joue actuellement un jeu trouble au Nord-Mali, par le soutien financier et militaire qu’il apporte aux islamistes radicaux qui sèment le chaos dans le pays. Des agissements largement connus des puissances occidentales qui laissent faire tant la manne gazière et la position du pays dans le Golfe est stratégique», écrit Régis Soubrouillard, journaliste au magazine français Marianne, plus particulièrement chargé des questions internationales.

Quant à lui, Sadou Diallo, le maire de Gao (au nord du Mali), invité de la matinale de RTL, a déclaré que «le gouvernement français sait qui soutient les terroristes. Il y a le Qatar par exemple qui envoie soi-disant des aides, des vivres tous les jours sur les aéroports de Gao, Tombouctou, etc».


Le Quai d’Orsay, qui évoque une prise en otage de la population du nord du Mali, qualifie d’«acte de terrorisme» l’emplacement de mines antipersonnel qui auraient été installées tout autour de la cité par le Mouvement pour l’unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Le Canard Enchaîné a affirmé que l’émir du Qatar avait livré une aide financière aux mouvements armés qui ont pris le contrôle du nord du Mali, créant une polémique en France. Parmi ces heureux bénéficiaires, selon l’hebdomadaire satirique français, le Mujao qui a enlevé sept diplomates algériens le 5 avril dernier, à Gao.

«L’émirat qatari, bien connu pour ses fonds d’investissements qui lui donnent une façade pour le moins inoffensive sinon alléchante, aurait surtout des visées sur les richesses des sous-sols du Sahel». Plus récemment, c’est la présence de quatre membres de l’organisation humanitaire du Croissant-Rouge du Qatar qui a encore alimenté les soupçons d’un appui du Qatar aux islamistes sous couvert humanitaire, a rapporté une partie de la presse française.

«Nous sommes venus à Gao (nord-est) pour évaluer les besoins des populations en matière de santé et de fourniture en eau et en électricité. Nous allons repartir très bientôt pour revenir avec le nécessaire», expliquait à l’AFP un des humanitaires qataris simplement présenté comme Rachid, joint par téléphone depuis Bamako. Les humanitaires qataris seraient arrivés par voie terrestre en provenance du Niger et leur sécurité est assurée par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), est-il noté.

ROLAND MARCHAL : «ON PENSE QU’UN CERTAIN NOMBRE D’ÉLÉMENTS DES FORCES SPÉCIALES QATARIES SONT AU NORD DU MALI»

«De la même façon que le Qatar a fourni des forces spéciales pour entraîner une opposition à Kadhafi, on pense qu’un certain nombre d’élément des forces spéciales qataries sont aujourd’hui dans le Nord Mali pour assurer l’entraînement des recrues qui occupent le terrain, surtout Ansar Eddine», affirme Roland Marchal, chercheur au Centre d’études et de recherches internationales de sciences politiques à Paris, cité par la presse française.
Et le Qatar finance partout et généreusement tous les acteurs politico-militaires salafistes (c’est le cas du groupe Ansar Eddine), dont la branche la plus enragée des Frères musulmans, hostiles à la famille Saoud (et bien sûr au chiisme) mais aussi aux régimes «laïques» et nationalistes arabes susceptibles de porter ombrage aux pétromonarchies», résume Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement et de sécurité à la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure, services secrets français).

Le Mali est un pays confronté à une corruption endémique, une démocratie de façade où la «religion est un recours, l’Islam une alternative dans une région où de plus en plus de mosquées sortent de terre financées par les pays du Golfe.

Je crains que nous ne soyons pas au bout de nos surprises», expliquait Laurent Bigot, sous-directeur Afrique Occidentale au Ministère des Affaires étrangères dans le cadre d’une conférence de l’IFRI sur la crise malienne. «Le résultat d’une lente défragmentation, largement aggravée à la suite de l’épisode libyen et ses conséquences mal maîtrisées», commente la presse française.
«Si l’afghanisation du Mali inquiète les pays voisins, à commencer par l’Algérie, les puissances occidentales, qui déclarent redouter tout autant la sanctuarisation du Sahel par des groupes terroristes, n’en adoptent pas moins un comportement ambigu dont la facture pourrait s’avérer salée», écrit un média français.

«ASSISTANCE QATARIE AU MUJAO SOUS FORME D’AIDES HUMANITAIRES»

Un membre du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touareg) qui participe à des négociations à Ouagadougou avec la médiation burkinabè dans la crise malienne, a évoqué ce soutien du Qatar au Mujao.
«Le Qatar a donné un appui, sous couvert humanitaire, au Mujao. C’est surtout des vivres qui sont en train d’être distribués, notamment, huile, sucre, riz, thé», a-t-il déclaré à l’AFP sous couvert de l’anonymat. «Le Qatar aide ainsi le Mujao à se rapprocher des populations», a-t-il ajouté. Autrement dit, et selon ce membre du MNLA, le Qatar voudrait par des aides humanitaires le MUJAO gagner la sympathie de la population du Nord-Mali, souffrant d’une crise alimentaire et de la sécheresse.

Plusieurs sources disent que l’émirat du Qatar cherche à soutenir financièrement et matériellement le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et le groupe islamiste Ansar Eddine.

Une hypothèse plausible, selon Roland Marchal, chercheur au Centre d’études et de recherches internationales de sciences politiques à Paris, cité par la presse française. Il estime que la présence du Qatar dans les pays en conflit comme la Libye, le Soudan est loin d’être innocente. (…).
M. A

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