mardi 29 mai 2012

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Lundi, 28 Mai 2012 09:50Facebook Imprimer Envoyer Réagir

Isoler Aqmi

Par : Mounir B.
C’est la première lueur d’espoir depuis trois mois de conflit. Le MNLA, Mouvement de la rébellion touareg au Mali, et le groupe islamiste Ançar Eddine viennent de fusionner en une seule entité, ouvrant ainsi la possibilité à un processus de paix au nord Mali.
L’enfant terrible des Touaregs maliens, Ayad Ad Ghali, chef d’Ançar Eddine, semble avoir retrouvé la voie de la raison. Depuis que le MNLA s’est lancé dans l’aventure indépendantiste, avec toutes les conséquences fâcheuses que cela suppose sur le Mali, et depuis le coup d’État du capitaine Sanogo à Bamako, observateurs et diplomates scrutaient attentivement les développements de l’affaire Azawad. La conquête militaire du nord Mali, permise par un attelage improbable entre les rebelles touareg déterminés et des islamistes touareg, se rapprochant dangereusement avec Aqmi, avait mis la région sur une poudrière.
De Kidal à Gao, les Azawads, qui, avançant en rangs dispersés, ont mis la main sur une zone immense qui n’a rien à envier à l’Afghanistan. Au-delà des velléités du MNLA de réclamer une indépendance irréfléchie mais légitimée par 10 ans de trahison de l’ex-président ATT, c’était l’équation de l’expansion du terrorisme islamiste qui tenait les gouvernements de la région et la communauté internationale en haleine. Aqmi, profitant de ces troubles, avait avancé ses pions jusqu’à proposer son aide logistique et militaire à Ançar Eddine, prenant en otage la revendication Azawad.
Mais avec cet accord de fusion, Aqmi se retrouve isolée, et ce, pour la première fois, au sein de la nébuleuse targuie. Les disciples de Mokhtar Belmokhtar, dont le rêve est de fonder un califat en territoire Azawad, de Tigherghar jusqu’aux confins des territoires du Nigeria contrôlés par Boko Haram, se voient contrariés par cette nouvelle unité Azawad. Certes, Ançar Eddine ne renie pas l’application de la charia. Certes, le MNLA n’abandonne pas sa revendication sécessionniste, mais l’un dans l’autre, le grand perdant de cette nouvelle configuration est Aqmi qui a voulu jouer sur les contradictions des Azawads jusqu’à leur insuffler une dimension salafiste.
Il est trop tôt pour tirer des conclusions définitives d’un accord fragile et plein d’incertitudes, mais alors que la Cedeao s’embourbe diplomatiquement à Bamako, la fusion Ançar Eddine-MNLA redonne une impulsion à un règlement du conflit du nord Mali et surtout marginalise politiquement Aqmi. Du moins pour l’instant.

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