dimanche 29 juillet 2012


France 24

Bilan d’une semaine de ramadan au Nord-Mali : "Les islamistes ont lâché un peu de lest"

 
En ce début de ramadan, alors que le pire était à craindre pour les populations du Nord-Mali vivant sous le joug des islamistes, les marchés sont approvisionnés et les habitants ont noté une relative clémence de la part de ceux qu’ils appellent les "fous de Dieu". À Gao et à Tombouctou, nos Observateurs témoignent.
 
Depuis qu’ils contrôlent le nord du Mali, le Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest
(Mujao) et Ansar Dine entendent imposer à la population leur vision rigoriste de la charia, la loi islamique. Nombre de coups de fouet ont déjà été infligés à des habitants aux pratiques jugées déviantes, comme la consommation d’alcool, de tabac ou encore les relations hors mariage.
 
Le port du voile est, par ailleurs, devenu obligatoire à Tombouctou et les loisirs, comme regarder la télévision ou écouter la radio, sont interdits dans les principales villes de la région.
 
À l’approche du ramadan, des habitants interrogés par RFI, disaient redouter que les "fous de Dieu" ne remplacent leurs imams et bloquent l’acheminement de nourriture provenant de camions humanitaires. Pourtant, ces derniers semblent avoir décidé de les laisser en paix en ce mois de piété.
 
 Toutes les photos ont été prises par notre Observateur Amar Maiga au marché de Gao, le 25 juillet. 
CONTRIBUTEURS

"Ils nous laissent prier et jeûner comme nous le faisons chaque année"

Hamma Biamoye est enseignant à Gao. Il est l’un des initiateurs du mouvement "Nous pas bouger" qui a décidé d’organiser la "résistance" contre les islamistes.
 
Il manque bien sûr des produits sur les marchés, comme certains fruits et légumes qui viennent principalement de Sikasso [l’insécurité du Sahel dissuade les marchands de cette ville du sud du Mali de traverser le désert jusqu’au nord, ndlr]. Mais nous trouvons toutefois des produits provenant d’Algérie comme la viande, le sucre ou le lait et leur prix n’ont pas augmenté. Les islamistes ont par ailleurs demandé aux boulangers de Gao de baisser le prix du pain de 125 à 100 francs CFA [de 18 à 15 centimes d’euro], expliquant aux commerçants que la farine était moins chère qu’avant [les islamistes, qui contrôlent désormais la circulation des marchandises dans la région, fixent eux-mêmes les taxes commerciales et ont ainsi pu faire baisser le prix de la farine].
 
À Gao, le kilo de sucre est passé de 700 Francs CFA à 550 Francs CFA. 
 
Il est certes interdit de manger dans la rue, pour autant, mes amis qui ne font pas le ramadan ne se plaignent pas de brimades particulières de la part des islamistes. Ces derniers n’ont pas changé d’attitude. Depuis leur arrivée ici, ils cherchent avant tout à gagner notre confiance. En cette période de ramadan, ils nous laissent prier et jeûner comme nous le faisons chaque année.
 
Les légumes sont rares et chers. 

"Les commerçants et les imams ont refusé de se soumettre aux règles des islamistes"

Bakary M. (pseudonyme) est commerçant à Tombouctou.
 
Quand le ramadan a commencé, les islamistes ont cherché à imposer des règles strictes. Ils ont par exemple essayé d’interdire aux restaurateurs de préparer des repas pendant la journée car ils ne voulaient pas que les jeûneurs puissent apercevoir de la nourriture. Mais au fil des jours, les commerçants, qui ont déjà des difficultés à gagner leur vie, s’y sont opposés. Certains ont répondu : 'Donnez-nous de quoi vivre et nous cesserons nos activités'. Le boucher de mon quartier en est même venu aux mains avec l’un d’entre eux. Un après-midi, alors qu’il grillait de la viande, un islamiste armé de sa Kalachnikov est venu le menacer de jeter ses produits par terre. Le boucher a protesté et ils ont commencé à se bagarrer. L’affaire s’est terminée au bureau de la police islamique, laquelle a finalement donné raison au boucher !
 
Le kilo de viande à Gao coûte 2 000 francs CFA (environ 3 euros). 
 
De la même manière, à l’heure des prières, les islamistes ont voulu imposer la récitation de longues sourates [chapitres] du saint Coran à la mosquée. Mais les imams se sont concertés et ont décidé qu’ils feraient comme d’habitude [le plus souvent, ils choisissent de réciter de courts versets pour permettre à tous les fidèles, malades et personnes âgées, de venir prier]. Voyant qu’ils refusaient de céder, les islamistes les ont laissé faire.
 
Depuis la destruction des mausolées, qui a vraiment indigné tout le monde à Tombouctou, les habitants ont décidé qu’ils n’abdiqueraient pas. Et les islamistes, de leur côté, lâchent un peu du lest.
 
Ce billet a été rédigé avec la collaboration de Peggy Bruguière, journaliste à FRANCE 24. 

Commentaires

Résistance?

Vous prétendez que le mouvement "nous pas bouger" est un mouvement de "résistance aux islamistes" alors qu'il y a quelques semaines dans un article sur ce site de F24 ce mouvement se disait favorable aux "fous de dieu" et s'en prenait aux touaregs:
http://observers.france24.com/fr/content/20120709-mali-gao-nord-manifest...
Franchement c'est louche, à quoi vous jouez?

islamisme,le chiffre de la bête dans le fouillis des dates

les chrétiens dévorés en chantant dans les arênes honorent cette jeunesse arabe qui se sacrifie pour que régne leur droit à éliminer les Hérodes et Césars.Aussi le monde a t-il reçu le premier fléau promis,(car les tables de la loi de Moïse sont violées)La désolation pour ceux qui honorent cette vulgaire météorite qui est l'objet de tant d'innocences à la mecque.Mais aussi le pardon aux croyants innocents.AMEN Alléluia

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